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23/05/2014

Limites de l'hégémonie des Etats-Unis

Je me demande si l’Occident n’a pas commis une erreur en voulant englober de force l’Ukraine dans son camp afin d’affaiblir Moscou. Un empire s’agrandit toujours, mais il arrive un moment où il dépasse les limites du raisonnable. Certes on nous parle de démocratie retrouvée (ce qui fait sourire quand on voit qu’on a mis des partis d’extrême-droite possédant des forces paramilitaires au pouvoir), de droits de l’homme (je me demande ce qu’en penseraient les malheureux qui ont été brûlés vifs dans la maison des syndicats à Odessa, s’ils pouvaient encore parler), de grand rassemblement des forces de l’Otan contre les méchants russes (ce qui n’a pas empêché Poutine d’annexer la Crimée), d’élections libres (alors qu’on est en pleine guerre civile, puisque l’armée entoure et bloque certaines villes de l’Est où la population ne reconnaît plus le pouvoir central), de sanctions économiques qui vont faire plier l’adversaire (mais dont les victimes sont également les entreprises européennes qui avaient passé des contrats avec la Russie).

Bref, on allait soi-disant isoler la Russie et la planète entière allait lui tourner le dos. Or que se passe-t-il ? Se sentant en effet un peu isolé, Poutine a entamé une visite en Chine, ce qui veut dire qu’avec son intransigeance l’Occident a provoqué un rapprochement entre les deux superpuissances asiatiques. Ce n’est peut-être pas très malin. Il était pourtant prévisible que Moscou et Pékin allaient s’unir contre les USA puisqu’ils s’opposent tous deux à l’hégémonie américaine et qu’ils sont tous deux en conflit ouvert avec Washington pour des questions territoriales (Crimée d’un côté et contrôle de la mer de Chine de l’autre).

De plus, si les sanctions ne frappaient que Moscou, par un effet de boomerang elles vont maintenant frapper l’Amérique. En effet, Moscou et Pékin envisagent d’abandonner le dollar comme monnaie d’échange dans la région asiatique. Par ailleurs, la Russie vient de créer son propre système de paiement électronique, pour remplacer la carte Visa. Pour couronner le tout, les deux chefs d’Etat envisagent des manœuvres militaires conjointes. En alliant leurs forces, la Russie et la Chine pourraient bien d’ici peu dépasser la puissance de frappe de l’Otan.

En attendant, sur le plan commercial, la Chine grignote les zones d’influence des Etats-Unis.  Elle achète une bonne partie du pétrole irakien (alors que les Etats-Unis ont dépensé des milliards pour y faire la guerre et qu’ils n’en retirent finalement pas beaucoup de profits), investit dans les mines d’Afghanistan et achète des produits iraniens (ce qui permet à ce dernier pays de sortir de l’embargo que l’Occident lui avait imposé).

Voilà le résultat de la volonté de faire passer l’Ukraine dans notre camp. En plus, la situation dans ce pays est catastrophique.  Après le massacre d’Odessa, plus rien ne sera jamais plus comme avant et les deux communautés qui composent cet Etat ne voudront probablement plus vivre ensemble. L’Amérique s’en moque, qui irait bien jusqu’à déclarer une guerre qui ruinerait à la fois son vieil ennemi russe et son allié européen, pour le plus grand profit des capitalistes étatsuniens. En attendant, il faut s’attendre à des attentats islamistes en Crimée ou en Tchétchénie, voire dans le métro de Moscou.  On ne pourra rien reprocher à l’oncle Sam, qui n’aura rien fait directement, mais qui aura quand même armé et entraîné quelques opposants bien utiles à sa cause. Il y a fort à parier qu’à côté de ces opposants on retrouvera des mercenaires de l’extrême-droite occidentale (on a bien vu des centaines de jeunes Français musulmans partir pour la Syrie). Une fois victorieux en Ukraine, ces derniers pourraient revenir en force en Occident et tenter d’imposer leurs idées par la force. Ce n’est pas les maîtres de Washington qui s’en plaindront. N’ont-ils pas laissé Franco au pouvoir en 1945, mis Pinochet  à la tête du Chili en 1976 et porté des néofascistes à la tête de l’Ukraine en 2014 ?

 

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19/05/2014

La beauté

Qu’y a-t-il de plus beau qu’un cheval qui galope dans une prairie

Et qui soudain se dresse, ivre d'être lui-même ?

Qu’y a-t-il de plus beau que des vagues qui déferlent sur une plage

Et qui mugissent sourdement en bouillonnante écume ?

Qu'y a-t-il de plus beau qu’un merle qui chante au sommet d’un arbre

Et qui exprime tous les matins du monde ?

Qu'y a-t-il de plus beau qu’une femme qui lit un livre en silence 

Et qui rêve qu’elle pourrait être aimée ?

 

 La lectrice

Littérature

00:12 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : littérature

16/05/2014

Odessa, 02 mai 2014

Que s'est-il vraiment passé à Odessa le 02 mai 2014 ? Difficile à dire. Voici en tout cas une version bien éloignée de ce qui s'est dit dans la presse classique. Et comme cette presse classique ment sans arrêt (voir la couverture des événements en Syrie), il se pourrait donc bien que la vérité se trouvât ici :

 

 http://www.voltairenet.org/article183825.html

 

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14/05/2014

Questionnements

Comment une opposition syrienne, qui tue et massacre des populations civiles innocentes, pourrait-elle apporter la démocratie ?

Le chef de cette opposition déplore le nombre de morts, mais réclame des armes pour faire pencher la balance en sa faveur. N’est-ce pas avouer que sans l’intervention de cette « opposition », il n’y aurait eu aucun mort ?

Qui n’a pas compris que tous ceux que l’Occident met au pouvoir ne sont que des hommes de paille ?

Qui réalise vraiment qu’au-delà des 150 000 morts syriens, il y a aussi des centaines de milliers de blessés, des millions de réfugiés  et que le pays est détruit (habitations, écoles, hôpitaux, usines, infrastructures, sans parler du patrimoine archéologique et culturel) ?

Qui ne comprend pas que les Syriens n’attendent qu’une chose : que leur armée reprenne le pouvoir partout, chasse les étrangers envoyés par l’Occident et rétablisse la paix ?

Qui a dit : « Les gars du « Jabhat al Nosra » »font du bon boulot » ? Ne cherchez pas trop loin, c’est le chef de la diplomatie d’un grand pays occidental.

Pourquoi nos gentilles démocraties ne s’émeuvent-elles pas quand les habitants d’Alep sont systématiquement affamés et assoiffés par les rebelles, qui leur coupent l’eau et l’électricité ?

Le mouvement des « Talibans » ne nous a-t-il pas été finalement  bien utile pour pouvoir protéger militairement nos gazoducs dans cette région?

Qui se souvient encore que l’Amérique a financé Al Quaïda en Afghanistan contre les Russes, que Ben Laden était un ami de Bush et qu’alors que la planète entière était à sa recherche après le 11 septembre, il se faisait soigner dans un hôpital militaire américain ?

Qui a agressé la Yougoslavie, La Somalie, l’Irak, l’Afghanistan, la Lybie, la Syrie et l’Ukraine ?

Pourquoi le Tribunal pénal international ne condamne-t-il que ceux que l’Occident a vaincus ? Pourquoi ne se penche-t-il jamais sur les atrocités que l’on commet dans les pays qui sont nos amis, comme l’Arabie ou le Qatar, par exemple ? Et qu’en est-il des droits de l’homme dans ces pays (pour ne même pas parler des droits de la femme) ?

Pourquoi le même Tribunal international ne se penche-t-il pas sur ceux qui ont soutenu et armé l’opposition syrienne, cautionnant du même coup les atrocités commises contre les Chrétiens, les Alaouites, les Druzes, les Maronites, les Arméniens et tous les musulmans qui n’étaient pas sunnites intégristes ?

Pourrons-nous dire plus tard que nous ne savions pas ?

Peut-on dire que nos dirigeants ne savaient pas ?

Pourquoi la chef de la diplomatie européenne ne s’est-elle pas émue quand on lui a dit que les tireurs d’élite de la place Maïdan tiraient à la fois sur les manifestants et sur les policiers pour semer le chaos et provoquer une réaction violente de part et d’autre ? Savait-elle déjà qu’il en était ainsi ? Et si elle ne savait pas, pourquoi n’a-t-elle pas demandé une enquête avant de soutenir inconditionnellement une bande de fascistes et de les mettre au pouvoir à Kiev ?

Pourquoi personne ne réagit-il devant la folie des hommes ?

Pourquoi s’émeut-on subitement sur le sort atroce de 200 lycéennes africaines que les djihadistes vont vendre comme esclaves sexuelles alors que ces pratiques sont finalement courantes dans certains pays arabes avec qui nous entretenons de bonnes relations ?

Pourquoi  combattons-nous le djihad en Afrique alors que nous le finançons en Syrie ?

Pourquoi le pays le plus civilisé et le chantre de la démocratie, à savoir l’Amérique, possède-t-il  des bases militaires dans 78 pays au monde et pratique officiellement enlèvements et torture ?

Pourquoi nos journalistes ne nous informent-ils jamais de tout cela ?

Pourquoi alors que nous sommes en pleine campagne électorale pour les européennes, aucun politicien ne dénonce-t-il le nouveau traité commercial transatlantique qui va concrétiser la suprématie et la domination des grosses multinationales ?

Pourquoi un pour cent de la population peut-il berner ainsi l’ensemble de la planète ?

Pourquoi ne parvenons-nous pas à inverser la tendance de ce courant libéral qui réduit nos acquis sociaux, nous fait travailler de plus en plus tard (l’âge de la retraite vient d’être porté à 70 ans en Australie) et laisse des millions de jeunes au chômage ?

Si 99 % de la population ne parvient plus à se faire entendre, peut-on encore dire que nous sommes en démocratie ?

Et si nous ne sommes plus en démocratie, ne serait-il pas urgent de la rétablir ?

 

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12/05/2014

"Le Diable et le berger" de Bertrand Redonnet

Je lisais l’autre jour le dernier livre de notre ami Bertrand Redonnet et je me faisais la réflexion suivante : il est quand même curieux que cet auteur, qui revendique son exil volontaire en Pologne, à la frontière biélorusse, ancre généralement ses livres dans le terroir qui l’a vu naître, à savoir la campagne profonde du Poitou. C’était déjà le cas dans son précédent livre, Zozo, et c’est toujours le cas ici, dans « Le Diable et le berger ». Forcément, me direz-vous, puisque le héros (ou anti-héros) dont on raconte l’histoire est un protagoniste que le lecteur avait déjà rencontré dans le premier livre. Certes, certes. Il n’empêche, pourquoi toujours situer l’action dans cette région précise du Poitou ? Parce que Bertrand n’en connaitrait pas d’autres ? Bien sûr que si, car tel un marin sans amarres (lui qui n’aime pas l’océan), il a bourlingué un peu partout. Il aurait donc très bien pu situer l’action dans une autre région de France ou faire voyager son personnage ailleurs en Europe. En Espagne, par exemple (pays que le vieil anarchiste qu’il est doit apprécier par sa guerre civile de 1936 et par la lutte clandestine contre le franquisme qui a perduré dans l’ombre pendant des décennies) ou en Pologne, où il habite.

Mais non, il revient toujours dans ses romans à cette région aux confins de la Vienne et des Deux-Sèvres, probablement parce que c’est le pays de l’enfance, cette terre où il a grandi, mûri, où il est devenu homme et d’où finalement il est parti pour découvrir le monde. Cette terre restera à jamais l’endroit qui est le sien. Les paysages, les vents, les tempêtes d’hiver, les lignes des grands peupliers, la rivière, le petit village (ce microcosme qui dit à lui seul l’univers tout entier) c’est tout cela qui a fait de Bertrand ce qu’il est et c’est pour cela qu’il y retourne par l’écriture, pour remonter à la source et essayer de comprendre le sens de la vie. Et nous, lecteurs, qui sommes d’un autre région, d’un autre univers, nous comprenons parfaitement ce qu’il nous dit, car nous avons également au fond de nous une rivière,  un village ou un petit bois où nous avons vécu enfants. C’est la force de la littérature de réveiller ce qui fut et qui a fait un peu de ce que nous sommes.

Mais si le paysage est toujours sous-jacent chez Bertrand, c’est surtout les hommes (et les femmes) qu’il raconte ici, avec leurs désirs, leurs faiblesses et leurs actions qui ne sont pas toujours louables. Ce n’est pas un roman moral. On ne juge pas ici, on décrit. On décrit comment les idées et les passions de chacun vont se confronter avec celles des autres, qui sont différentes. Mais cela provoque des frictions et on frôle souvent le drame avant d’y tomber tout à fait. Stéphane Beau, dans son introduction, parle de véritable tragédie, presque au sens grec du terme. Il n’a pas tort, il y a de cela, en effet. Sauf peut-être que les héros ne sont pas des nobles comme chez Corneille ou des rois et des princes comme chez Sophocle. Ce sont de petites gens, mais par ce côté simple et ordinaire, ils sont plus proches de nous encore car les choses qu’ils vivent au quotidien sont aussi les nôtres : la vie en couple, les disputes, le désir parfois d’aller voir ailleurs si l’herbe n’est pas plus verte.

Le héros principal, Guste Bertin, est en marge de la société. D’abord il n’a pas de père officiel et cela a marqué son enfance. Ensuite, adolescent, il a quitté le village pour aller au collège, ce qui l’a rendu différent aux yeux des autochtones. Enfin, comme membre du Conseil communal, il représente évidemment l’opposition et il est toujours contre tous les projets que propose le maire. C’est l’occasion pour l’auteur de nous décrire quelques scènes épiques, où la truculence du langage est savoureuse. Cependant, derrière ces intrigues de village, c’est une nouvelle fois toute l’âme humaine qui est mise à nu, l’ensemble des conseillers municipaux préférant peureusement et servilement se rallier à l’avis de la majorité plutôt que de défendre les idées   généreuses de cet anarchiste campagnard.

Dans ce village, il y a bien entendu un curé et quand on sait tout le mal que pense Bertrand de la religion, il ne fallait pas s’attendre à ce qu’il donne à celui-ci un rôle conventionnel, bien au contraire. C’est qu’il a beau être curé, le prêtre est aussi un homme à l’âme tourmentée, comme tout un chacun, et pour lui comme pour le héros la limite entre le bien et le mal n’est pas toujours bien tracée.

Dans ce roman, il y a des femmes, aussi. La femme de Bertin en a assez de la vie quotidienne qu’elle mène avec son homme grognon et, voyant son couple se déchirer, elle  essaie de trouver ailleurs ce qu’elle ne trouve plus chez elle. Je n’en dirai pas plus, mais le noeud de l’intrigue est là, intrigue rondement menée à la lecture de laquelle on ne s’ennuie jamais. Mais je le répète, derrière toutes ces scènes truculentes, il y a toujours une réflexion sur la vie et les passions qui nous animent. Jamais l’auteur ne juge ses personnages. Il décrit leurs faiblesses, il les voit s’écarter du droit chemin, mais quelque part il les comprend et ne les blâme pas. Et si quelqu’un est puni à la fin, c’est finalement pour un meurtre dont il n’était pas directement responsable. Le destin, une nouvelle fois, est impénétrable, ce qui nous renvoie décidément à la tragédie grecque déjà évoquée.

 

 

Littérature, Bertrand Redonnet

 

09/05/2014

Incendies historiques

L’Histoire, on le sait, n’a pas été avare d’incendies. Homère, déjà, nous a raconté dans l’Iliade l’incendie de Troie après la prise de la ville par les Grecs. Mais ces mêmes Grecs verront bientôt l’Acropole d’Athènes détruite par les flammes : les anciennes fortifications, les constructions et les statues furent en effet détruites par un immense incendie allumé par les Perses en -480 au cours des guerres médiques. C’est Périclès, aidé du sculpteur Phidias, qui reconstruira le site.

En 390 avant JC, c’est Rome qui tombe sous la coupe des Gaulois. Terrifiés, les soldats romains se réfugient dans la citadelle qui surplombe la colline du Capitole, laissant les « Barbares » massacrer femmes, enfants et vieillards dans la ville basse. Ceux qui ont traduit Tite-Live se souviendront de l’épisode des oies sacrées du Capitole, qui par leurs cris donnèrent l’alerte lorsque les Gaulois voulurent  s’emparer de la forteresse.

En -146, c’est Carthage qui brûle après avoir été pillée par les Romains, tandis que la bibliothèque d’Alexandrie aurait été détruite par les flammes en -47. Le grand incendie de Rome par Néron, date lui de 64 après JC.

Mais tout cela, c’est de l’histoire ancienne. Plus près de nous, on se souvient surtout du fameux incendie du Reichstag, allumé par les partisans d’Hitler, lequel accusa immédiatement les communistes d’en être les responsables. Il s’ensuivit une limitation immédiate des libertés individuelles et une chasse aux communistes allemands.

On se souviendra longtemps aussi de l’incendie de la Maison des Syndicats à Odessa, où plus de quarante personnes qui manifestaient pour s’opposer au régime fasciste mis en place à Kiev ont été encerclées et brûlées vives par ces mêmes fascistes. La première version officielle de ces faits désignait la Russie comme responsable de ce massacre, ce qui n’a évidemment aucun sens. Il est vrai que les conseillers US et les agents de la CIA qui pullulent en ce moment à Kiev ont pris l’habitude d’accuser leurs ennemis des crimes qu’ils ont eux-mêmes commis (voir l’attaque aux armes chimiques dans la banlieue de Damas qui avait été imputée au régime de Bachar el Assad, alors qu’il est aujourd’hui prouvé que les tirs provenaient bien des djihadistes armés par l’Occident).

Curieusement, cette version qui désignait la Russie comme responsable du massacre n’a pas été reprise par les médias occidentaux, pourtant habituellement très dociles quand il s’agit de colporter des mensonges d’Etat. Je ne sais pas pourquoi, peut-être tout simplement parce que la couleuvre était trop grosse à avaler. Par contre, j’ai entendu que les chefs de la police avaient été limogés. J’ignore pourquoi également. Sans doute parce qu’ils ne sont parvenus à séparer les deux camps en présence et surtout parce qu’il fallait bien trouver un coupable. Et puis dire que la police officielle n’est pas compétente, cela permet de créer des milices parallèles, ce qui a été fait le lendemain. Et qui va-t-on retrouver dans ces milices ? Les fascistes du Maïdan, évidemment, ceux-là même qui venaient juste de mettre le feu à la Maison des syndicats. La boucle est bouclée.

Comme en 1933, donc, des fascistes ont allumé un incendie et ont accusé leurs opposants (ici la Russie, berceau historique de ce communisme tant haï) d’en être responsables, puis ils ont renforcé leur présence militaire en étant officiellement chargés du maintien de l’ordre.

Pendant ce temps, à l’autre bout de l’Ukraine, les mêmes milices fascistes tirent sur des civils pro-russes (qu’ils qualifient de terroristes). Les hommes qui font partie de ces milices sont les petits-fils des Ukrainiens qui étaient venus avec les troupes allemandes en 1941 et qui avaient massacré des milliers de Juifs au même endroit.

La complaisance de l’Europe devant les nouveaux maîtres de Kiev laisse rêveur. Quant à messieurs Hollande, Fabius et BHL, qui ne cachent pas leur sympathie pour la communauté juive en général et pour Israël en particulier, leur attitude relève de la bêtise profonde. Il est vrai que le premier ministre israélien appartient bien à l’extrême-droite. Il y a de quoi y perdre son latin. 

 

OdessaOdessa

08/05/2014

Souvenirs

Dans le miroir des souvenirs

J’ai croisé le regard de l’enfant que je fus.

Il se promenait le long de la rivière

Qui coule depuis toujours

Sous ses arches de pierre bleue.

 

Il y avait là-bas des forêts infinies

Qui frémissaient sous les tempêtes d’automne

Tandis que des hordes de nuages

Déchiraient l’immensité des cieux

Sous des équinoxes pluvieux.

 

Dans le miroir des souvenirs

Se dressa soudain une adolescente de quinze ans.

Elle baissa pudiquement les yeux

Quand elle se sentit désirée

Par un condisciple amoureux.

 

Il y avait sur les murs pourpres du lycée

Des vignes vierges et sauvages

Qui montaient à l’assaut des nuages

Tandis que penchés sur nos vieux bancs tachés d’encre

Nous traduisions Horace, Virgile ou Tacite.

 

Dans le miroir des souvenirs

J’ai revu ton ombre exquise et délicieuse

Frêle silhouette amoureuse

Qui se dévêtait lentement

Dans des hôtels improbables.

 

Il y avait dans la chambre aux rideaux fermés

Tout ton amour qui se donnait

Dans l’odeur poivrée et chaude

De ton corps aux mille senteurs de vanille

 

Quand se brisa le miroir des souvenirs

Il ne resta que des éclats étincelants

Sur la surface changeante de la rivière

Et dans mon cœur le regret infini

 De toutes ces amours perdues.

 

Littérature

00:05 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : littérature

06/05/2014

Elections "démocratiques"

Le monde s’assombrit. Heureusement, des élections sont prévues le 25 mai, en Europe comme en Ukraine, d’ailleurs. Malheureusement, cela ne changera rien et tout le monde le sait.

Avez-vous entendu un seul des politiciens qui se présentent dénoncer le nouveau traité commercial transatlantique ? Pas un seul. Pourtant ce traité va concrétiser la mainmise des multinationales sur soixante pour cent des consommateurs de la planète, tout en permettant à ces mêmes multinationales d’attaquer auprès de juridictions privées les Etats qui oseraient mettre un frein à leur appétit insatiable (par exemple en imposant un salaire minimum ou en prenant des mesures pour la protection de l’environnement).

Avez-vous entendu un seul des politiciens qui se présentent dénoncer le soutien infâme que nos soi-disant démocraties apportent au djihad en Syrie (alors que nul n’ignore les atrocités perpétrées par ces groupes d’enragés qu’on nous fait financer avec nos impôts) ?

Avez-vous entendu un seul de ces politiciens remettre en question les nouvelles guerres coloniales que nous sommes en train de mener en Côte d’Ivoire, au Mali ou en Centrafrique ?

En avez-vous entendu un seul qui ait osé dénoncer l’agression scandaleuse dont a été victime l’Ukraine de la part de nos belles démocraties, lesquelles n’ont pas hésité, via ce qui s’apparente  finalement à un coup d’Etat, à imposer au pouvoir des groupes d’extrême-droite ? Y en a-t-il eu un seul pour reconnaître que les tireurs d‘élite de la place Maïdan ont tiré à la fois sur les policiers et sur les manifestants pour créer le chaos ? Y en a-t-il eu ne serait-ce qu’un seul pour se demander s’il était bien normal de brûler vifs à Odessa des manifestants qui désapprouvaient le nouveau gouvernement en place (massacre dont le but était certainement de pousser la Russie à intervenir, ce qui aurait permis de crier au secours et d’appeler l’Otan à l’aide) ? Et quant aux opposants pro-russes de l’Est de l’Ukraine, qui s’est demandé pourquoi notre bonne presse les appelait « terroristes » et pourquoi tout le monde semblait trouver normal qu’on les attaque avec des chars et des hélicoptères ? N’est-ce pas là d’ailleurs ce qu’on reprochait tant à Bachar el Assad : tirer sur son propre peuple ?

Non, je n’ai entendu aucun de nos chers politiciens se poser une seule de ces questions alors que la planète est en train de brûler et que le beau feu d’artifice qui pourrait en découler risque d’être gigantesque. 

 

Parlement européen à Strasbourg

elections européennes

30/04/2014

Le jardinier

C’est un Jardin où vient battre la mer,

Un havre de paix où l’on peut contempler l ‘infini.

Des roses rouges s’épanouissent sous le ciel bleu,

Tandis que des voiles blanches déchirent l’horizon.

 

Il se souvient, le jardinier, du parfum des îles lointaines,

Dont il est revenu seul, il y a bien longtemps.

Il se souvient de ces saveurs épicées au goût de cannelle

Et surtout de cette femme dont les cheveux embaumaient la vanille.

 

Il n’a rien oublié et quand il cueille une rose,

C’est à elle qu’il pense, à celle qui vit dans les îles

Et qu’il n’a jamais revue.

 

Peut-être l’attend-elle, assise sur une falaise

Ou couchée dans le sable fin.

Peut-être rêve-t-elle d’une rose

En contemplant les vagues blanches qui se brisent en cascades infinies…

 

Littérature

15:18 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : littérature

25/04/2014

Ukraine (6)

Je vous invite à lire l’article ci-dessous, particulièrement intéressant puisqu’il nous retrace l’histoire de l’Ukraine et de la Crimée, tout en pointant du doigt l’incompréhension (et donc l’incompétence) américaine dans ce dossier. Au lieu de critiquer les Russes, les Européens feraient mieux de comprendre que ces derniers ne sont tout simplement pas disposés à suivre la même voie qu’eux, à savoir se transformer en valets et vassaux des Etats-Unis, mais qu’ils veulent au contraire défendre seuls leurs intérêts.

J’ai oublié de dire que cet article est rédigé par Sergeï Khrouchtchev, le propre fils de Nikita Khrouchtchev, l’ancien Premier ministre russe.

http://www.voltairenet.org/article183411.html

 

UkraineCrimée

 

 

24/04/2014

Réflexion

Il est quand même curieux que la France, qui soutient ouvertement l’opposition au président Bachar el Assad (ce qui veut dire plus clairement qu’elle finance et arme des djihadistes enragés qui viennent d’Afrique du Nord ou d’Europe et qui donc n’ont rien, mais absolument rien à voir avec une « opposition syrienne») puisse accepter sans broncher que cette même « opposition » kidnappe quatre de ses journalistes. Pourtant, quand on lit notre presse, celle-ci ne fait qu’encenser l’opposition soi-disant démocratique et condamner le régime syrien.

On ne comprend d’ailleurs pas pourquoi elle ne dit pas un mot des exactions et des atrocités commises par ces fameux djihadistes que nous soutenons, mais poser la question, c’est en même temps y répondre…

Bref, notre presse fait l’éloge de tout ce qui tire sur l’armée régulière syrienne et pourtant ce n’est pas l’armée qui séquestre nos journalistes, mais cette opposition qu’elle encense tous les jours.

On pourrait admettre une erreur, mais alors nos journalistes auraient dû été libérés après quelques jours et pas après quasi une année. Il faut donc en déduire que la sympathique opposition a réclamé de l’argent et des armes en échange de la vie de ses prisonniers. Cela signifie que les amis de Monsieur Hollande (lui qui dans sa campagne électorale promettait déjà de s’en prendre à Bachar el Assad) sont bien peu sympathiques et même carrément dangereux. Cela signifie aussi qu’il ne les maîtrise pas du tout et qu’en croyant les utiliser pour servir ses intérêts (en gros, débarrasser Israël d’un voisin un peu trop puissamment armé) ce sont eux qui l’utilisent pour imposer un régime islamique au Moyen-Orient. 

On se demande ce qui va se passer quand ces sympathiques amis vont revenir dans l’Hexagone. Heureusement pour François, il ne sera certainement plus à l’Elysée, mais réfugié dans sa Corrèze profonde.

 

Syrie

16/04/2014

Echouement

Je contemple seul les draps blancs qui ondulent

Comme une mer infiniment triste et sans horizon.

Tu es partie vers un ailleurs inaccessible,

Vers des forêts de songes où je n’ai pas accès.

Tu as emprunté des chemins de moi inconnus

Et je t’ai perdue au premier embranchement.

Ces draps où tu ne dors plus

Ne servent qu’à transformer en blancs fantômes

Mes rêves et mes désirs évanouis.

 

Littérature

15:19 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : littérature

15/04/2014

De l'Egypte

J’ai parlé beaucoup ici de l’Ukraine et de la Syrie, mais j’ai un peu négligé l’Egypte, qui avait été autrefois le fer de lance du panarabisme et de la fierté arabe avec Nasser.

Je vous invite à lire l’article ci-dessous, qui explique clairement la situation :

  • La volonté de l’Occident d’imposer les Frères musulmans sous le couvert d’une révolution populaire.
  • La manière de préparer cette révolution, en utilisant par exemple des organismes comme Amnesty International ou HWR (Human Rights Watch), dont je me méfie depuis leur rôle en Serbie et que je me garderais bien de financer. Ce n’est pas que les faits que ces organisations dénoncent soient faux. Non, le problème c’est qu’elles ne servent qu’à discréditer les régimes en place (souvent corrompus c’est un fait) dans l’espoir de les renverser et de leur substituer des régimes pro-occidentaux, lesquelsi se moqueront pas mal du bonheur du peuple. Les droits de l’homme ne sont donc qu’un prétexte pour permettre au capitalisme international de s‘imposer partout. C’est surtout de cela dont nous devons prendre conscience.
  • Le type de régime que voulaient instaurer les Frères musulmans et le président Morsi.
  • La réaction populaire à cet état de fait (ce qui n’avait pas été prévu par Washington, d’où son hésitation après la prise du pouvoir par l’armée)
  •  La haine de l’Occident qui est en train de naître chez les Egyptiens depuis qu’ils se sont rendus compte que nous avions cherché à les manipuler.    

 http://www.afrique-asie.fr/component/content/article/75-a...

 

Egypte

 

09/04/2014

Ukraine (5)

 Les USA cherchent à affaiblir la Russie en la privant de ses anciennes zones historiques, ce qui est jouer avec le feu aux portes de l’Europe. En effet, se trouvant maintenant le dos au mur, la Russie ne peut plus reculer et est bien obligée de se défendre. Le fait de voir l’Otan à ses frontières (Pologne, pays baltes, Hongrie, Tchéquie, etc.) ne la réjouissait déjà pas beaucoup, mais si demain les troupes US débarquent en Ukraine ( la « petite Russie ») c’est encore une autre affaire !

Comme l’ex-Yougoslavie, l’Ukraine est une zone tampon entre deux civilisations. Privilégier une de ces deux civilisations au détriment de l’autre, c’est ouvrir la boîte de Pandore. Les populations rejetées (russophones) se défendront en demandant l’autonomie, le fédéralisme ou le rattachement à la Russie. L’autre partie de l’Ukraine, se sentant soutenue par l’Occident, voudra réduire à néant ces visées séparatistes au nom de l’unité nationale. Quand on sait que c’est justement l’extrême-droite nationaliste que les Etats-Unis viennent de mettre au pouvoir, on a de fortes raisons de s’inquiéter. En effet ces gens, au nom de l’unité de l’Ukraine et du patriotisme, considéreront tout citoyen russophone comme un « terroriste » en puissance. On est donc parti pour avoir d’un côté des mouvements de protestation (ils viennent de commencer dans l’Est) et de l’autre des mouvements de répression musclée, qui ne feront à leur tour qu’attiser la haine et qui déboucheront sur de nouvelles contestations.

Si on commence à massacrer des citoyens ukrainiens russophones, Poutine ne pourra décemment pas rester indifférent. C’est peut-être d’ailleurs ce que cherchent les USA, ce qui leur permettrait de venir « protéger » l’Ukraine et donc d’y imposer l’Otan.  Le « gouvernement » de Kiev (mis en place précisément grâce à l’aide des USA) soutient évidemment la version inverse : ce serait Poutine qui exciterait les populations russophones  et qui espérerait des représailles pour pouvoir intervenir. Qui croire ?   

Ce qui est sûr, c’est que les Etats-Unis ont bel et bien oeuvré  à la déstabilisation de l’ancien régime et que pour ce faire ils se sont appuyés sur la partie occidentale du pays. Ils devaient donc s’attendre à une contestation massive de la part de la partie orientale, comme ils devaient s’attendre à une certaine attitude antirusse de la part de ceux qu’ils ont mis au pouvoir (car ceux-ci se sentent soutenus). Autrement dit, tous les éléments sont en place pour que survienne un génocide ou une guerre civile. Des morts innocents, ce n’est pas ce qui va effrayer Washington, qui a financé autrefois Al Quaïda  en Afghanistan (contre les Russes, précisément) et qui finance aujourd’hui les djihadistes en Syrie. On n’est pas à quelques milliers (ou centaines de milliers) de morts près tant qu’on peut arriver à ses fins, n’est-ce pas ? Sauf qu’ici, le champ de bataille est aux portes de l’Europe et que nous sommes drôlement concernés.  

Quant au fait de s’appuyer sur l’extrême droite ukrainienne, nationaliste, raciste et antisémite, il ne faut pas nous en étonner non plus. Notre vision est faussée par le fait que les USA sont venus nous libérer d’Hitler en 1944 et 1945. Mais derrière Hitler, c’est la menace communiste qui faisait peur. Il s’agissait (déjà) d’arrêter l’avancée de l’Armée rouge, de couper la route à Moscou et d’empêcher toute l’Europe occidentale de tomber aux mains des communistes. La preuve, c’est qu’ils ne se sont pas tournés contre Franco en Espagne, car ils avaient bien trop peur de mettre les Républicains rouges au pouvoir. Ils ne se sont pas non plus opposés à la dictature de Salazar au Portugal, mais par contre ils sont bien à l’origine du coup d’Etat des Colonels en Grèce.  Encore que tous ces régimes ne se revendiquaient pas d’Hitler, comme le fait l’actuel parti Svoboda en Ukraine. Le problème, c’est qu’en soutenant ainsi ouvertement ce mouvement fasciste ukrainien, les USA donnent plus ou moins implicitement leur accord à la montée de l’extrême-droite dans toute l’Europe, ce qui n’a rien de bien réjouissant, convenez-en.

Mais les Etats-Unis ne pensent pas à cela pour le moment (comme ils n’avaient pas prévu que les milices d’Al Quaïda en Afghanistan finiraient par se retourner contre eux quand ils envahiraient à leur tout ce pays, ce qui est tout de même faire preuve d’une naïveté déconcertante). Non, ce qui les intéresse, chez ces nationalistes de Kiev, c’est leur haine de la Russie et de tout ce qui parle russe. Loin de calmer le jeu, ils en rajoutent à leur tour en diabolisant Poutine, qui est décrit comme un nouveau Staline. Si j’étais à sa place, je me méfierais, car les derniers dirigeants qui ont ainsi été critiqués ont mal fini (Saddam Hussein ou Mouammar Kadhafi par exemple). On peut d’ailleurs supposer que Washington est déjà à pied d’œuvre en Russie et qu’il y soutient l’opposition dans la perspective d’une nouvelle révolution qui laisserait vide le fauteuil du Kremlin. 

Obama parviendra-t-il à renverser le nouveau Tsar de Moscou avant de s’en prendre à la Chine et d’imposer l’hégémonie américaine à la planète entière (entendez : la suprématie du Capitalisme et des multinationales) ? Ou bien au contraire la Chine, se sentant déjà menacée, fera-telle alliance avec Poutine dans l’ombre ? L’avenir seul nous le dira.

 

Carte de l'Otan

ukraine

 

07/04/2014

Invitation au voyage

Quelle place trouver dans ce monde qui nous entoure et qui devient chaque jour un peu plus fou et un peu plus agressif ? Libye, Syrie, Tunisie, Egypte, Ukraine, Irak, Afghanistan… Partout des morts, des assassinats, du sang, des tortures, des révolutions avortées, des espoirs anéantis. Tout cela sur fond de mauvaise foi, de mensonge journalistique, de ventes d’armes, de manipulation, de soutien à des djihadistes enragés et de coups d’état de groupes paramilitaires d’extrême-droite. Sans oublier notre réalité à nous, en Europe, avec ces mots qui font désormais partie de notre vocabulaire quotidien : chômage, récession, dette publique, allongement du temps de travail, compétitivité, rendement, performance, salaires trop élevés, « dumping » social, taxes, impôts…

Je n’en peux plus. C’est à désespérer. Plus j’essaie de m’informer, de lire entre les lignes de nos journaux remplis de propagande et donc de mensonges,  plus je consulte des sites parallèles, les comparant entre eux pour tenter de découvrir une ombre de vérité, plus je tombe dans des abîmes d’horreur et de perversion. Plus j’en apprends sur ce qui passe aux quatre coins de la planète et que je découvre des faits que je ne soupçonnais même pas, plus je suis découragé par mon impuissance à arrêter tout cela.

Peut-on faire comme si rien n’existait et dire qu’on ne savait pas ? Non, bien sûr. Mais une fois qu’on sait (et encore, il n’y a qu’une infime partie des atrocités commises autour de nous qui parvient  à notre connaissance), peut-on rester immobile et ne pas réagir ? Bien sûr que non. Et que peut-on faire alors ? En fait rien du tout et c’est bien là ce qui est désespérant.

J’ai déjà abordé ce thème ici plusieurs fois et je n’ai toujours pas de réponse. Sauf que le temps passant je suis lassé de toutes ces atrocités et que je voudrais trouver un endroit où ma révolte pourrait enfin s’exprimer et avoir un sens.

Paradoxalement, c’est peut-être en moi-même et dans la littérature qu’il faut trouver ma voie. La poésie ne permet-elle pas de rêver, de voir la beauté du monde et de la vie tout en exprimant nos espoirs, nos angoisses et nos désespoirs ? La révolte de Rimbaud ne vaut-elle pas toutes les révoltes ? La nature selon Jaccottet n’est-elle pas plus belle et plus mystérieuse, plus chargée de sens, que nos petits bois remplis de promeneurs ?  Et le pays imaginaire de Baudelaire, là où tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté, ne nous permet-il pas de rencontrer la femme idéale et mystérieuse, celle que l’on aurait voulu aimer ?

N’est-ce pas dans la poésie, précisément, que nous trouverons le monde auquel nous aspirons et n’est-ce pas là que notre esprit contestataire et toujours en révolte trouvera au mieux à s’exprimer ?

Oui, me direz-vous, mais là vous n’êtes plus dans le  réel, vous êtes dans l’imaginaire. Certes.  Mais cet imaginaire n’existe-t-il pas lui aussi ? Sinon cela reviendrait à dire que le sentiment poétique ne fait pas partie de nous, de notre moi profond. Et si l’homme, depuis Homère, écrit des œuvres de fiction, il doit bien y avoir une raison, et cette raison c’est de combler le vide de notre cœur et de notre âme.    

 

Mon enfant, ma sœur,

Songe à la douceur

D’aller là-bas vivre ensemble !

Aimer à loisir,

Aimer et mourir

Au pays qui te ressemble !

Les soleils mouillés

De ces ciels brouillés

Pour mon esprit ont les charmes

Si mystérieux

De tes traîtres yeux,

Brillant à travers leurs larmes.

 

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,

 Luxe, calme et volupté.

(Baudelaire, « L’Invitation au voyage »)

 

henri-matisse-06.jpgMatisse, "Luxe, calme et volupté."

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05/04/2014

Nouvelles du monde...

Les jours se suivent et les nouvelles du monde ne s’améliorent pas.

En Syrie, le conflit sanguinaire initié par l’Occident se poursuit, sans véritable victoire de l’un ou l’autre camp. Certes, le régime d’Assad reprend un peu le dessus militairement, mais en réaction la Turquie entre ouvertement dans le jeu en abattant sur le territoire syrien un avion de chasse qui tentait de stopper l’avancée de djihadistes venus précisément de Turquie. On a appris aussi par des conversations divulguées qu’Erdogan cherchait un prétexte pour attaquer militairement la Syrie et que s’il le fallait, il « fabriquerait » le prétexte. Par exemple, suite aux exactions commises en Syrie par les djihadistes  qu’il finance, il crierait aux terroristes et enverrait son armée rétablir l’ordre.  Ou bien il a pensé envoyer des hommes en Syrie, qui tireraient quelques missiles sur le territoire turc, ce qui justifierait une intervention militaire. Ou bien encore il a envisagé d’attaquer le mausolée de  « Suleyman Shah », etc., le tout étant de trouver un casus belli.  Bref, la Turquie montre ouvertement son jeu, après avoir secrètement volé les machines-outils dans les usines d’Alep et de Homs et après avoir pillé les sites archéologique syriens.  Et je ne parle pas des camps d’entrainement militaire pour djihadistes arabes ou européens qu’elle a généreusement installés sur son territoire…

En Ukraine, l’aide du FMI est évidemment conditionnée à une libéralisation accélérée de l’économie, ce qui en gros signifie qu’il faut tout privatiser. Mais on sait ce que cela implique : un cinquième au moins de la population va se retrouver sans emploi dans les cinq ans à venir. Pendant ce temps-là, Obama en profite pour renforcer l’Otan et vendre des armes aux Européens,  sous prétexte de les protéger des Russes, qu’il faut donc bien diaboliser au maximum dans la presse.

Chez nous, après la défaire de la gauche aux municipales, Hollande dit qu’il a compris le message. Mais au lieu d’abandonner la politique qu’il a menée jusqu’à présent (cadeaux au patronat, soumission aux USA et à la grande Europe libérale) et de prendre enfin un virage à gauche, il nomme comme Premier ministre l’homme le plus à droite de son parti, à savoir Manuel Valls. Curieux choix, on en conviendra. D’autant que le sieur Valls ne cache pas son admiration pour la communauté juive, (http://www.youtube.com/watch?v=uKGth1vtiZo), ce qui laisse supposer qu’il préférera entraîner la France dans des conflits qui renforceront la puissance d’Israël  plutôt que de se préoccuper du sort des Français.

En attendant, au Proche-Orient, justement,  les négociations de paix avec les Palestiniens sont au point mort, Jérusalem revenant tous les jours sur ce qu’il a promis la veille (non-libération de prisonniers, annonce de  nouvelles colonies, etc.) et parlant même de représailles si les Palestiniens n’acceptent pas ses conditions.

 Bref, tout va bien.

 

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28/03/2014

Ukraine (4)

Tout va pour le mieux en Ukraine. Deux ministres ont démissionné, un leader d’extrême-droite a été assassiné (vengeance entre clans rivaux, lutte pour le pouvoir, ou action discrète de la CIA qui veut se débarrasser de ceux qui ne lui sont plus utiles ?) et l’Etat s’est endetté à concurrence de 18 milliards auprès du FMI.  La Crimée est perdue à jamais et pour décourager les russophones de l’Est de demander à leur tour leur rattachement à la Russie, le gouvernement aurait fait appel à la société privée paramilitaire Blackwater  (information à vérifier), qui a déjà fait ses preuve sen Irak.

A Bruxelles, les moutons européens ont applaudi debout le discours d’Obama, lequel leur a expliqué que la sécurité en Europe est menacée (la faute à qui ?) mais qu’il est là pour les protéger (comme ses prédécesseurs en 1918 et en 1944). Il leur suggère de venir renforcer la présence militaire sur le vieux continent (avions de chasse, bouclier antimissiles, etc.) et félicite en passant les Etats comme la Pologne qui se sont engagés à payer de leurs deniers une grosse partie de cette protection. Bref, il joue sur la peur qu’inspire la Russie pour vendre sa camelote militaire (pendant que Fabius suggère de son côté de ne pas fournir à Moscou les bateaux de guerre commandés à la France, même si celle-ci doit y perdre deux milliards d’euros).

Obama suggère aussi des sanctions économiques contre cette Russie. L’Europe y perdrait évidemment beaucoup plus que les USA, puisque de nombreux contrats commerciaux la lient à son grand voisin, sans parler de son approvisionnement en gaz qui risque d’être compromis. Mais il ne faut pas s’inquiéter : Obama est disposé à vendre à l’Europe le gaz que l’Europe n’achètera plus aux Russes.  Bref, il demande à ses alliés de l’aider à affaiblir la Russie, tout en profitant de l’occasion pour leur vendre des armes et du gaz. Qui est le dindon de la farce dans tout cela ? A vous de répondre.

 

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26/03/2014

Printemps

Il est étrange ce beau printemps.

Dans la pelouse, quelques fleurs blanches émergent

Sorties du néant de l’hiver.

Le grand saule pleureur  a revêtu son feuillage vert tendre

Et les forsythias sont plus jaunes que jamais.

 Le ciel, lui, est bleu, immensément bleu,

Comme il l’a rarement été.

Un  nuage blanc le traverse,

Petite touche tendre qu’un peintre inconnu aurait déposée là.

De ma fenêtre, je regarde tout cela,

Ce beau tableau de la nature renaissante.

Un oiseau noir sautille sur l’herbe verte

Et une brise légère agite les branches du saule.

C’est beau, c’est très beau.

Mais quel sens a tout cela depuis que tu es partie ?

Il manque ta silhouette sur la terrasse,

Il manque ton sourire et ta tendresse.

Il est étrange ce beau printemps,

Depuis que tu n’habites plus que mes souvenirs.

 

12:01 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : littérature

21/03/2014

Ukraine (3)

Je n’ai plus le courage d’écrire sur l’Ukraine et la Crimée, tant le discours de nos dirigeants et celui de la presse vont à l’encontre de mes convictions personnelles. On nous présente la Russie comme un pays agressif  alors qu’on lui a volé la Pologne, la Tchécoslovaquie, Le Yougoslavie, la Roumanie, la Hongrie, la Bulgarie et maintenant l’Ukraine, sans parler des tentatives de déstabilisation dans le Caucase. Le dos au mur, complètement acculée, la Russie ne peut que se défendre. Si elle ne le fait pas aujourd’hui, dans cinq ans elle n’existe plus. D’ailleurs il est certain que les forces de déstabilisation qui ont fait leurs preuves en Syrie et en Ukraine sont déjà à l’œuvre sur le territoire russe.

En réalité nos chers dirigeants n’avaient peut-être pas prévu que la Russie oserait riposter. Pourtant c’était couru d’avance, car si elle s’était montrée ferme sur le dossier syrien (où elle possède un port pour ses bateaux de guerre), elle ne pouvait pas faire moins au sujet de son ancienne province d’Ukraine où se trouve une de ses plus importantes bases navales. Le monde unipolaire dominé par les USA vient peut-être de trouver ses limites en découvrant un adversaire de taille en face de lui.

Du coup, il n’y a pas trente-six solutions. Soit les USA redeviennent plus raisonnables et ils revoient leurs prétentions hégémoniques à la baisse, soit ils s’obstinent à vouloir que la planète entière adopte leur système libéral et on va droit à la guerre.

Or justement, cette guerre nos chers médias sont en train d’en rendre la Russie responsable alors que je continue à dire que nous sommes les agresseurs et que la Russie ne fait que se défendre. Que je sache, elle n’a jamais envahi la Pologne ni déstabilisé l’Allemagne pour récupérer la partie est de son territoire.

Que la milliardaire Timochenko assimile le rattachement de la Crimée (à la Russie) à l'Anschluss des nazis, cela fait sourire quand on sait que le pouvoir a été pris à Kiev par des troupes paramilitaires d’extrême-droite alors que c’est par referendum que la Crimée a demandé son rattachement à la Russie. Mais Madame Timochenko, qui s’est déjà enrichie lors des premières privatisations qui ont frappé son pays (après la révolution orange commanditée par les USA) voit évidemment d’un mauvais œil la nationalisation par la Russie des richesses gazières de la Crimée. Elle hurle donc au loup en espérant que l’Otan viendra chasser l’ours russe, ce qui lui permettra de s’enrichir à nouveau.

Elle n’est d’ailleurs pas la seule à tenir ce discours. D’Obama à Hollande, en passant par Fabius et Verhofstadt (l’ex premier ministre belge devenu le chef de file des libéraux européens), tous accusent la Russie d’agression militaire. Ils oublient un peu vite les millions de dollars qui ont été dépensés par l’Occident les cinq dernières années pour soutenir (et probablement armer) la soi-disant opposition ukrainienne. Certes, ils n’ont pas tiré un coup de feu eux-mêmes, mais bon, c’est quand même comme s’ils l’avaient fait. D’ailleurs le triste sire Verhofstadt regrettait hier que l’Otan n’ait pas envahi la Syrie pour donner une bonne leçon aux Russes (et de quel droit serions-nous allés envahir ce pays qui ne nous a jamais rien fait ?), ce qui les aurait rendus plus dociles en Crimée. Son discours est clair : pour arriver à nos fins (non pas l’avènement du grand Soir, mais celui du libéralisme mondial, autrement dit le bonheur pour un pour cent de la population mondiale et l’exploitation et la misère pour les quatre-vingt-dix-neuf autres), il faut se montrer ferme et faire la guerre, sinon on n’arrivera à rien.

Que tout cela est désolant…

Et l’Europe, en bonne vassale de son suzerain étatsunien, applaudit des deux mains, alors qu’elle sera la première victime en cas de conflit. Une Europe un peu affaiblie, dont les moyens de production seraient  mis à mal par une bonne guerre,  arrangerait bien l’Amérique, qui pourrait venir tout reconstruire et nous vendre ses produits. 

Je regrette le temps, pourtant pas si lointain, où la France n’appartenait pas à l’Otan et où elle refusait d’intervenir en Irak.  

 

Crimée, le soir du référendum

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15/03/2014

Souvenir

Je ne me souviens plus où nous nous sommes rencontrés,

Ni de quel pays tu venais.

Je n’ai jamais rien su ni de ton enfance ni de ta famille.

J’ai même oublié ton nom.

Mais j’ai gardé au fond de moi la tendresse de tes caresses,

L’odeur de ta peau et la douceur de ton regard.

Je te reconnaîtrais entre toutes.

 

 

 

  

00:05 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : littérature

13/03/2014

De la domination du monde.

Diviser pour régner, telle était la devise des Romains. La longévité de leur empire prouve à suffisance à quel point cette formule a été efficace. Quant au vieux Caton, il terminait toutes ses interventions devant le Sénat par « Carthago delenda est » (Carthage doit être détruite), avec un bel emploi de l’adjectif verbal à nuance d’obligation. En d’autres termes, il prônait une politique préventive qui consistait à ruiner les cités qui auraient pu, un jour,  porter de l’ombre à Rome.

L’empire romain a fini par s’écrouler, mais il a imprégné notre culture. La preuve en est que ces interventions préventives et cet art de diviser pour régner sont des tactiques toujours bien actuelles.

Les Etats-Unis, depuis la disparition de l’URSS, cherchent à affaiblir leur vieil ennemi, la Russie, en tentant de grignoter ses anciennes provinces du sud  (Géorgie, Kirghizistan, etc.) et en étant présents militairement en Afghanistan.  Tout cela après avoir demandé à l’Union européenne d’étendre sa frontière à l'est et d’englober les anciens pays qui dépendaient de Moscou (Pologne, Allemagne de l’Est, Roumanie, Hongrie, Bulgarie, etc.). Ce fut relativement facile, sauf pour la Yougoslavie, dont le noyau dur, la Serbie, voulait rester fidèle à Moscou. On sait comment cela s’est terminé. On a inventé le droit d’ingérence humanitaire, on a parlé des droits de l’homme, puis l’Otan est allé bombarder Belgrade. L’affaire était résolue.

Ce qui se passe actuellement en Ukraine est évidemment la suite logique de cette politique qui vise à affaiblir l’ennemi héréditaire. Les droits de l'homme n’ont évidemment rien à voir là-dedans. La preuve, c’est que l’Occident s’est appuyé sur des fascistes possédant des milices paramilitaires pour s’emparer du pouvoir par traitrise (ne parlons pas des massacres soi-disant perpétrés par l'ancien régime, on sait aujourd’hui que les tireurs d’élite postés sur les toits tiraient indifféremment sur les manifestants et sur les policiers, afin de dresser tout le monde contre tout le monde).

Israël, de son côté, est resté lui aussi fidèle à la politique romaine et il s’y entend pour diviser ses ennemis. Mais il fait mieux, car là où les Romains allaient combattre eux-mêmes, Israël envoie les Etats-Unis (et ses valets européens) à sa place. D’où les guerres d’Irak, de Libye, de Syrie (et demain d’Iran). Tous ces grands pays arabes développés, disposant d’une armée puissante, auraient pu, s’ils s’étaient unis, provoquer de graves dégâts en Israël. On les a donc affaiblis les uns après les autres, obtenant à chaque fois l’accord tacite des pays arabes qui n’étaient pas eux-mêmes attaqués.  Et une fois le régime renversé, on s’arrange encore pour que la population se déchire, comme on le voit quotidiennement en Irak, où les attentats font entre 30 et 50 morts tous les jours. Le comble du raffinement, c’est que ce sont les Arabes qui se tuent entre eux, ce qui doit faire rire du côté de Jérusalem. En Syrie, c’est exactement la même chose qui se passe : on a dressé les Sunnites contre les Chiites et les Alaouites, on a excité quelques milices terroristes et sanguinaires, et le tour est joué.

Tout cela avec la bénédiction de l’Arabie, qui se croit intouchable avec son pétrole et ses dollars et qui s’imagine à son tour utiliser l’Occident pour affaiblir les autres puissances arabes (et parvenir ainsi à imposer un jour sa conception rétrograde de l’Islam). Pourtant, qu’elle prenne garde, car elle pourrait bien être la dernière victime d’une longue série.

Bref, ce que je ne comprends pas, dans cette affaire, c’est l’inconséquence des populations arabes qui se déchirent entre elles pour le plus grand profit de leur vieil ennemi Israël, alors que si elles s’étaient unies quand il en était encore temps, elles auraient constitué une force pour le moins dissuasive. Il est vrai que l’Occident n’a pas oublié le panarabisme de Nasser. 

 

Carte Kirghizistan.jpg

11/03/2014

Le puits mystérieux

Près de ma maison, il y avait un puits sans fond.

Qu’est-ce que j’ai pu rêver, enfant,

Assis sur ses pierres de schiste,

Froides et bleutées comme la nuit.

J’imaginais dans l’obscurité humide

Une vie primitive et rampante,

Quelque bête d’un autre âge,

Ou un dragon sorti de la préhistoire.

Mais j’avais beau me pencher, je ne voyais jamais rien.

Rien qu’un gouffre profond au-dessus duquel je criais

Ma peur de tomber, ma peur de mourir.

Et l’écho répercutait ma voix à l’infini,

La déformant au point de la faire ressembler

A ces cris étranges des bêtes d’autrefois.

S’engageait alors un dialogue insensé où à mes questions

On répondait gravement des choses étranges et belles.

 

Une nuit, n’y tenant plus, j’ai quitté ma chambre

Et me suis approché, pieds nus, du puits mystérieux.

La lune était enfouie derrière les arbres de la grande forêt,

L’obscurité était totale et ma peur à son comble.

Je me suis penché, le ventre nu, sur la pierre froide et coupante. 

En bas, tout en bas, les voix poursuivaient, seules, leur dialogue d’outre-tombe.

 

Littérature

00:05 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature

06/03/2014

Ukraine (2)

Lors d’un entretien avec son homologue Dmitri Medvedev au Kremlin, le mardi 11 août 2008, Nicolas Sarkozy, qui avait servi de médiateur dans l’affaire de la Géorgie,  s’était ainsi exprimé :    « Il est parfaitement normal que la Russie veuille défendre ses intérêts ainsi que ceux des Russes en Russie et des russophones à l'extérieur de la Russie ».

Donc, ce qui a été accepté une fois par un président français (il faut dire que les chars russes venaient d’occuper la moitié de la Géorgie, que les USA cherchaient à déstabiliser pour affaiblir Moscou) ne semble plus l’être par un autre président français. Curieux.  Poutine n’a pourtant rien fait d’autre que ce qu’il avait déjà fait et que Sarkozy avait accepté.

Par ailleurs, il faut savoir à propos de l’Ukraine que la chaîne de télévision Russia Today a publié une nouvelle étonnante pour tous les Occidentaux qui ne lisent que la presse classique (pro-Otan et appartenant à quelques grands financiers). Cette chaîne a diffusé une communication téléphonique qui a eu lieu entre le ministre estonien des Affaires étrangères, Urmas Paet, et  la représentante de l’Union européenne, Catherine Ashton. Dans cette communication qui semble authentique, le ministre estonien  dit qu’il vient d’apprendre de source sûre que les mystérieux snipers de la place Maidan étaient des individus liés à l’opposition pro-européenne et qu’ils auraient tiré à la fois sur la police et sur les manifestants pour créer la confusion et  accuser ensuite le régime en place et le déstabiliser. Mme Ashton ne s’est pas formalisée outre mesure à cette annonce.

Bon, vous me direz que la chaîne Russia Today est un peu la voix de la Russie et que ses informations sont forcément partiales. C’est possible. Mais n’oubliez quand même pas que notre presse à nous est tout aussi partiale puisqu’elle nous relate depuis des années la croisade des bons Occidentaux qui vont apporter la civilisation (pardon, la démocratie)  à des peuples opprimés par des tyrans sanguinaires (Afghanistan, Serbie, Irak, Libye, Syrie, Ukraine, etc.). Cela commence à faire beaucoup de peuples opprimés, vous ne trouvez pas ?  Pourtant les mêmes Occidentaux soutenaient il n’y a pas si longtemps les dictatures d’Amérique du Sud et les despotes africains (Mobutu, etc.). C’est à n’y rien comprendre, non ? Cette passion soudaine pour la démocratie me laisse pantois.

 

03/03/2014

Ukraine

Que dire de la crise ukrainienne ? Pas grand-chose, si  ce n’est rappeler que nos dirigeants ne manquent pas d’audace quand ils osent accuser la Russie de non-respect des traités internationaux et d’invasion militaire. Ce serait oublier qu’eux-mêmes ont renversé le régime libyen et tué son dirigeant en outrepassant largement le mandat que l’ONU (institution toute inféodée à Washington soit dit en passant) leur avait accordé.  Ce serait oublier également qu’ils étaient derrière les printemps arabes pour mettre les Frères musulmans au pouvoir (Egypte et dans une moindre mesure Tunisie). Quant à la Syrie, mieux vaut ne pas en parler, ils l’ont déstabilisée en finançant et en armant des djihadistes sanguinaires qui se moquaient des droits de l’homme autant que leurs commanditaires occidentaux. En Ukraine, donc, on a revécu le même scénario : injecter des millions de dollars à des opposants locaux  pendant quelques années, tout en ayant soin de bien choisir ces opposants. En effet, ce qui compte, ce n’est pas leur respect de la démocratie, mais leur capacité militaire à renverser le pouvoir en place, dont le crime principal est évidemment aux yeux de l’Occident de ne pas être néo-libéral. C’est ainsi qu’on a vu des néo-nazis renverser un président démocratiquement élu qui, s’il était assurément corrompu, ne l’était sans doute pas beaucoup plus que ses devanciers issus de la « révolution orange », qui eux avaient pillé les restes d’un Etat en déliquescence pour asseoir leur fortune personnelle.

Bref, l’Occident est donc allé chatouiller le vieil ours russe dans sa zone d’influence, sans mettre un de ses militaires dans le pays, mais en agissant en sous-main de manière très efficace. Alors se scandaliser aujourd’hui  quand on voit l’ours sortir de sa tanière et venir défendre une partie de son gâteau,  c’est tout de même un peu curieux. D’autant plus qu’en Ukraine, la langue russe (comme la langue hongroise) viennent de perdre leur statut de langue officielle.

Bref, à trop vouloir jouer aux apprentis sorciers, nos chers dirigeants vont finir par nous mettre une bonne guerre sur le dos. C’est peut-être ce qu’ils cherchent, d’ailleurs, car le Capital, qui ne fonctionne bien qu’en période de croissance, a périodiquement besoin de ces guerres pour continuer à enrichir les quelque milliers de personnes qui en sont finalement les seules bénéficiaires.  

 

Photo Genya Savilov. AFP

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27/02/2014

Fin de parcours

Cinéma muet sur le mur blanc.

C’est mon ombre qui s’agite et s’incline,

Noire comme la nuit,

Apeurée comme jamais.

Elle dessine en tremblant l’énigme de ma vie,

Equation silencieuse

Au rebours de mon âge.

Quand elle atteindra le sol en rampant

J’en aurai terminé de chercher des réponses.

Nous fusionnerons enfin pour la première fois,

Et chercherons dans l’oubli 

A apaiser nos peurs.

 

Littérature

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25/02/2014

Du Capitalisme et des révolutions "démocratiques" .

Voici une vidéo assez longue (elle dure presque une heure) mais qui mérite le détour si on veut comprendre ce qui se passe dans le monde : 

Et pour revenir à l'actualité en Ukraine, voici un article qui confirme mon texte d'hier.

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Nous sommes tous Ukrainiens !

Voilà donc l’Ukraine libérée de son affreux dictateur. Enfin, selon la version officielle. En effet, il suffit de voir ce que sont devenus les pays qui ont été  « libérés » par l’Occident (comme l’Irak, l’Afghanistan,  la Libye et peut-être demain la Syrie) pour se poser des questions sur l’avenir de l’Ukraine.

Mais ne soyons pas pessimistes et, avec notre presse, réjouissons-nous de cette révolution qui a abouti et de la liberté retrouvée. Car si je m’en tiens aux journaux officiels, j’ai mille raisons de m’esbaudir. Nous étions en présence d'un régime despotique avec un tyran qui ne pensait qu’à son profit personnel, tyran qui n’a d’ailleurs pas hésité à faire tirer sur son peuple pourtant héroïque afin de préserver ses petits avantages… Mais le peuple a tenu bon et a chassé le dictateur. Tout est donc pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Sauf que les choses ne se sont pas vraiment passées comme cela.  Dans son désir de réduire l’influence de la Russie, l’administration Obama avait programmé cette révolution depuis longtemps. En effet, coupée de la Mer Noire, la Russie se serait trouvée subitement fort isolée et pour ainsi dire dans l’impossibilité d’agir dans le monde par voie maritime. Comme elle avait défendu bec et ongle la Syrie et qu’elle avait remporté là quelques victoires, il fallait bien la punir sur son propre terrain, en s’attaquant à son ancienne zone d’influence. On a donc distribué des millions de dollars et on a armé et entraîné ceux qui détestaient le régime prosoviétique.  En Tchétchénie comme en Syrie on avait utilisé les djihadistes (sans trop regarder s’ils étaient proches ou non d’Al Quaïda) mais en Ukraine il n’y en avait malheureusement pas. Par contre un parti d’extrême-droite nostalgique du III° Reich (qu’il avait soutenu pendant la guerre 40-45) était très actif et possédait même une branche paramilitaire. Quelle aubaine ! On ne regarde pas trop sur les moyens utilisés quand il s’agit de faire triompher la démocratie ! Pour les aider à s’emparer du pouvoir, on a utilisé la tactique qui a déjà fait ses preuves en Syrie : on poste sur les toits quelques tireurs d’élite qui tirent à la fois sur les policiers et sur les manifestants (mais surtout sur les manifestants quand même), ce qui fait que les deux camps s’accusent mutuellement des massacres. Du côté des opposants, on se retrouve avec des victimes innocentes, tandis que du côté du pouvoir, on a perdu la partie.  En effet, s’il riposte à la violence, on l’accuse de massacrer son peuple. S’il ne bouge pas, c’est encore la même chose puisque les tireurs d’élite continuent à faire des victimes parmi les insurgés. A la limite, on reprochera à ce pouvoir (comme en Syrie) de ne plus parvenir à assurer la protection de ses citoyens.

Bref, après 60 morts, la presse occidentale se déchaîne contre le tyran et l’Europe envoie ses ministres pour dialoguer. Comme en Syrie, il s’agit de demander un partage du pouvoir (promesses d’élection, amnistie générale, retour à l’ancienne constitution qui donnait moins de pouvoir au président). Mais les USA ne pouvaient se contenter de cela. Méprisant leurs alliés européens, ils ont donc poussé les milices fascistes qu’ils soutenaient à intervenir plus radicalement.  Celles-ci ont exigé le départ pur et simple de l’ancienne équipe dirigeante (et c’est sous menace de mort que le président de la Chambre a démissionné), puis ils ont occupé militairement tous les quartiers de Kiev (officiellement pour rétablir l’ordre public, en pratique pour pouvoir étouffer dans l’œuf tout mouvement qui contesterait leur autorité). Ensuite, grâce à un Parlement fantoche, ils ont libéré l’égérie de la révolution orange (elle aussi commanditée par les USA), une milliardaire qui croupissait en prison après s’être honteusement enrichie sur la dépouille de l’Etat ukrainien dans le cadre des privatisations si chères au libéralisme.

Voilà où nous en sommes. Ce qui ressemble quand  même fort à un coup de force (si pas à un coup d’Etat) n’a servi qu’à restaurer un libéralisme pur et dur. La dette ukrainienne étant colossale, le bon FMI s’est déjà proposé pour lui venir en aide. Comme cela le peuple sera encore un peu plus endetté  pendant que quelques industriels et entrepreneurs feront fortune en s ‘appropriant la moitié  de cette manne d’argent.

C’est ce que l’on appelle la démocratie : la liberté de s’enrichir (pour ceux qui le peuvent). Ce n’est pas BHL qui me contredirait.

Ukraine

22/02/2014

Souvenirs

La  vie n’est pas tendre avec nous.  Elle nous tend  cent pièges et mille chausse-trappes, dans lesquels nous tombons généralement. On n’y peut rien, c’est comme cela. Notre vigilance n’empêchera que très rarement note chute. Alors, faut-il pour cela détester la vie ? Non, il faut en retirer tout ce que nous pouvons, c’est-à-dire généralement pas grand-chose.  Mais ce « pas grand-chose », ce « presque rien » comme disait Jankélévitch,  est tout ce qui nous est donné, alors profitons-en au maximum. Conservons au fond de nous tous ces petits bonheurs éphémères, ne les négligeons pas, ils sont souvent plus importants qu’on ne le croit. Ainsi, quand on vieillit et qu’on regarde derrière soi ce que l’on a vécu, on s’aperçoit que les souvenirs que nous conservons du passé sont rarement des faits importants, mais plutôt des impressions fugaces que notre esprit et nos sens ont enregistrées : le son de la cloche d’un village, l’odeur des fleurs au printemps, le bruit de la pluie sur un toit, le souffle du vent en haut d’une falaise, le bruit éternel des vagues, le goût du gâteau que l’on mangeait enfant, etc. Notre vie est faite de ces instants fugaces,  qui nous ont marqués puisque nous croyions les avoir oubliés alors qu’ils reviennent toujours au moment où on ne les attend pas.

Conservons toutes ces impressions au fond de nous. Recueillons-les précieusement au fond d’un vase, comme un parfum précieux et quand l’existence n’est pas tendre avec nous, reprenons ce flacon et ouvrons-le précautionneusement  pour  en respirer les effluves, ils sont la quintessence de notre vie. 

(A toi, dont l’odeur  de la peau est restée sur mes lèvres). 

 

Littérature

00:05 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : littérature

19/02/2014

Etat du monde.

Ce qui m’énerve au plus haut point, dans le monde capitaliste qui est le nôtre, c’est l’hypocrisie générale. En effet, il n’y a pas un seul fait réel qui est donné pour ce qu’il est. A chaque fois, il faut présenter ce fait autrement et donc mentir à l’opinion. C’est bien la preuve que si cette opinion se rendait compte de ce qui se passait, elle désapprouverait et ferait pression sur les dirigeants pour qu’ils prennent d’autres décisions (en supposant que nos dirigeants puissent encore décider de quelque chose, ce qui n’est pas certain dans un monde ou le commerce et la finance semblent détenir tous les pouvoirs).

On nous a menti sur la Libye, en prétextant que l’affreux Kadhafi avait bombardé sa population, alors qu’on sait aujourd’hui que les déclarations qui ont été faites à l’ONU ne reposaient que sur le témoignage non vérifié de quelques opposants, lesquels se retrouvent aujourd’hui ministres dans le nouveau gouvernement. On a ensuite extirpé de l’ONU une autorisation pour empêcher le régime d’utiliser son aviation et on a outrepassé nos droits en déclarant une guerre ouverte qui a fait des milliers de morts du fait même de nos bombardements. Sans parler de Kadhafi qui a été purement et simplement éliminé. Pour arriver à nos fins, on n’a pas hésité à utiliser les troupes d’Al Quaïda que l’on combattait pourtant ailleurs. Depuis, le drapeau d’Al Quaïda flotte sur certaines villes, la charia fait partie de la constitution et on se massacre entre clans adverses.

On nous a menti sur la Tunisie, en proclamant les mérites du premier printemps arabe. Le but de cette révolution manipulée de l’extérieur n’était évidemment pas de permettre au peuple de retrouver sa liberté et sa dignité, mais de se débarrasser d’un vieux dictateur corrompu qui avait fait son temps et de mettre à sa place un pouvoir « démocratique ». Or on savait pertinemment que le parti religieux allait l’emporter lors des élections. Il s’en est suivi une tentative d’islamisation forcée de la société et un débat constitutionnel sur le droit des femmes. Il a fallu tout le bon sens du peuple tunisien (et malheureusement l’assassinat de deux opposants de gauche) pour parvenir à déjouer cette machination.

On nous a menti sur l’Egypte, où la révolte contre Moubarak a finalement permis de mettre au pouvoir les Frères musulmans. Ils allaient enfin imposer un pouvoir religieux rétrograde qui empêcherait l’Egypte de devenir un état moderne menaçant, tout en se montrant très compréhensifs sur le capitalisme et le libre-échange (ils voulaient par exemple privatiser la gestion du canal de Suez). Le peuple s’est soulevé une deuxième fois et l’armée lui a prêté main forte. Les Américains ne savent pas encore s’ils doivent regretter les Frères musulmans ou s’ils doivent applaudir à l’avènement de ce régime fort.

On nous a menti et on nous ment toujours en Syrie. La plus belle tentative de déstabilisation fut le fait d’accuser le régime de Damas d’avoir bombardé sa population au gaz sarin, ce qui aurait permis une entrée en guerre de l’Otan. Celle-ci a fort heureusement  été déjouée par la diplomatie russe.  On nous ment encore avec Genève (I et II) en faisant croire qu’on lutte pour la paix alors que derrière, le Congrès américain, lors d’un vote secret, a accepté d’armer et de financer les « rebelles » (qui n’ont plus rien de syriens ni de démocratiques puisque ce sont des étrangers qui se réclament plus ou moins tous d’Al Quaïda).

On nous ment sur le Venezuela, où on nous fait croire que des étudiants pacifiques réclament plus de démocratie. La vérité est que ces jeunes bourgeois issus des milieux aisés sont payés pour manifester et pour créer des troubles, le but ultime étant évidemment de se réapproprier les puits de pétrole que le gouvernement Chavez avait honteusement nationalisé. On parle de pénurie des denrées premières, accusant le pouvoir en place d’incompétence, mais on se garde bien de parler de l’embargo économique que les USA ont imposé à ce pays rebelle.

On nous ment sur l’Ukraine, où on présente les manifestants comme de gentils pro-européens qui s’opposent à un régime répressif (on a même vu BHL sur les barricades, du moins le jour où il n’y avait pas de danger). La vérité est que la CIA et l‘Otan financent et arment des groupes pronazis nostalgiques d’Hitler et des Waffen-SS.  On crie au scandale devant les 25 morts de cette nuit, oubliant de préciser qu’un tiers des victimes se trouve du côté des policiers et qu’il y a  manifestement des balles qui ne sont pas tirées au hasard, comme celle qui a tué un journaliste russophone. Mais plutôt que d’avouer qu’il a été tué par les manifestants, on fait semblant de pleurer devant la liberté de la presse bafouée.

On nous ment sur la Centrafrique et le Mali, où sous couvert de protéger les populations civiles des exactions des milices musulmanes (milices qu’on soutient pourtant en Syrie) on occupe le terrain militairement. Cela s’appelait autrefois du colonialisme, mais ici cela s’appelle de l’ingérence humanitaire.

Bref, si on en croit tout ce qu’on nous dit, nous sommes les bons et eux sont les méchants. Eux, ce sont tous ceux qui ne pensent pas comme nous. Le régime ukrainien parce qu’il aime les Russes (comment peut-on aimer les Russes !), Kadhafi ou Assad parce qu’ils n’aiment pas trop Israël (ce cher, si cher Israël !),  et tous parce qu’ils n’ouvrent pas leurs frontières au grand marché mondial qui profite à quelques multinationales.

On nous berne donc tous en nous mentant. On envoie nos soldats se faire tuer dans des pays qui ne nous ont rien fait, on tue et on massacre par personnes interposées (djihadistes en Syrie, pronazis en Ukraine), on finance avec notre argent des bandits et des assassins de tout poil, tout cela pour imposer le commerce mondial et complaire le Capital. 

Je vois tellement le mensonge partout que j’en viens à me demander si je ne mens pas moi-même ! Et pourtant non, j’ai bien peur d’avoir raison. 

 

Syrie, Ukraine

10/02/2014

De l'opinion du plus grand nombre.

Un petit extrait de Schopenhauer : 

Ce que l'on appelle l'opinion commune est, à y bien regarder, l'opinion de deux ou trois personnes ; et nous pourrions nous en convaincre si seulement nous observions comment naît une telle opinion. Nous verrions alors que ce sont deux ou trois personnes qui l'ont admise ou avancée ou affirmée, et qu'on a eu la bienveillance de croire qu'elles l'avaient examinée à fond ; préjugeant de la compétence suffisante de celles-ci, quelques autres se sont mises également à adopter cette opinion ; à leur tour, un grand nombre de personnes se sont fiées à ces dernières, leur paresse les incitant à croire d'emblée les choses plutôt que de se donner le mal de les examiner.

Ainsi s'est accru de jour en jour le nombre de ces adeptes paresseux et crédules ; car une fois que l'opinion eut pour elle un bon nombre de voix, les suivants ont pensé qu'elle n'avait pu les obtenir que grâce à la justesse de ses fondements.

Les autres sont alors contraints de reconnaître ce qui était communément admis pour ne pas être considérés comme des esprits inquiets s'insurgeant contre des opinions universellement admises ou comme des impertinents se croyant plus malins que tout le monde. Adhérer devint alors un devoir.

Désormais, le petit nombre de ceux qui sont capables de juger est obligé de se taire ; et ceux qui ont le droit de parler sont ceux qui sont absolument incapables de se forger une opinion et un jugement à eux, et qui ne sont donc que l'écho de l'opinion d'autrui. Ils en sont cependant des défenseurs d'autant plus ardents et plus intolérants. Car ce qu'ils détestent chez celui qui pense autrement, ce n'est pas tant l'opinion différente qu'il prône que l'outrecuidance qu'il y a à vouloir juger par soi-même — ce qu'ils ne font bien sûr jamais eux-mêmes, et dont ils ont conscience dans leur for intérieur.

Bref, très peu de gens savent réfléchir, mais tous veulent avoir des opinions ; que leur reste-t-il d'autre que de les adopter telles que les autres les leur proposent au lieu de se les forger eux-mêmes?

Puisqu'il en est ainsi, que vaut l'opinion de cent millions d'hommes? Autant que, par exemple, un fait historique attesté par cent historiens quand on prouve ensuite qu'ils ont tous copié les uns sur les autres et qu'il apparaît ainsi que tout repose sur les dires d'une seule personne.

"De l'art d'avoir toujours raison"

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22:12 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (29) | Tags : littérature