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25/02/2014

Nous sommes tous Ukrainiens !

Voilà donc l’Ukraine libérée de son affreux dictateur. Enfin, selon la version officielle. En effet, il suffit de voir ce que sont devenus les pays qui ont été  « libérés » par l’Occident (comme l’Irak, l’Afghanistan,  la Libye et peut-être demain la Syrie) pour se poser des questions sur l’avenir de l’Ukraine.

Mais ne soyons pas pessimistes et, avec notre presse, réjouissons-nous de cette révolution qui a abouti et de la liberté retrouvée. Car si je m’en tiens aux journaux officiels, j’ai mille raisons de m’esbaudir. Nous étions en présence d'un régime despotique avec un tyran qui ne pensait qu’à son profit personnel, tyran qui n’a d’ailleurs pas hésité à faire tirer sur son peuple pourtant héroïque afin de préserver ses petits avantages… Mais le peuple a tenu bon et a chassé le dictateur. Tout est donc pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Sauf que les choses ne se sont pas vraiment passées comme cela.  Dans son désir de réduire l’influence de la Russie, l’administration Obama avait programmé cette révolution depuis longtemps. En effet, coupée de la Mer Noire, la Russie se serait trouvée subitement fort isolée et pour ainsi dire dans l’impossibilité d’agir dans le monde par voie maritime. Comme elle avait défendu bec et ongle la Syrie et qu’elle avait remporté là quelques victoires, il fallait bien la punir sur son propre terrain, en s’attaquant à son ancienne zone d’influence. On a donc distribué des millions de dollars et on a armé et entraîné ceux qui détestaient le régime prosoviétique.  En Tchétchénie comme en Syrie on avait utilisé les djihadistes (sans trop regarder s’ils étaient proches ou non d’Al Quaïda) mais en Ukraine il n’y en avait malheureusement pas. Par contre un parti d’extrême-droite nostalgique du III° Reich (qu’il avait soutenu pendant la guerre 40-45) était très actif et possédait même une branche paramilitaire. Quelle aubaine ! On ne regarde pas trop sur les moyens utilisés quand il s’agit de faire triompher la démocratie ! Pour les aider à s’emparer du pouvoir, on a utilisé la tactique qui a déjà fait ses preuves en Syrie : on poste sur les toits quelques tireurs d’élite qui tirent à la fois sur les policiers et sur les manifestants (mais surtout sur les manifestants quand même), ce qui fait que les deux camps s’accusent mutuellement des massacres. Du côté des opposants, on se retrouve avec des victimes innocentes, tandis que du côté du pouvoir, on a perdu la partie.  En effet, s’il riposte à la violence, on l’accuse de massacrer son peuple. S’il ne bouge pas, c’est encore la même chose puisque les tireurs d’élite continuent à faire des victimes parmi les insurgés. A la limite, on reprochera à ce pouvoir (comme en Syrie) de ne plus parvenir à assurer la protection de ses citoyens.

Bref, après 60 morts, la presse occidentale se déchaîne contre le tyran et l’Europe envoie ses ministres pour dialoguer. Comme en Syrie, il s’agit de demander un partage du pouvoir (promesses d’élection, amnistie générale, retour à l’ancienne constitution qui donnait moins de pouvoir au président). Mais les USA ne pouvaient se contenter de cela. Méprisant leurs alliés européens, ils ont donc poussé les milices fascistes qu’ils soutenaient à intervenir plus radicalement.  Celles-ci ont exigé le départ pur et simple de l’ancienne équipe dirigeante (et c’est sous menace de mort que le président de la Chambre a démissionné), puis ils ont occupé militairement tous les quartiers de Kiev (officiellement pour rétablir l’ordre public, en pratique pour pouvoir étouffer dans l’œuf tout mouvement qui contesterait leur autorité). Ensuite, grâce à un Parlement fantoche, ils ont libéré l’égérie de la révolution orange (elle aussi commanditée par les USA), une milliardaire qui croupissait en prison après s’être honteusement enrichie sur la dépouille de l’Etat ukrainien dans le cadre des privatisations si chères au libéralisme.

Voilà où nous en sommes. Ce qui ressemble quand  même fort à un coup de force (si pas à un coup d’Etat) n’a servi qu’à restaurer un libéralisme pur et dur. La dette ukrainienne étant colossale, le bon FMI s’est déjà proposé pour lui venir en aide. Comme cela le peuple sera encore un peu plus endetté  pendant que quelques industriels et entrepreneurs feront fortune en s ‘appropriant la moitié  de cette manne d’argent.

C’est ce que l’on appelle la démocratie : la liberté de s’enrichir (pour ceux qui le peuvent). Ce n’est pas BHL qui me contredirait.

Ukraine

Commentaires

Oui, l'échiquier est compliqué et l'Ukraine peut devenir, je pèse mes mots, la poudrière de l'Europe :
Les forces en jeu :
- Obama et ses alliés(valets?) européens
- Poutine et tout l'est et le sud de l'Ukraine.
Mais pas seulement. La Turquie voit tout ça d'un mauvais œil surtout si Poutine commet la folie de lancer ses chars sur la Crimée. La milliardaire en chaise roulante ( pour faire bien gémir la chaumière de L'Oural à la Rochelle) annonce déjà qu'elle espère que d'autres pays de l'ex bloc soviétique suivront l'exemple de l'Ukraine et elle lorgne vers la Biélorussie...
C'est-à-dire qu'elle appelle de ses voeux un embrasement de tout l'est européen et on sait pour qui il parle.
Obama, lui, dit la vérité en disant son contraire : il dit, non, non, disputer des zones géopolitiques d’influence à la Russie, c'est d'un autre temps.
Sauf qu'on est en plein dedans, pourtant !

Les russophones de l'est ont arraché ce matin le drapeau ukrainien pour mettre celui de la Russie. Rien n'est calmé. Et la grosse peur de l'Europe et des UE, c'est que l'Ukraine se coupe en deux. Pourquoi ? Parce qu'ils tiennent à l'unité territoriale, comme le bêle à tout vent Hollande ?
Pas du tout. Un Polonais qui connait très bien l'Ukraine me disait ce matin de vive-voix : l'Ouest est pauvre comme job, l'est est riche et c'est l'est qui fait vivre tout le pays...
Voilà pourquoi l'Europe, le FMI et les UE veulent garder l'intégrité du territoire.
Surtout au moment où l'Ukraine (enfin disons ceux qui ont pris le pouvoir dimanche) demande qu'on leur file 35 milliards de dollars !
Dont la moitié passera sous la table, en corruption... Et le contribuable européen se serrera un peu plus la ceinture et verra l'âge de sa retraire reculer et ses médicaments de moins en moins remboursés. Car il faut faire des économies, n'est-ce pas ? C'est ce que chantent tous les politiques d'Europe et d'ailleurs ! Alors, ils vont les prendre où les sous pour les jeter dans le puits ukrainien ? Sinon dans ta poche....

Quand je vois les démocraties applaudirent à un coup d’état ( en dépit de mon aversion pour l'ex Président) je me dis, bon sang, quels voyous nous gouvernent ? !
A Nantes, pour trois vitrines cassées, on crie à l'anarchie, on crie vengeance et vive l’État de droit, vive les valeurs républicaines, et en même temps, on reconnaît lundi matin un gouvernement qui s'est installé par les armes dimanche soir !
Colère...

Écrit par : Bertrand | 25/02/2014

@ Bertrand : merci pour ce long commentaire, qui nous en apprend un peu plus sur la réalité ukrainienne.

Écrit par : Feuilly | 25/02/2014

Bertrand, j'ai lu votre commentaire avec beaucoup d'intérêt et il m'a éclairé. Vos hypothèses se confirment de plus en plus par les événements de ces deux derniers jours. Merci.

Écrit par : Halagu | 27/02/2014

Les commentaires sont fermés.