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01/01/2024

Amours anciennes

 

Comme un souffle

elle s’avance à travers le temps.

De quel infini vient-elle,

cette ombre fugace,

qui a traversé ma vie ?

 

Elle n’est plus qu’un souvenir emporté par le vent,

un souvenir des jours anciens

perdu dans ma mémoire.

 

Passion des amants en ce lointain hiver

de froidure et de neige.

Sous la couette de plumes

S’envolaient deux cœurs

vers le chaud paradis

des corps enlacés.

 

Un oiseau de la nuit, parfois,

jetait son cri plaintif.

Funeste présage,

Que nous n’avons pas écouté. 

 

Il reste une tombe, sans doute, quelque part,

Celle de nos amours à jamais disparues.

 

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15/05/2023

Cathédrale

Les récits fabuleux des vitraux

S’invitent dans la nef sacrée

et se répandent en lumière colorée

sur la nape immaculée de l’autel.

Ici, c’est le règne du silence.

Dans une chapelle obscure

brille la flamme tremblante d’un cierge.

Des colonnes de pierre

s’élancent vers le ciel

et se rejoignent au zénith

en voutes ogivales régulières.

Le temps est suspendu.

Depuis huit siècles

les vitraux cristallisent la lumière,

figeant des histoires bibliques

pour les peuples ébahis.

Sous nos pieds, gisent les dépouilles

des évêques d’autrefois.  

Les grandes orgues sont définitivement muettes.

Au mur, sur sa croix de bois,

un dieu ancien n’en finit plus d’agoniser.

 

Littérature

 

11:31 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

30/12/2022

Rêverie

Fermer les yeux, oublier tout, n’être rien.

Rien qu’un oiseau qui vole dans le vent

Rien qu’une barque qui vogue sur l’étang

Rien qu’un parfum dans le jardin d’été

Rien qu’un fruit défendu dans le verger d’automne

Rien qu’un flocon de neige déposé sur tes lèvres

Rien qu’une fleur dans le printemps de l’amour

Rien qu’une aube éternelle dans ton regard étincelant.

 

Fermer les yeux, oublier tout, n’être rien.

A jamais.

 

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09/04/2022

Temps de guerre

Quand le monde eut définitivement éclaté et que la guerre eut tout ravagé

Quand il ne resta plus que des ruines et des souvenirs meurtris

Quand les flammes eurent tout détruit, sauf notre espoir

Vint une aube aux reflets rouges étranges

Qui se refléta dans le regard d’un enfant 

 

litterature

01:41 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : litterature

24/03/2022

L'attente

Sur une page blanche, écris le silence et le noir de la nuit,

Ecris tes attentes et tous tes espoirs.

Prends tout ton temps, surtout ne te presse pas.

Puis, sans te retourner,

Dépose la page devant ta porte.

Le vent l’emportera vers le grand inconnu,

Au-delà des forêts et des rivières,

Au-delà des montagnes et de l’océan des rêves.

 

Un enfant peut-être la trouvera

Et en fera un avion de papier.

Tes mots alors s’envoleront plus loin encore,

Fragile message que personne n’aura lu.

 

Ou bien un homme ramassera cette pauvre feuille.

Il la lira sans rien comprendre

Et la jettera à ses pieds,

Comme une chose morte et inutile.

 

Mais si une femme la découvre

Et qu’elle entend ton silence,

Ton grand silence au cœur de la nuit noire,

Elle saura que tu l’attends,

Que tu l’attends quelque part,

Au-delà de l’océan des rêves.

 

Littérature

 

 

 

 

 

 

22:02 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

04/09/2021

Page blanche

On hésite toujours à écrire certains mots au bord de la page,

Des mots qui diraient la vie et la mort,

Et puis le grand calme de la nature, le soir,

Quand s’éteint le soleil derrière une rivière pourpre.

 

On hésite à dire les amours d’autrefois,

Les amours adolescentes,

Quand les corps nus et chauds

Se découvraient différents dans la paille jaune d’une grange ancestrale.

 

On hésite à se souvenir de ceux qui ont disparu,

Ceux qui un jour avaient compté,

Puis qu’on a oubliés,

Improbables fantômes dans la nuit de nos songes.

 

On hésite à décrire la peau tendre et parfumée,

La peau sauvage et nue

D’une fille aux cheveux noirs et au regard de feu

Qu’on allait immoler sur l’autel de l’amour.

 

Oui, on hésite à écrire le livre de la mémoire,

Le livre qui dirait nos songes et nos espoirs.

Alors on reste au bord de la page,

Rêvant à des amours fantômes le long des rivières pourpres.

 

Littérature

24/10/2020

Dernier spectacle

Quand nous aurons joué notre dernier spectacle,

Quand nous aurons rangé les masques et les cothurnes

Et que les feux de la rampe se seront éteints.

Quand les musiciens auront rangé leurs instruments

Et que le public anonyme sera parti dans la grande nuit,

 Il ne restera plus dans notre cœur

Que l’étoile éphémère de tous nos espoirs

Et le souvenir d’avoir un instant été sublime sur scène.

 

Alors nous prendrons la route sans nous retourner,

La route qui conduit à l’océan,

Et là nous contemplerons les vagues éternelles

Qui n’en finissent pas de mourir sur le sable blanc.

 

Littérature

 

02:37 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature

04/09/2020

Les chevaux de la mer

J’ai vu les chevaux de la mer courir sur le sable infini

Et j’ai senti sur mon visage les bourrasques marines

Qui déferlaient sur les falaises, là-bas, au bout du monde.

Des goélands criaient au croisement des équinoxes

Tandis que la marée montait à l’assaut des châteaux de notre enfance.

Dans les prés salés de nos larmes

Des moutons broutaient paisiblement,

Indifférents au bruit de l’océan

Emportant toutes les espérances. 

J’ai vu les chevaux de la mer, ivres d’embruns salés

Courir libres sur l’infini des sables

Et les soirs de tempêtes, quand l’océan mugit dans les grottes sous-marines

On croit entendre une musique étrangère

Qui dit le chagrin des femmes

Labourées par les chagrins d’amour.

 

Littérature

 

 

 

00:01 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature

23/08/2020

Regards

Il est partout des chemins qui ne mènent nulle part,

Et des carrefours dangereux,

Mais il est aussi des rencontres étonnantes,

Des regards qui se croisent 

Et des mains qui se cherchent

Par-delà l’errance qui est la nôtre.

Maintenant que nous avançons masqués,

Il n’y a plus que les yeux

Pour dire le désir de vivre

Et c’est en rêve

Que les âmes se touchent

Et que les corps s’enlacent

Bravant tous les interdits.

 

littérature

 

 

 

 

20:00 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature

06/07/2020

Migrations

Ils sont partis pour découvrir des ailleurs improbables,

Et pour oublier qu’ils étaient d’ici., de ce pays de brumes.

Ils sont partis pour découvrir ce que l’homme, jamais, n’avait pu contempler.

Leurs voiliers fendirent la mer bleue,

L’océan infini, qui derrière l’horizon touche les cieux.

Pleins d’espérance, ils naviguèrent vers d’inconnues contrées

Aux noms fantastiques et rêvés.

Et là-bas, ce n’étaient que terres vierges et denses forêts,

Animaux étranges et plages infinies.

Sur des chemins de traverse, ils cheminèrent au hasard,

Perdus dans leur désir d’un devenir meilleur.

Ils longèrent des côtes fantastiques,

Dont les falaises abruptes plongeaient dans la mer éternelle,

Ils parcoururent des steppes sans limites,

Des plateaux d’altitude et des montagnes inconnues.

Ils naviguèrent sur des fleuves impétueux aux flots torrentueux

Et les remontèrent jusqu’à leur source ultime.

 

Alors, arrivés au bout du monde, ayant touché du doigt leur rêve,

N’ayant plus rien à espérer,

Ils rebroussèrent chemin,

Eternels migrateurs

A l’âme inconsolable.

 

Littérature, poésie

 

 

 

01:16 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature, poésie

13/06/2020

Les chevaux arabes

Sous les remparts de Grenade, quand vient la nuit

Et que la lune est pleine,

Entendez-vous le trot des chevaux arabes ?

 

S’en vont-ils vers la lointaine Syrie, par la route des califes,

Pour rejoindre Damas,

Ou montent-ils la garde dans la torpeur andalouse

Pour défendre les forteresses omeyades ?

 

Entendez-vous le fracas des sabots

Dans la nuit étoilée de rêves,

Quand le vent soulève le sable ardent en gémissant ?

 

Est-ce Abd al-Rahman qui s’en revient de Cordoue

Dans son habit d’or,

Suivi par ses guerriers abbassides,

Ou n’est-ce que le vent de la sierra

Qui rend fous les étalons

Quand sur le désert tombe le crépuscule ?

 

Dans le quartier de l’Albaicin, une femme voilée écoute à sa fenêtre

Les chevaux arabes qui trottent dans la nuit.

Elle rêve au prince des sables sur son alezan

Qui viendrait la ravir et l’emporter dans la nuit.

Dans cette course folle au rythme des sabots

Elle tiendrait la taille de l’homme

Et sous son voile, elle serait déjà nue.

 

litterature

02:12 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : litterature

09/06/2020

Crépuscule

Qui se souvient de la forêt où venaient écrire les adolescents ténébreux ?

Le parfum des pins n’existe plus que dans la mémoire.

Le murmure du vent dans les feuillages a tout emporté

Et les illusions ont fini par s’envoler.

Sur la page blanche de la vie, ils avaient écrit des poèmes d’amour

Mais l’amour lui aussi s’en est allé.

Dans les hautes branches, les oiseaux ont fini par se taire

Tandis que tombe le dernier crépuscule du monde sur la forêt endormie.

C’est au cimetière que dort la belle jeune fille de jadis,

Celle à laquelle il avait tant rêvé.

Reste un ultime poème, qu’il vient déposer sur le marbre froid.

Il dit l’odeur d’un printemps d’autrefois

Et la douceur de la mousse

Où elle lui avait donné sa jeunesse. 

 

Littérature, poésie

01:14 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, poésie

16/02/2020

Asie

Il était arrivé avec pour tout bagage

Les souvenirs de pays ultramarins.

Il ramenait un peu de sable blond,

Quelques coquillages nacrés

Et une perle océane achetée sur un marché de Bombay.

Dans ses yeux, il y avait tout le soleil des îles sous le vent,

Les nuages de pluie des moussons

Et les cieux rouges des tropiques ensanglantés.

 

Il avait dû faire un terrible voyage.

Après avoir mené bien des combats

Et avoir fui beaucoup de guerres,

Il était revenu,

Conservant pour tout trésor le parfum d’une femme

A la chevelure de nuit.

Elle n’était plus que l’ombre d’un fantôme

Mais il ne pouvait oublier l’odeur de sa peau nue

Quand l’amour les rassemblait

Dans sa case de bambous.

C’était sa sœur aux yeux d’Asie

Assassinée par un soldat inculte

Alors qu’elle était le centre du monde.

Il avait dispersé ses cendres aux quatre coins de l’univers

Puis était sorti de la ronde pour revenir chez lui,

Oubliant ses rêves de grandeur

Et ne se souvenant que de la mort de cette fille

Dont il avait fermé les yeux

Tandis qu’une grande tache rouge

Rougissait la chemise sous son sein gauche.

Fuyant les alizés, reniant tous les dieux,

Il avait marché vers le nord, traversé des steppes infinies,

Franchi des déserts de pierres et des fleuves impétueux

Pour tenter d’oublier la tendresse de son regard,

L’accueil de ses hanches, et la souplesse de son ventre.

Mais il eut beau marcher, toujours il voyait l’éternelle blessure,

La tragique coupure, dissimulée dans la toison bouclée des rêves.   

 

Il est donc arrivé un beau matin,

Ayant perdu toute illusion.

Il s’est assis sur le petit pont de pierres

Et a juste prononcé ces mots : « Me voici revenu ».

Puis il a contemplé l’eau fuyante de la rivière

Qui emportait son dernier rêve.

 

Littérature

23:21 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : littérature

27/01/2020

La librairie

C’était une librairie où l’on vendait du rêve.

On y trouvait toute la poésie du monde depuis Homère jusqu’à Jaccottet,

Sans oublier Neruda, Pavese et Pessoa.

Il suffisait d’ouvrir un livre pour que les mots s’envolent aussitôt.

Il n’y avait plus qu’à les attraper avec un filet à papillons,

Les regrouper en strophes, et les fourrer dans un sac

Sous l’œil ironique et tendre de la jeune libraire. 

Elle était belle et charmante avec son doux visage et ses petits seins pointus.

Parfois je lui offrais un bouquet de rimes qui la faisait sourire,

Alors elle me donnait quelques livres étranges,

Où l’on parlait d’amour, de voyages, et d’océan.

On respirait les embruns du large rien qu’en humant leur tranche

Et un grand vent marin emplissait soudainement toute la boutique.

Rimbaud n’était pas loin, avec son bateau ivre, guidé par le hasard,

Toujours à la recherche d’improbables Florides.

Derrière ses piles de livres à l’équilibre incertain,

La libraire m’observait à la dérobée.

Je serais volontiers parti avec elle vers ces îles lointaines dont on ne revient pas,

Mais je savais que les rêves étaient ici, entre les pages des vieux livres.

Pourquoi voyager si loin puisque l’ailleurs était dans les yeux, verts comme la mer,

De cette fille au regard tendre et doux ?

Elle dont la chevelure noire tombait en cascades écumantes

Sur sa poitrine secrètement convoitée.

 

C’était une librairie, où l’on vendait du rêve.

 

Littérature, poésie, librairie

01/11/2019

Vol automnal

Un papillon évoluait dans le jardin de l’automne.

Il volait, virevoltait,

Perdu dans le temps,

Perdu dans les souvenirs de son été évanoui.

Chenille verte et trottante, il s’était transformé en éclats de couleurs,

En beauté éclatante,

En souffle léger et passager.

Ephémère présence, conscient de son court passage, il s’obstinait à vivre dans la lumière d’un octobre finissant.

Bientôt la froidure l’emporterait vers l’au-delà des papillons.

Que resterait-il alors, de ce vol de couleurs, de cette légèreté soyeuse, de ces battements d’ailes désordonnés ?

Il ne resterait rien, si ce n’est le souvenir d’une beauté colorée et fragile qui un instant a pu égayer notre vie. 

littérature

 

 

 

 

16:02 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : littérature

24/10/2019

Automne

Le temps passe inexorablement

Et les vieilles tombes elles-mêmes ont perdu leur éclat.

Dans la brume de l’automne, les feuilles s’envolent vers d’autres rêves.

De mes mains s’échappent des nuages aux formes étranges,

Tandis que sur les falaises de l’infini des océans tempétueux viennent se fracasser inlassablement.

 

Il est dans les villages des églises aux formes floues et aux clochers incertains,

Des rivières qu’enjambent des ponts en pierres de schiste,

Et des passants courbés sous le poids de leurs déceptions.

 

Il est des forêts infinies, où des animaux sauvages survivent depuis l’origine du monde.

Au milieu d’une clairière, se dresse un monastère dont la porte est close.

Dans le silence, s’élève un chant beau et pur, qui dit la beauté de l’univers,

Mais derrière ces voix viriles on devine le désir de la femme éternelle,

Cette Marie des Evangiles, qui se donna par amour.

 

Sa silhouette reste gravée sur les vitraux,

Forme fragile et gracieuse qui rayonne de mille couleurs

Dans l’aube matutinale de l’hiver précoce.

Quand la gelée blanchit les herbes tendres de ma jeunesse. 

 

littérature

22:54 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature

19/09/2019

La page est tournée

J’avais écrit sur le sable de la plage

Des mots éphémères

Qui se sont évanouis lors de la dernière marée,

Lors de la première grande bourrasque d’automne,

Quand l’équinoxe fut de retour

Et que le monde a basculé vers l’hiver et l’horreur.

 

J’avais écrit des poèmes aujourd’hui disparus.

J’en ai oublié les vers

Et leur musique morne et obsédante.

Il ne reste dans mon souvenir que le bruit des vagues

Déferlant en cascade sur l’infini du sable.

 

J’avais écrit des choses terribles

Sur la vie et la mort

Sur la solitude aussi

Ainsi que sur le temps qui passe et qui nous emporte.

 

De ces écrits sur le sable

Il ne reste rien, rien du tout.

Rien que le sentiment d’avoir perdu mon temps,

Ce peu de  temps qu’il me restait à vivre.

 


13/08/2019

Le songe d'une nuit d'été

Dans des draps blancs aux ondulations vagues,

Elle dormait,

En partance vers des mondes oniriques et fabuleux.

Sous les plafonds constellés d’étoiles, le grand voyage nocturne commença,

Tandis que par les fenêtres, un troublant rayon de lune dévoilait toute sa nudité.

Partie pour des contrées ultramarines, elle rêvait à de merveilleux départs,

A des pays lointains, à des îles enchantées, ou à des mers où paraît-il prospérait le corail pourpre.

Les murs de la chambre étaient couverts de tapisseries anciennes

Et s’ouvraient sur des paysages magiques.

Sur des plages infinies, des sirènes à la peau brune et aux longs cheveux noirs

Montaient des chevaux aux yeux bleus et au regard tendre.

Dans le grand silence nocturne, leur chant ravissait la dormeuse.

Captivée par cette mélodie étrange, elle rêvait aux marins d’outre-mer,

A leur barbe drue et puissante, à leur peau salée, et à leurs baisers de feu.

Désir étrange que celui-là, dans un lit voguant au milieu de la nuit noire.

Les draps ondulent comme des vagues, le bateau tangue et le vertige monte.

Avant de sombrer définitivement dans les profondeurs de l’océan et de couler à pic,

Elle effleure son éternelle blessure et doucement gémit.

Puis elle reste là, étendue sur le sable blond, dans la clarté étrange d’une lune de juillet.

Elle dort, éternellement nue, enveloppée de ses draps blancs.

 

litterature

13:23 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : litterature

03/08/2019

Océane

Il y avait des plages infinies et une mer vaste et bleue.

Il y avait des horizons lointains et des navires en partance pour de mystérieuses destinées.

Il y avait des falaises abruptes et des phares qui éclairaient toute la nuit.

Il y avait l’odeur des marées et des coquillages par milliers sur le sable des marées basses.

Il y avait les châteaux de sable de l’enfance et toutes nos illusions perdues.

Il y avait des jeunes filles aux cheveux noirs dont les yeux reflétaient tous les mystères de l’Asie.

Il y avait, dans le port, un bateau échoué, et sur le quai des cordages détrempés.

Il y avait un café où s’assemblaient tous les marins du monde.

Il y avait la lande infinie et les bruyères mauves de la mort.

Il y avait des goélands intrépides qui plongeaient dans les flots noirs.

Il y avait le soleil qui se levait sur le premier matin du monde

Et l’écume blanche qui n’en finissait plus de déchirer les rochers de granite rose.

 

Ô enfance disparue avec la dernière marée.

 

litterature

23:53 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : litterature

13/04/2019

Ondine

Lui qui marchait au hasard, sur la piste de ses rêves,

Lui qui marchait sans fin depuis tant de jours,

Voilà qu’au bout du chemin, il se trouva soudain devant une rivière.

Des saules en pleurs se penchaient vers l’onde verte, tremblants et émus,

Tandis que le vent caressait doucement leur chevelure murmurante.

L’eau était pure et calme comme au commencement du monde

Et le soleil jouait avec les reflets.

C’est alors qu’entre les joncs il la vit,

Elle, la déesse depuis toujours imaginée,

Elle, la femme dont parlaient tous les mythes,

Celle qu’il avait cherchée depuis toujours sans le savoir.

Elle était là, belle et nue, dans l’eau transparente de cette rivière d’été.

Instant magique, onirique, orphique.

Il regarda ce qu’il n’aurait pas dû voir,

Il contempla la sirène mystérieuse,

La dame chantée par les troubadours sur leurs lyres mystiques,

La muse que Pétrarque pleurait en sa Fontaine de Vaucluse,

Ou cette Eloïse qui fit perdre à Abélard la raison,

Il y a très longtemps, dans un Moyen-Age incertain.

 

 

Il la regardait nager voluptueusement dans l’eau froide et pure,

Ondine aux formes fascinantes, aux courbes envoûtantes.

Seul parmi les mortels il put, un instant, comprendre le mystère sacré,

Celui de la beauté pure, attirante et parfaite.

Les feuilles des saules s’agitaient, tandis que flottait au gré du courant

La longue chevelure noire et soyeuse,

Telle l’ombre de la déesse qui s’en allait, belle et nue,

Emportée par le courant perfide et cruel.

Un instant il rêva d’embrasser ses lèvres soyeuses et entrouvertes

Et ce triangle de tout désir, provoquant et sacré.

Mais déjà la fille s’éloignait et disparaissait derrière les joncs de la rive amère.  

Déjà, il ne restait dans la mémoire du promeneur solitaire

Que le souvenir d’un songe aussi improbable qu’incertain.

 

Littérature, poésie

00:26 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : littérature, poésie

29/03/2019

Amazonie

Ivre, le bateau qui remontait le fleuve,

Eclaboussé d’écume.

Ivres, les marins, qui chantaient et dansaient,

Sur le pont de tous les espoirs.

Ivre aussi, le capitaine,

La main sur une cuisse nue

Et qui cherchait l’éternel port.

 

Il remonte le fleuve, le grand navire,

Sous un soleil radieux

Et fend de son éperon les eaux boueuses des dernières pluies.

Dans les cales, tous les tonneaux sont en perce

Et le vin noir coule dans les jarres.

 

Il vogue vers la source, le beau bateau,

Tandis que dans la forêt, des yeux noirs le regardent passer.

Les voiles claquent, effrayant les grands oiseaux tapis dans les roseaux.

Dans sa cabine, le capitaine a déposé son couteau cranté.

Il caresse l’esclave à la peau brune,

Enlevée hier dans un village de la côte.

Il lui murmure des mots étranges et improbables

Et cherche dans les broussailles

Sa blessure primitive.

 

En a-t-il connu des deltas

Et même des triangles des Bermudes,

Mais maintenant, il s’agit de remonter le temps

Jusqu’aux origines du monde.

 

Les cheveux noirs et fous,

Le regard sombre,

La peau incroyablement nue et brillante,

Cette sirène possède toute la beauté du diable…

 

Il caresse une courbe, se désaltère à la source,

Mais ne voit pas la main brune qui tâtonne et s’empare du couteau.

Arrêté dans sa course, le navire s’est immobilisé dans la mangrove.

Sortant de l’ombre, dix indiens nus avancent sur leur pirogue.

Ils portent sur le front l’insigne vengeur du dieu du fleuve.

Littérature

 

 

 

17:42 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : littérature

31/12/2018

Dernier soir

L’année s’achèvera donc sans poème, sans histoire contée ou à raconter.

Dans le grand hiver qui s’avance, règne le silence, celui des forêts de l’enfance.

Sur les branches des sapins, la neige s’accumule.

Elle s’accumule aussi au sol, où les chemins ont disparu.  Il n’y a plus rien, rien que tout ce blanc et le noir des sapins.

Seules apparaissent les traces d’un animal sauvage, qui est passé par là, ce matin, ou hier, ou autrefois, dans un autre temps, dont on ignore tout. Était-ce cette année ou l’année dernière ? Tout se ressemble, je ne sais plus.

La neige continue à tomber, recouvrant inexorablement mes souvenirs.

J’ai tout oublié, même le chemin qu’il me faudrait emprunter.

Il n’y a que du blanc et ce froid qui petit à petit commence à me glacer le cœur.

Le vent se lève, le soir tombe, et tous les horizons s’estompent dans la brume.

Bientôt viendra la nuit et même la forêt aura disparu.

 

 

Littérature 

16:14 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature

03/10/2018

Autrefois, une île

C‘était un pays fabuleux qui peut-être n’avait jamais existé. C’était celui de toutes les enfances et la mer qui le bordait en effritait inexorablement les falaises  lors des tempêtes d’hiver. Fragile, cette île se dressait face aux houles océanes, mais elle résistait depuis toujours et conservait une place de choix dans la mémoire des hommes.

Ses forêts étaient impénétrables et parfois on y entendait les brames de grands cerfs que personne n’avait jamais vus.  

Ses fleuves, nés dans les hauts sommets enneigés, traversaient de larges plaines fertiles avant de se perdre dans des deltas incroyables. Là poussaient des palmiers sauvages, tandis que des animaux étranges, mi-dieux, mi-démons, jouaient à des jeux dont ils étaient les seuls à comprendre les règles.

Il y avait des maisons et des palais, des ruines de temples antiques et des églises à l’abandon. Il y avait des ponts qui enjambaient des rivières à sec et des déserts de sable blanc jusqu’à l’infini.

Il y avait aussi des écoles avec des marronniers dans les cours et des filles jolies aux longs cheveux soyeux qui jouaient à la marelle. Elles bondissaient de case en case avec élégance, et restaient  un instant suspendues dans le vent d’automne aux senteurs de feuilles mortes.

Dans les encriers noirs, l’encre fraîche sentait bon la rentrée et sur les pages blanches couraient les premières plumes. Le maître épelait de mystérieux alphabets que répétaient les voix enfantines, chant primordial qui valait bien celui qui résonnait dans les églises, sous les voûtes ogivales et parmi les senteurs d’encens.

Parfois, c’était le bruit des armées que l’on entendait, des armées qui autrefois avaient défendu ces terres contre des barbares venus du fond de l’Histoire. Les scènes de massacre et de villages en feu étaient encore dans toutes les mémoires et le soir, au coin du feu, on se racontait les atrocités que les femmes avaient dû endurer. Ces soirs-là, la parole était de sang et les hommes tendaient un poing vengeur vers cet horizon marin d’où étaient venus ces étrangers depuis leurs brumes du Nord.

Puis s’avançait la nuit avec ses oiseaux aux longs sanglots. Parmi les ténèbres, on croyait alors entendre battre le cœur de la terre, qui parfois tremblait à des profondeurs incroyables.

Enfin, c’était le matin, et il suffisait de rester là, au bord du monde, à regarder la vie. Dans la plaine, des chevaux sauvages couraient, ivres de liberté, tandis que des papillons se rassemblaient par milliers, attirés par le parfum suave des premières fleurs du printemps.

Sur les plages infinies, face à la mer qui s’était retirée jusqu’à l’horizon, les jeunes filles se dénudaient et apprenaient l’amour.

L’enfance était terminée et il n’en restait que quelques échos dans la mémoire. Souvenir du crissement de la plume sur la plage blanche, odeur des feuilles mortes dans la cour de récréation, jeu de la marelle, innocence des chansons, et puis quelques contes cruels dans lesquels apparaissait immanquablement le  loup des légendes.

La mer est revenue aux grandes marées d’équinoxe et a emporté tous mes souvenirs. Il ne reste, enfouie au plus profond de moi, que l’odeur de ta peau et le son de ta voix, tandis que sur le sable la trace de nos pas s’est irrémédiablement effacée.

 

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00:05 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (6)

14/09/2018

Silence nocturne

Nous avons été jeunes sous tes frondaisons, ô forêt.

Je me souviens de tes clairières mystérieuses et des lacs bleus sous la lune.

Les branches entremêlées de tes arbres étaient plus noires que la nuit et de curieux oiseaux traversaient le néant en appelant la mort.

Parfois, la brise s’élevait dans le grand bois sonore et c’était là une musique étrange, comme venue d’un autre monde.

Dans l’obscurité, nous parlions à demi-mots de choses impossibles, t’en souviens-tu mon amour ?

Nous avions cet âge où l’on croyait encore qu’une caresse sur une peau nue pouvait ouvrir les portes de l’impossible. Ta voix était douce et inquiétante comme celle de la forêt, pleine des mystères de ta féminité.

Ta voix était la nuit et depuis toutes ces années j’en cherche encore le chemin.

Par les sentiers sinueux, j’erre en vain, troublé à l’idée qu’un soir, peut-être, je te retrouverai là, assise en silence au bord du lac bleu. Sur tes épaules nues la lune tracera la marque de l’au-delà et moi je me cacherai dans l’ombre pour mieux contempler celle que j’ai tant aimée et que je n’ai jamais revue.

 

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04/08/2018

Souvenirs

De l’enfance lointaine, au fond des forêts, subsistent des souvenirs de feuilles mortes, d’écorce chaude et d’odeurs sauvages et pénétrantes.

Le village, blotti au creux de la rivière, en épousait toutes les courbes. Les saules pleuraient éternellement et du haut des falaises, des oiseaux fantastiques planaient dans le ciel d’un éternel été.

Sur les routes écolières, par les ponts de bois ou de pierre, nous marchions vers notre devenir.

Sur l’estrade haute, le maître épelait des savoirs antiques et nous l’écoutions, rêveurs, en songeant à toutes ces vies éteintes qui avaient cessé d’être.

Les dimanches étaient désespérants et notre ennui se blottissait au cœur des églises, parmi les chants et les encens mystiques.

Les repas, interminables, prenaient fin avec la nuit, quand les hiboux énigmatiques lançaient des cris incompréhensibles.

Puis l’obscurité nous enveloppait, nous plongeant dans des terreurs primitives. Au milieu de nos rêves, surgissaient des ancêtres inconnus, qui dessinaient d’une main hésitante des animaux étranges sur les parois des grottes.

Ces grottes, nous partions à leur recherche dans l’aube blafarde, quand la terre s’éveillait lentement et que dans les grands chênes le premier oiseau du monde nous saluait.

Il nous fallut toute une vie pour comprendre qu’il n’y avait d’autre trésor que notre enfance, maintenant à jamais perdue.  

 

Littérature

20:53 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : littérature

01/07/2018

Lune

La forêt a disparu dans la nuit et les ténèbres ont envahi l’espace. C’est alors que la lune mystérieuse s’est levée, d’abord lentement, puis avec plus de franchise. Elle vient d’ailleurs, d’au-delà de nos rêves, et nous réconforte dans notre solitude.

Le paysage nocturne s’est figé dans le grand silence de la mort. Tout ici dort. La vie est abolie, oubliée, inversée.

Dans le ciel noir brillent des feux éteints depuis dix mille ans et leur lumière menteuse n’est qu’une illusion.  

En contrebas, s’écoule le grand fleuve, éternel et obstiné. Inéluctable, il dit le temps qui passe et les espoirs des embouchures magiques. Dans le delta sacré, il disparaîtra au milieu d’un océan magnifique. Majestueux, il se dirige vers les lendemains, porteur de nos rêves nocturnes et de nos désespoirs d’enfants. 

Solitude. Recevras-tu un jour cette lettre que je te destinais et que je ne t’ai d’ailleurs pas écrite ? A quoi bon ? Quels mots aurais-je pu aligner pour dire les amours passées et évanouies ? Ce qui fut n’est plus et le fleuve d’hier n’est pas celui d’aujourd’hui. Seul son flot obstiné demeure, éternellement, comme le souvenir que j’ai de toi, ancré à jamais en moi. Sur ma table, brille une étoile arrachée au ciel. J’écris un poème qui parle de toi, mais qui ne t’est plus dédié. Comme les étoiles, tu as disparu du ciel nocturne. Quant à la lune, elle a dépassé l’horizon de tous les possibles. La forêt s’est évanouie dans le silence. Il n’y a plus rien qu’un léger souffle de vent, semblable à un soupir de femme. Là-bas, le fleuve s’écoule lentement vers son embouchure, vers ce delta de tous nos désirs.

La nuit sur le fleuve

Lune

01:25 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : lune

15/06/2018

Des îles

Il est des îles, là-bas, où des femmes mauresques racontent aux enfants des histoires de marins et de voiliers fantastiques.

Il est une ville, là-bas, où le vent apporte des senteurs marines chaque fois que le soir tombe.

Un grand fleuve fait de souvenirs coule lentement jusqu’à sa bouche océane.

Du haut des falaises du temps, on peut contempler les récifs où se sont brisés tous les rêves.

Dans les cafés enfumés aux vitraux mystiques, des hommes boivent de la bière amère et du vin doux. Ils devisent entre eux sur les femmes inconnues qu’ils ont croisées dans la nuit des cathédrales. Ils se souviennent de leurs regards de feu et du désir qui les a alors consumés. Ils se souviennent de leurs cheveux fauves, de leurs lèvres troublantes, et de leur sourire énigmatique. Ils se racontent les corsages entrouverts et les jupes flottant le long des cuisses nues, comme de grandes voiles invitant aux voyages. Ils parlent et ils boivent, puis s’en vont dans la nuit oublier les fantômes de ces sirènes qui hantent leur mémoire.

Il est des îles, là-bas, où les enfants dorment et où les femmes mauresques rêvent d’un ailleurs étrange. Elles laissent tomber leur robe et contemplent en silence le grand fleuve qui coule dans la nuit jusqu’à l’océan infini.

Il est des îles.

Là-bas.

 

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27/02/2018

Le canal

Les mouettes blanches se reflètent dans le miroir du canal noir.

Elles proviennent de la mer lointaine

Et tournent dans le ciel gris des hivers du Nord

Fantômes évanescents

Qui disent nos peurs devant la mort qui s’avance

 

Derrière les peupliers de la rive

Dans la brume matinale

Se dresse un clocher solitaire

Dont l’horloge égrène le temps

 

Au pied  de la petite église je sais qu’il est un cimetière

Aux tombes oubliées

Où reposent ceux qui n’étaient que de passage

 

Eux aussi autrefois ont contemplé les mouettes aux grandes ailes

Et tout en marchant le long du canal

Ils ont compté les coups du clocher

Avant que de devenir fantômes

Dans la brume de notre mémoire

 

William Degouve de Nuncques Brume sur le canal (1908)

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17/02/2018

Aube marine

Là-bas il y aura la mer derrière la dernière dune

La mer la plage et le sable

Et puis l’infini du monde

Dans le vent planeront des oiseaux aux cris de tempête

A l’horizon disparaîtra un dernier navire en partance pour les îles

La nuit le vent soufflera sur la lande et quand l’aube se lèvera sur les champs de la mémoire

Nous raconterons nos batailles, nos peines et nos peurs

Nous raconterons nos espoirs nos amours et nos morts

Et puis tout ce qu’il a fallu oublier pour continuer à vivre

 

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11/02/2018

Paysage

J’ai vogué sur l’océan et me suis laissé emporter par les vagues de ton corps

J’ai aimé ce rivage humide et ta peau brûlée de soleil que caressaient mes doigts

Je t’ai aimée, toi, ta source, et les collines qui surplombaient la mer

Un petit chemin en descend qui serpente  vers le rivage et la grotte des sirènes

C’est là que jaillit la fontaine au pied des falaises entre des pierres moussues

C’est là que je reviens sans cesse en répétant ton nom

 

Plus loin gronde l’océan  et ses tempêtes meurtrières

 

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