01/07/2018
Lune
La forêt a disparu dans la nuit et les ténèbres ont envahi l’espace. C’est alors que la lune mystérieuse s’est levée, d’abord lentement, puis avec plus de franchise. Elle vient d’ailleurs, d’au-delà de nos rêves, et nous réconforte dans notre solitude.
Le paysage nocturne s’est figé dans le grand silence de la mort. Tout ici dort. La vie est abolie, oubliée, inversée.
Dans le ciel noir brillent des feux éteints depuis dix mille ans et leur lumière menteuse n’est qu’une illusion.
En contrebas, s’écoule le grand fleuve, éternel et obstiné. Inéluctable, il dit le temps qui passe et les espoirs des embouchures magiques. Dans le delta sacré, il disparaîtra au milieu d’un océan magnifique. Majestueux, il se dirige vers les lendemains, porteur de nos rêves nocturnes et de nos désespoirs d’enfants.
Solitude. Recevras-tu un jour cette lettre que je te destinais et que je ne t’ai d’ailleurs pas écrite ? A quoi bon ? Quels mots aurais-je pu aligner pour dire les amours passées et évanouies ? Ce qui fut n’est plus et le fleuve d’hier n’est pas celui d’aujourd’hui. Seul son flot obstiné demeure, éternellement, comme le souvenir que j’ai de toi, ancré à jamais en moi. Sur ma table, brille une étoile arrachée au ciel. J’écris un poème qui parle de toi, mais qui ne t’est plus dédié. Comme les étoiles, tu as disparu du ciel nocturne. Quant à la lune, elle a dépassé l’horizon de tous les possibles. La forêt s’est évanouie dans le silence. Il n’y a plus rien qu’un léger souffle de vent, semblable à un soupir de femme. Là-bas, le fleuve s’écoule lentement vers son embouchure, vers ce delta de tous nos désirs.
01:25 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : lune
Commentaires
Et ce texte est d'une beauté cosmique.
Merci pour ce bonheur matinal des papilles du cerveau.
¸¸.•*¨*• ☆
Écrit par : celestine | 01/07/2018
Écrit par : Feuilly | 02/07/2018
Je ne sais pas qui vous a donné cette définition, mais elle ne veut pas dire grand chose.
Etre statique dans un univers où rien ne l'est, pas même les étoiles qui nous semblent portant immobiles ?
Continuez à explorer j'adore ça.
¸¸.•*¨*• ☆
Écrit par : celestine | 04/07/2018
Car elle ne veut strictement rien dire du tout.
Elle semble être un artifice de quelqu'un qui s'écoute parler, se regarde écrire ou ne sait pas lire :)
Écrit par : Bertrand | 04/07/2018
Écrit par : Feuilly | 04/07/2018
A propos de la poésie, Boileau disait :
J’aime mieux un ruisseau qui, sur la molle arène,
Dans un pré plein de fleurs lentement se promène,
Qu’un torrent débordé qui, d’un cours orageux,
Roule, plein de gravier, sur un terrain fangeux.
Écrit par : Halagu | 11/07/2018
Ce tout petit extrait pris sur le site du poète contemporain Jean-Michel Maulpoix me va bien comme réflexion sur la poésie... C'est affaire de langue, de travail, de profonde sincérité...
Écrit par : Michèle | 25/07/2018
Écrit par : Feuilly | 26/07/2018
Écrit par : Michèle | 26/07/2018
Écrit par : Feuilly | 27/07/2018
sortir de la misère en écrivant de la
poésie quelle qu' en soit la forme. Les
essayistes gagnent mieux leur vie, je ferais
bien de me reconvertir. Depuis
longtemps je rêve d'écrire un Manuel de
survie en milieu conjugal. En tant que
rescapé j'ai de la matière pour un fort
volume. Je l'ecrirais de manière très
dissuasive et idéalement les buralistes et
les maisons de la Presse le placeraient en
évidence sur leur comptoir, de sorte que
j'en vendrais des milliers d'exemplaires.
Les marchands de dragées me hairaient.
49 poèmes carrés dont un triangulaire
Emmanuel Venet, La Fosse aux ours
Écrit par : Michèle | 04/08/2018
Écrit par : Feuilly | 04/08/2018
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