23/10/2017
L'esprit de la forêt
Prends le chemin et marche jusqu’au bois. Passe le petit pont de pierre et pénètre dans la forêt profonde. Tu n’as qu’à suivre le sentier, c’est facile et même si personne ne l’emprunte jamais, il est bien tracé. Laisse à ta droite la grande sapinière. Tu entendras peut-être ce qui pourrait ressembler à un soupir. Ne t’arrête pas et surtout ne regarde pas ! Il ne s’agit pas du bruit du vent dans les branches, comme tu pourrais le croire, mais des esprits des bêtes sauvages. Il ne faut pas les déranger, ils ne te connaissent pas. Ils pourraient s’effrayer ou se courroucer.
Continue ta promenade. Si tu vois des champignons le long du chemin, salue-les, car ils sont en communication permanente avec les royaumes souterrains, là où règnent les âmes qui se sont tues, celles que tu as aimées.
A ta gauche, si tu marches d’un bon pas, tu verras bientôt de grands chênes qui montent vers le ciel. Ils sont immenses et ont plus de trois cents ans. La, tu t’arrêteras et t’assoiras sur la mousse. Ne dis rien, écoute. Cela peut prendre un certain temps, ne te décourage pas. Ferme les yeux, concentre-toi. Oublie tous tes soucis du jour, tous tes cauchemars de la nuit, et toutes les blessures que les hommes t’ont infligées. Ne pense plus à rien, chasse toutes les idées qui envahissent ton esprit, surtout les mauvaises. S’il ne se passe toujours rien, souviens-toi d’un lieu agréable, où tu as éprouvé de la joie. Penses-y très fort et essaie de te remettre dans le contexte de l’époque. Descends en toi, au plus profond. Bientôt, une sorte de joie va t’envahir. Tu seras redevenu celui que tu étais ce jour-là, dans ce lieu-là. Que tu le veuilles ou non, tu vas te mettre à sourire. Tes muscles vont se détendre et ton esprit va s’apaiser. C’est alors que tu vas les entendre. Cela ressemblera à des notes de musique, d’abord dispersées, puis qui finiront par se transformer en une sorte de mélodie. Ouvre alors les yeux et contemple les grands chênes. Tu les verras beaucoup plus beaux et beaucoup plus grands que précédemment. Et tu entendras leur musique. Ce sera comme un murmure doux et continu, qui viendra des arbres eux-mêmes. Alors tu sauras que tu es entré en communication avec les esprits de la forêt. Plus jamais tu n’oublieras cet instant.
Plus tard, bien plus tard, quand ton cœur sera rempli de cette mélodie, tu pourras repartir, enfin apaisé. Mais avant de t’en aller, remercie la grande forêt, comme c’est la coutume. Agenouille-toi, écarte les bras et dis tout simplement merci. Merci à la vie et à l’univers, dont tu fais partie.
Photo personnelle
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25/05/2017
Le silence
Ecoute le silence.
Ecoute-le bien et tu entendras la face cachée du monde.
Ecoute.
Est-ce le vent qui mugit là-bas dans la forêt ? Et ce bruissement ? Est-ce le doux frottement des épis de blé dans la brise matinale ?
Ecoute encore.
Quelque part, un chien aboie, loin, très loin, dans un village que tu ne connais pas.
Puis un oiseau lance un cri. Le danger est imminent.
En effet, dans les herbes rousses, voilà que surgit le renard.
D’un pas silencieux il débouche sur le chemin et t’aperçoit.
Immobiles, vous vous regardez.
Puis il s’en va en trottinant, indifférent à ta présence, superbe de mépris.
Tu restes seul dans le silence et déjà tu ne sais plus si tu as rêvé ou non.
Emu, tu entends les grands battements sourds de ton cœur.
La vie est si simple, parfois.
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16/03/2017
La lectrice et son livre
Elle se livre parfois
Quand commence un nouveau chapitre
Et que l’écriture lui plaît
Elle se livre à livre ouvert
Tandis que lui, il tourne les pages
De son passé, de son présent
Elle lui raconte son enfance
Toutes ses turbulences
Et parfois lui lit un conte d’autrefois
Il l’écoute en feuilletant
Ce livre ouvert
A la page de l’amour
Il l’effeuille page à page
Caresse son visage
Contemple sa nudité
Son doigt glisse sur les pages
Le dos, la tranche
Et s’attarde en un point précis
Elle gémit lentement
Quand il pénètre au cœur de l’histoire
Et qu’il lui murmure son amour
Elle gémit dans le grand lit
Tandis qu’il tourne les pages
Et lui lit la suite de l’histoire
Puis arrive le mot « fin »
Le livre est refermé
La page est tournée
Il s’en est allé
Dans la bibliothèque
Le livre est rangé
Le conte est terminé
Elle rêve à cette histoire
A cet amour perdu
A ce livre merveilleux
Elle rêve à la manière dont il racontait l’histoire
Elle revoit sa main
Qui parcourait les pages
Sa main qui caressait son dos
Sa tranche, son ventre
Mais qui a fini par tourner la page
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27/02/2017
Prise de conscience
Quand j’étais un cheval, je parcourais des plaines immenses, du matin au soir et du soir au matin. Je broutais l’herbe verte des hauts plateaux puis descendais me désaltérer dans les eaux limpides des rivières.
Quand j’étais un aigle, je planais des heures durant dans les hautes sphères, regardant en face le soleil et observant, en contrebas, la pauvre vie des êtres éphémères.
Quand j’étais un poisson, j’étais un grand requin bleu et je nageais en eaux troubles à l‘affût de la moindre proie. J’étais redouté partout et la faune marine craignait mes ondoiements languissants et sournois.
Quand j’étais une tortue, je prenais mon temps et méditais sur mon grand âge, bien à l’abri sous ma carapace.
Quand j’étais un écureuil, je gambadais dans la forêt et tel un éclair roux et imprévisible j’atteignais la cime des arbres avant d’en redescendre la tête en bas.
Quand j’étais un loup, je chassais en meute les élans magnifiques et les rennes rachitiques. Dans la neige je laissais l’empreinte de mes pas, terrifiant les enfants en chaperon rouge.
Quand j’étais un cerf, je portais sur ma tête l’emblème de la forêt et conscient de ma noblesse, je parcourais en bonds majestueux les clairières et les halliers.
Quand j’étais un sanglier, je parcourais l’Ardenne en fouinant de mon groin les faînes et les glands. Quand on lâchait sur moi des meutes de chiens, ceux-ci ne me rattrapaient jamais.
Aujourd’hui je suis un homme. Je ne peux ni voler dans les airs ni courir par les plaines. Je n’ai ni la force du loup ni l’agilité de l’écureuil. C’est à peine je parviens à suivre mon chien dans la forêt, quand celui-ci a senti la trace d’un sanglier.
Alors je reste là, méditant sur mon sort, et j’appelle réflexion ce qui n’est que rumination et attente de la mort.
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20/02/2017
Renouveau
Seule et obstinée elle a trouvé son chemin…
Tandis que nous rêvions au coin du feu
Aux temps anciens
De notre jeunesse évanouie,
Elle, elle a percé la couche glacée
Et s’est épanouie, radieuse, dans la blancheur du paysage.
Le matin, à l’aube, on ne voyait qu’elle,
Verte tige obstinée et confiante,
Qui ne savait pas que l’hiver encore
Avait de beaux jours devant lui.
Insouciante et belle
Comme une fille au printemps,
Elle continua de croître malgré le vent du nord.
Bientôt, deux bourgeons troublants
Vinrent couronner sa silhouette svelte et fine.
Encore un jour et elle atteignit sa pleine maturité,
Incroyablement belle,
Attirante et attendrissante comme une femme.
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29/01/2017
Page blanche
Quand la page est blanche
Et que la neige tombe,
Ecrire encore serait comme une rature
Sur la beauté du monde.
Dans le jardin, un chat a laissé l’empreinte de ses pas
Jusqu’au bout de la nuit.
La neige tombe toujours
Et bientôt l’univers aura disparu.
On devine dans la brume
Une lune blanche et blafarde.
Silence nocturne.
J’écoute le chant de mes rêves.
Dans la nuit gelée
Il n’y a plus rien.
Rien que ma page blanche
Et moi qui la contemple.
Pourquoi écrire d’autres histoires
Quand tout est là, dans cette blancheur éternelle ?
Que dire encore qui n’ait déjà été dit
Par tous ceux-là qui se sont perdus sur les chemins du temps ?
L’aube déjà se lève.
Un oiseau ose un cri,
Puis retourne à l’oubli qui n’a pas de nom,
Celui du grand hiver qui a tout englouti.
Dans le salon, la lampe est restée allumée
Au-dessus du petit cahier bleu.
Sur la page vierge, un seul mot est tracé.
C’est celui d’un prénom de femme.
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23/12/2016
Plaisir de la lecture
J’ai tourné les pages de ce livre une à une, lentement,
Comme autrefois j’enlevais tes vêtements,
Sans hâte et méticuleusement.
Subtil effeuillement, plaisir suprême.
J’ai commencé à lire, une ligne, puis l’autre
Et les mots soudainement ont pris un sens
Comme mon doigt qui descendait le long de tes courbes,
Histoire sans fin d’un corps qui disait son bonheur.
Il est des chapitres sombres et des chapitres clairs,
Comme il est des jeux d’ombre et de lumière sur ta peau
Des monts éclairés, des gorges profondes,
Des clair-obscur à découvrir tendrement.
Il est des senteurs étranges de vieux parchemin,
Et celles du cuir doré des vieux livres.
Il est des senteurs sauvages dont je m’imprègne
En parcourant ta peau qui se lit comme un livre.
La fin de l’ouvrage est toujours un peu triste,
On voudrait rester encore avec les personnages,
Mais te quitter est plus triste encore
Et je voudrais demeurer infiniment en toi.
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10/12/2016
La maison des souvenirs
Il suffit de caresser la mousse qui recouvre le vieux tronc pour entendre le murmure de la forêt. C’est une musique douce à mes oreilles, celle qui déjà emplissait le monde de mon enfance.
Cet arbre-ci, je l’ai toujours connu, lui dont les branches s’agitaient près de la fenêtre de ma chambre. Parfois, les nuits de grand vent, elles venaient se frotter contre les vitres en caresses étranges et troublantes. Alors je fermais les yeux et m’endormais rassuré, bercé par ce doux va-et-vient monotone et entêtant.
Aujourd’hui, la maison est en ruine, plus personne ne l’habite. Inutile d’entrer, je connais chaque recoin par cœur. Des marches glissantes de schiste bleu descendent vers la cave au sol de terre battue. Il règne là une odeur de mort que seuls supportent les rats, terribles mangeurs de récoltes. Dans la cuisine, la grande cheminée attend les brassées de bois pour des feux imaginaires que plus personne n’allumera. Autour de la table maintenant vermoulue, l’ombre de mes frères et sœurs doit continuer à hanter ces lieux, fantômes éternels qui errent au fond de ma mémoire. Le vieil escalier de bois grince-t-il encore quand on monte vers les chambres d’un pas hésitant, sachant qu’on va bientôt basculer dans le monde irrémédiable des rêves ? Le grenier est sans doute resté désert. Seul un grand drap blanc qu’on avait mis là à sécher se balance-t-il encore doucement, car la vitre de la tabatière est brisée. C’est par là que pénétraient les oiseaux de la nuit, dont on entendait les pas incertains sur le vieux plancher.
Cette maison est remplie de légendes, de souvenirs et d’histoires incroyables.
A l’extérieur, le long du mur, une plante étrange s’est mise à pousser. Ces fleurs sont rouges comme le sang. Ce sang qui coula ici, à la fin de la guerre, quand les ennemis qui se repliaient voulurent laisser une trace de leur passage.
Je descends vers la rivière, laissant à ma droite le cimetière aux souvenirs. Je ferme les yeux. Du fond de mes rêves perdus, j’entends le murmure de ceux qui se sont tus. Ce ne sont que les arbres de la forêt qui bruissent sous le vent du passé.
02:19 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : littérature
22/11/2016
Cap breton
C’est un grand cap qui s’avance dans la mer, une étendue verdoyante où fleurissent les bruyères. Quand on emprunte le petit chemin qui mène à son extrémité, on finit par se retrouver seul devant l’immensité bleue de l’océan qui gronde en-dessous. Il faut alors prendre le sentier tortueux qui descend par palier à flanc de falaise, en veillant à ne pas regarder en bas, sous peine de se sentir irrésistiblement attiré par le vide qui vous entoure de toute part. Il faut continuer à marcher et ne pas se laisser distraire par le bruit sauvage et continu qui provient des profondeurs. Vous savez que là les vagues se fracassent contre les rochers noirs et qu’inlassablement les galets sont roulés dans un grondement de fin du monde.
Une fois arrivé tout en bas vous pourrez vous asseoir sur le sable fin d’une crique minuscule et contempler le spectacle grandiose et sauvage de la nature primitive. Eclaboussé d’écume, recouvert d’embruns, vous vous souviendrez être venu ici avec elle, autrefois, à une époque lointaine. De tout cela, il ne reste que la saveur de deux lèvres salées et la chaleur d’un corps qui se blottissait contre le vôtre. Et puis aussi des cheveux flottant au vent et cachant un visage souriant.
A vos pieds la mer continue de s’agiter, enragée comme jamais, en harmonie avec le trouble qui s’empare de votre cœur.
Après une heure passée à contempler les flots écumeux, vous finirez par remonter le sentier à flanc de falaise, puisqu’il le faut bien. Au sommet, vous contemplerez encore une fois l’immense océan et ses flots bleus et en vous éloignant vous vous demanderez pourquoi l’herbe de la lande est devenue si terne et pourquoi les fleurs des bruyères semblent si clairsemées.
C’est un grand cap qui s’avance dans la mer. En bas, il y a des vagues qui se fracassent contre des rochers noirs.
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09/09/2016
Nocturne
Je voudrais dire le bruit de la pluie dans les petits matins,
Quand le café noir fume encore dans les tasses
Et que son goût âcre m’emporte bien loin.
Je voudrais dire les figures tristes croisées dans le métro
Quand les rêves se sont trompés d’aiguillages
Et que j’ai oublié le goût de tes baisers.
Je voudrais dire les grands bateaux blancs qui se perdent en mer
Quand le soleil se couche
Et engloutit tous nos espoirs.
Je voudrais dire.
Mais enfermé dans le silence immobile,
Je contemple les dernières étoiles mortes
Qui brillent au milieu de nulle part.
Là-bas, dans la brume nocturne,
On entend la rivière,
La belle rivière de nos enfances
Qui n’en finit plus de ronger les paysages.
Insomniaque à ma fenêtre
Je rêve du temps passé.
La nuit d’août s’achève.
Bientôt, les cerfs brameront dans les clairières de feu
Et l’automne venteux s’infiltrera sous les portes de ma mémoire.
Je voudrais dire, encore une fois,
L’immensité de la forêt,
Sa rumeur, ses soupirs et son éternel mystère.
Je voudrais dire les chemins parcourus par les aventuriers
Depuis les ruines de Carthage
Jusqu’aux steppes infinies de l’Asie centrale.
Je voudrais dire tant de choses…
Mais qui entendra ma voix ?
J’aurai beau crier du haut de la falaise,
Le bruit des vagues, toujours, l’emportera,
Monotone et éternelle clameur des mondes.
Demain est aussi loin qu’un pays étranger.
Seule existe la rumeur des feuillages dans la brise d’été,
Rumeur semblable au ressac de l’océan
Contre les murs du temps.
Tout près de moi, un oiseau de la nuit a frôlé les cimes
Puis s’est perdu dans l’immensité,
Emportant avec lui son cri mystérieux
Chargé de tous nos désespoirs.
Il faudrait dormir.
Minuit est passé depuis longtemps
Et la lune elle-même s’en est allée,
Poursuivant son éternelle course incompréhensible.
Le ciel, maintenant, est vide et noir.
Seule subsiste dans mon cœur une petite musique intérieure,
Sonate composée de quelques notes seulement,
Mais qui me dit de croire à la vie.
Alors je me souviens que les yeux des femmes brillent
Parfois, dans la pénombre des chambres.
Je voudrais dire leurs gestes tendres et gracieux,
Le son de leur voix,
Et le parfum qui imprègne leurs vêtements
Quand lentement elles se déshabillent
Et s’avancent nues dans l’immensité du monde.
Le vent se lève et il fait plus froid.
Bientôt le beau chêne près de la fenêtre perdra ses feuilles.
Celles-ci tomberont une à une, inexorablement,
Comme les minutes qui avancent au cadran de la vie.
Dans le ciel passeront des oiseaux en partance
Vers des cieux improbables.
Tout n’est que départ, mouvance et éternel recommencement.
Seul je demeure au milieu du silence.
Une ancienne blessure s’est rouverte,
Blessure d’amour qui saigne au milieu de la nuit
Et qui colore l’horizon d’une encre rouge.
Voilà le soleil qui se lève au-dessus des abîmes.
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31/08/2016
Le port
Il y avait là des voiliers, de grands voiliers revenant de nulle part.
Il y avait la mer, qui rongeait les pierres grises du port et puis surtout il y avait des dizaines de marins, attablés dans les petits cafés aux toits d’ardoise.
Et ça riait et ça criait fort, bien plus fort que le bruit des vagues qui tout à côté déferlaient sur la plage de galets.
Parfois une bagarre éclatait, pour quelques sous perdus au jeu, pour une femme éperdue, ou même pour rien, si ce n’était le plaisir de se battre.
Dans l’ombre du soir, on voyait briller la lame des couteaux et quand le sang coulait sur les pavés noirs, jamais personne ne serait allé dénoncer le coupable. C’est qu’ils étaient tous frères de la mer et du vent et qu’il y avait plus de vingt ans qu’ils voyageaient ensemble, de Dunkerque à Agadir et de Monrovia à Dar es Salam.
Ils étaient les enfants de la mer et si l’un d’entre eux disparaissait, jamais ils ne versaient une larme. Pourtant, quand un goéland venait se poser au bout du ponton, ils lui souriaient comme à un ami, saluant en lui son désir de voyage et de liberté.
Partir, voilà ce qui comptait, peu importe où et comment, finalement.
Partir, quitter le triste aujourd’hui et découvrir un ailleurs.
Dans le port, les attendaient les voiliers, les grands voiliers en partance pour nulle part.
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13/08/2016
Fin de partie
Je vous écris du bout du monde.
Je vous écris d’un pays qui n’existe pas, qui n’a jamais existé.
Ici, c’est la nature à l’état pur. Il n’y a pas de routes, à peine des sentiers, qui serpentent à travers la forêt profonde et que l’on suit comme on peut, malgré les moustiques et la chaleur accablante.
Quand on a bien marché, pendant six ou sept jours, on débouche au-dessus d’une grande falaise et alors devant vous s’étend la mer, la mer immense, à l’infini.
En contrebas, il y a des rochers qui s’avancent dans l’eau et qui finissent par disparaître au milieu de l’écume banche et rageuse.
Au-delà, il n’y a plus rien. Rien que l’océan, dont on entend la rumeur éternelle, seule musique de cette terre inhabitée.
Parfois, un goéland vient vous frôler, lançant un cri strident. On se souvient alors qu’on est seul, incroyablement seul. Personne autour de vous, rien que l’immense forêt dans votre dos et devant vous cette masse liquide qui s’agite et qui vous attend.
Je vous écris du bout du monde, d’un endroit au-delà duquel il n’y a plus rien. Rien que la falaise abrupte et le remous des vagues qui n’en finissent plus de se briser.
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26/06/2016
Al Andalus
Il est là-bas des palais de rêves qu’ont construits des génies.
Dans la nuit andalouse, quand monte la lune dans le ciel noir,
Se découpent les créneaux d’une forteresse d’un autre temps.
Dans les jardins endormis, si tu prêtes l’oreille,
Tu entendras le murmure des fontaines
Et le doux chant de l’eau qui retombe en pluie dans les vasques bleues.
Murmure magique, douce mélodie
Dont les syllabes ressemblent aux paroles de celle que tu aimas.
Celle-là qui un soir s’en alla, magicienne du silence,
Au travers des arceaux arabes des palais andalous.
Reste la mémoire et les sanglots de la fontaine.
Mais parfois, quand la lune resplendit,
Il me semble voir une ombre qui se glisse, féminine et svelte,
Le long des murs de l’Alhambra.
Ce n’est sans doute qu’un rêve.
Pourtant, dans les jardins du Generalife, l’odeur entêtante des roses
Parle encore d’amour dans la chaleur enivrante de la nuit andalouse.
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05/06/2016
Sable
Le sable de la plage est comme une ardoise
Que la mer efface jour après jour
Et toujours les pas des amoureux disparaîtront
Dans les profondeurs océanes.
Quand il ne reste rien que quelques grains de sable
Que le vent emporte en tourbillons improbables
Comment croire encore que Roméo et Juliette ont pu se rencontrer
Et marcher ici même dans la brise marine ?
Comment imaginer qu’ils ont pu s‘aimer devant l’immensité du monde
Et se faire des promesses éternelles sous le vol blanc des grands oiseaux de mer ?
A l’horizon passe un bateau en partance vers un Orient lointain.
Bientôt il aura disparu et il ne restera de lui qu’un souvenir
Qui s’effacera petit à petit dans la mémoire des vieux marins.
Et voilà la marée qui monte encore une fois à l’assaut de la plage
Et efface pour la millième fois les traces de tes pas.
Seule demeure la profondeur océane et la brise marine qui emporte tout
Absolument tout
Même les grands oiseaux blancs de nos rêves.
02:34 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : littérature
01/05/2016
Contestation
Il y aura toujours quelque part un homme debout
Un homme qui dira non et qui fera trembler tous les gouvernements
Il y aura toujours quelque part des peuples qui se révolteront
Des peuples qui refuseront de se soumettre
Il y aura toujours certes des prisons pour enfermer les contestataires
Des prisons pour tenter de les faire taire
Mais il y aura toujours aussi des livres et des écrits pour dénoncer et pousser à la révolte
Des livres et des écrits pour faire réfléchir et pour dire non
Tant qu’il y aura de tels livres, tout espoir restera permis
02:01 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature
20/04/2016
Aube
Il était là, le vivace et le bel aujourd’hui du poète.
Il était là dans cette frondaison émergeant de la brume matinale de mes rêves.
O toi, l’arbre, qui portait tous les printemps du monde,
Je te salue.
J’ai quitté le chemin, je me suis approché et j’ai caressé ton écorce,
Cette peau rugueuse avec laquelle tu avais franchi tant de siècles.
C’est à ce moment, quand le brouillard s’est levé,
Que j’ai su que nous nous comprenions,
Comme deux êtres frères issus de la grande création.
Car un arbre n’est-il pas vivant lui aussi,
Au même titre que moi ?
Ne vit-il pas lui aussi au rythme des saisons
Et ne finit-il pas par mourir quand sa tâche est accomplie,
Après avoir proclamé toute la beauté du monde ?
Merci à toi, mon frère, d’avoir égaillé ma journée.
Merci d’avoir été là, sur mon chemin,
Pour me faire comprendre que le printemps était de retour dans ma vie.
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09/04/2016
Départs
Il était né au milieu de la mer
Sur une île de granite rose recouverte de genêts jaunes.
Parfois il prenait un bateau ivre pour partir au bout de ses rêves
Et affronter sa peur et tous ses démons intérieurs.
Il partait sous un ciel bleu quand le vent était fort
Et naviguait des jours durant
Se laissant bercer par l’océan, ses vagues et son chant.
Quand il avait dépassé tous les horizons
Et que ses voiles s’étaient perdues dans la nuit du temps
Il mettait le cap sur son île.
Dans les petits matins blafards celle-ci surgissait soudain de la brume,
Masse de granite rose surmontée de genêts jaunes.
Alors il accostait lentement et laissait sur le sable humide
Son bateau échoué, ses rêves et tous ses espoirs.
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06/04/2016
Les saisons
Donnez-moi toutes les saveurs du printemps,
Donnez-moi les giboulées de mars et ses bises glaciales,
Donnez-moi les tendres fleurs et les vertes prairies,
Donnez-moi le premier vent du Sud et son souffle amical,
Donnez-moi des rivières gonflées par toutes les pluies d’avril.
Donnez-moi l’été et les moissons de juillet,
Donnez-moi les orages et leurs cieux déchirés,
Donnez-moi la chaleur étouffante des plaines du Languedoc,
Donnez-moi la Provence et toutes ses cigales,
Donnez-moi les récoltes généreuses du mois d’août finissant.
Donnez-moi l’automne et l’ivresse des vendanges,
Donnez-moi la Normandie et ses vergers croulant de fruits,
Donnez-moi les équinoxes de septembre,
Donnez-moi les tempêtes à la pointe de Bretagne,
Donnez-moi les premières gelées et les brouillards de novembre.
Donnez-moi janvier perdu dans sa longue nuit,
Donnez-moi le silence des paysages tout blancs,
Donnez-moi la pluie, donnez-moi le vent,
Donnez-moi mille soirées pour lire au coin du feu,
Donnez-moi l’hiver, quand tout espoir s’est retiré.
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04/04/2016
Printemps
Aujourd’hui, j’ai marché au milieu du printemps.
Les hauts fûts noirs forestiers étaient encore perdus dans l’hiver, mais à leurs pieds les jeunes arbres rivalisaient de feuilles et de bourgeons. La jeunesse insouciante dit toujours la vie mieux que personne…
Il faisait chaud, incroyablement chaud, pour la première fois depuis les équinoxes de septembre.
Dans une prairie, un cheval fou s’est roulé dans l’herbe et la poussière, ivre de bonheur. Il savait, le bougre, que l’avenir lui appartenait puisque la grande nuit reculait pas à pas, la grande nuit du froid et de la mort.
Point d’oiseaux encore pour s’étonner de la nouvelle douceur, mais quelques insectes furtifs et tenaces qui déjà cherchaient l’emplacement d’un nid éventuel. Ainsi va la nature, inépuisable et optimiste, toujours à recréer la vie, la vie changeante et mouvante en éternel recommencement.
Aujourd’hui, j’ai marché dans tous les printemps et j’en ai presque oublié les souvenirs anciens de mes amours perdues.
Sans doute toi aussi marches-tu quelque part, remplie de bonheur et oublieuse des vieux hivers. Sans doute toi aussi as-tu compris que la vie est changeante et mouvante et que les lendemains seront forcément différents.
Seuls les hauts fûts noirs sont restés dans l’hiver et ne sont pas près d’en sortir.
Photo personnelle 03.04.16
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20/03/2016
Chemin forestier
Il est, au fond des bois, des chemins mystérieux que personne n’ose emprunter.
On dit que ce sont des chemins qui mènent au bout des rêves,
Mais on dit tant de choses…
On dit aussi que les rares téméraires à s’y être aventurés ne sont jamais revenus.
Il est des forêts pleines de mystères où vivent librement des animaux sauvages.
Ce doit être cela le rêve : être libre, s’aventurer dans des sentiers inconnus, et s’y perdre à jamais.
Je regarde celui-ci, qui s’enfonce noir dans les fougères rousses
Et qui disparaît là-bas, entre deux grands chênes.
Quelques oiseaux chantent, tels des sirènes
Et les branches souples des arbres s‘agitent lentement au vent,
Comme le fait le doux roulis de la mer.
Vais-je me perdre dans cette immensité verte d’où émergent quelques rochers tranchants ?
Saurai-je éviter ces récifs, moi qui ne sais même pas naviguer ?
Mais les sirènes sont les plus fortes et déjà je m’avance, rêvant à des nudités blanches étendues dans le sous-bois moussu.
Il fait plus frais ici et de la terre monte une senteur troublante et qui fascine.
Odeur des feuilles mortes d’un vieil automne, parfum des genets en fleurs, ou effluve de résine d’un bosquet de pins.
Un oiseau a lancé son cri d’alarme devant l’intrus qui s’avance.
Tout est maintenant silencieux.
Je suis passé entre les deux grands chênes
Et suis entré dans la forêt profonde.
Photo personnelle
00:23 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature
09/03/2016
"Le temps de l'errance"
J’en avais parlé précédemment, mais maintenant il est là. Je veux parler de mon deuxième livre, qui vient officiellement de sortir fin février. Il s’agit d’un recueil de poésie, cette fois, genre qui semble effrayer les quelques personnes autour de moi à qui j’en ai parlé. Je crois que le public a une conception erronée de la poésie, qu’il voit comme des textes rimés qui ne riment à rien justement. Les gens semblent croire que l’auteur s’est forcé pour trouver des mots qui ont la même terminaison mais que dans le fond son texte n’exprime pas grand-chose. Si c’était le cas, ils auraient raison, mais il n’en est rien. Point de rimes chez moi, ni d’assonances, mais des mots qui viennent du plus profond de l’être et qui peuvent dire la douleur et la nostalgie, mais aussi l’émerveillement devant la beauté du monde. Alors que le roman raconte une histoire qu’il déroule de manière chronologique, la poésie, elle, dit l’instant. C’est le ressenti du poète à un moment donné qui se retrouve sur le papier. Rien de narcissique non plus dans ma démarche, rassurez-vous. Chacun, je crois, devrait pouvoir se reconnaître dans le contenu de ces vers libres (et de nombreuses pages sont même en prose) qui veulent faire passer des impressions et des émotions.
Pour les curieux, c’est ici, sur le site des éditions Chloé des Lys.
00:05 Publié dans Littérature, Poésie | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : littérature, le temps de l'errance
27/02/2016
Poésie
01:25 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : chants corses
19/02/2016
Le chemin
Il est des chemins aux lisières du temps,
Des chemins qui serpentent longtemps,
Avant de nous mener au bout de nos rêves.
Il est des rêves d’hier et d’aujourd’hui,
Des rêves d’enfance,
Qui nous ont conduits en ces lieux.
Ces lieux mystérieux dont je ne sais rien,
Ces lieux où un jour je t’ai rencontrée,
Toute perdue au milieu de tes songes.
Des songes étranges et très secrets,
Des songes noirs et bleus,
Qui parlaient de tous les lendemains.
Des lendemains qui ne viendront pas,
Des lendemains qui resteront à jamais un rêve,
Puisque nos chemins se sont séparés
A la lisère du temps.
00:06 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature
13/01/2016
Le village
L’horizon, c’est la forêt. Elle est partout et encercle le village en vagues successives bleues ou noires.
Sous le pont, près de l’église, coule la rivière, grosse des pluies de l’hiver. Elle gronde et s’agite, cascade et tressaute, éternel bruit de fond qui est l’âme de ce lieu.
Les hommes, on ne les voit pas. Ils sont calfeutrés chez eux et laissent passer la mauvaise saison. Assis devant l’âtre de leurs ancêtres, ils doivent regarder les flammes se tordre et lécher les pierres de schiste. Parfois, une buche s’effondre dans le foyer et mille étincelles jaillissent qui se reflètent dans leurs yeux songeurs.
La petite église est fermée, une chaîne rouillée en barre l’accès. Les dieux sont partis ou bien ils sont morts.
Au milieu du cimetière, une vielle en manteau se recueille. Elle songe aux temps anciens, quand des gamins couraient sur la place et que les gros chevaux de labour frappaient le pavé de leurs sabots sonores. Elle songe à l’Alphonse, qui les menait avec douceur et les commandait à la voix. L’Alphonse qui git là, sous la pierre noire, depuis maintenant vingt ans.
Dans les ruelles, derrière les maisons, aucune jeune fille amoureuse n’attend, les lèvres entrouvertes, que vienne la rejoindre un prince aux yeux rieurs et à la moustache piquante. Il n’y a plus que le vent, qui gémit entre les pierres froides et qui s’infiltre sous les portes.
La place est déserte. Point de monument. Seule, dans un coin, une charrue rouillée émerge à peine des herbes sauvages..
La pluie se met à tomber et la vieille revient du cimetière, trottinant comme elle peut. Elle a hâte d’être chez elle, de refermer la porte et d’attendre que passent les jours et les nuits jusqu’à l’été prochain. Alors, encore une fois, elle pourra s’asseoir dehors et tricoter, tout en écoutant la rivière. Les hirondelles, ivres de vitesse, viendront la frôler et leurs cris mettront un peu de vie dans le village mort.
Pour l’instant c’est l’hiver, il pleut et l’Alphonse n’est plus là.
Dans la forêt proche, on entend comme un murmure. C’est sans doute un animal sauvage, à moins que ce ne soit le vent, qui tord les branches des sapins noirs.
Photo personnelle
15:01 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : littérature
13/12/2015
Eve et l'océan
Eve en son lit lisant
Lisant des livres qui parlent de rêves
Des rêves d’Eve
Qui lit nue, assise sur son séant
Dans son lit comme si elle était devant l’océan.
Nue elle lit et rêve
Rêve à des livres parlant d’océan.
Elle voit ou croit voir des goélands,
Des oiseaux blancs, des cormorans,
Qui là-haut, dans le ciel, tournent sans trêve,
Inlassablement.
Sur le sable de la plage
Elle tourne une page,
Eve qui lit nue dans son lit et qui attend.
Jean-Jacques Henner (1829 - 1905)
22:14 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : littérature
02/12/2015
Un nouveau livre !
Vous aurez tous remarqué que j’étais peu présent sur mon site ces derniers temps. Tout d’abord, il y a eu le massacre du 13 novembre à Paris, qui rendait toute prise de parole un peu vaine. Et puis, à côté de cela, il y a eu l’écriture, ce merveilleux refuge. Non point une écriture en direct, pour un blogue, mais une écriture plus réfléchie, en retrait. Pour le dire plus simplement et plus clairement, je relisais un manuscrit dans le but de l’envoyer à un éditeur. Voilà qui est fait et il me faut maintenant attendre une bonne année pour avoir une réponse. En espérant qu’elle soit positive.
Ce qui ne m’empêche pas de vous annoncer une bonne nouvelle, à savoir la parution imminente d’un deuxième livre (dont le manuscrit avait été envoyé, lui, fin décembre 2014 et qui vient d’être accepté). J’ai déjà des exemplaires en main, mais il faudra patienter jusqu’en février 2016, à mon avis, pour pouvoir se le procurer via le site de l’éditeur ou pour le commander en librairie.
Il s’agit d’un recueil de poésie, objet invendable s’il en est, mais dont l’existence me réjouit. En effet, comme disait le Cyrano de Rostand : « C'est bien plus beau lorsque c'est inutile ! » ou, pour reprendre la théorie de l’art pour l’art si chère à Théophile Gautier, « Il n'y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ».
23:58 Publié dans Littérature, Poésie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : le temps de l'errance, poésie
28/10/2015
Miroir d'automne
Le temps s’écoule lentement
Sur la page blanche glissent les mots
Les mots qui parlent du temps qui fuit
Qui fuit et ne revient jamais
Les saisons tournent inexorablement
Et les feuilles tombent à nouveau
Dans le miroir seul mon visage a changé
Et ma jeunesse s’en est allée
Le vent emporte tout
Sauf le souvenir que j’ai de toi
Toi qui t’es glissée de l’autre côté du miroir
En emportant tout ton amour
La page restera blanche
Il n’y a plus rien à dire
11:08 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : littérature
09/09/2015
Qui dira ?
Qui dira la beauté des levers de soleil sur la mer ?
Qui dira la grandeur des montagnes couronnées de neige ?
Qui dira les sauts espiègles de la rivière bleue sur les rochers noirs ?
Qui dira la chanson du vent dans les grands peupliers ?
Qui dira la rumeur du blé ployant sous le vent brûlant de juillet ?
Qui dira le crépitement de la pluie sur le toit, les nuits d’orage ?
Qui dira le hululement de la chouette invisible au cœur des ténèbres ?
Qui dira le chant de l’oiseau perché sur sa branche ?
Qui dira l’odeur des fleurs qui embaument dans le sous-bois ?
Qui dira la couleur des épilobes groupés dans la clairière ?
Qui dira la saveur de la myrtille bleue qu’on cueille dans la lande ?
Qui dira la noblesse des grands cerfs noirs dans la forêt profonde ?
Oui, qui dira tout cela ?
16:59 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature
12/08/2015
Qui pourra ?
Qui pourra empêcher
La terre de tourner
Les étoiles de briller
Et les hommes de se tuer ?
Qui pourra empêcher
Les fleuves de couler
La mer de gronder
Et les chiens d’aboyer ?
Qui pourra empêcher
La lune d’éclairer
Les papillons de voler
Et les jeunes filles d’aimer ?
Qui pourra m’empêcher
D’observer le monde
Et d’essayer de le comprendre ?
Qui pourra m’empêcher
De te regarder
Et de commencer à t’aimer ?
A
11:53 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
05/08/2015
Rivière
Nous suivons notre chemin
Comme la rivière suit son cours.
Sait-elle où elle s’en va, trépidante et gaie ?
Sait-elle que là-bas, derrière l’horizon,
L’attend la grande mer salée
Où elle va se perdre et disparaître ?
C’en sera fini alors de bondir sur les rochers
Ou de flâner le long des berges herbeuses,
A l’ombre des grands arbres inclinés et pensifs.
Le voyage vaut mieux que son terme
Et la saveur du présent l’emporte sur la fin du parcours.
Ainsi en va-t-il pour nous, qui cheminons dans la vie,
Les yeux toujours braqués sur des lendemains improbables.
Profitons plutôt de l’instant,
Et toi, mon amie trépidante et gaie,
Assieds-toi sur l’herbe de la berge
Et donne-moi sans retenue tes lèvres,
Que j’en savoure le goût étrange et salé.
11:34 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : littérature