09/03/2016
"Le temps de l'errance"
J’en avais parlé précédemment, mais maintenant il est là. Je veux parler de mon deuxième livre, qui vient officiellement de sortir fin février. Il s’agit d’un recueil de poésie, cette fois, genre qui semble effrayer les quelques personnes autour de moi à qui j’en ai parlé. Je crois que le public a une conception erronée de la poésie, qu’il voit comme des textes rimés qui ne riment à rien justement. Les gens semblent croire que l’auteur s’est forcé pour trouver des mots qui ont la même terminaison mais que dans le fond son texte n’exprime pas grand-chose. Si c’était le cas, ils auraient raison, mais il n’en est rien. Point de rimes chez moi, ni d’assonances, mais des mots qui viennent du plus profond de l’être et qui peuvent dire la douleur et la nostalgie, mais aussi l’émerveillement devant la beauté du monde. Alors que le roman raconte une histoire qu’il déroule de manière chronologique, la poésie, elle, dit l’instant. C’est le ressenti du poète à un moment donné qui se retrouve sur le papier. Rien de narcissique non plus dans ma démarche, rassurez-vous. Chacun, je crois, devrait pouvoir se reconnaître dans le contenu de ces vers libres (et de nombreuses pages sont même en prose) qui veulent faire passer des impressions et des émotions.
Pour les curieux, c’est ici, sur le site des éditions Chloé des Lys.
00:05 Publié dans Littérature, Poésie | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : littérature, le temps de l'errance
Commentaires
Non, non et mille fois non, camarade ! Rien de plus ennuyeux qu'un roman à trame linéaire, ou dans l'ordre chronologique.
Pour mézigue en tout cas.
Je ne suis pas trop d'accord avec toi quand tu dis : "Les gens semblent croire que l’auteur s’est forcé pour trouver des mots qui ont la même terminaison mais que dans le fond son texte n’exprime pas grand-chose"
Les gens qu croient ça sont de fieffés imbéciles. La rime est au service du sens de l'émotion, chez les poètes dignes de ce nom.
Exemple :
"A gauche à droite au centre ou alors à l'écart
Je ne puis t'indiquer où tu dois aller car
Moi le fil d’Ariane, il me fait un peu peur
Et je n'men sers plus que pour couper le beurre"
"A l'écart" et "aller car" Une merveille !
Je suis un réac, un "has been" en façon de poésie. Pour moi, un poème, ça rime
Écrit par : bertrand | 09/03/2016
Bon, on se comprend mal, là.
Pour le roman, je veux dire qu’il raconte une histoire (que ce soit dans l’ordre chronologique ou pas) à la différence de la poésie qui ne raconte qu’elle-même.
Pour les rimes, évidemment que si on a affaire à Baudelaire, Hugo ou Verlaine, on ne peut qu’admirer la versification. Parce que le contenu et l’émotion suivent et les vers ajoutent une musicalité supplémentaire (ceci dit, Baudelaire a aussi écrit les « Petits poèmes en prose »).
Mais à partir du moment où je n’atteints pas à ces sommets, je préfère écrire un texte sensible, sans vers, plutôt qu’un texte qui rime mais qui est creux, sans émotion aucune, comme j’en ai parfois lu.
En ce qui concerne le public, je sens une réticence certaine. Des personnes qui avaient lu «Obscurité » et l’avaient apprécié se sauvent quand on leur parle de poésie. Il me faut donc bien ici faire un peu de publicité et expliquer qu’ils ne trouveront chez moi ni une poésie hermétique à la Francis Ponge, ni des vers creux sur lesquels ils vont s’endormir.
Écrit par : Feuilly | 09/03/2016
D'ailleurs, il en va de même pour la prose... Nous ne sommes plus là que dans la forme du texte.
Et puis, la poésie peut raconter une histoire. Poignante même. Vois "La mort du loup" chez Vigny, que tu connais certainement très bien.
Écrit par : bertrand | 09/03/2016
Quand je dis que la poésie ne raconte qu'elle-même, je veux dire qu'elle est tournée vers l'émotion, le ressenti, face au monde ou face à une situation particulière. Elle parle donc du monde aussi (la nature, les amours perdues, etc.) mais est centrée sur l'émotion du poète (et moins sur l'explication du monde.).
Écrit par : Feuilly | 09/03/2016
Ce que j'ai pu aimer ces poètes romantiques, que je ne lis plus, hélas ! Le plus authentique reste quand même Musset qui ne se gênait pourtant pas pour faire la critique du romantisme, écriture trop intime selon lui... Bref.
IL reste ce que tu dis de la poésie reste tout à fait valable appliqué au roman. Je ne me vois pas écrire un roman qui ne parlerait que de ma vison du monde sans y mettre mon émotion intime.
Écrit par : bertrand | 11/03/2016
Écrit par : bertrand | 11/03/2016
Écrit par : agnès | 11/03/2016
Lisez "La femme au colt 45" de Marie Redonnet.
Écrit par : Michèle | 11/03/2016
"Le scénario" d'un roman ne peut être que prétexte à dire autre chose qu'une histoire.
C'est bien ce que je disais.
Mais, histoire ou pas histoire, c'est la façon dont elle est traitée qui en fait une oeuvre de littérature ou un bouquin pour la plage.
Ceci étant dit, quelle plaie que ces romans qui, au prétexte de ne rien dire de romanesque, s'engluent dans l'insignifiance des mots. Fut une époque pas lointaine, où plus on n'avait rien à raconter, plus on faisait illusion. Pouah!!!
Quand je construis une histoire, jamais tout à fait fictive, je construis un pont nécessaire pour passer sur une autre rive où j'espère que lme suivra le lecteur.
Écrit par : Bertrand | 13/03/2016
Bon, pour la définition roman/poésie, on n‘en sort pas Il y a en effet des romans sans histoire et des poésies qui racontent. Ou des romans dont les histoires ne sont qu’un prétexte (évidement !) C’est la manière de présenter cette histoire (ou cette non-histoire) qui distinguerait la poésie de la prose. Il n’empêche qu’un roman sans histoire est souvent ennuyeux, en effet. Et une poésie qui ne « dirait » rien n’aurait pas beaucoup de sens.
Mais ça ne répond pas à ma remarque : pourquoi les lecteurs s’enfuient –ils quand on leur propose un livre de poésie ? Ils semblent, eux, savoir ce qui distingue cette poésie du roman… La poésie serait ridicule ? Trop sentimentale ? Trop larmoyante ? Ou bien elle fait peur ? Et cela dépasse mon modeste petit livre. Il suffit de prendre les 600 romans de l’automne et de les mettre en parallèle avec la production poétique. On aura compris.
Écrit par : Feuilly | 13/03/2016
Feuilly, "un livre de poésie" ça ne veut rien dire. En soi. Ce peut être excellent ou nul.
Je ne suis pas une connaisseuse en poésie. Parce que je n'en lis pas beaucoup. Pas assez en tout cas. Mais il y a les poèmes que j'ai bonheur à lire et ceux qui me tombent des mains.
Écrit par : Michèle | 13/03/2016
Écrit par : Feuilly | 13/03/2016
Tu as lu et aimé - ce qui m'a fait beaucoup plaisir - "Géographiques" et "Chez Bonclou".... ALors poésies ou romans ?
Tu vois bien que la frontière est plus que ténue et que "l'appellation contrôlée" ne veut rien dire.
Écrit par : Bertrand | 13/03/2016
Et puis tu présentes "Le temps de l'errance ", c'est tout. Au lecteur de voir que ce sont des poèmes. Le poème ce n'est que la forme :)
En tout cas, je commande Le Temps de l'errance.
Écrit par : Michèle | 13/03/2016
@ Michèle :
Livre : ouvrage imprimé, relié ou broché, non périodique, comportant un assez grand nombre de pages
Recueil : ouvrage ou publication rassemblant des documents de même nature ou appartenant au même genre, écrits, reproduits ou imprimés.
Mais un livre de dessin est un « recueil de dessins à compléter et à colorier ».
Le livre peut donc être un recueil, mais l’inverse ne serait pas vrai ? Bien sûr que si …
On n’en sort vraiment pas :))
Le poème ce n'est que la forme. Sauf qu'il y a des pages en prose dans mon recueil de poésies !!!
Écrit par : Feuilly | 13/03/2016
Écrit par : bertrand | 14/03/2016
Ce que je voulais dire c'est qu' on n'écrit pas un livre. On écrit. Un roman, un essai, de la poésie, un samizdat, etc. Mais j"ai conscience de m'être embarquee dans une discussion oiseuse :)
Écrit par : Michèle | 14/03/2016
Écrit par : Feuilly | 14/03/2016
C'est du à l'étroitesse de l'espace commentaire ou dire sa pensée avec la précision requise est absolument impossible.
Déjà que la dire en 300 pages n'est pas chose aisée !:)))))))))))))))))))))))))))))))))) Hiiiiiiiiiiiiiiiiiii
Écrit par : bertrand | 14/03/2016
Écrit par : Feuilly | 14/03/2016
- Que diriez-vous d'épouser un Professeur de Pathologie ?
- Écrit-il des poèmes? demanda Clara avec un sourire narquois.
- Hélas non !
- Alors j'ai bien peur que ce soit hors de question ! conclut-elle avec aplomb
Pasternak, Maïakovski, Tsvetaieva, Essenine, Anna Akhmatova, Mandelstam, Marina Tsvetaieva..., tous ces poètes étaient contemporains et tous ont eu maille à partir avec le pouvoir. Staline savait que le message des poètes pouvait mettre en difficulté la fortification totalitaire la plus sophistiquée de l'histoire. L'influence de la poésie était particulièrement redoutée en Russie où, par tradition et culture séculaire, la population dans toutes les strates de la société nourrissait un intérêt profond et un respect immense pour la poésie et les poètes. Mandelstam écrivait :“De quoi te plains-tu, il n'y a que chez nous qu'on respecte la poésie : on tue même pour elle. Ça n'existe nulle part ailleurs.”
En France, en Allemagne et en Angleterre, il fallait remonter au 19è siècle et au delà pour retrouver une pareille présence et un pouvoir aussi grand. Shakespeare pouvait dire: ''Oui, la poésie, fille du ciel, a un grand pouvoir.'' A partir de la seconde moitié du 20è siècle, la poésie est devenue rare dans la vie quotidienne et son influence peu décisive. Aujourd'hui, sauf cas rares, on ne peut plus parler de notoriété et chez les libraires, l'espace réservé à la poésie est rabougri. A qui la faute? 300 pages ne suffiront pas pour le dire...
Écrit par : Halagu | 16/03/2016
Écrit par : Halagu | 16/03/2016
Écrit par : Feuilly | 16/03/2016
Écrit par : Michèle | 16/03/2016
Merci à vous Feuilly et Michèle, votre bienveillance me touche.
Écrit par : Halagu | 16/03/2016
Halagu, veuillez bien m'en excuser.
Écrit par : Michèle | 16/03/2016
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