22/05/2024
Parution de mon dernier livre
Il est sorti le 01.05.2024. Amours contrariées, un recueil de nouvelles aux Editions Douro
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01/01/2024
Amours anciennes
Comme un souffle
elle s’avance à travers le temps.
De quel infini vient-elle,
cette ombre fugace,
qui a traversé ma vie ?
Elle n’est plus qu’un souvenir emporté par le vent,
un souvenir des jours anciens
perdu dans ma mémoire.
Passion des amants en ce lointain hiver
de froidure et de neige.
Sous la couette de plumes
S’envolaient deux cœurs
vers le chaud paradis
des corps enlacés.
Un oiseau de la nuit, parfois,
jetait son cri plaintif.
Funeste présage,
Que nous n’avons pas écouté.
Il reste une tombe, sans doute, quelque part,
Celle de nos amours à jamais disparues.
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18/06/2023
Le long d'une haie de troènes
L’autre jour, j’étais allé faire quelques courses et en passant devant une haie de troènes en fleurs, le parfum caractéristique de cette plante m’a instantanément reporté des dizaines d’années en arrière. J’étais donc là, en train de marcher tranquillement et, la seconde qui a suivi, j’avais dix ans et je me retrouvais dans le jardin d’un copain de classe. Sa pelouse était entourée de haies de troènes et visiblement j’avais gardé en moi et à mon insu le parfum particulier de ces fleurs. Comme Marcel Proust avec sa madeleine, je venais de plonger dans mon passé.
En réalité, avec le copain, nous ne nous attardions pas dans la pelouse, elle n’était qu’une étape de notre journée enfantine. Nous n’étions là que pour préparer notre matériel, à savoir une épuisette et un seau. Une fois équipés, nous foncions vers le parc de la commune et son étang, qui se trouvait à l’orée d’un bois. Cet étang était lui-même entouré d’arbres et il passait là peu de monde. Notre jeu consistait à racler le fond de l’eau et à en retirer des larves de libellules, que nous mettions ensuite dans notre seau et plus tard dans un bocal. Les yeux proéminents de ces prédateurs carnivores nous fascinaient.
Quand nous étions lassés de nos jeux aquatiques, nous pénétrions dans le bois, où nous avions une cachette secrète. A l’écart des endroits fréquentés, un petit sentier se terminait en cul de sac. C’est là que nous avions aperçu un jour, en contrebas, une petite cabane qui devint vite notre refuge. En fait, il s’agissait simplement de quelques branches qui avaient été appuyées contre un gros rocher de calcaire et sur lesquelles ont avait disposé des fougères. Nous n’avons jamais su qui avait construit cette cabane, mais nous nous l’étions appropriée immédiatement, étant à un âge où la notion de propriété privée ne signifiait pas grand-chose.
Nous revenions donc fréquemment dans ce refuge. De là, isolés dans la forêt, nous contemplions au-dessous de nous, par une ouverture entre les arbres, la Meuse qui s’écoulait dans la vallée et la gare de triage des trains de marchandises. Nous étions là comme en-dehors du temps. Nous nous prenions pour les derniers des Mohicans, contemplant de loin la civilisation à nos pieds. Et c’est vrai que le contraste était frappant entre la solitude de la forêt, l’isolement de la cabane, et la grande ville en contrebas dont nous percevions les rumeurs.
C’est tout cela que j’ai revécu en une seconde, mes courses à la main, en longeant une haie de troènes dans mon quartier.
Proust avait donc raison, avec sa madeleine. Et je me dis que la littérature, elle aussi, peut servir de déclencheur pour nous rappeler des instants privilégiés qui sont enfouis en nous. Nous avons tous une enfance et quelque part dans notre mémoire un fleuve ou une rivière oubliés, un village désert sous le soleil de juillet, un chemin dans la forêt parcouru en culottes courtes. Qu’un écrivain fasse allusion à un de ces éléments et ce sont nos propres souvenirs qui vont refaire surface. C’est peut-être aussi pour cela que la littérature nous parle, parce qu’elle réveille des souvenirs enfouis. Elle permet le partage entre l’expérience de l’écrivain et la nôtre. Et même si l’auteur est décédé depuis des siècles, ce qu’il dit nous touche encore car nous savons de quoi il parle pour l’avoir vécu nous-même. Vue comme cela, la littérature est donc une épiphanie, qui nous permet de comprendre qui nous sommes en réveillant de vieux souvenirs enfouis. Elle n’est pas que cela, évidemment, mais elle est aussi cela. Et cela explique pourquoi, depuis que nous sommes tout petits, nous aimons les contes et les histoires. C’est que ces contes et ces histoires nous parlent parce qu’ils parlent de nous, de l’humanité à laquelle nous appartenons.
C’est la première étape. Ensuite, bien entendu, la littérature parle du monde, tel qu’il est et tel qu’il devrait être. Elle dénonce les injustices, fait réfléchir, suggère des pistes, mais ne donne jamais de solution. C’est à nous de faire le chemin, une fois que notre conscience s’est éveillée.
Mais cela veut dire aussi que tout dépend de chaque lecteur. Comme nous sommes tous différents, que nous avons des caractères différents, des points de vue différents, des souvenirs différents, une culture différente, il est indéniable que le même livre aura des résonnances différentes en chacun de nous. Chaque individu le comprendra à sa manière, ce qui rend vain l’idée d’une lecture unique. Un texte littéraire est donc par définition polysémique, non seulement parce qu’on peut comporter plusieurs niveaux de lecture (l’intrigue en elle-même, une approche politique, psychologique, psychanalytique, structurale, etc.), ce qui a été voulu ou pas par l’auteur, mais aussi par le fait que chaque lecteur étant différent, celui-ci abordera le texte d’une manière singulière, qui lui est propre.
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12/06/2023
Aube première
Chaque matin est le premier matin,
Celui de la naissance du monde.
Chaque femme est la première femme,
Celle dont on rêve depuis toujours.
Quand elle danse sur le sable,
devant la mer,
et que tout l’horizon s’enflamme,
c’est un nouveau départ.
La nuit, au fond des chambres obscures,
les amants s’aiment, le regard éperdu.
Les corps nus argentés par la lune
se cherchent infiniment.
Des caresses lentes et appuyées
trahissent leur désir de se trouver.
Ils ont, au fond des yeux,
toutes les étoiles de l’univers
tandis que dans leurs veines
brûle un feu éternel.
Puis viendra le deuxième jour,
celui où, par la fenêtre ouverte,
l’aube blanche éclairera les corps apaisés
des amants endormis.
14:25 | Lien permanent | Commentaires (0)
15/05/2023
Cathédrale
Les récits fabuleux des vitraux
S’invitent dans la nef sacrée
et se répandent en lumière colorée
sur la nape immaculée de l’autel.
Ici, c’est le règne du silence.
Dans une chapelle obscure
brille la flamme tremblante d’un cierge.
Des colonnes de pierre
s’élancent vers le ciel
et se rejoignent au zénith
en voutes ogivales régulières.
Le temps est suspendu.
Depuis huit siècles
les vitraux cristallisent la lumière,
figeant des histoires bibliques
pour les peuples ébahis.
Sous nos pieds, gisent les dépouilles
des évêques d’autrefois.
Les grandes orgues sont définitivement muettes.
Au mur, sur sa croix de bois,
un dieu ancien n’en finit plus d’agoniser.
11:31 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
12/04/2023
Les arbres
Les arbres savent ce que nous ignorons.
Silencieux, ils gardent leurs secrets.
Parfois, le vent les fait frémir.
C’est comme un grand murmure mystérieux,
un chuchotement discret,
qu’eux seuls entendent
et que nous ne comprenons pas.
La nuit, tout est silence
et la lune, dans son éclat,
demeure impénétrable
au milieu du ciel vide.
Le jour, les fleurs se dénudent
et dévoilent leur beauté.
Leur parfum envoûtant
est comme un chant,
une musique entêtante
où réside l’énigme du monde.
Alors, il faut fermer les yeux,
deviner la présence de la rose
dans le silence de midi,
s’ouvrir à l’inconnu,
s’imprégner du grand mystère.
15:25 | Lien permanent | Commentaires (0)
Dernière fête
Insouciance, rires et cadeaux,
c’est la soirée de la Saint Sylvestre.
Soudain, douze coups irréparables.
Le temps s’est arrêté,
l’année est morte,
portons son deuil.
Pourtant les aiguilles continuent,
déterminées et assassines.
Déjà les minutes se succèdent
et écourtent l’année nouvelle,
nous emportant dans leur sillage.
Le temps s’écoule, impénétrable.
Sur le cadran de pierre, l’ombre fatale s’avance.
Entre nos doigts,
le sable glisse inexorablement.
La clepsydre a rendu son verdict.
Fin du parcours.
Reste une tombe
que recouvre un peu de mousse.
15:08 | Lien permanent | Commentaires (0)
27/03/2023
Questionnement
La mer éternelle vient mourir sur les rivages.
Les vagues effacent toutes les empreintes,
tandis que de grands oiseaux blancs
percent de leurs cris le ciel étonnamment pur.
A l’horizon, dérive un bateau,
Sans doute quelque Ulysse
à la recherche d’une improbable Ithaque.
Le sable de la plage est infini
comme l’est l’éternel désir.
Le temps est une énigme
et les pendules n’en finissent pas de mentir.
Le jour se meurt dans un horizon de sang.
Bientôt, il faudra écarter les fentes de la nuit
à la recherche du grand mystère,
celui que de toute éternité
l’humanité tente en vain de percer.
Pourquoi tout cela ?
Pourquoi la mer, pourquoi le sable ?
Pourquoi cet oiseau blanc emporté par le vent ?
Pourquoi la fuite du temps ?
Et pourquoi cette sempiternelle recherche de l’élément féminin,
Ce désir resté inassouvi depuis l’aube des temps ?
La réponse est peut-être de l’autre côté de la nuit.
20:45 | Lien permanent | Commentaires (0)
20/03/2023
Nécessité
Ce qu'il faut de nuit
pour percer les mystères,
ce qu'il faut d'obscur
pour remplir une page blanche,
ce qu’il faut de jour
pour se trouver soi-même,
ce qu’il faut de silence
pour comprendre la mer
ce qu’il faut d’infini
pour entendre le chant du monde
ce qu'il faut de pur
pour consoler tes pleurs,
Ce qu'il faut d'amour
pour guérir ta peur.
13:33 | Lien permanent | Commentaires (0)
02/03/2023
Retour
C’est la maison de l’enfance,
quittée trop tôt,
oubliée.
Elle est là, au bout du chemin pierreux,
bordée des genêts fleuris,
taches jaunes sous le grand ciel noir.
La vieille grille s’ouvre lentement,
éternel cri plaintif,
blessure profonde de l’âme.
Je caresse les arbres du jardin,
ces amis fidèles d’autrefois,
au pied desquels je venais lire
pour combler ma solitude.
La porte résiste un instant
puis me laisse passer,
ayant reconnu l’enfant que je fus.
Des ancêtres inconnus m’accueillent
dans une mensongère proximité,
immobiles dans leurs cadres,
cloués au mur pour l’éternité.
Le grand meuble en chêne est toujours là,
Et ça sent bon la cire et la térébenthine
Appliquées dans les temps jadis
Par une mère trop tôt disparue.
Comme une eau dormante dans l’ombre,
le miroir m’attendait.
Ma silhouette s’y devine,
Figée dans le temps.
J’ai toujours dix ans,
enfin je crois.
Il est bon de répéter les anciens chemins
qui mènent à notre âme.
Il est bon d’écouter le silence
qui peuple les miroirs.
Combien de lunes passeront encore
avant de revenir en ces lieux ?
Combien d’hivers, combien d’étés,
avant de comprendre la nostalgie
qui m’habite depuis le premier matin de mon enfance ?
09:10 | Lien permanent | Commentaires (0)
23/02/2023
Vie éphémère
Nous sommes les feuilles emportées par le vent
et qui tournoient dans les ciels d’automne.
Nous sommes les rivières fougueuses qui descendent des montagnes
et qui courent à leur perte vers l’océan éternel.
Nous sommes les fleurs dans la rosée de l’aube
qui bientôt faneront sous les midis de feu.
Nous sommes les barques au milieu des vagues
quand l’équinoxe se brise sur les falaises de granit.
Nous sommes l’amour et le désir,
incendies ravageurs qui ne laissent que cendres.
Nous sommes les livres de la mémoire du monde
oubliés dans de vieilles bibliothèques.
Nous sommes les loups fiers et sauvages
que traquent tous les chasseurs.
Nous sommes légers et libres, oui,
incroyablement vivants,
beaux et superbes à la fois.
Mais nous sommes aussi poussières éphémères dans l’espace et le temps,
bientôt emportés, effacés, oubliés
pour l’éternité.
23:39 | Lien permanent | Commentaires (0)
13/02/2023
Eternité
Il y aura toujours une aube nouvelle,
de la rosée dans les prés,
des vergers en fleurs,
et des enfants sur le chemin de l’école.
Il y aura toujours des forêts profondes
des sous-bois obscurs aux odeurs pénétrantes,
une canopée verdoyante,
et des animaux sauvages et libres
courant dans la fraîcheur du vent.
Il y aura toujours une rivière écumante
qui descend des montagnes
en cacades trépidantes
dans la lumière immobile de midi.
Il y aura toujours des soirs au coin du feu,
un repas sur la table,
et une vieille qui raconte des histoires.
Il y aura toujours des nuits torrides
avec des fenêtres ouvertes
et des couples qui s’aiment
sous les caresses du temps
Il y aura toujours une aube qui sera la première aube.
Rien ne passera jamais
sauf notre vie éphémère.
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11/02/2023
Les lecteurs
Ils lisent beaucoup,
ils lisent de tout,
des documentaires, des journaux,
des articles, des comptes-rendus,
mais surtout des livres,
des livres par milliers,
des livres anciens,
de nouveaux livres,
des livres achetés, neufs ou d’occasion,
des livres prêtés,
ils lisent
et ils sont libres.
00:41 | Lien permanent | Commentaires (0)
07/02/2023
Sur les Causses
Terrible est le vent
qui dessèche la terre,
le vent sauvage et fou
aux caresses violentes,
qui courbe nos corps fragiles
dans notre course sur les grands Causses.
Terrible est le chemin
qui mène vers l’abime
des gorges profondes et noires.
Et là, tout en bas, au fond du gouffre,
là où coule la rivière
et ses flots sauvages et purs,
résonne l’écho des âmes disparues.
Dans le ciel infini,
Inlassablement tournoie, patient et obstiné,
un oiseau cherchant sa proie.
Des buissons incandescents
irradient au soleil couchant,
dans la chaleur terrible
de la pierre nue
chauffée à blanc.
Cela sent la menthe, le thym, le romarin,
et des milliers d’insectes crépitent
en un long chant d’amour.
La vie est là, incroyablement belle,
Belle à en mourir.
Au pied des lauriers noirs.
10:37 | Lien permanent | Commentaires (0)
03/02/2023
Cinéraires maritimes
Il faut marcher loin,
traverser des landes
aux bruyères et cinéraires éparses,
longer le cimetière marin
où rêvent les morts,
escalader des dunes,
puis, tout au bout de la plage de sable d’or,
découvrir enfin la mer
et la nudité de ses vagues.
Alors, la lumière effleurera nos visages,
caressera le rivage,
et sur nos lèvres unies pour un instant
un sel amer se déposera.
16:08 | Lien permanent | Commentaires (0)
28/01/2023
Le temps immobile
Ici le sable est lumière et le temps immobile
Ici l’eau est transparente comme les cieux
Et la montagne de toute beauté
Ici la forêt embaume sous la chaleur de midi
Et les insectes crépitent d’étonnantes symphonies
Ici les gens sont simples comme la terre
Et la mer étale miroite sans fin
Ici, des grottes sous-marines recèlent d’étranges secrets
Et des épaves flibustières jonchent les côtes désertes.
Ici les animaux sont libres
Et les dieux dansent quand tombe le soir
Ici
17:17 | Lien permanent | Commentaires (0)
30/12/2022
Rêverie
Fermer les yeux, oublier tout, n’être rien.
Rien qu’un oiseau qui vole dans le vent
Rien qu’une barque qui vogue sur l’étang
Rien qu’un parfum dans le jardin d’été
Rien qu’un fruit défendu dans le verger d’automne
Rien qu’un flocon de neige déposé sur tes lèvres
Rien qu’une fleur dans le printemps de l’amour
Rien qu’une aube éternelle dans ton regard étincelant.
Fermer les yeux, oublier tout, n’être rien.
A jamais.
20:50 Publié dans Littérature, Poésie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : litterature
04/12/2022
Nocturne
Chaque soir, la nature devient veuve.
Dans le noir profond, un oiseau solitaire,
Un oiseau de la nuit,
Lance sa longue plainte.
Au cœur de la forêt mystérieuse,
On entend d’étranges frôlements.
Sont-ce les bêtes des légendes de notre enfance
Ou bien les pas de la mort qui nous attend ?
Malheur à qui entre dans la nuit
Et qui se retrouve face à lui-même.
22:39 | Lien permanent | Commentaires (0)
19/11/2022
Promenade nocturne
Regarder le ciel et les étoiles
Contempler l’immensité
S’interroger
Puis sentir le vent de la nuit
Frissonner
Imaginer la dérive des nuages
Là-haut dans le ciel vide
Rêver d’un grand feu
Qui réchaufferait l’âme
Rêver d’un amour
Qui effacerait toutes les cicatrices
Puis s’en aller sans rien dire
Seul sur le chemin
Marcher sous le firmament
Écouter le silence du temps qui fuit
Progresser dans la nuit
Affronter tous les gouffres
Imaginer tous les mondes
Et découvrir à l’aube
Le sommeil des montagnes
Dans la brume d’automne
En deviner le mystère et la beauté
Dire merci à la vie
Et continuer sur le chemin
Inlassablement
Eternellement
14:39 | Lien permanent | Commentaires (0)
13/11/2022
Les Causses
Sur les grands causses infinis de l’amour
L’automne est descendu.
Espaces déserts,
Collines jumelles,
Gorges profondes,
Où coule la source vive.
Je parcours lentement
Ce rêve infini,
Ces étendues d’herbes rases
Lisses comme la peau d’une femme,
Où le vent devenu fou
Vient caresser la terre nue.
Et là, tout au fond,
Coule la rivière primitive,
Celle des origines,
Dans laquelle on se perd
Quand renaît le désir.
23:38 | Lien permanent | Commentaires (0)
04/11/2022
Nocturne
D’un arbre à l’autre, l’œil erre avant de pénétrer dans cette grotte profonde qu’est la forêt.
Voici le dédale mystérieux où se terre notre peur.
Quelque part, enfouie sous les herbes, une stèle parle de morts inconnus.
A l’horizon, le couchant rougeoyant de sang dit la fin des mondes.
Puis lentement vient la nuit, qui n’est qu’absence.
C’est le grand silence des origines.
Face à la lune, au-dessus de l’étang, passe l’ombre obscure d'un oiseau.
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17/10/2022
Dernier livre paru (01.09.22)
Quitter son petit village des Cévennes pour partir à la guerre, c’est dur quand on a vingt ans et qu’on laisse derrière soi celle que l’on aime. Mais se retrouver amnésique en 1918 et ne même plus savoir qui on est, c’est tout simplement dramatique. Guidé par le vague souvenir de son premier amour, qu’il suivra comme un fragile fil d’Ariane, le héros parviendra-t-il à se reconstruire et à retrouver les siens ? Sans compter que depuis son départ, bien des événements se sont produits…
https://www.editionsdouro.fr/boutique/Perte-de-memoire-p475062501
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25/09/2022
Le loup
Cela faisait trois heures qu’il marchait dans la neige, le fusil en bandoulière. Tout était blanc : les arbres, les prairies, les collines, tout. Les chemins eux-mêmes avaient disparu sous une bonne vingtaine de centimètres de poudreuse. L’homme marchait sans trop savoir où il allait. Le soir allait pourtant bientôt tomber et il était grand temps de retrouver le village. La seule solution était de retourner sur ses pas et de suivre ses traces. Il longea le bois de sapins où il avait déjà fait une courte halte dans l’après-midi. Il était épuisé et s’arrêta de nouveau. Cinq minutes, pas davantage, le temps était compté. Appuyé contre le tronc d’un arbre, le souffle court, il essayait de retrouver son calme. Allons, il allait y arriver. Avant la nuit il serait dans sa maison devant un bon feu. Il se remit en marche, un peu rassuré. C’est alors qu’il le vit. Là, dans une allée forestière, un grand loup gris le regardait, immobile. Instinctivement, l’homme arma son fusil, mais l’animal ne bougea pas. Au contraire, il continua à le fixer attentivement. Mieux valait partir au plus vite. Mais dans cette neige épaisse, la progression était difficile. Après cinq cents mètres, il n’en pouvait déjà plus. Il se retourna et vit le loup qui était sorti de la forêt et qui continuait à l’observer. Pas d’autre solution que de continuer !
L’homme marcha ainsi pendant une bonne heure, suivant toujours ses pas bien visibles dans la neige. De temps en temps, il se retournait. L’animal était toujours là. Il suivait à une bonne distance, certes, mais il était là.
Arrivé au sommet d’une colline, le village apparut enfin. Il n’y avait plus qu’à descendre en coupant à travers tout. Voilà, la maison était en vue ! C’était la première de toute, une petite bâtisse en pierre de schiste qui avait au moins deux siècles, mais qui avait résisté aux étés brulants, aux automnes venteux, ainsi qu’aux hivers sibériens que connaît la région. L’homme ouvrit la porte avec soulagement. Sur le seuil, il secoua ses chaussures, car la neige collait aux semelles, puis pénétra à l’intérieur. Il ôta sa veste et alla remettre quelques buches sur les braises qui rougeoyaient encore dans l’âtre. Très vite, de belles flammes s’élevèrent, éclairant toute la pièce de lueurs changeantes. Qu’on était bien au chaud ! L’homme se servit un grand verre de vin et se dirigea vers un fauteuil. En passant devant la fenêtre, distraitement, il regarda à l’extérieur. Le loup était là, au fond du jardin, et le regardait fixement.
Alors il prit son fusil et ouvrit lentement la porte. Mais sans qu’il sache pourquoi, ses mains se mirent à trembler dès qu’il visa la bête, qui était toujours là, immobile. Le coup partit et manqua son but. Alors, sans se presser, l’animal opéra un demi-tour, mais avant de disparaître il se retourna encore une fois avec un regard insistant.
Les jours suivants, la neige continua de tomber. C’était une véritable tempête. Il y eut bientôt plus de cinquante centimètres de cette poudre blanche, que le vent emportait et chassait contre les bâtiments, formant d’énormes congères. Chaque fois que l’homme allait à la fenêtre pour contempler ce spectacle, il croisait le regard du loup, qui attendait patiemment.
Puis un jour, il disparut. L’homme ressentit comme un manque au plus profond de lui. Ce loup qui le guettait comme le destin, il s’était habitué à sa présence. Ne plus le voir était finalement inquiétant. En effet, chacun préfère voir le danger en face plutôt que de se demander d’où un mauvais coup peut survenir.
Les semaines passèrent et le printemps revint. Les cerisiers étaient en fleurs et les jonquilles parsemaient les prés. Un beau matin, l’homme se mit en devoir de bêcher son potager. Le soleil était déjà chaud et un petit vent doux provenant des collines rendait la température agréable. Vers midi, un bon tiers de la terre était déjà retournée et ratissée. L’homme s’appuya sur sa bêche pour souffler un instant, mais sentant une présence derrière lui, il se retourna. Le loup était là, assis sur son arrière-train, qui le regardait attentivement. Une vingtaine de mètres à peine les séparait. Que faire ? Aucune arme à portée de la main, à part une bêche. C’était mieux que rien. L’homme s’en empara et, en faisant un grand détour, contourna le loup pour se rendre dans sa maison, dont il referma soigneusement la porte. Il prit le fusil, le chargea, ouvrit la fenêtre, et contempla le loup qui l’avait suivi et qui s’était couché là-bas près de la grange. Viser et tirer eût été facile, mais sans qu’il sût pourquoi, l’homme n’en eut pas envie. Il regarda l’animal sauvage et reposa le fusil. C’était comme si un lien invisible les unissait.
Les jours suivants, le loup rodait toujours dans les parages. Tantôt dans une des prairies jouxtant la maison, tantôt près des écuries, ou encore au coin du fenil. L’homme s’était habitué à sa présence et chaque fois qu’il relevait la tête de son travail, il croisait le regard du loup, qui le fixait toujours intensément. Que signifiait ce regard ? On n’y lisait pas l’amitié comme dans les yeux des chiens. Non, c’était quelque chose d’inquiétant et en même temps de familier. Cette bête semblait guetter sa proie, mais ne se pressait pas, comme si le temps n’était pas encore venu de passer à l’action.
C’était maintenant l’été et le temps des moissons. Avec une faux, l’homme coupait les beaux épis dorés, qu’il rassemblait ensuite en d’imposantes gerbes. A l’extrémité du champ, couché dans l’herbe du chemin, le loup attendait, ne quittant pas l’homme du regard un seul instant. Celui-ci ne faisait même plus attention à sa présence. Il savait qu’il n‘avait rien à craindre tant que l’heure ne serait pas venue.
A l’équinoxe d’automne, il y eut de grandes tempêtes, qui emportèrent une partie du toit de la grange. Il fallut réparer. Assis sur la grande poutre maîtresse, au sommet du bâtiment, l’homme chercha le loup du regard, mais ne le vit pas. Il eut beau scruter tous les alentours, du corps de logis aux écuries, en passant par le potager et les champs, non, rien à faire, pas la moindre trace du loup. Un vide immense s’empara de lui. Inconsciemment, il savait qu’il ne reverrait plus l’animal avant la rencontre finale. Et impossible de savoir quand celle-ci aurait lieu.
Trois ans se passèrent sans incident. Un jour d’hiver, n’ayant rien à faire, l’homme partit se promener. Malheureusement, alors qu’il était très éloigné du village, la neige se mit soudain à tomber en abondance. En moins d’une heure, elle avait tout recouvert et on n‘y voyait pas à dix mètres. Désorienté, l’homme décida de s’abriter dans un petit bois de pins, afin d’attendre la fin de la tempête. Il s’assit contre un arbre et se mit à réfléchir à sa vie, à tout ce qu’il avait accompli, mais aussi à tous les rêves qu’il n’avait jamais réalisés. Quand il releva la tête, il sursauta. Le loup était là, à un mètre de lui. L’heure était venue.
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09/04/2022
L'enfance est comme un grand soleil
L’enfance est comme un grand soleil qui luit à l’aube de l’humanité
Elle est la source vive au milieu des jardins d’été
Elle est l’innocence naïve qui croit aux contes d’un autre temps
Des contes étranges où des loups menaçants
Terrorisent nos âmes devenues mortelles.
L’enfance, ce sont des jeux éperdus dans les champs de l’éternité
Des courses sans fin jusqu’aux rivages de la mer
Là où tout a commencé un jour, il y a très longtemps
A l’aube de l’humanité.
L’enfance se sont des pleurs
Quand une blessure trop vive a touché l’âme
Et qu’il pleut infiniment sur la lande monotone
Et qu’il pleure sur la mer grise jusqu’à l’autre bout du monde
L’enfance se sont des espoirs éperdus
Et des rires comme des cristaux de neige
Dans la blancheur immaculée du temps
L’enfance ce sont des souvenirs qu’on oublie
Et puis qui disparaissent petit à petit
Comme l’herbe qui se fane à la fin de l’été
Quand s’évanouit le soleil derrière des horizons pourpres.
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Temps de guerre
01:41 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : litterature
24/03/2022
L'attente
Sur une page blanche, écris le silence et le noir de la nuit,
Ecris tes attentes et tous tes espoirs.
Prends tout ton temps, surtout ne te presse pas.
Puis, sans te retourner,
Dépose la page devant ta porte.
Le vent l’emportera vers le grand inconnu,
Au-delà des forêts et des rivières,
Au-delà des montagnes et de l’océan des rêves.
Un enfant peut-être la trouvera
Et en fera un avion de papier.
Tes mots alors s’envoleront plus loin encore,
Fragile message que personne n’aura lu.
Ou bien un homme ramassera cette pauvre feuille.
Il la lira sans rien comprendre
Et la jettera à ses pieds,
Comme une chose morte et inutile.
Mais si une femme la découvre
Et qu’elle entend ton silence,
Ton grand silence au cœur de la nuit noire,
Elle saura que tu l’attends,
Que tu l’attends quelque part,
Au-delà de l’océan des rêves.
22:02 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
08/02/2022
Nocturne breton
Tout au bout de la route, tout au bout de la nuit, surgissait la mer.
La mer et son éternelle rumeur,
Celle qui déjà berçait notre enfance
Lors de séjours solaires au milieu des mois d’août.
Dans l’obscurité, on l’entend mugir au pied des falaises,
Longue plainte éternellement recommencée,
Ultime combat des éléments.
Des vagues déferlantes engloutissent nos rêves
Et il ne reste plus dans le ressac
Que quelques souvenirs éparpillés.
Sur les landes désertes,
Quand luit la lune bleue,
Tout s’immobilise
Dans le grand silence de la mort.
Et dans les brumes d’hiver,
Quand tout a disparu,
Gémit la corne de brume
D’un phare agonisant.
Plus loin, à l’entrée du village fantôme,
Jouxtant la petite église de granit,
Se dressent désespérément
Les croix de pierre de tous ceux qui ont été
Et qui ne sont plus.
01:19 | Lien permanent | Commentaires (2)
27/12/2021
Rêverie marine
Tout au bout de la route, tout au bout de la nuit, surgissait la mer.
La mer et son éternelle rumeur,
Celle qui déjà berçait notre enfance
Lors de séjours solaires au milieu des mois d’août.
Dans l’obscurité, elle mugit au pied des falaises,
Longue plainte éternellement recommencée,
Ultime combat,
Rage désespérée,
Menace incontrôlée.
Mais au matin, dans l’infini des sables,
La mer s’est retirée
Jusqu’à la limite du ciel.
Il ne reste que des rêves humides
Et le désir d’horizons disparus.
Il ne reste que l’image d’un visage
Qui s’estompe peu à peu comme les barques des marins.
22:21 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
15/10/2021
Souvenir nocturne
Ma demeure se trouve de l’autre côté de la nuit
Dans le mystère de l’amour et des passions
Là où les corps se rapprochent dangereusement
Dans des luttes incroyablement nues.
Les heures ont commencé leur compte à rebours
Et dans mon âme c’est la décrue infinie,
Le ressac de la mer qui se retire
Laissant un goût amer aux baisers des amants illégitimes.
Reste la mémoire de ces jeux interdits,
L’obscurité complice dissimulant les désirs
Et puis, au petit matin, dans la brume infinie de l’hiver,
Un au revoir frileux sur un parking inconnu.
Tu t’en es allée comme tu étais venue,
Toi et tes yeux indécis,
Flammes ardentes de la révolte.
Tu t’en es allée vers le grand silence des souvenirs.
00:20 | Lien permanent | Commentaires (0)
04/09/2021
Page blanche
On hésite toujours à écrire certains mots au bord de la page,
Des mots qui diraient la vie et la mort,
Et puis le grand calme de la nature, le soir,
Quand s’éteint le soleil derrière une rivière pourpre.
On hésite à dire les amours d’autrefois,
Les amours adolescentes,
Quand les corps nus et chauds
Se découvraient différents dans la paille jaune d’une grange ancestrale.
On hésite à se souvenir de ceux qui ont disparu,
Ceux qui un jour avaient compté,
Puis qu’on a oubliés,
Improbables fantômes dans la nuit de nos songes.
On hésite à décrire la peau tendre et parfumée,
La peau sauvage et nue
D’une fille aux cheveux noirs et au regard de feu
Qu’on allait immoler sur l’autel de l’amour.
Oui, on hésite à écrire le livre de la mémoire,
Le livre qui dirait nos songes et nos espoirs.
Alors on reste au bord de la page,
Rêvant à des amours fantômes le long des rivières pourpres.
02:01 Publié dans Littérature, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature