28/03/2014
Ukraine (4)
Tout va pour le mieux en Ukraine. Deux ministres ont démissionné, un leader d’extrême-droite a été assassiné (vengeance entre clans rivaux, lutte pour le pouvoir, ou action discrète de la CIA qui veut se débarrasser de ceux qui ne lui sont plus utiles ?) et l’Etat s’est endetté à concurrence de 18 milliards auprès du FMI. La Crimée est perdue à jamais et pour décourager les russophones de l’Est de demander à leur tour leur rattachement à la Russie, le gouvernement aurait fait appel à la société privée paramilitaire Blackwater (information à vérifier), qui a déjà fait ses preuve sen Irak.
A Bruxelles, les moutons européens ont applaudi debout le discours d’Obama, lequel leur a expliqué que la sécurité en Europe est menacée (la faute à qui ?) mais qu’il est là pour les protéger (comme ses prédécesseurs en 1918 et en 1944). Il leur suggère de venir renforcer la présence militaire sur le vieux continent (avions de chasse, bouclier antimissiles, etc.) et félicite en passant les Etats comme la Pologne qui se sont engagés à payer de leurs deniers une grosse partie de cette protection. Bref, il joue sur la peur qu’inspire la Russie pour vendre sa camelote militaire (pendant que Fabius suggère de son côté de ne pas fournir à Moscou les bateaux de guerre commandés à la France, même si celle-ci doit y perdre deux milliards d’euros).
Obama suggère aussi des sanctions économiques contre cette Russie. L’Europe y perdrait évidemment beaucoup plus que les USA, puisque de nombreux contrats commerciaux la lient à son grand voisin, sans parler de son approvisionnement en gaz qui risque d’être compromis. Mais il ne faut pas s’inquiéter : Obama est disposé à vendre à l’Europe le gaz que l’Europe n’achètera plus aux Russes. Bref, il demande à ses alliés de l’aider à affaiblir la Russie, tout en profitant de l’occasion pour leur vendre des armes et du gaz. Qui est le dindon de la farce dans tout cela ? A vous de répondre.
00:05 Publié dans Actualité et société | Lien permanent | Commentaires (9)
Commentaires
Mortifère politique ! J'en connais un qui évoque un dindon au gouvernement, un dindon autant farceur que farci. On ne sait pas s'il fait exprès par cynisme ou s'il est puceau à certains points de vue.
Écrit par : Taupe | 28/03/2014
Dindon de la farce, mais personne ne rit de cette farce :((
Écrit par : Feuilly | 28/03/2014
Barack Obama est d'autant plus disposé à vendre armes et gaz à l'Europe qu'il était question à ce sommet États-Unis - Europe, d'annoncer l'accélération de la mise en route de l'accord de libre-échange transatlantique. Il y a une semaine, Bruxelles et Washington se disaient prêts à supprimer d'ici la fin de l'année leurs droits de douane réciproques.
Curieusement, tout ce beau monde est resté prudent, peut-être à cause de la mobilisation des opinions de part et d'autre de l'Atlantique, et de la proximité des élections européennes :)
Écrit par : Michèle | 29/03/2014
@ Michèle : merci de rappeler cet accord de libre-échange, aux effets plus que néfastes et dont on ne parle pas assez.
Écrit par : Feuilly | 29/03/2014
Chaque jour, de nouveaux représentants des citoyens découvrent les faces cachées du projet, qui touchera 800 millions de "consommateurs", 50% de la production mondiale et 30% du commerce international.
Ainsi ce mois-ci, le Syndicat européen des étudiants a dénoncé le fait que les groupes privés pourraient vendre leurs "services éducatifs", et surtout voir leurs diplômes reconnus.
L'un des points les plus contestés du partenariat transatlantique (TTIP), c'est le mécanisme de règlement des différends. Il permet aux multinationales de contester les décisions politiques des États. C'est-à-dire que le différend n'est pas tranché par une juridiction nationale, mais par des tribunaux internationaux de droit privé.
La Commission européenne a décidé d'organiser une consultation publique.
Washington, obligé de prendre acte de la mobilisation citoyenne, ne peut s'empêcher de renâcler (et pour cause, l'enjeu n'est pas qu'économique, il est hautement stratégique).
Le représentant des États-Unis au Commerce, Michael Froman, fait valoir que ce mécanisme (de règlement des différends) existe dans "3300 accords d'investissements dans le monde".
Précisons ce qu'en sont les conséquences :
- En vertu d'un accord bilatéral d'investissements entre la Grèce et la Slovaquie, la banque Postava, originaire de Slovaquie, poursuit Athènes. L'établissement financier veut être indemnisé pour l'annulation d'une partie de la dette.
- Des fonds d'investissements ont fait condamner l'Espagne pour avoir réduit les subventions aux énergies renouvelables.
On trouve d'autres cas similaires au Canada, en Australie ou en Amérique latine.
Écrit par : Michèle | 30/03/2014
@ Michèle : il me faudrait bien faire un article sur ce partenariat transatlantique, mais cela me fait tellement horreur, cette histoire, que je ne trouve pas mes mots.
Écrit par : Feuilly | 30/03/2014
L'affaire a commencé en 1990, avec (après) la chute de l'Union soviétique
http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/derriere-le-pacte-de-croissance-de-118689
Écrit par : Michèle | 31/03/2014
En français, le nom est "Partenariat transatlantique pour le commerce et l'investissement" (PTIC)
En écrivant le sigle TTIP dans mon commentaire j'ai utilisé le nom anglais "Transatlantic trade and investment partnership" et je n'aurais pas dû tout simplement parce que cela cautionne l'attitude des dirigeants européens qui ont fait écrire ce texte uniquement en anglais et l'ont classé "diffusion restreinte".
Des parlementaires ont pris l'initiative de le faire traduire et connaître. Nous les élisons pour cela.
Écrit par : Michèle | 31/03/2014
@ Michèle : merci pour ce lien. Une connaissance m'avait déjà transmis de nombreux liens sur ce thème. Ce qu'on y lit est tout simplement effrayant. Quant à la croissance perpétuelle, laissez-moi rire... Il faudrait plutôt réfléchir à une autre manière de consommer.
Écrit par : Feuilly | 31/03/2014
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