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16/04/2014

Echouement

Je contemple seul les draps blancs qui ondulent

Comme une mer infiniment triste et sans horizon.

Tu es partie vers un ailleurs inaccessible,

Vers des forêts de songes où je n’ai pas accès.

Tu as emprunté des chemins de moi inconnus

Et je t’ai perdue au premier embranchement.

Ces draps où tu ne dors plus

Ne servent qu’à transformer en blancs fantômes

Mes rêves et mes désirs évanouis.

 

Littérature

15:19 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : littérature

Commentaires

Nous ne sommes que de la mémoire, nous ressemblons en cela au "Telone", au linceul, porteur de traces en partie visibles, en partie cryptées, de faits qui sont assurément advenus, mais dont le secret nous échappe, dont l'évidence nous confond.

Écrit par : Michèle | 17/04/2014

C'est quoi ce "Telone" ?

Écrit par : Feuilly | 17/04/2014

Triste échouement ( j' aime ce mot.. ) dans les sables du lit..

Et beau commentaire de Michèle, je trouve :)

Écrit par : agnès | 17/04/2014

@ Agnès : Echouement, qui phonétiquement et dans notre imaginaire renvoie à "échec" ("il a échoué à ses examens") ne doit pas être confondu avec "échouage" qui serait plutôt l'acte volontaire de mettre un bateau en cale sèche sur le sable (ou bien encore le lieu où les navires viennent habituellement s'échouer).

Il y a aussi dans "échouement" l'idée de ne plus pouvoir aller plus loin, de s'immobiliser, de se coucher sur le sable, ce qui allait bien avec l'idée du lit. Lit où ne reste qu'un seul des amants, échoué lui aussi dans les sables mouvants de ses souvenirs.

Écrit par : Feuilly | 17/04/2014

Le Telone, c'est la relique, le "Saint-Suaire de Turin", car tes draps blancs m'ont aussitôt fait penser à un linceul.

Et oui Agnès ce sont de très belles lignes, que j'ai laissées seules pour rendre la lecture claire.
J'en donne ici la provenance (j'eusse aimé qu'elle fût de moi :)

C'est à la page 189 du roman de François Taillandier "Le cas Gentile" (Stock, 2001)

Écrit par : Michèle | 17/04/2014

A mon tour de saluer le beau commentaire d'Agnès, ça ne m'étonne pas cet "échouement dans les sables du lit".
Quand on lit Agnès, ce qui habite sa poésie, on touche au secret et à l'évidence.

Je parle de vous à la 3e personne comme si vous n'étiez pas là Agnès, mais vous êtes là et bien là.

Écrit par : Michèle | 17/04/2014

@ Michèle : J'ai associé la blancheur des draps aux fantômes, mais j'avais failli parler du linceul de l'amour :))

Pour le reste, j'écoute mes deux lectrices se congratuler mutuellement. Elles ont raison, les commentaires réhaussent souvent le texte initial.

Écrit par : Feuilly | 17/04/2014

Ce qui est curieux, entre autres, c'est l'image des draps blancs qui s'imposent. A l'heure où les housses de couette fleurissent en couleurs, bicolores, imprimées, en flanelle ou en percale... Non, dans un poème, tu reviens au drap blanc (comme le linceul, mais aussi comme la page blanche où s'écrira... Le poème de l'absence).

Me fait plus penser à la mort de l'amante qu'à un départ vers une autre vie auquel cas, les draps blancs deviennent le linceul dans lequel (ne s'endort pas) l'amant abandonné...

Écrit par : Pivoine | 20/04/2014

@ Pivoine : La couette nordique imposée avec succès par Ikea ne peut quand même pas remplacer 1.000 ans de culture sur l'art de dormir.
La mort de l'amante ? Comme dans le Lac de Lamartine : on ne sait pas si la jeune femme dont il parle est décédée ou si elle l'a quitté.

Écrit par : Feuilly | 20/04/2014

Le rêve de la plupart des prisonniers, écrivains en particulier, est de retrouver la liberté mais aussi de dormir dans des draps blancs. Est-ce une manière de penser aux ''rêves et désirs évanouis''? Ce n'est pas anodin!

Écrit par : Halagu | 21/04/2014

Tiens, curieux. Verlaine, emprisonné à Mons après avoir tiré sur Rimbaud à Bruxelles parlait plutôt du ciel :


http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/paul_verlaine/le_ciel_est_par_dessus_le_toit.html

Écrit par : Feuilly | 21/04/2014

Pas étonnant, dans une prison, qu'est-ce qu'il y a d'agréable à regarder, hormis le ciel ?

C'est un peu comme à l'école, voilà la raison pour laquelle les élèves rêveurs aiment bien se mettre près de la fenêtre (en été) ou du radiateur (en hiver)...

Écrit par : Pivoine | 21/04/2014

@ Pivoine : là ce n'est plus Verlaine, mais Prévert et son "cancre".

Écrit par : Feuilly | 22/04/2014

Les commentaires sont fermés.