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12/10/2013

La plus grande bibliothèque du monde

Que rêver de plus qu’un pouvoir politique, un chef d’Etat, qui déciderait de rassembler en un seul lieu le plus de livres possible ? Et pas seulement les livres de sa nation, écrits dans sa langue, mais tous les livres du monde ? Et pour que ces livres étrangers puissent être compris par tous, il prendrait l’initiative de les faire traduire par des spécialistes éminents… Le centre culturel ainsi créé, cette immense bibliothèque, servirait à la culture, mais elle servirait aussi au rayonnement intellectuel de la nation qui en aurait pris l’initiative et donc indirectement à la gloire du chef de l’Etat qui en aurait eu l’idée.

Oui, me direz-vous, mais ce n’est là qu’un rêve. On n’a jamais vu un politicien s’intéresser à ce point à la culture. Un politicien, non, mais un homme d’Etat, oui. Et vous n’allez pas le croire, mais cet homme d'Etat existe. Ou plus exactement, il a existé. Il s’appelait Ptolémée I et fut à la base, en -288 avant JC,  de la bibliothèque d’Alexandrie.

Pour rappel, Ptolémée est un des généraux d’Alexandre le Grand. A la mort de celui-ci, son empire fut partagé et Ptolémée obtint l’Egypte, où il fonda la dernière dynastie des Pharaons (qui n’étaient donc plus égyptiens, mais grecs, y compris la dernière d’entre eux, Cléopâtre, qui se suicida dans les circonstances que l’on sait). Son dessein était de faire de sa capitale, Alexandrie, le centre du monde hellénistique et donc de concurrencer Athènes.

Sous Ptolémée II, le nombre de livres aurait déjà atteint 500.000 volumes. Des savants venus de tout le monde méditerranéen se pressaient là. Certains venaient pour étudier, d’autres pour traduire. Car il avait été décidé de traduire tous les livres en grec, ce qui représentait un travail colossal. C’est notamment là que fut traduit en grec le Pentateuque hébreu, qui donna naissance à a version dite des Septante (car selon la légende, six représentants de chacune des 12 tribus juives s’étaient réunis pour ce travail).

Mais bientôt, la bibliothèque d’Alexandrie fut concurrencée par celle de Pergame, en Asie mineure (la Turquie actuelle, donc). Elle connut des heures sombres sous Ptolémée VIII Évergète, qui expulsa les savants d'Alexandrie et nomma un militaire comme bibliothécaire ! Il fallut la chute d’Athènes, conquise par les Romains en 86 avant J-C pour qu’Alexandrie retrouvât la place qui était la sienne dans le monde de la culture.

Tout cela jusqu’à ce fameux incendie qui a tout détruit. Imaginez quelle catastrophe ! Tous ces livres de l’Antiquité, venus des quatre coins du monde civilisé de l‘époque, irrémédiablement détruits ! Quelle perte pour l’humanité ! Combien d’auteurs latins et grecs ne nous sont connus que par les citations que d’autres auteurs ont faites de leurs œuvres. Et même parmi  les plus célèbres, nous n’avons souvent conservé qu’un ou deux ouvrages (parfois même incomplets) sur les dizaines qu’ils ont écrits. Tout cela serait en notre possession aujourd’hui si tout n’avait pas été ravagé par les flammes.

Bref, tout cela pour dire que cet incendie de la bibliothèque d’Alexandrie m’a toujours semblé un des événements les plus noirs de l‘histoire.

Sauf, qu’en y regardant d’un peu plus près, je me suis aperçu que la réalité était plus complexe.

D’abord, il faut savoir qu’aucune trace ni aucun vestige de cette fabuleuse bibliothèque n’ont été retrouvés, ce qui ne facilite pas les choses (les restes du phare d’Alexandrie ont par contre été découverts récemment en Méditerranée). Ensuite, force est de constater que les historiens ne sont pas d’accord entre eux quant à la date de la destruction.

Certains situent l’incendie un peu après la bataille de Pharsale (en – 48 avant JC) qui opposa César et Pompée. César avait remporté la victoire (comme toujours) et le Pharaon Ptolémée XIII, qui avait malencontreusement soutenu Pompée, mais qui était très opportuniste, avait aussitôt fait assassiner ce dernier pour plaire au vainqueur. Malheureusement pour lui, César s’éprit de sa sœur Cléopâtre VII (elle était à la fois sa sœur et son épouse et partageait le pouvoir avec lui). Dans le conflit qui opposa ensuite le frère et la soeur, César prit évidemment le parti de cette dernière. Il s’ensuivit une guerre et en – 47, César incendia la flotte d'Alexandrie, pour asseoir son autorité. Le feu se serait alors propagé aux entrepôts et aurait détruit une partie de la bibliothèque. On estime généralement la perte entre 40 000 et 70 000 rouleaux. Rien ne prouve cependant que la bibliothèque ait été détruite à ce moment-là. Certains pensent que ce sont plutôt des copies conservées dans un entrepôt, à l’extérieur de la bibliothèque, qui sont alors parties en fumée.

Plus tard, on assista à des conflits entre le pouvoir romain païen et les adeptes du christianisme. Mais une fois que Constantin eut fait de ce christianisme la religion officielle, on se mit à détruire les anciens temples païens (voir L’Edit de Théodose en 391). La bibliothèque d'Alexandrie, avec les œuvres antiques qu’elle contenait, aurait pu disparaître à ce moment-là. En effet, on n’a jamais vu une religion ne pas détruire les textes de la religion qui l’a précédée.

Enfin, plus tard vint la conquête arabe. Un historien arabe du XII° siècle prétend qu’en 642 le calife Omar aurait donné l'ordre de détruire la bibliothèque. Cela n’aurait rien d’extraordinaire non plus, mais on n’a finalement aucune preuve de ces événements. Peut-on faire confiance à quelqu’un qui écrit 500 ans après les faits et qui semble être le seul à mentionner cet incendie ? Il est vrai qu’un autre historien arabe, du XIII° siècle celui-là, parle bien de la destruction d’une bibliothèque par le calife Omar, mais il la situe en Irak...

« Que sont devenues les sciences des Perses dont les écrits, à l’époque de la conquête, furent anéantis par ordre d’Omar ? Où sont les sciences des Chaldéens, des Assyriens, des habitants de Babylone ? […] Où sont les sciences qui, plus anciennement, ont régné chez les Coptes ? »

En 868, ce sont les Turcs qui envahissent l’Égypte. Ils saccagèrent notamment Alexandrie et on peut penser que ce qui restait encore de la fameuse bibliothèque (pour autant qu’il en restât encore quelque chose) fut détruit à ce moment-là.

Bref, de tout ceci il faut retenir qu’il n’y aurait peut-être pas eu un incendie unique, qui aurait ravagé la bibliothèque en une fois, mais plusieurs destructions successives. L’histoire qui m’avait tant  épouvanté, ces millions de livres détruits en un seul jour, n’aurait donc été qu’un mythe

 

Notons qu’une bibliothèque moderne (Bibliotheca alexandrina) a été fondée en 1995 suite à un partenariat entre l’Egypte et l’Unesco. Elle est supposée, à terme, contenir cinq millions d’ouvrages. La Bibliothèque nationale de France lui a d’ailleurs donné 500 000 livres en 2010. Mais comme l’histoire se répète sans fin, en août 2013, des partisans du président Morsi, qui venait d’être destitué par l’armée, s’en sont pris à la  toute nouvelle Bibliotheca alexandrina. En février 2011, en plein cœur du Printemps arabe, elle avait déjà dû être protégée des vandales et des pillards par les membres du personnel et par de jeunes manifestants qui avaient compris que l’accession à la liberté ne passe jamais par la destruction des livres. 


Une des plus anciennes éditions de l'Odyssée

Chant X, v. 418-482. Dernier quart du IIIe siècle av. J.-C..

Rouleau de papyrus, découvert à Ghoran (Égypte) en 1900, 

bibliothèque d'alexandrie

Commentaires

Et le pillage du Musée national de Bagdad et d'autres musées nationaux irakiens en 2003 ? L'incendie de la Bibliothèque nationale ?

Folie des guerres, mais surtout vastes entreprises de spoliation par les marchands de tous poils...

Écrit par : Michèle | 12/10/2013

Tout à fait, cela continue. Détruire la culture des autres semble être une priorité.

Écrit par : Feuilly | 12/10/2013

Notre Ptolémée à nous s' appelle François Mitterrand :)
Et quoiqu' on en dise, il fut quand même le seul chef d' état lettré de ces dernières décennies..

Écrit par : agnès | 12/10/2013

Il ne reste presque plus rien des écrits des savants et philosophes grecs hormis Platon et Aristote et peut-être encore quelques autres. Des fragments d'Héraclite, d'Anaximandre, quelques livres d'Epicure alors qu'il en avait écrit des dizaines, etc...
A cela s'ajoutent le travail de traduction à travers le temps, les guerres, les erreurs liées à la fatigue, à la méconnaissance de la langue-source, les nouvelles pertes, les raccords d'un texte avec un autre, une intention malsaine de faire dire absolument ce qui n'est pas dit, etc., aussi des troubles de toutes sortes, les hérésies, les autodafés, l'Enfer des bibliothèques où ont été enterrés des milliers d'ouvrages, retrouvés puis reperdus, défigurés et reconfigurés...
Mais je ne pense pas que cela soit nécessairement affligeant : l'histoire culturelle est une construction qui tient parfois du bricolage, de la réinvention et qui nous condamne à ne jamais savoir ce q'un tel "a vraiment dit". La place est donc aux interprétations, à une herméneutique fondée mais toujours incertaine. Comme nos vies, nos passages, notre paix.

Écrit par : cléanthe | 12/10/2013

...ce qui ne veut pas dire que je me réjouis de la destruction d'une bibliothèque, bien sûr...

Écrit par : cléanthe | 12/10/2013

@ Agnès : c'est un fait que Mitterrand connaissait mieux la littérature que Sarkozy, qui se souvenait vaguement d'un extrait de la Princesse de Clèves lu au lycée :))

@ Cléanthe : tout ce que vous dites est juste. On réinterprète sans cesse ce qui a été écrit avant nous, on le déforme pour le faire coller avec notre réalité et c'est sans doute une nécessité, à un certain moment, de faire table rase des écrits du passé. Mais quelle perte quand même car c'est par la transmission d'un certain savoir que l'humanité a progressé. Et j'ai quand même été horrifié quand j'ai vu que les barbares américains, avec leur culture marchande de boutiquiers, laissaient piller les musées de Bagdad. C'était une manière facile de nier l'origine ancestrale du peuple irakien qu'ils venaient asservir à leurs besoins mercantiles.

Écrit par : Feuilly | 13/10/2013

Les musées n'étaient pas protégés, mais bien le ministère des affaires pétrolières.

Écrit par : cléanthe | 13/10/2013

Les musées n'étaient pas protégés. Mais dès les premières heures de l'occupation, les G.I.s étaient sur les toits du ministères des affaires pétrolières.

Écrit par : cléanthe | 13/10/2013

Oui, absolument, ce qui veut bien dire pourquoi ils étaient là.

Écrit par : Feuilly | 13/10/2013

La culture à toujours été un privilège, réservée, encore au XXième siècle à l'élite, pour laquelle nous restons des pions.
Je reste persuadée que la crise financière dans laquelle nous baignons était prévue, mais nous devions rivaliser accès les autres puissances, le résultat, nous ne le connaissons que trop.

Changer les mentalités de chacun, et ce depuis l'école primaire, bien d'accord avec vous. Je l'ai toujours pensé, mais le Savoir est devenu un résumé de connaissances, vive le web quand il est utilisé de mauvaise aloi.

Les livres résisteront tant que des puristes se battront. (et cela abîme moins la rétine que la toile.).. Je parle en connaissance de causes, hélas , voilà pourquoi je peux beaucoup moins lire et par extension, écrire...


Valerie

Écrit par : Valérie Bergmann | 16/10/2013

@ Valérie Bergman :
La culture en soi, n’est pas réservée, tout le monde devrait y avoir accès, mais dans les faits il est indéniable qu’elle semble l’apanage de la classe dirigeante, qui met consciemment ou inconsciemment en œuvre des stratégie pour en limiter l’accès.
D’où l’importance de l’école. Mais parviendra-t-elle encore longtemps à jouer ce rôle , La crise financière, en effet, en arrange plus d’un. Le but à terme est de privatiser l’enseignement, comme cela les classes aisées seront les seules à pouvoir offrir à leurs enfants des filières intéressantes sur le marché du travail.
...

Écrit par : Feuilly | 16/10/2013

Elevee par mon arrière grand - mère, je garde un profond attachement pour l'ancien, car le Savoir en découle. Certes, le "Je" n'incombe que moi, et pourtant chaque histoire apporte de l'eau au moulin de ceux qui cherchent à comprendre. Elle disait toujours que la vie est un éternel recommencement. Le pensez-vous?
J'ai répondu aux deux commentaires afin de "remettre le pied à l'étrier", c'est-à-dire essayer d'en faire un article correct sur mon blog. Une autre personne, peut-être une de vos connaissances, m'a adressé également un commentaire

Merci de votre coup de pouce, si c'est le cas, et sinon merci tout court.
Sachez que j'apprécie votre blog, oui je sais ne pas être la seule si je me réfère au nombre de vos commentaires... Génial ! Les petits bonheurs des autres me rendent heureuse. Sincèrement.

Valérie.

Écrit par : Valérie | 16/10/2013

@ Valérie : La vie n'est malheureusement qu'un éternel recommencement, en effet. Et la manière dont les cours d'histoire sont donnés aujourd'hui n'est pas un hasard. On dirait qu'il faut oublier le passé et que seul le paradis de la libre circulation des biens et des capitaux, si chère à l'Europe libérale, a de l'importance. Du coup, les jeunes ne comprennent pas ce qui se passe devant eux faute de comprendre l'origine des conflits actuels.

Content que vous appréciez mon blogue, qui est pourtant un peu endormi ces derniers temps. Mais la vie n'est pas toujours facile et on a parfois besoin de faire le point avec soi-même avant de continuer à s'adresser aux autres.

Écrit par : Feuilly | 16/10/2013

Tout futur est un passé à venir, voilà ce qu'il faudrait inscrire sur le fronton de toutes les maternités du monde. Mon dieu! Mon enfant !! Mon enfant!!

Écrit par : cléanthe | 16/10/2013

Une réflexion étrange que je me fais parfois, c'est de penser qu'il arrive un moment où tous les contemporains d'un événement ont disparu, même ceux qui étaient bébés à ce moment-là. Ça a l'air idiot parce qu'évident, mais pas tant que cela. Cela veut dire en effet que toute la mentalité d'une époque a disparu. Ce qui a compté pour nous tous, la culture du moment, les croyances, tout cela, il arrive un moment où tous ceux qui les ont connues sont morts et d'autres croyances et une autre culture sont venues remplacer tout cela. Par exemple, des gens sont morts à la fin du M-A et au XVI° siècle à cause de l'Inquisition alors qu'aujourd'hui ces valeurs-là, qui faisaient la base de la société de l'époque, nous semblent absolument incroyables.

Écrit par : Feuilly | 16/10/2013

Il n'y a rien d'étrange à ce que vous pensez là, Feuilly, ou alors je partage la même étrangeté...Dans le torrent des siècles, les choses les plus importantes rejoignent les plus insignifiantes ; elles s'y engloutissent pour ne plus jamais revenir.

Ce qui, parfois, me frappe, c'est l'image que je peux avoir d'un monde, de gens que j'ai connus, de la famille de mon enfance, qui avaient l'air si solides, si pleins, si ancrés dans la vie, comme si...comme si il y avait une solidité, une force inaltérable, quelque chose d'indestructible, de fort...

Tout cela s'est envolé depuis longtemps, il ne reste que des sensations, une vague mémoire, quelques photos, un vent qui souffle, un "fleuve qui s'écoule",...

Les choses les plus aimées finiront sur des brocantes, objet de marchandages ordinaires et dérisoires.

Du moins, nous aurons "vu" (à condition d'avoir porté les bonnes lunettes), chose par ailleurs que nous oublierons pour "les siècles des siècles"...

Écrit par : cléanthe | 17/10/2013

Oui, les gens autour de nous, sous notre regard d’enfant, semblaient immortels et les actes qu’ils accomplissaient semblaient plein de sens. Ils avaient en eux une force inaltérable, comme vous dites. Tous ces gens ont aujourd’hui disparu. Ils ne survivent que parce qu’ils nous ont enseigné, qui disparaîtra à son tour.

Écrit par : Feuilly | 17/10/2013

Je ne sais pas ce que vaut ce site. Je suis "tombée" dessus à propos d'autre chose. Je mets le lien et tu jugeras de l'opportunité de le laisser ou pas.

http://dailygeekshow.com/2013/10/16/lemblematique-bibliotheque-dalexandrie-a-ete-detruite-par-les-restrictions-budgetaires-et-non-par-les-flammes/

Écrit par : Michèle | 18/10/2013

Non, cet article me semble très bien. Il reprend tout ce qui s'est dit ici et ajoute une nouvelle hypothèse sur la destruction de la bibliothèque.

Écrit par : Feuilly | 18/10/2013

Mais où ont donc brûlé les écrits d'Hypatie ? ... ... Philosophe et mathématicienne...

(Très intéressant, l'article et les commentaires).

Écrit par : Pivoine | 25/10/2013

Pour ceux qui comme moi ne connaissaient pas Hypatie, il faut savoir que son père, Théon d'Alexandrie, fut dernier directeur du Musée d'Alexandrie. Il avait éduqué sa fille en l'initiant aux mathématiques et à la philosophie. Elle fut peut-être la seule femme de l’Antiquité à maîtriser les sciences exactes. Elle a dirigé l'école néoplatonicienne d'Alexandrie. Elle mourra assaillie en pleine rue et mise en pièces par la populace chrétienne d'Alexandrie, qui lui reprochait d'empêcher la réconciliation entre le préfet Oreste et le patriarche Cyrille.

Merci, Pivoine, pour nous avoir parlé de cette Hypatie, qui a bien sa place dans cet article.

Écrit par : Feuilly | 27/10/2013

Oui... Ecoute, j'ai lu récemment un ouvrage (faut que je retrouve le nom de l'auteur )... Voilà, c'est Lucien Jerphagnon. "Connais-toi toi-même… Et fais ce que tu aimes", Albin Michel. C'est un recueil de textes sur la philosophie. Il évoque Hypatie (comme Onfray dans son histoire de la philosophie). Il y a eu un film qui l'a remise à l'honneur, et je pense que Hugo Pratt s'en est inspiré pour son personnage de Hypazia dans "Fable de Venise" ... Curieux que je ne lui ai jamais consacré un article...

Écrit par : MarieFrançoise | 29/10/2013

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