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05/12/2015

"J'accuse"

La célèbre invective de Zola, reprise ici par Michel Collon, qui dénonce, mieux que je ne pourrais le faire moi-même, tout ce qui a amené les attentats de Paris et que notre presse s’est bien gardée de vous révéler, préférant vous laisser dans l’ignorance depuis quatre ans.

Pour tous ceux et toutes celles qui veulent comprendre et chercher les causes profondes et qui ne se contentent pas de réagir émotionnellement aux faits sanglants que nous venons de vivre.

Pour tous ceux et toutes celles qui ne font pas confiance à nos dirigeants quand ils disent qu’ils vont nous protéger alors qu’en réalité ils sont indirectement responsables de la situation actuelle. Et quand je dis « indirectement », je veux dire qu’ils ne sont pas les seuls responsables, mais qu’ils ont contribué à ce que ce djihadisme sanguinaire prenne de l’ampleur.

    


15/08/2014

Les guerres de l'Empire

Les hommes sont devenus fous et la planète est en guerre un peu partout. Malheureusement, quand on y regarde d’un peu plus près, on s’aperçoit que l’Occident est généralement à la base de tous ces conflits, lui qui pourtant ne fait que parler de paix, de démocratie et de droits de l’homme, lui qui par ailleurs s’était vu décerner le prix Nobel de la Paix il n’y a pas si longtemps (comme Obama, d’ailleurs).

En Libye, c’est bien l’Occident qui a attaqué, outrepassant les directives de l’ONU (lesquelles avaient été adoptées sur base de mensonges éhontés, puisque les déclarations des quelques personnes qui ont affirmé que l’armée avait bombardé 6.000 civils n’ont même pas été vérifiées et que ceux qui ont tenu ces propos se sont retrouvés comme par hasard ministres dans la nouvelle équipe dirigeante) et faisant tomber un régime en s’ingérant dans les affaires intérieures d’un pays au nom du droit humanitaire. On a vu ce que ce droit humanitaire a donné. L’Otan est responsable de la mort de plus de 70.000 citoyens suite au bombardement systématique de grandes agglomérations. De plus, depuis la chute et l’assassinat de Kadhafi, le pays est en proie à une véritable guerre civile et les ressources du pétrole ne profitent plus au bien-être général.

Les djihadistes d’Al Quaïda que la France et les USA ont soutenus et armés en Libye se sont ensuite déplacés vers l’Afrique subsaharienne, ce qui a permis à notre cher président Hollande d’aller faire la guerre au Mali, toujours pour protéger la population. L’opération qui devait durer quelques semaines s’éternise, comme celle de la Centrafrique, où nos troupes combattent comme elles peuvent et avec bien du mal ceux que nous avons armés hier en Lybie. Ces djihadistes sont vraiment du pain bénit pour l’Occident puisque nous nous en servons pour détruire les pays qui nous sont hostiles et ensuite nous prenons prétexte de leur présence dans les pays amis pour y envoyer notre armée et faire perdurer la colonisation pour le plus grand profit des sociétés multinationales. Car il faut bien comprendre que lorsque Hollande envoie nos soldats se faire tuer en Afrique, il ne le fait ni pour le bien des peuples maliens et centrafricains, ni pour le bien du peuple français. Il le fait pour faire plaisir aux sociétés privées qui vont aller exploiter les richesses naturelles présentes sur place. C’est donc bien plus grave encore qu’une guerre coloniale, puisque là au moins cela profitait aux sociétés françaises.

Mais reprenons. Après la Libye, l’Occident s’en est pris à la Syrie, avec les conséquences que l’on sait. Là aussi on a financé et armé des enragés dont on connaît aujourd’hui les exactions incroyables sur la population. Tout cela au nom des droits de l’homme et de la démocratie, bien entendu. Rappelons en passant les propos du sieur Fabius qui a affirmé à un certain moment que le front Al Nostra « faisait du bon boulot ». Du bon boulot pour qui ?

Contre toute attente, le régime de Bachar el Assad a résisté et on a demandé aux djihadistes de se retourner contre l’Irak (on avait peut-être peur qu’ils ne rentrent en Europe pour perpétrer des attentats). Ca tombait bien, l’armée américaine venait justement de quitter ce pays. Le but est évidemment d’affaiblir encore un peu plus cet Etat autrefois si puissant. L’idée de Washington est de le diviser en trois : une zone kurde autonome, une zone sunnite contrôlée par les djihadistes, avec un islam pur et dur, et enfin une zone chiite aux confins de l’Iran. Pour le pétrole, il n’y aura pas de problème, les Kurdes et les djihadistes ont trop de mercis à dire aux USA pour ne pas leur vendre l’or noir à un prix raisonnable. D’ailleurs de son côté, Israël a déjà salué la naissance d’un nouveau Kurdistan indépendant. On peut supposer que l’étape suivante consistera à soulever le Kurdistan syrien, ce qui affaiblira la Syrie dont personne n’est encore venu à bout. Comme une autre partie de cette Syrie appartiendra aux djihadistes, les anciennes frontières issues de l’époque coloniale auront volé en éclat. L’idée finale est évidemment d’avoir des Etats arabes basés sur des confessions religieuses, ce qui permettra à Israël de se définir comme un Etat exclusivement juif. Reste la question palestinienne. A Jérusalem, on rêve de vider la bande de Gaza de ses habitants (et d’annexer cette bande de terre côtière ainsi que les gisements de gaz situés en Méditerranée), lesquels iraient se réfugier dans le Sinaï égyptien, où ils fondraient avec le Hamas un autre Etat islamique. C’est ce qui était prévu du temps où les Frères musulmans étaient au pouvoir au Caire. Malheureusement pour Washington,  le peuple égyptien s’est réveillé et l’armée a pris le pouvoir.

Bref, résumons-nous. Après avoir apporté le chaos en Libye, en Tunisie, en Egypte et en Syrie, voilà que l’Occident en remet une couche en Irak. Et comme si cela ne suffisait pas, le voilà à l’œuvre en Ukraine. Le régime fasciste mis en place par l’Amérique n’hésite pas à bombarder d’autres citoyens ukrainiens. Il y a déjà 2.000 morts mais on en parle bien peu dans la presse. Pourtant utiliser l’armée pour bombarder sa propre population, n’est-ce pas ce qu’on reprochait à Bachar el Assad (lequel, lui, se battait surtout contre des djihadistes étrangers venus envahir son pays). Bref, l’Occident semble vouloir déstabiliser la planète entière pour le plus grand profit de quelques oligarques et de quelques grandes compagnies internationales. La vie et le bien-être des citoyens, on s’en moque complètement. La preuve c’est que l’Europe est obligée d’appliquer des sanctions contre Moscou au risque de faire perdre des milliards d’euros à son économie. Et de leur côté nos nouveaux amis de Kiev n’ont rien trouvé de mieux que d’interdire le transit du gaz russe sur son territoire. On peut donc supposer que les prix vont flamber en Europe cet hiver, pour le plus grand profit du groupe Suez, soit dit en passant.

Mais ce qui m’énerve encore plus, ce sont  les mensonges répandus partout et dont notre presse se fait honteusement la porte-parole. Parvenir à faire croire que les djihadistes défendent la démocratie quand ils s’en prennent au régime syrien, puis nous parler (enfin) de leurs exactions abominables quand ils s’en prennent au nouvel Etat kurde (et non quand ils ont envahi le tiers de l’Irak qui leur avait été attribué, notez-le bien en passant), cela relève quand même d’un sophisme incroyable. Et parler de la révolte du peuple ukrainien sur le Maïdan quand il s’agit en fait d’un coup d’état visant à mettre au pouvoir un oligarque milliardaire avec l’aide de troupes paramilitaires fascistes, il faut oser, quand même. 

Mais à quoi bon dire tout cela ? Cela ne changera quand même rien à la marche du monde. Sauf qu’à force de provoquer l’ours russe, Washington pourrait bien déclencher une guerre en Europe-même. Le comble c’est que l’Amérique aura encore le toupet de dire qu’elle vient nous défendre (ce qu’elle a déjà dit en 1944, alors qu’à l’époque il s’agissait d’abord d’empêcher la Russie d’étendre sa zone d’influence. Aujourd’hui il s’agit plutôt de grignoter des pans entiers de son territoire avant de l’annexer purement et simplement).

 

Ukraine (© Photo: RIA Novosti/Alexandr Maksimenko
Lire la suite: http://french.ruvr.ru/2014_08_14/Ukraine-Occident-une-lon...

syrie,irak

 

 

 

 

 

 

 

Irak (Uncredited/AP/SIPA)

Syrie, Irak

24/04/2014

Réflexion

Il est quand même curieux que la France, qui soutient ouvertement l’opposition au président Bachar el Assad (ce qui veut dire plus clairement qu’elle finance et arme des djihadistes enragés qui viennent d’Afrique du Nord ou d’Europe et qui donc n’ont rien, mais absolument rien à voir avec une « opposition syrienne») puisse accepter sans broncher que cette même « opposition » kidnappe quatre de ses journalistes. Pourtant, quand on lit notre presse, celle-ci ne fait qu’encenser l’opposition soi-disant démocratique et condamner le régime syrien.

On ne comprend d’ailleurs pas pourquoi elle ne dit pas un mot des exactions et des atrocités commises par ces fameux djihadistes que nous soutenons, mais poser la question, c’est en même temps y répondre…

Bref, notre presse fait l’éloge de tout ce qui tire sur l’armée régulière syrienne et pourtant ce n’est pas l’armée qui séquestre nos journalistes, mais cette opposition qu’elle encense tous les jours.

On pourrait admettre une erreur, mais alors nos journalistes auraient dû été libérés après quelques jours et pas après quasi une année. Il faut donc en déduire que la sympathique opposition a réclamé de l’argent et des armes en échange de la vie de ses prisonniers. Cela signifie que les amis de Monsieur Hollande (lui qui dans sa campagne électorale promettait déjà de s’en prendre à Bachar el Assad) sont bien peu sympathiques et même carrément dangereux. Cela signifie aussi qu’il ne les maîtrise pas du tout et qu’en croyant les utiliser pour servir ses intérêts (en gros, débarrasser Israël d’un voisin un peu trop puissamment armé) ce sont eux qui l’utilisent pour imposer un régime islamique au Moyen-Orient. 

On se demande ce qui va se passer quand ces sympathiques amis vont revenir dans l’Hexagone. Heureusement pour François, il ne sera certainement plus à l’Elysée, mais réfugié dans sa Corrèze profonde.

 

Syrie

19/02/2014

Etat du monde.

Ce qui m’énerve au plus haut point, dans le monde capitaliste qui est le nôtre, c’est l’hypocrisie générale. En effet, il n’y a pas un seul fait réel qui est donné pour ce qu’il est. A chaque fois, il faut présenter ce fait autrement et donc mentir à l’opinion. C’est bien la preuve que si cette opinion se rendait compte de ce qui se passait, elle désapprouverait et ferait pression sur les dirigeants pour qu’ils prennent d’autres décisions (en supposant que nos dirigeants puissent encore décider de quelque chose, ce qui n’est pas certain dans un monde ou le commerce et la finance semblent détenir tous les pouvoirs).

On nous a menti sur la Libye, en prétextant que l’affreux Kadhafi avait bombardé sa population, alors qu’on sait aujourd’hui que les déclarations qui ont été faites à l’ONU ne reposaient que sur le témoignage non vérifié de quelques opposants, lesquels se retrouvent aujourd’hui ministres dans le nouveau gouvernement. On a ensuite extirpé de l’ONU une autorisation pour empêcher le régime d’utiliser son aviation et on a outrepassé nos droits en déclarant une guerre ouverte qui a fait des milliers de morts du fait même de nos bombardements. Sans parler de Kadhafi qui a été purement et simplement éliminé. Pour arriver à nos fins, on n’a pas hésité à utiliser les troupes d’Al Quaïda que l’on combattait pourtant ailleurs. Depuis, le drapeau d’Al Quaïda flotte sur certaines villes, la charia fait partie de la constitution et on se massacre entre clans adverses.

On nous a menti sur la Tunisie, en proclamant les mérites du premier printemps arabe. Le but de cette révolution manipulée de l’extérieur n’était évidemment pas de permettre au peuple de retrouver sa liberté et sa dignité, mais de se débarrasser d’un vieux dictateur corrompu qui avait fait son temps et de mettre à sa place un pouvoir « démocratique ». Or on savait pertinemment que le parti religieux allait l’emporter lors des élections. Il s’en est suivi une tentative d’islamisation forcée de la société et un débat constitutionnel sur le droit des femmes. Il a fallu tout le bon sens du peuple tunisien (et malheureusement l’assassinat de deux opposants de gauche) pour parvenir à déjouer cette machination.

On nous a menti sur l’Egypte, où la révolte contre Moubarak a finalement permis de mettre au pouvoir les Frères musulmans. Ils allaient enfin imposer un pouvoir religieux rétrograde qui empêcherait l’Egypte de devenir un état moderne menaçant, tout en se montrant très compréhensifs sur le capitalisme et le libre-échange (ils voulaient par exemple privatiser la gestion du canal de Suez). Le peuple s’est soulevé une deuxième fois et l’armée lui a prêté main forte. Les Américains ne savent pas encore s’ils doivent regretter les Frères musulmans ou s’ils doivent applaudir à l’avènement de ce régime fort.

On nous a menti et on nous ment toujours en Syrie. La plus belle tentative de déstabilisation fut le fait d’accuser le régime de Damas d’avoir bombardé sa population au gaz sarin, ce qui aurait permis une entrée en guerre de l’Otan. Celle-ci a fort heureusement  été déjouée par la diplomatie russe.  On nous ment encore avec Genève (I et II) en faisant croire qu’on lutte pour la paix alors que derrière, le Congrès américain, lors d’un vote secret, a accepté d’armer et de financer les « rebelles » (qui n’ont plus rien de syriens ni de démocratiques puisque ce sont des étrangers qui se réclament plus ou moins tous d’Al Quaïda).

On nous ment sur le Venezuela, où on nous fait croire que des étudiants pacifiques réclament plus de démocratie. La vérité est que ces jeunes bourgeois issus des milieux aisés sont payés pour manifester et pour créer des troubles, le but ultime étant évidemment de se réapproprier les puits de pétrole que le gouvernement Chavez avait honteusement nationalisé. On parle de pénurie des denrées premières, accusant le pouvoir en place d’incompétence, mais on se garde bien de parler de l’embargo économique que les USA ont imposé à ce pays rebelle.

On nous ment sur l’Ukraine, où on présente les manifestants comme de gentils pro-européens qui s’opposent à un régime répressif (on a même vu BHL sur les barricades, du moins le jour où il n’y avait pas de danger). La vérité est que la CIA et l‘Otan financent et arment des groupes pronazis nostalgiques d’Hitler et des Waffen-SS.  On crie au scandale devant les 25 morts de cette nuit, oubliant de préciser qu’un tiers des victimes se trouve du côté des policiers et qu’il y a  manifestement des balles qui ne sont pas tirées au hasard, comme celle qui a tué un journaliste russophone. Mais plutôt que d’avouer qu’il a été tué par les manifestants, on fait semblant de pleurer devant la liberté de la presse bafouée.

On nous ment sur la Centrafrique et le Mali, où sous couvert de protéger les populations civiles des exactions des milices musulmanes (milices qu’on soutient pourtant en Syrie) on occupe le terrain militairement. Cela s’appelait autrefois du colonialisme, mais ici cela s’appelle de l’ingérence humanitaire.

Bref, si on en croit tout ce qu’on nous dit, nous sommes les bons et eux sont les méchants. Eux, ce sont tous ceux qui ne pensent pas comme nous. Le régime ukrainien parce qu’il aime les Russes (comment peut-on aimer les Russes !), Kadhafi ou Assad parce qu’ils n’aiment pas trop Israël (ce cher, si cher Israël !),  et tous parce qu’ils n’ouvrent pas leurs frontières au grand marché mondial qui profite à quelques multinationales.

On nous berne donc tous en nous mentant. On envoie nos soldats se faire tuer dans des pays qui ne nous ont rien fait, on tue et on massacre par personnes interposées (djihadistes en Syrie, pronazis en Ukraine), on finance avec notre argent des bandits et des assassins de tout poil, tout cela pour imposer le commerce mondial et complaire le Capital. 

Je vois tellement le mensonge partout que j’en viens à me demander si je ne mens pas moi-même ! Et pourtant non, j’ai bien peur d’avoir raison. 

 

Syrie, Ukraine

28/09/2013

Du mensonge d'Etat

Le 02 septembre dernier, la France a « déclassifié » un document secret défense afin de prouver la culpabilité du régime de Bachar el Assad dans l’attaque chimique qui a occasionné de nombreuses victimes dans la banlieue de Damas à la fin du mois d’août. Cette démarche visait à obtenir l’approbation des députés en vue d’une frappe militaire française contre le régime syrien.

On sait que le renversement d’Assad tient particulièrement à cœur au Président de la République puisque ce dernier en faisait déjà son cheval de bataille lors de sa campagne électorale.  Un tel acharnement déclaré doit nous rendre prudents sur toutes les preuves qui seront avancées quant au côté malfaisant du régime syrien. On a connu la France moins prompte à condamner les dictatures de Franco, de Pinochet et de bien d’autres. Les disparus chiliens, torturés et exécutés n’ont jamais beaucoup ému le gouvernement français. Les Argentins ou les Nicaraguayens assassinés non plus.

Donc, de prime abord, cette volonté déclarée de renverser Assad me semble louche car je ne vois pas en quoi la Syrie menace l’Etat français. Par contre je vois très bien en quoi il dérange Israël.

Vous me direz que le régime d’Assad n’est pas un exemple de démocratie (ce que j’admets volontiers)  et que la générosité du président le pousse naturellement à défendre les droits de l’homme. Certes, je ne peux que me réjouir d’un tel sens altruiste, mais pourquoi alors le sieur Hollande ne s’insurge-t-il pas contre la condition de la femme en Arabie ou au Qatar et même contre la manière dont ces pays conçoivent les droits de l’homme ? Pourquoi la répression de la révolution au Bahreïn ne le préoccupe-t-elle guère ? Pourquoi la situation préoccupante des Palestiniens de la bande de Gaza ne l’émeut-elle pas davantage ? Mystère.

Donc, l’acharnement avoué qu’il manifeste contre le régime syrien doit pour le moins poser question.

Mais revenons-en au document déclassifié qui a été présenté aux députés afin d’obtenir leur approbation pour une intervention armée.  Que contient exactement ce document, supposé prouver la culpabilité d’Assad ? Eh bien il faut avouer qu’il ne contenait strictement aucune preuve concrète. En gros, on s’appuie sur le fait qu’on a affaire à des armes chimiques pour dire que seule l’armée syrienne aurait eu la capacité d’en employer. Que l’armée ait cette capacité, personne n’en doute (mais pourquoi par ailleurs aurait-elle employé de telles armes alors qu’elle remportait enfin le succès sur le terrain ?). Par contre, quand je vois les vidéos que les rebelles eux-mêmes postent sur Youtube et où on les voit munis d’artillerie lourde, je me dis qu’ils auraient été très capables d’envoyer un obus contenant du gaz chimique.

Pourtant, pour le document déclassifié, seule l’armée aurait eu la capacité technique voulue. C’est sur cette « preuve » fragile que les députés devaient décider d’envoyer l’armée française bombarder la Syrie en représailles (tuant par ailleurs d’autres innocents).

 Cependant, quand on y réfléchit bien, seuls les rebelles avaient intérêt à utiliser les armes chimiques et à faire croire que le gouvernement syrien était à la base de cette attaque. L’aviation américaine serait alors intervenue en leur faveur au moment précis où ils commençaient à essuyer des défaites sur le terrain.

Le document présenté aux députés se gardait bien de dire que cette « opposition » syrienne était surtout constituée d’éléments étrangers non syriens, par ailleurs épaulés, entraînés et armés par l’Occident. Sans compter qu’il n’était pas difficile d’entraîner ces « troupes » à la manipulation des armes chimiques (armes qu’elles possédaient puisque c’est bien pour cela que l’Onu était venue enquêter sur le terrain suite aux déclarations de Carla del Ponte elle-même).

Si le Parlement britannique n’avait pas désavoué Cameron et si la Russie n’avait pas proposé aux USA un moyen de sortir de la crise, l’armée française serait en guerre en ce moment et elle soutiendrait en fait sans le savoir les djihadistes qui sont plus que probablement les responsables de l’attaque chimique.

On peut donc supposer que le fameux document présenté aux Parlementaires était un faux destiné à obtenir leur adhésion à l’invasion de la Syrie. Qu’on se souvienne avec quel aplomb  Colin Powell avait brandi une fiole de « poison » devant l’assemblée de l’ONU pour obtenir le droit de destituer Sadam Hussein. Maintenant on sait que toutes ces soi-disant preuves étaient fausses (au point qu’on peut se demander si Colin Powell lui-même n’a pas été manipulé et qu’il aurait donc menti de bonne foi).

 

Mais si ce document est un faux, est-ce la DGSE qui a  essayé d’obtenir l’adhésion des Parlementaires ou bien s’est-on servi de son nom pour apporter des « preuves» aux députés ? Mystère.

Syrie

15/09/2013

De la Syrie (3)

La Syrie va donc remettre ses stocks d’armes chimiques à la communauté internationale pour qu’ils soient détruits. Fort bien.

Sauf que ce n’est pas l’armée syrienne qui a utilisé ces armes récemment à Damas.

Ce qui veut dire que d’autres (en l’occurrence les rebelles) ont toujours des armes chimiques (on a d’ailleurs trouvé dans des tunnels différentes substances toxiques provenant d’Europe ou des pays du golfe), qu’ils se sont vantés sur des vidéos qu’ils les utiliseraient et qu’ils les ont d’ailleurs déjà utilisées dans les combats récents (voir les déclarations de Carla del Ponte).

Rien n’est donc résolu sur le fond et demain d’autres enfants pourraient très bien mourir après avoir été gazés, surtout s’ils sont kurdes, chrétiens, chiites ou alaouites. Mais il semblerait que pour Washington, seul le gaz détenu par Bachar el Assad soit dangereux. C’est en tout cas ce que pense son allié israélien, qui a finalement moins peur d’Assad que des rebelles. En effet, si ceux-ci finissent par remporter la victoire, ils auront accès aux stocks de l’armée syrienne et rien ne dit qu’ils ne vont pas les utiliser contre Israël.

Donc, ce coup monté pour lequel on n’a pas hésité à massacrer des enfants, permettait à la fois d’affaiblir Assad en bombardant la Syrie et de protéger Israël en allant détruire les fameux stocks d’armes chimiques.

Mais la Russie, qui est décidemment très forte ces derniers temps, et qui veut faire comprendre aux USA qu’ils ne sont plus seuls à diriger le monde, est parvenue à éviter ces frappes américaines en proposant la destruction des stocks syriens (qu’Assad n’utilisait quand même pas pour le moment).

 Comme les Occidentaux  (sauf Hollande, qui avait fait de la chute de Bachar el Assad une priorité de sa campagne électorale, en bon valet d’Israël qu’il est) étaient réticents à intervenir et qu’Obama lui-même semblait un peu hésitant (mais la pression de différents lobbies -à vous de deviner lesquels- l’avaient quand même poussé à vouloir frapper militairement la Syrie), tout le monde s’est emparé de la proposition russe avec soulagement.

Evidemment, ceux qui voulaient la guerre (les pro-israéliens Kerry, Hollande et Fabius) ont tout de suite compris l’opportunité qui s’offrait à eux : ils ont dit en substance : d’accord, on n’intervient pas cette fois-ci et on détruit les armes chimiques, mais au moindre dérapage, on ira bombarder la Syrie en représailles. Assad, à qui on a déjà imputé un massacre qu’il n’a pas commis, a tout de suite compris le piège : une fois ses armes chimiques détruites, les djihadistes gazeront quelques centaines de personnes supplémentaires et on le rendra, lui, une nouvelle fois responsable de ce carnage, ce qui justifiera l’entrée en guerre de l’Occident. Le problème, c’est justement qu’il n’aura plus ses armes chimiques pour se défendre (car s’il avait clairement dit qu’il ne les utiliserait pas contre son peuple, il ne s’était pas caché non qu’en cas d’attaque étrangère contre la Syrie, il y aurait recours).

Donc, si on peut se féliciter que l’attaque contre la Syrie a été ajournée, je me montre quand même un peu pessimiste. Les USA n’avaient pas attaqué l’Irak d’emblée. Ils avaient d’abord affaibli ce pays par une première guerre du golfe, puis par un blocus économique et militaire, et enfin en bombardant régulièrement des zones sensibles pendant plus de 10 ans (tuant au passage des civils, femmes et  enfants compris, en très grand nombre, et faisant certainement plus de victimes qu’Assad n’est supposé en avoir fait à Damas). Ce n’est qu’une fois l’armée irakienne affaiblie qu’ils l’ont affrontée directement. Il en a  été de même avec la Libye, Kadhafi ayant renoncé à un certain moment à se doter de  l’arme atomique contre la promesse américaine de ne pas l’envahir. On a vu ce que ces promesses valaient.

Donc, pour revenir à la Syrie, je suis certes content que ce pays ne soit pas bombardé pour une faute que son gouvernement n’a pas commise (car on sait ce que valent les frappes soi-disant chirurgicales), mais je reste pessimiste pour l’avenir. En effet, ces armes chimiques constituaient quand même une belle dissuasion contre toute attaque terrestre d’une armée étrangère.

En attendant Israël doit rire, puisqu’il voit son vieil ennemi s’affaiblir (n’oublions pas que les missiles atomiques israéliens sont pointés sur la Syrie depuis des années et qu’ils vont le rester). En plus, les stocks d’armes chimiques ne risqueront plus de tomber dans les mains des rebelles, qui auraient pu en faire un mauvais usage. Car une arme chimique n’est mauvaise que lorsqu’elle se retourne contre vous et jamais quand elle tue un ennemi. C’est d’ailleurs pour cela qu’Israël dispose lui aussi d’importants stocks d’armes chimiques. Ce ne sont ni les USA ni les Russes qui le lui reprocheront, car ces deux pays, bien qu’ils aient signé la fameuse convention de 1993, se sont bien gardés de détruire l’entièreté de leurs stocks. On ne sait jamais…

Bon, tout cela c’est très bien, allez-vous me dire, mais votre raisonnement depuis le début repose sur un postulat, celui selon lequel Assad serait  innocent et n’aurait pas commis les crimes qu’on lui impute dans la banlieue de Damas. En effet. Mais si on peut douter de la pertinence de mon raisonnement, moi qui ne suis qu’un petit blogueur anonyme, il est d’autres personnes plus illustres qui disent la même chose et c’est avec une certaine satisfaction que j’ai retrouvé certains de mes arguments chez des militaires de haut grade :

 http://www.voltairenet.org/article180213.html

Enfin, pour terminer, moi qui ai assez souvent fustigé la presse pour ses mensonges délibérés dans l’analyse de la crise syrienne, je voudrais ici rendre hommage à un journaliste courageux de La Voix du Nord, qui ose apostropher son rédacteur en chef de manière assez directe tellement il est écœuré par le discours de ce dernier :

http://www.comite-valmy.org/spip.php?article3896

    

Syrie

 

 

 

13/09/2013

De la Syrie (2)

Que les « preuves » qui accusent le président Assad ou son armée d’avoir utilisé des armes chimiques soient fausses, cela ne fait aucun doute.  En effet, comme l’avait reconnu autrefois le chef du renseignement britannique au sujet de la guerre d’Irak :  « Les renseignements et les preuves sont  arrangés en fonction de la politique ».

Donc, la question qu’on peut légitimement se demander, c’est si Obama reçoit les véritables informations ou si au contraire ses services secrets lui mentent en partie. Car on pourrait très bien imaginer qu’un lobby industriel ait influencé ou corrompu des membres des services secrets afin que ceux-ci falsifient certains rapports, ce qui amènerait le président américain à prendre les décisions qu’ils ont envie qu’il prenne.

Or, les gens qui ont intérêt à voir les Etats-Unis s’engager dans ce conflit sont nombreux.

Tout d’abord, il y a tous les marchands d’armes, qui gagnent leur vie grâce aux guerres.

Ensuite, il y a tous les entrepreneurs  qui pourront aller reconstruire un pays en ruine.

Ne parlons même pas des compagnies pétrolières, qui pourraient mettre la main sur les réserves de gaz syriennes ou même construire un oléoduc qui traverserait ce pays, ce qui éviterait aux bateaux provenant d’Arabie ou d’Irak de devoir emprunter le golfe persique, le mer rouge et le canal de Suez, régions dangereuses s’il en est, surtout ces derniers temps, avec l’instabilité politique qui règne dans la région. 

Il y a enfin et surtout  Israël, qui a toujours souhaité voir le régime d’Assad tomber, d’autant plus que ce régime soutient le Hezbollah.

Que s’est –il vraiment passé dans la banlieue de Damas ? Honnêtement, je n’en sais rien.

Les Américains disent que la responsabilité en revient à Assad ou à son armée. Ils disent avoir « suffisamment » de preuves, mais ils ne les montrent pas.

Assad dit que ce n’est pas lui.

Les Russes disent avoir la preuve (elle a été montrée à l’ONU) que les rebelles ont tiré des missiles juste à l’endroit où a eu lieu le massacre. Rien ne dit cependant que ces missiles contenaient des agents chimiques, mais c’est troublant.

Certains opposants ont critiqué l’Arabie, qui leur aurait envoyé des armes chimiques sans les prévenir et sans leur expliquer comment il fallait s’en servir.  Les morts dans leur camp serait donc dû à un accident de manipulation.

D’autres opposants disent que des groupes radicaux parmi eux auraient provoqué l’incident pour obliger les Etats-Unis à intervenir. Ainsi, ils affirment avoir vu des récipients contenant des produits chimiques qui ont ensuite été ouverts dans la banlieue de Damas.

Dans le même ordre d’idée, on pourrait imaginer que l’Arabie, le Qatar et la Turquie, voyant les Etats-Unis un peu réticents à intervenir,  aient agi dans le même sens.

Il en va de même d’Israël, dont il n’est plus à démontrer que les services secrets sont passés maîtres dans des actions en pays étrangers.

Bref,  on voit que les explications sont multiples et qu’il n’est pas évident du tout qu’Assad soit le responsable de ce massacre, puisqu’il est le seul perdant de cette situation (avec les victimes innocentes, évidemment). 

Bref, la situation est si complexe qu’on ne s’y retrouve plus. On sait aussi que l’Etat israélien, qui n’aime certes pas le gouvernement de Bachar el Assad, n’aime pas d’avantage les djihadistes enragés qui pourraient le remplacer. En d’autres termes, le statu quo actuel, où les deux parties s’affrontent en s’épuisant mutuellement, arrangerait bien Jérusalem. Donc, quand Assad prend le dessus, comme c’est le cas actuellement, il faudrait s’arranger d’une manière ou d’une autre pour que les USA viennent tempérer son ardeur.  L’attaque chimique pourrait donc bien être un coup des services secrets israéliens pour obliger son allié à intervenir. Mais si on commence comme cela, cela n’aura plus de fin. Pourquoi, quand les missiles US s’abattront sur Damas ne pas couler un destroyer américain et accuser l’Iran ? Ce serait une belle manière de se débarrasser de ce voisin gênant.

 

Bon, je fais un peu ici de la politique fiction mais parfois la vérité dépasse la fiction. 

Syrie

08/09/2013

De la Syrie.

Il n’est plus possible de se taire sur ce qui se passe en Syrie. Je veux dire, vous l’aurez compris, sur les mensonges dont le Capital se sert tous les jours pour justifier une intervention armée dont vous, citoyens désargentés, allez payer les frais.

On nous avait dit que le méchant Saddam Hussein  avait des armes de destruction massive. Personne ne les a jamais trouvées, même pas le général  qui avait brandi une fiole de poison devant les députés de l’ONU. Et qu’est devenu l’Irak, depuis que l’Occident l’a libéré d’un tyran et lui a apporté la démocratie ? Je vous laisse le soin de compter le nombre des victimes des attentats quotidiens…

On nous avait dit que Kadhafi avait bombardé sa population qui réclamait un peu de liberté. Un médecin  libyen, exilé à Genève, était monté à la tribune de l’ONU et avait parlé de 6.000 morts. On connaît la suite. L’Otan a bombardé et détruit ce pays, rasant des villes et faisant plus de 70.000 morts. On sait aujourd’hui que ce médecin n’avait d’autres preuves que les dires invérifiables de ses amis restés en Libye, lesquels, depuis, sont devenus ministres dans le nouveau régime qu’ils ont contribué à mettre sur pied par leurs mensonges. Et qu’est devenue la Libye aujourd’hui, ce pays le plus riche d’Afrique qui vivait de son pétrole ? C’est devenu un pays arriéré où des factions diverses se massacrent entre elles, tandis que le groupe Total exploite à son profit les puits de pétrole.

Et maintenant, que nous dit-on à propos de la Syrie ? Toujours la même chose, à savoir qu’un affreux dictateur est entrain de massacrer ses opposants. Ce dictateur serait tellement mauvais qu’il aurait sciemment gazé sa propre population, n’épargnant même pas les enfants. L’Occident généreux, une nouvelle fois, se propose d’aller rétablir la démocratie dans cette région du monde.

Les exemples précédents de l’Irak exsangue et de la Libye anéantie nous demandent pourtant de garder la tête froide et de réfléchir avant de donner notre assentiment à une  intervention armée qui risquerait bien de dégénérer en conflit généralisé (car la Syrie n’est pas seule, elle, étant secondée par l’Iran et la Russie). 

On nous dit que la Syrie possède des armes chimiques. C’est vraisemblable, toutes les armées en ont. Bachar el Assad, cependant, avait dit qu’il ne les utiliserait jamais contre son peuple (ce qui veut dire aussi qu’il pourrait les utiliser contre une agression étrangère si celle-ci devait avoir lieu, car il n’a jamais signé aucune convention de non-utilisation pas plus qu’Israël d’ailleurs). Aurait-il menti ? Rien n’est impossible. Pourtant, quel intérêt aurait-il eu d’utiliser de telles armes chimiques alors que d’une part son armée était en train de remporter la victoire (chaque jour des zones occupées par les soi-disant rebelles – en réalité un ramassis d’intégristes étrangers armés et payés par l’Occident- étaient reconquises) et que d’autre part des enquêteurs de l’ONU étaient justement présents à Damas. Je veux bien admettre qu’Assad soit un dictateur, mais il n’est pas fou et il a prouvé par le passé qu’il savait se montrer très prudent. Quel intérêt aurait-il eu d’utiliser des armes chimiques à dix kilomètres des enquêteurs internationaux ? Surtout que ces derniers venaient suite aux déclarations de Carla del Ponte elle-même, qui avait assuré que c’étaient les rebelles qui s’étaient rendus responsables, précédemment, de tels actes.  L’armée régulière avait en effet découvert des armes chimiques bien dissimulées dans des tunnels qui étaient sous contrôle des djihadistes, armes chimiques qui comme par hasard provenaient d’Arabie, de Turquie et d’Europe.

Bref, les inspecteurs de l’ONU étaient à Damas pour enquêter sur les décès suspects qui avaient déjà eu lieu précédemment. Ils étaient donc à deux doigts de révéler au monde entier que l’Occident avait fourni des armes chimiques à des intégristes enragés et que ceux –ci n’avaient pas hésité à s’en servir. Et voilà que fort à propos survient une nouvelle attaque chimique, immédiatement imputée au régime, celle-là. On parle de 300 morts, de 1.300, de 1.600, les chiffres varient, ce qui prouve bien que rien n’est vraiment sûr ni vérifié. Bref, le monde entier s’alarme (ou plus exactement la presse occidentale, qui appartient aux industriels et aux vendeurs de canons, ne l’oublions pas, alarme le monde entier). L’ordre est donc donné aux inspecteurs de l’ONU de délaisser l’enquête en court et de se rendre sur les lieux du nouveau massacre, survenu comme par hasard au meilleur moment.

Qu’Assad en soit le commanditaire me semble fort improbable car il avait tout à perdre en agissant de la sorte. Par contre, pour ce qui est du camp adverse…

Qu’il y ait eu des morts et même beaucoup, cela ne fait aucun doute. Qu’on ait utilisé des armes chimiques, cela semble évident. Que le gaz ait été du sarin (bien connu de tous à cause de son utilisation lors de la guerre de 14-18), comme on tente de le faire croire pour émouvoir l’opinion, parait au contraire fort peu probable. En effet,  les symptômes dont souffrent  les victimes ne correspondent pas aux symptômes occasionnés par le sarin.

A ce propos, je tiens à signaler l’incohérence des articles publiés lors des premières attaques chimiques (celles que l’on a déjà tenté d’attribuer au régime d’Assad, mais qui selon Carla del Ponte provenaient bien du camp des « rebelles »). J’ai lu que les médecins avaient administré jusqu’à quinze doses d’atropine pour maintenir les victimes en vie. Or, tout citoyen ordinaire qui comme moi a effectué autrefois son service militaire sait qu’au-delà de deux doses, l’atropine est mortelle. C’est pour cela qu’on nous recommandait bien, si on devait jamais administrer une dose à un soldat blessé, de laisser l’ampoule vide bien en vue sur son uniforme, afin qu’une fois celui-ci transporté à l’hôpital, un médecin n’aille pas lui en administrer deux doses supplémentaires, ce qui l’aurait tué immanquablement. Tout cela pour dire que ces articles qui sont supposés recueillir les propos des médecins qui soignent les rebelles ne sont qu’un tissu de mensonges.

Mais revenons à ce qui nous occupe, à savoir la dernière attaque chimique qui a eu lieu, celle pour laquelle Obama et Hollande veulent punir Assad au nom de la morale. On remarquera qu’on nous a surtout montré des enfants. Aucun adulte n’aurait donc été touché ? Où étaient les parents de ces enfants quand les gaz les ont frappés ? Ce sont des questions que je me suis posées mais auxquelles je n’avais pas de réponse. La réponse, horrible, on la trouve peut-être ici :

 http://www.voltairenet.org/article180127.html

http://www.comite-valmy.org/spip.php?article3874

Qu’ajouter après cela ? Ces articles sont-ils mensongers ? C’est possible, mais jusqu’à preuve du contraire je les tiens pour plus véridiques que ceux que l’on trouve dans notre presse. En effet, comme je l’ai déjà dit, Assad n’aurait eu aucun intérêt à utiliser des armes chimiques alors que son armée était tout doucement en train de gagner la guerre. Par contre l’opposition avait tout intérêt à arrêter l’avancée de cette armée en obligeant la communauté internationale à intervenir. Or on sentait Obama assez hésitant sur ce sujet. Malheureusement, il avait prononcé il y a un an une phrase qui se retourne maintenant contre lui. Il avait dit que l’usage d’armes chimiques constituerait une  ligne rouge à ne pas franchir. Il suffisait donc de fabriquer des preuves, d’utiliser des enfants pour cela afin d’émouvoir la planète entière et d’imputer le crime au régime syrien.

Hollande et Cameron, sans même attendre les résultats de l’enquête de l’ONU, décident de partir en guerre. Cameron, cependant, est désavoué par son parlement. Du coup, Obama, qui hésite mais qui n’a pas le choix (car le lobby des armes et le lobby israélien le poussent à passer à l’action), se résigne à intervenir, mais il renvoie la responsabilité de l’attaque à son propre parlement. Hollande se retrouve donc seul, mais fidèle à ses convictions puisqu’il avait déjà annoncé lors de sa campagne électorale qu’il ferait de la chute de Bachar el Assad une priorité de son quinquennat. On ne parlait pourtant pas encore à l’époque d’armes chimiques. En quoi la politique d’Assad menaçait-elle la France ? Je ne dis pas que son régime soit le meilleur qui soit, mais au moins permettait-il aux pratiquants de nombreuses religions différentes de cohabiter en harmonie. Au lieu de cela l’Occident a attisé la haine entre sunnites et chiites, il a armé et entraîné des enragés de Dieu venus des quatre coins de la planète et il leur a demandé de mener cette guerre à sa place. Ceux-ci n’y parvenant finalement pas, il faudra bien intervenir directement. Et pour cela, il faut bien manipuler l’opinion.

 

Mais on pourrait légitimement se demander en quoi l’utilisation  de gaz est plus horrible que l’agent orange répandu au Vietnam  par les Américains ou que les bombes à uranium appauvri utilisées en Irak et en Libye, lesquelles ont contaminé nos propres soldats et qui continuent à contaminer la population de ces pays (voir le nombre effroyable d’enfants qui naissent handicapés). Est-il plus grave de mourir à cause du gaz que de sauter sur une des mines qu’Israël a généreusement laissées derrière lui au Liban ? Tout cela est fort relatif. D’autant que les Américains eux-mêmes avaient fourni à Saddam Hussein tout le gaz qu’il voulait quand il s’agissait de le déverser sur l’Iran (le plus grand crime de ces ennemis des USA étant d’avoir destitué le Shah et d’avoir repris possession de leurs puits de pétrole). Bref, tout cela est fort relatif et on voit que lorsqu’on veut substituer la morale au droit (en attaquant sans accord de l’ONU sous un prétexte humanitaire) il s’agit toujours de la morale du plus fort. 

Syrie

25/02/2013

Patrimoine historique en danger

On se souvient de ce qui s’était passé en Irak, lorsque les troupes américaines avaient pénétré dans Bagdad. Certains avaient profité du chaos qui régnait dans la ville pour piller les musées et faire sortir du pays une série de pièces antiques de haute valeur, afin de les revendre au marché noir. Les Irakiens avaient autre chose à faire, j’imagine, que de surveiller leurs musées et les troupes d’occupation aussi. Ceci dit, il aurait suffit de placer quelques « Marines » devant l’entrée du musée, mais bon, peut-être a-t-on laissé faire volontairement.

 Ce qui s’est passé en Irak s’est évidemment reproduit en Libye et se passe actuellement sous nos yeux en Syrie. D’un côté il y a des pilleurs et des voleurs qui profitent du chaos pour s’emparer de tout ce qu’ils peuvent et de l’autre il y a les tirs aveugles, de l’un ou l’autre camp, qui détruisent irrémédiablement un patrimoine inestimable. Sans compter que les musulmans salafistes ne doivent pas avoir un respect très marqué pour les églises chrétiennes du début du christianisme.

La situation est si grave, qu’une réunion s’est tenue à Amman, en Jordanie à l’initiative de l’Unesco afin que les états voisins ne se rendent pas complices malgré eux d’un trafic illégitime.

Quant à ce qui se passe réellement sur le terrain, il est difficile d’en avoir une idée. On sait qu’en février 2012, la ministre syrienne de la Culture, Loubana Mouchaweh, a révélé qu'au moins 18 mosaïques représentant l'Odyssée ont été volées dans le nord-est du pays. Une  statue araméenne de bronze plaqué or a également été volée au musée de Hama (centre) Elle a jouté que les possessions des musées syriens ont été placées en lieu sûr.  Si c’est vrai, tant mieux. Elle soutient que les musées sont "bien gardés" et que "leurs possessions précieuses pour toute l'humanité ont été archivées et placées dans des lieux très sûrs."

Par contre, pour ce qui est des sites historiques (plus de 10.000 en Syrie !), elle reconnait qu’il est impossible d’en assurer la protection.

La responsable des musées de Syrie, Hiba al-Sakhel, avait quant à elle affirmé que « depuis trois ou quatre mois, les pillages se sont multipliés. Nous avons reçu une vidéo qui montre des gens arrachant des mosaïques au marteau-piqueur à Apamée ».

En faisant quelques recherches sur Internet, j’ai trouvé un texte en français, d’origine iranienne (donc peut-être mensonger, car il visera à discréditer les djihadistes, mais sans doute pas plus mensonger que notre presse occidentale, qui elle, essaie de faire porter le chapeau à Bachar el Assad à tous les coups, même pour ce que son armée n’a pas commis) :

« L'opération de l'armée syrienne lancée dans la ville historique de Tadmar a laissé, au moins, 100 morts chez les terroristes. L'armée nationale visait à protéger les monuments antiques de la ville. 180 miliciens (= djihadistes), bien occupés à détruire et à piller les oeuvres historiques de la localité Tadmar, à Homs, ont été liquidés. Les miliciens trafiquent des objets de valeurs et des oeuvres antiques de la ville vers l'Irak. Les soldats syriens ont, également, empêché les Qaïdistes (= membres d’Al Quaïda)  de voler les camions de transport d'essence, à Hassiya, et ont tué, au moins, 7 d'entre eux. L'armée se concentre, davantage, désormais, sur la sauvegarde du patrimoine culturel de la Syrie, depuis que les terroristes ont décapité la statue de l'une des plus célèbres figures de la littérature syrienne, le poète Abou Alla Moari.

Une autre presse, pro-occidentale et donc anti-Assad, celle-là, dit exactement l’inverse :

« Les militaires en opération ne sont pas réputés pour faire dans le détail. S’ils n’hésitent pas à bombarder un immeuble habité par des civils, à plus forte raison rien ne les arrête s’il s’agit de monuments historiques stratégiquement situés  dont ils connaissent rarement la valeur ».

Notons toutefois que l’armée américaine n’a pas fait beaucoup mieux en Irak, mais passons. La seule chose à retenir, c’est que le patrimoine architectural antique subit de lourds dommages et peu importe finalement quel camp en est à l’origine.

Or, on ne peut oublier que la civilisation est née dans cette région du monde (croissant fertile) et que différentes cultures se sont succédé sur ces terres d’Orient, chacune laissant une trace de son passage (Assyriens, babyloniens, Grecs, Romains, premiers Chrétiens, etc.). Ce sont tous ces témoignages qui risquent aujourd’hui d’être partiellement détruits par ce conflit.

Ceux qui me lisent régulièrement savent ce que j’en pense. Pour moi c’est l’Occident qui a armé des djihadistes enragés venus des quatre coins du monde pour renverser le régime d’Assad. Celui-ci soutenait le Hezbollah, présentait une menace militaire pour Israël et surtout il « empêchait de faire des affaires » puisque l’économie était en gros aux mains de l’Etat. Donc, pour plaire à Israël et pour que nos entrepreneurs et nos financiers puissent avoir de nouveaux marchés, on n’a pas hésité à créer un conflit, lequel a déjà fait 70.000 morts et qui en plus (même si cela peut sembler accessoire à côté du drame humain) est en train de dévaster des sites historiques de premier plan.

On trouve en Syrie des palais, des monuments, des forteresses, des églises, des mosquées, des villages anciens et des œuvres d’art. Toutes ces richesses sont de diverses origines puisqu’elles remontent aux Babyloniens, aux Assyriens, aux Hittites, aux Phéniciens aux Grecs, aux Romains, aux Byzantins, aux Sassanides (qui représentent l’apogée de la civilisation perse avant l’arrivée des Arabes et de l’Islam), aux Perses,  aux Arabes, aux Omeyyades, sans oublier nos croisés et l’empire ottoman.

Mais les nouvelles venant de Syrie sont alarmantes. Malgré un appel solennel de l’Unesco, on apprend que trois des six sites syriens classés au patrimoine mondial par l’Unesco ont été atteints par des bombardements:

  • les cités mortes du massif calcaire à l’ouest d’Alep, où se trouvent de nombreuses églises délaissées vers le VIIIe siècle
  • Bosra, dans le djébel druze, ancienne ville romaine qui possède un vaste théâtre de 15.000 places, parfaitement conservé
  • Le Krak des chevaliers (construit par nos croisés), qui domine la trouée de Homs et est apparemment occupé par des opposants au régime syrien.

Des tirs ont également été signalés à Palmyre. On les attribue à l’armée, laquelle aurait tiré sur des personnes traversant les ruines (peut-être des djihadistes armés…). On dit aussi que des fouilles clandestines ont lieu dans ces ruines.

154065005--469x239.jpgOn sait aussi que le vieux quartier d’Alep a été détruit par les flammes. Apamée (qui fut construite sur un promontoire en bordure de l’Oronte par Seleucos, l’un des généraux qui recueillirent l’héritage d’Alexandre le Grand) serait intacte, mais le site de la citadelle voisine, Qalaat el Mudiq, habité depuis le néolithique (il y a dix mille ans), a été frappé par des tirs d’artillerie, selon l’Institut français du Proche-Orient, qui y effectuait des travaux de restauration depuis 2004. Selon l’IFPO, « une partie des fortifications médiévales a été atteinte et une voie a été creusée au bulldozer sur les flancs de la colline, dans les niveaux archéologiques ».

A Ebla (Tell Mardikh), dans la région d’Alep, cité-Etat qui rivalisait avec l’Egypte et la Mésopotamie, on avait découvert un palais datant de 4.500 ans, ainsi que 17.000 tablettes cunéiformes révélant une langue sémitique inconnue. Toutes ces œuvres avaient été transportées aux musées d’Idlib et d’Alep. Mais on sait que c’est à Alep qu’ont lieu les affrontements les plus durs, ce qui ne présage rien de bon. De plus, des combats auraient eu lieu sur le site même d’Ebla.

Je ne parle ici que des sites connus, mais il existe une multitude de sites plus modestes, non encore explorés par les archéologues. Ceux-ci sont également au  cœur des combats et les pillards s’en donnent à cœur-joie pour emporter tout ce qu’ils peuvent. Ces pillards ne sont généralement pas des amateurs. Ce sont des groupes criminels organisés, qui bénéficient de relais internationaux. On peut donc s’attendre à retrouver chez quelques riches industriels occidentaux une partie de ces vestiges antiques inestimables. Ceux qui auront déclenché la guerre seront encore ceux qui en tireront tous les profits.

A côté des bandes organisées, quelques habitants auront sûrement profité des troubles pour s’emparer de tout ce qu’ils auront pu afin d’arrondir leurs fins de mois particulièrement difficiles ces derniers temps.

Adel Safar, lorsqu’il était Premier ministre de Bachar el Assad, a averti que « des groupes organisés sont prêts à entrer en Syrie, où ils ont déjà introduit des équipements technologiques perfectionnés et des moyens de communication satellite afin de dérober notamment des manuscrits et des antiquités et de s’attaquer aux musées ». Propagande ? J’en doute, car d’autres sources font état de ces pillages. De plus, on sait que le patrimoine syrien n’est pas le seul de la région à avoir souffert des révoltes arabes. En janvier 2011, des pillards se sont introduits dans le Musée du Caire, ont fracturé une dizaine de vitrines qu’ils ont vidées et ont brisé soixante-dix objets. Heureusement, la population s’est interposée et a réussi à attraper quelques pillards.

452417-manifestant-fait-v-victoire-devant.jpgLe site bien connu de Saqqarah, près du Caire (célèbre pour ses pyramides à degrés et ses mastabas) a été victime de fouilles sauvages. Et le 17 décembre 2011, l’Institut d’Egypte, fondé en 1798 lors de l’expédition de Bonaparte, a brûlé, avec ses inestimables archives comprenant 200.000 ouvrages. Parmi les pièces les plus précieuses, se trouvait une édition originale de la monumentale Description de l’Egypte. Une véritable catastrophe culturelle, qui n’est pas sans nous rappeler l’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie, dans l’Antiquité.

En Irak, Donald  Rumsfeld, avait défendu le ministère du Pétrole, mais pas le musée archéologique de Bagdad. Celui-ci avait immédiatement été pillé (15.400 objets avaient été volés)

A Babylone, cité d’Hammourabi et de Nabuchodonosor, les troupes américaines et polonaises avaient creusé des tranchées en pleine zone archéologique et y avaient installé un héliport. Depuis, dans l’Irak « libéré », c’est un oléoduc qu’ont a construit à travers le site archéologique. On ne s’y prendrait pas mieux pour effacer la culture et les racines d’une nation. Il faut dire que les Américains ont l’habitude. Ils ont déjà pu s’exercer aux Etats-Unis-mêmes sur les Indiens, dont ils avaient volé les terres et massacrer la population.

Et que dire d’Ur, en Chaldée (où selon la Bible Abraham serait né), où des bulldozers ont nivelé des terrains et où des tranchées ont été creusées dans la zone archéologique pour la protection des troupes américaines ?

Si on ajoute à ces destructions liées aux conflits guerriers toutes celles qui ont été faites systématiquement et de volonté délibérée, cela commence à faire beaucoup de pertes.

Je pense aux bouddhas géants détruits par les Talibans en Afghanistan alors qu’ils avaient plus de mille cinq cents ans. Je pense aussi aux mausolées de Tombouctou.

A ce sujet, je voudrais faire deux remarques.

D’abord je me demande jusqu’à quel point notre bonne presse occidentale (qui est aux mains de la classe sociale dominante, celle qui veut aller faire des affaires dans ces pays arabes) ne met pas en évidence ces destructions systématiques (par ailleurs scandaleuses et c’est bien ce que je dénonce ici) pour nous émouvoir et justifier ainsi l’intervention de nos troupes. C’est quand même curieux qu’on ait beaucoup parlé des bouddhas juste avant l’intervention américaine en Afghanistan. Même chose pour Tombouctou. Nul n’ignorait la destruction des mausolées quand la France a envoyé son armée au Mali. Curieusement, on a moins parlé des autres destructions comme les musées pillés en Irak, l’incendie de l’Institut d’Egypte, etc. C’était comme si on mettait en avant certaines destructions et pas d’autres, pour cautionner l’invasion américaine en Afghanistan ou justifier l’envoi des troupes françaises au Mali.

En détruisant ces œuvres d’art, les musulmans intégristes savent ce qu’ils font : ils effacent la mémoire d’un peuple et tentent d’éradiquer ce qui à leurs yeux est une hérésie. On pourrait donc se demander si les bonnes troupes d’occupation des armées occidentales ne pratiquent pas la même politique : en ne protégeant pas les musées des pays conquis, en autorisant les pillages par laxisme, en participant elles-mêmes à la destruction partielle de certains sites sous couvert de motifs militaires (construction d’un héliport, etc.) ne visent-elles pas elles aussi à effacer les origines historiques du pays conquis et donc à détruire sa mémoire ? Le but ultime n’est-il pas de faire de ses habitants de futurs clients de McDonald, des futurs adeptes de la société de consommation et de « l’american way of live » ?

Qui sait ?

En attendant, pour revenir en Syrie, je voudrais terminer cet article en parlant du Krak des chevaliers, situé près de la frontière du Nord-Liban (la frontière est perméable puisqu’elle laisse passer dans uns sens des combattants armés qui entrent en Syrie et dans l’autre des oeuvres d’art qui en sortent). Ce patrimoine n’appartient pas au gouvernement de Bachar el Assad, il appartient à tous les Syriens. Que dis-je ? Il appartient à l’humanité entière car il est un symbole par excellence des rapports historiques (à vrai dire assez belliqueux) entre l’Orient et l’Occident. Or les opposants au régime de Damas (ASL) se sont emparés de ce Krak des chevaliers et ils en interdisent l’accès. Le Figaro se réjouissait cet été de cette occupation par l’ASL, regrettant juste que l’armée régulière tirât sur la citadelle. On aurait pu tenir le raisonnement inverse et dire que les djihadistes feraient mieux de trouver d’autres cachettes que des monuments historiques, mais bon, s’emparer d’une citadelle réputée inexpugnable, c’est toujours tentant lorsqu’on est en guerre. Reste à savoir dans quel état on retrouvera le Krak des chevaliers quand tout sera terminé.   

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14/02/2013

Afghanistan, Syrie, Mali : partout les mêmes bombardements.

« Dix civils, en grande partie des femmes et des enfants, ont été tués dans la nuit de mardi à mercredi lors d'un bombardement de l'Otan dans la province du Kunar, un bastion taliban de l'est de l'Afghanistan » peut-on lire dans la presse. Concrètement, cela signifie que rien ne distingue les actions de l’Otan (qui s’était aussi distingué en Libye par ses bombardements intensifs de certaines villes)  de celles menées par l’aviation syrienne de Bachar el Assad.  Dans les deux cas, le nombre de victimes civiles innocentes est élevé.

La différence, cependant, c’est que l’armée syrienne tente comme elle peut de stopper l’avancée de djihadistes étrangers qui se sont infiltrés sur son territoire et qui déstabilisent le pays. On sait que ces djihadistes n’hésitent pas à tuer,  torturer et violer tous ceux qui ne partagent pas leurs convictions religieuses rétrogrades. Que peut donc faire l’armée syrienne ? Si elle laisse ces bandes de rebelles financés et armés par l’Arabie et le Qatar massacrer sa population, on lui reprochera son absence de réaction et on dira qu’elle n’est plus maître du pays. Si elle s’emploie à les attaquer, on lui reproche non seulement les victimes civiles collatérales, mais même la mort des djihadistes. En effet, ceux-ci n’étant pas des soldats au sens strict, ils sont généralement comptés parmi les victimes civiles.

Il y a donc deux poids deux mesures. Il y a les bons bombardements de l’Otan qui luttent contre des terroristes (en fait, généralement des hommes qui s’opposent à  l’invasion de leur pays et qu’on avait par ailleurs armés autrefois contre les Russes) et les mauvais bombardements d’Assad, lequel s’en prendrait à de braves opposants épris de démocratie.

Passons. Le parti-pris de notre presse est tellement scandaleux que cela ne vaut même plus la peine de relever ses aberrations.

Par contre, j’entends tous les jours que l’armée française, qui combat aussi de méchants terroristes au Mali (en partie les mêmes qui étaient soutenus, financés et armés par Sarkozy quand ils combattaient Kadhafi pour le plus grand bonheur du groupe pétrolier Total, qui a maintenant la mainmise sur les puits de pétrole libyens) j’entends dire, donc, que l’armée française n’arrête pas de bombarder les quartiers où se sont retranchés les rebelles. Ce qui m‘étonne grandement, c’est l’habileté de nos pilotes, qui, si on en croit la presse toujours, parviennent à tuer les djihadistes (lesquels se sont honteusement dissimulés parmi la population) sans faire de victimes civiles. Curieux. Car avouez que s’il y avait jamais des victimes innocentes, on pourrait reprocher à l’armée française ce que Fabius et Hollande reprochent à Bachar el Assad. Sauf qu’il est chez lui en Syrie et que nous ne sommes pas chez nous au Mali.

Le problème, c’est qu’une certaine presse indépendante commence à donner des exemples de familles décimées par notre aviation. C’est embêtant.

 http://www.youtube.com/watch?v=pg4bXBJOHlM

Ce qui est embêtant aussi, c’est que les djihadistes, qui avaient battu en retraite les premiers jours, semblent avoir décidé de passer à la contre-offensive en appliquant la bonne vieille tactique de la guérilla. Cette tactique, on la connaît bien, cela fait des années qu’on essaie de l’éradiquer en Afghanistan et on n’y est jamais arrivé. La preuve, on finit par quitter ce pays en claironnant bien haut notre victoire pour mieux cacher notre défaite. Si les djihadistes au Mali commencent eux aussi avec des attentats suicides et s’ils commencent à miner le terrain, nous sommes partis pour des années de présence militaire et forcément il y aura des victimes dans nos forces armées. Ce n’est pourtant pas ce qu’on nous avait promis lorsque nous sommes partis en guerre. On nous avait promis que cela serait court. Il est vrai que le lendemain on nous a dit que cela durerait le temps qu’il faudrait. Bref, cela signifie que cela peut durer encore longtemps.

Le problème c’est qu’une armée qui combat à l’étranger, cela coûte cher. En cette période de restriction budgétaire où on demande à tous les citoyens de se serrer la ceinture, c’est tout de même un peu dérangeant. Je n’ai personnellement aucune sympathie pour ces djihadistes fous de Dieu, mais au lieu d’aller les combattre au Mali, n’aurait-il pas été plus simple de ne pas les financer autrefois en Libye ? Et ne pourrait-on pas demander à nos amis d’Arabie et du Qatar (pays où la condition de la femme mériterait quand même qu’on pose quelques questions aux dirigeants de ces pays) d’arrêter de financer ces Salafistes qui sont en train de semer la terreur dans tout le monde arabe ?

Non, on ne dira rien, car les actions de ces Salafistes nous arrangent bien. Nous qui nous félicitons de la laïcité de nos institutions, nous sommes en train de faire tomber les uns après les autres les régimes arabes laïcs. La Libye est sous la coupe des anciens d’Al Quaïda et on y remet la Charia au goût du jour, l’Egypte est au bord de la guerre civile,  la Tunisie est en proie à une grave crise politique qui risque de se terminer par la prise du pouvoir par des religieux intégristes. Quant à la Syrie, elle pourrait bien éclater demain en une série de petits états confessionnels (un pour les druzes, un pour les Chrétiens, un pour les Alaouites, un pour les Sunnites, sans parler des Kurdes et des Maronites).

Bref, les pays arabes seront exsangues, divisés, en proie à un fanatisme religieux d’un autre âge, et des attentats suicides s’y produiront tous les jours (voyez l’Irak « pacifié » par les troupes américaines). L’avantage, cependant, c’est que nous n’aurons même pas eu à intervenir, puisque les Salafistes auront fait le travail à notre place. Le principal, c’est que les nouveaux dirigeants acceptent d’emprunter auprès du FMI (ce qu’ont déjà fait les Frères musulmans égyptiens). En attendant, le grand gagnant, c’est Israël, qui ne verra plus de nations arabes militairement puissantes à ses frontières. De plus, une fois le fameux printemps arabe terminé, tous ces états seront avant tout confessionnels. On ne sera plus syrien, on sera d’abord Sunnite, comme on ne sera plus tunisien, mais Salafiste de tendance wahhabiste. Voilà qui devrait réjouir les conservateurs israéliens, qui pourront voir dans la religion une justification de leur état. Malraux n’avait-il pas dit que le XXI° siècle serait religieux ou ne serait pas ?

Remarque : en fait, cette phrase de Malraux n’est pas certaine. Il aurait plutôt dit « le XXI° siècle sera mystique ou ne sera pas », ce qui n’est pas tout à fait la même chose. Comme il est possible aussi qu’il n’ait rien dit du tout car personne n’a jamais retrouvé de trace écrite de cette fameuse phrase, l’intéressé lui-même ayant nié l’avoir prononcée. Mais bon, cela sonnait bien à la fin de mon article et après tout on n’est plus à un mensonge près…

Syrie, Mali

15/01/2013

Une autre guerre humanitaire

Nous avons parlé de Napoléon Bonaparte et de son intervention en Egypte décidée soi-disant pour libérer son peuple et le délivrer des dirigeants qui l’opprimaient.

Trois quarts de siècle plus tard, c’est Napoléon III qui est au pouvoir. En 1860, il décide d’intervenir en Syrie (tiens donc !), alors province ottomane, pour « y rétablir l’ordre ».  Que s’était-il passé qui justifiât cette intervention ?  Environ 20.000 personnes, la plupart des Chrétiens, venaient d’être massacrées au Liban et à Damas, dans des affrontements intercommunautaires, ce qui avait fortement ému l’Occident (remarquez que les choses ont un peu changé, puisqu’aujourd’hui le même Occident soutient des djihadistes musulmans qui ne cachent pas leur intention de se débarrasser de la population chrétienne).  On accuse immédiatement le pouvoir en place, à savoir les autorités ottomanes, au mieux d’avoir laissé faire, au pire d’avoir incité à la haine.  

Bref, Napoléon III envoie donc  60.000 soldats, qui débarquent au Liban le 16.août 1860. Ils y resteront une bonne année, le temps que le calme revienne. L’empire ottoman étant affaibli, toutes les puissances occidentales cherchaient en réalité à se positionner pour s’emparer des morceaux du gâteau. La Russie souhaitait s’étendre vers le sud, tandis que la France, une nouvelle fois, cherchait à affaiblir l’Angleterre en se positionnant sur la route des Indes (tout en faisant du commerce). Il fallait donc conquérir La Syrie et pour y parvenir chacun s’était appuyé sur les minorités locales (ce qu’on fait encore aujourd’hui en dressant les Sunnites contre les Chiites) : les Français avaient choisi de protéger les Catholiques, les Russes les Orthodoxes et les Anglais les Druzes. Les massacres intercommunautaires de1860 n’avaient pas d’autre origine.

Un peu plus tard, en pleine Première Guerre mondiale, voilà les Français et les Anglais réconciliés. Du coup, ils organisent ensemble un blocus des côtes syriennes afin d’empêcher le ravitaillement en blé. Le but est de pousser les Arabes à se révolter contre l’Empire ottoman qui soutient par ailleurs l’Allemagne dans le conflit en cours. Affaiblir l’Empire et précipiter sa chute, c’est indirectement affaiblir l’Allemagne. On ne connaît pas le nombre exact des victimes, mais on estime que la famine qui a fait suite au blocus a causé la mort de 200.000 personnes au Liban et de 300.000 en Syrie.

Ca va, pour le moment la tentative de renversement d’Assad n’a encore fait que 60.000 morts.

Syrie, Empire ottoman

Empire ottoman

00:06 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : syrie, empire ottoman