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21/03/2014

Ukraine (3)

Je n’ai plus le courage d’écrire sur l’Ukraine et la Crimée, tant le discours de nos dirigeants et celui de la presse vont à l’encontre de mes convictions personnelles. On nous présente la Russie comme un pays agressif  alors qu’on lui a volé la Pologne, la Tchécoslovaquie, Le Yougoslavie, la Roumanie, la Hongrie, la Bulgarie et maintenant l’Ukraine, sans parler des tentatives de déstabilisation dans le Caucase. Le dos au mur, complètement acculée, la Russie ne peut que se défendre. Si elle ne le fait pas aujourd’hui, dans cinq ans elle n’existe plus. D’ailleurs il est certain que les forces de déstabilisation qui ont fait leurs preuves en Syrie et en Ukraine sont déjà à l’œuvre sur le territoire russe.

En réalité nos chers dirigeants n’avaient peut-être pas prévu que la Russie oserait riposter. Pourtant c’était couru d’avance, car si elle s’était montrée ferme sur le dossier syrien (où elle possède un port pour ses bateaux de guerre), elle ne pouvait pas faire moins au sujet de son ancienne province d’Ukraine où se trouve une de ses plus importantes bases navales. Le monde unipolaire dominé par les USA vient peut-être de trouver ses limites en découvrant un adversaire de taille en face de lui.

Du coup, il n’y a pas trente-six solutions. Soit les USA redeviennent plus raisonnables et ils revoient leurs prétentions hégémoniques à la baisse, soit ils s’obstinent à vouloir que la planète entière adopte leur système libéral et on va droit à la guerre.

Or justement, cette guerre nos chers médias sont en train d’en rendre la Russie responsable alors que je continue à dire que nous sommes les agresseurs et que la Russie ne fait que se défendre. Que je sache, elle n’a jamais envahi la Pologne ni déstabilisé l’Allemagne pour récupérer la partie est de son territoire.

Que la milliardaire Timochenko assimile le rattachement de la Crimée (à la Russie) à l'Anschluss des nazis, cela fait sourire quand on sait que le pouvoir a été pris à Kiev par des troupes paramilitaires d’extrême-droite alors que c’est par referendum que la Crimée a demandé son rattachement à la Russie. Mais Madame Timochenko, qui s’est déjà enrichie lors des premières privatisations qui ont frappé son pays (après la révolution orange commanditée par les USA) voit évidemment d’un mauvais œil la nationalisation par la Russie des richesses gazières de la Crimée. Elle hurle donc au loup en espérant que l’Otan viendra chasser l’ours russe, ce qui lui permettra de s’enrichir à nouveau.

Elle n’est d’ailleurs pas la seule à tenir ce discours. D’Obama à Hollande, en passant par Fabius et Verhofstadt (l’ex premier ministre belge devenu le chef de file des libéraux européens), tous accusent la Russie d’agression militaire. Ils oublient un peu vite les millions de dollars qui ont été dépensés par l’Occident les cinq dernières années pour soutenir (et probablement armer) la soi-disant opposition ukrainienne. Certes, ils n’ont pas tiré un coup de feu eux-mêmes, mais bon, c’est quand même comme s’ils l’avaient fait. D’ailleurs le triste sire Verhofstadt regrettait hier que l’Otan n’ait pas envahi la Syrie pour donner une bonne leçon aux Russes (et de quel droit serions-nous allés envahir ce pays qui ne nous a jamais rien fait ?), ce qui les aurait rendus plus dociles en Crimée. Son discours est clair : pour arriver à nos fins (non pas l’avènement du grand Soir, mais celui du libéralisme mondial, autrement dit le bonheur pour un pour cent de la population mondiale et l’exploitation et la misère pour les quatre-vingt-dix-neuf autres), il faut se montrer ferme et faire la guerre, sinon on n’arrivera à rien.

Que tout cela est désolant…

Et l’Europe, en bonne vassale de son suzerain étatsunien, applaudit des deux mains, alors qu’elle sera la première victime en cas de conflit. Une Europe un peu affaiblie, dont les moyens de production seraient  mis à mal par une bonne guerre,  arrangerait bien l’Amérique, qui pourrait venir tout reconstruire et nous vendre ses produits. 

Je regrette le temps, pourtant pas si lointain, où la France n’appartenait pas à l’Otan et où elle refusait d’intervenir en Irak.  

 

Crimée, le soir du référendum

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Commentaires

Attention quand même lorsque vous parlez du vol des pays à l'Urss ou la Russie actuelle. Ces pays n'étaient pas russes. Ni soviétiques. Faut§il rappeler ce merveilleux pacte germano soviétiques qui a cloué le bec pendant quelques temps à la résistance communiste ? Le dépeçage de la Pologne, les ouvriers de berlin-est assassiné par les commissaire du "peuple", Prague, et biens 'autres petits détails...Fallait demander aux gens de là-bas ce qu'ils pensaient de l'Urss. Un charmant pays, à la tête duquel se tenaient de braves démocrates révolutionnaires, des millions de morts, la délation comme service citoyen, la torture...Comme si la Russie était ce pays angélique où rien ne se passe parce que tous s'y sentent bien. Je ne dédouane pas les problèmes et les hypocrisies de l'Occident. Mais, moi, l'urss et puis même la russie où l'on donne des visas à des crapules racistes pour casser du sans papier, merci beaucoup.Demandez aux poètes russes qui ont fréquenté les goulags ce qu'ils en pensent. Il y en a eu des dizaines. Et puis, je vous dis, la gueule de Poutine avec ses allures de karatéka, grand ami de Silvio Berlusconi et de toutes les mafia, et ben, moi, cette tronche, elle passe pas bien non plus...
Poutine a été élevé à l'école du KGB et je crois que cette organisation n'a rien à envier à la CIA (et bien sûr je suis au courant pour le Chili et toute l'Amérique du Sud et tout le reste depuis l'Antiquité romaine). Mais de là, à considérer l'empire russe comme victime malheureuse, non...Comme la Chine d'ailleurs, le pays du Libéralisme roi, que nos entreprises connaissent bien d'ailleurs : on encadre avec des flics une répression inouïe et on fait ses pattes affaires à l'ombre d'une faucille et d'un marteau qui meurent tous deux...de rire.
Que la Crimée rentre "chez elle", ok, que les oustachis ukrainiens qui étaient là lors des émeutes c'est évident. On approche de la sphère d'influence impériale, c'est sûr. Et vous savez quoi...L'onu ne déclarera pas de missions de récupération comme lors de ces honteuses guerres du Golfe..
On peut vraiment, mais alors là vraiment se demander pourquoi -))))
Les politiques impériales d'où qu'elles viennent, non, j'aime pas

Écrit par : Cléanthe | 21/03/2014

Je parle de la zone d’influence russe, qui existe depuis 45 et qui a déjà bien régressé, pour le plus grand profit du capitalisme étatsunien. Je n’ai pas dit qu’il était agréable de vivre en Russie (surtout sous Staline). Tant qu’on avait deux blocs équilibrés, chacun surveillait l’autre. Les USA se contentaient de faire la pluie et le beau temps en Amérique du Sud et la Russie dans sa zone d’influence (voir Prague en 68, etc.). Lorsque l’un des deux grands s’est effondré, l’autre en a profité pour tenter d’imposer sa loi à la planète entière (mais si cela avait été l’ex-URSS qui avait été la plus forte, elle aurait évidemment fait la même chose, ne soyons pas naïfs).

Or ici, je continue à dire qu’on est allé trop loin car cette Russie qui commence à redresser la tête ne peut pas tolérer qu’on vienne marcher sur ses dernières plates-bandes. Et ici, c’est bien nous qui avançons pour imposer le capitalisme mondial, les droits de l’homme des Ukrainiens n’étant évidemment qu’un prétexte pour amuser la galerie. Mais au nom de quoi nous octroyons-nous le droit d’imposer notre mode de vie (que je n’approuve pas vraiment) aux autres comme s’il était le meilleur qui soit ? Cela ressemble tout simplement à du colonialisme qui ne dit pas son nom.

Bah, dans vingt ans ce sont les Chinois qui tiendront le haut du pavé et ils feront la même chose :))

Écrit par : Feuilly | 21/03/2014

D'accord alors Feuilly. Il est aussi certain que le "communisme" tel qu'on le pratiquait derrière le rideau dit de fer mais qui s'est révélé un rideau de porcelaine nous a essentiellement profité, à nous, les gais lurons du monde dit libre, vu la crainte que ce système diffusait en Occident. C'est bien parce qu'il y avait les "rouges" que nous avons pu bénéficier de certains avantages sociaux, de victoires "sociales" que l'on nous octroyait généreusement : à partir du moment, où le prolétaire pouvait se payer une bagnole, ben, ça s'individualisait et on était mon porter à courir dans le sens de l'histoire. La fin des blocs, c'est l'ouverture des Grands Boulevards du Bizness mondial.
Mais je n'ai pas de solutions comme à 20 ans où j'en avais les poches pleines. En veux-tu, en voilà...
Il ne me reste que des problèmes.

Écrit par : cléanthe | 22/03/2014

Le problème du communisme, c’est qu’il s’est vite transformé en stalinisme, régime qu’on ne peut évidemment que condamner (et non pas le nier comme Aragon ou Sartre l’ont fait). Ce fut dommageable pour les habitants de l’ex-URSS, mais aussi pour nous car par la suite il a été très facile pour la droite dure de ricaner sur les « bienfaits » de la gauche révolutionnaire, ce qui a donné ensuite à cette droite une sorte de légitimité pour reconquérir le pouvoir (n’oublions pas le score exceptionnel de PCF à la sortie de la guerre).

Et on se souvient des propos de Gaulle (dont les « commissaires de la République » avaient vite accaparé le pouvoir politique dans toutes les communes à la Libération, pour occuper le terrain face à la résistance communiste) qui affirmait qu’il fallait combattre le communisme en donnant le bienêtre à la population. C’est exactement ce que vous dites. Une fois chacun devenu un petit bourgeois, avec voiture et pavillon, les idéaux sociaux ont vite été oubliés.
Mais quand l’URSS s’est effondrée, la Capital a resurgit comme le loup du bois. Et finalement mes critiques incessantes contre les Etats-Unis visent en fait le capital et non pas les Américains (comme ma critique d’Israël vise une certaine politique raciste et hégémonique et pas les Juifs en général, bien entendu).

Dans les années 1970, les syndicats avaient imaginé participer à la direction des entreprises, disant que certes les patrons y avaient mis leur argent, mais que par les milliers d’ouvriers qu’ils avaient engagés, il était clair que leurs usines étaient devenus un corps social et donc que les décisions prises par la direction ne devaient pas viser le seul profit mais assurer le bienêtre des travailleurs. Devant de tels propos le patronat a pris peur et s’est bien vengé avec la crise du pétrole de 1973 (les premiers dimanches sans voitures) et toutes celles qui ont suivi. Aujourd’hui, un jeune avec cinq diplômes est obligé de venir quémander humblement un boulot de misère.

Écrit par : Feuilly | 22/03/2014

J'aurais été le premier commentateur que j'eusse émis les mêmes réserves que Cléanthe. Mais tu as répondu très clairement.
La France et l'Otan . Comme je me souviens d'un passé tout récent où Hollande et les socialistes criaient au scandale quand Sarkozy l'a réintégrée !
Et aujourd'hui, ce Hollande, cet innommable allié des nazis ukrainiens, en est le premier valet.
Dégoût profond !

Écrit par : Bertrand | 24/03/2014

@ Bertrand : je ne fais pas une apologie de la Russie qui n’est certainement pas à la pointe de la démocratie (mais n’oublions pas non plus qu’il y a 100 ans, en 1914, elle était encore sous le régime des Tsars, soit en plein Moyen-Age), mais il faut admettre qu’elle ne fait que se défendre. Disons que pendant 20 ans elle n’a fait que perdre du terrain, suite à l’effondrement du communisme, mais elle est en train de relever la tête (d’où sans doute l’empressement des USA d’occuper le terrain au plus vite) et risque d’être plus efficace que l’ancien régime bureaucratique issu du stalinisme.

Quant à la France et l’Otan, c’est à pleurer, en effet. Cela revient à mettre ses propres forces au service d’une puissance plus grande, en échange d’une protection (autrement dit, c’est le principe vassal/suzerain de notre féodalité), ce qui pourrait se comprendre en cas de menace sérieuse pour la sécurité du pays (au Moyen-Age, ce système trouvait son origine dans les invasions germaniques puis scandinaves. Il fallait s’unir et se rassembler derrière le chef le plus fort pour survivre), mais ici, c’est le contraire. Nos forces armées sont utilisées par l’empire américain pour renforcer sa propre hégémonie mondiale. Ce ne serait encore qu’un demi-mal si la politique américaine me convenait, mais elle représente en fait le Capitalisme pur et dur, celui contre lequel nos concitoyens se battent tous les jours (chômage, licenciements, départ à la retraite retardé, taxations, compétitivité, stress permanent, etc.). Nous sommes donc occupés à mettre nos forces au service du monstre qui nous opprime. Et tout cela au nom de la liberté et des droits de l’homme.

Quelle liberté, en fait ? Pas celle de la presse en tout cas, qui n’est qu’un moyen de propagande pour endormir le peuple.

Ce week-end, je vais rendre visite à l’hôpital à une connaissance, un vieux monsieur de 75 ans, qui venait d’être opéré du dos. On voyait qu’il souffrait, mais il essayait de faire la conversation. Et là, lui d’habitude assez éclairé, s’écrie : « Et l’invasion de la Crimée ? Il est fou ce Poutine, c’est pire qu’Hitler, ce gars-là… » Vu son état, je n’allais commencer à la raisonner, mais j’étais triste de voir le travail de sape que peuvent faire les journalistes.

Écrit par : Feuilly | 24/03/2014

Je ne suis pas inquiet pour la Russie, car la Chine est avec eux. Il ne se passera rien de militaire.

Je pense que notre système de domination occidental est en train de s'écrouler car les chinois n'en veulent pas. Les chinois croient qu'on a jamais marché sur la Lune, que les vaccins tuent, que l'arsenal nuclaire de la guerre froide n'a jamais existé. Le démantèlement par exemple n'emploie personne et ne produit aucune information.

Les chinois ont leur propre système de domination, bien plus ancien, et bien moins dégueulasse que le nôtre. Ils ont embrassé notre aide pour s'équiper, ils ont bien renvoyé l'ascenseur en travaillant gratuitement depuis 20 ans. Mais c'est terminé.

Je suis néanmoins pessimiste car l'écroulement de l'eurodollar va provoquer une crise majeure : nos pays sont asservis par l'argent depuis des années, et spécialisés dans des tâches bien cloisonnées. Notre autonomie alimentaire n'existe plus, pas plus que notre armée ou notre industrie : nous sommes tous interdépendants avec comme seule monnaie d'échange ... la monnaie truquée. Son écroulement risque de provoquer la famine et la guerre civile, sauf peut-être en Espagne ;-)

Écrit par : pépéhème | 24/03/2014

@ Pépèhème : La Chine attend son heure. Elle a de l’argent, achète notre dette et s’arme discrètement. Elle agit en coulisses. Elle attend que nous nous affaiblissions encore un peu plus, car un empire qui s’agrandit à l’infini court à sa perte. Et ce jour-là, en effet, elle va sortir du bois. En attendant, comme vous le soulignez, nous n’avons plus rien. Nos usines sont parties, il ne nous reste que des chômeurs à nourrir et une dette colossale. Nos enfants travailleront pour rembourser les Chinois.

Écrit par : Feuilly | 25/03/2014

Désormais, je ne raterai d’aucune manière vos futures publications. En effet, je constate que le fond aborde le sujet précisément. On se donne rendez-vous à très bientôt. Claudette

Écrit par : candy | 25/04/2014

Je pense que l'Ukraine devrait céder. Les régions revendiquées par la Russie est majoritairement russophone, donc il est logique que ces territoires lui reviennent. Mais d'un autre côté, je pense que la cession de ces territoires provoquerait une fissure du territoire ukrainien. Donc, il faut bien se demander si cela en vaut la peine ou non. Une guerre qui devrait être évitée pourrait éclater.

Écrit par : Laurent | 12/07/2014

@ Laurent : le problème, c'est que le capitalisme et son bras armé qu'est l'Otan veulent aller jusqu'à Moscou. Toujours cette idée du grand marché mondial, du libre-échange, de l'argent...

Écrit par : Feuilly | 21/07/2014

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