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22/03/2011

Des guerres démocratiques

On ne me fera pas croire qu’on s’intéresse vraiment au peuple libyen. Voilà 40 ans que celui-ci doit supporter Kadhafi et cela n’a jamais inquiété personne. Quant à Sarkozy, qui soutenait encore Ben Ali il y a un mois (au point de vouloir lui envoyer sa police pour faire le ménage plus proprement et surtout plus efficacement), il a été tellement ridicule qu’il essaie de redorer son blason en soutenant la révolution libyenne. Lui, qui n’aime que les Français riches, se mettrait à soutenir des Arabes pauvres ? Allons, allons…

 

Et l’Occident irait dépenser une fortune en armement pour une telle cause ? Laissez-moi rire. Le but est autre, évidemment. Puisque tous les dictateurs tombent les uns après les autres, c’est le bon moment  pour faire tomber Kadhafi, un des seuls qui ne nous était pas favorable. Ensuite, on fera semblant de promouvoir la démocratie en instaurant un régime qui nous obéira au doigt et à l’oeil. La preuve, c’est que les révolutionnaires-insurgés brandissent déjà le drapeau du roi Idris, ce fantoche mis autrefois en place par les Anglais et qui a bradé le pétrole libyen un bon prix tout en acceptant que son territoire serve de base à nos armées.

 

Je soutiens ces révolutions populaires arabes, qui sont justifiées. Pourquoi le peuple devrait-il végéter au bord de la misère alors que quelques familles vivent dans l’opulence en s’appropriant toutes les richesses du pays ?

 

Pour ouvrir une parenthèse, remarquez que cette situation est un peu semblable à celle que nous connaissons, mais disons que nous avons notre système de sécurité sociale ( allocation de chômage, soins de santé, retraites) qui permet tout de même de réduire l’écart existant entre les plus pauvres et les plus riches d’entre nous. Ecart qui se creuse pourtant de jour en jour. Quand le système libéral aura tout démantelé, les inégalités deviendront tellement flagrantes qu’on risquerait bien, chez nous aussi, d’avoir des soulèvements populaires difficiles à contrôler.

 

Mais fermons cette parenthèse et revenons au monde arabe. Le peuple va-t-il jouir de la  liberté et du bien-être auquel il aspire ? Non évidemment. En Tunisie, la situation est encore un peu confuse, mais en Egypte les choses sont déjà beaucoup plus claires. L’armée est au pouvoir. Belle démocratie ! Et quelle armée ? Une armée dont tous les hauts dirigeants ont été formés aux Etats-Unis. Une armée qui depuis des décennies collabore avec Israël pour maintenir le blocus de Gaza, cette étroite bande de terre où sont enfermés d’autres Arabes musulmans comme eux et que l’on a bombardés aujourd’hui même encore. Je ne pense pas que ce soit vraiment là la volonté du peuple égyptien.

 

Quant à la Libye, comme  le soulèvement populaire spontané ( ???) était en train de perdre du terrain devant Kadhafi, on ne pouvait que l’aider. Comme cela nous aurons dans toute l’Afrique du Nord des régimes dits « démocratiques » qui seront nos alliés. Nous pourrons commercer avec eux, leur vendre nos produits, exploiter leur main d’œuvre bon marché et surtout y cantonner nos armées dans des camps construits rien que pour nous.

 

Il existe cependant une zone d’incertitude. On entend que cela gronde beaucoup au Yemen, à Bahreïn et dans le sultanat d’Oman. A Bahreïn, il s’agit de renverser la dynastie des Al-Khalifa, au pouvoir depuis trois siècles. Au Yemen, c’est Ali Abdallah Saleh, que le peuple tente de faire partir. Surnommé le « boucher », il dirige le pays depuis 1978. A Oman, c’est Qaboos qui devient indésirable, lui dont les ancêtres étaient déjà à la tête de l’état en 1749 !

 

Là aussi les peuples se révoltent à juste titre. Là aussi on entend dire qu’on tire dans la foule. L’Occident s’en émeut-il ? Sarkozy envoie-t-il les avions de la coalition (payés par nos impôts quand même) pour rétablir l’ordre ? Nullement.

 

Et quand les émeutes vont éclater en Arabie ? Demandera-t-on au roi d’abdiquer ? Lui enverra-t-on nos chars pour le déloger de son palais ? Certainement pas. Et au Maroc ? On sait que sous l’ancien roi des opposants politiques ont été emprisonnés pendant trente ans, qu’ils vivaient dans des conditions d’insalubrité épouvantables et qu’ils étaient même torturés de temps à autre. Quelqu’un s’en est-il jamais indigné ?

 

Ce que je veux démontrer, c’est qu’il y a bien deux poids deux mesures. L’Occident intervient là où cela l’arrange. Et quand je dis l’Occident, je devrais dire l’Amérique, car dans cette affaire, malgré les discours tonitruants de Sarkozy, la vieille Europe n’a fait que suivre et obéir. La France seule conservait encore un peu d’indépendance (un peu) mais depuis que l’ami Nicolas l’a fait rentrer dans l’Otan, elle est devenue elle aussi le valet de l’Amérique. Obama, prix Nobel de la Paix, commence cette troisième guerre avec réticence (il est déjà bien embourbé en Afghanistan et en Irak), aussi pense-t-il déléguer le commandement des opérations à ses alliés. Pourquoi s’en priverait-il, en voyant l’enthousiasme de Sarkozy pour partir en guerre…

 

Reste que la situation est complexe. Ne pas agir, c’était en effet laisser un peuple se faire massacrer (mais pourquoi alors au Yémen, à Oman…), ce qui n’est pas acceptable. Agir, c’est se donner le beau rôle en soutenant une aspiration à la démocratie plus que légitime (personne, en effet, ne regretterait le départ du dictateur Kadhafi, qu est parvenu à se mettre tout le monde à dos, les Occidentaux comme les Arabes, les communistes comme les religieux). Mais agir, c’est aussi se servir de cette aspiration légitime des peuples à accéder à un peu plus de liberté pour finalement mieux les dominer économiquement parlant. Car derrière ce beau geste sarkozien, c’est l’imposition de la libre circulation des biens et des marchandises qui se dissimule. La Lybie était un état fermé, où l’état contrôlait tout. Avec la démocratie, on pourra privatiser des pans entiers de l’économie et imposer le libéralisme. Quelques Libyens s’enrichiront. Beaucoup d’Occidentaux également. Quant au peuple, il a l’habitude d’initier des révolutions qui lui échappent toujours.

 

Voilà pourquoi les avions français sont partis détruire les Mirages libyens. Encore heureux que Kadhafi ait renoncé récemment à acheter des Rafale, sinon on aurait eu de beaux combats aériens avec des avions français dans les deux camps. C’est Dassault qui se serait frotté les mains…

 

Libye, Sarkozy, révolution, Kadhafi

 

 

 

L'Express

26/08/2008

L'heure des bilans

Petit bilan en grande Sarkozie.

Le candidat Nicolas avait promis des changements lors de sa campagne électorale et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces changements ont été au rendez-vous :

- l’Etat a plus de dettes
- Il y a plus de déficits
- Il y a moins de travail
- Les Français sont plus pauvres

Si ce n’est pas bien, tout cela ! Après une bonne année de règne, nous pouvons affirmer que les promesses électorales n’ont finalement pas été tenues. Certes, les Français se lèvent toujours aussi tôt, mais pour le reste, leur portefeuille ne s’est pas rempli.

Du moins pouvait-on espérer une réaffirmation du rôle de la France à l’étranger. Or que voyons-nous ? Sarkozy a bien renforcé le contingent français en Afghanistan, mais il l’a fait pour faire comme tout le monde, sans vraiment donner les moyens aux militaires sur place de mener à bien leur mission. La preuve : dix soldats tués, dont on ne sait toujours pas si leur mort est à mettre sur le compte de l’aviation de l’Otan, d’une mauvaise préparation de la mission ou d’une erreur de commandement (comment peut-on laisser des soldats tombés dans un guet-apens, seuls devant l’ennemi pendant des heures, sans apporter le moindre renfort ?)

Certes, le Président est allé réconforter les survivants, mais il a surtout expliqué qu’il était fier de sa décision. Pourquoi faut-il être en Afghanistan, a-t-il demandé aux soldats qui étaient justement en train de se le demander. Il fallait y être parce que les autres y sont, a-t-il répondu et de citer les Etats-Unis, le Canada et l’Australie, bref les pays anglo-saxons qu’il admire par-dessus tout mais dont il semble être devenu le domestique. Voilà des propos qui ont dû rassurer les personnes présentes ! Devant l’air inquiet des militaires (on les comprend !), il leur a dit, les mains dans les poches (décontracté ou mal à l’aise ?) qu’ils ne devaient pas s’apitoyer sur leur sort, mais relever la tête. Soit. De son côté, il n’a pas vraiment montré l’exemple quand il s’est plaint de la lourdeur de sa tâche : « Jamais à un tel point je n'ai mesuré ce que peut être la solitude d'un chef de l'Etat face aux décisions qu'il doit assumer »

On apprend par ailleurs que l’aviation de l’Otan a bombardé des zones civiles, tuant quatre-vingt-dix innocents. Voilà qui va encore renforcer la confiance de nos militaires. Ils doivent être fiers d’appartenir à une telle force d’intervention pour la paix et la démocratie.

En dehors de ces déboires afghans, Sarkozy a encore dû avaler le non-retrait russe de Géorgie. Pourtant, en bon émissaire européen, il était accouru le premier et avait exigé un cessez le feu immédiat et un retrait de l’armée de Poutine. Hélas, une semaine s’est écoulée et les Russes n’en finissent plus de faire leurs bagages. Bien au contraire, ils installent des missiles en Ossétie du Sud et délogent les populations géorgiennes (ne parlons pas des mines qu’ils ont semées en Géorgie même). Il est vrai qu'il était bien prévu dans l'accord que Sarkozy avait signé avec les Russes que ceux-ci pouvaient occuper la Géorgie au-delà des frontières ossètes (à l’exclusion des villes). Ce n’est pas là ce que le président avait dit devant la presse, quand il s’était écrié que la Russie devait se retirer.» Enfin, passons. Visiblement le temps est loin où il buvait un verre avec Poutine en faisant copain copain. Ou alors celui-ci a compris ce jour-là à quel guignol il avait affaire.



En France même, cela ne va pas beaucoup mieux. Tous les indicateurs sont mauvais : la production industrielle, l’inflation, la croissance et même la création d'emplois.

Comme il n’y a plus d’argent dans les caisses (de l’aveu même du président), on ne voit pas bien ce que le gouvernement pourra faire, si ce n’est mettre sur pied un plan de rigueur draconien. Pour relancer l’emploi, on donnera quelques avantages fiscaux aux entreprises (qui s’enrichiront un peu plus pendant que les caisses de l’état resteront à sec) et on demandera aux citoyens de faire des efforts (soins de santé, etc.) S’ils trouvent cela un peu dur, ils n’ont qu’à écouter Madame Lagarde, qui estime que les mesures prises par le gouvernement pour sauver le pouvoir d’achat (car si on veut que les gens consomment, il faut bien qu’il aient un minimum d’argent) ont apporté aux Français 7,7 milliards d'euros. Cela doit être vrai, puisqu’elle le dit. N’a-t-elle pas fait toute sa carrière aux Etats-Unis, où elle a défendu les intérêts américains et ceux de Boeing et de Lockheed-Martin) contre ceux de la France Airbus et Dassault)? Elle doit donc s’y connaître en chiffres.

A propos de chiffres, c’est le moment de rappeler que le prix de l’énergie augmente. On l’a vu avec le pétrole mais on va le voir avec le gaz (privatisation de GDF et donc tarifs adaptés aux exigences ses actionnaires). La quote-part des citoyens dans les soins de santé ne cesse de croître (et ce n’est pas fini : les mutuelles, que l’on vient de taxer sur le bénéfice qu’elles avaient réalisés avec la généralisation des médicaments génériques ont déjà annoncé qu’elles augmenteraient le montant des cotisations). Sans oublier que de son côté l’état à promis à Bruxelles qu’il parviendrait enfin à réduire son déficit à 3% du PIB.

Bref tout va pour le mieux au royaume de France. Le roi a amusé la galerie avec son divorce (Cécilia), ses amours (Ferrari ? Dati ?), son remariage (Carla) mais l’éclat des lustres du Fouquet’s, dignes du Versailles de Louis XIV n’intéresse plus personne. Les vacances se terminent et pour ceux qui n’avaient pas pris la précaution de se faire inviter sur un yacht en Méditerranée, elles ont été assez pluvieuses. La rentrée, elle, s’annonce chargée de lourds nuages.

Vive Sarkozy, vive la France.


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23/05/2008

Sarkozy et le monde de la chanson.

On se souvient de la haine que Léo Ferré développait à l’encontre du général De Gaulle, qui le lui rendait bien. En ce temps-là, on n’aurait jamais vu un « chanteur de variétés » recevoir les honneurs de la République. Autres temps, autres mœurs. On apprend en effet que la chanteuse Céline Dion vient de recevoir la Légion d'honneur des mains de Nicolas Sarkozy lui-même. La voilà donc chevalière puisqu’il convient de féminiser les termes qui étaient autrefois l’apanage des hommes (il est vrai que les femmes devaient s’occuper du ménage et des enfants, ce qui limitait la possibilité d’accomplir de grandes choses. Quoi de plus important, pourtant, que d’éduquer des enfants ?)

La presse nous apprend qu’elle n’était pas venue seule. Elle était accompagnée de son mari, de son fils, de sa mère, ainsi que de ses treize frères et sœurs, certains accompagnés de leur propre famille. Tout ce beau monde est arrivé à l'Elysée non pas en Jet privé ni sur un yacht remontant la Seine, mais à bord d'un bus blanc à étage. Nicolas ne s’est pas étonné outre mesure de cette présence familiale encombrante. Il faut dire qu’il a l’habitude, puisqu’il ne se déplace jamais sans sa belle-mère, son beau-père ou son épouse (il en a même déjà eu deux depuis le début de son mandat) quand il ne les envoie pas eux-mêmes en mission.

Il aurait accueilli la star en lui lançant que « la France ayant changé, ceux qui réussissent sont les bienvenus ici », phrase dont le ton correspond à celui qu’il employait lors de sa campagne électorale : valoriser la France qui travaille et qui gagne. Il pouvait se le permettre : Dion étant québécoise, elle ignorait probablement que depuis un an tout allait mal dans le royaume. Pouvoir d’achat en baisse, mouvements sociaux, grogne, découragement, morosité, les Français n’ont pas vraiment l’impression d’avoir réussi depuis qu’ils ont un nouveau président. Il faut dire que lui non plus ne semble pas faire partie de ceux qui gagnent et il suffit pour s’en convaincre de regarder la courbe de sa popularité. Avec une ligne qui n’en finit pas de descendre au point qu’on se demande où elle s’arrêtera, Nicolas ne semble pas mieux loti que les pêcheurs bretons (enfin, eux, c’est surtout leurs revenus qui sont en chute libre).

Donc, il fallait bien que Dion fût québécoise pour ne pas s’étonner des propos du président. Ceci dit, sa phrase est tout de même curieuse en soi. Qu’est-ce que c’est que cette France qui a changé ? Il est vrai qu’il nous avait bien promis des réformes, mais nous n’avons pas encore vu venir grand chose. Veut-il dire que maintenant on n’accueille plus que ceux qui réussissent ? Sans doute est-ce en effet ce qu’il a voulu suggérer. Point d’étrangers inutiles, mais des battants millionnaires, voilà ce dont la République a besoin. Manifestement, cela devait le rassurer lui-même de voir enfin des personnes qui gagnent, car s’il devait se limiter à son cas personnel, il finirait par nous faire une dépression.

Maintenant, faut-il pousser plus loin le raisonnement et comprendre que cette phrase signifie qu’autrefois la France n’accueillait que les perdants ? Je ne pense pas, car sinon comment justifierait-il l’arrivée de son propre père sur le territoire de la République ainsi que celle des parents de Carla Bruni, sa vénérable épouse (tiens, on ne la voit pas sur les photos) ?

Mais poursuivons. Il a tenu à remercier Céline Dion de « faire rayonner notre langue au-delà de nos frontières ». Ceci dit, elle n’a fait qu’employer sa langue maternelle, mais il est vrai que l’importance actuelle du français de France se calcule en fonction du nombre de locuteurs francophones dans le monde. Autrement dit, sur le plan linguistique, la métropole ne conserve un certain rayonnement international que grâce à ses anciens territoires, ceux qui sont situés en dehors de l’Hexagone. Voilà qui devrait faire réfléchir le petit président sur la nature de la colonisation. Ne disait-il pas il n’y a pas si longtemps qu’il n’y avait pas à être honteux de cette pratique et que c’était plutôt aux peuples conquis de remercier la France de leur avoir apporté la civilisation ? Sans doute, il n’empêche qu’à l’heure actuelle, c’est plutôt lui qui devrait les remercier de continuer à parler en français.

C’est d’ailleurs ce qu’il fait en félicitant Dion et en lui offrant une belle médaille. En agissant de la sorte, il reconnaît l’importance du français hors de France et en flattant le Québec il joue son petit De Gaulle (« je vous ai compris. »)

Toutefois, en bon valet de Bush et en américanophile convaincu, il ajoute aussitôt, un peu embarrassé : « Il faut comprendre que si nous sommes tellement attachés (à la langue française), ce n'est pas par opposition à l'anglais .» Et de continuer en affirmant que « le monde est plus heureux avec plusieurs langues car la diversité est une richesse.» C’est sûrement le même discours qu’il tient quand il se rend dans les banlieues de sa belle capitale et qu’il s’adresse aux Français d’origine immigrée. Cela me fait penser qu’il y a longtemps qu’il ne s’est plus déplacé dans ces quartiers. Il est vrai que ces gens ne font pas partie de ceux qui gagnent. Ils doivent donc encore appartenir à la France d’avant.

Pour terminer, il s’est lancé dans une longue tirade sur l’amour, profitant de la place que ce thème occupe dans le répertoire de la chanteuse pour faire revivre sa récente expérience personnelle : « il n'y a qu'une seule façon d'aimer: aimer totalement. L'amour, il ne doit pas y avoir d'impudeur à le partager. Ca donne une certaine fraîcheur. » C’est sans doute pour cela qu’il nous a fait partager son amour pour Carla avec une indiscrétion que nous n’avions jamais vue chez un président. Il a tellement bien réussi qu’on finit par la préférer à celui que nous nous étions choisi et pour lequel nous avions voté (elle a tout de même plus de classe). Enfin, quand je dis « nous », je ne parle pas pour moi, bien entendu.

« Avant d'être président de la République, j'ai fait deux, trois trucs, dont aller vous écouter » a-t-il également lancé à Céline Dion. Tiens donc, il serait donc prédestiné pour admirer les chanteuses ? Si ça se trouve, il aurait tout aussi bien pu épouser celle-ci (cela aurait été une manière habile de remettre la main sur le Québec, par un mariage digne des anciens rois de France et de leur politique expansionniste). Ceci dit, en bon puriste, l’emploi du mot « truc » me gêne un peu de la part du Président, mais bon, on ne peut pas tout avoir. Déjà qu’il aime la chanson française, c’est déjà beaucoup. Espérons seulement que sur sa lancée il ne va décorer la première dame et la faire chevalière à son tour. Enfin, rassurons-nous, si c’était le cas, c’est la chanteuse qu’il honorerait ainsi et non l’ex-mannequin. Heureusement, sinon on ne sait dans quelle tenue elle viendrait recevoir une décoration que son président de mari aurait bien eu du mal à accrocher…

09/05/2008

Des réformes présidentielles

L’expérience montre que c’est surtout au cours de leur première année de mandat que les Présidents en exercice ont réalisé les réformes qu’ils avaient promis de faire lors de leur campagne électorale.

Ainsi, de Gaulle, revenu au pouvoir à la faveur d'un coup de force le 13 mai 1958, est élu président le 21 décembre 1958. A son actif, on retiendra :
- le référendum du 28 septembre 1958 sur la nouvelle Constitution
- à partir du 5 octobre 1958, le général gouverne par ordonnances (70 textes notamment sur le mode de scrutin et les réformes de structure (hôpitaux, défense....)
- le plan Pinay-Rueff (30 septembre 1958). L’économiste Jacques Rueff avait réuni des personnalités du monde des affaires (président de Péchiney, de la Société générale....), sous le patronage du ministre des Finances Antoine Pinay, pour décider des mesures à prendre en matière économique. Cela se traduira par une cure d'amaigrissement de l'administration), la suppression des indexations (notamment sur le blé) et la libération des échanges extérieurs.
-le 28 décembre 1958, dévaluation du franc de 17% et création du «nouveau franc»
- le 6 janvier 1959, une ordonnance prolonge la scolarité obligatoire jusqu'à 16 ans.
- autodétermination des Algériens (16 septembre 1959)

Georges Pompidou (élu le 15 juin 1969)

Après avoir surmonté avec sang-froid les événements de mai 68, il succède au général. Fils d'instituteur, normalien d'une immense culture, c'est à ce jour le seul président de la Ve République issu d'un milieu populaire.

- modernisation industrielle de la France
- premiers investissements dans le programme ferroviaire à grande vitesse (TGV)
- modernisation du téléphone et la construction d'autoroutes.
- création du Centre Pompidou (inauguré en 1977)

Valéry Giscard d'Estaing (élu le 19 mai 1974)

- ministère de la Condition féminine
-arrêt de l'immigration (3 juillet 1974) dans le but d’enrayer la montée du chômage
- majorité à 18 ans (5 juillet 1974). Erreur tactique puisque les 2,5 millions de jeunes qui pourront désormais voter donneront leur voix à Mitterrand en 1981.
- fin du monopole audiovisuel (7 août 1974). C’est le début du démantèlement de l’ORTF.
- indemnisation des chômeurs à 90% du dernier salaire pendant un an (14 octobre 1974)
- saisine du Conseil constitutionnel (21 octobre 1974). possibilité pour 60 députés ou 60 sénateurs de saisir le Conseil constitutionnel
- gratuité de la contraception (26 octobre 1974)
- légalisation de l'avortement (28 novembre 1974)

François Mitterrand (élu le 10 mai 1981)

Sous le gouvernement de Pierre Mauroy, il concrétise de nombreuses promesses de campagne :
- augmentation de 20 ou 25% des allocations handicapés, familiales (+25%) et logement (1er juillet 1981)
- suppression de la Cour de sûreté de l'État (4 août 1981)
- autorisation des radios locales sans publicité (2 octobre 1981)
- blocage des prix pendant six mois (8 octobre 1981),
- abrogation de la loi «anticasseurs» (15 décembre 1981).
- abolition de la peine de mort (9 octobre 1981)
- impôt sur les grandes fortunes (30 décembre 1981)
- 39 heures et 5e semaine de congés payés (14 janvier 1982)
- nationalisations des grandes entreprises (13 février 1982)
- décentralisation administrative (3 mars 1982)
- retraite à 60 ans (25 mars 1982)

Mais le 11 juin 1982 survient un premier plan de rigueur...

Jacques Chirac (élu le 7 mai 1995)

- engagement en Bosnie (3 juin 1995)
- reprise des essais nucléaires (13 juin 1995)
- fin du service militaire obligatoire (22 février 1996)

A partir d’octobre 1995, Jacques Chirac annonce une politique de rigueur (en vue de la création de l’euro). De son côté, Alain Juppé tente une réforme du système de retraites (il renonce finalement suite aux grèves des cheminots).

Manifestement donc, après une première année de pouvoir durant laquelle les Présidents successifs ont pu concrétiser une bonne partie de leurs projets de campagne électorale, le rythme se ralentit considérablement. A la fin, certains finissent même par prendre des décisions contraires, lesquelles constituent un véritable retour en arrière.

Au vu de cette expérience, on est en droit de se demander si le système Sarkozy a encore un avenir devant lui. Une année vient en effet de se terminer, on a vu beaucoup d’agitation dans tous les sens, mais finalement rien de bien probant. La tactique a été d’éviter de mener une réforme à fond avant de passer à la suivante (par crainte de l’opposition des citoyens sans doute). On a préféré attaquer de tous côtés et en ordre dispersé, afin de brouiller les pistes et de dérouter l’adversaire. Comment en effet s’opposer à des mesures partielles ou à des propos qui ne manifestent qu’une intention de réformes sans les réaliser vraiment ?

Sarkozy, en hyperactif né, s’est beaucoup agité, a touché un peu à tout, mais n’a encore rien terminé. De ce point de vue, il devient donc le Président le plus inefficace que la France ait jamais eu. Je ne discute pas ici de la pertinence de ses réformes (et à tout prendre je préfère qu’il laisse les choses en l’état où elles sont plutôt que de tout démanteler sans rien reconstruire ou en ne reconstruisant que pour le plus grand profit de quelques-uns). Non, ce dont je parle, c’est de l’incohérence du personnage, qui avait annoncé de nombreux changements et qui n’a pas tenu ses promesses ou alors fort partiellement. Le point le plus délicat, c’est évidemment celui du pouvoir d’achat.

Bien sûr, il n’est pas responsable de la mauvaise situation économique, ni de la hausse du prix du pétrole. Le problème, c’est qu’il s’est fait élire sur cela. On se souvient de ses propos sur les gens qui se lèvent tôt et qui méritent un salaire décent. Les gens se lèvent toujours aussi tôt, mais si leur salaire n’a pas diminué, cela a bien été le cas de leur pouvoir d’achat. D’où le mécontentement et la grogne. Ajoutez à cela quelques incohérences (les vacances sur un yacht, l’étalage de sa relation avec Carla, etc.), qui ont donné l’image d’un président profiteur et jouisseur qui se désintéressait du sort de ses électeurs, et vous comprendrez que l’état de grâce est passé en lisant les sondages qui plongent vertigineusement vers le bas.

Que peut-il bien faire pour redresse la barre ? Plus grand chose, il est trop tard. Ses réformes de fond ne sont pas encore entamées et déjà il n’a plus aucune popularité. Quand il passe à la télévision, on ne le regarde même plus, on admire la jolie frimousse de Carla en se disant qu’elle est finalement mieux que lui, plus distinguée, plus digne, plus intelligente aussi probablement. Ceux qui veulent aller plus loin peuvent même voir sur Internet les photos de la première dame en petite tenue ou sans tenue du tout. Triste manière de se consoler. Ceux qui avaient voté pour un président fort, qui allait rencontrer leurs problèmes quotidiens, en sont à se consoler avec de telles photos. Et quand les réformes vont enfin arriver, ce ne sera pas celles qu’ils attendaient. Ce sera pour voir l’âge de la retraite reculer, la pension diminuer, le droits sociaux régresser et le porte-monnaie s’alléger.

Dépassé, le pauvre Président essaie de se disculper en s’en prenant aux autres, à tous les autres : Chirac, Mitterrand, De Gaulle, tous y passent. Il n’y a que le Roi Soleil et Philippe le Bel qui n’ont pas été inquiétés. Et ne parlons pas de la presse ! Ah, les méchants journalistes qu’on a là, qui n’encensent pas assez le Président et qui ne parlent pas assez des déboires de l’opposition. Des goujats, vraiment. Et des ingrats, surtout, lui qui leur avait offert de si beaux postes !

27/03/2008

L'argent du pouvoir

Et bien, cela n’a pas traîné ! Moins d’un an après son élection, notre ami Sarkozy se retrouve déjà mêlé à un scandale politico-financier. Lui qui avait ironisé sur le cas de Chirac, je vois qu’il ne fait pas beaucoup mieux.

Quels sont les faits ? Une lettre qu’il a signée est apparue au cœur de l'affaire Hamon (détournements de fonds publics). L’avocat qui défend ce monsieur Hamon, collectionneur d'art de son état, demande que l’on ouvre une enquête sur les flux financiers autorisés par M. Sarkozy quand il était président du conseil général des Hauts-de-Seine. Notons qu’André Santini, le secrétaire d'Etat à la fonction publique, est déjà mis ici en examen dans cette affaire (en tant que maire d’Issy-les-Moulineaux), dans laquelle on retrouve aussi le nom de Charles Pasqua. Rien que du beau monde, donc. Sans compter que l’avocat demande également que soit entendue la garde des sceaux, Rachida Dati (qui elle était directrice générale adjointe des services du conseil général des Hauts-de-Seine).

Les infractions présumées auraient été commises entre 2001 et 2003. En principe, donc, le juge n’a pas à aller enquêter au-delà de cette date. Mais un rapport de la chambre régionale des comptes précise qu’une somme de 3 833 000 euros a été versée plus tard à titre de rémunération sur des travaux de construction qui n'ont jamais eu lieu.

La question est donc de savoir si le juge doit enquêter sur des faits postérieurs à 2003 (pour lesquels on retrouve la signature de Sarkozy) ou se contenter de la période 2000-2003. On comprend l’habileté de cet avocat. En mettant en cause le Président de la république, il espère que le juge refusera d’investiguer sur la période postérieure à 2003, surtout s’il tient à son poste . Mais alors, pourquoi n’y aurait-il que la première période qui serait délictueuse ? Cela n’a pas de sens. On crierait au scandale. Le plus sage serait donc d’arrêter purement et simplement les poursuites et d’innocenter M. Hamon, à la grande satisfaction de son avocat. En effet, voir le nom de Sarkozy dans cette affaire, cela ferait désordre. Or Nicolas aime l’ordre, c’est d’ailleurs pour cela qu’il s’est fait élire. Certes, il serait protégé par l'immunité liée à son statut présidentiel, mais tout de même, cela ne serait pas très bon pour les sondages, qui auraient bien besoin d’un petit coup de pouce en ce moment.

Pauvre Nicolas. En voyage en Angleterre, cette terre des Angles et des Saxons, voilà qu’on lui préfère sa douce moitié Carla, qui lui vole tous les honneurs dus à son rang. Remarquez qu’il l’a bien cherché. N’avait-il pas confié autrefois la libéralisation (pardon, la libération, lapsus révélateur) des otages bulgares à son épouse ? Vous me direz que ce n’est plus la même, mais bon, à force de déléguer, voilà ce qui arrive.

Ceci dit, c’est n’est pas tellement par sa diplomatie, mais surtout par son physique et son sourire que la belle Carla a séduit le cœur des Britanniques, encore un peu orphelins de la princesse Diana (morte à Paris, précisément, l’amalgame est facile).
On les comprend un peu, remarquez. Comme tout le monde, ils ont pu admirer les formes sveltes de la première dame de France, si pas en vrai, du moins en photo. Rien d’étonnant à ce qu’ils l’aient préférée au petit Nicolas.



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20/02/2008

Une télévision publique de qualité.

Nouvelle idée du président Sarkozy. Il a déclaré vouloir que les chaînes de télévision publiques en France diffusent des programmes de qualité sans "tyrannie" de l'audience, et non plus "du pain et des jeux", pour justifier son projet contesté d'y supprimer la publicité. »

Ma foi, on ne peut qu’applaudir des deux mains. Si j’étais président, je n’aurais pas fait autre chose. Ceci dit, venant de lui, je me méfie.

Il a pourtant assuré vouloir compenser (mais comment , les caisses sont vides ?) la perte de revenus liée à la suppression de la publicité.

Il a même ajouté qu’aucune chaîne publique ne serait privatisée.

On croit rêver. Cela cache quelque chose, c’est sûr. Nicolas qui finance la culture, qui veut des programmes de qualité, qui se désintéresse de l’audimat, c’est pour le moins étrange. Il est vrai que son propre audimat (sa cote de popularité) est en chute libre, mais bon…

Revenir à une chaîne publique de qualité, qui tirerait les auditeurs vers le haut, plutôt que de les rassasier de leur propre image dans des séquences de télé réalité qui tournent en boucle, c’est magnifique.

Mais je n’y crois pas. Cela cache quelque chose, je l’ai déjà dit. Mais quoi ? Ou alors l’idée ne vient pas de lui.

Je feuillette un peu la presse et je découvre ceci :

« Christine Ockrent, 63 ans, journaliste belge et compagne du ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, deviendrait la directrice générale du holding France Monde qui chapeautera France 24, TV5 Monde et RFI, à en croire les révélations faites ce mardi par « le Figaro ».

Nous y voilà. Il fallait une place pour Mme Ockrent.

Elle qui avait cessé d'animer une émission politique de France 3 lorsque Bernard Kouchner était devenu ministre des Affaires étrangères tant elle était intègre et impartiale, se retrouvait sans emploi.
En effet, elle ne présente plus qu’une fois par semaine un billet de six minutes pour France 24 avec un salaire annuel de 120.000 euros. Une aumône, quoi.

En la nommant directrice générale, elle ne va certainement pas influencer les programmes et faire l’éloge de Nicolas ou de sa politique (ou encore de l’Otan car c’est une atlantiste convaincue, liée à des cercles d’influence dans ce domaine). En tout cas, c'est ce que croiront les téléspectateurs qui ne la verront plus sur les écrans. N’est-ce pas ce qui compte, après tout ?

Et puis on ne pourra plus se plaindre qu'il n'y a que TF1 qui fait de la publicité pour Nicolaou.

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19/02/2008

Devoir de mémoire

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1940-1945, l'horreur


Il n’en rate pas une, notre ami Sarkozy. Il aurait voulu dresser l’une contre l’autre les différentes communautés présentes en France qu’il ne s’y serait pas pris autrement avec son projet de parrainage des enfants juifs massacrés pendant la guerre.

La France, qui se pensait comme un état laïc, est en train de redécouvrir qu’elle est composée de citoyens appartenant à des religions différentes. Nicolas, accompagné de sa future belle-mère ( ???) était allé salué le pape en décembre. Rien de plus normal que ces visites entre voisins bien éduqués, mais de là à affirmer que le prêtre ne remplacera jamais l’instituteur, il y a un pas qu’il aurait mieux fait de ne pas franchir. Cela revenait à mettre sur le devant de la scène politique une religion catholique par ailleurs un peu à bout de souffle. Cela revenait aussi à dire que tout bon dirigeant avait besoin du secours de la religion pour cantonner les citoyens dans l’espérance d’un monde meilleur et les empêcher de se révolter contre leur pouvoir d‘achat en chute libre. Rien de plus conservateur, en effet, que la hiérarchie de l’Eglise. En vous apprenant à ne pas séduire la femme de votre voisin (surtout s’il s’appelle Nicolas) et à ne pas voler le jet privé de votre patron, l’Eglise vous donne une conscience morale irremplaçable.

Ceci dit, il convient de nuancer et je connais des prêtres qui, sur le terrain, font un travail social remarquable, tandis que d’autres critiquent à juste titre la société de consommation basée uniquement sur l’argent et le mépris de nos semblables. On pourrait citer aussi des mouvements comme la Théologie de la libération, qui, en Amérique du Sud avait pris le parti des plus pauvres. Enfin, il s’agit souvent d’initiatives individuelles qui sont généralement en conflit avec Rome et on comprend pourquoi.

Mais revenons à Sarkozy. Après sa visite à Saint Jean de Latran en décembre 2007, le président a déjà annoncé qu'il assisterait à une séance solennelle de la loge maçonnique du Grand Orient de France. Pendant ce temps, les musulmans attendent patiemment leur tour (mais ils ont déjà eu droit à un discours tenu en Arabie, dans lequel le grand Calife Nicolas I faisait l’éloge du fait religieux).
En rappelant ainsi que chaque Français est religieusement différent de son voisin, il va réveiller les communautarismes. Ne vaudrait-il pas mieux insister sur les valeurs communes et rappeler que l’idéal républicain ne fait pas de différences entre les citoyens ?

En remettant maintenant le problème juif sur le devant de la scène, il risque de faire pis que mieux. Curieusement, lui qui dit que la France n’a pas à se repentir de ses actions et surtout pas de son passé colonial, voilà qu’il invite chaque enfant à ruminer le passé et à se culpabiliser pour ce que ses ancêtres auraient fait.

Bien sûr, ce sont là des faits dramatiques qu’il ne convient pas d’oublier et même s’il n’y avait eu qu’un seul enfant juif de tué pour la seule raison qu’il était juif, il faudrait encore en parler et dénoncer une telle barbarie. Bien sûr, le devoir de mémoire s’impose. Mais prenons le cas des jeunes Allemands. Doivent-ils être éduqués dans la repentance plus de soixante ans après les faits ? Sont-ils eux, en tant qu’individus, personnellement responsables des atrocités commises par leurs ancêtres ? Non, bien sûr. Ce qui ne veut pas dire qu’ils ne doivent pas savoir ce qu’a fait l’Allemagne à cette époque, afin précisément qu’ils agissent autrement. Mais ils ne vont tout de même pas, à chaque sommet européen, s’excuser devant la délégation française des actes commis par leur pays dans le passé. Nicolas l’a bien dit : il ne faut pas toujours se sentir coupable.

Alors, ce qui est vrai pour les Allemands l’est aussi pour les Français. D’autant plus qu’il ne faut pas oublier que pas mal de citoyens ont caché des Juifs pendant la guerre et que c’est leur gouvernement qui a honteusement collaboré. Donc, jusqu’à preuve du contraire, c’est surtout le monde politique de l’époque qui semble coupable, beaucoup plus que les personnes ordinaires, dans les rangs desquelles ont a tout de même trouvé des résistants pour s’opposer aux Allemands et des êtres sensibles pour s’insurger, avec leurs modestes moyens, contre les rafles des Juifs.

En résumé, si quelqu’un devait vraiment se sentir coupable, ce serait le successeur de Pétain, le grand Nicolas lui-même, pas à titre personnel, évidemment, mais de par la fonction qu’il occupe. Alors qu’il aille faire des excuses à Jérusalem au nom de l’Etat français si cela lui chante, c’est une chose, mais qu’il décide de culpabiliser toute la jeunesse actuelle, cela me semble particulièrement morbide. Un peu comme l’était déjà l’imposition de la lecture de la lettre de Guy Moquet. Les psychologues feraient bien de se pencher sur les conséquences que pourraient avoir un tel type d’enseignement ainsi que sur les motivations profondes du chef de l’Etat, qui semblent un peu pathologiques.

De plus, en imposant d’en haut une telle mesure ne risque-t-il pas d’obtenir le contraire de l’effet escompté et dresser la communauté musulmane contre les enfants juifs ? On dira certes qu’il ne faut pas se plier à ce genre de considération (et je suis le premier à trouver étranges ces horaires de piscines qui visent à séparer les hommes des femmes et cela afin de complaire aux exigences des imams) mais tout de même, le rôle d’un Président n’est-il pas de rassembler plutôt que de diviser ?

En fait Sarkozy est étrange et imprévisible. Pourquoi, au moment de son élection, avait-il boudé les cérémonies commémoratives du 8 mai (capitulation de l'Allemagne), mais avait tenu à assister à la Journée du souvenir de l'esclavage ? Etrange pour quelqu’un qui veut préserver la mémoire de l’Histoire mais qui ne veut pas se repentir. N’aurait-il pas dû faire l’inverse, s’il voulait être logique avec lui-même ?

On pourrait aussi regretter que les cours d’Histoire ne sont plus ce qu’ils étaient. Ne serait-il pas plus judicieux de les rétablir (y compris un cours de critique historique) afin non seulement de ne pas oublier des faits aussi importants que la Shoah, mais aussi afin de pouvoir replacer ces faits dans un contexte précis. Non, dit le Président, le «devoir de mémoire», ce n’est pas l’Histoire. On le regrettera car sensibiliser les jeunes à ce problème en jouant exclusivement sur la corde affective, c’est se rapprocher de pratiques comme le culte du héros. La seule différence, c’est que le héros, ici, est une victime.

A la limite, glorifier Jeanne d'Arc comme Pétain ou Le Penn ont pu le faire est certes contestable (puisqu’on poursuit en fait un but inavouable et inavoué) mais offre au moins l’avantage de vouloir rassembler tout le monde sous une seule bannière, celle de la France (avec cette restriction que pour le Penn, les immigrés n’ont pas à être français). De plus, le culte du héros voulait forger les personnalités en encourageant l’émulation : quels hommes que Surcouf, Du Guesclin, etc. ! Certes, une telle démarche nous semble aujourd’hui bien contestable et bien ridicule, puisqu’elle visait en fait à renforcer le patriotisme ou la religion (si l’idole était un saint comme Saint Vincent de Paul), mais au moins canalisait-elle les efforts dans un sens positif. Ici, c’est le contraire. Non seulement on revient avec un matraquage idéologique digne de ces époques qu’on croyait révolues, mais en plus le résultat final sera négatif puisqu’au mieux il culpabilisera et au pire il divisera.

Maintenant, s’il faut accepter ce «devoir de mémoire»,à la demande du président, pourquoi ne le pratique-t-il pas lui-même quand il se rend en Algérie par exemple ? Pourquoi les crimes perpétrés la-bas par les Français ne doivent –ils pas être rappelés alors que les mêmes crimes contre le peuple juif doivent l’être ? On sent bien qu’il y a inégalité de traitement et notre cher Nicolas voudrait attiser le ressentiment dans les banlieues à forte composante maghrébine qu’il ne ferait pas mieux.

Parce qu’il s’il faut se remémorer tous les crimes de l’Histoire, on peut y aller. A commencer par la Saint Barthélemy (comme cela il verra que la religion a parfois des excès et que c’est bien pour cela qu’on a préféré un état laïque), mais aussi la colonisation, le massacre des populations amérindiennes par les Espagnols, sans parler des bombes au napalm sur le Vietnam.

Ce n’est pas tout à fait la même chose, me direz-vous. Dans les cas que je cite, il s’agit simplement d’un pays qui impose sa volonté à un autre (colonisation) ou ses idées à un autre (St Barthélemy), tandis que les enfants juifs, eux, ont été massacrés exclusivement à cause de leur appartenance à une race. C’est vrai. Mais alors on pourrait citer le génocide cambodgien, la guerre civile de Yougoslavie (dont le dernier chapitre vient de s’inscrire hier avec l’indépendance du Kosovo), les attentats entre Chiites et Sunnites, l'épuration raciale et religieuse au Soudan et finalement le génocide rwandais (où la France, qui soutenait inconditionnellement les Tutsis semble idéologiquement bien impliquée).

Ne conviendrait-il pas de faire appel à l’intelligence et à la raison pour éviter ce qui se passe sous nos yeux plutôt que de jouer sur l’émotionnel en retournant soixante ans en arrière ? En n’oubliant pas que les débats de nature émotionnelle retombent aussi vite qu’ils sont nés. S’il veut que son action perdure, Sarkozy ferait donc bien mieux d’en appeler à la raison plutôt qu’à l’affectif.

Sans compter qu’étant lui-même d’origine juive, son calcul ne semble pas désintéressé. On va l’accuser de travailler pour son camp c’est-à-dire pour Israël. Même si sa démarche, au départ, est louable et part d’un bon sentiment, on va lui reprocher de se servir de la France et des Français pour tenter de justifier ou du moins de faire oublier ce qui se passe aujourd’hui dans la bande de Gaza.

Car était-il normal, quand les Américains ont imposé un boycott international à l’Irak, avant la guerre contra Sadam Hussein, que des enfants soient morts dans les hôpitaux par manque de médicaments ? Est-il normal que la même chose risque d’arriver à Gaza ? Ces situations ne datent pas d’avant-hier, elle se déroulent sous nos yeux. Le mur qui coupe la Palestine en deux commence furieusement à ressembler aux murs des anciens ghettos, si ce n’est que ce ne sont plus les mêmes qui sont enfermés. Nous sommes là en pleine urgence et la communauté internationale devrait se mobiliser. Rien ne bouge et rien ne bougera. Alors je veux bien d’un devoir de mémoire, mais il ne doit pas être à sens unique. Ce qu’il faut chasser, c’est la barbarie. Que m’importe à moi que l’enfant qu’on maltraite soit juif, arabe ou indien ? C’est un enfant avant tout. En réintroduisant le critère de la race dans ce genre de débat, on joue un jeu dangereux. Il n’y a pas de bonnes et de mauvaises victimes, il y a des victimes, point final (y compris des victimes israéliennes qui tombent à cause des kamikazes fanatiques, ne l’oublions pas non plus ).


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Palestine, Gaza, l'horreur

14/02/2008

Fait divers

Le Réseau Education Sans Frontières (RESF) lutte contre l'expulsion d'étrangers sans papiers ayant des enfants scolarisés en France. Un membre de cette association avait été placé en garde à vue après s’être opposé à l'expulsion d'un parent d'élève sans papiers. Du coup, un autre membre avait adressé un courriel au ministère de l'Intérieur dans lequel il demandait sa libération.

Comme les faits se passaient en 2006, c’est Sarkozy, qui n’était pas encore grand Calife, qui gérait les affaires intérieures.

Le problème c’est que notre militant, qui n’avait sans doute jamais fait de droit (et qui donc ne savait pas que dans une affaire, c’est la preuve du délit qui compte avant toute chose), avait commis l’imprudence d’écrire dans son courriel «voilà donc Vichy qui revient. Pétain a donc oublié ses chiens (...)». Et il avait ajouté voilà une «politique qu'il faut bien qualifier de raciste», tout cela avant d'adresser ses «salutations antifascistes» au ministre.

Le tribunal correctionnel de Paris vient de le reconnaître coupable d'outrage à personne dépositaire d'une autorité publique et l'a aussitôt condamné à 800 euros d'amende ainsi qu'à un euro de dommages et intérêts à verser à M. Sarkozy, qui s'était constitué partie civile.

Son avocate avait bien plaidé qu’il n’avait fait qu’un «parallèle politique» et que «c'était une politique qui était visée, pas une personne», rien n’ y a fait. On n’outrage pas le grand Calife.

En attendant celui-ci me semble bien procédurier, vu le nombre d’affaires qu’il dépose devant les tribunaux. Il devrait peut-être relire Rabelais (ou tout simplement le lire) et les juges avec lui, qui semblent un peu trop courber l’échine devant l’autorité.

Cy n'entrez pas, maschefains practiciens,

Clers basauchiens mangeurs du populaire.

Officiaux, scribes et pharisiens,

Juges anciens, qui les bons parroiciens

Ainsi que chiens mettez au capulaire;

Vostre salaire est au patibulaire

Allez y braire, icy n'est faict exces

Dont en voz cours on deust mouvoir proces.



Proces et debatz

Peu font cy d'esbatz,

Où l'on vient s'esbatre.

A vous, pour debatre

Soient en pleins cabatz

Proces et debatz.



Cy n'entrez pas, vous, usuriers chichars,

Briffaulx , leschars, qui tousjours amassez,

Grippeminaulx, avalleurs de frimars,

Courbez, camars, qui en vos coquemars

De mille marcs jà n'auriez assez.

Poinct esgassez n'estes, quand cabassez

Et entassez, poiltrons à chiche face :

La maIe mort en ce pas vous deface.



Face non humaine

De telz gens, qu'on maine

Raire ailleurs : céans

Ne seroit séans;

Vuidez ce dommaine,

Face non humaine.



Cy n'entrez pas, vous rassotez mastins ,

Soirs ny matins, vieux chagrins, et jaloux;

Ny vous aussi, seditieux mutins,

Larves, lutins, de Dangier palatins ,

Grecs ou Latins, plus à craindre que loups;

Ny vous gualous, verollez jusqu'à l'ous;

Portez vos loups ailleurs paistre en bonheur,

Croustelevez , remplis de deshonneur.




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13/02/2008

Chercher l'erreur.

Le président a dit : il faut faire de la publicité pour les livres à la télévision
Le président a dit aussi : il faut supprimer la publicité sur les chaînes publiques.
Le président a encore ajouté : il faut lancer rapidement une grande émission littéraire.

Tout cela vous semble incohérent ? pas du tout. Il suffit de comprendre ce qui se cache en dessous de ces paroles.

Quand le président a dit : il faut faire de la publicité pour les livres à la télévision, il a voulu dire que les grandes maisons d’édition ne doivent pas avoir peur d’écraser les petites (qui elles n’ont pas de budget pour la publicité) et qu’a partir du moment où leur but est de faire de l’argent, elles ne doivent pas avoir peur de considérer le livre comme un vulgaire produit de consommation.

Quand le président a dit aussi : il faut supprimer la publicité sur les chaînes publiques, il a voulu dire qu’il fallait éliminer le principal concurrent des chaînes privées (là où ses amis sont actionnaires) en lui coupant une bonne partie de ses revenus. Comme cela, l’ensemble de la publicité se retrouvera chez lesdits amis (qui, comme on le sait, ont des yachts et des jets privés à entretenir).

Quand le président a encore ajouter : il faut lancer rapidement une grande émission littéraire, il a voulu dire qu’il fallait parler à la télévision des différentes biographies consacrées à Carla et à Cecilia, afin de redresser l’économie française (et remplir le portefeuille des amis actionnaires qui avaient si gentiment invité Carla et Cécilia).

05/02/2008

La première dame de France gagne son procès contre Ryanair.

Attaquée au tribunal pour avoir exploité une photographie du couple le plus médiatique de la planète, la société Ryanair a été condamnée à payer un euro à Nicolas I, roi, par la volonté du peuple, de la grande Sarkozie (lequel, bon prince, a tenu a préserver la dignité de sa fonction en ne se montrant pas bassement matérialiste) et 60.000 euros à sa douce moitié.

Il est vrai que celle-ci avait demandé 500.000 euros et que le juge a revu ses prétentions à la baisse. Ceci dit, si c’est en tant qu’outrage à la première dame qu’on juge son affaire, il y a erreur, car au moment des faits elle n’était encore que Carla Bruni. Nicolas l’avait dit d’ailleurs : « vendre son image, c’est son métier de mannequin. Elle subit donc un préjudice et c’est pour cela qu’elle réclame une somme plus importante. » En octroyant 60.000 euros, le juge a sans doute donc estimé que le première dame n’était plus mannequin à temps plein mais bien à temps partiel (puisque le code civil l’oblige à passer ses nuits avec son mari). Le préjudice étant moindre, il n’a pas accordé la totalité de la somme réclamée. Mais comme par ailleurs, la première dame continue à poser en petite tenue (bottée et baguée) pour la presse espagnole, il a bien dû, tout de même, accorder un petit dédommagement qui arrondira les fins de mois.

C’est sans doute pour cela qu’elle n’a pas accompagné le président en Roumanie mais qu’elle s’est fait remplacer par son père (ce qui, pour Nicolas, rend le voyage nettement moins romantique, on en conviendra). Elle avait sans doute quelques séances de photos à terminer.

Pour ceux parmi vous qui sont passionnés de littérature, ils ne manqueront pas de se précipiter sur les trois derniers livres sortis, tous consacrés comme il se doit à Carla Bruni.

-Carla Bruni, Qui est-elle vraiment? paraît aux éditions Privé, avec un premier tirage à 55.000 exemplaires

-Carla Bruni, La dame de coeur est annoncé chez l'éditeur belge Luc Pire. Tiré à 20.000 exemplaires, il a déjà été réimprimé à 5.000 pour faire face à le demande, selon la maison d'édition.

-Carla et Nicolas, Chronique d'une liaison dangereuse des journalistes Chris Laffaille et Paul-Eric Blanrue, paraît aux éditions Scali. 40.000 exemplaires et le livre est également en réimpression, selon la maison d'édition

On plaint l’ex-première dame, Cécilia, dont les biographies vont se faire détrôner par ces nouveautés, alors qu’elle était en tête des meilleures ventes.

Et on dira encore que les éditeurs ne lisent pas les manuscrits envoyés par la poste…





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"Nicolas, voulez-vous prendre pour épouse..."

On n’était jamais tombé aussi bas. Jamais, en effet, un président en exercice n’avait attiré à ce point l’attention de la presse à sensation. Sarkozy a voulu innover en cette matière comme dans toutes les autres. Il commence à en payer les pots cassés.

Ainsi, celui qui avait dit qu’il fallait travailler plus pour gagner plus n’en finissait plus de se faire photographier en douce compagnie dans divers lieux d’amusement ou de villégiature. (Disney Land, Egypte, Jordanie, etc.) Alors que le pays est en crise (c’est lui qui le dit), en retard sur l’économie mondiale (sans doute) et qu’il s’est engagé à lui faire faire un grand pas en avant (contestable par ailleurs puisque cela revient à suivre une politique libérale pure et dure), voilà qu’il ne s’occupe plus de rien et qu’il se contente de roucouler et de faire les yeux doux à la belle Carla. Erreur fatale. Les Français, dont le pouvoir d’achat s’érode (forcément, la liberté du marché permet à n’importe quelle firme d’évincer ses concurrents puis de demander le prix qu’elle veut, l’Etat n’intervenant plus en rien et se contentant de laisser faire) ont besoin d’un président de crise et ils ont sous les yeux un adolescent amoureux. Voilà qui explique la chute vertigineuse dans les sondages.

Heureusement le mariage vient remettre les pendules à l’heure. Un mariage, « vous vous rendez compte ! ». C’est du sérieux. Celui qu’on accusait d’être un frivole et un épicurien jouisseur redevient un époux respectable. Ouf. La morale est sauve.

Ce n’est pas pour cela que la situation va s’améliorer, loin de là, mais au moins, pendant qu’il passe du temps avec la première dame, Nicolas ne sera pas occupé à démanteler nos systèmes de retraite ou à privatiser la fonction publique et c’est déjà cela. On lui souhaiterait même une lune de miel éternelle rien que pour qu’il nous laisse un peu tranquilles.


46175f01bea7a1fae92021ea24517cc6.jpgAinsi, le petit vizir qui était devenu calife à la place du calife est maintenant en plein conte des mille et une nuits. Il est amoureux. Tant mieux pour lui, mais comme il est du genre hyperactif, on peut supposer qu’il sera bientôt lassé de son nouveau jouet (à moins que ce ne soit l’inverse car on dit la belle Carla assez volage).

En attendant, pendant ce répit amoureux, je suppose que nous aurons droit aux levers du Roi soleil dans Paris Match, avec Carla en petite tenue. On commence à avoir l’habitude, cela n’émeut plus personne.

A propos de Roi Soleil, cela me fait penser que le petit Roi se rendait à précisément à Versailles, ces jours-ci, pour préparer les réformes constitutionnelles nécessaires à l’adoption du mini-traité européen. En monarque absolu, il s’apprête donc à ratifier un texte que la majorité des citoyens avaient pourtant refusé, mais que voulez-vous, le Roi est le Roi et ses désirs sont des ordres.

Notons qu’il n’était pas seul à Versailles puisque sa toute nouvelle épouse était présente.
Devant la presse, il a fait peu d’allusions à ce mariage, ayant enfin compris que la dignité présidentielle exigeait une certaine retenue. En visite en Moselle, il aurait déclaré devant les travailleurs d’une usine qui s’apprête à licencier : "Je dois dire que Gandrange comme voyage de noces, il n'y a pas mieux", tandis qu’à Bucarest il aurait reconnu avoir eu « un week-end assez chargé. »

Ceci dit, on apprend qu’à Bucarest il était accompagné du père de Carla, Maurizio Remmert.
C’est une manie chez lui. En Libye, il envoyait Cécilia, à Rome, il s’est présenté chez le pape avec sa future belle-mère et ici avec le beau-père. Curieuse histoire de famille. Ce n’est pas pour rien que la presse roumaine titrait « le mari de Carla Bruni arrive à Bucarest ».
Quand je disais qu’on était tombé bien bas.


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Versailles, après les noces.









Non, je me suis trompé





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Voilà qui est mieux

01/02/2008

Un regard extérieur

Un article du Monde (actuellement en ligne, mais dépêchez-vous) donne l’opinion des journalistes étrangers sur le « style » Sarkozy. On y apprend, si on sait lire entre les lignes, que les Français sont finalement ignares puisque tout le monde, à l’extérieur de l’Hexagone, semble en fin de compte apprécier le petit Nicolas.

Ainsi, l’épisode où Sarkozy s’en est pris aux marins bretons serait vu positivement par les Italiens : « Un président de la République capable de descendre dans l'arène, d'aller parler avec ceux qui protestent, qui n'a pas peur, ça plaît aux Italiens."

Les Anglais, eux, apprécieraient le côté «vrai » du président, qui ne se fabriquerait pas une image factice pour la télévision.
Si les vacances sur un yacht privé sont qualifiées « d’impensables » en Allemagne, les mêmes Anglais, dans un cas semblables, se réjouiraient plutôt dans la mesure où c’est autant d’épargné pour les caisses de l’Etat et donc pour les contribuables.
Quant à l’attitude du petit Vizir lors des sommets internationaux (on se souvient par exemple de l’apéritif trop alcoolisé bu en présence de Poutine), elle est simplement qualifiée « d’étrange » mais aussi de « touchante ».

Bref, aucune critique vraiment méchante, au contraire. Les journalistes européens ont-ils l’esprit large ? Ont-ils peur de dire ce qu’ils pensent à celui qui les interroge ? Difficile de se prononcer. Il faut considérer, cependant, qu’ils sont peut-être moins directement impliqués que les Français, qui eux, en quelque sorte, doivent vivre au quotidien avec leur président, sans parler du fait qu’ils redoutent que l’image de marque de leur beau pays ne soit ternie par un clown hyperactif.

Ce qui est sûr, c’est que si cet article du Monde avait voulu faire l’apologie du Président, il ne s’y serait pas pris autrement. Heureusement que nous sommes dans un pays où la presse est libre (tellement libre que n’importe qui peu même acheter un journal ou un groupe de presse s’il le désire), sinon on se poserait des questions.

31/01/2008

Evolution des moeurs

Le choc des photos:

Le Président

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La première dame:

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Première dame de France

Après ce petit intermède sur Rimbaud et les Ardennes qui l’ont vu naître, il nous faut bien revenir à la vie quotidienne. Hélas, en quelques jours, la situation ne s’est pas améliorée. Les Français sont encore un peu plus pauvres, tout comme la Société générale d’ailleurs. L’Empereur, lui, a continué à faire parler de lui (en pure perte d’ailleurs puisque sa côté de popularité poursuit son inexorable descente). Je l’avais laissé en Egypte, en train de roucouler au pied des pyramides avec sa belle. Depuis, tel Alexandre le grand , il est arrivé jusqu’en Inde. Il a aussi intenté un procès à Ryanair, pour publicité douteuse. Il ne l’a pas fait pour l’argent (à la différence de Carla, qui elle, réclame directement 500.000 euros) mais simplement pour faire respecter le prestige de la fonction présidentielle. Il fait bien, car depuis qu’il est président, ce prestige ne fait que dégringoler. Il est vrai qu’il en est le principal responsable. A force de se présenter en tenue de jogging et de s’afficher un peu partout avec des femmes différentes (Cecilia, Rachida dati, Laurence Ferrari, Carla, etc.), à force de vouloir ressembler à Monsieur tout le monde (sauf pour le salaire, augmenté de 172 %) et à force de se laisser photographier dans sa vie privée en douce compagnie, il est clair que le public a fini par oublier la prestance qui était celle d’un De Gaulle ou le mystère qui entourait un Mitterrand. C’est allé si loin que les publicitaires, ces gens naïfs qui n’ont jamais rien compris en dehors de leurs chiffres de vente, ont cru qu’ils pouvaient, eux aussi, « surfer » sur cette nouvelle vague et se servir de l’image du futur couple présidentiel (enfin le couple est déjà constitué, mais pas encore légalisé ; du travail au noir, en quelque sorte) pour faire des affaires. Et bien non. Nicolas est aussitôt intervenu pour les rappeler à l’ordre. Certes on peut vouloir faire des affaires et s’enrichir, c’est d’ailleurs là un des piliers de sa politique libérale, mais on ne peut pas le faire en se servant de l’image du président et de sa presque compagne légale.

Allez savoir pourquoi. D’un côté il veut se montrer moderne en divorçant pour ainsi dire en direct et en officialisant le concubinage et de l’autre il s’insurge quand une publicité parle mariage. Voudrait-il à ce point inverser les valeurs ? On savait déjà qu’il avait mis à mal les principes de liberté, d’égalité et de fraternité. On savait qu’il voulait qu’il y ait de plus en plus de pauvres et que seuls quelques riches sortent du lot. On savait qu’avec lui il allait falloir travailler plus pour gagner moins. Mais on ne savait pas encore qu’il s’en prendrait à la liberté de la publicité, ce pilier de l’économie libérale. Surtout qu’on ne peut pas dire que la photo de Ryanair était choquante.

Non, là, franchement, on ne comprend pas le petit Nicolas. Sans doute est-ce Carla qui a mal pris la chose. Il est vrai qu’elle se préparait à faire publier d’elle les photos presque officielles de la future première dame de France. Elle ne voulait sans doute pas qu’on lui coupe son effet en venant parler mariage. Cela fait si petit bourgeois. Elle, elle plane beaucoup plus haut :




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01/01/2008

Meilleurs voeux

Ce qui m’a inquiété, dans le discours de Sarkozy aux Français, c’est cette expression « vieille France », laquelle aurait par ailleurs du retard sur le reste du monde. Heureusement, Zorro va arriver et Zorro c’est celui qui a été élu, c’est-à-dire lui. Retard dans nos idées par rapport à la mondialisation de l’économie et par rapport à un libéralisme pur et dur ? Sans doute. Mais accepter sans condition les idées du Président, c’est faire une croix sur tout le volet social de notre société. Sans vouloir se replier frileusement dans notre cocon, on peut tout de même se poser des questions sur la pertinence qu’il y aurait à renoncer à tous nos acquis au nom de la sacro-sainte compétitivité sous prétexte que les autres pays agissent ainsi. Bien entendu la France n’est pas isolée et elle doit tenir compte de ce qui se passe à ses frontières et plus loin encore. Mais cette manière de nous dire qu’on est en retard a quelque chose d’agaçant. C’est une manière habile de vous placer dans le rang des ringards et des démodés. Au lieu d’écouter le pertinence de vos propos, on préfère dire que c’est à cause de vous que le pays n’a pas pris son envol (on se demande bien lequel, d’ailleurs). Il y a là un sophisme de raisonnement contre lequel il faut s’insurger.

D’autant plus que Nicolas n’est pas à un paradoxe près. Ainsi, en bon gaullien qui se respecte, il parle de la grandeur (future) de la France. Mais il est pourtant le premier à lui faire perdre toutes ses prérogatives en faisant passer le mini traité européen, lequel coule l’économie de marché dans une constitution. Je ne pense pas que ce soit là les valeurs des Français, pas plus que celles des autres citoyens européens, d’ailleurs. Si la grandeur de la France c’est permettre à nos entreprises de se délocaliser plus facilement et de licencier sans contrainte, il faudra que l’on m’explique tout cela davantage car je ne comprends rien à l’économie.

Et puis il a aussi parlé d’une politique de civilisation et d’une nouvelle renaissance (rien de moins que cela). Curieux. La France, ce « vieux » pays de vielle culture aurait donc besoin d’un souffle nouveau (peut-être bien) et ce souffle, c’est Sarkozy qui va le lui insuffler (là, on commence à sourire). On veut bien le croire, puisqu’il le dit. Mais en attendant, de tels propos ressemblent fort à ceux d’un candidat en campagne électorale et pas du tout à ceux d’un président en exercice. En gros, il nous dit qu’il s’est déjà agité beaucoup, mais que l’essentiel reste à faire (ce qui est avouer qu’il n’a pas encore fait grand-chose). Autrement dit, il faut continuer à espérer et à lui faire confiance. Le pouvoir d’achat va augmenter, le chômage va régresser, la France va redevenir un des plus grands pays du monde, elle sera écoutée et les Français vont vivre un rêve comme ils n’en ont jamais connu. Il l’a dit. Il s’y est engagé, donc il va le faire. Merci Monsieur le Président.

En attendant, pendant la nuit de la Saint Sylvestre, 372 véhicules ont été incendiés (contre 397 l'année précédente, soit une baisse de 6,72 %.) et il n’y a eu que 259 arrestations. On croit rêver en entendant de tels chiffres. Surtout quand on nous annonce que l’express Nice-Marseille est arrivé sans encombre à destination et qu’il n’y a eu ni viol ni assassinat à déplorer. On se demanderait bien dans quel type de société nous nous trouvons pour accepter sans sourciller une telle banalisation de la violence. Tiens, je croyais pourtant que c’était pour remédier à ce genre de travers que le bon peuple avait voté pour Sarko. C’est peut-être pour cela d’ailleurs qu’on nous dit que tout va bien du côté de la violence urbaine. Avouer le contraire, ce serait remettre en question les paroles mêmes du président et faire planer un doute sur sa capacité à entamer de vraies réformes de société.

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31/12/2007

Déontologie journalistique

Ce qui est amusant, avec Sarkozy, c’est que les journalistes professionnels eux-mêmes (les vrais, ceux de l’AFP, de l’agence Reuters ou du Monde, pas les paparazzi en quête d’images glamour) en sont à se poser des questions sur le respect de la déontologie de leur profession. Faut-il ou ne faut-il pas suivre Nicolas dans ses déplacements ? Faut-il ou ne faut-il pas rapporter ses propos ?

Le problème vient du président lui-même, qui ne marque pas de frontière nette entre les déplacements officiels et les vacances privées. Ainsi le séjour égyptien commence comme des vacances et se termine par une rencontre au sommet avec les autorités égyptiennes. Par prudence, les journalistes se doivent d’être présents. Le Président pourrait faire une déclaration importante ou un attentat pourrait se produire. Par tradition, tout voyage d’un Président implique donc un déplacement de journalistes, qui sont là « au cas où ». Malheureusement ici, le petit Nicols n’a pas dit grand-chose qui soit digne de passer à la postérité. A part tenir la main de Carla et s’extasier comme un touriste ordinaire devant les monuments antiques, il n’a rien dit du tout. On ne peut pas le lui reprocher, il était en vacances. Mais alors, les journalistes de l’AFP devaient-ils être là, eux ? Quel discours devaient-ils tenir ? Devaient-ils ou ne devaient-ils pas le prendre en photo et rapporter des propos insignifiants ? Etait-ce leur rôle ? Manifestement non. Mais d’un autre côté, leur direction sait que le public attend une couverture de l’événement. Si Le Monde ne parle pas des vacances égyptiennes et s’il ne nous offre pas au moins une photo de Carla devant les pyramides ou dans la vallée des rois, les lecteurs seront déçus. Or un lecteur déçu est un lecteur qui s’en va. Moi-même, à la limite, qui regarde tout cela avec ironie et qui attend le moindre faux pas de Nicolas pour ironiser gentiment, j’espère trouver dans la presse un compte-rendu quelconque. Autrement dit, nous nous sommes tous fait avoir, public et journalistes confondus. Même quand il n’y a rien à dire, Sakozy est parvenu à ce que l’on parle de lui et à ce que l’on attende ses paroles « éclairées ».

La presse arabe a été confrontée au même problème et elle a décidé de rester prudente. Certes elle a décrit « les tenues décontractées de Sarkozy » et a fait état , non sans fierté, de « chaque exclamation d'émerveillement du président français devant les paysages et monuments égyptiens. » Mais ce comportement de Sarkozy (décidément très habile, même en terre étrangère) suffira-t-il pour masquer la nouvelle politique arabe de la France et faire oublier les nombreuses déclarations d’amitié de Sarkozy envers Israël et les Etats-Unis ?.

"J'ai étudié la politique de tous les présidents français depuis le général de Gaulle. Pour moi, (ce dernier) incarnait le pic de la politique d'indépendance de la France vis-à-vis des Etats-Unis. Sarkozy représente le pic exactement inverse", commente Nadia Moustapha, professeur de relations internationales à la faculté d'économie et de sciences politiques de l'université du Caire. En effet, du "nouveau toutou de George (Bush)", on se souvient surtout qu’il fut autrefois un fervent défenseur de la laïcité dans l’affaire du voile islamique (étrange soit dit en passant. N’a-t-il pas prôné une laïcité modérée devant Benoît XVI ?). Les réactions des personnalités égyptiennes sont claires : "En France, Nicolas Sarkozy a interdit aux jeunes musulmanes de porter le voile à l'école, prétextant qu'elles violaient le domaine public français. Mais en venant en Egypte en voyage officiel accompagné d'une personne qui n'est pas son épouse, il fait exactement la même chose : il viole le domaine public de la société musulmane."

Voulant séduire en surfant une nouvelle fois sur la vague médiatique et privée, Sarkozy risque cependant d’avoir mal calculé les conséquences de son déplacement en terre musulmane. D’autant plus que pour l’Egypte, la France, c’est Chirac, celui qui s’était opposé à la guerre en Irak. Chirac, le vieil ennemi de Nicolas (« Vous vous rendez compte ? »). Aller se reposer en Egypte et derrière les sarcophages retrouver le fantôme de celui qui vous a précédé. Un comble ! Il va falloir leur expliquer, à ces Egyptiens, que la France, c’est lui, Nicolas et personne d’autre. Finalement, heureusement que Carla était là pour le prendre par la main et le consoler un peu de tous ces ennuis.




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30/12/2007

Jogging matinal

«Un photographe de l'AFP, Thomas Coex, a eu le coude cassé par un policier égyptien alors qu'il prenait des photos de Nicolas Sarkozy et Bernard Kouchner en train de faire un jogging à Charm el-Cheikh samedi. »

On est tombé bien bas. A force de vouloir jouer sur la vague médiatique, le petit président aux amis très fortunés a renoncé à jouer le rôle de sa fonction, en principe emprunte de dignité, pour se complaire dans la théâtralisation de son propre personnage. Ce à quoi on a droit, ce n’est plus aux discours du président d’un grand pays sur les problèmes cruciaux du moment (chômage, dette publique, redressement économique, intégration européenne, Palestine et maintenant Pakistan), mais à des nouvelles sur sa vie privée : vacances sur un yacht en présence de sa femme enfin revenue, vacances aux Amériques en présence de sa ministre de la Justice dont on nous dit qu’il est très proche, vacances en Egypte en présence de Carla Bruni dont il est encore plus proche. Les photos succèdent aux photos, toutes dignes d’un reportage de Paris-Match sur une vedette de cinéma. D’ailleurs de Carla Bruni, dont on nous vente la vitalité sexuelle (elle s’est déjà glissée dans pas mal de lits), les journalistes en sont déjà à guetter des déclarations fracassantes sur les exploits intimes de Nicolas. Plus ceux-ci seront nombreux, plus la France aura un grand président et plus les Français seront fiers d’eux-mêmes. On croit rêver.

En attendant, ce qui est sûr c’est que Nicolas veille précisément à maintenir cette forme physique dont il a bien besoin. En vacances à Charm el-Cheikh, il fait son jogging matinal en présence de son ministre des affaires étrangères. Etrange, on nous avait pourtant dit que la femme de ce dernier, la très médiatique Christine Ockrent se trouvait en visite en Egypte pour des vacances privées et que l’objectivité de son émission sur FR3 n’aurait pas à souffrir de la présence de Sarkozy dans les parages. C’était donc par hasard que tout le monde se retrouvait en Egypte au même moment. La planète étant devenue un village, nous y avions cru (ou avions fait semblant d’y croire). Mais là, cela va être dur à avaler. Comment croire qu’on peut rester neutre quand on sait que votre mari court chaque matin avec le président ? Sans doute a-t-il bien besoin de se remettre en forme, le pauvre Kouchner, et n’a-t-il trouvé personne d’autre, dans cette cité adossée au désert, pour faire un peu de sport.

Signe du style décontracté à la Sarkozy : en hyperactif de première, il oblige tout le monde à courir avec lui. Les ministres courent, mais aussi les gendarmes chargés de sa surveillance (français et égyptiens confondus) et bien entendu les journalistes désireux de le prendre en photo :

« Le temps de sortir un appareil et de courir un peu vers eux, j'étais vraiment derrière, je suis arrivé à peut-être 10 mètres du président", a témoigné le photographe de l'AFP. Un policier égyptien en civil, qui courait derrière les responsables français et leurs gardes du corps, s'est dirigé vers le photographe de l'AFP alors que le reste du groupe continuait à courir. (…) Au cours de l'incident, le photographe a appelé à l'aide un garde du corps français qui suivait Nicolas Sarkozy. Ce garde du corps s'est retourné avant de continuer sa route derrière le président et M. Kouchner, dont le photographe blessé ne pouvait dire s'ils avaient eux-mêmes remarqué l'incident. (afp) »

Avec Sarkozy, on n’a plus le temps de la réflexion. Plus question de méditer sur la pertinence des actions entreprises. On va de l’avant et on court, dans ce qui commence à ressembler à une fuite en avant. Espérons qu’un précipice ne se trouve pas au bout du chemin.


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21/12/2007

De la religion

On savait que Sarkozy aimait imiter le président Bush. On ne savait pas qu’il irait jusqu’à le suivre sur le terrain de la religion. « Les racines de la France sont essentiellement chrétiennes » a-t-il dit. On n’en avait jamais douté. Mais elles sont aussi celtiques et romaines. Et il ne faudrait tout de même pas passer sous silence 1789 et les deux siècles qui ont suivi. A force d’afficher sans complexe sa position à droite, il va bientôt nous tenir un discours digne de l’ancien régime. C’est sans doute ce qu’il voudrait : revenir à une société où les privilèges sont le propre de quelques-uns. D’ailleurs, si on l’écoute, on a l’impression que la Révolution n’a jamais eu lieu. Pour affermir sa position, il s’entoure de tous les penseurs chrétiens : Pascal, Bossuet, Péguy, Claudel, Bernanos, Mauriac, Maritain, Mounier, René Girard .

Il faut, nous dit-il, nous acheminer vers une laïcité positive. Que voilà un langage ambigu. La société française est laïque, point final. Intégrer officiellement la pensée religieuse dans son fonctionnement, cela revient tout de même à réduire la laïcité. Mais c’est que Sarkozy a besoin de citoyens qui « croient » et « espèrent ». Il n’a jamais si bien dit. Chacun espère qu’il tiendra ses promesses et donc que nous jouirons d’un meilleur pouvoir d’achat. Mais si notre attitude doit se fonder sur l’espoir, c’est donc que les promesses ne sont pas près d’être tenues.

Non, je plaisante. Par espoir, Nicolas veut parler de transcendance. Car la religion propose une morale, chacun le sait. Pour remettre de l’ordre dans notre société dépravée, il lui faut donc le concours des prêtres. Après les propos fermes contre le nucléaire iranien, tout cela commence sérieusement à ressembler au sabre et au goupillon.

Bon, si la foi redevient la base de notre société, que faut-il penser de la présence des musulmans dans notre pays ? Il voulait des croyants, Nicolas ? Et bien il en a des millions, de quoi se plaint-il ? Pourtant il n’a pas eu un mot à leur intention. C’est que ceux-ci, s’ils ont une foi plus vive que les catholiques, semblent se trouver du mauvais côté de la barrière. C’est bien connu, en religion, il y a les bons et les méchants. Les bons, c’est nous, les méchants, ce sont eux. Diable (enfin, si j’ose dire), tout cela va nous amener une guerre civile. D’un côté les catholiques intégristes, de l’autre, dans un même combat, les athées, les laïcs et les musulmans. Cela nous promet une belle Saint Barthélemy, tout cela.

17/12/2007

Feuilleton présidentiel

Ainsi donc il est parti. Ouf. « Il », c’est Kadhafi, bien entendu, celui qui a gâché la vie de notre président bien aimé pendant cinq longues journées. Evidemment, c’était le prix à payer. On ne peut pas à la fois arriver au bon moment, faire libérer les infirmières bulgares, devenir une vedette internationale et ne pas recevoir celui par qui tout cela est arrivé. Il faut dire qu’il n’attendait que cela, Kadhafi : se faire reconnaître, lui aussi, sur la scène internationale. On comprend donc pourquoi le courant avait si bien passé au téléphone entre lui et Nicolas, quand il s’était agi de trouver un accord équitable au sujet des infirmières.

Par contre, une fois à Paris, on a tout de même l’impression que c’est le leader libyen qui a eu la vedette. Normal, il se retrouvait en position de force. Il venait toucher le salaire promis, tandis que Nicolas, lui, passait à la caisse. Et l’addition fut salée puisqu’il lui fallut avaler à peu près toutes les couleuvres glissées par son invité. Et pour une fois il n’y a pas eu que la gauche pour protester. Dans son propre camp des voix se sont élevées pour critiquer cette visite, des voix provenant de personnes qu’on croyait définitivement attachées au service du Tsar. Ligotées et ficelées depuis le début dans les filets de la reconnaissance, elles qui devaient tout à Nicolas, voilà qu’elles se permettent de montrer leur désapprobation. Du jamais vu. Jusqu’à Kouchner, qui portant saluait sans problème le Guide en Libye et qui se montre subitement réticent quand celui-ci est à Paris. « Vous vous rendez compte ? On n’a jamais vu cela » a dû dire Nicolas. Et Kadhafi qui en rajoute en insistant sur les incohérences de ce médecin qu’on croyait sans frontières et qui en trace pourtant bien une entre lui et ceux qui ne respectent pas les droits de l’homme. Mais peut-être n’est-ce pas seulement sa bonne conscience qui le fait parler ? Lui qu’on sait résolument atlantiste et qui, par ses discours sur l’ingérence humanitaire, a contribué à justifier la guerre en Serbie, il ne faudrait pas s’étonner qu’il ait reçu des ordres d’ailleurs. Rien ne nous dit qu’il ne travaille que pour Nicolas (d’ailleurs il n’y a pas si longtemps qu’il était, il me semble, de l’autre côté de la ligne réputée infranchissable qui sépare la droite de la gauche. Avec des gens comme cela, il faut donc s’attendre à tout). Imaginez donc qu’il ait été chercher ses ordres outre-Atlantique ? « Ce serait incroyable, cela ! » comme dirait je ne sais plus qui. Car il se pourrait bien que la reconnaissance de Kadhafi par la communauté internationale ne plaise pas tant que cela à Washington. Après tout, n’était-il pas le poulet qu’on voulait plumer après Sadam ? Et voilà le volatile qui non seulement continue à bien se porter mais qui en plus prend son élan et vole de ses propres ailes. Il se pourrait donc que Nicolas, en voulant se mettre lui-même en avant, ait outrepassé la limite assignée par les Américains. De plus, aller vendre des centrales nucléaires clef sur porte à un pays arabe, cela ne doit pas plaire beaucoup.

Ah que d’ennuis quand on est président ! Bon, ce poste, il l’a voulu et il l’a eu (c’est comme les Français : ils ont voulu Nicolas, ils l’ont eu). On ne va quand même pas le plaindre, maintenant. Après tout, ce n’était pas si terrible, cinq jours. Il suffisait de ne rien dire et de se taire. En attendant, on comprend qu’il soit allé se distraire à Disneyland le samedi. Pas seul, évidemment et pas pour faire un tour de manège. Non, pour se promener en compagnie de la belle Carla Bruni. Ancienne Top-modèle, elle est devenu auteur-compositeur. Va-t-elle faire chanter Nicolas ? L’avenir le dira. En attendant, la presse à sensation va titrer sur cette promenade à deux, photos à l’appui. Et revoilà Sarkozy à la une des journaux, tout ce qu’il aime. Avouez qu’il l’a bien mérité. Cinq jours sans faire la vedette, c’était tout de même beaucoup. Et puis tant que les Français s’intéressent à ses amours, ils ne pensent plus à leur pouvoir d’achat. En jouant sans cesse des médias, Nicolas aura fait descendre la fonction de président bien bas, au niveau d’un amuseur public, autrement dit d’une vedette de cinéma. Après les vacances en famille et le divorce, voici les amourettes. Bah, tant que cela amuse le peuple… Ceci dit, elle est mignonne, la petite Carla, vous ne trouvez pas ? On finirait pas comprendre Nicolas et par lui donner raison. Même moi. Elle a un petit défaut, cependant. Elle est née en 1968. Heureusement, c’était en décembre !




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14/12/2007

Contrats

Avec Kadhafi, Sarkozy semble avoir trouvé son maître. On apprend en effet que lors de sa journée « libre », le leader libyen a d’abord fait du shopping, histoire sans doute de montrer son nouvel attachement à l’économie de marché et qu’il a ensuite visité le Louvre en trente minutes. Même Nicolas n’est jamais parvenu à faire aussi court. On se souvient par contre des déclarations de ce dernier lors de sa visite à l’exposition Courbet, déclarations plus proches de celles d’un comptable que de celles d’un amateur d’art: « Vous vous rendez compte? 500.000 personnes qui voient des merveilles pareilles, ça tire toute la société vers le haut!".

On comprend finalement pourquoi Nicolas a invité Kadhafi. Parvenir à faire le tour du Louvre en 30 minutes, c’est absolument incroyable ! Vous vous rendez-compte ? Au moins, en voilà un qui va à l’essentiel, un qui ne perd pas son temps à rêvasser et qui agit. La preuve, il a signé plein de bons contrats avec la France (enfin, on ne sait pas qui les paiera, mais cela, ce n’est qu’un détail). D’ailleurs à tous ceux qui lui reprochaient d’avoir invité un hôte aussi encombrant, le Président n’a pas manqué de signaler que les contrats en question représentent 10 milliards d'euros (enfin, c’est une évaluation), soit « l'équivalent de 30.000 emplois garantis sur 5 ans pour les Français" (autre évaluation difficilement vérifiable). Alors, devant ces chiffres, tout le monde s’est tu, à commencer par la secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme, Rama Yade, laquelle avait pourtant émis quelques réserves au début de la visite du colonel libyen. Quant à Bernard Kouchner, qui avait pourtant jugé "assez pitoyables" les attaques de M. Kadhafi sur le manque de respect des droits des immigrés en France, on ne l’a plus entendu. C’est sûr que devant de tels chiffres (10 milliards d’euros, vous vous rendez-compte !), qui forcent le respect, plus personne n’a élevé la voix. Et tous d’approuver officiellement la politique du grand Calife, même si en dessous il y en a qui n’en pensent pas moins.

Et les infirmières bulgares dans tout cela ? J’en parle parce que la commissions parlementaire vient d’ouvrir le dossier et pas du tout parce que Kadhafi est présent sur le sol français. D’ailleurs, M. Guéant vient de réaffirmer la position officielle: "Il n'y a pas eu de contreparties" et la "France n'a pas déboursé un centime". Tout va bien, donc. Nous voilà rassurés. On se demanderait même bien pourquoi on a créé cette commission.





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04/12/2007

L'Etranger

« Au printemps, Tipasa est habitée par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et l'odeur des absinthes, la mer cuirassée d'argent, le ciel bleu écru, les ruines couvertes de fleurs et la lumière à gros bouillon dans les amas de pierres »
Nicolas Sarkozy.

Non ? Non, Je me trompe, cette phrase n’est pas de Nicolas, mais d’Albert Camus. C’est un extrait de Noces à Tipasa, le premier texte qui compose Noces, ce beau livre dans lequel Camus se fait lyrique, prouvant par-là qu’il sait manier un autre style que celui, rugueux et sec, de l’Etranger.

Etranger, Camus ne l’était certainement pas en Algérie, puisqu’il y était né. Par contre Nicolas, à ce que l’on dit, ne semble pas particulièrement être le bienvenu. Il est vrai qu’il débarque avec sur le dos l’étiquette qu’il s’est collée lui-même, à savoir celle de « soutien inconditionnel de Georges Bush ». De plus, certains se demandent à Alger s’il n’aurait pas trop tendance à soutenir la politique extérieure de Tel Aviv, ce qui, d’un point de vue arabe, vous classe d’emblée dans le clan des suspects.

Mais laissons là toutes ces querelles. Oublions un instant le Proche-Orient, la politique et surtout Nicolas pour laisser parler Camus, qui s’exprime tout de même beaucoup mieux et dans un registre plus fleuri que l’ex-maire de Neuilly.


"Que d'heures passées à écraser les absinthes, à caresser les ruines, à tenter d'accorder ma respiration aux soupirs tumultueux du monde ! Enfoncé parmi les odeurs sauvages et les concerts d'insectes somnolents, j'ouvre les yeux et mon cœur à la grandeur insoutenable de ce ciel gorgé de chaleur. Ce n'est pas si facile de devenir ce qu'on est, de retrouver sa mesure profonde.

(…)

Des millions d'yeux, je le savais, ont contemplé ce paysage et, pour moi, il était comme le premier sourire du ciel. Il me mettait hors de moi au sens profond du terme. Il m'assurait que sans mon amour et ce beau cri de pierre, tout était inutile. Le monde est beau, et hors de lui, point de salut. La grande vérité que patiemment il m'enseignait, c'est que l'esprit n'est rien, ni le cœur même.

(…)

A Tipasa, je vois équivaut à je crois, et je ne m'obstine pas à nier ce que ma main peut toucher et mes lèvres caresser.






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30/11/2007

Au travail!

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Comme on pouvait s’y attendre, N. Sarkozy a admis qu’il y avait une baisse du pouvoir d’achat.
Comme on pouvait s’y attendre également, il a engagé les Français à travailler plus pour compenser cette perte (due en partie, et cela il ne l’a pas dit, au système ultra-libéral qu’il cautionne et qui consiste dans un premier temps à tout faire passer au secteur privé puis ensuite à ne plus intervenir). Les citoyens auront apprécié ses propositions à leur juste mesure, j’imagine. Ils se plaignent que tout augmente de manière scandaleuse et que leur salaire ne suffit plus et il leur répond : « vous n’avez qu’à travailler plus ». Encore faudrait-il qu’il y ait du travail pour tout le monde, mais cela, c’est une autre affaire. Sans oublier que ceux qui vont mettre en pratique les préceptes présidentiels en redoublant d’ardeur vont faire monter le nombre des chômeurs. Enfin, bon, ceux-là, on n’y intéresse au moment des élections parce qu’ils sont nombreux, mais après, on s’en désintéresse tout à fait. Après tout ils ne se lèvent pas tôt, eux et il est normal qu’ils n’aient pas voix au chapitre.

Non, le comble, c’est que Nicolaous se sert du malheur des gens pour poursuivre dans sa logique. Ainsi, il a parlé de vendre"3 % d'une grande entreprise publique française, EDF, pour faire un plan d'investissement de cinq milliards [d'euros] dans nos universités".

Cette somme serait notamment (mais pas exclusivement) consacrée « à l'amélioration des locaux dans l'enseignement supérieur et la création de logements dans les cités universitaires. » nous dit Le Monde.

Donc, on vend quelques bijoux de famille pour financer un secteur pourtant crucial. C’est un peu comme si un particulier vendait son jardin pour réparer sa toiture ou comme s’il revendait sa voiture pour pouvoir payer le billet d’avion de ses prochaines vacances. Si ce n’est pas s’appauvrir, je ne sais pas ce que c’est. En attendant, cela permet surtout de continuer la logique des privatisations tout en désamorçant la critique.

Ceci dit, on entend aussi parler d’une possible privatisation des universités. Le Président dément. Mais il est à espérer que la restauration des bâtiments n’est pas entreprise (avec l’argent provenant d’EDF, rappelons-le) pour mettre sur le dos de la collectivité des frais structurels importants et cela avant même de privatiser le tout.

On a déjà vu cela dans les chemins de fer par exemple. On privatise ce qui est rentable mais l’entretien des voies reste de la compétence de l’état.

Enfin, pour terminer, tout le monde aura, je pense, noté le néologisme employé récemment par Nicolas. Il s’agit de la « voyoucratie ». Certes le terme a déjà été employé par d’autres, mais le fait d’être prononcé par l’empereur lui-même lui confère une noblesse qu’il n’avait pas. Inscrivez-le vite dans votre dictionnaire car le Président étant compétent en toutes choses, il l’est aussi en matière de langue française. Encore heureux pour nous qu’il ne soit pas trop familiarisé avec l’anglais, cela nous ferait encore plein d’anglicismes…

29/11/2007

Tribunaux en grève.

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Est-ce une idée où l’étau n’est-il pas en train de se resserrer autour de notre ami Sarkozy ? Après les grèves de la SNCF, de la RATP, des enseignants, des fonctionnaires, des universités, voilà que ça brûle de nouveau dans les banlieues. A peine parti en Chine pour nous décrocher quelques contrats (à ce propos on ne sait pas si les firmes françaises bénéficiaires de ces contrats ne vont pas finalement se délocaliser en Chine, ce qui réduirait à la fois les frais de transport et les frais de production), il faut qu’il revienne bien vite afin de menacer de la prison les fauteurs de troubles. Il n’a pas tort, évidemment. Le problème, c’est qu’aujourd’hui, ce sont les juges eux-mêmes qui sont dans la rue afin de manifester leur mécontentement contre les réformes. Donc, si on arrête quelques jeunes incendiaires, il faudra bien attendre que les juges reviennent dans leur tribunal avant d’entamer la procédure de comparution immédiate...

Ceci dit, je me demande si, en cas de manifestation, la police recevra l'ordre de charger et de procéder à des arrestations administratives.

Je me demande aussi ce qui se passera quand les policiers, à leur tour, se mettront en grève.


Mais ne vous inquiétez pas, tout cela va s’arranger. Nicolas, qui n’est tout de même pas bête puisqu’il est président de la République (c’est en effet impossible qu’autant de personnes se soient trompées sur son compte en votant pour lui) a décidé de prendre le mal à la racine. Ce qui coince, c’est le pouvoir d’achat. Cela coince deux fois d’ailleurs, car en devenant plus pauvres les Français non seulement manifestent bruyamment leur mécontentement, mais en plus ils consomment moins, ce qui ralentit l’économie et met en péril la santé de nos entreprises (et, même s’il ne l’a pas dit, c’est tout de même pour augmenter les bénéfices de ces entreprises que Nicolas est venu au pouvoir). Donc, seule solution qui s’offre au Calife : augmenter le pouvoir d’achat. Le problème c’est que les caisses sont vides (on est même en déficit et l’Europe n’arrête pas de le rappeler) et qu’elles ne risquent pas de se remplir puisqu’on vient de faire des cadeaux aux entreprises (toujours elles). A moins d’un miracle, on ne voit donc pas comment Nicolas va s’en sortir. Et pourtant, fidèle à lui-même, il a déjà programmé une belle émission de télévision durant laquelle il va détailler ses recettes pour sortir tout le monde de l’impasse. Emission à ne pas rater pour une fois, car elle risque d’être du plus haut comique.

20/11/2007

Gagner plus, toujours plus.

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« Travailler plus pour gagner plus », avait dit Nicolas Sarkozy durant la campagne électorale. Pour le moment, il s’agirait plutôt soit de travailler plus pour gagner la même chose (les cheminots), soit de travailler plus pour gagner moins (les fonctionnaires restant en poste après les pertes d’emploi annoncées devront assumer une charge de travail supplémentaire, mais entre-temps leur pouvoir d’achat se sera érodé), soit de travailler moins pour gagner moins (les grévistes) soit même de travailler au même rythme pour gagner plus (Sarkozy). Allez comprendre quelque chose.

Mais le petit Nicolas, qui s’est montré particulièrement discret ces derniers jours (comme cela a dû être dur pour lui !), va, paraît-il, sortir de sa réserve mercredi ou jeudi. On sait déjà en gros ce qu’il va dire (ce qui fait que, finalement, il pourrait se dispenser de parler, ce ne serait pas plus mal).

Il va dire que pour les cheminots, les grèves ne sont pas de sa faute. Il était normal que des gens à qui on demande de travailler des années supplémentaires pour recevoir en contrepartie une pension réduite (et donc bénéficier d’un pouvoir d’achat moindre) manifestent leur mécontentement.. Comme c’était une mesure inévitable (ha bon ?), il n’est donc pas, lui, le Président, responsable. De plus, à la SNCF on a l’habitude des grèves, il n’y a donc rien de plus normal que d’avoir des trains qui ne roulent pas pendant quelques jours. Dont acte.

Pour le reste, il se félicite que GDG et EDF soient déjà sortis du conflit. Lors de la fusion avec Suez, en effet, les syndicats avaient accepté le principe même de la réforme et les discussions avaient porté sur les modalités. Il espère donc qu’il en sera de même pour la SNCF et félicite déjà les syndicats pour leur maturité et leur sens des responsabilités. Il soulignera aussi que la base demande un dialogue. On se demande même finalement qui peut bien se trouver dans la rue en ce moment.

Il est vrai qu’il avait par ailleurs demandé l'évacuation par la police de neuf dépôts bloqués par les actions violentes de grévistes. Mais c’est qu’il n'accepte pas les « jusque-boutistes » (pour reprendre ses propres termes, mais n’allez pas voir dans le dictionnaire, cela ne s’y trouve pas. C’est semble-t-il l’apanage du Président de prendre des initiatives dans tous les domaines, y compris dans celui de la langue française). Ces « jusque-boutistes », donc, empêchent la majorité des salariés de reprendre le travail. Quant à lui, il est le premier président à s'être rendu dans un dépôt de SNCF pour discuter avec les cheminots. Je n’en ai pas eu d’échos. Espérons que l’entretien fut plus cordial que celui qu’il eut l’autre jour avec les marins bretons…

Par contre il ne comprend pas le mouvement de grogne qui anime les universités. Pourquoi ne va-t-il rencontrer les étudiants alors ? La Sorbonne, c’est toujours plus près de l’Elysée que les ports bretons.
D’un autre côté, il se félicite des conflits présents pour pouvoir montrer ce qu’il sait faire (et cela alors même que sa côte de popularité est en baisse). Partant du principe que l'opinion a compris la nécessité des réformes et qu'elle les souhaite (ah bon?), il suffit de rester ferme sur les grands principes mais de dialoguer sur les détails.
Ensuite, une fois cette réforme passée, il faudra faire passer les autres. C’est que Nicolas I entend mener à bien la fusion de l'ANPE-Unedic, de la direction des impôts, du rapprochement DST-Renseignements généraux, et celle de la carte judiciaire. Par ailleurs, le droit social et la démocratie sociale (le financement et la représentativité des syndicats) sont jugés trop lourds. On est Calife ou on ne l’est pas. Après tout c’est lui qui décide, non ?
Petite ombre au tableau : la croissance est en baisse (à la différence de son salaire personnel), mais ce n’est pas bien grave. Qu’on soit avec 2% ou avec 3% de croissance, de toute façon il y aurait eu des grèves. Cela ne change donc rien. Tout va de plus en plus mal, mais il faut continuer les réformes jusqu’au bout, même si cela devient catastrophique pour certains. Après tout, les Français ont voté pour lui, non ? Ils voulaient des réformes, non ? Et bien ils vont en avoir.
C’est à cela qu’on reconnaît un grand Président.

Remarque : on dit que Nicolaou a invité (son ennemi) Hugo Chavez afin de discuter du cas d’Ingrid Betancourt (imaginez sa popularité s’il parvenait, lui si petit, à la faire libérer. On en oublierait presque les grèves). Espérons qu’il ait envoyé le jet privé d’un de ses amis le chercher et que le Président vénézuélien ne soit pas venu avec Air France. Espérons aussi que celui-ci n’ait pas dû prendre le RER à l’aéroport et que la limousine présidentielle l’attendait, sinon il va se demander dans quel pays il est tombé. C’est vrai que toutes ces grèves cela fait un peu désordre. En voyant autant de mécontents dans les rues, Il risquerait de ne pas comprendre par qui, finalement, Nicolas a été élu.

13/11/2007

La Sarkozie et le petit écran.

Nous parlions hier de la chaîne TV5-Monde, soulignant son originalité puisqu’elle regroupe à la fois la Suisse, la Belgique, le Québec et bien sûr la France. Or voici qu’on apprend aujourd’hui qu’une réunion a eu lieu le 09 novembre à Lucerne sur l’avenir de cette chaîne, réunion qui a été qualifiée de particulièrement « houleuse ».

La France, qui, il faut être juste, « détient 66 % des actions de la chaîne mais la finance à hauteur de 84 % » (selon le journal Le Monde), a été critiquée par ses partenaires qui l’accusent de vouloir faire de TV5 Monde "la voix de la France".

Il est vrai, ère sarkozienne oblige, que le gouvernement français avait fait part d’une « prochaine réorganisation de son audiovisuel extérieur » et qu’un comité, composé de conseillers de l'Elysée, des ministères des finances, des affaires étrangères et de la culture avait été mis en place. Ce comité, qui doit remettre un rapport à Sarkozy, doit réfléchir à une réforme de l'audiovisuel extérieur français. Parmi les changements envisagés, un possible rapprochement entre TV5 Monde, France 24 et Radio France internationale.

Le risque est donc de transformer TV5 "en un instrument essentiellement au service du rayonnement international de la France » et cela, évidemment, au détriment des autres partenaires.

A cette réunion de crise, était présent M. Benamou, conseiller pour l'audiovisuel de Sarkozy, lequel a suggéré que « TV5 Monde rejoigne une "marque ombrelle" regroupant tout l'audiovisuel extérieur français. » Adieu donc la chaîne dans son état actuel, et adieu les partenaires non français, qui vont soit claquer la porte, soit se retrouver en train de faire de la figuration dans des émissions dont le but sera de proclamer les mérites de la grande Sarkozie. Pourquoi ces états, en effet, continueraient-ils à financer une télévision dont l’objectif unique serait de glorifier la seule France (dans un but de propagande évident), et surtout son représentant maximus, le sieur de Sarkozy, actuellement grand calife. Comme quoi, quel que soit le domaine qu’il touche, le petit Nicolas a le don d’exaspérer.

Pour essayer de dé-dynamiter le conflit qui s’annonce, les petits pays ont accepté d’augmenter leur participation financière de 2,5% chacun. Ils ont surtout réaffirmé « leurs engagements dans ce grand projet multilatéral francophone" et ont souligné "les principes fondateurs de TV5 : le pluralisme, le caractère généraliste multilatéral et la diversité culturelle." Qu’on se le dise, TV5-Monde ne veut pas devenir le relais officiel et international des grandes œuvres sarkoziennes. Car il y a fort à parier que derrière l’apologie de la seule France, c’est à la glorification de son Président qu’il s’agira de travailler. Qui oserait encore parler de liberté de la presse ? Mais mieux vaut réagir avant que Nicolas ne place un de ses chefs de cabinet comme directeur général. Ila juste oublié une chose, le petit Nicolas, c’est qu’il a ici devant lui des pays souverains et non le public qui a voté pour lui. Ceci dit, il suffit de voir comment il parle des Africains pour comprendre l’idée qu’il se fait des pays souverains.

10/11/2007

Sarkophobie

Un lecteur attentif s’étonne de mon silence. Celui-ci n’est pourtant que de deux jours. C’est que je n’ai pas la forme physique de Nicolas, moi! Oui, je sais, je devrais me lever plus tôt (encore plus tôt ?) et faire un petit jogging matinal, mais bon, après tout je ne suis pas Président et on ne m’en demande pas tant. Mais c’est vrai que notre ami Nicolas s’agite si vite que je n’arrive plus à le suivre avec mes commentaires. A peine ai-je rédigé quelques lignes qu’il est déjà ailleurs, occupé à régler une autre affaire. Je me demande bien comment font les journalistes pour le suivre ainsi à la trace. Sans compter qu’ils ont intérêt, eux, à être au rendez-vous sinon, fini leur contrat. Et puis ils doivent écrire leur article. Ca ne doit pas être facile, parce que, pour ne pas être virés, ils doivent évidemment, à tout instant, faire l’apologie du Tsar de Sarkozie. Or, comment voulez-vous qu’ils parviennent à faire croire qu’il ait pu dire des choses intéressantes ? Car non seulement il nous assène des horreurs, mais en plus il ment.

Ainsi je l’ai entendu l’autre jour dire à Bush qu’il s’exprimait au nom de tout le peuple français. C’est vrai qu’il avait fait un beau score aux élections, mais bon, il y avait tout de mêmes quelques isolés qui s’étaient montrés un peu réfractaires. Et puis, en fait, Chirac avait fait mieux que lui, même si c’était dans des circonstances particulières. Ceci dit, le peuple français n’a rien contre le peuple américain, bien sûr, mais là où ça commence à déraper, c’est quand le petit Nicolas, comme un gamin, donne une claque amicale sur l’épaule de Bush et l’assure qu’il est disposé à aller jouer en Iran avec lui. En quoi consiste le jeu ? A lancer quelques bombes atomiques afin d’empêcher les Iraniens d’avoir eux-mêmes la bombe, ce qui risquerait de polluer quelque peu la planète. (C’est sans doute comme cela qu’il faut comprendre son message sur le réchauffement climatique). Croyez-vous vraiment que les Français aient envie d’aller jouer à la guéguerre là-bas ? Monsieur le Président, vous êtes bon apôtre, s’il faut donner sa vie, allez donner la vôtre.

Maintenant, je me faisais une autre réflexion. Ce blogue, qui se voulait un tantinet littéraire, est en train de ressembler à Paris-Match avec mes articles sur Nicolas. On ne parle plus que de divorces, de voyages en avion, de réceptions ou du prix du poisson. Mais qui est fautif ? Est-ce moi qui me suis laissé entraîner ou bien est-ce Nicolas qui est tellement présent qu’on est toujours occupé à réagir ? S’il sortait de son beau Palais de l’Elysée une fois par mois, cela irait, mais avouez qu’il est toujours sur les routes ou dans les airs. Cela m’épuise. C’est sans doute cela son truc. User l’adversaire par des déplacements de plus en plus rapides.

En attendant, je n’arrive plus à prendre du recul et à réfléchir. Ainsi, par exemple, une chose me tracasse. On dit que les prisons sont surpeuplées en France. On dit que loin de résoudre le problème, Nicolas est en train de les remplir encore davantage. Par contre, dès qu’il voit un prisonnier quelque part dans le monde (français ou non d’ailleurs), il va le libérer. Pourquoi vider les prisons étrangères et remplir les siennes ? Il y a des jours où je ne le comprends pas bien.

07/11/2007

Le voyage en Amérique

Après la Corse, le Tchad et les ports bretons, le voici aux Etats-Unis, où il sera, paraît-il, le bienvenu. « Il », c’est Nicolas I, bien entendu. On est heureux pour lui qu’on lui ouvre les bras outre-Atlantique. Voilà qui le changera de l’accueil houleux des marins bretons ou des conseils des ministres insulaires sous escorte militaire. Comme quoi, les grands hommes sont toujours mieux compris loin de chez eux.

Il faut dire aussi que c’est un peu normal qu’il soit bien vu là-bas, puisqu’il a adopté carrément leur point de vue sur tout. On nous dit que le clou de sa visite sera son discours devant les deux chambres réunies du Congrès. C’est un "très grand honneur" en effet et qui est salué à juste titre du côté français. Rappelons-nous que la Chambre des représentants et le Sénat ont tenu leur première session commune en 1824 et que c’était pour y entendre le discours de Lafayette. Voilà qui n’est pas rien et qui vous hisse aussitôt sur les marches de l’Histoire.

Ceci dit, il me semble bien que le dernier dirigeant européen à s’être exprimé devant ces prestigieuses assemblées était Aznar, le Premier ministre espagnol, celui qui avait décidé de suivre Bush en Irak (ce qui sera à l’origine des attentas du 11 mars à Madrid, mais ceci n’est qu’un détail). C’est sans doute pour cela qu’il avait été applaudi à tout rompre, d’autant plus qu’il aurait bien vu aussi une île de Cuba sans Castro. C’est donc bien ce que je disais. Il suffit d’exprimer ce que votre public a envie d’entendre. Comme le petit Nicolas aime les applaudissements et qu’il n’en a pas eu beaucoup ces derniers temps (pour rappel sa côte de popularité est un peu en baisse), on n’ose imaginer jusqu’où ira son discours afin d’emporter le cœur des députés. Proposera-t-il de bombarder l’Iran ? De livrer le Liban au feu et au sang ? D’envoyer 20.000 militaires en Afghanistan ? C’est à craindre. Mais en habille homme qu’il est, il va certainement parler d’Ingrid Betancourt (à moins qu’il ne réserve ce thème pour son tête-à-tête privé avec Bush) puisqu’il est passé maître dans les libérations de prisonniers. C’est facile, rapide et cela marche à tous les coups. Après cela, votre prestige s’en trouve rehaussé, ce qui est toujours bon à prendre. Ceci dit, je ne sais pas si L’Amérique va accepter son aide dans ce dossier. Après tout elle était un peu gênante, la petite Ingrid, quand elle faisait campagne contre la corruption. Où elle est, elle est beaucoup moins dérangeante, il n’y a pas à dire. Et puis cela permet d’accuser la guérilla marxiste et de se prouver une fois de plus qu’on est dans le camp des bons. Mais Nicolas a dit par ailleurs qu’il ramènerait en France tous les Français prisonniers, où qu’ils se trouvent. Pour faire plaisir à un ami, l’Amérique pourrait l’appuyer dans ce dossier. En contrepartie la France n’aurait qu’à approuver le bombardement de l’Iran et le tour est joué. C’est qu’à Washington on n‘aime pas trop voir ces Arabes fanatiques jouer avec des centrales nucléaires, surtout si elles sont aux frontières d’Israël. Un accident est si vite arrivé. Il suffirait donc de leur casser leur jouet vite fait bien fait et on n’en parle plus.

Mais j’y pense, est-ce qu’il va leur dire, aux députés, le petit Nicolas, qu’il a vendu des armes à la Libye ? Non j’espère ! Et que la France a l’habitude d’installer des centrales nucléaires un peu partout dans le monde, y compris dans les pays arabes ? Non, pourvu qu’il n’aille pas dire cela !

J’imagine déjà le ton qui monte, les députés qui se lèvent, qui désignent Nicolas du doigt. Et lui qui, comme à son habitude, se rebiffe, montre le poing, tutoie, insulte. « Toi, le député, si t’es pas content, t’as qu’à venir le dire ici ». Oh non, pas cela. Qu’est-ce qu’on dirait de la France et de sa vieille culture après un tel discours ?

06/11/2007

Marins sur la grève.

« Nous aussi, nous voulons 140% d’augmentation », ont lancé les pêcheurs bretons à Sarkozy qui venait s’enquérir de leurs problèmes (fidèle en cela à sa devise : il faut toujours être là où il se passe quelque chose). Les pauvres, trop occupés à faire leurs comptes après l’augmentation des prix du gasoil, ils ne savaient pas encore que ce n’était pas de 140% mais de 170% que le salaire présidentiel avait été augmenté. L’eussent-ils su qu’ils auraient jeté Sarkozy dans l’océan, il ne faut pas en douter.

Bon, pour les calmer (car l’assemblée des pêcheurs était, paraît-il, aussi houleuse que la mer) que leur a proposé le père Sarkozy ? Ce que propose tout bon néo-libéral :

1) Qu’ils auront une exonération des taxes patronales et salariales (sûr qu’après cela les camionneurs vont se mettre à manifester pour obtenir la même chose, ce qui fera encore une belle pagaille, surtout s’ils choisissent un jour où la SNCF est à l’arrêt).

2) Qu’ils sont invités à moderniser leurs bateaux afin de consommer moins (ce qui permettra aux fabricants de vendre de nouveaux bateaux et aux banques d’octroyer des prêts pour pouvoir acheter lesdits bateaux)

3) Qu’ils pourront répercuter l’augmentation du prix du gasoil sur le prix du poisson (une fois de plus, c’est le consommateur, ce dernier maillon de la chaîne économique, qui paie tout. Comme ce consommateur est aussi un citoyen imposable, il pourra aussi financer à ce niveau le manque à gagner sur les taxes patronales non perçues).

S’il avait eu un bateau à lui, le Président le leur aurait bien prêté (et non pas donné : il ne faut tout de même pas se montrer trop gentil avec des gens qui sont en train de vous reprocher votre salaire), mais même pour ses vacances il est obligé, lui, d’en emprunter un.

Pendant ce temps, au tribunal de Paris, Charles Pasqua reste muet comme une carpe.



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Exemple présidentiel.

Transparence ? Ah ah, je ris. Le grand Calife de Sarkozie, Nicolas I de Nagy-Bocsa, voulait que l’augmentation salariale qu’il s’est généreusement octroyée soit transparente. Et voilà qu’on apprend aujourd’hui qu’elle n’est plus de 140% comme tout le monde l’avait cru, mais de 172% (concrètement, son « salaire » passe de 7.084 euros net par mois à 19.331 euros).
Comment expliquer une telle dérive ? La confusion (voulue ?) provient d’une note de l’Elysée, qui précisait qu’il était « souhaitable que la rémunération du Président soit portée à un niveau comparable à celle du Premier ministre". Or, la rémunération brute annuelle de François Fillon est de 240 000 euros. Tout le monde avait alors comparé ce chiffre avec la "dotation" annuelle du président, fixée elle à 101 488 euros. D’où l’erreur d’appréciation.

L'amendement que l’Assemblée a voté prévoit, que le Président recevra dorénavant, comme les membres du gouvernement, "un traitement brut mensuel calculé par référence au traitement des fonctionnaires occupant les emplois de l'Etat classés dans la catégorie dite hors échelle, au plus égal au double de la moyenne du traitement le plus bas et du traitement le plus élevé de cette catégorie". C’est pourtant bien clair, il n’y a pas à dire.

Pour justifier cette petite augmentation, Le grand Calife a parlé, comme toujours, de « récompense du mérite et du travail bien fait », ajoutant qu’il avait voulu « que la présidence de la République donne l'exemple ». Donc, soit il est persuadé d’avoir bien travaillé, soit il s’octroie une récompense avant même que le public puisse juger du bien fondé de sa politique. Comme les arguments avancés ne semblaient sans doute pas convaincre tout le monde, il a aussitôt ajouté qu’il était pour la "rupture". La rupture, « un mot que j'aime tant", a-t-il précisé. Là, il n’y a pas à dire, pour un changement, c’est un changement, il a raison, bien sûr. Mais pourquoi voulait-il absolument un changement dans son salaire ? Parce que, a-t-il encore précisé, "si l'austérité produisait des résultats, ça se saurait depuis longtemps", ironisant du même coup sur la politique de Chirac qui, lui, avait prôné la rigueur aux Français.

On commence à comprendre la logique. On travaille beaucoup, donc on a un bon salaire. Comme on a un bon salaire, on peut avoir un bon niveau de vie et dépenser beaucoup, ce qui fait tourner la machine économique.

Il était donc normal que, le premier, l’Elysée donne l’exemple de cette nouvelle politique neo-libérale. Allez trouver quelque chose à redire à cela…

Les Français n’ont plus qu’à faire de même. Qu’ils commencent par se lever plus tôt et par travailler davantage et ils verront assurément leur salaire augmenter de 170 %. Avec une telle somme ils ne devront même plus compter sur leurs amis pour passer une semaine au soleil en Méditerranée.



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05/11/2007

Un Conseil des Ministres corsé.

Petite erreur d’interprétation de la part du grand homme (vous voyez de qui je veux parler ?). Récemment, il a voulu présider un conseil des ministres en Corse, histoire sans doute de montrer que la France, qu’on dit si hiérarchisée et si centralisée, est tout de même à l’écoute de ses régions. L’idée aurait pu être bonne en soi si par exemple il avait choisi les Ardennes ou l‘Ariège. Mais la Corse ! Il aurait voulu par sa présence et celle de ses ministres rappeler aux insulaires récalcitrants que l’autorité de la République s’exerce sur tout le territoire sans exception qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Lucide, il devait s’attendre à quelques débordements puisque la présence policière était impressionnante, ce a qui a permis non seulement d’augmenter les frais à charge des contribuables mais aussi de mécontenter tout le monde. Interrogés dans les rues, les habitants d’Ajaccio regrettaient cette manière de procéder peu courtoise et avouaient qu’ils auraient préféré un contact plus direct et plus franc (genre bain de foule et poignées de mains). On les comprend.

Enfin, cela prouve au moins qu’en France (et même en Corse) on peut encore dire du mal de Sarkozy à un journaliste, ce qu’on n’espérait plus étant donné que tous les organes de presse semblent inféodés au pouvoir en place. Méfiance, cependant, cette manière de donner la parole aux citoyens mécontents doit faire partie d’un plan machiavélique visant à nous faire croire que nous sommes encore en démocratie.

Bon, à côté des trois vieilles personnes interrogées, il y avait évidemment des centaines de jeunes beaucoup moins courtois qui s’exprimaient de manière plus directe puisqu’ils étaient en train d’en découdre avec les policiers. Là, les journalistes ne se sont pas approchés pour tendre leurs micros. Cela aurait été bien inutile, car à cause du bruit assourdissant des pétards et des fusées lacrymogènes, on n’aurait quand même rien entendu.

Ceci étant dit, le tsar de Sarkozie, comme les dirigeants des G7 ou G8, ne peut donc tenir sa cour en son Palais sans devoir s’abriter derrière une armée montrant les dents. C’est étrange tout de même la démocratie. Le peuple vote pour quelqu’un qu’il aime bien parce qu’il lui veut du bien et après il irait jusqu’à lyncher l’heureux élu s’il en avait l’occasion. A moins que cet heureux élu n’ait pas tenu ses promesses ? Si, justement, Sarkozy a bien mis en œuvre tout ce qu’il avait annoncé (augmentation de la pauvreté, libéralisation des services publics, réduction de charges patronales, enfermement rapide des récalcitrants, etc.). Le peuple est bien ingrat, je vous le dis, moi.

Heureusement, il y a eu cette affaire de l’Arche de Zoé, qui a permis au petit Nicolas (qui s’ennuie le dimanche depuis que Cécilia est partie) de se faire bien voir (et de se faire voir tout court).
A la télévision suisse (pays neutre s’il en est et donc pas encore inféodé aux idées sarkoziennes), on a admiré son savoir-faire tout en reconnaissant que cette omniprésence médiatique finissait par lasser, surtout qu'elle détournait le citoyen ordinaire des problèmes réels. Les prix de l’alimentation, par exemple, n’arrêtent pas de monter et on nous promet encore de belles augmentations. Je suggère que le SMIG soit revu à la hausse. 140 %, ce serait bien nécessaire, non ?