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31/12/2007

Déontologie journalistique

Ce qui est amusant, avec Sarkozy, c’est que les journalistes professionnels eux-mêmes (les vrais, ceux de l’AFP, de l’agence Reuters ou du Monde, pas les paparazzi en quête d’images glamour) en sont à se poser des questions sur le respect de la déontologie de leur profession. Faut-il ou ne faut-il pas suivre Nicolas dans ses déplacements ? Faut-il ou ne faut-il pas rapporter ses propos ?

Le problème vient du président lui-même, qui ne marque pas de frontière nette entre les déplacements officiels et les vacances privées. Ainsi le séjour égyptien commence comme des vacances et se termine par une rencontre au sommet avec les autorités égyptiennes. Par prudence, les journalistes se doivent d’être présents. Le Président pourrait faire une déclaration importante ou un attentat pourrait se produire. Par tradition, tout voyage d’un Président implique donc un déplacement de journalistes, qui sont là « au cas où ». Malheureusement ici, le petit Nicols n’a pas dit grand-chose qui soit digne de passer à la postérité. A part tenir la main de Carla et s’extasier comme un touriste ordinaire devant les monuments antiques, il n’a rien dit du tout. On ne peut pas le lui reprocher, il était en vacances. Mais alors, les journalistes de l’AFP devaient-ils être là, eux ? Quel discours devaient-ils tenir ? Devaient-ils ou ne devaient-ils pas le prendre en photo et rapporter des propos insignifiants ? Etait-ce leur rôle ? Manifestement non. Mais d’un autre côté, leur direction sait que le public attend une couverture de l’événement. Si Le Monde ne parle pas des vacances égyptiennes et s’il ne nous offre pas au moins une photo de Carla devant les pyramides ou dans la vallée des rois, les lecteurs seront déçus. Or un lecteur déçu est un lecteur qui s’en va. Moi-même, à la limite, qui regarde tout cela avec ironie et qui attend le moindre faux pas de Nicolas pour ironiser gentiment, j’espère trouver dans la presse un compte-rendu quelconque. Autrement dit, nous nous sommes tous fait avoir, public et journalistes confondus. Même quand il n’y a rien à dire, Sakozy est parvenu à ce que l’on parle de lui et à ce que l’on attende ses paroles « éclairées ».

La presse arabe a été confrontée au même problème et elle a décidé de rester prudente. Certes elle a décrit « les tenues décontractées de Sarkozy » et a fait état , non sans fierté, de « chaque exclamation d'émerveillement du président français devant les paysages et monuments égyptiens. » Mais ce comportement de Sarkozy (décidément très habile, même en terre étrangère) suffira-t-il pour masquer la nouvelle politique arabe de la France et faire oublier les nombreuses déclarations d’amitié de Sarkozy envers Israël et les Etats-Unis ?.

"J'ai étudié la politique de tous les présidents français depuis le général de Gaulle. Pour moi, (ce dernier) incarnait le pic de la politique d'indépendance de la France vis-à-vis des Etats-Unis. Sarkozy représente le pic exactement inverse", commente Nadia Moustapha, professeur de relations internationales à la faculté d'économie et de sciences politiques de l'université du Caire. En effet, du "nouveau toutou de George (Bush)", on se souvient surtout qu’il fut autrefois un fervent défenseur de la laïcité dans l’affaire du voile islamique (étrange soit dit en passant. N’a-t-il pas prôné une laïcité modérée devant Benoît XVI ?). Les réactions des personnalités égyptiennes sont claires : "En France, Nicolas Sarkozy a interdit aux jeunes musulmanes de porter le voile à l'école, prétextant qu'elles violaient le domaine public français. Mais en venant en Egypte en voyage officiel accompagné d'une personne qui n'est pas son épouse, il fait exactement la même chose : il viole le domaine public de la société musulmane."

Voulant séduire en surfant une nouvelle fois sur la vague médiatique et privée, Sarkozy risque cependant d’avoir mal calculé les conséquences de son déplacement en terre musulmane. D’autant plus que pour l’Egypte, la France, c’est Chirac, celui qui s’était opposé à la guerre en Irak. Chirac, le vieil ennemi de Nicolas (« Vous vous rendez compte ? »). Aller se reposer en Egypte et derrière les sarcophages retrouver le fantôme de celui qui vous a précédé. Un comble ! Il va falloir leur expliquer, à ces Egyptiens, que la France, c’est lui, Nicolas et personne d’autre. Finalement, heureusement que Carla était là pour le prendre par la main et le consoler un peu de tous ces ennuis.




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