26/08/2008
L'heure des bilans
Petit bilan en grande Sarkozie.
Le candidat Nicolas avait promis des changements lors de sa campagne électorale et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces changements ont été au rendez-vous :
- l’Etat a plus de dettes
- Il y a plus de déficits
- Il y a moins de travail
- Les Français sont plus pauvres
Si ce n’est pas bien, tout cela ! Après une bonne année de règne, nous pouvons affirmer que les promesses électorales n’ont finalement pas été tenues. Certes, les Français se lèvent toujours aussi tôt, mais pour le reste, leur portefeuille ne s’est pas rempli.
Du moins pouvait-on espérer une réaffirmation du rôle de la France à l’étranger. Or que voyons-nous ? Sarkozy a bien renforcé le contingent français en Afghanistan, mais il l’a fait pour faire comme tout le monde, sans vraiment donner les moyens aux militaires sur place de mener à bien leur mission. La preuve : dix soldats tués, dont on ne sait toujours pas si leur mort est à mettre sur le compte de l’aviation de l’Otan, d’une mauvaise préparation de la mission ou d’une erreur de commandement (comment peut-on laisser des soldats tombés dans un guet-apens, seuls devant l’ennemi pendant des heures, sans apporter le moindre renfort ?)
Certes, le Président est allé réconforter les survivants, mais il a surtout expliqué qu’il était fier de sa décision. Pourquoi faut-il être en Afghanistan, a-t-il demandé aux soldats qui étaient justement en train de se le demander. Il fallait y être parce que les autres y sont, a-t-il répondu et de citer les Etats-Unis, le Canada et l’Australie, bref les pays anglo-saxons qu’il admire par-dessus tout mais dont il semble être devenu le domestique. Voilà des propos qui ont dû rassurer les personnes présentes ! Devant l’air inquiet des militaires (on les comprend !), il leur a dit, les mains dans les poches (décontracté ou mal à l’aise ?) qu’ils ne devaient pas s’apitoyer sur leur sort, mais relever la tête. Soit. De son côté, il n’a pas vraiment montré l’exemple quand il s’est plaint de la lourdeur de sa tâche : « Jamais à un tel point je n'ai mesuré ce que peut être la solitude d'un chef de l'Etat face aux décisions qu'il doit assumer »
On apprend par ailleurs que l’aviation de l’Otan a bombardé des zones civiles, tuant quatre-vingt-dix innocents. Voilà qui va encore renforcer la confiance de nos militaires. Ils doivent être fiers d’appartenir à une telle force d’intervention pour la paix et la démocratie.
En dehors de ces déboires afghans, Sarkozy a encore dû avaler le non-retrait russe de Géorgie. Pourtant, en bon émissaire européen, il était accouru le premier et avait exigé un cessez le feu immédiat et un retrait de l’armée de Poutine. Hélas, une semaine s’est écoulée et les Russes n’en finissent plus de faire leurs bagages. Bien au contraire, ils installent des missiles en Ossétie du Sud et délogent les populations géorgiennes (ne parlons pas des mines qu’ils ont semées en Géorgie même). Il est vrai qu'il était bien prévu dans l'accord que Sarkozy avait signé avec les Russes que ceux-ci pouvaient occuper la Géorgie au-delà des frontières ossètes (à l’exclusion des villes). Ce n’est pas là ce que le président avait dit devant la presse, quand il s’était écrié que la Russie devait se retirer.» Enfin, passons. Visiblement le temps est loin où il buvait un verre avec Poutine en faisant copain copain. Ou alors celui-ci a compris ce jour-là à quel guignol il avait affaire.
En France même, cela ne va pas beaucoup mieux. Tous les indicateurs sont mauvais : la production industrielle, l’inflation, la croissance et même la création d'emplois.
Comme il n’y a plus d’argent dans les caisses (de l’aveu même du président), on ne voit pas bien ce que le gouvernement pourra faire, si ce n’est mettre sur pied un plan de rigueur draconien. Pour relancer l’emploi, on donnera quelques avantages fiscaux aux entreprises (qui s’enrichiront un peu plus pendant que les caisses de l’état resteront à sec) et on demandera aux citoyens de faire des efforts (soins de santé, etc.) S’ils trouvent cela un peu dur, ils n’ont qu’à écouter Madame Lagarde, qui estime que les mesures prises par le gouvernement pour sauver le pouvoir d’achat (car si on veut que les gens consomment, il faut bien qu’il aient un minimum d’argent) ont apporté aux Français 7,7 milliards d'euros. Cela doit être vrai, puisqu’elle le dit. N’a-t-elle pas fait toute sa carrière aux Etats-Unis, où elle a défendu les intérêts américains et ceux de Boeing et de Lockheed-Martin) contre ceux de la France Airbus et Dassault)? Elle doit donc s’y connaître en chiffres.
A propos de chiffres, c’est le moment de rappeler que le prix de l’énergie augmente. On l’a vu avec le pétrole mais on va le voir avec le gaz (privatisation de GDF et donc tarifs adaptés aux exigences ses actionnaires). La quote-part des citoyens dans les soins de santé ne cesse de croître (et ce n’est pas fini : les mutuelles, que l’on vient de taxer sur le bénéfice qu’elles avaient réalisés avec la généralisation des médicaments génériques ont déjà annoncé qu’elles augmenteraient le montant des cotisations). Sans oublier que de son côté l’état à promis à Bruxelles qu’il parviendrait enfin à réduire son déficit à 3% du PIB.
Bref tout va pour le mieux au royaume de France. Le roi a amusé la galerie avec son divorce (Cécilia), ses amours (Ferrari ? Dati ?), son remariage (Carla) mais l’éclat des lustres du Fouquet’s, dignes du Versailles de Louis XIV n’intéresse plus personne. Les vacances se terminent et pour ceux qui n’avaient pas pris la précaution de se faire inviter sur un yacht en Méditerranée, elles ont été assez pluvieuses. La rentrée, elle, s’annonce chargée de lourds nuages.
Vive Sarkozy, vive la France.
10:31 Publié dans Actualité et société | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : france, sarkozy
Commentaires
Mais qui peut s'étonner de ce triste bilan, sinon les jocrisses et les inconscients qui l'ont mis là..?
Un revue politique polonaise a très bien cadré le phénomène Sarkozy. Elle dit que la force, l'énergie, la puissance politique du personnage, c'est dans la conquête du pouvoir. Qu'il a été habile et presque infaillible dans cet exercice.
Cependant, toute cette intelligence s'est trouvée à plat, une fois la conquête opérée. L'homme, comme tous les ambitieux, vaniteux, et souffrant d'une hypertrophie du Moi, s'est retrouvé vide comme une baudruche une fois le pouvoir conquis.
Il n'a aucun sens des politiques, aucune vision géopolitiques qui correspondent aux maillages du monde en mutation et aucune perspective de mise en place d'un climat social intérieur apaisé, si tant est que cela soit possible.
Un âne doublé d'un pourri. Point.
Quant à la Géorgie, et en dépit de mon peu de goût pour les démonstrations militaires, en dépit aussi de mon peu d'affection pour le régime du Kremlin, je dis et je redis que la Russie est dans son bon droit, vu la logique des évènements planétaires.
Elle refuse son encerclement. Elle refuse d'avoir une succursale américaine devant sa porte, la Géorgie.
Bush et ses valets, dont le nabot affublé d'un mannequin, sont les provocateurs et la Pologne, en se jetant dans leurs bras, joue avec un feu qu'elle connait pourtant bien.
Écrit par : Redonnet | 26/08/2008
Il eut été judicieux de s'alarmer lors des précédentes élections mettant face à face Chirac/Le Pen, qui nous donnait à choisir entre la peste et la myxomatose, et ouvrait une voie royale ( sans humour noir ) à Sarkozy et la démolition anooncée du système social français.
Tout le monde a réagi de façon primaire à cette escroquerie en élisant Chirac à 82%...sans imaginer une seule seconde que la manipulation était énorme !
Que pouvait-on attendre de ce valet de l'atlantisme et des multinationales banquières ? Le bilan pouvait-il être différent ? Cet homme et son gouvernement ont été mis en place pour une mission bien précise et parfaitement calculée et il fera son travail sans aucun état d'âme. Il ne faut pas croire que son bilan est mauvais, il est au contraire excellent en regard de ce qu'il doit exécuter !
Écrit par : Aédia | 26/08/2008
Le mot de la fin c'est monarchie.
Nous sommes bel et bien dans une monarchie, et de la pire espèce car, à tout prendre, j'échangerais bien cette république monarchiste avec la monarchie espagnole.
Quant au bilan, je suis d'accord avec Aédia : ce n'est pas à ceux qui n'ont pas voté Sarkozy d'établir un bilan mais à ceux qui l'ont amené au pouvoir.
A quoi bon se faire mal avec un bilan ?
On ferait mieux de se préoccuper de la succession et là, c'est pas gagné.
quant à la Georgie, je n'ai pas d'avis n'étant pas assez informée mais j'aurais tendance à suivre Redonnet en ajoutant que, le jour où la Chine sera démocratique à l'occidentale elle éclatera et ce type de conflits sera inévitable.
Écrit par : Rosa | 26/08/2008
A lire:
http://www.voltairenet.org/article157210.html
Même si c'est sans doute exagéré et même s'il n'y en avait que la moitié de vrai, ce serait déjà beaucoup.
Écrit par : Feuilly | 26/08/2008
Ils prennent vraiment n'importe qui à la CIA...
Écrit par : Rosa | 26/08/2008
à Feuilly : époustouflant ce texte. Ça laisse songeur...
Écrit par : tinou | 27/08/2008
@ Tinou: et vous qui venez de lui serrer la main! N'oubliez pas que le discours de Maillé avait surtout pour but de parler du terrorisme et de la présence de la France en Afghanistan...
Écrit par : Feuilly | 27/08/2008
C'est toujours surprenant un texte à l'emporte pièce ; à la française ! tout est critiqué et aucune alternative n'est avancée. Bon, il faut s'y faire : il n'y a aucune opposition dans ce pays, à l'exclusion de la masse médiatique et les qualques détracteurs sont tellement à coté de la plaque qu'on ne comprend rien.
Le problème de fond réside dans le choix de la présidentielle : Sarko ou Ségo ? d'ailleurs les sondages (c'est amusant !!) donnent toujours Sarko gagnant ! il est évident que les français ne pouvaient choisir Royal !
Alors, Oui, Sarko a raison le plupart du temps et son action sur la scène internationale est saluée au delà de nos frontières, oui c'est réformes n'ont pas tous les effets attendus dans le contexte économique actuel et oui encore, ses réformes structurelles sont adaptés à la société actuelle.
Pour aller plus loin, il faudrait que l'opposition (PS en tête) face des propositions autres que le tout sauf Sarko comme vu lors de la réforme constitutionelle qui est tout sauf la mise en place de la Monarchie !!!
Écrit par : Sigognac | 27/08/2008
Monsieur Sigognac, vous défendez vos idées ( intérêts ? ) et cela est parfaitement respectable. MAIS : Cela ne vous oblige pas à la mauvaise foi !
Vous dites : " Sarko a raison le plupart du temps et son action sur la scène internationale est saluée au delà de nos frontières"...Lisez vous la presse étrangère ???? Moi oui, tous les jours et en six langues. Où voyez vous, en dehors de la presse ayant des intérêts communs avec l'atlantisme, un panégyrique de notre président ?
Écrit par : Aédia | 27/08/2008
Sarkozy teravaille pour les grands groupes industriels et financiers, pas pour les Français. Quant à la grandeur de la France elle-même, il se contredit puisqu'il la place sous tutelle US.
Écrit par : Feuilly | 27/08/2008
Voila où le bas blesse, la presse atlantiste n'a pas droit de citer. Et pourtant, elle représente de trés nombreux lecteurs.
C'est un peu comme si en France, Libération ou le Monde étaient plus crédible que le Figaro : c'est question de point de vue et de la réprésentation que l'on se fait du monde. C'est loin d'être objectif.
Pour la presse internationale, je note que l'année dernière Nicolas Sarkozy a été l'homme de l'année pour la presse Espagnole, que le times l'a mis en une plus d'une fois, que pour les américains, le "traité de cesser le feu" (sic) entre Géorgie et Russie est appelé "accords Sarkozy". Les photos du 13 juillet sur la Méditerranée ont fait le tour du monde...
J'admets parfaitement que l'on critique les décisions (qui ne sont que des choix personnels) sur l'internationnal mais je ne peux comprendre que l'on affirme que Sarko décrédibilise la France. Il créé l'évènement et se replace au centre de l'échiquier.
Écrit par : Sigognac | 27/08/2008
la presse atlantiste n'a pas droit de cité? Tiens donc. Il me semble au contraire qu'ils ont fait main basse sur tous les médias (voir Ch. Ockrent, etc.)
Rirn n'est objectif dans la presse, ni à gauche ni à droite. La preuve; les citoyens américains qui étaient persuadés de la présence d'armes redoutables en Irak.
L'accord Sarkozy, c'est avant tout un cessez le feu. Pour le reste, on atttend.
Il décrédibilise la France dans la mesure où il se met à suivre la politique US ("on est en Afghanistan parce que les autres y sont") Certes, il faut sans doute y être, pour ramasser quelques miettes. Mais s'il avait été là il y a quelques années, nous serions dans le bourbier irakien.
Pour le reste, je vois que vous avez présidé le service juridique de Total. Ce n'est pas rien. Le problème, autant vous le dire tout de suite, c'est que j'étais plutôt du côté des Bretons victimes de la polution.
Écrit par : Feuilly | 27/08/2008
@ Sigognac :
Monsieur Sarkozy, pour la presse un tant soit peu objective et pour une majorité de Français aujourd'hui, n'est plus crédible pour plusieurs raisons.
Dans notre pays :
-La première est le démantèlement du système social solidaire de la France.
- La seconde est l'échec de la politique de l'emploi. Bidouillage des statistiques du chômage ou pas, il y a de plus en plus de délocalisations et de moins en moins de créations.
- La troisième est la hausse des prix, qui, même expliquée à l'aide de chiffres bien alambiqués se subit au quotidien.
Qu'il soit réélu aujourd'hui ? Vous faites de l'humour sans aucun doute ! Sortez le dimanche... Le peuple le hait. Et ce n'est pas l'engagement de la France en Afganistan qui va calmer des français qui ont faim et bientôt froid !
Pour en revenir à l'international, la presse en général, quand elle n'est pas inféodée aux multinationales banquières, le prend soit pour un piètre valet de l'Amérique et/ou un gesticulateur sans autre consistance qu'un ego démesuré.
Écrit par : Aédia | 27/08/2008
pollution avec 2 "l" bien entendu.
La presse espagnole? Laquelle? C'est certainement le côté "people" qui a joué.
Le Times? Une revue économique, donc forcément...
"Il créé l'évènement et se replace au centre de l'échiquier." Oui, avec tous ses mariages et divorces, ses vacances de luxe etc. Ou bien son verre avec Poutine? Son discours raciste devant les Africains? Son mépris du monde arabe? Quant à la Chine, il est parvenu à la mécontenter (affaire du Tibet) tout en ne recevant pas la Dalaï Lama (qui doit être déçu lui aussi).
Bref il n'y a qu'aux Etats-Unis qu'il est bien vu.
Écrit par : Feuilly | 27/08/2008
Je devance M. de Sigognac pour vous informer de ceci:
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/international/20080829.OBS9282/sarkozy_va_recevoir_le_prix_mondial_de_lhomme_detat_200.html?idfx=RSS_notr
Incroyable. Ainsi petit Nicolas se voit récompensé par un rabbin, ce qui en dit long sur la politique qu'il mène. La médaille sera remise lors d'un dîner où Dassault sera pésent. Tiens donc. Et on apprend que ledit rabbin s'interroge sur les droits de l'homme en Chine, dans les Balkans et à Cuba. Tiens tiens donc...
Écrit par : Feuilly | 29/08/2008
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