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20/03/2008

Journée de l'eau

La communauté internationale célèbre paraît-il ce 20 mars 2008 la « Journée mondiale de l'eau ». « Le Monde diplomatique » nous rappelle que le manque d’eau concerne 1,1 milliard d'êtres humains, ce qui n’est pas rien et que l’absence de moyens sanitaires de base touche 2,6 milliards de personnes.
Ce qui est inquiétant, c’est qu’on se sert de cette pénurie pour libéraliser le marché de l’eau. Partant du principe que les états, par définition, sont défaillants, les chantres du libéralisme ont estimé que ce grave problème de l’eau devait dépendre des firmes privées.

Une telle conception est évidemment absurde. Dans nos pays industrialisés, il y a déjà plus d’un siècle que le problème est résolu et que chaque citoyen dispose d’une eau potable pour un prix abordable. Dans un tel contexte, on ne voit pas la nécessité de privatiser un secteur qui fonctionne très bien, si ce n’est pour remplir les poches de quelques-uns (avec l’appui scandaleux de nos dirigeants qui se révèlent ainsi être de piètres hommes d’état.) Dans le tiers-monde, où la situation n’est certes pas idyllique, on peut se réjouir de la volonté d’assurer la distribution d’eau potable, mais on aurait mieux fait d’aider les gouvernements à prendre les mesures nécessaires (plutôt que de les obliger à s’endetter chaque jour d’avantage et à devoir rembourser des intérêts dont la courbe exponentielle a de quoi inquiéter). En effet, en privatisant le secteur de l’eau, les capitalistes n’ont vu que l’énorme marché que cela représentait pour eux et ils ont oublié deux choses. D’une part que ces populations n’étaient pas habituées à payer pour un tel service, ce qui a entraîné des réactions violentes et d’autre part qu’elles n’en avaient de toute manière pas les moyens.

Sinon, ces privatisations se font chaque fois de la même manière : dérégulation, décentralisation, privatisation puis paiement exorbitant par les usagés.

Ce qui me fait dire (mais c’est un autre débat) que l’Europe des régions est un outil du libéralisme pour faire perdre aux états leur suprématie. Ces états avaient la capacité de résoudre les problèmes, de plus, ils avaient tendance à protéger leurs citoyens par des règles strictes (lois sociales, protection de l’environnement, etc.). Il fallait donc casser cette suprématie en confiant petit à petit des responsabilités aux régions. On a vu que même la France, si centralisée depuis Louis XIV, n’a pas échappé aux dictats de Bruxelles. C’est ainsi que les universités, par exemple, doivent envisager leur avenir dans le cadre de leur région (et donc s’arranger pour s’auto financer, ce qui va permettre de monnayer certains services jusqu’ici gratuits). La conséquence sera une inégalité entre universités des régions riches et des régions moins favorisées (avec un transfert des étudiants vers les meilleures écoles, ce qui va encore renforcer la suprématie de ces dernières). Dans un tel contexte, il ne restera comme seule solution que de confier au secteur privé un enseignement que la région ne pourra plus assumer (avec des conséquences incalculables sur le contenu des programmes, orientés vers le besoin exclusif des firmes privées).

Mais revenons au problème de l’eau. Les contrats avec le pays du Sud se sont succédés à un rythme impressionnant. Les forums internationaux aussi. Partant d’une bonne volonté (fournir de l’eau potable à tout le monde), relayés par les ONG et les associations caritatives, ces réunions permettent à l’insu des participants de justifier la privatisation du secteur. Même Kyoto, par exemple, risque ainsi d’être récupéré. L’idée de la pollution et du réchauffement climatique fait son chemin dans les consciences et tout le monde est prêt à payer pour sauver la planète. Il y a fort à parier que des firmes privées vont montrer le bout de leur nez sous peu. C’est déjà ce qui se passe avec l’eau. Voyant que le marché de l’eau est moins intéressant qu’escompté dans le Sud, elle se rabattent sur l’Europe et sur la décontamination. On peut certes se réjouir des mesures prises par Bruxelles concernant l’obligation pour les communes d’avoir des stations d’épuration, mais indirectement tout cela a un coût, coût dont vont bien profiter les firmes privées (construction des stations d’épuration, services payants comme le recyclage des déchets, etc.). Dans un tel contexte, les ex-pays communistes sont une manne providentielle pour ces firmes puisqu’ils offrent un terrain vierge où il reste beaucoup à faire (mais où existe déjà une infrastructure certes vieillotte, mais qui fonctionne encore) et où le niveau de vie de la population va logiquement progresser grâce à l’argent insufflé par l’Union européenne. Un beau marché en perspective. Il ne faut donc pas s’étonner que le pouvoir libéral en place à la Commission de Bruxelles (et sous le regard attendri d’un représentant américain, ce qu’on ignore souvent et dont on se demande bien ce qu’il fait là) pousse à l’élargissement de l’Europe. Les citoyens de l’Ouest paieront la facture qui permettra à un nouveau marché d’émerger (sans compter que pendant vingt ans le prix de la main d’œuvre restera dérisoire à l’est, ce qui permettra de belles délocalisations particulièrement fructueuses). Ce ne sont pas les politiciens locaux qui feront de l’opposition. Ex-communistes, il n’y a pas plus convaincus qu’eux des bienfaits du libéralisme. On l’a vu au moment de la guerre en Irak, quand la Pologne a offert son aide à Bush, ce qui a permis à celui-ci de parler avec mépris de la « vielle Europe » dépassée en montrant du doigt la France non belligérante et non belliqueuse d’un Chirac sur le déclin.

Le changement climatique, de son côté, nous promet quelques belles catastrophes : inondations, sécheresses, glissements de terrain, ouragans et cyclones. Les cultures elles-mêmes seraient menacées, même en Europe du Nord, tandis qu’en Afrique sub-saharienne, la sécheresse devient inquiétante (baisse du débit des cours d’eau de plus de 40%). Cela permettra de construire des barrages que seules, évidemment, les firmes privées seront en mesure de financer (avant de se faire rembourser au centuple par la suite). Il est vrai que dans le type d’agriculture intensive que nous connaissons (et ne parlons même pas ici des OGM qui vont asservir les paysans aux grandes firmes céréalières productrices de semence ) l’eau est indispensable. Plutôt que de revoir ce type d’agriculture, on préfère se lancer dans une course en avant afin d’assurer sa pérennité par des moyens artificiels comme la construction de ces grands barrages ou le dessalement de l’eau de mer. Bien sûr on nous présentera ces projets comme une nécessité pour permettre à ces pays du Sud d’émerger (mais qui se soucie en fait de leur émergence ?). On ne dira pas, par contre, que ces grands travaux demandent beaucoup d’argent ni que les usines de dessalement demandent beaucoup d’énergie (et donc de carburant très cher et par ailleurs polluant). On ne sait pas trop non plus ce qu’il adviendra de la saumure qu’on rejettera à la mer (risque de rupture d’équilibre du milieu marin).

On le voit, le problème de l’eau est loin d’être résolu. Si demain le pétrole fait défaut et s’il faut se rabattre sur de l’essence produite à partir de végétaux cultivés, la demande en eau pour les besoins agricoles ne cessera d’augmenter. Le secteur privé a donc encore de beaux jours devant lui car il s’imposera comme le seul à être capable de retraiter les eaux usées ou à maîtriser la technique du dessalement. Faisant l’apologie de nouvelles techniques (nano-filtration, osmose inverse, etc.), des firmes internationales ont déjà déposé des brevets leur assurant le monopole, direct ou indirect, sur ces nouvelles manières de traiter l’eau.

Finalement, quand on y réfléchit, mieux vaut boire du vin que de l’eau du robinet.




14/03/2008

Des anciens ministres

Les hommes qui nous gouvernent ont souvent des politiques étonnantes, qui nous irritent. Mais bon, ils ont été élus démocratiquement, il n’y a rien à dire. En attendant, ils tiennent le haut du pavé et nous assènent leur vérité avec autant d’aplomb que de mauvaise foi. On a beau être contre leurs principes, rien n’y fait. Ils dirigent et nous n’avons qu’à nous plier à leurs idées, présentées comme les seules valables. Souvent, le public suit béatement, ce qui fait qu’on se retrouve bien seul à prêcher dans le désert.

Puis les années passent et la roue tourne. Parfois, ces hommes politiques se font rattraper par leur passé et ils se retrouvent devant un tribunal. Ainsi en va-t-il aujourd’hui de l'ancien ministre de l'intérieur, Charles Pasqua, qui a été condamné, mercredi 12 mars, à dix-huit mois d'emprisonnement avec sursis par le tribunal correctionnel de Paris, dans l'affaire du financement illégal de sa campagne des élections européennes de 1999. Il a été reconnu coupable de faux, financement illégal de campagne électorale et abus de confiance, rien moins que cela. Il aurait bénéficié, pour sa campagne, de l’équivalent d’un million d’euros issus de la vente du casino d'Annemasse (Haute-Savoie) dont il avait autorisé, en tant que ministre, l'exploitation en 1994.

Un malheur n’arrivant jamais seul, Monsieur Pasqua, a fait l'objet dans le même dossier d'une procédure pour corruption passive.

On se souviendra par ailleurs que son fils, Pierre Pasqua, avait été condamné en décembre 2007 à 18 mois de prison ferme dans le cadre de l’affaire Falcone/Sofremi. Cette société, mi-privée mi publique aurait vendu illégalement des armes à l’Angola et les bénéfices se seraient retrouvés quelque part chez les Pasqua. L’argent aurait été blanchi via des sociétés écrans. Pierre Pasqua aurait ainsi reçu 1,5 millions d’euros. Il avait d’ailleurs déjà été condamné le 8 novembre (le fils donc) à deux ans d'emprisonnement, dont 1 an ferme, et 300.000 euros d'amende dans une affaire de pots-de-vin (société Alstom).

Son avocat, Edgard Vincensini avait alors annoncé qu’il ferait appel. Pas de chance pour ce brillant juriste. Il vient lui-même d’être condamné à une peine de six mois avec sursis pour "faux".

Quant au père Pasqua, il n’en a pas encore fini. En septembre 2008,il comparaîtra pour "recel d'abus de biens sociaux et trafic d'influence" aux côtés de l'ancien préfet Jean-Charles Marchiani, de l'homme d'affaires Pierre Falcone et du fils de l'ancien président de la République Jean-Christophe Mitterrand, dans l'affaire des ventes d'armes à l'Angola. D’après « Le Monde » il est aussi poursuivi « pour trafic d'influence et corruption" dans le dossier "Pétrole contre nourriture", pour "recel d'abus de biens sociaux" à propos de largesses que lui aurait consenties l'homme d'affaires libanais Iskandar Safa, et il a été mis en examen en qualité d'ancien président du conseil général des Hauts-de-Seine dans l'affaire de détournements de fonds publics reprochés au maire d'Issy-les-Moulineaux, André Santini, à propos de la fondation d'art contemporain Jean Hamon. »

On croit rêver. Bref, ce ne sont que magouilles, pots de vin et pratiques illégales. On se souvient pourtant de l’arrogance de Pasqua lorsqu’il était ministre et de ses propos qui frôlaient à chaque fois le racisme le plus primaire.

Quelle morale retenir de cette histoire ? Aucune, évidemment. Certes, ces hommes qui semblaient détenir la vérité à un certain moment sont maintenant justement punis, mais le public les a oubliés et c’est dans l’indifférence générale que les condamnations tombent aujourd’hui. Il en ira sans doute de même demain quand le nom de Chirac ressortira.

En attendant, derrière les actions entreprises par ces personnages se cachent souvent des drames. Ainsi en va-t-il de l’Irak. Bush reconnaît maintenant à demi-mots qu’il n’y avait aucun lien entre Sadam Hussein et Al Quaïda. En Angleterre, on commence à pointer du doigt les programmes de l’enseignement qui ont présenté la guerre en Irak comme une nécessité.

La roue tourne, je le disais au début de cet article, mais en attendant les conséquences sont là. L’Irak est un pays exsangue, déchiré et en pleine guerre civile. Que penser de tous ces dirigeants qui ont menti et qui se sont enrichis ? Certes, certains sont condamnés, mais d’autres les ont remplacés, qui ne sont ni meilleurs ni pires. Encore que…. On peut supposer que Sarkozy n’aurait pas hésité un instant à nous entraîner dans une guerre irakienne s’il avait été aux commandes à ce moment-là.

Alors ? On parle souvent de devoir de mémoire à propos de certains événements du passé et on fait bien. Mais le bon peuple ne pourrait-il pas se souvenir de tout ceci également avant de mettre quelqu’un au pouvoir ? Pourquoi tout doit-il être un éternel recommencement ?

Tiens, au fait, n’y a-t-il pas des élections dimanche en France ?

03/03/2008

Le mot du jour

Le chef de la diplomatie Bernard Kouchner a estimé que la nomination de sa compagne Christine Ockrent à la direction de l'audiovisuel public extérieur était "un bon choix". Tiens donc.

"S'il y avait conflit d'intérêt, je serai le premier à le reconnaître, je ne me mêlerai pas du tout d'audiovisuel extérieur, j'en fais le serment." Donc acte. Mais est-il à la bonne place pour juger s’il y a ou non conflit d’intérêt ?

"Je ne vois pas pourquoi c'est toujours les femmes qui devraient démissionner", a ajouté M. Kouchner. ", ce qui laisse supposer qu’en cas de problème, c’est lui qui démissionnera. Pourquoi pas ? Il pourra toujours trouver une place dans l’audiovisuel.

Bref, qu’on se rassure. La presse est libre et n’a pas l’intention de faire l’apologie du gouvernement. Puisque c’est un membre du gouvernement qui le dit…




21/02/2008

Réponse de la bergère aux bergers

Suite de l’article précédent.

« Christine Ockrent, la future directrice générale de la holding chapeautant l'audiovisuel extérieur français, a estimé "injuste et humiliant" le fait "d'être périodiquement ramenée à ce statut de femme de"

En tant que femme, elle n’a pas tort, évidemment. Il n’empêche que si cela avait été le contraire (elle ministresse et lui directeur de l’audiovisuel), le problème aurait été le même. C’est l’objectivité de l’information qui est en cause.
On veut ramener le débat sur le terrain privé pour nous faire oublier que toutes les chaînes, qu’elles soient privées ou publiques, sont à la solde de quelqu’un.

On parle beaucoup de la liberté de la presse et on regrette ce qui se passe dans certains pays. Mais notre propre presse ne dit pas tout, loin de là et elle répond aux injonctions du pouvoir.

En se présentant comme une victime, Chritine Ockrent met de son côté toutes les femmes et toute la gauche (qui n’osera plus lui reprocher quoi que ce soit au nom de la liberté).

En attendant elle prend les rênes du pouvoir et je maintiens qu’il y a peu de chance que nous puissions voir une émission critique à l’encontre de l’actuel gouvernement. Il faudrait pour cela que son mari fût remercié pour incompétence (tiens n’avait-il pas dit qu’il allait solutionner le problème israélo-palestinien ? Justement, la solution tarde un peu à venir, il me semble).


Jouer à l'épouse est devenu humiliant
Et semble être un signe des temps
Cécila l’avait bien compris,
Qui, à peine arrivée, aussitôt partit.
Ce ne fut point le cas de Carla
Qui sarkozy épousa
Quant à Christine, la nouvelle directrice
Elle dit que c’est une injustice
Que de répéter à toute la terre
Qu’elle vit avec Kouchner.
En attendant, la presse n’est point libre.
Mieux vaut retourner à nos livres.


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20/02/2008

Une télévision publique de qualité.

Nouvelle idée du président Sarkozy. Il a déclaré vouloir que les chaînes de télévision publiques en France diffusent des programmes de qualité sans "tyrannie" de l'audience, et non plus "du pain et des jeux", pour justifier son projet contesté d'y supprimer la publicité. »

Ma foi, on ne peut qu’applaudir des deux mains. Si j’étais président, je n’aurais pas fait autre chose. Ceci dit, venant de lui, je me méfie.

Il a pourtant assuré vouloir compenser (mais comment , les caisses sont vides ?) la perte de revenus liée à la suppression de la publicité.

Il a même ajouté qu’aucune chaîne publique ne serait privatisée.

On croit rêver. Cela cache quelque chose, c’est sûr. Nicolas qui finance la culture, qui veut des programmes de qualité, qui se désintéresse de l’audimat, c’est pour le moins étrange. Il est vrai que son propre audimat (sa cote de popularité) est en chute libre, mais bon…

Revenir à une chaîne publique de qualité, qui tirerait les auditeurs vers le haut, plutôt que de les rassasier de leur propre image dans des séquences de télé réalité qui tournent en boucle, c’est magnifique.

Mais je n’y crois pas. Cela cache quelque chose, je l’ai déjà dit. Mais quoi ? Ou alors l’idée ne vient pas de lui.

Je feuillette un peu la presse et je découvre ceci :

« Christine Ockrent, 63 ans, journaliste belge et compagne du ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, deviendrait la directrice générale du holding France Monde qui chapeautera France 24, TV5 Monde et RFI, à en croire les révélations faites ce mardi par « le Figaro ».

Nous y voilà. Il fallait une place pour Mme Ockrent.

Elle qui avait cessé d'animer une émission politique de France 3 lorsque Bernard Kouchner était devenu ministre des Affaires étrangères tant elle était intègre et impartiale, se retrouvait sans emploi.
En effet, elle ne présente plus qu’une fois par semaine un billet de six minutes pour France 24 avec un salaire annuel de 120.000 euros. Une aumône, quoi.

En la nommant directrice générale, elle ne va certainement pas influencer les programmes et faire l’éloge de Nicolas ou de sa politique (ou encore de l’Otan car c’est une atlantiste convaincue, liée à des cercles d’influence dans ce domaine). En tout cas, c'est ce que croiront les téléspectateurs qui ne la verront plus sur les écrans. N’est-ce pas ce qui compte, après tout ?

Et puis on ne pourra plus se plaindre qu'il n'y a que TF1 qui fait de la publicité pour Nicolaou.

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19/02/2008

Devoir de mémoire

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1940-1945, l'horreur


Il n’en rate pas une, notre ami Sarkozy. Il aurait voulu dresser l’une contre l’autre les différentes communautés présentes en France qu’il ne s’y serait pas pris autrement avec son projet de parrainage des enfants juifs massacrés pendant la guerre.

La France, qui se pensait comme un état laïc, est en train de redécouvrir qu’elle est composée de citoyens appartenant à des religions différentes. Nicolas, accompagné de sa future belle-mère ( ???) était allé salué le pape en décembre. Rien de plus normal que ces visites entre voisins bien éduqués, mais de là à affirmer que le prêtre ne remplacera jamais l’instituteur, il y a un pas qu’il aurait mieux fait de ne pas franchir. Cela revenait à mettre sur le devant de la scène politique une religion catholique par ailleurs un peu à bout de souffle. Cela revenait aussi à dire que tout bon dirigeant avait besoin du secours de la religion pour cantonner les citoyens dans l’espérance d’un monde meilleur et les empêcher de se révolter contre leur pouvoir d‘achat en chute libre. Rien de plus conservateur, en effet, que la hiérarchie de l’Eglise. En vous apprenant à ne pas séduire la femme de votre voisin (surtout s’il s’appelle Nicolas) et à ne pas voler le jet privé de votre patron, l’Eglise vous donne une conscience morale irremplaçable.

Ceci dit, il convient de nuancer et je connais des prêtres qui, sur le terrain, font un travail social remarquable, tandis que d’autres critiquent à juste titre la société de consommation basée uniquement sur l’argent et le mépris de nos semblables. On pourrait citer aussi des mouvements comme la Théologie de la libération, qui, en Amérique du Sud avait pris le parti des plus pauvres. Enfin, il s’agit souvent d’initiatives individuelles qui sont généralement en conflit avec Rome et on comprend pourquoi.

Mais revenons à Sarkozy. Après sa visite à Saint Jean de Latran en décembre 2007, le président a déjà annoncé qu'il assisterait à une séance solennelle de la loge maçonnique du Grand Orient de France. Pendant ce temps, les musulmans attendent patiemment leur tour (mais ils ont déjà eu droit à un discours tenu en Arabie, dans lequel le grand Calife Nicolas I faisait l’éloge du fait religieux).
En rappelant ainsi que chaque Français est religieusement différent de son voisin, il va réveiller les communautarismes. Ne vaudrait-il pas mieux insister sur les valeurs communes et rappeler que l’idéal républicain ne fait pas de différences entre les citoyens ?

En remettant maintenant le problème juif sur le devant de la scène, il risque de faire pis que mieux. Curieusement, lui qui dit que la France n’a pas à se repentir de ses actions et surtout pas de son passé colonial, voilà qu’il invite chaque enfant à ruminer le passé et à se culpabiliser pour ce que ses ancêtres auraient fait.

Bien sûr, ce sont là des faits dramatiques qu’il ne convient pas d’oublier et même s’il n’y avait eu qu’un seul enfant juif de tué pour la seule raison qu’il était juif, il faudrait encore en parler et dénoncer une telle barbarie. Bien sûr, le devoir de mémoire s’impose. Mais prenons le cas des jeunes Allemands. Doivent-ils être éduqués dans la repentance plus de soixante ans après les faits ? Sont-ils eux, en tant qu’individus, personnellement responsables des atrocités commises par leurs ancêtres ? Non, bien sûr. Ce qui ne veut pas dire qu’ils ne doivent pas savoir ce qu’a fait l’Allemagne à cette époque, afin précisément qu’ils agissent autrement. Mais ils ne vont tout de même pas, à chaque sommet européen, s’excuser devant la délégation française des actes commis par leur pays dans le passé. Nicolas l’a bien dit : il ne faut pas toujours se sentir coupable.

Alors, ce qui est vrai pour les Allemands l’est aussi pour les Français. D’autant plus qu’il ne faut pas oublier que pas mal de citoyens ont caché des Juifs pendant la guerre et que c’est leur gouvernement qui a honteusement collaboré. Donc, jusqu’à preuve du contraire, c’est surtout le monde politique de l’époque qui semble coupable, beaucoup plus que les personnes ordinaires, dans les rangs desquelles ont a tout de même trouvé des résistants pour s’opposer aux Allemands et des êtres sensibles pour s’insurger, avec leurs modestes moyens, contre les rafles des Juifs.

En résumé, si quelqu’un devait vraiment se sentir coupable, ce serait le successeur de Pétain, le grand Nicolas lui-même, pas à titre personnel, évidemment, mais de par la fonction qu’il occupe. Alors qu’il aille faire des excuses à Jérusalem au nom de l’Etat français si cela lui chante, c’est une chose, mais qu’il décide de culpabiliser toute la jeunesse actuelle, cela me semble particulièrement morbide. Un peu comme l’était déjà l’imposition de la lecture de la lettre de Guy Moquet. Les psychologues feraient bien de se pencher sur les conséquences que pourraient avoir un tel type d’enseignement ainsi que sur les motivations profondes du chef de l’Etat, qui semblent un peu pathologiques.

De plus, en imposant d’en haut une telle mesure ne risque-t-il pas d’obtenir le contraire de l’effet escompté et dresser la communauté musulmane contre les enfants juifs ? On dira certes qu’il ne faut pas se plier à ce genre de considération (et je suis le premier à trouver étranges ces horaires de piscines qui visent à séparer les hommes des femmes et cela afin de complaire aux exigences des imams) mais tout de même, le rôle d’un Président n’est-il pas de rassembler plutôt que de diviser ?

En fait Sarkozy est étrange et imprévisible. Pourquoi, au moment de son élection, avait-il boudé les cérémonies commémoratives du 8 mai (capitulation de l'Allemagne), mais avait tenu à assister à la Journée du souvenir de l'esclavage ? Etrange pour quelqu’un qui veut préserver la mémoire de l’Histoire mais qui ne veut pas se repentir. N’aurait-il pas dû faire l’inverse, s’il voulait être logique avec lui-même ?

On pourrait aussi regretter que les cours d’Histoire ne sont plus ce qu’ils étaient. Ne serait-il pas plus judicieux de les rétablir (y compris un cours de critique historique) afin non seulement de ne pas oublier des faits aussi importants que la Shoah, mais aussi afin de pouvoir replacer ces faits dans un contexte précis. Non, dit le Président, le «devoir de mémoire», ce n’est pas l’Histoire. On le regrettera car sensibiliser les jeunes à ce problème en jouant exclusivement sur la corde affective, c’est se rapprocher de pratiques comme le culte du héros. La seule différence, c’est que le héros, ici, est une victime.

A la limite, glorifier Jeanne d'Arc comme Pétain ou Le Penn ont pu le faire est certes contestable (puisqu’on poursuit en fait un but inavouable et inavoué) mais offre au moins l’avantage de vouloir rassembler tout le monde sous une seule bannière, celle de la France (avec cette restriction que pour le Penn, les immigrés n’ont pas à être français). De plus, le culte du héros voulait forger les personnalités en encourageant l’émulation : quels hommes que Surcouf, Du Guesclin, etc. ! Certes, une telle démarche nous semble aujourd’hui bien contestable et bien ridicule, puisqu’elle visait en fait à renforcer le patriotisme ou la religion (si l’idole était un saint comme Saint Vincent de Paul), mais au moins canalisait-elle les efforts dans un sens positif. Ici, c’est le contraire. Non seulement on revient avec un matraquage idéologique digne de ces époques qu’on croyait révolues, mais en plus le résultat final sera négatif puisqu’au mieux il culpabilisera et au pire il divisera.

Maintenant, s’il faut accepter ce «devoir de mémoire»,à la demande du président, pourquoi ne le pratique-t-il pas lui-même quand il se rend en Algérie par exemple ? Pourquoi les crimes perpétrés la-bas par les Français ne doivent –ils pas être rappelés alors que les mêmes crimes contre le peuple juif doivent l’être ? On sent bien qu’il y a inégalité de traitement et notre cher Nicolas voudrait attiser le ressentiment dans les banlieues à forte composante maghrébine qu’il ne ferait pas mieux.

Parce qu’il s’il faut se remémorer tous les crimes de l’Histoire, on peut y aller. A commencer par la Saint Barthélemy (comme cela il verra que la religion a parfois des excès et que c’est bien pour cela qu’on a préféré un état laïque), mais aussi la colonisation, le massacre des populations amérindiennes par les Espagnols, sans parler des bombes au napalm sur le Vietnam.

Ce n’est pas tout à fait la même chose, me direz-vous. Dans les cas que je cite, il s’agit simplement d’un pays qui impose sa volonté à un autre (colonisation) ou ses idées à un autre (St Barthélemy), tandis que les enfants juifs, eux, ont été massacrés exclusivement à cause de leur appartenance à une race. C’est vrai. Mais alors on pourrait citer le génocide cambodgien, la guerre civile de Yougoslavie (dont le dernier chapitre vient de s’inscrire hier avec l’indépendance du Kosovo), les attentats entre Chiites et Sunnites, l'épuration raciale et religieuse au Soudan et finalement le génocide rwandais (où la France, qui soutenait inconditionnellement les Tutsis semble idéologiquement bien impliquée).

Ne conviendrait-il pas de faire appel à l’intelligence et à la raison pour éviter ce qui se passe sous nos yeux plutôt que de jouer sur l’émotionnel en retournant soixante ans en arrière ? En n’oubliant pas que les débats de nature émotionnelle retombent aussi vite qu’ils sont nés. S’il veut que son action perdure, Sarkozy ferait donc bien mieux d’en appeler à la raison plutôt qu’à l’affectif.

Sans compter qu’étant lui-même d’origine juive, son calcul ne semble pas désintéressé. On va l’accuser de travailler pour son camp c’est-à-dire pour Israël. Même si sa démarche, au départ, est louable et part d’un bon sentiment, on va lui reprocher de se servir de la France et des Français pour tenter de justifier ou du moins de faire oublier ce qui se passe aujourd’hui dans la bande de Gaza.

Car était-il normal, quand les Américains ont imposé un boycott international à l’Irak, avant la guerre contra Sadam Hussein, que des enfants soient morts dans les hôpitaux par manque de médicaments ? Est-il normal que la même chose risque d’arriver à Gaza ? Ces situations ne datent pas d’avant-hier, elle se déroulent sous nos yeux. Le mur qui coupe la Palestine en deux commence furieusement à ressembler aux murs des anciens ghettos, si ce n’est que ce ne sont plus les mêmes qui sont enfermés. Nous sommes là en pleine urgence et la communauté internationale devrait se mobiliser. Rien ne bouge et rien ne bougera. Alors je veux bien d’un devoir de mémoire, mais il ne doit pas être à sens unique. Ce qu’il faut chasser, c’est la barbarie. Que m’importe à moi que l’enfant qu’on maltraite soit juif, arabe ou indien ? C’est un enfant avant tout. En réintroduisant le critère de la race dans ce genre de débat, on joue un jeu dangereux. Il n’y a pas de bonnes et de mauvaises victimes, il y a des victimes, point final (y compris des victimes israéliennes qui tombent à cause des kamikazes fanatiques, ne l’oublions pas non plus ).


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Palestine, Gaza, l'horreur

18/02/2008

Des présidentielles américaines

Le monde bouge, c’est inévitable.

La Russie tente de redevenir une grande puissance, sans pouvoir toutefois s’opposer à l’indépendance du Kosovo, voulue par les Etats-Unis. Ceux-ci poussent ainsi l’Union européenne à grignoter petit l’ancienne zone d’influence soviétique, sans que l’on sache bien où cela se terminera.

En attendant, au Moyen-Orient, les mouvements islamistes n’ont jamais été aussi forts et les risques d’attentats aussi élevés. Le Président Bush était pourtant parti en croisade en Irak pour démanteler le terrorisme. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a réussi qu’à plonger ce pays dans une guerre civile interminable.

Beaucoup voient avec plaisir l'arrivée des prochaines élections aux Etats-Unis, espérant que le futur président se montrera plus diplomate.

Qu’ils ne se réjouissent pas trop vite.

Les victoires, le 12 février, du sénateur John McCain dans la ville de Washington et dans les Etats de Virginie et du Maryland feront vraisemblablement de lui le candidat du parti républicain.

Le monde diplomatique nous apprend que : « En matière de politique étrangère, M. McCain n'a cependant rien à envier aux « faucons » les plus hallucinés. Parce qu'il se présente comme le héraut d'une « nation judéo-chrétienne » en butte à l'« islamo-fascisme », parce qu'il entend « gagner en Irak, « front central de la guerre contre le terrorisme », le cas échéant en y mettant le prix, M. McCain leur apparaît largement préférable à Mme Hillary Clinton et à M. Barack Obama. (…) (Il préconise)la poursuite de la guerre en Irak, le cas échéant avec des effectifs américains renforcés ; une augmentation des dépenses militaires ; un durcissement très
sensible des relations avec la Russie (dorénavant écartée des réunions du G8) ; la création d'une « Ligue des démocraties » appelée à se substituer aux Nations unies chaque fois que les Etats-Unis et leurs alliés souhaiteront intervenir sans s'encombrer des contraintes de la Charte de l'ONU ; enfin, une approche plus pugnace des rapports avec la Chine et avec les Etats récalcitrants d'Amérique
latine, en particulier le Venezuela. »

Tout cela nous promet encore de jolies guerres qui feront tourner la machine économique (puisqu’il faut bien reconstruire) et plongeront des populations entières dans la misère.

14/02/2008

Fait divers

Le Réseau Education Sans Frontières (RESF) lutte contre l'expulsion d'étrangers sans papiers ayant des enfants scolarisés en France. Un membre de cette association avait été placé en garde à vue après s’être opposé à l'expulsion d'un parent d'élève sans papiers. Du coup, un autre membre avait adressé un courriel au ministère de l'Intérieur dans lequel il demandait sa libération.

Comme les faits se passaient en 2006, c’est Sarkozy, qui n’était pas encore grand Calife, qui gérait les affaires intérieures.

Le problème c’est que notre militant, qui n’avait sans doute jamais fait de droit (et qui donc ne savait pas que dans une affaire, c’est la preuve du délit qui compte avant toute chose), avait commis l’imprudence d’écrire dans son courriel «voilà donc Vichy qui revient. Pétain a donc oublié ses chiens (...)». Et il avait ajouté voilà une «politique qu'il faut bien qualifier de raciste», tout cela avant d'adresser ses «salutations antifascistes» au ministre.

Le tribunal correctionnel de Paris vient de le reconnaître coupable d'outrage à personne dépositaire d'une autorité publique et l'a aussitôt condamné à 800 euros d'amende ainsi qu'à un euro de dommages et intérêts à verser à M. Sarkozy, qui s'était constitué partie civile.

Son avocate avait bien plaidé qu’il n’avait fait qu’un «parallèle politique» et que «c'était une politique qui était visée, pas une personne», rien n’ y a fait. On n’outrage pas le grand Calife.

En attendant celui-ci me semble bien procédurier, vu le nombre d’affaires qu’il dépose devant les tribunaux. Il devrait peut-être relire Rabelais (ou tout simplement le lire) et les juges avec lui, qui semblent un peu trop courber l’échine devant l’autorité.

Cy n'entrez pas, maschefains practiciens,

Clers basauchiens mangeurs du populaire.

Officiaux, scribes et pharisiens,

Juges anciens, qui les bons parroiciens

Ainsi que chiens mettez au capulaire;

Vostre salaire est au patibulaire

Allez y braire, icy n'est faict exces

Dont en voz cours on deust mouvoir proces.



Proces et debatz

Peu font cy d'esbatz,

Où l'on vient s'esbatre.

A vous, pour debatre

Soient en pleins cabatz

Proces et debatz.



Cy n'entrez pas, vous, usuriers chichars,

Briffaulx , leschars, qui tousjours amassez,

Grippeminaulx, avalleurs de frimars,

Courbez, camars, qui en vos coquemars

De mille marcs jà n'auriez assez.

Poinct esgassez n'estes, quand cabassez

Et entassez, poiltrons à chiche face :

La maIe mort en ce pas vous deface.



Face non humaine

De telz gens, qu'on maine

Raire ailleurs : céans

Ne seroit séans;

Vuidez ce dommaine,

Face non humaine.



Cy n'entrez pas, vous rassotez mastins ,

Soirs ny matins, vieux chagrins, et jaloux;

Ny vous aussi, seditieux mutins,

Larves, lutins, de Dangier palatins ,

Grecs ou Latins, plus à craindre que loups;

Ny vous gualous, verollez jusqu'à l'ous;

Portez vos loups ailleurs paistre en bonheur,

Croustelevez , remplis de deshonneur.




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07/02/2008

Mini traité européen

"Si l’Europe reste la seule affaire des responsables politiques et économiques, sans devenir la grande affaire des peuples, reconnaissons que l’Europe sera, à plus ou moins brève échéance, vouée à l’échec.
Bien sûr, l’Europe doit être au service des peuples, chacun peut le comprendre. Mais l’Europe ne peut se construire sans les peuples, parce que l’Europe, c’est le partage consenti d’une souveraineté et la souveraineté, c’est le peuple. A chaque grande étape de l’intégration Européenne il faut donc solliciter l’avis du peuple. Sinon, nous nous couperons du peuple.
Si nous croyons au projet Européen comme j’y crois, alors nous ne devons pas craindre la confrontation populaire. Si nous n’expliquons pas, si nous ne convainquons pas, alors comment s’étonner du fossé qui risque de s’amplifier chaque jour davantage entre la communauté Européenne et la communauté Nationale ?
"

Déclaration de Nicola Sarkozy, ministre de l’Intérieur, le 09.05.04 lors d’un conseil national de l’UMP (et qui visait sans doute à mettre Chirac dans l’embarras).

Comme quoi il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Ceci dit, la position de la gauche est tout aussi ambiguë. Si, au Congrès de Versailles, tous les élus de gauche avaient voté non, la modification de la constitution n'aurait pas été possible et le président aurait été obligé de soumettre le traité de Lisbonne à un référendum.

Il y avait 893 votants. 741 députés se sont exprimés. La majorité absolue (3/5° des 741) était de 445. Il se fait que 560 députés ont voté pour, soit 115 de plus que la majorité absolue. Si les 145 députés de gauche qui se sont abstenus avaient voté contre, on aurait eu 886 votes (741 + 145), soit une majorité absolue de 532 (3/5°). C’est donc par 28 voix seulement que le texte aurait été adopté. Il suffisait alors que les socialistes qui ont voté oui aient voté non et le compte y était.


Voici la liste des traîtres :
http://www.assemblee-nationale.fr/13/scrutins/jo0097.asp

05/02/2008

La première dame de France gagne son procès contre Ryanair.

Attaquée au tribunal pour avoir exploité une photographie du couple le plus médiatique de la planète, la société Ryanair a été condamnée à payer un euro à Nicolas I, roi, par la volonté du peuple, de la grande Sarkozie (lequel, bon prince, a tenu a préserver la dignité de sa fonction en ne se montrant pas bassement matérialiste) et 60.000 euros à sa douce moitié.

Il est vrai que celle-ci avait demandé 500.000 euros et que le juge a revu ses prétentions à la baisse. Ceci dit, si c’est en tant qu’outrage à la première dame qu’on juge son affaire, il y a erreur, car au moment des faits elle n’était encore que Carla Bruni. Nicolas l’avait dit d’ailleurs : « vendre son image, c’est son métier de mannequin. Elle subit donc un préjudice et c’est pour cela qu’elle réclame une somme plus importante. » En octroyant 60.000 euros, le juge a sans doute donc estimé que le première dame n’était plus mannequin à temps plein mais bien à temps partiel (puisque le code civil l’oblige à passer ses nuits avec son mari). Le préjudice étant moindre, il n’a pas accordé la totalité de la somme réclamée. Mais comme par ailleurs, la première dame continue à poser en petite tenue (bottée et baguée) pour la presse espagnole, il a bien dû, tout de même, accorder un petit dédommagement qui arrondira les fins de mois.

C’est sans doute pour cela qu’elle n’a pas accompagné le président en Roumanie mais qu’elle s’est fait remplacer par son père (ce qui, pour Nicolas, rend le voyage nettement moins romantique, on en conviendra). Elle avait sans doute quelques séances de photos à terminer.

Pour ceux parmi vous qui sont passionnés de littérature, ils ne manqueront pas de se précipiter sur les trois derniers livres sortis, tous consacrés comme il se doit à Carla Bruni.

-Carla Bruni, Qui est-elle vraiment? paraît aux éditions Privé, avec un premier tirage à 55.000 exemplaires

-Carla Bruni, La dame de coeur est annoncé chez l'éditeur belge Luc Pire. Tiré à 20.000 exemplaires, il a déjà été réimprimé à 5.000 pour faire face à le demande, selon la maison d'édition.

-Carla et Nicolas, Chronique d'une liaison dangereuse des journalistes Chris Laffaille et Paul-Eric Blanrue, paraît aux éditions Scali. 40.000 exemplaires et le livre est également en réimpression, selon la maison d'édition

On plaint l’ex-première dame, Cécilia, dont les biographies vont se faire détrôner par ces nouveautés, alors qu’elle était en tête des meilleures ventes.

Et on dira encore que les éditeurs ne lisent pas les manuscrits envoyés par la poste…





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"Nicolas, voulez-vous prendre pour épouse..."

On n’était jamais tombé aussi bas. Jamais, en effet, un président en exercice n’avait attiré à ce point l’attention de la presse à sensation. Sarkozy a voulu innover en cette matière comme dans toutes les autres. Il commence à en payer les pots cassés.

Ainsi, celui qui avait dit qu’il fallait travailler plus pour gagner plus n’en finissait plus de se faire photographier en douce compagnie dans divers lieux d’amusement ou de villégiature. (Disney Land, Egypte, Jordanie, etc.) Alors que le pays est en crise (c’est lui qui le dit), en retard sur l’économie mondiale (sans doute) et qu’il s’est engagé à lui faire faire un grand pas en avant (contestable par ailleurs puisque cela revient à suivre une politique libérale pure et dure), voilà qu’il ne s’occupe plus de rien et qu’il se contente de roucouler et de faire les yeux doux à la belle Carla. Erreur fatale. Les Français, dont le pouvoir d’achat s’érode (forcément, la liberté du marché permet à n’importe quelle firme d’évincer ses concurrents puis de demander le prix qu’elle veut, l’Etat n’intervenant plus en rien et se contentant de laisser faire) ont besoin d’un président de crise et ils ont sous les yeux un adolescent amoureux. Voilà qui explique la chute vertigineuse dans les sondages.

Heureusement le mariage vient remettre les pendules à l’heure. Un mariage, « vous vous rendez compte ! ». C’est du sérieux. Celui qu’on accusait d’être un frivole et un épicurien jouisseur redevient un époux respectable. Ouf. La morale est sauve.

Ce n’est pas pour cela que la situation va s’améliorer, loin de là, mais au moins, pendant qu’il passe du temps avec la première dame, Nicolas ne sera pas occupé à démanteler nos systèmes de retraite ou à privatiser la fonction publique et c’est déjà cela. On lui souhaiterait même une lune de miel éternelle rien que pour qu’il nous laisse un peu tranquilles.


46175f01bea7a1fae92021ea24517cc6.jpgAinsi, le petit vizir qui était devenu calife à la place du calife est maintenant en plein conte des mille et une nuits. Il est amoureux. Tant mieux pour lui, mais comme il est du genre hyperactif, on peut supposer qu’il sera bientôt lassé de son nouveau jouet (à moins que ce ne soit l’inverse car on dit la belle Carla assez volage).

En attendant, pendant ce répit amoureux, je suppose que nous aurons droit aux levers du Roi soleil dans Paris Match, avec Carla en petite tenue. On commence à avoir l’habitude, cela n’émeut plus personne.

A propos de Roi Soleil, cela me fait penser que le petit Roi se rendait à précisément à Versailles, ces jours-ci, pour préparer les réformes constitutionnelles nécessaires à l’adoption du mini-traité européen. En monarque absolu, il s’apprête donc à ratifier un texte que la majorité des citoyens avaient pourtant refusé, mais que voulez-vous, le Roi est le Roi et ses désirs sont des ordres.

Notons qu’il n’était pas seul à Versailles puisque sa toute nouvelle épouse était présente.
Devant la presse, il a fait peu d’allusions à ce mariage, ayant enfin compris que la dignité présidentielle exigeait une certaine retenue. En visite en Moselle, il aurait déclaré devant les travailleurs d’une usine qui s’apprête à licencier : "Je dois dire que Gandrange comme voyage de noces, il n'y a pas mieux", tandis qu’à Bucarest il aurait reconnu avoir eu « un week-end assez chargé. »

Ceci dit, on apprend qu’à Bucarest il était accompagné du père de Carla, Maurizio Remmert.
C’est une manie chez lui. En Libye, il envoyait Cécilia, à Rome, il s’est présenté chez le pape avec sa future belle-mère et ici avec le beau-père. Curieuse histoire de famille. Ce n’est pas pour rien que la presse roumaine titrait « le mari de Carla Bruni arrive à Bucarest ».
Quand je disais qu’on était tombé bien bas.


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Versailles, après les noces.









Non, je me suis trompé





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Voilà qui est mieux

01/02/2008

Un regard extérieur

Un article du Monde (actuellement en ligne, mais dépêchez-vous) donne l’opinion des journalistes étrangers sur le « style » Sarkozy. On y apprend, si on sait lire entre les lignes, que les Français sont finalement ignares puisque tout le monde, à l’extérieur de l’Hexagone, semble en fin de compte apprécier le petit Nicolas.

Ainsi, l’épisode où Sarkozy s’en est pris aux marins bretons serait vu positivement par les Italiens : « Un président de la République capable de descendre dans l'arène, d'aller parler avec ceux qui protestent, qui n'a pas peur, ça plaît aux Italiens."

Les Anglais, eux, apprécieraient le côté «vrai » du président, qui ne se fabriquerait pas une image factice pour la télévision.
Si les vacances sur un yacht privé sont qualifiées « d’impensables » en Allemagne, les mêmes Anglais, dans un cas semblables, se réjouiraient plutôt dans la mesure où c’est autant d’épargné pour les caisses de l’Etat et donc pour les contribuables.
Quant à l’attitude du petit Vizir lors des sommets internationaux (on se souvient par exemple de l’apéritif trop alcoolisé bu en présence de Poutine), elle est simplement qualifiée « d’étrange » mais aussi de « touchante ».

Bref, aucune critique vraiment méchante, au contraire. Les journalistes européens ont-ils l’esprit large ? Ont-ils peur de dire ce qu’ils pensent à celui qui les interroge ? Difficile de se prononcer. Il faut considérer, cependant, qu’ils sont peut-être moins directement impliqués que les Français, qui eux, en quelque sorte, doivent vivre au quotidien avec leur président, sans parler du fait qu’ils redoutent que l’image de marque de leur beau pays ne soit ternie par un clown hyperactif.

Ce qui est sûr, c’est que si cet article du Monde avait voulu faire l’apologie du Président, il ne s’y serait pas pris autrement. Heureusement que nous sommes dans un pays où la presse est libre (tellement libre que n’importe qui peu même acheter un journal ou un groupe de presse s’il le désire), sinon on se poserait des questions.

31/01/2008

Evolution des moeurs

Le choc des photos:

Le Président

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La première dame:

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Première dame de France

Après ce petit intermède sur Rimbaud et les Ardennes qui l’ont vu naître, il nous faut bien revenir à la vie quotidienne. Hélas, en quelques jours, la situation ne s’est pas améliorée. Les Français sont encore un peu plus pauvres, tout comme la Société générale d’ailleurs. L’Empereur, lui, a continué à faire parler de lui (en pure perte d’ailleurs puisque sa côté de popularité poursuit son inexorable descente). Je l’avais laissé en Egypte, en train de roucouler au pied des pyramides avec sa belle. Depuis, tel Alexandre le grand , il est arrivé jusqu’en Inde. Il a aussi intenté un procès à Ryanair, pour publicité douteuse. Il ne l’a pas fait pour l’argent (à la différence de Carla, qui elle, réclame directement 500.000 euros) mais simplement pour faire respecter le prestige de la fonction présidentielle. Il fait bien, car depuis qu’il est président, ce prestige ne fait que dégringoler. Il est vrai qu’il en est le principal responsable. A force de se présenter en tenue de jogging et de s’afficher un peu partout avec des femmes différentes (Cecilia, Rachida dati, Laurence Ferrari, Carla, etc.), à force de vouloir ressembler à Monsieur tout le monde (sauf pour le salaire, augmenté de 172 %) et à force de se laisser photographier dans sa vie privée en douce compagnie, il est clair que le public a fini par oublier la prestance qui était celle d’un De Gaulle ou le mystère qui entourait un Mitterrand. C’est allé si loin que les publicitaires, ces gens naïfs qui n’ont jamais rien compris en dehors de leurs chiffres de vente, ont cru qu’ils pouvaient, eux aussi, « surfer » sur cette nouvelle vague et se servir de l’image du futur couple présidentiel (enfin le couple est déjà constitué, mais pas encore légalisé ; du travail au noir, en quelque sorte) pour faire des affaires. Et bien non. Nicolas est aussitôt intervenu pour les rappeler à l’ordre. Certes on peut vouloir faire des affaires et s’enrichir, c’est d’ailleurs là un des piliers de sa politique libérale, mais on ne peut pas le faire en se servant de l’image du président et de sa presque compagne légale.

Allez savoir pourquoi. D’un côté il veut se montrer moderne en divorçant pour ainsi dire en direct et en officialisant le concubinage et de l’autre il s’insurge quand une publicité parle mariage. Voudrait-il à ce point inverser les valeurs ? On savait déjà qu’il avait mis à mal les principes de liberté, d’égalité et de fraternité. On savait qu’il voulait qu’il y ait de plus en plus de pauvres et que seuls quelques riches sortent du lot. On savait qu’avec lui il allait falloir travailler plus pour gagner moins. Mais on ne savait pas encore qu’il s’en prendrait à la liberté de la publicité, ce pilier de l’économie libérale. Surtout qu’on ne peut pas dire que la photo de Ryanair était choquante.

Non, là, franchement, on ne comprend pas le petit Nicolas. Sans doute est-ce Carla qui a mal pris la chose. Il est vrai qu’elle se préparait à faire publier d’elle les photos presque officielles de la future première dame de France. Elle ne voulait sans doute pas qu’on lui coupe son effet en venant parler mariage. Cela fait si petit bourgeois. Elle, elle plane beaucoup plus haut :




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01/01/2008

Meilleurs voeux

Ce qui m’a inquiété, dans le discours de Sarkozy aux Français, c’est cette expression « vieille France », laquelle aurait par ailleurs du retard sur le reste du monde. Heureusement, Zorro va arriver et Zorro c’est celui qui a été élu, c’est-à-dire lui. Retard dans nos idées par rapport à la mondialisation de l’économie et par rapport à un libéralisme pur et dur ? Sans doute. Mais accepter sans condition les idées du Président, c’est faire une croix sur tout le volet social de notre société. Sans vouloir se replier frileusement dans notre cocon, on peut tout de même se poser des questions sur la pertinence qu’il y aurait à renoncer à tous nos acquis au nom de la sacro-sainte compétitivité sous prétexte que les autres pays agissent ainsi. Bien entendu la France n’est pas isolée et elle doit tenir compte de ce qui se passe à ses frontières et plus loin encore. Mais cette manière de nous dire qu’on est en retard a quelque chose d’agaçant. C’est une manière habile de vous placer dans le rang des ringards et des démodés. Au lieu d’écouter le pertinence de vos propos, on préfère dire que c’est à cause de vous que le pays n’a pas pris son envol (on se demande bien lequel, d’ailleurs). Il y a là un sophisme de raisonnement contre lequel il faut s’insurger.

D’autant plus que Nicolas n’est pas à un paradoxe près. Ainsi, en bon gaullien qui se respecte, il parle de la grandeur (future) de la France. Mais il est pourtant le premier à lui faire perdre toutes ses prérogatives en faisant passer le mini traité européen, lequel coule l’économie de marché dans une constitution. Je ne pense pas que ce soit là les valeurs des Français, pas plus que celles des autres citoyens européens, d’ailleurs. Si la grandeur de la France c’est permettre à nos entreprises de se délocaliser plus facilement et de licencier sans contrainte, il faudra que l’on m’explique tout cela davantage car je ne comprends rien à l’économie.

Et puis il a aussi parlé d’une politique de civilisation et d’une nouvelle renaissance (rien de moins que cela). Curieux. La France, ce « vieux » pays de vielle culture aurait donc besoin d’un souffle nouveau (peut-être bien) et ce souffle, c’est Sarkozy qui va le lui insuffler (là, on commence à sourire). On veut bien le croire, puisqu’il le dit. Mais en attendant, de tels propos ressemblent fort à ceux d’un candidat en campagne électorale et pas du tout à ceux d’un président en exercice. En gros, il nous dit qu’il s’est déjà agité beaucoup, mais que l’essentiel reste à faire (ce qui est avouer qu’il n’a pas encore fait grand-chose). Autrement dit, il faut continuer à espérer et à lui faire confiance. Le pouvoir d’achat va augmenter, le chômage va régresser, la France va redevenir un des plus grands pays du monde, elle sera écoutée et les Français vont vivre un rêve comme ils n’en ont jamais connu. Il l’a dit. Il s’y est engagé, donc il va le faire. Merci Monsieur le Président.

En attendant, pendant la nuit de la Saint Sylvestre, 372 véhicules ont été incendiés (contre 397 l'année précédente, soit une baisse de 6,72 %.) et il n’y a eu que 259 arrestations. On croit rêver en entendant de tels chiffres. Surtout quand on nous annonce que l’express Nice-Marseille est arrivé sans encombre à destination et qu’il n’y a eu ni viol ni assassinat à déplorer. On se demanderait bien dans quel type de société nous nous trouvons pour accepter sans sourciller une telle banalisation de la violence. Tiens, je croyais pourtant que c’était pour remédier à ce genre de travers que le bon peuple avait voté pour Sarko. C’est peut-être pour cela d’ailleurs qu’on nous dit que tout va bien du côté de la violence urbaine. Avouer le contraire, ce serait remettre en question les paroles mêmes du président et faire planer un doute sur sa capacité à entamer de vraies réformes de société.

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31/12/2007

Déontologie journalistique

Ce qui est amusant, avec Sarkozy, c’est que les journalistes professionnels eux-mêmes (les vrais, ceux de l’AFP, de l’agence Reuters ou du Monde, pas les paparazzi en quête d’images glamour) en sont à se poser des questions sur le respect de la déontologie de leur profession. Faut-il ou ne faut-il pas suivre Nicolas dans ses déplacements ? Faut-il ou ne faut-il pas rapporter ses propos ?

Le problème vient du président lui-même, qui ne marque pas de frontière nette entre les déplacements officiels et les vacances privées. Ainsi le séjour égyptien commence comme des vacances et se termine par une rencontre au sommet avec les autorités égyptiennes. Par prudence, les journalistes se doivent d’être présents. Le Président pourrait faire une déclaration importante ou un attentat pourrait se produire. Par tradition, tout voyage d’un Président implique donc un déplacement de journalistes, qui sont là « au cas où ». Malheureusement ici, le petit Nicols n’a pas dit grand-chose qui soit digne de passer à la postérité. A part tenir la main de Carla et s’extasier comme un touriste ordinaire devant les monuments antiques, il n’a rien dit du tout. On ne peut pas le lui reprocher, il était en vacances. Mais alors, les journalistes de l’AFP devaient-ils être là, eux ? Quel discours devaient-ils tenir ? Devaient-ils ou ne devaient-ils pas le prendre en photo et rapporter des propos insignifiants ? Etait-ce leur rôle ? Manifestement non. Mais d’un autre côté, leur direction sait que le public attend une couverture de l’événement. Si Le Monde ne parle pas des vacances égyptiennes et s’il ne nous offre pas au moins une photo de Carla devant les pyramides ou dans la vallée des rois, les lecteurs seront déçus. Or un lecteur déçu est un lecteur qui s’en va. Moi-même, à la limite, qui regarde tout cela avec ironie et qui attend le moindre faux pas de Nicolas pour ironiser gentiment, j’espère trouver dans la presse un compte-rendu quelconque. Autrement dit, nous nous sommes tous fait avoir, public et journalistes confondus. Même quand il n’y a rien à dire, Sakozy est parvenu à ce que l’on parle de lui et à ce que l’on attende ses paroles « éclairées ».

La presse arabe a été confrontée au même problème et elle a décidé de rester prudente. Certes elle a décrit « les tenues décontractées de Sarkozy » et a fait état , non sans fierté, de « chaque exclamation d'émerveillement du président français devant les paysages et monuments égyptiens. » Mais ce comportement de Sarkozy (décidément très habile, même en terre étrangère) suffira-t-il pour masquer la nouvelle politique arabe de la France et faire oublier les nombreuses déclarations d’amitié de Sarkozy envers Israël et les Etats-Unis ?.

"J'ai étudié la politique de tous les présidents français depuis le général de Gaulle. Pour moi, (ce dernier) incarnait le pic de la politique d'indépendance de la France vis-à-vis des Etats-Unis. Sarkozy représente le pic exactement inverse", commente Nadia Moustapha, professeur de relations internationales à la faculté d'économie et de sciences politiques de l'université du Caire. En effet, du "nouveau toutou de George (Bush)", on se souvient surtout qu’il fut autrefois un fervent défenseur de la laïcité dans l’affaire du voile islamique (étrange soit dit en passant. N’a-t-il pas prôné une laïcité modérée devant Benoît XVI ?). Les réactions des personnalités égyptiennes sont claires : "En France, Nicolas Sarkozy a interdit aux jeunes musulmanes de porter le voile à l'école, prétextant qu'elles violaient le domaine public français. Mais en venant en Egypte en voyage officiel accompagné d'une personne qui n'est pas son épouse, il fait exactement la même chose : il viole le domaine public de la société musulmane."

Voulant séduire en surfant une nouvelle fois sur la vague médiatique et privée, Sarkozy risque cependant d’avoir mal calculé les conséquences de son déplacement en terre musulmane. D’autant plus que pour l’Egypte, la France, c’est Chirac, celui qui s’était opposé à la guerre en Irak. Chirac, le vieil ennemi de Nicolas (« Vous vous rendez compte ? »). Aller se reposer en Egypte et derrière les sarcophages retrouver le fantôme de celui qui vous a précédé. Un comble ! Il va falloir leur expliquer, à ces Egyptiens, que la France, c’est lui, Nicolas et personne d’autre. Finalement, heureusement que Carla était là pour le prendre par la main et le consoler un peu de tous ces ennuis.




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30/12/2007

Jogging matinal

«Un photographe de l'AFP, Thomas Coex, a eu le coude cassé par un policier égyptien alors qu'il prenait des photos de Nicolas Sarkozy et Bernard Kouchner en train de faire un jogging à Charm el-Cheikh samedi. »

On est tombé bien bas. A force de vouloir jouer sur la vague médiatique, le petit président aux amis très fortunés a renoncé à jouer le rôle de sa fonction, en principe emprunte de dignité, pour se complaire dans la théâtralisation de son propre personnage. Ce à quoi on a droit, ce n’est plus aux discours du président d’un grand pays sur les problèmes cruciaux du moment (chômage, dette publique, redressement économique, intégration européenne, Palestine et maintenant Pakistan), mais à des nouvelles sur sa vie privée : vacances sur un yacht en présence de sa femme enfin revenue, vacances aux Amériques en présence de sa ministre de la Justice dont on nous dit qu’il est très proche, vacances en Egypte en présence de Carla Bruni dont il est encore plus proche. Les photos succèdent aux photos, toutes dignes d’un reportage de Paris-Match sur une vedette de cinéma. D’ailleurs de Carla Bruni, dont on nous vente la vitalité sexuelle (elle s’est déjà glissée dans pas mal de lits), les journalistes en sont déjà à guetter des déclarations fracassantes sur les exploits intimes de Nicolas. Plus ceux-ci seront nombreux, plus la France aura un grand président et plus les Français seront fiers d’eux-mêmes. On croit rêver.

En attendant, ce qui est sûr c’est que Nicolas veille précisément à maintenir cette forme physique dont il a bien besoin. En vacances à Charm el-Cheikh, il fait son jogging matinal en présence de son ministre des affaires étrangères. Etrange, on nous avait pourtant dit que la femme de ce dernier, la très médiatique Christine Ockrent se trouvait en visite en Egypte pour des vacances privées et que l’objectivité de son émission sur FR3 n’aurait pas à souffrir de la présence de Sarkozy dans les parages. C’était donc par hasard que tout le monde se retrouvait en Egypte au même moment. La planète étant devenue un village, nous y avions cru (ou avions fait semblant d’y croire). Mais là, cela va être dur à avaler. Comment croire qu’on peut rester neutre quand on sait que votre mari court chaque matin avec le président ? Sans doute a-t-il bien besoin de se remettre en forme, le pauvre Kouchner, et n’a-t-il trouvé personne d’autre, dans cette cité adossée au désert, pour faire un peu de sport.

Signe du style décontracté à la Sarkozy : en hyperactif de première, il oblige tout le monde à courir avec lui. Les ministres courent, mais aussi les gendarmes chargés de sa surveillance (français et égyptiens confondus) et bien entendu les journalistes désireux de le prendre en photo :

« Le temps de sortir un appareil et de courir un peu vers eux, j'étais vraiment derrière, je suis arrivé à peut-être 10 mètres du président", a témoigné le photographe de l'AFP. Un policier égyptien en civil, qui courait derrière les responsables français et leurs gardes du corps, s'est dirigé vers le photographe de l'AFP alors que le reste du groupe continuait à courir. (…) Au cours de l'incident, le photographe a appelé à l'aide un garde du corps français qui suivait Nicolas Sarkozy. Ce garde du corps s'est retourné avant de continuer sa route derrière le président et M. Kouchner, dont le photographe blessé ne pouvait dire s'ils avaient eux-mêmes remarqué l'incident. (afp) »

Avec Sarkozy, on n’a plus le temps de la réflexion. Plus question de méditer sur la pertinence des actions entreprises. On va de l’avant et on court, dans ce qui commence à ressembler à une fuite en avant. Espérons qu’un précipice ne se trouve pas au bout du chemin.


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21/12/2007

De la religion

On savait que Sarkozy aimait imiter le président Bush. On ne savait pas qu’il irait jusqu’à le suivre sur le terrain de la religion. « Les racines de la France sont essentiellement chrétiennes » a-t-il dit. On n’en avait jamais douté. Mais elles sont aussi celtiques et romaines. Et il ne faudrait tout de même pas passer sous silence 1789 et les deux siècles qui ont suivi. A force d’afficher sans complexe sa position à droite, il va bientôt nous tenir un discours digne de l’ancien régime. C’est sans doute ce qu’il voudrait : revenir à une société où les privilèges sont le propre de quelques-uns. D’ailleurs, si on l’écoute, on a l’impression que la Révolution n’a jamais eu lieu. Pour affermir sa position, il s’entoure de tous les penseurs chrétiens : Pascal, Bossuet, Péguy, Claudel, Bernanos, Mauriac, Maritain, Mounier, René Girard .

Il faut, nous dit-il, nous acheminer vers une laïcité positive. Que voilà un langage ambigu. La société française est laïque, point final. Intégrer officiellement la pensée religieuse dans son fonctionnement, cela revient tout de même à réduire la laïcité. Mais c’est que Sarkozy a besoin de citoyens qui « croient » et « espèrent ». Il n’a jamais si bien dit. Chacun espère qu’il tiendra ses promesses et donc que nous jouirons d’un meilleur pouvoir d’achat. Mais si notre attitude doit se fonder sur l’espoir, c’est donc que les promesses ne sont pas près d’être tenues.

Non, je plaisante. Par espoir, Nicolas veut parler de transcendance. Car la religion propose une morale, chacun le sait. Pour remettre de l’ordre dans notre société dépravée, il lui faut donc le concours des prêtres. Après les propos fermes contre le nucléaire iranien, tout cela commence sérieusement à ressembler au sabre et au goupillon.

Bon, si la foi redevient la base de notre société, que faut-il penser de la présence des musulmans dans notre pays ? Il voulait des croyants, Nicolas ? Et bien il en a des millions, de quoi se plaint-il ? Pourtant il n’a pas eu un mot à leur intention. C’est que ceux-ci, s’ils ont une foi plus vive que les catholiques, semblent se trouver du mauvais côté de la barrière. C’est bien connu, en religion, il y a les bons et les méchants. Les bons, c’est nous, les méchants, ce sont eux. Diable (enfin, si j’ose dire), tout cela va nous amener une guerre civile. D’un côté les catholiques intégristes, de l’autre, dans un même combat, les athées, les laïcs et les musulmans. Cela nous promet une belle Saint Barthélemy, tout cela.

17/12/2007

Feuilleton présidentiel

Ainsi donc il est parti. Ouf. « Il », c’est Kadhafi, bien entendu, celui qui a gâché la vie de notre président bien aimé pendant cinq longues journées. Evidemment, c’était le prix à payer. On ne peut pas à la fois arriver au bon moment, faire libérer les infirmières bulgares, devenir une vedette internationale et ne pas recevoir celui par qui tout cela est arrivé. Il faut dire qu’il n’attendait que cela, Kadhafi : se faire reconnaître, lui aussi, sur la scène internationale. On comprend donc pourquoi le courant avait si bien passé au téléphone entre lui et Nicolas, quand il s’était agi de trouver un accord équitable au sujet des infirmières.

Par contre, une fois à Paris, on a tout de même l’impression que c’est le leader libyen qui a eu la vedette. Normal, il se retrouvait en position de force. Il venait toucher le salaire promis, tandis que Nicolas, lui, passait à la caisse. Et l’addition fut salée puisqu’il lui fallut avaler à peu près toutes les couleuvres glissées par son invité. Et pour une fois il n’y a pas eu que la gauche pour protester. Dans son propre camp des voix se sont élevées pour critiquer cette visite, des voix provenant de personnes qu’on croyait définitivement attachées au service du Tsar. Ligotées et ficelées depuis le début dans les filets de la reconnaissance, elles qui devaient tout à Nicolas, voilà qu’elles se permettent de montrer leur désapprobation. Du jamais vu. Jusqu’à Kouchner, qui portant saluait sans problème le Guide en Libye et qui se montre subitement réticent quand celui-ci est à Paris. « Vous vous rendez compte ? On n’a jamais vu cela » a dû dire Nicolas. Et Kadhafi qui en rajoute en insistant sur les incohérences de ce médecin qu’on croyait sans frontières et qui en trace pourtant bien une entre lui et ceux qui ne respectent pas les droits de l’homme. Mais peut-être n’est-ce pas seulement sa bonne conscience qui le fait parler ? Lui qu’on sait résolument atlantiste et qui, par ses discours sur l’ingérence humanitaire, a contribué à justifier la guerre en Serbie, il ne faudrait pas s’étonner qu’il ait reçu des ordres d’ailleurs. Rien ne nous dit qu’il ne travaille que pour Nicolas (d’ailleurs il n’y a pas si longtemps qu’il était, il me semble, de l’autre côté de la ligne réputée infranchissable qui sépare la droite de la gauche. Avec des gens comme cela, il faut donc s’attendre à tout). Imaginez donc qu’il ait été chercher ses ordres outre-Atlantique ? « Ce serait incroyable, cela ! » comme dirait je ne sais plus qui. Car il se pourrait bien que la reconnaissance de Kadhafi par la communauté internationale ne plaise pas tant que cela à Washington. Après tout, n’était-il pas le poulet qu’on voulait plumer après Sadam ? Et voilà le volatile qui non seulement continue à bien se porter mais qui en plus prend son élan et vole de ses propres ailes. Il se pourrait donc que Nicolas, en voulant se mettre lui-même en avant, ait outrepassé la limite assignée par les Américains. De plus, aller vendre des centrales nucléaires clef sur porte à un pays arabe, cela ne doit pas plaire beaucoup.

Ah que d’ennuis quand on est président ! Bon, ce poste, il l’a voulu et il l’a eu (c’est comme les Français : ils ont voulu Nicolas, ils l’ont eu). On ne va quand même pas le plaindre, maintenant. Après tout, ce n’était pas si terrible, cinq jours. Il suffisait de ne rien dire et de se taire. En attendant, on comprend qu’il soit allé se distraire à Disneyland le samedi. Pas seul, évidemment et pas pour faire un tour de manège. Non, pour se promener en compagnie de la belle Carla Bruni. Ancienne Top-modèle, elle est devenu auteur-compositeur. Va-t-elle faire chanter Nicolas ? L’avenir le dira. En attendant, la presse à sensation va titrer sur cette promenade à deux, photos à l’appui. Et revoilà Sarkozy à la une des journaux, tout ce qu’il aime. Avouez qu’il l’a bien mérité. Cinq jours sans faire la vedette, c’était tout de même beaucoup. Et puis tant que les Français s’intéressent à ses amours, ils ne pensent plus à leur pouvoir d’achat. En jouant sans cesse des médias, Nicolas aura fait descendre la fonction de président bien bas, au niveau d’un amuseur public, autrement dit d’une vedette de cinéma. Après les vacances en famille et le divorce, voici les amourettes. Bah, tant que cela amuse le peuple… Ceci dit, elle est mignonne, la petite Carla, vous ne trouvez pas ? On finirait pas comprendre Nicolas et par lui donner raison. Même moi. Elle a un petit défaut, cependant. Elle est née en 1968. Heureusement, c’était en décembre !




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14/12/2007

Contrats

Avec Kadhafi, Sarkozy semble avoir trouvé son maître. On apprend en effet que lors de sa journée « libre », le leader libyen a d’abord fait du shopping, histoire sans doute de montrer son nouvel attachement à l’économie de marché et qu’il a ensuite visité le Louvre en trente minutes. Même Nicolas n’est jamais parvenu à faire aussi court. On se souvient par contre des déclarations de ce dernier lors de sa visite à l’exposition Courbet, déclarations plus proches de celles d’un comptable que de celles d’un amateur d’art: « Vous vous rendez compte? 500.000 personnes qui voient des merveilles pareilles, ça tire toute la société vers le haut!".

On comprend finalement pourquoi Nicolas a invité Kadhafi. Parvenir à faire le tour du Louvre en 30 minutes, c’est absolument incroyable ! Vous vous rendez-compte ? Au moins, en voilà un qui va à l’essentiel, un qui ne perd pas son temps à rêvasser et qui agit. La preuve, il a signé plein de bons contrats avec la France (enfin, on ne sait pas qui les paiera, mais cela, ce n’est qu’un détail). D’ailleurs à tous ceux qui lui reprochaient d’avoir invité un hôte aussi encombrant, le Président n’a pas manqué de signaler que les contrats en question représentent 10 milliards d'euros (enfin, c’est une évaluation), soit « l'équivalent de 30.000 emplois garantis sur 5 ans pour les Français" (autre évaluation difficilement vérifiable). Alors, devant ces chiffres, tout le monde s’est tu, à commencer par la secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme, Rama Yade, laquelle avait pourtant émis quelques réserves au début de la visite du colonel libyen. Quant à Bernard Kouchner, qui avait pourtant jugé "assez pitoyables" les attaques de M. Kadhafi sur le manque de respect des droits des immigrés en France, on ne l’a plus entendu. C’est sûr que devant de tels chiffres (10 milliards d’euros, vous vous rendez-compte !), qui forcent le respect, plus personne n’a élevé la voix. Et tous d’approuver officiellement la politique du grand Calife, même si en dessous il y en a qui n’en pensent pas moins.

Et les infirmières bulgares dans tout cela ? J’en parle parce que la commissions parlementaire vient d’ouvrir le dossier et pas du tout parce que Kadhafi est présent sur le sol français. D’ailleurs, M. Guéant vient de réaffirmer la position officielle: "Il n'y a pas eu de contreparties" et la "France n'a pas déboursé un centime". Tout va bien, donc. Nous voilà rassurés. On se demanderait même bien pourquoi on a créé cette commission.





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10/12/2007

De la Libye

S’il y avait bien un dirigeant qui était mal vu dans le monde occidental, c’était assurément Kadhafi (il est vrai qu’il était à la tête d’un état qui avait commandité des attentats, ce que tout le monde avait pu vérifier).

S’il y avait bien un président qui n’aimait pas trop le monde arabe, c’était bien Sarkozy (il est vrai que les belles banlieues de Paris avaient été mises à sac par de jeunes étrangers mal assimilés, ce qu’il avait pu vérifier par lui-même. Qui plus est, il en avait fait un thème de prédilection de sa campagne électorale, ce qui lui avait valu d’être nommé à la tête de ce pays occidental qu’est la douce France).

S’il y a bien quelque chose que je ne comprends pas, c’est pourquoi il revient précisément au président Sarkozy de permettre à Kadhafi de revenir en grande pompe sur le devant de la scène internationale. Voilà en effet qu’il lui offre l’hospitalité dans son royaume et pour cinq jours encore bien, lui qui se fait toujours inviter à gauche et à droite (enfin, surtout à droite) lors de ses vacances.

Il n’y avait pas encore si longtemps que le président libyen était accusé de tous les maux. Alors qu’on en était encore à se demander si Sadam Hussein ne cachait pas des armes de destruction massive sous son lit, pour Kadhafi, les preuves étaient faites. Ce gars-là travaillait contre nous. N’avait-il pas nationalisé des pans entiers l’économie, empêchant nos industries de faire un honnête profit sur le dos du peuple libyen? De plus, comme Sadam, il avait du pétrole, ce qui aurait dû amener l’Occident, toujours prêt à défendre le bien et ses intérêts, à mener une nouvelle croisade et à annexer ce beau pays de sables pour son plus grand profit.

Mais Kadhafi s’est montré aussi rusé qu’un renard du désert. Il a su louvoyer un certain temps et faire semblant de faire amende honorable tout en ne cédant presque rien sur le fond. Pourtant, parfois, ses vieux démons le reprennent. N’a-il pas encore séquestré il y a peu d’innocentes infirmières bulgares qui étaient pourtant prêtes à offrir du sang à la Libye ? Il a fallu l’intervention de Saint-Georges lui-même, alias Sarkozy, pour ravir ces pauvres victimes au vieux démon musulman (enfin, prudent, il avait d’abord envoyé sa femme en reconnaissance, espérant peut-être secrètement s’en débarrasser).

Donc, visite en grande pompe, aujourd’hui à Paris. Le plus xénophobe des présidents accueille le plus anti-occidental des chefs musulmans. Grand sourire et poignées de mains. Dans les poches des deux larrons, des contrats. De beaux contrats : achats d’avions militaires et centrale nucléaire clef sur porte.

Alors là, il faudra encore que l’on m’explique. Sadam était perçu comme menaçant à cause des armes de destruction massive (mais finalement on n’en a trouvé aucune qui fût irakienne ; les armes malfaisantes furent surtout américaines et tombèrent du ciel) et ici on va aller vendre des avions de chasse sophistiqués à un ennemi potentiel. Même chose avec l’Iran, dont on redoute sans doute à juste titre qu’il ne se dote de l’arme atomique. Et voici qu’on vend à la Libye des centrales nucléaires toutes faites. Peut-être est-ce pour mieux envahir ce pays demain ? Ou alors c’est pour faire tourner les quelques usines françaises qui restent (celles qui ne se sont pas encore délocalisées en Chine ou en Afrique du Nord) ? A moins que notre grand Vizir, dans sa sagesse, ne pense au pouvoir d’achat des Français ? Justement, n’a-t-il pas dit qu’il voulait l’augmenter ce pouvoir d’achat ? Il est donc logique avec lui-même, le petit Nicolas et c’est encore moi qui suis allé chercher le mal où il n’était pas. Enfin, c’est clair. Si la France croule sous les contrats avec la Libye, il faudra bien que tout le monde fasse des heures supplémentaires. Et voilà l’argent qui rentre dans les chaumières. Je sens que les ménagères vont pouvoir dépenser des sommes folles pour les fêtes de fin d’année. Cela fera enfin tourner l’économie. CQFD.





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30/11/2007

Au travail!

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Comme on pouvait s’y attendre, N. Sarkozy a admis qu’il y avait une baisse du pouvoir d’achat.
Comme on pouvait s’y attendre également, il a engagé les Français à travailler plus pour compenser cette perte (due en partie, et cela il ne l’a pas dit, au système ultra-libéral qu’il cautionne et qui consiste dans un premier temps à tout faire passer au secteur privé puis ensuite à ne plus intervenir). Les citoyens auront apprécié ses propositions à leur juste mesure, j’imagine. Ils se plaignent que tout augmente de manière scandaleuse et que leur salaire ne suffit plus et il leur répond : « vous n’avez qu’à travailler plus ». Encore faudrait-il qu’il y ait du travail pour tout le monde, mais cela, c’est une autre affaire. Sans oublier que ceux qui vont mettre en pratique les préceptes présidentiels en redoublant d’ardeur vont faire monter le nombre des chômeurs. Enfin, bon, ceux-là, on n’y intéresse au moment des élections parce qu’ils sont nombreux, mais après, on s’en désintéresse tout à fait. Après tout ils ne se lèvent pas tôt, eux et il est normal qu’ils n’aient pas voix au chapitre.

Non, le comble, c’est que Nicolaous se sert du malheur des gens pour poursuivre dans sa logique. Ainsi, il a parlé de vendre"3 % d'une grande entreprise publique française, EDF, pour faire un plan d'investissement de cinq milliards [d'euros] dans nos universités".

Cette somme serait notamment (mais pas exclusivement) consacrée « à l'amélioration des locaux dans l'enseignement supérieur et la création de logements dans les cités universitaires. » nous dit Le Monde.

Donc, on vend quelques bijoux de famille pour financer un secteur pourtant crucial. C’est un peu comme si un particulier vendait son jardin pour réparer sa toiture ou comme s’il revendait sa voiture pour pouvoir payer le billet d’avion de ses prochaines vacances. Si ce n’est pas s’appauvrir, je ne sais pas ce que c’est. En attendant, cela permet surtout de continuer la logique des privatisations tout en désamorçant la critique.

Ceci dit, on entend aussi parler d’une possible privatisation des universités. Le Président dément. Mais il est à espérer que la restauration des bâtiments n’est pas entreprise (avec l’argent provenant d’EDF, rappelons-le) pour mettre sur le dos de la collectivité des frais structurels importants et cela avant même de privatiser le tout.

On a déjà vu cela dans les chemins de fer par exemple. On privatise ce qui est rentable mais l’entretien des voies reste de la compétence de l’état.

Enfin, pour terminer, tout le monde aura, je pense, noté le néologisme employé récemment par Nicolas. Il s’agit de la « voyoucratie ». Certes le terme a déjà été employé par d’autres, mais le fait d’être prononcé par l’empereur lui-même lui confère une noblesse qu’il n’avait pas. Inscrivez-le vite dans votre dictionnaire car le Président étant compétent en toutes choses, il l’est aussi en matière de langue française. Encore heureux pour nous qu’il ne soit pas trop familiarisé avec l’anglais, cela nous ferait encore plein d’anglicismes…

29/11/2007

Tribunaux en grève.

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Est-ce une idée où l’étau n’est-il pas en train de se resserrer autour de notre ami Sarkozy ? Après les grèves de la SNCF, de la RATP, des enseignants, des fonctionnaires, des universités, voilà que ça brûle de nouveau dans les banlieues. A peine parti en Chine pour nous décrocher quelques contrats (à ce propos on ne sait pas si les firmes françaises bénéficiaires de ces contrats ne vont pas finalement se délocaliser en Chine, ce qui réduirait à la fois les frais de transport et les frais de production), il faut qu’il revienne bien vite afin de menacer de la prison les fauteurs de troubles. Il n’a pas tort, évidemment. Le problème, c’est qu’aujourd’hui, ce sont les juges eux-mêmes qui sont dans la rue afin de manifester leur mécontentement contre les réformes. Donc, si on arrête quelques jeunes incendiaires, il faudra bien attendre que les juges reviennent dans leur tribunal avant d’entamer la procédure de comparution immédiate...

Ceci dit, je me demande si, en cas de manifestation, la police recevra l'ordre de charger et de procéder à des arrestations administratives.

Je me demande aussi ce qui se passera quand les policiers, à leur tour, se mettront en grève.


Mais ne vous inquiétez pas, tout cela va s’arranger. Nicolas, qui n’est tout de même pas bête puisqu’il est président de la République (c’est en effet impossible qu’autant de personnes se soient trompées sur son compte en votant pour lui) a décidé de prendre le mal à la racine. Ce qui coince, c’est le pouvoir d’achat. Cela coince deux fois d’ailleurs, car en devenant plus pauvres les Français non seulement manifestent bruyamment leur mécontentement, mais en plus ils consomment moins, ce qui ralentit l’économie et met en péril la santé de nos entreprises (et, même s’il ne l’a pas dit, c’est tout de même pour augmenter les bénéfices de ces entreprises que Nicolas est venu au pouvoir). Donc, seule solution qui s’offre au Calife : augmenter le pouvoir d’achat. Le problème c’est que les caisses sont vides (on est même en déficit et l’Europe n’arrête pas de le rappeler) et qu’elles ne risquent pas de se remplir puisqu’on vient de faire des cadeaux aux entreprises (toujours elles). A moins d’un miracle, on ne voit donc pas comment Nicolas va s’en sortir. Et pourtant, fidèle à lui-même, il a déjà programmé une belle émission de télévision durant laquelle il va détailler ses recettes pour sortir tout le monde de l’impasse. Emission à ne pas rater pour une fois, car elle risque d’être du plus haut comique.

22/11/2007

Le départ de l'artiste.

Maurice Béjart est français (né à Marseille sous le nom de Maurice-Jean Berger), mais c’est à Bruxelles qu’il a créé le Ballet du XX° siècle en 1960, avec lequel il parcourra le monde entier. Suite à un conflit avec le directeur de La Monnaie de Bruxelles en 1987, il se réfugiera en Suisse, où il créera le Béjart Ballet Lausanne. Il aura donc contribué, un peu malgré lui, à donner à l’étranger une certaine image de la francophonie tout en sortant du centralisme parisien.





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Bon appétit

Nous avons parlé l’autre jour de Danone et de ses petits pots de yogourt bons marchés destinés à la population du Bangladesh. Il conviendrait de poursuivre notre réflexion.

La question est de savoir si c’est vraiment de yogourt que cette population a besoin. La réponse est non, évidemment. Pourtant, quand on se penche sur la production agricole, on s’aperçoit que rien n’est fait pour assurer une alimentation saine et équilibrée aux populations. Je ne veux même pas parler ici du marché de la transformation alimentaire, qui fait qu’on retrouve dans les assiettes des produits contenant des colorants, des édulcorants, des conservateurs, sans parler des résidus de pesticides, d’engrais et d’autres nitrates. Non, je parle simplement ici de la quantité de matière première disponible dans un pays. On aurait pu croire que chaque gouvernement aurait pris des mesures adéquates, afin d’éviter une éventuelle famine, or il n’en est rien. On s’alarme sans cesse au sujet des réserves de pétrole (mais plus celles-ci sont basses, plus les prix montent, ce qui doit forcément profiter à quelques-uns) mais on parle bien peu des réserves alimentaires. Or celles-ci sont au plus bas. Elles n’ont même jamais été aussi basses. En Europe même, après l’été pluvieux que nous avons connu, les stocks de blé sont à moitié vides, sans compter que maintenant il faut encore aller puiser dedans pour produire du biocarburant (ce qui rend le blé encore plus rare et donc encore plus cher, ce qui doit une nouvelle fois profiter à quelques-uns).

Or comment est gérée la politique agricole ? Par l’OMC et le principe de la libre concurrence. Autrement dit, il faut laisser faire et tout est supposé se régulariser de soi-même.

Rien n’est plus faut, évidemment. Autrefois, les politiques protectionnistes de chaque état permettaient à la fois de maintenir les prix internes et si pas d’assurer des stocks suffisants du moins de tenter d’y contribuer. Aujourd’hui, c’est le contraire. Le paysan reçoit moins, le consommateur paie plus et nous sommes au bord de la disette. Qui donc a trouvé avantage dans ce système ? Les intermédiaires, évidemment, ceux qui transportent, qui transforment ou qui vendent, quand les trois actions ne sont pas réunies dans une même société. Car vous avez de ces firmes de distribution qui possèdent leurs propres bateaux, leurs propres usines et leurs propres magasins. Devant un tel monopole, rien d’étonnant à ce que les prix montent

Le mensonge fondamental, c’est donc de nous faire croire qu’en laissant faire le secteur privé, la libre concurrence permettra des prix plus accessibles et que tout le monde y trouvera son compte. Rien n’est moins vrai, car aussitôt que les règles du jeu sont appliquées, on voit des monopoles se constituer. Détenant tout, ces firmes peuvent tout. Citons à titre d’exemple Cargill , ADM ou Louis Dreyfus

On peut dire sans trop exagérer que pratiquement tout le blé qui est produit sur terre est acheté par ces trois grandes compagnies. Les paysans n’ont donc pas le choix et les prix leur sont imposés. Ensuite, dans la chaîne de transformation, nous retrouvons des géants bien connus comme Nestlé ou Unilever, qui ont eux aussi un monopole. Ensuite viennent les chaînes de grands magasins, lesquelles exercent aussi une forte pression sur les prix. Prenons l’exemple du café :

« La suppression des accords du café a non seulement fait que les paysans reçoivent deux fois mois pour leur café, mais que les consommateurs paient aussi deux fois plus. Aux Etats-Unis, une étude a montré qu’entre 1970 et 2000, le revenu des fermiers a baissé de 20%, mais que les prix payés par le consommateur ont augmenté en moyenne de 35%. » Cela laisse rêveur.


Que le commerce soit devenu mondial, cela semble inévitable, vu les moyens de transport dont nous disposons aujourd’hui. Et puis, finalement, la route de la soie ou la route des Indes, c’était déjà du commerce mondial. Mais ne conviendrait-il pas que les prix, précisément, ne dépendent pas de ces grandes sociétés qui sont devenues plus puissantes que les états (ou dont le chiffre d’affaire dépasse souvent largement le PIB des pays les plus riches). En dessous d’elles, ce sont des millions et des millions d’agriculteurs dans le monde qui vivent dans l’incertitude. Sans compter que le phénomène est complexe. Gagnant moins, les paysans du tiers-monde abandonnent leurs champs et vont se réfugier en ville, où ils provoquent une baisse des salaires (puisque la main d œuvre y est excédentaire) tout en vivant eux-même dans une pauvreté encore plus grande. La dernière étape, c’est l’exil vers les pays riches, qui ne parviennent plus à gérer cette immigration de masse.

Comme quoi, tout est bien complexe.




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20/11/2007

Gagner plus, toujours plus.

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« Travailler plus pour gagner plus », avait dit Nicolas Sarkozy durant la campagne électorale. Pour le moment, il s’agirait plutôt soit de travailler plus pour gagner la même chose (les cheminots), soit de travailler plus pour gagner moins (les fonctionnaires restant en poste après les pertes d’emploi annoncées devront assumer une charge de travail supplémentaire, mais entre-temps leur pouvoir d’achat se sera érodé), soit de travailler moins pour gagner moins (les grévistes) soit même de travailler au même rythme pour gagner plus (Sarkozy). Allez comprendre quelque chose.

Mais le petit Nicolas, qui s’est montré particulièrement discret ces derniers jours (comme cela a dû être dur pour lui !), va, paraît-il, sortir de sa réserve mercredi ou jeudi. On sait déjà en gros ce qu’il va dire (ce qui fait que, finalement, il pourrait se dispenser de parler, ce ne serait pas plus mal).

Il va dire que pour les cheminots, les grèves ne sont pas de sa faute. Il était normal que des gens à qui on demande de travailler des années supplémentaires pour recevoir en contrepartie une pension réduite (et donc bénéficier d’un pouvoir d’achat moindre) manifestent leur mécontentement.. Comme c’était une mesure inévitable (ha bon ?), il n’est donc pas, lui, le Président, responsable. De plus, à la SNCF on a l’habitude des grèves, il n’y a donc rien de plus normal que d’avoir des trains qui ne roulent pas pendant quelques jours. Dont acte.

Pour le reste, il se félicite que GDG et EDF soient déjà sortis du conflit. Lors de la fusion avec Suez, en effet, les syndicats avaient accepté le principe même de la réforme et les discussions avaient porté sur les modalités. Il espère donc qu’il en sera de même pour la SNCF et félicite déjà les syndicats pour leur maturité et leur sens des responsabilités. Il soulignera aussi que la base demande un dialogue. On se demande même finalement qui peut bien se trouver dans la rue en ce moment.

Il est vrai qu’il avait par ailleurs demandé l'évacuation par la police de neuf dépôts bloqués par les actions violentes de grévistes. Mais c’est qu’il n'accepte pas les « jusque-boutistes » (pour reprendre ses propres termes, mais n’allez pas voir dans le dictionnaire, cela ne s’y trouve pas. C’est semble-t-il l’apanage du Président de prendre des initiatives dans tous les domaines, y compris dans celui de la langue française). Ces « jusque-boutistes », donc, empêchent la majorité des salariés de reprendre le travail. Quant à lui, il est le premier président à s'être rendu dans un dépôt de SNCF pour discuter avec les cheminots. Je n’en ai pas eu d’échos. Espérons que l’entretien fut plus cordial que celui qu’il eut l’autre jour avec les marins bretons…

Par contre il ne comprend pas le mouvement de grogne qui anime les universités. Pourquoi ne va-t-il rencontrer les étudiants alors ? La Sorbonne, c’est toujours plus près de l’Elysée que les ports bretons.
D’un autre côté, il se félicite des conflits présents pour pouvoir montrer ce qu’il sait faire (et cela alors même que sa côte de popularité est en baisse). Partant du principe que l'opinion a compris la nécessité des réformes et qu'elle les souhaite (ah bon?), il suffit de rester ferme sur les grands principes mais de dialoguer sur les détails.
Ensuite, une fois cette réforme passée, il faudra faire passer les autres. C’est que Nicolas I entend mener à bien la fusion de l'ANPE-Unedic, de la direction des impôts, du rapprochement DST-Renseignements généraux, et celle de la carte judiciaire. Par ailleurs, le droit social et la démocratie sociale (le financement et la représentativité des syndicats) sont jugés trop lourds. On est Calife ou on ne l’est pas. Après tout c’est lui qui décide, non ?
Petite ombre au tableau : la croissance est en baisse (à la différence de son salaire personnel), mais ce n’est pas bien grave. Qu’on soit avec 2% ou avec 3% de croissance, de toute façon il y aurait eu des grèves. Cela ne change donc rien. Tout va de plus en plus mal, mais il faut continuer les réformes jusqu’au bout, même si cela devient catastrophique pour certains. Après tout, les Français ont voté pour lui, non ? Ils voulaient des réformes, non ? Et bien ils vont en avoir.
C’est à cela qu’on reconnaît un grand Président.

Remarque : on dit que Nicolaou a invité (son ennemi) Hugo Chavez afin de discuter du cas d’Ingrid Betancourt (imaginez sa popularité s’il parvenait, lui si petit, à la faire libérer. On en oublierait presque les grèves). Espérons qu’il ait envoyé le jet privé d’un de ses amis le chercher et que le Président vénézuélien ne soit pas venu avec Air France. Espérons aussi que celui-ci n’ait pas dû prendre le RER à l’aéroport et que la limousine présidentielle l’attendait, sinon il va se demander dans quel pays il est tombé. C’est vrai que toutes ces grèves cela fait un peu désordre. En voyant autant de mécontents dans les rues, Il risquerait de ne pas comprendre par qui, finalement, Nicolas a été élu.

19/11/2007

Philanthropie

Comme tout le monde, j’ai eu à plusieurs reprises l’occasion de constater qu’il faut se méfier de la presse, surtout si celle-ci est officielle. Du coup, les années passant, je suis malheureusement devenu de nature suspicieuse. C’est mon petit défaut et je n’y peux rien. Ainsi, il suffit qu’on m’annonce quelque nouvelle réjouissante et aussitôt j’ai tendance à chercher la faille. Je me dis qu’une telle nouvelle n’est pas possible.

Ainsi, quand j’ai lu, sur le site–même de Danone (qui n’est pas, il faut l’avouer, mon site de prédilection), que cette firme, sans doute lassée de faire du profit, s’était transformée en société philanthropique, je n’ai pu m’empêcher d’éclater de rire. C’est bien moi, cela, toujours à voir le mal où il n’est pas.

J’ai tort, évidemment. En effet, on apprend que Franck Riboud, le patron de Danone, s’est associé avec Muhammad Yunus (le prix Nobel de la paix, celui qui a inventé le principe des micros crédits). Leur objectif est de fabriquer au Bangladesh des yaourts enrichis en micronutriments et donc de lutter contre la malnutrition, tout en faisant travailler des populations locales particulièrement démunies. Cela permettra à la fois de donner du travail (et donc des salaires) et de produire le yaourt le moins cher du monde. Résultat des courses :les enfants jusqu’ici mal nourris vont recevoir ainsi jusqu’à 30% de leurs besoins énergétiques quotidiens rien qu’avec ce pot de yaourt à bas prix (dans lequel on a ajouté du zinc, du fer, des vitamines et de l’iode). Il fallait y penser.

Les employés de Danone ne s’y sont pas trompés. La larme à l’œil, ils ont même ouvert leur portefeuille pour financer eux-mêmes le projet, à concurrence de 1.500 euros en moyenne par personne. Grâce à Danone, le Bangladesh, enfin, ne mourra plus de faim.

En février 2007, la première usine de Grameen-Danone a été inaugurée en grandes pompes par Zinedine Zidane lui-même, cette forte tête qui visiblement s’y connaît aussi en yaourt (ce que j’ignorais) à moins que ce ne soit en sous-développement (ce que j’ignorais aussi).

La distribution sera assurée par des femmes qui feront du porte à porte. Plutôt que de créer des magasins onéreux qui feraient monter artificiellement le prix dudit pot de yaourt, Danone a donc eu recours à ce moyen simple mais combien efficace pour pénétrer dans les chaumières et répandre ainsi le divin produit.

La multinationale, qui ne recule décidément devant rien quand il s’agit de la santé des enfants, envisage par ailleurs d’ouvrir jusqu’à 50 usines dans cette région du monde.

On ne peut que se féliciter de cet acharnement à lutter contre la pauvreté et la malnutrition.
Il faut en effet être malintentionné comme moi pour se dire :

- Qu’un pot de yogourt par jour pour un enfant ce n’est quand même pas beaucoup quand on a faim.
- Que Danone, indirectement, va ainsi conditionner des millions de personnes qui actuellement ne consomment pas de yogourt et qui s’en passent fort bien.
- Que par ce procédé, les coûts de fabrication sont réduits au maximum, ce qui n’empêche pas la firme de faire son bénéfice habituel.
- Que quand on dit qu’on achète le lait à un prix fixe, cela veut dire d’une part qu’on l’achète bon marché et d’autre part que ce prix ne sera pas revu à la hausse même si les autres denrées augmentent.
- Que les ménagères qui vont aller vendre les divins petits pots à leurs voisines permettent indirectement à Danone de réduire ses coûts de publicité en les ramenant à zéro tout en assurant la pénétration du produit (y compris chez des habitants qui ne savent même pas ce que c’est que la publicité).
- Que ces enfants élevés aujourd’hui au yogourt seront sans doute demain des consommateurs acharnés.
- Que si les habitants du Bangladesh sont pauvres, leur nombre permet tout de même d’assurer de plantureux bénéfices, même si le petit pot est vendu à un prix démocratique.
- Qu’il est déjà question d’inciter les éleveurs de bétail à améliorer leur cheptel (à leurs frais ?), ceci afin d’assurer une meilleure qualité au lait produit (et acheté à un prix fixe par Danone, rappelons-le).

Bref, avouez que pour raisonner ainsi, il faut vraiment avoir l’esprit mal tourné. Vous voudrez bien m’en excuser, mais on ne se refait pas. Plutôt que de rouspéter, je ferais mieux d’aller acheter des produits Danone afin de soutenir cette firme qui distribue aux pauvres tout ce qu’elle gagne. Au moins je ferais une bonne action dans ma vie.

Ps. : l’histoire ne dit pas ce qu’il advient du bétail, du lait, des vendeuses, des pots de yogourt et des enfants en cas d’inondation.


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13/11/2007

La Sarkozie et le petit écran.

Nous parlions hier de la chaîne TV5-Monde, soulignant son originalité puisqu’elle regroupe à la fois la Suisse, la Belgique, le Québec et bien sûr la France. Or voici qu’on apprend aujourd’hui qu’une réunion a eu lieu le 09 novembre à Lucerne sur l’avenir de cette chaîne, réunion qui a été qualifiée de particulièrement « houleuse ».

La France, qui, il faut être juste, « détient 66 % des actions de la chaîne mais la finance à hauteur de 84 % » (selon le journal Le Monde), a été critiquée par ses partenaires qui l’accusent de vouloir faire de TV5 Monde "la voix de la France".

Il est vrai, ère sarkozienne oblige, que le gouvernement français avait fait part d’une « prochaine réorganisation de son audiovisuel extérieur » et qu’un comité, composé de conseillers de l'Elysée, des ministères des finances, des affaires étrangères et de la culture avait été mis en place. Ce comité, qui doit remettre un rapport à Sarkozy, doit réfléchir à une réforme de l'audiovisuel extérieur français. Parmi les changements envisagés, un possible rapprochement entre TV5 Monde, France 24 et Radio France internationale.

Le risque est donc de transformer TV5 "en un instrument essentiellement au service du rayonnement international de la France » et cela, évidemment, au détriment des autres partenaires.

A cette réunion de crise, était présent M. Benamou, conseiller pour l'audiovisuel de Sarkozy, lequel a suggéré que « TV5 Monde rejoigne une "marque ombrelle" regroupant tout l'audiovisuel extérieur français. » Adieu donc la chaîne dans son état actuel, et adieu les partenaires non français, qui vont soit claquer la porte, soit se retrouver en train de faire de la figuration dans des émissions dont le but sera de proclamer les mérites de la grande Sarkozie. Pourquoi ces états, en effet, continueraient-ils à financer une télévision dont l’objectif unique serait de glorifier la seule France (dans un but de propagande évident), et surtout son représentant maximus, le sieur de Sarkozy, actuellement grand calife. Comme quoi, quel que soit le domaine qu’il touche, le petit Nicolas a le don d’exaspérer.

Pour essayer de dé-dynamiter le conflit qui s’annonce, les petits pays ont accepté d’augmenter leur participation financière de 2,5% chacun. Ils ont surtout réaffirmé « leurs engagements dans ce grand projet multilatéral francophone" et ont souligné "les principes fondateurs de TV5 : le pluralisme, le caractère généraliste multilatéral et la diversité culturelle." Qu’on se le dise, TV5-Monde ne veut pas devenir le relais officiel et international des grandes œuvres sarkoziennes. Car il y a fort à parier que derrière l’apologie de la seule France, c’est à la glorification de son Président qu’il s’agira de travailler. Qui oserait encore parler de liberté de la presse ? Mais mieux vaut réagir avant que Nicolas ne place un de ses chefs de cabinet comme directeur général. Ila juste oublié une chose, le petit Nicolas, c’est qu’il a ici devant lui des pays souverains et non le public qui a voté pour lui. Ceci dit, il suffit de voir comment il parle des Africains pour comprendre l’idée qu’il se fait des pays souverains.

10/11/2007

Sarkophobie

Un lecteur attentif s’étonne de mon silence. Celui-ci n’est pourtant que de deux jours. C’est que je n’ai pas la forme physique de Nicolas, moi! Oui, je sais, je devrais me lever plus tôt (encore plus tôt ?) et faire un petit jogging matinal, mais bon, après tout je ne suis pas Président et on ne m’en demande pas tant. Mais c’est vrai que notre ami Nicolas s’agite si vite que je n’arrive plus à le suivre avec mes commentaires. A peine ai-je rédigé quelques lignes qu’il est déjà ailleurs, occupé à régler une autre affaire. Je me demande bien comment font les journalistes pour le suivre ainsi à la trace. Sans compter qu’ils ont intérêt, eux, à être au rendez-vous sinon, fini leur contrat. Et puis ils doivent écrire leur article. Ca ne doit pas être facile, parce que, pour ne pas être virés, ils doivent évidemment, à tout instant, faire l’apologie du Tsar de Sarkozie. Or, comment voulez-vous qu’ils parviennent à faire croire qu’il ait pu dire des choses intéressantes ? Car non seulement il nous assène des horreurs, mais en plus il ment.

Ainsi je l’ai entendu l’autre jour dire à Bush qu’il s’exprimait au nom de tout le peuple français. C’est vrai qu’il avait fait un beau score aux élections, mais bon, il y avait tout de mêmes quelques isolés qui s’étaient montrés un peu réfractaires. Et puis, en fait, Chirac avait fait mieux que lui, même si c’était dans des circonstances particulières. Ceci dit, le peuple français n’a rien contre le peuple américain, bien sûr, mais là où ça commence à déraper, c’est quand le petit Nicolas, comme un gamin, donne une claque amicale sur l’épaule de Bush et l’assure qu’il est disposé à aller jouer en Iran avec lui. En quoi consiste le jeu ? A lancer quelques bombes atomiques afin d’empêcher les Iraniens d’avoir eux-mêmes la bombe, ce qui risquerait de polluer quelque peu la planète. (C’est sans doute comme cela qu’il faut comprendre son message sur le réchauffement climatique). Croyez-vous vraiment que les Français aient envie d’aller jouer à la guéguerre là-bas ? Monsieur le Président, vous êtes bon apôtre, s’il faut donner sa vie, allez donner la vôtre.

Maintenant, je me faisais une autre réflexion. Ce blogue, qui se voulait un tantinet littéraire, est en train de ressembler à Paris-Match avec mes articles sur Nicolas. On ne parle plus que de divorces, de voyages en avion, de réceptions ou du prix du poisson. Mais qui est fautif ? Est-ce moi qui me suis laissé entraîner ou bien est-ce Nicolas qui est tellement présent qu’on est toujours occupé à réagir ? S’il sortait de son beau Palais de l’Elysée une fois par mois, cela irait, mais avouez qu’il est toujours sur les routes ou dans les airs. Cela m’épuise. C’est sans doute cela son truc. User l’adversaire par des déplacements de plus en plus rapides.

En attendant, je n’arrive plus à prendre du recul et à réfléchir. Ainsi, par exemple, une chose me tracasse. On dit que les prisons sont surpeuplées en France. On dit que loin de résoudre le problème, Nicolas est en train de les remplir encore davantage. Par contre, dès qu’il voit un prisonnier quelque part dans le monde (français ou non d’ailleurs), il va le libérer. Pourquoi vider les prisons étrangères et remplir les siennes ? Il y a des jours où je ne le comprends pas bien.

07/11/2007

Le voyage en Amérique

Après la Corse, le Tchad et les ports bretons, le voici aux Etats-Unis, où il sera, paraît-il, le bienvenu. « Il », c’est Nicolas I, bien entendu. On est heureux pour lui qu’on lui ouvre les bras outre-Atlantique. Voilà qui le changera de l’accueil houleux des marins bretons ou des conseils des ministres insulaires sous escorte militaire. Comme quoi, les grands hommes sont toujours mieux compris loin de chez eux.

Il faut dire aussi que c’est un peu normal qu’il soit bien vu là-bas, puisqu’il a adopté carrément leur point de vue sur tout. On nous dit que le clou de sa visite sera son discours devant les deux chambres réunies du Congrès. C’est un "très grand honneur" en effet et qui est salué à juste titre du côté français. Rappelons-nous que la Chambre des représentants et le Sénat ont tenu leur première session commune en 1824 et que c’était pour y entendre le discours de Lafayette. Voilà qui n’est pas rien et qui vous hisse aussitôt sur les marches de l’Histoire.

Ceci dit, il me semble bien que le dernier dirigeant européen à s’être exprimé devant ces prestigieuses assemblées était Aznar, le Premier ministre espagnol, celui qui avait décidé de suivre Bush en Irak (ce qui sera à l’origine des attentas du 11 mars à Madrid, mais ceci n’est qu’un détail). C’est sans doute pour cela qu’il avait été applaudi à tout rompre, d’autant plus qu’il aurait bien vu aussi une île de Cuba sans Castro. C’est donc bien ce que je disais. Il suffit d’exprimer ce que votre public a envie d’entendre. Comme le petit Nicolas aime les applaudissements et qu’il n’en a pas eu beaucoup ces derniers temps (pour rappel sa côte de popularité est un peu en baisse), on n’ose imaginer jusqu’où ira son discours afin d’emporter le cœur des députés. Proposera-t-il de bombarder l’Iran ? De livrer le Liban au feu et au sang ? D’envoyer 20.000 militaires en Afghanistan ? C’est à craindre. Mais en habille homme qu’il est, il va certainement parler d’Ingrid Betancourt (à moins qu’il ne réserve ce thème pour son tête-à-tête privé avec Bush) puisqu’il est passé maître dans les libérations de prisonniers. C’est facile, rapide et cela marche à tous les coups. Après cela, votre prestige s’en trouve rehaussé, ce qui est toujours bon à prendre. Ceci dit, je ne sais pas si L’Amérique va accepter son aide dans ce dossier. Après tout elle était un peu gênante, la petite Ingrid, quand elle faisait campagne contre la corruption. Où elle est, elle est beaucoup moins dérangeante, il n’y a pas à dire. Et puis cela permet d’accuser la guérilla marxiste et de se prouver une fois de plus qu’on est dans le camp des bons. Mais Nicolas a dit par ailleurs qu’il ramènerait en France tous les Français prisonniers, où qu’ils se trouvent. Pour faire plaisir à un ami, l’Amérique pourrait l’appuyer dans ce dossier. En contrepartie la France n’aurait qu’à approuver le bombardement de l’Iran et le tour est joué. C’est qu’à Washington on n‘aime pas trop voir ces Arabes fanatiques jouer avec des centrales nucléaires, surtout si elles sont aux frontières d’Israël. Un accident est si vite arrivé. Il suffirait donc de leur casser leur jouet vite fait bien fait et on n’en parle plus.

Mais j’y pense, est-ce qu’il va leur dire, aux députés, le petit Nicolas, qu’il a vendu des armes à la Libye ? Non j’espère ! Et que la France a l’habitude d’installer des centrales nucléaires un peu partout dans le monde, y compris dans les pays arabes ? Non, pourvu qu’il n’aille pas dire cela !

J’imagine déjà le ton qui monte, les députés qui se lèvent, qui désignent Nicolas du doigt. Et lui qui, comme à son habitude, se rebiffe, montre le poing, tutoie, insulte. « Toi, le député, si t’es pas content, t’as qu’à venir le dire ici ». Oh non, pas cela. Qu’est-ce qu’on dirait de la France et de sa vieille culture après un tel discours ?