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06/03/2014

Ukraine (2)

Lors d’un entretien avec son homologue Dmitri Medvedev au Kremlin, le mardi 11 août 2008, Nicolas Sarkozy, qui avait servi de médiateur dans l’affaire de la Géorgie,  s’était ainsi exprimé :    « Il est parfaitement normal que la Russie veuille défendre ses intérêts ainsi que ceux des Russes en Russie et des russophones à l'extérieur de la Russie ».

Donc, ce qui a été accepté une fois par un président français (il faut dire que les chars russes venaient d’occuper la moitié de la Géorgie, que les USA cherchaient à déstabiliser pour affaiblir Moscou) ne semble plus l’être par un autre président français. Curieux.  Poutine n’a pourtant rien fait d’autre que ce qu’il avait déjà fait et que Sarkozy avait accepté.

Par ailleurs, il faut savoir à propos de l’Ukraine que la chaîne de télévision Russia Today a publié une nouvelle étonnante pour tous les Occidentaux qui ne lisent que la presse classique (pro-Otan et appartenant à quelques grands financiers). Cette chaîne a diffusé une communication téléphonique qui a eu lieu entre le ministre estonien des Affaires étrangères, Urmas Paet, et  la représentante de l’Union européenne, Catherine Ashton. Dans cette communication qui semble authentique, le ministre estonien  dit qu’il vient d’apprendre de source sûre que les mystérieux snipers de la place Maidan étaient des individus liés à l’opposition pro-européenne et qu’ils auraient tiré à la fois sur la police et sur les manifestants pour créer la confusion et  accuser ensuite le régime en place et le déstabiliser. Mme Ashton ne s’est pas formalisée outre mesure à cette annonce.

Bon, vous me direz que la chaîne Russia Today est un peu la voix de la Russie et que ses informations sont forcément partiales. C’est possible. Mais n’oubliez quand même pas que notre presse à nous est tout aussi partiale puisqu’elle nous relate depuis des années la croisade des bons Occidentaux qui vont apporter la civilisation (pardon, la démocratie)  à des peuples opprimés par des tyrans sanguinaires (Afghanistan, Serbie, Irak, Libye, Syrie, Ukraine, etc.). Cela commence à faire beaucoup de peuples opprimés, vous ne trouvez pas ?  Pourtant les mêmes Occidentaux soutenaient il n’y a pas si longtemps les dictatures d’Amérique du Sud et les despotes africains (Mobutu, etc.). C’est à n’y rien comprendre, non ? Cette passion soudaine pour la démocratie me laisse pantois.

 

03/03/2014

Ukraine

Que dire de la crise ukrainienne ? Pas grand-chose, si  ce n’est rappeler que nos dirigeants ne manquent pas d’audace quand ils osent accuser la Russie de non-respect des traités internationaux et d’invasion militaire. Ce serait oublier qu’eux-mêmes ont renversé le régime libyen et tué son dirigeant en outrepassant largement le mandat que l’ONU (institution toute inféodée à Washington soit dit en passant) leur avait accordé.  Ce serait oublier également qu’ils étaient derrière les printemps arabes pour mettre les Frères musulmans au pouvoir (Egypte et dans une moindre mesure Tunisie). Quant à la Syrie, mieux vaut ne pas en parler, ils l’ont déstabilisée en finançant et en armant des djihadistes sanguinaires qui se moquaient des droits de l’homme autant que leurs commanditaires occidentaux. En Ukraine, donc, on a revécu le même scénario : injecter des millions de dollars à des opposants locaux  pendant quelques années, tout en ayant soin de bien choisir ces opposants. En effet, ce qui compte, ce n’est pas leur respect de la démocratie, mais leur capacité militaire à renverser le pouvoir en place, dont le crime principal est évidemment aux yeux de l’Occident de ne pas être néo-libéral. C’est ainsi qu’on a vu des néo-nazis renverser un président démocratiquement élu qui, s’il était assurément corrompu, ne l’était sans doute pas beaucoup plus que ses devanciers issus de la « révolution orange », qui eux avaient pillé les restes d’un Etat en déliquescence pour asseoir leur fortune personnelle.

Bref, l’Occident est donc allé chatouiller le vieil ours russe dans sa zone d’influence, sans mettre un de ses militaires dans le pays, mais en agissant en sous-main de manière très efficace. Alors se scandaliser aujourd’hui  quand on voit l’ours sortir de sa tanière et venir défendre une partie de son gâteau,  c’est tout de même un peu curieux. D’autant plus qu’en Ukraine, la langue russe (comme la langue hongroise) viennent de perdre leur statut de langue officielle.

Bref, à trop vouloir jouer aux apprentis sorciers, nos chers dirigeants vont finir par nous mettre une bonne guerre sur le dos. C’est peut-être ce qu’ils cherchent, d’ailleurs, car le Capital, qui ne fonctionne bien qu’en période de croissance, a périodiquement besoin de ces guerres pour continuer à enrichir les quelque milliers de personnes qui en sont finalement les seules bénéficiaires.  

 

Photo Genya Savilov. AFP

ukraine

25/02/2014

Nous sommes tous Ukrainiens !

Voilà donc l’Ukraine libérée de son affreux dictateur. Enfin, selon la version officielle. En effet, il suffit de voir ce que sont devenus les pays qui ont été  « libérés » par l’Occident (comme l’Irak, l’Afghanistan,  la Libye et peut-être demain la Syrie) pour se poser des questions sur l’avenir de l’Ukraine.

Mais ne soyons pas pessimistes et, avec notre presse, réjouissons-nous de cette révolution qui a abouti et de la liberté retrouvée. Car si je m’en tiens aux journaux officiels, j’ai mille raisons de m’esbaudir. Nous étions en présence d'un régime despotique avec un tyran qui ne pensait qu’à son profit personnel, tyran qui n’a d’ailleurs pas hésité à faire tirer sur son peuple pourtant héroïque afin de préserver ses petits avantages… Mais le peuple a tenu bon et a chassé le dictateur. Tout est donc pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Sauf que les choses ne se sont pas vraiment passées comme cela.  Dans son désir de réduire l’influence de la Russie, l’administration Obama avait programmé cette révolution depuis longtemps. En effet, coupée de la Mer Noire, la Russie se serait trouvée subitement fort isolée et pour ainsi dire dans l’impossibilité d’agir dans le monde par voie maritime. Comme elle avait défendu bec et ongle la Syrie et qu’elle avait remporté là quelques victoires, il fallait bien la punir sur son propre terrain, en s’attaquant à son ancienne zone d’influence. On a donc distribué des millions de dollars et on a armé et entraîné ceux qui détestaient le régime prosoviétique.  En Tchétchénie comme en Syrie on avait utilisé les djihadistes (sans trop regarder s’ils étaient proches ou non d’Al Quaïda) mais en Ukraine il n’y en avait malheureusement pas. Par contre un parti d’extrême-droite nostalgique du III° Reich (qu’il avait soutenu pendant la guerre 40-45) était très actif et possédait même une branche paramilitaire. Quelle aubaine ! On ne regarde pas trop sur les moyens utilisés quand il s’agit de faire triompher la démocratie ! Pour les aider à s’emparer du pouvoir, on a utilisé la tactique qui a déjà fait ses preuves en Syrie : on poste sur les toits quelques tireurs d’élite qui tirent à la fois sur les policiers et sur les manifestants (mais surtout sur les manifestants quand même), ce qui fait que les deux camps s’accusent mutuellement des massacres. Du côté des opposants, on se retrouve avec des victimes innocentes, tandis que du côté du pouvoir, on a perdu la partie.  En effet, s’il riposte à la violence, on l’accuse de massacrer son peuple. S’il ne bouge pas, c’est encore la même chose puisque les tireurs d’élite continuent à faire des victimes parmi les insurgés. A la limite, on reprochera à ce pouvoir (comme en Syrie) de ne plus parvenir à assurer la protection de ses citoyens.

Bref, après 60 morts, la presse occidentale se déchaîne contre le tyran et l’Europe envoie ses ministres pour dialoguer. Comme en Syrie, il s’agit de demander un partage du pouvoir (promesses d’élection, amnistie générale, retour à l’ancienne constitution qui donnait moins de pouvoir au président). Mais les USA ne pouvaient se contenter de cela. Méprisant leurs alliés européens, ils ont donc poussé les milices fascistes qu’ils soutenaient à intervenir plus radicalement.  Celles-ci ont exigé le départ pur et simple de l’ancienne équipe dirigeante (et c’est sous menace de mort que le président de la Chambre a démissionné), puis ils ont occupé militairement tous les quartiers de Kiev (officiellement pour rétablir l’ordre public, en pratique pour pouvoir étouffer dans l’œuf tout mouvement qui contesterait leur autorité). Ensuite, grâce à un Parlement fantoche, ils ont libéré l’égérie de la révolution orange (elle aussi commanditée par les USA), une milliardaire qui croupissait en prison après s’être honteusement enrichie sur la dépouille de l’Etat ukrainien dans le cadre des privatisations si chères au libéralisme.

Voilà où nous en sommes. Ce qui ressemble quand  même fort à un coup de force (si pas à un coup d’Etat) n’a servi qu’à restaurer un libéralisme pur et dur. La dette ukrainienne étant colossale, le bon FMI s’est déjà proposé pour lui venir en aide. Comme cela le peuple sera encore un peu plus endetté  pendant que quelques industriels et entrepreneurs feront fortune en s ‘appropriant la moitié  de cette manne d’argent.

C’est ce que l’on appelle la démocratie : la liberté de s’enrichir (pour ceux qui le peuvent). Ce n’est pas BHL qui me contredirait.

Ukraine

19/02/2014

Etat du monde.

Ce qui m’énerve au plus haut point, dans le monde capitaliste qui est le nôtre, c’est l’hypocrisie générale. En effet, il n’y a pas un seul fait réel qui est donné pour ce qu’il est. A chaque fois, il faut présenter ce fait autrement et donc mentir à l’opinion. C’est bien la preuve que si cette opinion se rendait compte de ce qui se passait, elle désapprouverait et ferait pression sur les dirigeants pour qu’ils prennent d’autres décisions (en supposant que nos dirigeants puissent encore décider de quelque chose, ce qui n’est pas certain dans un monde ou le commerce et la finance semblent détenir tous les pouvoirs).

On nous a menti sur la Libye, en prétextant que l’affreux Kadhafi avait bombardé sa population, alors qu’on sait aujourd’hui que les déclarations qui ont été faites à l’ONU ne reposaient que sur le témoignage non vérifié de quelques opposants, lesquels se retrouvent aujourd’hui ministres dans le nouveau gouvernement. On a ensuite extirpé de l’ONU une autorisation pour empêcher le régime d’utiliser son aviation et on a outrepassé nos droits en déclarant une guerre ouverte qui a fait des milliers de morts du fait même de nos bombardements. Sans parler de Kadhafi qui a été purement et simplement éliminé. Pour arriver à nos fins, on n’a pas hésité à utiliser les troupes d’Al Quaïda que l’on combattait pourtant ailleurs. Depuis, le drapeau d’Al Quaïda flotte sur certaines villes, la charia fait partie de la constitution et on se massacre entre clans adverses.

On nous a menti sur la Tunisie, en proclamant les mérites du premier printemps arabe. Le but de cette révolution manipulée de l’extérieur n’était évidemment pas de permettre au peuple de retrouver sa liberté et sa dignité, mais de se débarrasser d’un vieux dictateur corrompu qui avait fait son temps et de mettre à sa place un pouvoir « démocratique ». Or on savait pertinemment que le parti religieux allait l’emporter lors des élections. Il s’en est suivi une tentative d’islamisation forcée de la société et un débat constitutionnel sur le droit des femmes. Il a fallu tout le bon sens du peuple tunisien (et malheureusement l’assassinat de deux opposants de gauche) pour parvenir à déjouer cette machination.

On nous a menti sur l’Egypte, où la révolte contre Moubarak a finalement permis de mettre au pouvoir les Frères musulmans. Ils allaient enfin imposer un pouvoir religieux rétrograde qui empêcherait l’Egypte de devenir un état moderne menaçant, tout en se montrant très compréhensifs sur le capitalisme et le libre-échange (ils voulaient par exemple privatiser la gestion du canal de Suez). Le peuple s’est soulevé une deuxième fois et l’armée lui a prêté main forte. Les Américains ne savent pas encore s’ils doivent regretter les Frères musulmans ou s’ils doivent applaudir à l’avènement de ce régime fort.

On nous a menti et on nous ment toujours en Syrie. La plus belle tentative de déstabilisation fut le fait d’accuser le régime de Damas d’avoir bombardé sa population au gaz sarin, ce qui aurait permis une entrée en guerre de l’Otan. Celle-ci a fort heureusement  été déjouée par la diplomatie russe.  On nous ment encore avec Genève (I et II) en faisant croire qu’on lutte pour la paix alors que derrière, le Congrès américain, lors d’un vote secret, a accepté d’armer et de financer les « rebelles » (qui n’ont plus rien de syriens ni de démocratiques puisque ce sont des étrangers qui se réclament plus ou moins tous d’Al Quaïda).

On nous ment sur le Venezuela, où on nous fait croire que des étudiants pacifiques réclament plus de démocratie. La vérité est que ces jeunes bourgeois issus des milieux aisés sont payés pour manifester et pour créer des troubles, le but ultime étant évidemment de se réapproprier les puits de pétrole que le gouvernement Chavez avait honteusement nationalisé. On parle de pénurie des denrées premières, accusant le pouvoir en place d’incompétence, mais on se garde bien de parler de l’embargo économique que les USA ont imposé à ce pays rebelle.

On nous ment sur l’Ukraine, où on présente les manifestants comme de gentils pro-européens qui s’opposent à un régime répressif (on a même vu BHL sur les barricades, du moins le jour où il n’y avait pas de danger). La vérité est que la CIA et l‘Otan financent et arment des groupes pronazis nostalgiques d’Hitler et des Waffen-SS.  On crie au scandale devant les 25 morts de cette nuit, oubliant de préciser qu’un tiers des victimes se trouve du côté des policiers et qu’il y a  manifestement des balles qui ne sont pas tirées au hasard, comme celle qui a tué un journaliste russophone. Mais plutôt que d’avouer qu’il a été tué par les manifestants, on fait semblant de pleurer devant la liberté de la presse bafouée.

On nous ment sur la Centrafrique et le Mali, où sous couvert de protéger les populations civiles des exactions des milices musulmanes (milices qu’on soutient pourtant en Syrie) on occupe le terrain militairement. Cela s’appelait autrefois du colonialisme, mais ici cela s’appelle de l’ingérence humanitaire.

Bref, si on en croit tout ce qu’on nous dit, nous sommes les bons et eux sont les méchants. Eux, ce sont tous ceux qui ne pensent pas comme nous. Le régime ukrainien parce qu’il aime les Russes (comment peut-on aimer les Russes !), Kadhafi ou Assad parce qu’ils n’aiment pas trop Israël (ce cher, si cher Israël !),  et tous parce qu’ils n’ouvrent pas leurs frontières au grand marché mondial qui profite à quelques multinationales.

On nous berne donc tous en nous mentant. On envoie nos soldats se faire tuer dans des pays qui ne nous ont rien fait, on tue et on massacre par personnes interposées (djihadistes en Syrie, pronazis en Ukraine), on finance avec notre argent des bandits et des assassins de tout poil, tout cela pour imposer le commerce mondial et complaire le Capital. 

Je vois tellement le mensonge partout que j’en viens à me demander si je ne mens pas moi-même ! Et pourtant non, j’ai bien peur d’avoir raison. 

 

Syrie, Ukraine

31/01/2014

Nouvelles du monde

On manifeste et on se tue en Egypte, où on n’a le choix qu’entre la peste ou le choléra  (l’armée ou les Frères musulmans), on se bat entre bandes rivales en Libye (belle démocratie que celle apportée par l’OTAN !), on assassine des opposants de gauche en Tunisie avant de se déchirer sur le texte de la Constitution (« les femmes ont-elles une âme ? », voilà à peu près le débat), une grande partie de la RDC est soumise à l’exaction de milices sorties de nulle part (mais surtout quand même du Rwanda voisin), qui tuent et violent à qui mieux mieux, l’armée française n’en finit pas de sécuriser le Mali et semble bien impuissante en Centrafrique, où on tue et pille en pleine ville et en plein midi (chrétiens contre musulmans ou l’inverse). Ne parlons pas de la Syrie, qui lutte depuis trois ans contre une bande d’enragés venus des quatre coins de la planète avec la bénédiction de l’Occident, des enragés qui n’ont que les versets du Coran à la bouche (mais aussi des armes turques en main et de l’argent saoudien dans les poches). Cette guerre s’étend au Liban et maintenant  à la Russie (avec des attentats perpétrés par les musulmans du Caucase), sans doute pour la punir d’avoir soutenu le régime syrien. Comme si cela ne suffisait pas, voilà qu’on l’attaque dans son ancienne  province, l’Ukraine, où l’Occident excite les milices fascistes et nationalistes en espérant annexer cet immense territoire dans son grand marché commercial et financier (et libérer de prison une pauvre milliardaire qui défend le droit des  hommes à s’enrichir).

Bref, il n’y a qu’en France où on ne se bat pas encore. Il est vrai que c’est un état laïque et que dans la majorité des conflits que j’ai évoqués la religion tient une place prépondérante (si pas chez ceux qui tirent les ficelles, du moins chez ceux qui se battent dans la rue) au point qu’on a l’impression d’être revenu aux temps de la Saint Barthélémy et des Guerres de Religion, ce qu’on ne croyait certes plus possible à notre époque. On a l’impression de régresser. La preuve : pendant que notre bon roi François s’amuse avec sa nouvelle maîtresse et répudie publiquement l’ancienne, quelques excités réactionnaires manifestent contre l’école de la République, qui selon eux aurait tendance à oublier qu’un homme est un homme et que la femme est faite pour tenir le ménage et faire des enfants. 

Et pendant ce temps-là, la crise continue, les entreprises ferment et le chômage s’aggrave. La seule bonne nouvelle, paraît-il, c’est que quelques-uns parviennent à s’enrichir  d’une manière absolument scandaleuse. Tant mieux pour eux. Et tant pis pour nous. 

 

La Grande Mosquée des Omeyyades, VIII° siècle (Syrie)

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31/12/2013

Meilleurs voeux !

Comme il se doit, je viens souhaiter une bonne année à mes fidèles lecteurs. Comble, d’ironie, alors que je n’ai publié qu’un seul  et unique texte en décembre (pour dire que je n’écrirais sans doute plus grand-chose ici), je n’ai pour ainsi dire jamais eu autant de visiteurs si j’en crois mes statistiques, que pour une fois j’ai regardées.  Faut-il en déduire que mon silence attire plus les foules que mes textes ? Ce serait un peu frustrant. Je préfère penser que beaucoup sont venus voir si j’étais sorti de ma période de découragement et si un nouveau billet avait été publié.

Par ailleurs, je remercie tous ceux qui avaient laissé un commentaire afin d’apporter un soutien dont j’avais certes  bien besoin. Après quelques semaines, la crise semble passée et Marche romane continuera donc en 2014 (c’est mon cadeau de Nouvel An, en quelque sorte).  Pourtant, les textes viendront sans doute au compte-gouttes, au gré de mon humeur ou en fonction du besoin où je me trouverai de dire quelque chose. En effet, je vois ce site comme un moyen de m’exprimer, de poster des poèmes ou de courts récits qui sans cela ne seraient jamais lus, ou encore un moyen de dire ma perplexité devant le monde dans lequel il nous faut bien vivre.

A ce propos, il conviendrait d’être prudent avec cette année qui s’annonce. En effet, je ne vois rien de bien réjouissant sur le plan mondial. En Syrie, le régime s’est maintenu et est parvenu à résister à l’invasion djihadiste soutenue par l’Occident et les richissimes monarchies du golfe. Tant mieux, car les enragés sanguinaires qu’on voulait mettre au pouvoir me semblent bien dangereux (appelons un chat un chat et arrêtons de nous montrer conciliants : les régimes salafistes basés sur la charia n’ont rien à voir avec la démocratie comme on veut nous le faire croire. Au contraire, ils me semblent bien proches de l’extrême-droite et du fascisme). En attendant, la Syrie est détruite, ses bâtiments en ruine et l’économie anéantie, sans parler des victimes innocentes et des millions de réfugiés.

Demain, ces mêmes djihadistes qui semblent avoir échoué vont se retourner contre nous. Ils viennent déjà de perpétrer quelques attentats en Russie.

En Afrique, tout va mal : Mali, Centrafrique, Soudan et maintenant RDC. On nous parle certes de conflits ethniques ou confessionnels, mais derrière tout cela il y a toujours des intérêts économiques et des rivalités entre la France et les USA ou entre l’Occident et la Chine.

En Asie, la Chine, justement, commence à montrer les dents et revendique un espace aérien plus étendu (afin de ne plus être espionnée systématiquement par les avions US). Même chose sur le plan maritime avec comme possibilité un conflit futur avec le Japon.

Bref tout va mal et les vendeurs de canons ont de beau x jours devant eux. 

Sur ces mots, je vous souhaite quand même une bonne année 2014. Essayez de trouver le bonheur comme vous pourrez, c’est-à-dire surtout en vous-mêmes. En effet, quand on parvient à trouver un équilibre intérieur, c’est encore souvent ce qu’il y a de mieux.


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28/09/2013

Du mensonge d'Etat

Le 02 septembre dernier, la France a « déclassifié » un document secret défense afin de prouver la culpabilité du régime de Bachar el Assad dans l’attaque chimique qui a occasionné de nombreuses victimes dans la banlieue de Damas à la fin du mois d’août. Cette démarche visait à obtenir l’approbation des députés en vue d’une frappe militaire française contre le régime syrien.

On sait que le renversement d’Assad tient particulièrement à cœur au Président de la République puisque ce dernier en faisait déjà son cheval de bataille lors de sa campagne électorale.  Un tel acharnement déclaré doit nous rendre prudents sur toutes les preuves qui seront avancées quant au côté malfaisant du régime syrien. On a connu la France moins prompte à condamner les dictatures de Franco, de Pinochet et de bien d’autres. Les disparus chiliens, torturés et exécutés n’ont jamais beaucoup ému le gouvernement français. Les Argentins ou les Nicaraguayens assassinés non plus.

Donc, de prime abord, cette volonté déclarée de renverser Assad me semble louche car je ne vois pas en quoi la Syrie menace l’Etat français. Par contre je vois très bien en quoi il dérange Israël.

Vous me direz que le régime d’Assad n’est pas un exemple de démocratie (ce que j’admets volontiers)  et que la générosité du président le pousse naturellement à défendre les droits de l’homme. Certes, je ne peux que me réjouir d’un tel sens altruiste, mais pourquoi alors le sieur Hollande ne s’insurge-t-il pas contre la condition de la femme en Arabie ou au Qatar et même contre la manière dont ces pays conçoivent les droits de l’homme ? Pourquoi la répression de la révolution au Bahreïn ne le préoccupe-t-elle guère ? Pourquoi la situation préoccupante des Palestiniens de la bande de Gaza ne l’émeut-elle pas davantage ? Mystère.

Donc, l’acharnement avoué qu’il manifeste contre le régime syrien doit pour le moins poser question.

Mais revenons-en au document déclassifié qui a été présenté aux députés afin d’obtenir leur approbation pour une intervention armée.  Que contient exactement ce document, supposé prouver la culpabilité d’Assad ? Eh bien il faut avouer qu’il ne contenait strictement aucune preuve concrète. En gros, on s’appuie sur le fait qu’on a affaire à des armes chimiques pour dire que seule l’armée syrienne aurait eu la capacité d’en employer. Que l’armée ait cette capacité, personne n’en doute (mais pourquoi par ailleurs aurait-elle employé de telles armes alors qu’elle remportait enfin le succès sur le terrain ?). Par contre, quand je vois les vidéos que les rebelles eux-mêmes postent sur Youtube et où on les voit munis d’artillerie lourde, je me dis qu’ils auraient été très capables d’envoyer un obus contenant du gaz chimique.

Pourtant, pour le document déclassifié, seule l’armée aurait eu la capacité technique voulue. C’est sur cette « preuve » fragile que les députés devaient décider d’envoyer l’armée française bombarder la Syrie en représailles (tuant par ailleurs d’autres innocents).

 Cependant, quand on y réfléchit bien, seuls les rebelles avaient intérêt à utiliser les armes chimiques et à faire croire que le gouvernement syrien était à la base de cette attaque. L’aviation américaine serait alors intervenue en leur faveur au moment précis où ils commençaient à essuyer des défaites sur le terrain.

Le document présenté aux députés se gardait bien de dire que cette « opposition » syrienne était surtout constituée d’éléments étrangers non syriens, par ailleurs épaulés, entraînés et armés par l’Occident. Sans compter qu’il n’était pas difficile d’entraîner ces « troupes » à la manipulation des armes chimiques (armes qu’elles possédaient puisque c’est bien pour cela que l’Onu était venue enquêter sur le terrain suite aux déclarations de Carla del Ponte elle-même).

Si le Parlement britannique n’avait pas désavoué Cameron et si la Russie n’avait pas proposé aux USA un moyen de sortir de la crise, l’armée française serait en guerre en ce moment et elle soutiendrait en fait sans le savoir les djihadistes qui sont plus que probablement les responsables de l’attaque chimique.

On peut donc supposer que le fameux document présenté aux Parlementaires était un faux destiné à obtenir leur adhésion à l’invasion de la Syrie. Qu’on se souvienne avec quel aplomb  Colin Powell avait brandi une fiole de « poison » devant l’assemblée de l’ONU pour obtenir le droit de destituer Sadam Hussein. Maintenant on sait que toutes ces soi-disant preuves étaient fausses (au point qu’on peut se demander si Colin Powell lui-même n’a pas été manipulé et qu’il aurait donc menti de bonne foi).

 

Mais si ce document est un faux, est-ce la DGSE qui a  essayé d’obtenir l’adhésion des Parlementaires ou bien s’est-on servi de son nom pour apporter des « preuves» aux députés ? Mystère.

Syrie

15/09/2013

De la Syrie (3)

La Syrie va donc remettre ses stocks d’armes chimiques à la communauté internationale pour qu’ils soient détruits. Fort bien.

Sauf que ce n’est pas l’armée syrienne qui a utilisé ces armes récemment à Damas.

Ce qui veut dire que d’autres (en l’occurrence les rebelles) ont toujours des armes chimiques (on a d’ailleurs trouvé dans des tunnels différentes substances toxiques provenant d’Europe ou des pays du golfe), qu’ils se sont vantés sur des vidéos qu’ils les utiliseraient et qu’ils les ont d’ailleurs déjà utilisées dans les combats récents (voir les déclarations de Carla del Ponte).

Rien n’est donc résolu sur le fond et demain d’autres enfants pourraient très bien mourir après avoir été gazés, surtout s’ils sont kurdes, chrétiens, chiites ou alaouites. Mais il semblerait que pour Washington, seul le gaz détenu par Bachar el Assad soit dangereux. C’est en tout cas ce que pense son allié israélien, qui a finalement moins peur d’Assad que des rebelles. En effet, si ceux-ci finissent par remporter la victoire, ils auront accès aux stocks de l’armée syrienne et rien ne dit qu’ils ne vont pas les utiliser contre Israël.

Donc, ce coup monté pour lequel on n’a pas hésité à massacrer des enfants, permettait à la fois d’affaiblir Assad en bombardant la Syrie et de protéger Israël en allant détruire les fameux stocks d’armes chimiques.

Mais la Russie, qui est décidemment très forte ces derniers temps, et qui veut faire comprendre aux USA qu’ils ne sont plus seuls à diriger le monde, est parvenue à éviter ces frappes américaines en proposant la destruction des stocks syriens (qu’Assad n’utilisait quand même pas pour le moment).

 Comme les Occidentaux  (sauf Hollande, qui avait fait de la chute de Bachar el Assad une priorité de sa campagne électorale, en bon valet d’Israël qu’il est) étaient réticents à intervenir et qu’Obama lui-même semblait un peu hésitant (mais la pression de différents lobbies -à vous de deviner lesquels- l’avaient quand même poussé à vouloir frapper militairement la Syrie), tout le monde s’est emparé de la proposition russe avec soulagement.

Evidemment, ceux qui voulaient la guerre (les pro-israéliens Kerry, Hollande et Fabius) ont tout de suite compris l’opportunité qui s’offrait à eux : ils ont dit en substance : d’accord, on n’intervient pas cette fois-ci et on détruit les armes chimiques, mais au moindre dérapage, on ira bombarder la Syrie en représailles. Assad, à qui on a déjà imputé un massacre qu’il n’a pas commis, a tout de suite compris le piège : une fois ses armes chimiques détruites, les djihadistes gazeront quelques centaines de personnes supplémentaires et on le rendra, lui, une nouvelle fois responsable de ce carnage, ce qui justifiera l’entrée en guerre de l’Occident. Le problème, c’est justement qu’il n’aura plus ses armes chimiques pour se défendre (car s’il avait clairement dit qu’il ne les utiliserait pas contre son peuple, il ne s’était pas caché non qu’en cas d’attaque étrangère contre la Syrie, il y aurait recours).

Donc, si on peut se féliciter que l’attaque contre la Syrie a été ajournée, je me montre quand même un peu pessimiste. Les USA n’avaient pas attaqué l’Irak d’emblée. Ils avaient d’abord affaibli ce pays par une première guerre du golfe, puis par un blocus économique et militaire, et enfin en bombardant régulièrement des zones sensibles pendant plus de 10 ans (tuant au passage des civils, femmes et  enfants compris, en très grand nombre, et faisant certainement plus de victimes qu’Assad n’est supposé en avoir fait à Damas). Ce n’est qu’une fois l’armée irakienne affaiblie qu’ils l’ont affrontée directement. Il en a  été de même avec la Libye, Kadhafi ayant renoncé à un certain moment à se doter de  l’arme atomique contre la promesse américaine de ne pas l’envahir. On a vu ce que ces promesses valaient.

Donc, pour revenir à la Syrie, je suis certes content que ce pays ne soit pas bombardé pour une faute que son gouvernement n’a pas commise (car on sait ce que valent les frappes soi-disant chirurgicales), mais je reste pessimiste pour l’avenir. En effet, ces armes chimiques constituaient quand même une belle dissuasion contre toute attaque terrestre d’une armée étrangère.

En attendant Israël doit rire, puisqu’il voit son vieil ennemi s’affaiblir (n’oublions pas que les missiles atomiques israéliens sont pointés sur la Syrie depuis des années et qu’ils vont le rester). En plus, les stocks d’armes chimiques ne risqueront plus de tomber dans les mains des rebelles, qui auraient pu en faire un mauvais usage. Car une arme chimique n’est mauvaise que lorsqu’elle se retourne contre vous et jamais quand elle tue un ennemi. C’est d’ailleurs pour cela qu’Israël dispose lui aussi d’importants stocks d’armes chimiques. Ce ne sont ni les USA ni les Russes qui le lui reprocheront, car ces deux pays, bien qu’ils aient signé la fameuse convention de 1993, se sont bien gardés de détruire l’entièreté de leurs stocks. On ne sait jamais…

Bon, tout cela c’est très bien, allez-vous me dire, mais votre raisonnement depuis le début repose sur un postulat, celui selon lequel Assad serait  innocent et n’aurait pas commis les crimes qu’on lui impute dans la banlieue de Damas. En effet. Mais si on peut douter de la pertinence de mon raisonnement, moi qui ne suis qu’un petit blogueur anonyme, il est d’autres personnes plus illustres qui disent la même chose et c’est avec une certaine satisfaction que j’ai retrouvé certains de mes arguments chez des militaires de haut grade :

 http://www.voltairenet.org/article180213.html

Enfin, pour terminer, moi qui ai assez souvent fustigé la presse pour ses mensonges délibérés dans l’analyse de la crise syrienne, je voudrais ici rendre hommage à un journaliste courageux de La Voix du Nord, qui ose apostropher son rédacteur en chef de manière assez directe tellement il est écœuré par le discours de ce dernier :

http://www.comite-valmy.org/spip.php?article3896

    

Syrie

 

 

 

13/09/2013

De la Syrie (2)

Que les « preuves » qui accusent le président Assad ou son armée d’avoir utilisé des armes chimiques soient fausses, cela ne fait aucun doute.  En effet, comme l’avait reconnu autrefois le chef du renseignement britannique au sujet de la guerre d’Irak :  « Les renseignements et les preuves sont  arrangés en fonction de la politique ».

Donc, la question qu’on peut légitimement se demander, c’est si Obama reçoit les véritables informations ou si au contraire ses services secrets lui mentent en partie. Car on pourrait très bien imaginer qu’un lobby industriel ait influencé ou corrompu des membres des services secrets afin que ceux-ci falsifient certains rapports, ce qui amènerait le président américain à prendre les décisions qu’ils ont envie qu’il prenne.

Or, les gens qui ont intérêt à voir les Etats-Unis s’engager dans ce conflit sont nombreux.

Tout d’abord, il y a tous les marchands d’armes, qui gagnent leur vie grâce aux guerres.

Ensuite, il y a tous les entrepreneurs  qui pourront aller reconstruire un pays en ruine.

Ne parlons même pas des compagnies pétrolières, qui pourraient mettre la main sur les réserves de gaz syriennes ou même construire un oléoduc qui traverserait ce pays, ce qui éviterait aux bateaux provenant d’Arabie ou d’Irak de devoir emprunter le golfe persique, le mer rouge et le canal de Suez, régions dangereuses s’il en est, surtout ces derniers temps, avec l’instabilité politique qui règne dans la région. 

Il y a enfin et surtout  Israël, qui a toujours souhaité voir le régime d’Assad tomber, d’autant plus que ce régime soutient le Hezbollah.

Que s’est –il vraiment passé dans la banlieue de Damas ? Honnêtement, je n’en sais rien.

Les Américains disent que la responsabilité en revient à Assad ou à son armée. Ils disent avoir « suffisamment » de preuves, mais ils ne les montrent pas.

Assad dit que ce n’est pas lui.

Les Russes disent avoir la preuve (elle a été montrée à l’ONU) que les rebelles ont tiré des missiles juste à l’endroit où a eu lieu le massacre. Rien ne dit cependant que ces missiles contenaient des agents chimiques, mais c’est troublant.

Certains opposants ont critiqué l’Arabie, qui leur aurait envoyé des armes chimiques sans les prévenir et sans leur expliquer comment il fallait s’en servir.  Les morts dans leur camp serait donc dû à un accident de manipulation.

D’autres opposants disent que des groupes radicaux parmi eux auraient provoqué l’incident pour obliger les Etats-Unis à intervenir. Ainsi, ils affirment avoir vu des récipients contenant des produits chimiques qui ont ensuite été ouverts dans la banlieue de Damas.

Dans le même ordre d’idée, on pourrait imaginer que l’Arabie, le Qatar et la Turquie, voyant les Etats-Unis un peu réticents à intervenir,  aient agi dans le même sens.

Il en va de même d’Israël, dont il n’est plus à démontrer que les services secrets sont passés maîtres dans des actions en pays étrangers.

Bref,  on voit que les explications sont multiples et qu’il n’est pas évident du tout qu’Assad soit le responsable de ce massacre, puisqu’il est le seul perdant de cette situation (avec les victimes innocentes, évidemment). 

Bref, la situation est si complexe qu’on ne s’y retrouve plus. On sait aussi que l’Etat israélien, qui n’aime certes pas le gouvernement de Bachar el Assad, n’aime pas d’avantage les djihadistes enragés qui pourraient le remplacer. En d’autres termes, le statu quo actuel, où les deux parties s’affrontent en s’épuisant mutuellement, arrangerait bien Jérusalem. Donc, quand Assad prend le dessus, comme c’est le cas actuellement, il faudrait s’arranger d’une manière ou d’une autre pour que les USA viennent tempérer son ardeur.  L’attaque chimique pourrait donc bien être un coup des services secrets israéliens pour obliger son allié à intervenir. Mais si on commence comme cela, cela n’aura plus de fin. Pourquoi, quand les missiles US s’abattront sur Damas ne pas couler un destroyer américain et accuser l’Iran ? Ce serait une belle manière de se débarrasser de ce voisin gênant.

 

Bon, je fais un peu ici de la politique fiction mais parfois la vérité dépasse la fiction. 

Syrie

08/09/2013

De la Syrie.

Il n’est plus possible de se taire sur ce qui se passe en Syrie. Je veux dire, vous l’aurez compris, sur les mensonges dont le Capital se sert tous les jours pour justifier une intervention armée dont vous, citoyens désargentés, allez payer les frais.

On nous avait dit que le méchant Saddam Hussein  avait des armes de destruction massive. Personne ne les a jamais trouvées, même pas le général  qui avait brandi une fiole de poison devant les députés de l’ONU. Et qu’est devenu l’Irak, depuis que l’Occident l’a libéré d’un tyran et lui a apporté la démocratie ? Je vous laisse le soin de compter le nombre des victimes des attentats quotidiens…

On nous avait dit que Kadhafi avait bombardé sa population qui réclamait un peu de liberté. Un médecin  libyen, exilé à Genève, était monté à la tribune de l’ONU et avait parlé de 6.000 morts. On connaît la suite. L’Otan a bombardé et détruit ce pays, rasant des villes et faisant plus de 70.000 morts. On sait aujourd’hui que ce médecin n’avait d’autres preuves que les dires invérifiables de ses amis restés en Libye, lesquels, depuis, sont devenus ministres dans le nouveau régime qu’ils ont contribué à mettre sur pied par leurs mensonges. Et qu’est devenue la Libye aujourd’hui, ce pays le plus riche d’Afrique qui vivait de son pétrole ? C’est devenu un pays arriéré où des factions diverses se massacrent entre elles, tandis que le groupe Total exploite à son profit les puits de pétrole.

Et maintenant, que nous dit-on à propos de la Syrie ? Toujours la même chose, à savoir qu’un affreux dictateur est entrain de massacrer ses opposants. Ce dictateur serait tellement mauvais qu’il aurait sciemment gazé sa propre population, n’épargnant même pas les enfants. L’Occident généreux, une nouvelle fois, se propose d’aller rétablir la démocratie dans cette région du monde.

Les exemples précédents de l’Irak exsangue et de la Libye anéantie nous demandent pourtant de garder la tête froide et de réfléchir avant de donner notre assentiment à une  intervention armée qui risquerait bien de dégénérer en conflit généralisé (car la Syrie n’est pas seule, elle, étant secondée par l’Iran et la Russie). 

On nous dit que la Syrie possède des armes chimiques. C’est vraisemblable, toutes les armées en ont. Bachar el Assad, cependant, avait dit qu’il ne les utiliserait jamais contre son peuple (ce qui veut dire aussi qu’il pourrait les utiliser contre une agression étrangère si celle-ci devait avoir lieu, car il n’a jamais signé aucune convention de non-utilisation pas plus qu’Israël d’ailleurs). Aurait-il menti ? Rien n’est impossible. Pourtant, quel intérêt aurait-il eu d’utiliser de telles armes chimiques alors que d’une part son armée était en train de remporter la victoire (chaque jour des zones occupées par les soi-disant rebelles – en réalité un ramassis d’intégristes étrangers armés et payés par l’Occident- étaient reconquises) et que d’autre part des enquêteurs de l’ONU étaient justement présents à Damas. Je veux bien admettre qu’Assad soit un dictateur, mais il n’est pas fou et il a prouvé par le passé qu’il savait se montrer très prudent. Quel intérêt aurait-il eu d’utiliser des armes chimiques à dix kilomètres des enquêteurs internationaux ? Surtout que ces derniers venaient suite aux déclarations de Carla del Ponte elle-même, qui avait assuré que c’étaient les rebelles qui s’étaient rendus responsables, précédemment, de tels actes.  L’armée régulière avait en effet découvert des armes chimiques bien dissimulées dans des tunnels qui étaient sous contrôle des djihadistes, armes chimiques qui comme par hasard provenaient d’Arabie, de Turquie et d’Europe.

Bref, les inspecteurs de l’ONU étaient à Damas pour enquêter sur les décès suspects qui avaient déjà eu lieu précédemment. Ils étaient donc à deux doigts de révéler au monde entier que l’Occident avait fourni des armes chimiques à des intégristes enragés et que ceux –ci n’avaient pas hésité à s’en servir. Et voilà que fort à propos survient une nouvelle attaque chimique, immédiatement imputée au régime, celle-là. On parle de 300 morts, de 1.300, de 1.600, les chiffres varient, ce qui prouve bien que rien n’est vraiment sûr ni vérifié. Bref, le monde entier s’alarme (ou plus exactement la presse occidentale, qui appartient aux industriels et aux vendeurs de canons, ne l’oublions pas, alarme le monde entier). L’ordre est donc donné aux inspecteurs de l’ONU de délaisser l’enquête en court et de se rendre sur les lieux du nouveau massacre, survenu comme par hasard au meilleur moment.

Qu’Assad en soit le commanditaire me semble fort improbable car il avait tout à perdre en agissant de la sorte. Par contre, pour ce qui est du camp adverse…

Qu’il y ait eu des morts et même beaucoup, cela ne fait aucun doute. Qu’on ait utilisé des armes chimiques, cela semble évident. Que le gaz ait été du sarin (bien connu de tous à cause de son utilisation lors de la guerre de 14-18), comme on tente de le faire croire pour émouvoir l’opinion, parait au contraire fort peu probable. En effet,  les symptômes dont souffrent  les victimes ne correspondent pas aux symptômes occasionnés par le sarin.

A ce propos, je tiens à signaler l’incohérence des articles publiés lors des premières attaques chimiques (celles que l’on a déjà tenté d’attribuer au régime d’Assad, mais qui selon Carla del Ponte provenaient bien du camp des « rebelles »). J’ai lu que les médecins avaient administré jusqu’à quinze doses d’atropine pour maintenir les victimes en vie. Or, tout citoyen ordinaire qui comme moi a effectué autrefois son service militaire sait qu’au-delà de deux doses, l’atropine est mortelle. C’est pour cela qu’on nous recommandait bien, si on devait jamais administrer une dose à un soldat blessé, de laisser l’ampoule vide bien en vue sur son uniforme, afin qu’une fois celui-ci transporté à l’hôpital, un médecin n’aille pas lui en administrer deux doses supplémentaires, ce qui l’aurait tué immanquablement. Tout cela pour dire que ces articles qui sont supposés recueillir les propos des médecins qui soignent les rebelles ne sont qu’un tissu de mensonges.

Mais revenons à ce qui nous occupe, à savoir la dernière attaque chimique qui a eu lieu, celle pour laquelle Obama et Hollande veulent punir Assad au nom de la morale. On remarquera qu’on nous a surtout montré des enfants. Aucun adulte n’aurait donc été touché ? Où étaient les parents de ces enfants quand les gaz les ont frappés ? Ce sont des questions que je me suis posées mais auxquelles je n’avais pas de réponse. La réponse, horrible, on la trouve peut-être ici :

 http://www.voltairenet.org/article180127.html

http://www.comite-valmy.org/spip.php?article3874

Qu’ajouter après cela ? Ces articles sont-ils mensongers ? C’est possible, mais jusqu’à preuve du contraire je les tiens pour plus véridiques que ceux que l’on trouve dans notre presse. En effet, comme je l’ai déjà dit, Assad n’aurait eu aucun intérêt à utiliser des armes chimiques alors que son armée était tout doucement en train de gagner la guerre. Par contre l’opposition avait tout intérêt à arrêter l’avancée de cette armée en obligeant la communauté internationale à intervenir. Or on sentait Obama assez hésitant sur ce sujet. Malheureusement, il avait prononcé il y a un an une phrase qui se retourne maintenant contre lui. Il avait dit que l’usage d’armes chimiques constituerait une  ligne rouge à ne pas franchir. Il suffisait donc de fabriquer des preuves, d’utiliser des enfants pour cela afin d’émouvoir la planète entière et d’imputer le crime au régime syrien.

Hollande et Cameron, sans même attendre les résultats de l’enquête de l’ONU, décident de partir en guerre. Cameron, cependant, est désavoué par son parlement. Du coup, Obama, qui hésite mais qui n’a pas le choix (car le lobby des armes et le lobby israélien le poussent à passer à l’action), se résigne à intervenir, mais il renvoie la responsabilité de l’attaque à son propre parlement. Hollande se retrouve donc seul, mais fidèle à ses convictions puisqu’il avait déjà annoncé lors de sa campagne électorale qu’il ferait de la chute de Bachar el Assad une priorité de son quinquennat. On ne parlait pourtant pas encore à l’époque d’armes chimiques. En quoi la politique d’Assad menaçait-elle la France ? Je ne dis pas que son régime soit le meilleur qui soit, mais au moins permettait-il aux pratiquants de nombreuses religions différentes de cohabiter en harmonie. Au lieu de cela l’Occident a attisé la haine entre sunnites et chiites, il a armé et entraîné des enragés de Dieu venus des quatre coins de la planète et il leur a demandé de mener cette guerre à sa place. Ceux-ci n’y parvenant finalement pas, il faudra bien intervenir directement. Et pour cela, il faut bien manipuler l’opinion.

 

Mais on pourrait légitimement se demander en quoi l’utilisation  de gaz est plus horrible que l’agent orange répandu au Vietnam  par les Américains ou que les bombes à uranium appauvri utilisées en Irak et en Libye, lesquelles ont contaminé nos propres soldats et qui continuent à contaminer la population de ces pays (voir le nombre effroyable d’enfants qui naissent handicapés). Est-il plus grave de mourir à cause du gaz que de sauter sur une des mines qu’Israël a généreusement laissées derrière lui au Liban ? Tout cela est fort relatif. D’autant que les Américains eux-mêmes avaient fourni à Saddam Hussein tout le gaz qu’il voulait quand il s’agissait de le déverser sur l’Iran (le plus grand crime de ces ennemis des USA étant d’avoir destitué le Shah et d’avoir repris possession de leurs puits de pétrole). Bref, tout cela est fort relatif et on voit que lorsqu’on veut substituer la morale au droit (en attaquant sans accord de l’ONU sous un prétexte humanitaire) il s’agit toujours de la morale du plus fort. 

Syrie

24/06/2013

Le retour des dictatures ?

On connaissait le pouvoir des banques et de la haute finance et on savait que les gens qui sont derrière ces institutions  s’enrichissent toujours, ce qui n’est pas forcément le cas des citoyens ordinaires. On savait aussi que les banques étaient prêtes à tout pour accroitre leurs bénéfices, mais ce qu’on ne savait pas, c’est que cela se ferait à notre détriment et d’une manière organisée et planifiée.

Je vous propose donc de lire l’article ci-dessous attentivement, il vaut assurément le détour. En gros, on y explique que pour que les banques continuent à faire du profit, il faudrait un peu restreindre les acquis sociaux des citoyens, mais comme ces derniers (ou du moins certains de ceux-ci) ne semblent pas d’accord, il faudrait songer à saper les bases de la démocratie et à mettre en place des régimes beaucoup plus durs, quasi dictatoriaux, pour empêcher toute tentative de révolte.

http://www.comite-valmy.org/spip.php?article3616

Bon, on va me dire que c’est là un article tendancieux, issu des mouvements  d’extrême-gauche. Certes, mais qui peut être certain qu’il ne dit pas la vérité ? Ce qui est sûr, par contre, c’est que notre presse classique (qui est aux mains, justement, de la haute finance) ment sans arrêt. Il suffit de voir les sornettes qu’on nous a livrées sur l’Irak (armes de destructions massives), sur la Libye (6.000 civils tués par l’aviation de Kadhafi) et aujourd’hui sur la Syrie (utilisation de gaz sarin par l’armée régulière) pour se rendre compte que cette presse officielle ment tout le temps. Depuis les USA ont reconnu s’être trompés en Irak (la version des armes de destructions massives provenait d’un opposant et non de l’ONU, opposant qui a ensuite été récompensé pour ses mensonges en devenant  vice-premier-ministre d’Irak). Quant à la Libye, on sait que le vote à l’ONU a été obtenu sur base des déclarations d’un médecin libyen en exil à Genève, lequel se basait sur les dires de ses amis restés en Libye, amis qui depuis, sont évidemment devenus ministres dans le nouveau régime. Bref, ils ont menti pour faire tomber Kadhafi et ont été les premiers bénéficiaires du changement. Pour ce qui est de la Syrie, Carla del Ponte elle-même avait dit que le seul gaz sarin qui avait été utilisé l’avait été par les rebelles eux-mêmes. Malgré cela, des journalistes du  Monde tentent de faire croire qu’ils ont ramené des échantillons de sang qui prouvent l’utilisation de ce gaz par l’armée régulière. Mais les conditions d’acheminement de ces échantillons sont si rocambolesques qu’on a du mal à les croire fiables (n’importe qui ayant pu ajouter n’importe quoi à ces échantillons). De plus les articles de presse relatant les faits sont ridicules : aucune convulsion chez les personnes soi-disant atteintes, mais une irritation des yeux qu’on soigne  par de simples gouttes ophtalmiques. Sans parler des absurdités médicales qui sont écrites, comme ces quinze doses d’atropine administrées au même patient, alors qu’il aurait dû succomber à la troisième dose.

Bref, tout cela pour dire que si mon article du Comité Valmy est tendancieux, il ne l’est certes pas plus que les articles de la presse officielle. Il le serait plutôt moins, car il n’a à défendre que la vérité et des idées, tandis que la presse classique défend les intérêts économiques de certains.

Oui, mais me direz-vous, le Comité Valmy reprend de nombreux articles du Réseau Voltaire, or le Réseau Voltaire, c’est Thierry Meyssan et Thierry Meyssan c’est celui qui soutient que les attentats du 11 septembre 2001 à New-York ont été commandités par ceux qui voulaient justifier l’invasion de l’Irak (invasion qui était par ailleurs programmée bien avant ces attentats).  C’est donc là une hérésie, me direz-vous et cela discrédite le travail de ce journaliste.  C’est en tout cas ce que j’entends autour de moi quand je parle du Réseau Voltaire.

Mais si Thierry Meyssan avait raison ? Après tout sa version n’est pas plus farfelue que la thèse officielle, qui soutient que l’avion qui a percuté le Pentagone s’est « dématérialisé » (puisqu’on n’en a  retrouvé aucune trace), ce qui est quand même difficile à croire. Sans compter que cela n’explique pas comment cet avion  a pu traverser un mur de béton armé en ne laissant qu’un trou de quelques mètres carrés (ce qui ferait plutôt penser à un tir de missile). Mais passons, ce n’est pas le lieu de débattre de ce problème.

J’ajouterai cependant que si les thèses de Meyssan restent des hypothèses (mais plus que crédibles), il est d’autres faits, historiques ceux-là, qui démontrent que ce ne serait pas la première fois qu’un pays tue des innocents dans son propre camp pour soulever l’opinion mondiale en sa faveur. Ainsi, le 08.06.1967, deux jours avant la fin de la guerre des Six Jours, Des Mirage et des torpilleurs israéliens attaquent le navire américain « USS Liberty ». Ce bateau n’était pas armé et se trouvait dans les eaux internationales. On a même tiré sur les canots de sauvetage, afin de ne laisser personne en vie. En effet, le but était d’accuser l’Egypte de Nasser afin  que les Etats-Unis soutiennent Israël dans sa guerre contre le monde arabe. Malheureusement (ou plutôt heureusement), un bateau soviétique croisait dans les parages et a pu relater les faits. Israël a alors évoqué une erreur de tir et les choses en restèrent là (enfin, pas vraiment car l’absence de réaction des Etats-Unis fit comprendre à Israël qu’il avait le soutien inconditionnel de la plus grande puissance du monde).

Ce fait semble incroyable, mais il est pourtant historique et authentique. Dès lors, tous les articles « incroyables » que l’on lit sur les sites du Réseau Voltaire ou du Comité Valmy pourraient bien être vrais eux aussi. En tout cas ils semblent bien plus crédibles que ceux que l’on lit dans la presse officielle. Et dès lors, ce qui est dit plus haut du désir de JP Morgan d’imposer des dictatures en Europe ne devrait peut-être pas être pris à la légère. 


1967, Grèce, mise en place de la dictature des Colonels

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10/05/2013

Syrie, la destruction programmée d'un peuple.

Il n'y a rien à dire. Il suffit de regarder ces images pour comprendre. Et n'oubliez pas que nos gouvernements soutiennent et arment les rebelles avec notre argent. Faire semblant de ne pas le savoir, c'est se rendre coupable d'un génocide. 

 

http://www.voltairenet.org/article178364.html

26/03/2013

De la publicité

Quand on y réfléchit bien, ce ne sont plus des produits que le discours publicitaire nous vend. En effet, j’ai déjà chez moi tous ceux  dont j’ai besoin, donc pourquoi irais-je en acheter d’autres ? Parce qu’ils seraient meilleurs ? Mais ils ne le sont pas et je le sais. Donc il a fallu miser sur autre chose, pour tenter de me convaincre. Et cette autre chose, c’est l’ambiance et le rêve. Nivea n’est pas seulement une crème, c’est d’abord un moment de douceur partagé entre une mère et son enfant, dans une ambiance familiale pleine de tendresse. Tel shampoing n’est ni meilleur ni plus mauvais qu’un autre, mais il renforce l’éclat de vos cheveux, Mesdames et donc vous rend irrésistibles. Comme le déodorant Axe vous rend plus virils et plus attractifs, Messieurs. La publicité fait donc appel à ce que nous voudrions être, des espèces de surhumains qui auraient toutes les qualités pour séduire et donc pour plaire. Car derrière tout cela, il y a l’amour et la tendresse, que chacun espère et qu’il n’a pas toujours, dans ce monde égoïste réglé par le rendement, la performance et la compétition.

Le produit qu’on veut me vendre serait donc un moyen que je n’aurais qu’à saisir pour atteindre ce rêve qu’est l’amour ou du moins l’amitié (ah, ces fromages de chèvre qu’on déguste entre amis sur la terrasse d’une vieille ferme provençale un peu rustique !). On me vend donc de l’immatériel et on fait appel à mon besoin d’affection et de partage pour me le vendre. Le paradoxe, c’est que cette société marchande, basée uniquement sur l’argent, fait justement bien peu de cas de l’amour et des relations humaines en général puisqu’elle nous demande avant tout d’être performants dans notre travail et d’être de bons consommateurs à titre privé. Ces relations humaines qu’elle détruit sans état d’âme, elle les emploie dans la publicité pour nous faire acheter ces satanés produits dans le seul but est d’enrichir encore plus quelques privilégiés avides d’argent. Mais comme elle sait que nous souffrons de carences affectives dans cet environnement uniquement composé d’objets commerciaux sans intérêt (environnement qu’elle a créé elle-même et qu’elle nous a imposé), elle en profite pour nous faire rêver à ce que nous avons perdu à cause d’elle et cela dans le seul but de vendre encore et encore.

Triste époque.

17/02/2013

Cheval

On parle beaucoup du cheval ces derniers jours. 

Cela me semble un juste retour des choses. L'histoire n'est-elle pas cyclique ?

 

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14/02/2013

Afghanistan, Syrie, Mali : partout les mêmes bombardements.

« Dix civils, en grande partie des femmes et des enfants, ont été tués dans la nuit de mardi à mercredi lors d'un bombardement de l'Otan dans la province du Kunar, un bastion taliban de l'est de l'Afghanistan » peut-on lire dans la presse. Concrètement, cela signifie que rien ne distingue les actions de l’Otan (qui s’était aussi distingué en Libye par ses bombardements intensifs de certaines villes)  de celles menées par l’aviation syrienne de Bachar el Assad.  Dans les deux cas, le nombre de victimes civiles innocentes est élevé.

La différence, cependant, c’est que l’armée syrienne tente comme elle peut de stopper l’avancée de djihadistes étrangers qui se sont infiltrés sur son territoire et qui déstabilisent le pays. On sait que ces djihadistes n’hésitent pas à tuer,  torturer et violer tous ceux qui ne partagent pas leurs convictions religieuses rétrogrades. Que peut donc faire l’armée syrienne ? Si elle laisse ces bandes de rebelles financés et armés par l’Arabie et le Qatar massacrer sa population, on lui reprochera son absence de réaction et on dira qu’elle n’est plus maître du pays. Si elle s’emploie à les attaquer, on lui reproche non seulement les victimes civiles collatérales, mais même la mort des djihadistes. En effet, ceux-ci n’étant pas des soldats au sens strict, ils sont généralement comptés parmi les victimes civiles.

Il y a donc deux poids deux mesures. Il y a les bons bombardements de l’Otan qui luttent contre des terroristes (en fait, généralement des hommes qui s’opposent à  l’invasion de leur pays et qu’on avait par ailleurs armés autrefois contre les Russes) et les mauvais bombardements d’Assad, lequel s’en prendrait à de braves opposants épris de démocratie.

Passons. Le parti-pris de notre presse est tellement scandaleux que cela ne vaut même plus la peine de relever ses aberrations.

Par contre, j’entends tous les jours que l’armée française, qui combat aussi de méchants terroristes au Mali (en partie les mêmes qui étaient soutenus, financés et armés par Sarkozy quand ils combattaient Kadhafi pour le plus grand bonheur du groupe pétrolier Total, qui a maintenant la mainmise sur les puits de pétrole libyens) j’entends dire, donc, que l’armée française n’arrête pas de bombarder les quartiers où se sont retranchés les rebelles. Ce qui m‘étonne grandement, c’est l’habileté de nos pilotes, qui, si on en croit la presse toujours, parviennent à tuer les djihadistes (lesquels se sont honteusement dissimulés parmi la population) sans faire de victimes civiles. Curieux. Car avouez que s’il y avait jamais des victimes innocentes, on pourrait reprocher à l’armée française ce que Fabius et Hollande reprochent à Bachar el Assad. Sauf qu’il est chez lui en Syrie et que nous ne sommes pas chez nous au Mali.

Le problème, c’est qu’une certaine presse indépendante commence à donner des exemples de familles décimées par notre aviation. C’est embêtant.

 http://www.youtube.com/watch?v=pg4bXBJOHlM

Ce qui est embêtant aussi, c’est que les djihadistes, qui avaient battu en retraite les premiers jours, semblent avoir décidé de passer à la contre-offensive en appliquant la bonne vieille tactique de la guérilla. Cette tactique, on la connaît bien, cela fait des années qu’on essaie de l’éradiquer en Afghanistan et on n’y est jamais arrivé. La preuve, on finit par quitter ce pays en claironnant bien haut notre victoire pour mieux cacher notre défaite. Si les djihadistes au Mali commencent eux aussi avec des attentats suicides et s’ils commencent à miner le terrain, nous sommes partis pour des années de présence militaire et forcément il y aura des victimes dans nos forces armées. Ce n’est pourtant pas ce qu’on nous avait promis lorsque nous sommes partis en guerre. On nous avait promis que cela serait court. Il est vrai que le lendemain on nous a dit que cela durerait le temps qu’il faudrait. Bref, cela signifie que cela peut durer encore longtemps.

Le problème c’est qu’une armée qui combat à l’étranger, cela coûte cher. En cette période de restriction budgétaire où on demande à tous les citoyens de se serrer la ceinture, c’est tout de même un peu dérangeant. Je n’ai personnellement aucune sympathie pour ces djihadistes fous de Dieu, mais au lieu d’aller les combattre au Mali, n’aurait-il pas été plus simple de ne pas les financer autrefois en Libye ? Et ne pourrait-on pas demander à nos amis d’Arabie et du Qatar (pays où la condition de la femme mériterait quand même qu’on pose quelques questions aux dirigeants de ces pays) d’arrêter de financer ces Salafistes qui sont en train de semer la terreur dans tout le monde arabe ?

Non, on ne dira rien, car les actions de ces Salafistes nous arrangent bien. Nous qui nous félicitons de la laïcité de nos institutions, nous sommes en train de faire tomber les uns après les autres les régimes arabes laïcs. La Libye est sous la coupe des anciens d’Al Quaïda et on y remet la Charia au goût du jour, l’Egypte est au bord de la guerre civile,  la Tunisie est en proie à une grave crise politique qui risque de se terminer par la prise du pouvoir par des religieux intégristes. Quant à la Syrie, elle pourrait bien éclater demain en une série de petits états confessionnels (un pour les druzes, un pour les Chrétiens, un pour les Alaouites, un pour les Sunnites, sans parler des Kurdes et des Maronites).

Bref, les pays arabes seront exsangues, divisés, en proie à un fanatisme religieux d’un autre âge, et des attentats suicides s’y produiront tous les jours (voyez l’Irak « pacifié » par les troupes américaines). L’avantage, cependant, c’est que nous n’aurons même pas eu à intervenir, puisque les Salafistes auront fait le travail à notre place. Le principal, c’est que les nouveaux dirigeants acceptent d’emprunter auprès du FMI (ce qu’ont déjà fait les Frères musulmans égyptiens). En attendant, le grand gagnant, c’est Israël, qui ne verra plus de nations arabes militairement puissantes à ses frontières. De plus, une fois le fameux printemps arabe terminé, tous ces états seront avant tout confessionnels. On ne sera plus syrien, on sera d’abord Sunnite, comme on ne sera plus tunisien, mais Salafiste de tendance wahhabiste. Voilà qui devrait réjouir les conservateurs israéliens, qui pourront voir dans la religion une justification de leur état. Malraux n’avait-il pas dit que le XXI° siècle serait religieux ou ne serait pas ?

Remarque : en fait, cette phrase de Malraux n’est pas certaine. Il aurait plutôt dit « le XXI° siècle sera mystique ou ne sera pas », ce qui n’est pas tout à fait la même chose. Comme il est possible aussi qu’il n’ait rien dit du tout car personne n’a jamais retrouvé de trace écrite de cette fameuse phrase, l’intéressé lui-même ayant nié l’avoir prononcée. Mais bon, cela sonnait bien à la fin de mon article et après tout on n’est plus à un mensonge près…

Syrie, Mali

25/01/2013

Dans le métro

Il était entré dans le métro en même temps que moi et je ne faisais pas attention à lui. Puis subitement, comme les portes étaient toujours ouvertes, il est redescendu sur le quai. Sans le vouloir, il m’a un peu bousculé et s’est excusé très poliment.

Pourquoi sortait-il de la rame dans laquelle il venait d’entrer ? Etrange. C’est là que je l’ai regardé. Trente-cinq à quarante ans, une barbe courte, une veste normale, le capuchon de son pull sur la tête, il tenait en main un sac en plastique.

Puis subitement il s’est mis à parler tout seul. C’est là que j’ai compris que quelque chose n’allait pas. Il parlait parce qu’il était perdu et qu’il n’en pouvait plus de tout le silence qu’il avait enduré depuis des jours.  Du coup, son sac en plastique, qui m’avait d’abord paru anodin, prit tout son sens : c’était son seul bagage, son seul avoir dans la grande ville où il devait sans doute chercher chaque soir un endroit où dormir. Peut-être ici, justement, dans les couloirs du métro.

Lui, continuait à parler, en nous regardant tous, nous qui étions restés à l’intérieur. Ce qu’il disait était un peu incohérent et je ne pourrais pas le retranscrire ici. Moi je regardais ses yeux : des yeux plein de gentillesse, ceux d’un homme perdu à qui la vie n’avait pas fait de cadeau.

Puis tout en me fixant moi, il a continué son discours en arabe. Mais calmement, posément, sans élever la voix. Il n’avait rien d’un fou privé de raison. C’était un homme, tout simplement, un homme qui disait sa souffrance et qui regrettait l’indifférence de ses semblables. C’est du moins ce qu’il me semblait comprendre, à travers son langage pour moi inconnu.

Les portes se sont finalement refermées avec un claquement sec et le métro nous a emportés, laissant là sur le quai cet Arabe qui resterait à jamais un étranger.

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21/01/2013

De la guerre au Mali.

Sur ce site Marche romane, j’ai toujours marqué mon opposition à l’invasion de la Libye et à l’actuelle déstabilisation de la Syrie. Indépendamment de ce que l’on peut penser des régimes de Kadhafi et de Bachar-el-Assad, qui n’ont rien de très démocratiques, il faut cependant reconnaître qu’ils offraient l’avantage de faire vivre ensemble et dans la paix des peuples de races et de religions différentes. Ces deux régimes avaient aussi comme caractéristique de s‘opposer à la domination occidentale et à celle du grand capital, ce qui, de leur point de vue, me semble respectable. Pourquoi devraient-ils se soumettre à une influence étrangère qui vient piller leurs ressources comme au temps des colonies ? De plus, le niveau de vie de la population n’était pas si mauvais que cela. En Libye, une grande partie de l’argent du pétrole était réinjecté par l’Etat dans l’économie locale. Il existait des banques alimentaires pour les plus démunis et les familles nombreuses, tout le monde pouvait faire des études et la condition féminine n’avait rien à voir avec ce qui se passe chez nos amis saoudiens, par exemple, puisqu’il y avait des femmes médecins, avocats, professeurs d’université, etc. En Syrie, que je sache, existait une grande liberté religieuse. Même si Bachar–el-Assad s’appuie essentiellement sur les Alaouites, les femmes portent ou ne portent pas le voile, selon le courant de l’Islam auquel elles appartiennent. Il y a des Chrétiens, des Kurdes, des Arméniens, des Maronites, etc. et ces gens vivaient quand même en grande harmonie dans un pays qui n’était pas pauvre et qui pouvait se défendre militairement et se faire respecter.

Bref, l’Occident a armé des intégristes musulmans pour faire tomber Kadhafi (qu’on a exécuté pour être certain que ses nombreux partisans ne poursuivent pas la lutte) et aujourd’hui pour chasser Assad du pouvoir. Une partie de ces intégristes musulmans, une fois la guerre terminée en Lybie, sont partis combattre en Syrie (preuve que la guerre « civile » qui y règne n’a rien d’un soulèvement intérieur),  tandis que l’autre partie s’est dirigée vers le Mali, avec toutes les armes qu’ils ont pu trouver (celles que l’Occident leur avait données et celles qu’ils ont volées dans les stocks de l’armée libyenne en déroute).

Bref, on se retrouve aujourd’hui avec des djihadistes qu’on soutient en Syrie et d’autres (les mêmes) qu’on combat au Mali.

Dans mon dernier billet, tout en soulevant toutes ces contradictions de l’Occident, j’ai eu la naïveté de dire qu’il convenait quand même, au Mali,  de combattre ces intégristes qui imposent la charia et détruisent des monuments classés sous prétexte qu’ils ne correspondent pas à leur foi (ce qui en dit long sur leur ouverture d’esprit). Depuis, cependant, j’ai un peu réfléchi et je me suis dit que je m’étais peut-être laissé influencer par la propagande officielle.

En effet, on se souvient qu’avant d’envahir l’Afghanistan, on nous a bien abreuvés d’articles sur la destruction des statues bouddhiques par les Talibans.  On nous a expliqué aussi comment ils pratiquaient une justice sommaire et n’hésitaient pas à lapider une femme adultère (laquelle, la pauvre, avait été mariée de force à 15 ans à un homme de 50 ans et qui voulait juste vivre le grand amour avec un homme de son âge). Tous ces événements étaient vrais et c’est bien pour cela que je n’aime pas les régimes qui s’appuient sur la religion et que je leur préfère des régimes laïcs (la France ne cesse d’ailleurs de répéter avec fierté qu’elle tient à la laïcité de ses institutions) comme l’étaient ceux de Kadhafi et de Bachar-el-Assad. Ces événements étaient vrais mais on les a bien mis en évidence dans notre presse pour justifier l’invasion de l’Afghanistan.

Alors, ici, avec le Mali et la destruction des mausolées de Tombouctou, je me demande si on n’est pas en présence de la même propagande. Plutôt que d’avouer qu’on a commis une belle bêtise en armant les djihadistes contre la Libye puisqu’ils retournent maintenant ces armes contre nous, on se contente de les laisser avancer le plus loin possible à l’intérieur du Mali,  on relate abondamment toutes leurs exactions (que je n’approuve certes pas), puis on passe à l’offensive militaire. Pour le dire autrement, est-ce qu’ils ne font pas fonction d’idiots utiles ? Parfois on les envoie au front pour faire tomber les régimes qui ne nous plaisent pas et parfois on se sert de leur présence dérangeante pour s’imposer militairement dans une région où nous avons pas mal d’intérêts économiques.

Mais ces guerres coûtent cher. Très cher même. Alors qu’on demande aux citoyens occidentaux de se serrer la ceinture (dette publique et désir de respecter les fameux 3% du traité de Maastricht), subitement on retrouve de  l’argent pour aller au Mali. Là il n’y a aucun problème. Et on nous ressert le discours humanitaire habituel : il faut aller protéger les populations du sud du Mali, pays démocratique s’il en est. Bref, on ne fait même plus de l’ingérence humanitaire, mais de la prévention humanitaire. Je ne dis pas que la population noire ne mérite pas, en effet, d’être protégée de ces islamistes enragés qui ont tout d’une bande mafieuse. Ce que je dis, c’est que j’ai des doutes quand François Hollande, la main sur le cœur, nous dit qu’il est du devoir moral de la France d’aller aider la population la plus pauvre du globe afin d’éviter qu’elle ne tombe plus bas encore. Mais si le Mali est notre ami et si la misère y règne, pourquoi la France a-t-elle attendu cette invasion islamiste pour voler à son secours ? On a eu cinquante ans (depuis la décolonisation) pour aider ce pays à se relever et on n’a pas fait grand-chose, que je sache. Or ici, on a été capable en quelques heures de mettre sur pied une armada militaire qui coûte certainement plus cher que l’aide alimentaire ou économique que l’on aurait pu apporter. Tout cela me semble louche. La rapidité de notre intervention aussi, qui laisse supposer que tout était prêt de longue date et qu’on n’attendait qu’un prétexte pour entrer en action.

Après la guerre de Sarkozy contre la Libye (dont Total est certainement le grand gagnant et pas le peuple libyen), après le coup d’Etat (appelons-le comme cela) qui a permis à la France de renverser le président Gbagbo au profit d’un ancien du FMI, Alassane Ouattara, on peut dire que la France est très présente dans la région. S’emparer du Mali permettrait d’asseoir son influence du Maghreb et des côtes méditerranéennes jusqu’au golfe de Guinée.

Donc, au vu de ce qui précède, j’en viens à me demander si on ne nous manipule pas une nouvelle fois (les Talibans n’avaient pas grand-chose à voir avec la destruction des tours de New-York, Sadam Hussein n’avait pas d’armes de destruction massive, Kadhafi n’a jamais envoyé son aviation tuer 6.000 civils et ce n’est certainement pas Bachar-el-Assad qui commet des attentats tous les jours dans les zones qui sont sous son contrôle). A partir du moment où des islamistes intégristes ne servent pas nos intérêts (Libye, Syrie) mais se tournent contre des pays qui se montrent très coopératifs avec nos industriels, il faut les arrêter. Pour que la population occidentale accepte les frais de cette guerre, il suffit de demander à la presse de les diaboliser tous les jours (et certes, leurs exactions ne  manquent pas). L’armée française était présente sur le terrain depuis longtemps et elle cherchait un prétexte pour s’implanter au Mali. Ces idiots de djihadistes viennent de lui en fournir l’occasion.

Remarquez en passant qu’on se garde bien de divulguer les horreurs commises par les islamistes qui combattent actuellement en Syrie. Il y a donc bien deux manières de présenter les événements, ce qui laisse planer quelques doutes sur les motifs réels de notre présence militaire au Mali. Quelque part, François Hollande poursuit donc la même logique expansionniste que son prédécesseur Sarkozy.

Mais, m’objecterez-vous, si la Libye avait du pétrole, si la Syrie a du gaz et représente en outre une menace pour Israël, que peut-on dire du Mali, un des pays les plus pauvres du monde ? Ces gens-là n’ont rien et notre action, purement désintéressée, se place dans la droite ligne de la France révolutionnaire de 1789, ouverte et généreuse. Ne croyez pas cela. Si la population malienne est pauvre, le sous-sol du pays, lui, ne l’est pas. Le Mali est un des premiers producteurs d’or au monde et il possède d’importants gisements d’uranium, sans parler du fer, du cuivre, de l’étain, du manganèse et du phosphate.

Quand on sait cela, on peut quand même se poser la question de savoir si notre intervention vise à sauver la population du joug islamique ou plutôt à conserver l’accès de nos industriels à tous ces gisements précieux.

Bon, me direz-vous, c’est un peu normal. D’accord, notre intention n’est pas purement humanitaire, mais au moins l’argent que la France va dépenser dans cette guerre va profiter à notre industrie, ce qui n’est quand même pas une mauvaise chose en période de crise. Je veux bien, mais de quelle industrie française parlez-vous ? Ces grands groupes, Total et Elf en tête, paient moins d’impôts que vous. Il s’agit en fait de multinationales qui n’ont aucune attache. Elles vont là où sont leurs intérêts et à partir du moment où elles ne paient pas d’impôts en France, pour moi elles ne sont plus françaises.  On demande en fait aux citoyens de financer une guerre qui ne profitera qu’à ces grands groupes financiers et industriels et ni à la France ni aux Français. C’est le Capital dans  toute son ampleur. Si les citoyens s’en rendaient compte, ils s’insurgeraient, évidemment. Aussi est-il utile de les monter contre ces affreux islamistes et de présenter cette guerre comme un acte humanitaire désintéressé. Du coup le citoyen veut bien ouvrir son porte-monnaie pour cette noble cause, comme il l’a fait déjà pour faire tomber l’affreux Kadhafi ou le méchant Assad.

D’ailleurs les habituels donneurs de leçon refont surface. Après Fabius et Hollande, voilà Kouchner qui vient justifier cette guerre au Mali. Il ne manque plus que BHL et ils seront tous là.

Une autre chose qui m’inquiète (et qui tend à prouver malheureusement que j’ai raison quant aux motifs réels de cette intervention) c’est la durée de l’opération. Alors que Laurent Fabius avait d’abord parlé de quelques semaines (histoire de rassurer, sans doute), le chef de l‘Etat dit maintenant que l’armée française restera au Mali « le temps nécessaire » pour éradiquer le terrorisme. Voilà qui peut durer longtemps, si on regarde le précédent afghan…  Bref, on nous ment et le but réel de l’opération est bien de rester à demeure dans ce pays d’Afrique. Comme on ne peut plus dire comme autrefois qu’on en fait une colonie, on affirme qu’on vient protéger sa population.

Au moins, elle ne tombera pas sous l’emprise des islamistes, me direz-vous. C’est déjà cela, en effet, je le concède. Mais je regrette que personne ne signale que si ces islamistes sont bien armés, c’est en grande partie à cause de nous (la guerre en Libye) ou à cause de pays amis comme le Qatar ou l’Arabie. Si on laisse les monarchies du golfe financer ces enragés de Dieu, c’est qu’ils nous sont utiles, soit pour combattre sur le terrain à notre place, soit pour justifier notre intervention quand c’est nécessaire. Et la preuve que les djihadistes nous sont nécessaires, c’est que l’Occident fait tout pour affaiblir dans le monde arabe la pensée laïque et progressiste. On préfère favoriser des régimes archaïques comme l’Arabie (où il y aurait pourtant beaucoup à dire sur les droits de l’homme, puisque cette notion semble être devenue notre seule grille de lecture). Rien d’étonnant donc à ce que les pauvres des pays arabes, qui ne voient aucun avenir devant eux, se tournent vers cet extrémisme musulman. Je veux dire par là que notre politique dans ces pays favorise l’apparition du terrorisme, qu’il nous faut ensuite combattre (mais dont on se sert pour « envahir » certains pays comme hier l’Afghanistan et aujourd’hui le Mali).

Oui, mais tout n’est pas aussi noir que vous le dites, ferez-vous remarquer, il y a tout de même eu le printemps arabe. C’est vrai. Mais s’il fut spontané, ce printemps (ce qui n’est pas certain), il fut très vite récupéré par la bourgeoisie occidentale. On se retrouve en Tunisie, en Libye  comme en Egypte (et demain probablement en Syrie) avec des mouvements religieux obscurantistes au pouvoir. Je ne vois pas ce que les peuples de ces pays vont y gagner. A part des dettes, évidemment, car sous prétexte de  modernisation (mais qui va construire ? nos entrepreneurs occidentaux évidemment) les bons Frères musulmans égyptiens ou tunisiens sont en train de faire appel au FMI. On sait ce que cela veut dire. Pauvre printemps arabe…

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 L'armée française au Mali (d'après Libération)

19/01/2013

"Mali" soit qui mal y pense.

Que dire de l’intervention au Mali ? Elle est relativement logique puisque c’est un pays ami qui s’est retrouvé agressé par des bandes armées. Ces bandes tiennent plus des réseaux mafieux qu’autre chose, elles imposent de force un islam radical, remplacent le droit par une charia sanguinaire (prévoyant lapidations et amputations), ne respectent pas les monuments religieux (atteinte à l’art et aux croyances), proposent une régression de la condition féminine  et font peu de cas de la vie humaine. Bref, on peut comprendre qu’on décide de  s’opposer à leur avancée.

Je voudrais simplement faire quelques remarques.

Il ne faudrait pas qu’on se lance dans une nouvelle guerre d’Afghanistan. Je veux dire que nos troupes armées vont se retrouver dans un pays inconnu face à une guérilla qui va les harceler. Les attentats et les coups fourrés ne vont pas manquer et si la guerre ne se termine pas rapidement par l’écrasement de l’adversaire (qui pour le moment est rassemblé pour entreprendre sa conquête du sud du Mali), on risque bien de se retrouver dans une guerre d’usure qui pourrait bien durer des années et concerner plusieurs pays (tout le Sahel et la région désertique comprise entre le Maghreb et l’Afrique noire).

Notre décision d’attaquer de front ces enragés de Dieu aura des conséquences en ce qui concerne le terrorisme (on le voit déjà avec la prise d’otages en Algérie et avec l’évacuation du métro de Lyon suite à une alerte à la bombe). Je veux dire qu’en voulant combattre le terrorisme, on ne fait généralement que l’accentuer et plus on tue de combattants, plus il en vient qui sont prêts à venger leurs frères. J’ai souvent expliqué sur ce site que c’est la politique expansionniste des Etats-Unis qui avait entraîné une résistance des populations locales humiliées et que c’est dans cette population qu’on allait trouver les futurs terroristes. Plus leur nombre augmente, plus ils nous font forcément du tort, et donc plus on les combat. Mais alors c’est un cercle sans fin car cela provoque une radicalisation de ces mouvements et on n’en finit plus.

Indépendamment du fait que ces djihadistes veulent imposer un islam radical et réactionnaire (en quoi ils n’ont certes pas ma sympathie), on pourrait quand même se demander si certaines de leurs revendications ne sont pas légitimes. Si on remonte aux temps de la colonisation, puis de la décolonisation, on se rend compte que les frontières de tous ces pays d’Afrique ne correspondent en rien aux réalités humaines. Le Mali, pour ne parler que de lui, se compose aux deux tiers d’un désert au nord, où vivent des populations d’origine berbère (Touaregs), nomades et de religion musulmane, tandis que dans la partie sud, nettement moins aride et plus propice à l’habitat, on trouve une population noire et sédentaire. Ces gens n’ont pas grand-chose en commun. Par contre, les Touaregs se répartissent sur plusieurs pays : sud de l’Algérie et de la Libye, nord du  Mali et du Burkina-Faso ainsi qu’à l’ouest du Niger. On aurait donc pu imaginer qu’au moment de la décolonisation se soit constituée une grande nation touareg, ce qui a été refusé. Bien au contraire on a morcelé ce territoire qui constitue pourtant un ensemble géographique et culturel cohérent (en gros le Sahara où vivent des peuples nomades berbères) et on l’a réparti entre plusieurs états. Il ne faut donc pas s’étonner de retrouver des revendications autonomistes derrière les combats actuels. Il est un peu facile de se contenter de stigmatiser ces guerriers en disant que ce sont des membres d’AQMI (Al Quaida au Maghreb islamique). Ils sont cela aussi, certes, mais disons que les indépendantistes touaregs se sont plutôt associés aux membres d’AQMI pour parvenir militairement à leurs fins et proclamer leur indépendance politique. Malheureusement pour eux, une fois le nord du Mali « libéré », ils ont été évincés par les bandes paramilitaires d’AQMI.

Une autre réflexion qu’on pourrait se faire, c’est de se demander quels intérêts économiques nous sommes en train de protéger dans cette région. Je n’y connais rien du tout, mais je constate que l’armée française est déjà intervenue en Côte  d’Ivoire, où elle a permis de chasser l’ancien président et de mettre à sa place Alassane Ouattara, un ancien du FMI, ce qui veut tout dire.

Enfin, je soulignerai une nouvelle fois la partialité de notre presse.  Sans rien enlever à la légitimité de l’action en cours, je ne peux m’empêcher de faire un rapprochement avec la situation en Syrie. Là aussi nous avons des djihadistes bien armés (mais qui ont notre soutien, ceux-là) venus en grande partie de l’étranger (comme ici), qui s’en prennent à un gouvernement légal qu’ils veulent renverser. Dans les deux cas il s’agit d’imposer une certaine conception de l’islam sans respect aucun pour les croyances des peuples qu’on va soumettre, lesquels sont considérés comme méprisables par le simple fait qu’ils n’adhèrent pas aux mêmes croyances. Mais alors que la presse fustige les bandes d’AQMI et insiste sur leurs méfaits (la destruction des mausolées à Tombouctou), elle continue à présenter leurs frères de Syrie comme des opposants épris de démocratie (lesquels, s’ils en sont arrivés à prendre les armes et à commettre des attentats monstrueux comme celui qui a coûté la vie à plus de quatre-vingts étudiants à l’université d’Alep, n’ont été poussés à ces extrémités que par un régime qui n’a pas voulu écouter leurs revendications légitimes). Au Mali, par contre, on a critiqué les envahisseurs qui, pour échapper à l’armée française, s’étaient réfugiés dans une ville et s’étaient fondus parmi ses habitants, utilisant ceux-ci comme des boucliers humains. La même chose se passe tous les  jours en Syrie, mais là on insiste sur la victoire des combattants qui se sont emparés d’une agglomération. Quand l’armée légale de Bachar el Assad se met à bombarder pour tenter de les déloger, on parle à juste titre de massacre. Pourtant l’autre jour on a vanté l’aviation française qui elle aussi avait bombardé les djihadistes qui s’étaient emparés de plusieurs quartiers d’une ville. Espérons tout de même que nos avions fassent moins de dégâts que ceux d’Assad. De cela on peut être certain, les différentes guerres du golfe nous ayant habitués à la précision chirurgicale de la force aérienne occidentale.

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D'après Paris-Match, crédit photo: Photo Apa News/News Pictures (curieusement ces véhicules ressemblent à ceux que l'Occident avait fournis aux opposants de Kadhafi) 

02/01/2013

Bonne Année !

Bonne année à tous les lecteurs et lectrices.

Espérons que 2013 se passe bien pour tout le monde. Mieux vaut ne pas regarder l’actualité, si on veut rester optimiste (avec la Grèce qui s’enfonce dans les mesures d’austérité, l’Espagne qui la talonne, l’Italie dont le Premier Ministre, issu du monde bancaire, dit sans rire qu’il ne se présentera pas aux élections, mais qu’il est prêt quand même à diriger le pays, avec le chômage qui monte partout, les lois sur la protection du travail qu’on détricote et les milliardaires qui n’en finissent plus de s’enrichir…).

Mieux vaut donc cultiver son jardin, ouvrir quelques vieux livres, relire des poèmes beaux et rêver à ce que l’on voudrait que demain soit. Vivons pour nous,  égoïstement, et cherchons la substantifique moelle de cette vie qui nous a  été donnée.

Gardons pourtant  toujours notre conscience en éveil et ne laissons pas quelques dirigeants louches décider à notre place de ce qui ne nous convient pas.

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08/12/2012

Aphorismes (8)

Les guerres humanitaires sont souvent bien inhumaines.

 

On s’est beaucoup battu autrefois pour la liberté de la presse. Celle-ci a disparu le jour où ceux qu’elle critiquait ont acheté tous les journaux.

 

L’habileté d’un bon politicien est de faire croire que notre pays est endetté à cause du peuple, qui a trop bien vécu. Donc, seul le peuple doit rembourser, c’est logique.

 

Je ne comprends pas. Quand les riches empruntent de l’argent, ils s’enrichissent. Quand un pauvre fait pareil, il s’appauvrit.  

 

La démocratie n’existe plus, mais personne ne s’en est encore rendu compte.

 

Selon la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, je suis libre. Comprenez libre d’acheter tout ce qui enrichit quelques privilégiés.

07/12/2012

Bis repetita

Que dire de l’actualité ? Rien du tout. Ce sont toujours les mêmes malheurs qui se répètent à l’infini.

Une nouvelle fois, Israël a bombardé Gaza, avec l’accord tacite de la planète entière. Le Président français, tout socialiste qu’il est, n’a eu aucun problème pour serrer la main de Netanyahou, qui est pourtant fort à droite. Ensemble, ils se sont recueillis à Toulouse en mémoire des trois enfants juifs assassinés par Mehra. Ils ont raison, on n’assassine pas comme cela des enfants innocents. Mais je n’arrive pas à comprendre pourquoi ces trois-là ont droit à leur respect, tandis que les enfants palestiniens meurent sous les bombes dans l’indifférence générale. Dans les deux cas il s’agit d’enfants.

Ceci dit, on ne connaît pas tout. Par exemple, prenez Mehra lui-même, puisque nous en parlons. Il y a la version officielle, celle que l’on connaît : un musulman vivant dans sa banlieue française, sans grand avenir devant lui et qui se radicalise au contact de certains islamistes jusqu’à aller tuer des militaires français et des enfants  juifs.  Il était sans doute cela. Mais on ne relève jamais dans la presse que la description de l’assassin des militaires qu’ont donnée certains témoins ne correspond pas à la silhouette de Mehra. Comme on ne nous dit jamais qu’il semblait avoir eu des contacts avec les services secrets français. Soit ceux-ci le surveillaient (mais alors comment et pourquoi l’ont-ils laissé passer à l’acte ?), soit Mehra était un agent double. Qui sait ? En tout cas, il semble avoir effectué un voyage en Israël juste avant de commettre son forfait. On ne voit pas comment un terroriste potentiel, surveillé par la police française, peut entrer sans problème en Israël (qui est quand même un curieux lieu de destination pour un fanatique de l’islam radical) alors que les citoyens français qui veulent s’envoler pour aller défendre les droits des Palestiniens ne sont même pas arrêtés à l’aéroport Ben Gurion mais directement interdits de vol à Orly.

Bref, comme je le disais, notre bonne presse ne lève souvent qu’un côté du voile, mais jamais le voile entier. Ainsi, je trouve bien longues les trente heures durant lesquelles on a dialogué avec Mehra pour finir quand même par l’abattre à bout portant comme un lapin. Enfin, pendant ce temps-là, la tension montait et le danger islamiste devenait évident pour tous. Pour un peu on en aurait accepté toutes les guerres rêvées par l’Otan dans les pays arabes. Quant à Israël, il a le droit de se défendre comme dit Obama, surtout si on assassine ses enfants à Toulouse…

Tiens, puisque j’évoque les pays arabes, parlons de la Syrie. Juste pour dire qu’on nous refait le même coup qu’en Libye. On se sert des djihadistes qu’on avait combattus en Afghanistan pour renverser un régime qui ne nous est pas favorable (et qui, militairement, serait en mesure de faire du tort à Israël). On arme ces gens-là (via l’Arabie et le Qatar), on les soutient et on les déclare même comme les seuls représentants officiels du peuple syrien. Pauvre peuple, en vérité, qui est coincé entre les tirs des sunnites salafistes venus de l’étranger et les bombardements de l’armée syrienne. Il ne peut être plus mal mis. Mais il attend et espère que ces enragés de Dieu ne vont pas prendre le pouvoir, car cela signifierait la fin de l’état laïc, la prédominance d’une tendance religieuse sur les autres et le massacre assuré de pas mal de Chrétiens, d’Arméniens, de Maronites, d’Alaouites et de Chiites.

On ne comprend toujours pas pourquoi l’Amérique pousse ces enragés au pouvoir, aux frontières d’Israël en plus. La seule explication plausible, c’est qu’on se sert d’eux pour renverser le régime et mettre en place les Frères musulmans, lesquels devront ensuite faire le ménage et se débarrasser de tous ces djihadistes turbulents.  Les Frères musulmans, on peut leur faire confiance. Il suffit de voir la situation en Egypte. Ce pays vient de s’endetter de plus de 4 milliards de dollars auprès du FMI (que rêver de plus quand on est banquier) et le président Morsi a été capable, par sa diplomatie, de faire arrêter les tirs de roquettes venant de Gaza, ce qui était inespéré. Que voilà un bel allié de l’Occident ! Obama, qui n’a plus assez d’argent pour occuper tout le Moyen-Orient, peut donc se replier et laisser les Frères musulmans régner en maîtres. Après tout, les Arabes se sentaient envahis et méprisés par l’Occident. Ils auront maintenant le régime qu’ils réclament, tellement proche de leurs valeurs que la charia sera rétablie partout. Ils pourront s’investir dans la religion autant qu’ils veulent (et même se massacrer entre eux en fonction des différents courants de l’Islam. D’ailleurs, on leur vendra bien des armes pour cela), nous tout ce que l’on veut, c’est faire du commerce avec eux et leur acheter leur pétrole à un prix raisonnable.

Evidemment, pour cela, il faut que le régime syrien tombe. Le problème, ce n’est pas Assad, c’est la Russie, qui a compris qu’on était en train de l’encercler par le Sud. Et puis la seule base militaire russe en Méditerranée se trouve justement en Syrie. On comprend dès lors que Poutine, qui voudrait que son pays retrouve le rôle international qu’il avait eu autrefois, ne soit pas d’accord avec Obama sur ce dossier syrien.

Pour le reste, rien de nouveau. La Grèce, le Portugal et l’Espagne demandent à leurs peuples de se serrer la ceinture  pour rembourser l’argent que ces peuples n’ont jamais voulu emprunter (et chaque jour qui passe augmente le montant des intérêts de manière exponentielle, ce qui fait que les efforts de la veille n’ont servi à rien). Les chiffres du chômage montent partout et ArcelorMittal ferme ses entreprises. Quant aux banques, on continue à les renflouer avec nos impôts.

Tout va bien, donc, pour certains, mais pas pour nous.

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04/10/2012

De la récupération du "Printemps arabe" (fin)

Venons-en maintenant au point-de-vue occidental. Quel pourrait-être le but poursuivi en plaçant au pouvoir des régimes religieux ? A quoi ont bien pu penser les dirigeants de Washington et leurs valets de la vieille Europe ?

  • Eh bien d’abord ils ont pensé à abattre les régimes qui ne nous sont pas favorables comme la Syrie et la Libye. Mieux vaut des islamistes en place que ces chefs d’Etat tout puissants qui travaillent contre nous. Non pas qu’on ne soutienne à l’occasion des régimes dictatoriaux (on a même été jusqu’à les favoriser, comme le 11 septembre 1973 au Chili – un autre 11 septembre dont on ne parle jamais), mais il faut alors qu’ils soient en notre faveur. Dans le cas contraire, nous nous souvenons que la démocratie doit primer partout.
  • Une fois ces régimes ennemis neutralisés, l’Iran sera isolé.
  • Supposons que le printemps arabe soit spontané. Il est difficile de résister à la fureur populaire quand celle-ci se déchaîne. Or les EU devaient être au courant, via leurs ambassades, que le feu couvait. Comme ils devaient savoir que le sentiment antiaméricain  prenait de plus en plus d’importance. Dans un tel contexte, il aurait été suicidaire de vouloir maintenir les anciens alliés qu’étaient Ben Ali ou Moubarak. Mieux valait saluer la victoire de la démocratie, se faire bien voir des peuples en colère, et tenter d’orienter leurs décisions dans l’ombre pour qu’elles ne soient pas trop désavantageuses pour l’Occident. 
  • Si le printemps arabe a été pensé à Washington avant même de se concrétiser, le raisonnement est le même : faire éclater soi-même un mouvement qui allait de toute façon jaillir un jour ou l’autre et ce afin de mieux l’orienter.
  • La guerre contre le terrorisme en Afghanistan a été un échec en plus d’avoir été une boucherie (et je ne parle ici que de nos troupes). Le résultat politique et militaire est nul. Il y aura toujours autant de terroristes de par le monde tant que la même politique expansionniste et impérialiste sera à l’œuvre dans le chef de l’Occident. Il faut apprendre à dialoguer avec les peuples d’égal à égal plutôt que de vouloir les asservir. Ce qui était une évidence pour les personnes de bon sens il y a dix ans commence peut-être à être compris par les dirigeants de Washington.
  • Dès lors, puisque les Arabes veulent être musulmans (et être musulmans cela veut dire aussi être antioccidental, autrement dit se raccrocher à la culture ancestrale de son pays et ne pas accepter cette marchandisation libérale de l’existence qui ne tient pas compte de la dignité humaine), puisque les Arabes veulent être musulmans, dis-je, eh bien qu’ils le soient. Comme cela ils ne nous reprocheront plus d’imposer notre culture. Le principal, après tout, c’est de faire du commerce avec eux et de les spolier de leur matière première.
  • Mais tant qu’à faire d’être musulmans, qu’ils le soient jusqu’au bout. Autant avoir à la tête de ces états de partis religieux purs et durs. Loin de faire progresser ces pays vers un futur économiquement et techniquement prospère, ils vont au contraire les plonger dans un Moyen-âge religieux et obscurantiste, appliquant un code civil directement inspiré d’une lecture littérale du Coran.
  • Avec un peu de chance, les partis religieux plus modérés vont s’opposer à cette politique des extrémistes. Les partis laïcs aussi. Cela fera donc des dissensions au sein de ces pays, marquées probablement par des attentats et de la violence. C’est ce qu’on appelle « diviser pour mieux régner ». Pendant que les Arabes se battront entre eux, s’affaiblissant économiquement chaque jour davantage, ils ne penseront pas à nous nuire.
  • La situation que l’on connaît dans l’Irak « libéré » (où il ne se passe pas un jour sans qu’un attentat ne fasse dix tués), se généralisera partout. Chaque attaque contre un groupe adverse entraînant automatiquement une réplique, cela nous promet de beaux combats en perspective. Pendant ce temps, l’Occident ne sera pas menacé. Il veillera simplement à fournir les armes ou mieux, il les vendra.
  • Ces guerres internes vont finalement ressembler à des guerres civiles. On commence à voir ce que cela donne en Libye, où les nouveaux dirigeants ne sont d’accord entre eux que sur un point : faire la chasse aux anciens fidèles de Kadhafi. Il faut par ailleurs entendre le terme «  fidèles » au sens large. Un contrôleur des Contributions ou un ingénieur des Ponts et Chaussées, en tant que fonctionnaires qui étaient payés par l’ancien régime, risquent fort de perdre la vie dans l’indifférence générale, les médias occidentaux se gardant bien de rendre compte de cette « chasse aux sorcières ».Mais en-dehors de cette épuration, les nouveaux maîtres des lieux ne sont d’accord sur rien et les tensions qui règnent entre eux vont finir par se manifester de façon plus violente.
  • Le but ultime est donc bien de transformer des Etats forts, à la structure politique et militaire efficace, et d’en faire des Etats affaiblis, sans envergure internationale aucune (voir l’Irak actuel). L’avantage, c’est que cela ne coûte presque rien. Les deux guerres d’Irak et la présence de nos soldats sur le terrain pendant près de dix ans se chiffrent en milliards de dollars, sans parler des pertes humaines, toujours mal acceptées par la population au  moment des élections (combien de militaires ont été tués en tout ?). Ici, on utilise des combattants arabes formés par les Arabes eux-mêmes, pour renverser d’autres Arabes.
  • Evidemment, cette politique ne s’applique pas avec les pays amis, comme ceux du Golfe. Pour comprendre, il suffit de voir avec quelle violence le soulèvement populaire à Bahreïn (pourtant issu en droite ligne du printemps arabe) a été réprimé par l’armée saoudienne. Notre presse en a peu parlé d’ailleurs, juste quelques mots au moment du grand prix de Formules Un, car c’est de l’argent occidental qui était menacé. La même presse n’a pas parlé non plus des soulèvements qui ont bel et bien eu lieu en Arabie proprement dite. Remarquons aussi la différence : Les Chiites de Bahreïn n’ont pas le droit de se soulever, tandis que les Sunnites de Syrie semblent avoir ce droit
  • Notons au passage un fait paradoxal. Les intégristes s’en prennent dans certains pays à des mausolées (en gros et pour faire simple, il s’agit des tombeaux d’anciens prophètes, vénérés par certains musulmans), dans la même logique que les Iconoclastes chez nous brisaient les statues des saints. Devant ces destructions l’Occident ne réagit pas. Les croyants qui priaient devant ces mausolées ne sont-ils pas des hommes comme les autres et ne peuvent-ils revendiquer certains droits, à commencer par le libre choix de leur culte ? Il faut croire que non, puisqu’on laisse les intégristes saccager tout. L’avantage c’est qu’on ruine ainsi une culture millénaire et qu’on éradique de vieilles traditions. Sans le savoir, les Salafistes préparent le terrain pour l’introduction d’une nouvelle culture, celle du libre-échange des marchandises (bientôt on pourra vendre des bouteilles de Coca Cola à toute cette population)

Voilà, à mon avis, les différentes raisons qui poussent l’Occident à favoriser la venue au pouvoir d’un islam radical. Est-ce une politique raisonnable ? Elle me paraît dangereuse pour plusieurs raisons :

  • Comment neutraliser les djihadistes une fois les combats terminés ?
  • Comment s’assurer que ces gens nous seront reconnaissants de les avoir mis au pouvoir ou du moins d’avoir favorisé fortement leur victoire ? Qui dit que demain ils ne vont pas se retourner contre nous ? Voir par exemple les attaques contre les ambassades américaines (attaques peut-être encouragées par Israël pour que l’Amérique se sente menacée et réagisse militairement)
  • Comment accepter que les minorités musulmanes (les Alaouites en Syrie par exemple) ou chrétiennes risquent de subir de sérieuses représailles ? En Syrie, les Kurdes redoutent l’entrée des troupes turques, les Arméniens aussi (qui se souviennent du génocide du début du XX° siècle). Les Alaouites et les Chrétiens ont peur. Qu’en est-il de la notion des droits de l’homme pour ces minorités ? Ne convient-il pas de protéger ces populations comme le régime actuel le faisait ? En d’autres termes, ne risque-t-on pas, en renversant des régimes forts et laïcs au nom de la démocratie, de contribuer à un massacre généralisé ?
  • Qui dit que ces populations musulmanes, excitées par des Imams intégristes, ne vont pas se retourner un jour contre Israël ? Or Israël a tous les droits, on le sait, et surtout celui de se défendre. En fait il a même le droit d’attaquer et d’aller bombarder l’Iran par exemple. L’Occident essaie pourtant de le calmer en prenant des mesures contre le pays des Ayatollahs, car il sait que si Israël attaque, l’Iran ripostera. Alors on sera parti pour une troisième guerre mondiale !

Bref, les cartes sont en train de se distribuer autrement et le monde que l’on a connu risque d’être fort différent demain.    

84e9fbe0300668dbe6f777ed34446cfb_L.jpgManifestation salafiste en Tunisie  

28/09/2012

De la récupération du "Printemps arabe" (3)

Pourquoi donc favoriser l’arrivée des intégristes religieux au pouvoir ?

Plaçons-nous tout d’abord du point de vue musulman.  Pour faire simple, nous dirons qu’il y a deux grands groupes, dans ce monde musulman, les Chiites et les Sunnites. Les Chiites sont majoritaires en Iran (90-95 %), en Azerbaïdjan (75 %) en Irak (65-70 %) et à Bahrein (65-75 %). Ils représentent aussi 45 à 55% de la population libanaise, laquelle comprend 60% de musulmans.  Dans tous les autres pays, les Chiites sont minoritaires et ils représentent environ 15% de la population (Turquie, Syrie, Arabie, etc. )

Dans le contexte actuel, l’Iran est diabolisé par Israël car ce pays serait sur le point de se doter de l’arme nucléaire. Israël redoute aussi la Syrie, qui possède une armée importante et soutient le Hezbollah libanais. Dès lors, comme d’habitude, ce qui s’est dit à Jérusalem a trouvé un écho favorable à Washington et indirectement en Europe. Voyant les puissances occidentales s’en prendre à l’Iran, pays majoritairement chiite, ou à la Syrie (certes majoritairement sunnite, mais où dominent en fait politiquement les Alaouites) les pays de religion sunnite se frottent les mains. D’autant plus que le plus puissant d’entre eux, l’Arabie saoudite, est un allié privilégie de l’Amérique. En faisant condamner la Syrie par la Ligue arabe et en soutenant massivement l’opposition syrienne (comprenez : en armant des djihadistes venant de divers pays musulmans pour abattre le régime d’Assad), l’Arabie fait donc à la fois  plaisir à son allié américain et elle  affirme encore un peu plus son rôle personnel dans la région.

Il faut savoir aussi que si l’Arabie est sunnite, elle est surtout wahhabite. Qu’est-ce donc que le wahhabisme me direz-vous ? C’est un mouvement politico-religieux propre à l’Arabie et qui voudrait ramener l’islam à sa forme originelle. On pourrait donc dire que c’est une secte à l’intérieur du monde sunnite, une secte d’un rigorisme radical, ultra-orthodoxe et extrémiste. Cette doctrine a été instaurée par Mohammed ben Abdelwahhab (1703 – 1792) Cet érudit et prédicateur avait conclu une alliance avec le prince Mohammed Ibn Saoud, alliance par laquelle ils se promettaient une aide mutuelle. En d’autres termes, le politique et le religieux se venaient en aide mutuellement pour s’implanter en Arabie. Chacun y trouvait son compte puisque l’un pouvait ainsi répandre sa doctrine tandis que l’autre étendait son territoire. C’est donc l’'idéologie de ben Abdelwahhab qui a permis la domination des Al Saoud sur les autres tribus d’Arabie car le fait de s’appuyer sur la religion donne toujours une sorte de légitimité au pouvoir politique. En d’autres termes, l’Arabie d’aujourd’hui n’existerait pas sans cette alliance étroite entre le religieux et le politique.

Les princes qui dirigent aujourd’hui l’Arabie doivent se dire que ce qui a fait ses preuves au XVIII° siècle doit toujours bien fonctionner aujourd’hui. S’ils veulent étendre leur domination politique sur tout le Moyen Orient, ils doivent s’appuyer sur le wahhabisme, comme leurs ancêtres l’avaient fait pour s’imposer en Arabie. Quant aux religieux de tendance wahhabite, étant intransigeants par nature, ils n’hésitent pas à prêcher la violence s’il s’agit d’imposer leur doctrine rigoriste aux autres musulmans.

Rien d’étonnant, donc, à ce que l’Arabie (et le petit Qatar qui a les moyens de jouer dans la cour des grands) finance et arme les « rebelles » syriens. Il s’agit de faire tomber un régime laïc dont la population majoritairement sunnite est dominée par les Alaouites. Tous les moyens sont donc bons, y compris le recours à des mercenaires étrangers (non syriens donc). Or ceux-ci ne manquent pas. Voilà des années qu’on se bat en Afghanistan ou en Irak et les combattants sont légion. Formés militairement à repousser l’envahisseur américain, ces djihadistes fous de Dieu vont se trouver sans emploi suite au départ programmé des troupes occidentales. Autant les employer pour asseoir l’autorité desAl Saoud (et accessoirement pour tenter d’imposer le wahhabisme). Tout cela avec la bénédiction de Washington, que rêver de mieux ? Ce n’est donc pas seulement comme valet de l’Occident que l’Arabie se déclare contre le régime syrien, mais aussi pour asseoir ses propres intérêts (politiques et religieux).

A côté de l’Arabie, il y a un deuxième grand pays qui veut jouer un rôle dans la région, c’est la Turquie. Etat autrefois réputé laïc, la Turquie d’Erdogan ne cache pas qu’elle est musulmane. Ayant une frontière commune avec la Syrie, elle déteste ce voisin puissant qui lui fait de l’ombre (et qui n’hésite pas à soutenir les partisans kurdes pour l’affaiblir). Il n’y a donc aucune raison pour qu’elle n’apporte pas son aide au renversement du régime d’El Assad (et elle s’y active bien). D’autant plus que ruiner la Syrie, c’est déjà affaiblir l’autre grand rival, l’Iran chiite. Quant à la Syrie, on sait qu’El Assad est issu de la communauté alaouite, sur laquelle il s’appuie, au détriment des sunnites syriens. Ces Alaouites sont plutôt des Chiites (Coran, Ramadan, Aid al-saghîr, etc.) mais ils croient à la métempsycose et n’ont pas de mosquées. Certains Imams sunnites doutent même que les Alaouites soient vraiment des musulmans, mais c’est un autre débat.

Avant d’en terminer avec le point de vue musulman sur la crise syrienne, il nous faut encore dire un mot du Salafisme. Ce mouvement rigoriste se confond souvent avec le Wahhabisme, dont il est proche.  A la différence de ce dernier, qui se limite souvent à la prédication, le Salafisme prône le djihad comme moyen légitime pour chasser les occupants occidentaux, colonisateurs et non  musulmans. Ils ont commencé à combattre les Russes lorsque ceux-ci ont envahi l’Afghanistan et n’ont pas chômé depuis. Fondamentalistes intégristes, ils se verraient bien dans la foulée renverser certains régimes des pays musulmans qu'ils trouvent trop éloignés de l’enseignement du Coran. A la place, ils veulent mettre sur pied des États  islamiques purs et durs.

Nous essaierons de comprendre la prochaine fois le point de vue occidental et ce qui amène cet Occident à mettre au pouvoir ou à laisser accéder au pouvoir des partis politiques religieux qu’ils ont toujours combattus.

Panarabisme (d'après Wikipedia)

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26/09/2012

De la récupération du "Printemps arabe" (2)

Reprenons nos réflexions sur le printemps arabe. Il ne peut s’agir que de réflexions, car en réalité nous n’avons aucune information fiable et tout ce qui est dit ici est de l’ordre de l’hypothèse. Cependant, mieux vaut essayer de réfléchir par soi-même que d’accepter tout ce qu’on nous dit dans la presse. Résumons-nous : soit le printemps arabe est un mouvement spontané, soit il ne l’est pas (quelle lapalissade !). Il pourrait en effet se ranger du côté de ces révolutions « colorées » comme la révolution orange d’Ukraine par exemple, qui avait bien pour but d’amputer l’URSS d’une de ses anciennes provinces. Ainsi, la rapidité avec laquelle les manifestants, tant à Tunis qu’à Benghazi, ont brandi des drapeaux royalistes laisse rêveur, surtout quand on sait que les anciens rois déchus avaient été les valets de l’Occident colonisateur.

 Mais spontané ou pas, ce printemps  a vite été récupéré par certains pour déstabiliser, au nom de la démocratie et des droits de l’homme, des pays qui n’avaient pour nous que bien peu de sympathie, en l’occurrence la Libye et la Syrie. Dans ces deux cas de figure, il est clair que l’ingérence étrangère est totale. Quelques opposants locaux sèment le trouble, puis sont vite rejoints par des centaines puis des milliers de combattants armés  jusqu’aux dents (voir tous ces « pick-up » armés de batteries anti-aériennes qu’on retrouve un peu partout). Dans un premier temps notre presse nous a fait croire qu’il ne s’agissait que d’opposants autochtones qui manifestaient les mains nues. Très vite, cependant, ces « opposants » ont commis des attentats ou se sont mis à tirer  à l’arme lourde (cherchant une réaction de la part des autorités). Il y a eu des victimes, qu’on a attribuées au régime qu’on voulait abattre. Quand il est devenu clair que ces opposants étaient tout sauf des anges et qu’ils commettaient pas mal d’exactions, notre bonne presse a trouvé la parade en disant que le conflit s’était militarisé suite à la répression sanglante. On admet donc que les deux camps sont armés, mais les opposants gardent le beau rôle puisqu’ils ne feraient que se défendre.

Personne par contre ne s’est demandé d’où pouvaient provenir ces armes détenues par les « insurgés ». Ce n’est pas en Syrie qu’ils ont pu se les procurer. Il faut donc bien admettre qu’elles viennent de l’étranger. Comme la France et les EU jurent qu’ils n’en fournissent pas, il faut chercher ailleurs et ce n’est pas bien difficile de trouver la vérité. Les armes viennent des pays arabes du golfe (Arabie et Qatar), transitent par la Turquie, et sont acheminées clandestinement en Syrie.

Imaginons la même situation en France. Prenez par exemple quelqu’un comme Mohammed Merah. Pour faire simple, acceptons pour une fois la version officielle (en réalité je ne suis sûr de rien en ce qui concerne ce Merah, qui avait eu des contacts avec les services secrets français et qui avait transité par Israël avant de commettre ses forfaits, pour autant que ce soit bien lui qui les ait bien commis car les témoignages divergent. Ces tueries en pleine campagne électorale devraient être examinées froidement, sans se laisser emporter par un sentiment d’horreur bien compréhensible par ailleurs).

Donc, supposons que Merah soit ce qu’on nous a dit qu’il était : un musulman fanatique prêt à tout pour faire gagner sa cause. Il y en a. Il y en a même beaucoup. Vous en prenez vingt (sur 66 millions de Français, cela ne doit pas être dur à trouver) et vous les amenez à Paris. Une puissance étrangère (l’Angleterre, par exemple) achemine discrètement des armes, via Le Havre ou Calais. Vous excitez d’abord les jeunes des banlieues, qui brûlent quelques voitures et agressent la police. La situation dégénère. Il y a un mort, sans qu’on sache bien qui a tiré. La presse internationale s’empare de l’affaire et crie au scandale : la police française a assassiné un jeune désarmé. Sur place, le ton monte. Toutes les banlieues sont en agitation. C’est le moment que choisissent nos vingt fanatiques pour faire exploser trois commissariats et le ministère des Affaires étrangères, ou celui qui s’occupe des question d’immigration. L’heure est grave. L’armée patrouille les rues. Des soldats sont abattus froidement par derrière. Le ministre de l’Intérieur sent qu’il doit rétablir l’ordre au plus vite (la population gronde contre l’insécurité grandissante) et il donne  l’ordre à l’armée de tirer en cas de nécessité. C’est bientôt fait et il y a des morts dans les deux camps. De new York à Moscou, en passant par Londres, la presse tire à boulets rouges sur le gouvernement français, qui cherche à réprimer dans le sang une opposition légitime (n’oublions pas que ces musulmans qui sont dans les rues ont vingt ans et qu’ils sont tous Français nés en France). Ensuite, des éléments étrangers, bien armés et bien entraînés, entrent clandestinement par Marseille ou Toulon. Ils viennent de Libye, du Koweït ou d’Irak, ont tous suivi une formation paramilitaire en Afghanistan ou en Somalie et sont financés par les Emirats du Golfe, qui ont de l’argent à revendre (puisque c’est le nôtre que nous leur avons cédé pour avoir du pétrole). Bref, la France entière s’embrase et on compte les morts par milliers, les djihadistes investissant des quartiers populaires que l’armée finit par bombarder.

Voilà exactement ce qui se passe en Syrie.

Ceci étant dit, nous n’avons toujours pas répondu à notre question initiale, à savoir : pourquoi l’Occident appuie-t-il ces mouvements extrémistes et pourquoi des musulmans en arrivent-ils à se massacrer entre eux (alors que de  leur point de vue ils feraient mieux de s’unir pour s’opposer à la politique colonialiste de cet Occident).

Bachar El-Assad accueille Erdogan à Damas le 17 Janvier 2011

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15/09/2012

Du colonialisme moderne.

Je ne parlerai pas ici de la Syrie. Je ne ferais que répéter ce que j’ai dit autrefois  de la  Libye.  Il s’agit d’une agression occidentale contre des pays souverains qui ont la mauvaise idée de ne pas partager nos valeurs démocratiques (comprenez : qui refusent la libéralisation de l’économie et les lois du marché mondial). Il faut donc les abattre, en se servant des émeutes provoquées par ce soi-disant printemps arabe, dont il n’est pas impossible que les instigateurs se trouvent aux USA. Mais qu’elle soit spontanée ou dirigée dès le départ de l’extérieur, il est certain que la vague de contestation a rapidement été récupérée par l’Occident.

Soit le mouvement de colère populaire est spontané en Tunisie et en Egypte et a abouti rapidement à la chute de nos alliés Ben Ali et Moubarak (ils étaient si bien nos alliés que Sarkozy avait même voulu envoyer les policiers français rétablir l’ordre pour aider Ben Alli à se maintenir), surprenant le monde entier.

Soit ce mouvement est préparé de toute pièce aux Etats-Unis, qui sentaient que l’ère des vieux dictateurs était finie.

Peu importe où est la vérité, ce qui est sûr c’est que ces mêmes Etats-Unis se sont vite emparés de ce mouvement pour déstabiliser leurs vieux ennemis, la Libye et la Syrie. Car là, on ne peut pas dire que les soulèvements aient été populaires comme en Egypte ou en Tunisie. Non, en Libye on a juste eu une province qui a fait sécession, ce qui a amené le pouvoir à réagir. On a exagéré dans la presse l’ampleur de la répression, on a armé les rebelles, on a fait appel à Al Quaïda pour les aider, on leur a donné toutes les informations stratégiques dont nous disposions grâce à nos satellites et on a envoyé sur place des formateurs militaires pour coordonner leur action. Puis on a manipulé l’ONU (il n’y a que les opposants, aujourd’hui au pouvoir, qui ont parlé des 6.000 victimes civiles de Kadhafi) pour avoir un mandat. Ensuite, on a été bien au-delà de ce mandat (qui consistait à assurer des zones d’exclusion aérienne) pour renverser le régime et tuer Kadhafi. Je n’appelle pas cela une révolution populaire mais une invasion de type colonialiste.

 

En Syrie, c’est exactement la même chose qui se passe. Des groupes armés étrangers (musulmans intégristes, combattants d’Al Quaïda, etc.) s’infiltrent dans le pays et commettent des exactions. Le régime est d’abord prudent et ne riposte pas trop (le sang de Kadhafi n’a pas encore séché). Alors les opposants vont plus loin et s’emparent de quartiers entiers.  Ils terrorisent la population qui fuit comme elle peut  (on dira dans la presse occidentale qu’elle fuit le régime) et finissent par tuer parfois à l’arme blanche les familles de militaires. On filme les victimes et on dit qu’elles ont été tuées par des tirs à l’arme lourde de l’armée. Celle-ci ne sait comment réagir. C’est alors que la Russie intervient. Comprenant que la boulimie de conquête occidentale ne s’arrêtera pas et comprenant qu’elle a elle-même été bernée lors de l’épisode libyen, la Russie montre les dents, d’autant plus qu’elle voudrait retrouver le rôle de grande puissance qu’elle a un peu perdu. Alors elle dit « niet » devant l’assemblée de l’ONU, elle envoie un missile intercontinental non armé qui explose près des frontières d’Israël  et elle aide massivement le régime d’Assad.  Se sentant soutenue, l’armée syrienne passe alors à l’offensive et écrase les rebelles dans un des quartiers qu’ils occupaient (à Homs). Il y a beaucoup de victimes et la presse occidentale parle évidement d’innocents tués alors qu’il s’agit essentiellement, à ce stade, de combattants intégristes. C’est lors de cette opération que l’armée arrête des officiers français et anglais dont la présence en ce lieu peut difficilement s’expliquer par une simple curiosité touristique.

La situation semble s’enliser pour l’Occident. Alors on envoie un avion turc tester les capacités de défense syriennes. On les voit aussitôt : l’avion est immédiatement abattu (preuve que les radars fournis par les Russes sont drôlement efficaces). Evidemment, dans la presse, on parlera de scandale, d’appareil abattu dans les eaux internationales, etc. Mais les spécialistes savent que ce n’est pas un missile qui a été tiré de loin et que l’avion a été touché par des tirs de défense anti-aérienne. Il était donc bien en territoire syrien.

Alors, comme il n’y a vraiment pas moyen de renverser Assad, on passe à la vitesse supérieure. Les rebelles sont maintenant équipés d’armes lourdes et ils tirent au mortier  n’importe où. Cela fait beaucoup de dégâts qu’on peut filmer et attribuer à l’armée (de toute façon le centre névralgique de l’opposition est à Londres et il ne fait que répercuter ce qu’on lui a soi-disant raconté. Il peut aussi tout inventer, y compris le nombre de victimes ;  personne ne va vérifier, l’ONU elle-même y ayant renoncé). Alors les forces armées passent à leur tour à la vitesse supérieure et elles bombardent  aveuglément les quartiers investis, faisant forcément pas mal de victimes innocentes. Les survivants supplient les rebelles de se replier, car ils n’ont pas envie de périr sous les bombes de  leur propre armée (ni d’ailleurs sous celles des opposants). La presse occidentale n’en fait aucun écho, de même qu’elle ne parle pas de victimes collatérales au conflit (selon l’expression dont raffolait l’Otan lors de la guerre d’Irak) et préfère employer le mot de massacre. Mais pourquoi alors ne pas parler des dégâts causés par les tirs des opposants ?

La situation est devenue chaotique, ce qui permet de dire que le pouvoir n’a plus le contrôle de la situation ( ce qui est en partie vrai), qu’on est en pleine guerre civile (ce qui est faux) et que si Assad aime son peuple, le meilleur service qu’il puisse lui rendre est de démissionner. Pour cela, on continue d’armer les « opposants » (qu’on ferait mieux d’appeler « envahisseurs ») afin de provoquer  sciemment des milliers de morts car plus il y aura de victimes et plus le régime d’Assad paraîtra criminel.      

La nouvelle et dernière  idée est de créer des zones neutres, des zones d’exclusion où l’armée syrienne n’aurait pas accès et où les réfugiés pourraient enfin souffler et se faire soigner. L’idée est généreuse (les notions humanitaires emportent souvent l’adhésion de tous) mais cela revient dans les faits à grignoter de petits morceaux du territoire syrien avant de s’imposer partout.

On en est là. On en est là et moi j’avais dit que je ne parlerais pas de la Syrie et donc je n’en parlerai pas (sourire). Ce que je voulais dire en fait, c’est ceci : pourquoi parle-t-on de massacre quand l’armée syrienne tente de déloger de son territoire des gens étrangers et armés qui commettent des attentats et pourquoi ferme-t-on les yeux sur le comportement de l’armée turque qui elle tire ouvertement sur les opposants kurdes ? Pourtant, les Kurdes sont des Turcs. On a donc une armée qui massacre une partie de sa propre population, laquelle demande légitimement une certaine autonomie et s’oppose en effet au régime (comme les habitants de Benghazi, en Libye, qui rejetaient l’autorité de Tripoli, finalement). Sur le plan du droit, la situation semble donc plus grave qu’en Syrie car ici on a une vraie opposition interne qu’on fait taire par les armes. Pourquoi appeler « terroristes » les gens du PKK (alors que les Kurdes ont une langue et une culture propres et qu’à ce titre ils pourraient revendiquer de former un état à part entière. D’ailleurs les Américains avaient bien soutenu ces désirs d’autonomie chez les Kurdes d’Irak quand il s’agissait de diviser ce pays après la chute de Saddam Hussein), pourquoi donc, disais-je, appeler « terroristes » les Kurdes du PKK tandis qu’on désigne par le nom « d’opposants » les éléments étrangers  qui envahissent la Syrie ?

http://www.20minutes.fr/ledirect/1003802/armee-turque-tue...

Pourquoi la situation des droits de l’homme n’est-elle jamais soulevée quand on parle de l’Arabie, du Maroc ou du Qatar ? Ces pays seraient-ils donc des exemples de démocratie ? Pourquoi est-ce toujours chez nos ennemis qu’on voit des défauts et jamais chez nos amis ? Pourquoi Sarkozy avait-il dit au Patriarche maronite de Syrie que les Chrétiens n’avaient plus leur place au Moyen-Orient, lui qui au début de son septennat mettait devant le pape le rôle éducatif du prêtre avant celui de l’instituteur ?

 http://www.silviacattori.net/article2394.html

http://www.laicite-republique.org/sarkozy-au-latran-20-de...

Et pourquoi est-ce que je me pose toujours trop de questions ?

La prochaine fois, nous essaierons de comprendre pourquoi l’Occident se bat pour mettre au pouvoir des musulmans fanatiques (lesquels, assurément, ne représentent  pas la majorité des musulmans et dont la doctrine stricte et rigide s’éloigne finalement beaucoup des véritables préceptes du Coran). 


Char syrien détruit par des "opposants" (d'après "Le Point")

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12/09/2012

Ironie de l'histoire

11 septembre 2012 à Washington.

Le président Obama a déclaré que les Etats-Unis étaient "plus forts" et "plus en sécurité". Il a ajouté que son pays avait "infligé un coup dévastateur" à Al-Qaïda et que « Oussama ben Laden ne nous menacera plus jamais. Notre pays est plus en sécurité, et nos concitoyens reprennent le dessus (…)  Aucun acte de terrorisme ne peut changer ce en quoi nous croyons (...) Quand les livres d'histoire seront écrits, ce qui restera du 11-Septembre ne sera ni la haine ni les divisions, mais un monde plus sûr, un pays plus fort, et des gens plus unis qu'auparavant".

 11 septembre 2012 à Benghazi.

http://www.lemonde.fr/libye/article/2012/09/12/un-americain-tue-dans-l-attaque-du-consulat-de-benghazi_1758819_1496980.html

Benghazi, là où les USA ont demandé à Al Quaïda d’aider les opposants à renverser Kadhafi. Ils leur ont fourni des armes et ont manipulé l’ONU (il n’existait et n’existe toujours aucune preuve sur les 6.000 civils tués par l’aviation du Colonel) pour permettre à l’Otan d’intervenir. Ensuite ils ont outrepassé ce mandat de l’ONU (au départ une simple protection aérienne) pour renverser un régime qui vivait en autarcie et refusait les lois du marché mondial. Après s’être emparés (avec leur allié Sarkozy) des puits de pétrole, Ils ont placé à la tête du pays des musulmans intégristes qui se sont empressés de rétablir la charia (tant pis pour les femmes, qui en seront les premières victimes).

Souvenons-nous qu’ils ont envahi l’Afghanistan soi-disant pour lutter contre le terrorisme, puis qu’ils ont fait de même avec l’Irak (les fameuses armes de destruction massives jamais trouvées, sauf les armes chimiques qu’ils avaient eux-mêmes fournies quand leur allié Saddam Hussein faisait la guerre contre leurs ennemis jurés, les Ayatollahs iraniens). Aujourd’hui, alors que de nombreux soldats de l’Otan sont morts dans ces pays (y compris pas mal de Français) ils soutiennent ces mêmes troupes d’Al Quaïda. Il faut dire qu’elles sont devenues fort utiles pour renverser certains régimes  comme ce fut le cas hier en Libye et comme c’est le cas aujourd’hui en Syrie.

Mais jouer un double jeu finit toujours par se retourner contre vous.

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Guerre de l'Otan en Libye

 

29/08/2012

Réflexion sur la croisade (2)

Que dire encore, sur cette croisade contre les Albigeois ? Tout simplement qu’il n’y a jamais rien de neuf sous le  soleil et que l’histoire récente ne fait que refléter cette époque lointaine. Nous avions une terre libre, où les hommes vivaient comme ils avaient envie, avec leur culture et leurs croyances. Puis un envahisseur étranger est arrivé avec une armée finalement peu nombreuse et est parvenu, non seulement à annexer cette terre, mais en plus à éradiquer ses croyances. Il a suffi pour cela de remporter l’une ou l’autre victoire (Carcassonne), de se monter sanguinaire en faisant régner la terreur (Béziers), puis d’éliminer les anciens dirigeants pour les remplacer par d’autres (à Carcassonne,  Simon de Montfort remplace Raimond Trencavel fort opportunément décédé en captivité). Ensuite, on profite des dissensions entre les habitants (Narbonne qui propose son aide pour attaquer Minerve) pour s’imposer partout et asseoir son autorité. Quand les forces militaires sur place ne suffisent pas, on demande du renfort (armées de Louis VIII ou de Louis IX) et enfin, par un travail de longue haleine, on détruit toute idée subversive dans la tête des gens (l’Inquisition, qui œuvra efficacement  sur place pendant quasi un siècle).

Prenons maintenant la guerre contre l’Irak, un grand pays qui vivait librement comme il avait envie de vivre, avec ses coutumes et ses croyances. Après une première opération militaire qui n’a pas osé aller jusqu’au bout, on met sur pied une deuxième coalition. On bombarde aveuglément, on détruit pour détruire (et pour terroriser), on destitue les chefs en place (Saddam Hussein) , on les élimine (condamnation à mort)  et on les remplace par un gouvernement fantoche à notre solde.  Ensuite, on se sert des dissensions entre les différentes races et les différentes religions. Ainsi, on privilégie les Kurdes, qui avaient toujours été malmenés par l’ancien régime (mais on continue à mépriser les Kurdes qui vivent chez nos amis Turcs, lesquels peuvent les massacrer sans que cela ne nous émeuve) et on finit si bien par dresser les sunnites contre les chiites qu’il ne se passe pas un jour sans qu’il n’y ait un attentat. Evidemment, la culture en place doit être détruite et les bombardements n’ont pas épargné les sites archéologiques. Quant aux musées de Bagdad, on ne les a pas protégés et on les a laissé piller. Pour terminer, il suffit de laisser un contingent armé sur place, pour s’assurer la mainmise sur les richesses du pays et imposer notre manière de voir les choses.

On pourrait tenir le même raisonnement pour la Lybie. Voilà un pays indépendant, avec une vision politique du monde assez différente de la nôtre (les richesses du pays profitent à l’ensemble des habitants) et qu’il s’agit d’éradiquer pour imposer notre point-de-vue (la démocratie à l’Occidentale, comprenez la libre circulation des biens et des richesses). On forme une coalition (chacun veut y participer pour avoir ensuite sa part du gâteau, comme les croisés l’avaient fait au XII° siècle), on se sert des dissensions internes (on soutient et on arme quelques habitants de Benghazi) et on bombarde aveuglément (Sirte, Misrata) afin de terroriser et de pousser les cadres de l’ancien régime à changer de camp (comme le comte de Toulouse, qui a rejoint les croisés). Enfin on destitue et on élimine le dirigeant (Kadhafi mourra même plus vite que le comte Trencavel puisqu’il n’atteindra même pas la prison qu’on lui destinait) pour le remplacer par un gouvernement fantoche à notre solde. Après avoir pris soin de s’emparer des principales richesses (90% des bénéfices provenant des puits de pétrole tombent maintenant dans l’escarcelle des multinationales occidentales, contre 10% autrefois), on laisse les Libyens régler leurs comptes entre eux. Et si des fondamentalistes musulmans détruisent des mausolées ou de vieux manuscrits,  on ne va pas s’en plaindre puisqu’il s’agit de détruire une culture pour imposer la nôtre.

Quant à la Syrie, j’en parlerai une autre fois, mais on retrouve les mêmes éléments : coalition étrangère, soutien massif à une soi-disant opposition, désir d’abattre un régime qui ne nous est pas favorable, etc.

Quand je disais qu’il n’y a jamais rien de nouveau sous le soleil, qu’il soit du Languedoc ou d’ailleurs.    

Bagdad.jpgBombardement de Bagdad par les Etats-Unis, mars 2003

  

 

25/08/2012

Réflexion sur la croisade

Après cette petite rétrospective sur la croisade contre les Albigeois, quelles réflexions pouvons-nous faire ?

Il convient tout d’abord de réfléchir sur le rôle de l’Eglise et des religions. On voit bien ici, une fois de plus, qu’une religion n’est qu’une secte qui a réussi. En quoi le catharisme n’était-il qu’une hérésie et en quoi le message de l’Eglise catholique romaine reflétait-il la Vérité ? On serait bien embêté pour le dire. D’autant plus que le catharisme, dans sa quête de pureté, semblait relever d’une démarche plus mystique et tenir un discours finalement plus proche du message d’amour du Christ que celui de l’Eglise elle-même, laquelle étalait dans ses cathédrales tout son or et toutes ses richesses. Les Cathares trouvaient que le monde terrestre était bien imparfait et que le Mal y régnait en maître. Ils n’avaient pas vraiment tort et ce n’est pas la croisade qui les a massacrés qui a dû les faire changer d’avis. Ils estimaient donc que puisque le monde était mauvais, c’est qu’il était l’œuvre du Diable. Le monde de Dieu, ce ne pouvait être que le Paradis, qu’il convenait d’atteindre en menant une vie pure (basée sur le respect des autres). A vrai dire, pour peu qu’on veuille voir les choses d’un point de vue strictement religieux, il n’y a rien de bien répréhensible dans cette théorie.

Non, la différence essentielle entre l’Eglise et la religion cathare réside dans l’aire d’influence de ces deux courants. Alors que l’Eglise règne déjà sur toute l’Europe, le Catharisme se limite au Languedoc.  L’Eglise est donc plus puissante et elle a les moyens matériels pour imposer ses théories. On voit ici comment elle influence les princes du Nord et les pousse à la croisade, profitant de la mainmise qu’elle exerce sur leur conscience. Elle a décidé une fois pour toute qu’elle détenait seule la Vérité (avouer le contraire ce serait admettre que son dogme contient des erreurs et donc qu’elle n’aurait aucune autorité pour s’imposer). Dès lors, elle ne peut que combattre ceux qui ne pensent pas entièrement comme elle. Elle n’hésite donc pas à répandre le sang pour éradiquer toute trace d’hérésie.

On pourrait lui reprocher qu’à ses débuts les fameux dogmes sur lesquels elle s’appuie n’étaient pas bien définis et qu’il a fallu plusieurs conciles pour déterminer ce qu’on a finalement considéré comme la Vérité (ce qui laisse pour le moins planer un doute sur la véracité intrinsèque de ces dogmes) . Notons d’ailleurs qu’au cours de ces conciles, ce sont les évêques les plus influents qui ont imposé leurs idées au détriment des idées de leurs collègues (par exemple pour définir la Trinité, qui reste une notion pour le moins surprenante et à laquelle je n’ai jamais rien compris). Ce ne sont donc pas les idées les plus convaincantes qui ont été officialisées, mais celles qui ont été défendues par les meilleurs orateurs. Tout ceci pour démontrer, si besoin était, que cette soi-disant Vérité n’en est pas une, mais qu’elle n’est qu’une vague synthèse des  courants dominants à une certaine époque.

Tout cela, inconsciemment, l’Eglise devait le savoir ou du moins elle devait savoir que certains pourraient mettre en doute la véracité de ses théories. Si elle voulait survivre, elle ne pouvait donc tolérer aucune critique et s’est donc employée à tuer dans l’œuf toute tentative de déviance.

On remarquera que dans un premier temps elle agit sur le terrain par personnes interposées, prêchant la croisade et envoyant au combat les professionnels de  l’époque, à savoir les chevaliers. Il faut dire qu’entre le pouvoir religieux et le pouvoir politique, l’entente a toujours été très bonne et pour cause, chacun ayant besoin de l’autre pour asseoir son autorité. L’Eglise est défendue par les armes des chevaliers et la noblesse s’impose grâce à l’aide de l’Eglise (le roi est sacré à Reims, oint du saint Chrême et tire son pouvoir de Dieu, via l’Eglise).

Ceci dit, on a vu que les croisés se souciaient finalement fort peu de religion et qu’ils venaient dans le Sud essentiellement dans le but de s’emparer de nouvelles terres. Bref, il s’agit d’un vol organisé et justifié par l’autorité de l’Eglise (laquelle y trouve son compte en éradiquant toute pensée « hérétique », autrement dit toute pensée qui dévie de son dogme officiel).

Le reste, on l’a vu,  n’est qu’une longue suite de combats sanglants. Ce qui fait mal, en dehors des vies perdues et de la souffrance endurée, c’est cette volonté d’exterminer une pensée et finalement une civilisation. Car le Midi de la France, au XII° siècle, possède un raffinement et une culture que le Nord ne possède pas. Cette région, très tôt colonisée par les Romains, se situait sur la route entre Rome et l’Espagne. Dans l’Antiquité déjà, la Narbonnaise a un statut à part par rapport au reste de la Gaule, colonisé beaucoup plus tard. Puis ce furent les invasions germaniques, qui ont plus marqué le Nord que le Sud.  Pendant qu’au-dessus de la Loire les seigneurs passaient leur temps à guerroyer ou à s’affronter dans des tournois, en-dessous de ce fleuve régnait le « fine amor », l’amour courtois. La femme était respectée et on lui écrivait des poèmes. Quelque part, c’est tout cela aussi qu’est venue anéantir la croisade.

Mais revenons au rôle de l’Eglise. C’est donc par la puissance qu’elle s’est imposée et par après elle a eu beau jeu de dire qu’elle avait su se maintenir pendant des siècles et qu’il fallait y voir là une intervention divine.

C’est ce que m’a dit un jour un prêtre avec qui je discutais et à qui j’avouais mon athéisme.  Je lui avais d’abord dit que son Dieu d’amour était étrange car en nous imposant l’épreuve de la mort (même s’il y a un paradis après, comme certains le prétendent) il se montrait particulièrement sadique. Là, la réponse du prêtre fut celle de l’autorité qui veut en imposer. Qui étais-je, moi misérable vermisseau, pour oser critiquer mon Dieu ? Voyant qu’on ne pouvait pas dialoguer sur ce terrain, j’ai mis la conversation sur les erreurs de l’Eglise et j’ai cité évidemment l’Inquisition. Il a admis les faits (comment aurait-il pu les nier ?) mais a dit que l’Eglise est composée d’hommes et donc, par définition, qu’elle est faillible. En gros, il fallait accepter toutes ses erreurs (croisades, Inquisition, richesse, collaboration, etc.). par contre ajouta-t-il, le fait qu’elle ait duré 2.000 ans prouve à suffisance que Dieu existe et qu’il la soutient, cette Eglise qui est la sienne, car aucune institution humaine n’a duré aussi longtemps. Là, j’ai essayé de lui expliquer que justement si elle avait duré si longtemps c’est parce qu’elle s’était imposée par la force et avait condamné toutes les déviances. Et une nouvelle fois, il a répété qu’elle avait commis des erreurs parce elle est composée d’hommes faillibles, mais qu’elle avait duré grâce à la volonté de Dieu. Bref, la conversation tournait en rond.

Alors je lui ai demandé comment il avait eu l’idée de se faire prêtre. Et là, à ma grande stupéfaction, il m’a dit que c’était à cause du scoutisme. Diable ! Comment cela ? Eh bien, ce n’était pas un mystique (Jean de Lacroix et Ste Thérèse d’Avila, cela ne le fascinait pas) mais un pragmatique. Ce qu’il avait aimé chez les scouts, c’était la camaraderie, l’esprit d’équipe et la fait de partager des émotions ensemble. Dans l’Eglise, c’est la même chose, m’expliqua-t-il. Peu importe ce que l’on croit et peu importe qu’au cours des siècles les Chrétiens n’aient pas toujours eu les mêmes convictions (des époques ont privilégié Dieu le père, terrible et vengeur, d’autres comme la nôtre préfèrent le message du Christ, etc.) ce qui compte, c’est de croire la même chose en même temps, en communion avec les autres. Vu comme cela, évidemment … 

Concile de Nicée (en 325)

concile_nicee.jpg

27/11/2011

Indignons-nous

Dans la logique du billet précédent, qui visait à se demander comment un individu pouvait agir pour faire changer le monde qui l’entoure et si ce même individu ne perdait pas ainsi sa vie en vains efforts,  interrogeons-nous aujourd’hui sur un mouvement qui semble réussir, celui des « indignés ».

Né quelque part dans la logique du printemps arabe, qui a vu des foules immenses descendre dans les rues, c’est en Espagne que très logiquement le  mouvement des indignés s’est exprimé en premier lieu. Je dis logiquement car les côtes méridionales espagnoles sont proches des côtes de l’Afrique du Nord et parce que ce pays ibérique traverse une crise économique grave. Ensuite, grâce à Internet, le mouvement s’est généralisé un peu partout dans le monde.

Après des décennies d’une politique néo-libérale qui a tout axé sur le profit privé et qui a rejeté les coûts sur la collectivité, un certain nombre de citoyens se sont retrouvés exclus du système. Vivant en marge d’une société qu’ils voulaient intégrer, les indignés de Madrid sont venus rappeler qu’ils existaient et qu’ils avaient respecté les règles du jeu. En gros, il s’agit de jeunes diplômés qui ont fait des études mais qui ne trouvent pas de travail ou alors un travail précaire, souvent de bas niveau et en tout cas mal payé. Il ne s’agit donc pas d’individus asociaux vivant volontairement en marge de la société et qui se seraient retrouvés dans la précarité par leur seule faute. Non, il s’agit de jeunes gens qui ont joué le jeu, qui ont étudié et à qui la société n’offre aucun avenir car les belles places sont déjà prises. Avec plusieurs diplômes universitaires en poche, certains vivotent avec 800 euros par mois et à trente ans ils doivent renoncer à leur minuscule appartement à Madrid pour retourner vivre à la campagne chez leurs parents, ce qui n’est pas la condition idéale pour fonder une famille, on en conviendra. Alors, en gros, ils descendent dans la rue pour dire qu’ils existent et viennent réclamer une petite part de ce gâteau dont certains avant eux se sont emparés des plus gros morceaux.

Révolte légitime, on en conviendra. Révolte pacifique aussi, à laquelle la police espagnole a parfois répondu avec une brutalité injustifiée, les autorités étant sans doute désemparées devant la nature de ces revendications auxquelles elles n’ont pas de réponse à apporter. Car notre société ne fait que valoriser le travail et l’effort. En gros, le discours libéral est le suivant :« Je suis riche, mais je l’ai bien mérité car j’ai beaucoup travaillé pour cela. Et si vous êtes chômeur, c’est de votre faute. Celui qui veut vraiment travailler trouve toujours quelque chose. » Certes, mais à quel prix et pour quel salaire ? Accepter de faire 150 km par jour pour un emploi subalterne à mi-temps, sous-payé et limité à une durée de trois mois ne va pas spécialement enrichir celui qui accepte un tel emploi. Sans compter qu’après les trois mois, la personne pourra retourner au chômage et attendre un autre emploi tout aussi précaire. Impossible, dans ses conditions, d’organiser son avenir à long terme. Il faudrait au moins trouver une activité à durée indéterminée mais le système libéral fait tout pour précariser ses travailleurs. Dans sa logique, il vaut mieux embaucher des travailleurs roumains payés au tarif de la Roumanie et ne bénéficiant d’aucune sécurité sociale (ce qu’autorise les traités européens) que d’engager des travailleurs locaux forcément plus chers. En d’autres termes, quand nos firmes ne délocalisent pas leurs activités, elles importent des régions les plus pauvres de l’Europe un personnel qu’elles peuvent exploiter en toute légalité. Alors, comme l’écart se creuse de manière scandaleuse entre ceux qui détiennent les moyens de production et les salariés (devenus des non-salariés), ces derniers ont fini par descendre dans la rue. Nous ne pouvons qu’approuver.

Reste à savoir si ce mouvement des indignés peut déboucher sur quelque chose. Notons d’emblée qu’ils ne font pas la révolution. Ils ne renversent pas les régimes, ils contestent simplement de ne pas  avoir une place dans la société alors qu’ils en avaient respecté les règles (« Fais un effort mon fils, étudie et tu auras un bon travail… ») . Ce n’est pas la révolution d’Octobre qui met fin à la tyrannie des Tsars, tout ce que réclament les indignés c’est une petite place au soleil. Que les autres se serrent un peu et leur laissent quand même un petit morceau du gâteau. Dans une telle perspective, quelle suite peut être donnée à leur mouvement ? A mon avis aucune, car ce qu’il faudrait revoir c’est tout le système capitaliste axé sur le seul profit. Il faudrait que l’Etat, les Etats, puissent réglementer la répartition des richesses (or la logique de la mondialisation est le « laisser-faire»), puissent réglementer l’organisation du travail par des lois sociales (or on est occupé à démanteler celles qui existaient) et puissent le cas échéant venir en aide à ceux qui sont en-dehors du système (or on demande aux Etats de faire des économies et on leur suggère en plus de privatiser une partie de leurs activités). Il n’y a donc aucune solution au problème des indignés dans le contexte actuel. A moins de renoncer à cette politique libérale injuste et profondément égoïste. On en est loin puisque depuis qu’ont eu lieu les revendications de la place de la Puerta del Sol, la crise de la dette est venue nous frapper de plein fouet. Des firmes privées (les agences de notation) viennent analyser la situation financière des Etats comme si ceux-ci étaient de simples sociétés privées, ils émettent des réserves, les cours boursiers chutent, les taux d’emprunt de ces mêmes Etats devenus fragiles montent, et on demande aux citoyens de se serrer la ceinture pour rembourser les banques (mais la ceinture, les indignés se l’étaient déjà serrée jusqu’au dernier cran). Comme on se méfie et qu’on doute de la soumission et de la bonne volonté des masses à vouloir sauver le système capitaliste, on  met à leur tête des techniciens issus de ce même monde bancaire (Italie, Grèce, BCE) qui vont leur répéter que le profit est pour certains privilégiés et les pertes pour la collectivité.

Que dire alors aux indignés qui continuent à camper dans leur tente de fortune ?

Mais au moins le mouvement a le mérite d’exister. S’il n’est pas structuré (il s’agit essentiellement de revendications individuelles, mais qui vont toutes dans le même sens) il ne débouchera sans doute sur rien.  S’il est récupéré par un parti, il sera utilisé à d’autres fins. Par contre s’il se généralise et si les maîtres du monde commencent à redouter de traverser certaines places publiques au volant de leurs grosses voitures (avec chauffeur, de préférence payé au Smic), alors il se passera sans doute quelque chose. D’abord une répression policière. Mais si elle ne suffit pas à endiguer le mouvement ?  

Ou alors on attendra qu’il s’essouffle de lui-même. Quand la neige tombera sur les tentes de Wall Street, les contestataires regagneront leur chaumière, vaincus par l’hiver, un peu comme Napoléon devant Moscou.  


Puerta del Sol

Indignés

31/10/2011

Aphorismes (7)

Autrefois, le colonialisme apportait la civilisation. Aujourd’hui, le libéralisme apporte la démocratie. Pour le reste rien n’a changé, il faut toujours passer par la guerre pour imposer ses idées.

La Chine vient de racheter un gros morceau de la dette européenne. Nous sommes donc tous devenus un peu chinois. J’aime quand le  libéralisme rapproche les peuples.

Ce qu’il y a de bien avec les guerres modernes, c’est qu’elles sont propres. Les bombes sont téléguidées et frappent leur objectif avec une précision redoutable, ce qui évite tout dégât collatéral, comme chacun sait. On ne comprend d’ailleurs pas comment 60 bombes ont pu tomber sur le palais d’un dictateur alors que tout le monde était d’accord pour dire qu’on n’en voulait pas à sa vie. La technique de téléguidage ne me semble pas tout à fait au point.

Les saisons tournent, revoici l’automne. Jusqu’au jour où nous ne serons plus là pour voir les feuilles tomber.

Je n’ai jamais aimé la Toussaint. Quand j’étais gosse, il fallait aller se recueillir sous la pluie sur la tombe de personnes que je n’avais jamais connues. Maintenant ce n’est pas mieux. Je connais à peu près tous ceux qui sont sous terre.

Le plus dur, à la Toussaint, ce n’était pas la visite aux morts, mais celle qu’il fallait rendre aux vivants. Moi qui enfant aimais déjà la solitude, me retrouver dans une pièce avec une trentaine d’adultes qui parlaient de la pluie et du beau temps m’ennuyait à mourir. Pour un peu j’aurais envié les autres, là-bas, dans leur tombe.

La tombe du grand-père (je ne l’ai jamais connu) n’avait ni pierre ni monument. Juste de la terre battue, ce qui en disait long sur notre position sociale. Enfin, au moins elle était propre et il n’y avait pas de mauvaises herbes. C’est que chacun a sa fierté !

A dix ans, au cimetière, quand je lisais mon nom de famille sur cette pierre dressée devant le petit carré de terre battue, il me semblait que j’étais déjà en retard.

La veille du 11 novembre, toute l’école montait à travers bois jusqu’au cimetière, pour rendre hommage à ceux de 14-18. Il faisait toujours mauvais et froid. Quand enfin on arrivait, complètement frigorifiés, c’est à peine si on apercevait le monument commémoratif, perdu dans le brouillard. Une fois revenus en classe, on se disait qu’ils avaient dû avoir drôlement froid les autres, là-bas, dans leurs tranchées. Pas étonnant qu’ils étaient morts.