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17/02/2013

Cheval

On parle beaucoup du cheval ces derniers jours. 

Cela me semble un juste retour des choses. L'histoire n'est-elle pas cyclique ?

 

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Commentaires

Ah merci, c'est un véritable apaisement pour les yeux et l'esprit que la contemplation de cet art pariétal...
Le clan du cheval et le clan du bœuf en somme :)


Vient de sortir "La Plus Vieille Énigme de l'humanité" de Bertrand David, peintre et dessinateur, et Jean-Jacques Lefrère, professeur de médecine et spécialiste, entre autres écrivains de Rimbaud.
Sur les peintures pariétales des cavernes ornées par les hommes du paléolithique supérieur, Lascaux et Chauvet principalement.
Pourquoi les animaux sont-ils toujours représentés de profil, pourquoi tant de dessins superposés (?) Comment pouvaient-ils procéder, etc.

Écrit par : Michèle | 17/02/2013

@ Michèle : dans la peinture égyptienne le corps est souvent représenté de face, mais le visage de profil. Ce corps peut-être nu ou habillé. Au Moyen-Age, il est toujours habillé, sauf dans les représentations de l'enfer, où il se retrouve systématiquement nu, sans doute pour mieux sentir les flammes vengeresses ou pour signifier que l'être humain a alors perdu sa dignité d'homme pour n'être plus qu'un animal qui souffre.

Pour le dessin pariétal, n'oublions pas les mains "négatives " de Gargas :
http://www.numerigrottes-pyrenees.fr/p-gargas-mediation_fr.htm

Écrit par : Feuilly | 17/02/2013

Merci de ce rappel de Gargas, que je n'aurais pas dû oublier.

Les hypothèses qu'avancent sur les peintures d'animaux, les auteurs que je citais, sont tellement simples que je me demande si personne n'y a pensé avant.
Mais contrairement aux idées reçues le simple ne se donne jamais d'emblée. Le b, a, ba est la fin d'un processus et non le commencement.

Écrit par : Michèle | 17/02/2013

Ce qui m'avait impressionné à Lascaux, ce sont certains sujets, notamment des chevaux, peints dans des boyaux sinueux, de telle sorte que l'artiste ne voyait pas et n'a jamais vu la totalité de son œuvre.
Fabuleux travail de l'esprit

Écrit par : Barnabé | 18/02/2013

L'artiste aurait travaillé sans jamais voir la totalité de ce qu'il réalisait ? C'est fabuleux, cela.

Écrit par : Feuilly | 18/02/2013

Oui. J'en suis resté bouche bée.
C'est à Lascaux également que j'ai appris que dans le nord de l'Espagne ( honte à moi, je ne sais plus où) il existait un site avec des peintures tout à fait similaires.
Même technique, même finesse, mêmes couleurs. Des frères de Lascaux.
Alors, la question qui m'a toujours hanté : Par qui, par quoi, en l'absence d’État, de religion établie,d'idéologie commune, des hommes aussi éloignés les uns des autres ( vu l'époque) étaient-ils fédérés pour avoir la même culture et le même sens de l'art ?

Écrit par : Barnabé | 18/02/2013

@ Barnabé: Les grottes d'Altamira sans doute.
http://whc.unesco.org/fr/list/310

Pour le reste vous soulevez une question fondamentale, qu'avait également soulevée Claude Levi-Strauss dans ses "Mythologiques" : les mêmes démarches culturelles se retrouvent partout dans le monde à un stade identique de développpement. Il estimait qu'il ne fallait pas y voir des influences historiques entre les peuples, mais qu'une sorte de constante de l'esprit humain expliquait cela.

Écrit par : Feuilly | 18/02/2013

Altamira, c'est cela. Merci. Et pour le lien aussi.
Je connais effectivement " Mythologiques" et la thèse de Levi-Strauss sur le sujet . Et je trouve assez curieuse cette thèse du chef de file du structuralisme appliqué à l'ethnologie. L'esprit serait alors, selon les termes structuralistes, un "atome", c'est-à-dire un élément intrinsèque, extérieur à l’interdépendance des phénomènes sociaux, culturels, etc... entre eux.
Peut-être. Vaste question en tout cas.

Écrit par : Barnabé | 19/02/2013

@ Barnabé :

Non, Lévi-Strauss est logique avec lui-même (ce qui veut dire qu’il suit ses règles jusqu’au bout et ne signifie donc pas d’office qu’il a raison). Pour lui, tout est dans la structure des choses. Il ne peut donc que renier l’influence historique comme base de l’explication (ou alors, là où il y a une influence historique avérée, il constate que la structure initiale se modifie, mais dans tous les cas elle retrouve un équilibre intrinsèque. Elle n’est plus celle du début, elle n’est pas non plus celle du peuple envahisseur, elle est une troisième voie, qui a sa logique à elle).

Il dit qu’à un certain stade de développement, un peuple reproduit les mêmes schémas de pensées (dessins, magie, naissance des religions polythéistes, puis monothéistes, etc.)
Son analyse des mythes amérindiens est quand même fabuleuse. De contes à première vue différents (Amérique du Nord et Amérique du Sud), mettant en scène des personnages différents (le loup, le fourmilier, etc.) et racontant à première vue des choses différentes (un homme qui quitte sa femme et une femme qui cherche à sa marier à tout prix), de ces contes différents, dis-je, il parvient à mettre en évidence une structure commune. Du coup, on comprend que le message est le même.

Écrit par : Feuilly | 19/02/2013

@ Michèle : merci pour ce lien. Incroyable, cette idée que les dessins rupestres proviendraient d'ombres projetées.... En plus c'est un livre récent. Tu es une vraie bibliothèque vivante :))

Écrit par : Feuilly | 19/02/2013

La vidéo mise en lien est tout simplement fabuleuse. Voilà un livre sans doute à ne pas louper.

D'autant qu'il m'en souvienne de mes cours d'ethnologie, Levi Strauss emprunte la méthode dialectique hégélienne ( thèse, antithèses, synthèse) et considère le mythe comme une façon de résoudre des antagonismes en même temps primaires et culturels, parmi lesquels le mythe d’œdipe par exemple.
En le fondant dans un mythe, l'antagonisme primaire( le complexe) apparaît comme ayant résolu sa contradiction dans une appropriation linguistique, culturelle.
Dès lors, on peut mieux comprendre, si le conte ou le mythe a partout cette même fonction, qu'il porte partout le même message, sous des formes culturelles différentes, car les contradictions primaires, chez les hommes organisés en familles ou en clans, sont partout les mêmes. Fondamentalement.
J'ai été passionné, à l'époque, par Levi-Strauss et Malinowski (La sexualité et sa répression dans les sociétés primitives). Tout cela demeure passionnant. Reste que les grandes questions n'ont été élucidées qu'en théories, parfois brillantes, il est vrai.

Écrit par : Barnabé | 19/02/2013

@ Barnabé : voilà, le mythe ou le conte permet de donner une explication à l'inexplicable (crétion du monde, dualité hommes/femmes, phénomènes physiques étranges, existence des planètes et des étoiles, origine des fleuves, présence de la mer, etc.)
A côté de cela, il existe une réalité qui se retrouve partout et sur laquelle tous les peuples primitifs se sont penchés : gauche/droite, au-dessus/en-dessous, mâle/femelle, avant/après, etc.

Écrit par : Feuilly | 19/02/2013

Oui, très juste. Des notions universelles qui posent la direction du monde, sa morale universelle et sa dualité, et qui, partout, ont été traduites chez tous les peuples primitifs.
Mais voyez comme les tabous qui s'en sont suivis ont été bien différents. Malinowski nous a appris, par exemple, que les Trobriandais étendaient la prohibition de l'inceste jusqu'au clan. Comme si, chez nous, l'inceste concernait un village, une communauté. Donc résolution des tabous consanguins différents d'une société à l'autre.
Peut-être, mais là je m'avance un peu, pour éviter une dégénérescence. Voyez comme en 1789 en France, un château sur deux recelait un individu infirme, un débile, après plus de dix siècles de mariage entre "sang bleu".
Vous me donnez envie de relire tout ça.

Écrit par : Barnabé | 20/02/2013

@ Barnabé : comme quoi ces vieux dessins préhistoriques ouvrent la porte à plein de réflexions fondamentales :))
Oui, la prohibition de l'inceste est donnée par beaucoup d'anthropologues comme le fait culturel fondamental, celui qui distingue l'homme de l'animal.
Notez que cet animal, chez les primitifs (à la différence du catholicisme qui lui refuse une âme) a un statut : il est le personnage principal des mythes et il est souvent un dieu lui-même.

Écrit par : Feuilly | 20/02/2013

Ces peintures pariétales forcent l'imaginaire, interrogent sur les origines, et stimulent la réflexion, c'est vrai.
L'inceste était effectivement considéré comme une déviance de l'animalité. Mais ( je ne sais pas s'il faut mettre "mais") comme vous le notez, l'animal était par ailleurs chez les peuples primitifs élevé au rang d'idole, respecté comme une création à part entière de la nature. Parce que l'animal, c'était la vie et la survie. Les Indiens des plaines ne subsistaient que grâce au bison, nourriture, vêtements, huile etc... On peut dire que les peuples primitifs, ou les peuples nomades de l'époque moderne, qui ne connaissaient pas le travail salarié ou le méprisaient (quand on a demandé aux Apaches de semer du mais, ils se sont considérés avilis) considéraient la nature comme la mère de la vie, de leur vie. Leur respect était intégral.
Quant aux catholiques distributeurs d'âme, vous connaissez sans aucun doute la controverse de Valladolid : certains prétendaient même que les peuplades primitives n'en avaient pas. Ce qui arrangeait bougrement les pilleurs espagnols et portugais. Alors, prêter une âme à un chien, ils en sont très loin...

Écrit par : Barnabé | 20/02/2013

S'ils n'avaient pas d'âme, on pouvait massacrer les Indiens, s'ils en avaient, il fallait au plus vite aller les évangéliser pour qu'ils soient baptisés avant de mourir au travail.

Sinon, pour l'âme des animaux et des plantes, je préfère les mots de Brassens :


Le curé de chez nous, petit saint besogneux,
Doute que sa fumée s´élève jusqu´à Dieu.
Qu´est-c´qu´il en sait, le bougre, et qui donc lui a dit
Qu´y a pas de chêne en paradis?

Écrit par : Feuilly | 20/02/2013

Que ces vers sont magnifiques ! L'art de dire en quatre vers ce qui demanderait des pages et des pages...
Merci.

Écrit par : Barnabé | 21/02/2013

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