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04/05/2007

Ma France, où es-tu?

(…)
Cet air de liberté au-delà des frontières
Aux peuples étrangers qui donnaient le vertige
Et dont vous usurpez aujourd'hui le prestige
Elle répond toujours du nom de Robespierre
Ma France

Celle du vieil Hugo tonnant de son exil
Des enfants de cinq ans travaillant dans les mines
Celle qui construisit de ses mains vos usines
Celle dont monsieur Thiers a dit qu'on la fusille
Ma France

Picasso tient le monde au bout de sa palette
Des lèvres d'Éluard s'envolent des colombes
Ils n'en finissent pas tes artistes prophètes
De dire qu'il est temps que le malheur succombe
Ma France
(…)
Qu'elle monte des mines descende des collines
Celle qui chante en moi la belle la rebelle
Elle tient l'avenir, serré dans ses mains fines
Celle de trente-six à soixante-huit chandelles
Ma France

Jean Ferrat, Ma France

Débat électoral

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Que retenir du débat de mercredi entre les deux candidats ?

Rien, si ce n‘est que Sarkozy ne l’a pas dominé, comme je m’y attendais. Ségolène, sans doute pour cacher son manque d’assurance devant les micros, avait choisi de jouer le registre de l’agressivité. Derrière un visage impénétrable à la Mitterrand, elle a souvent répondu vertement à son adversaire, lequel, parfois désorienté, semblait perdre du terrain. Il est vrai que devant une femme il ne pouvait pas jouer le même jeu, politesse et courtoisie obligent. Du coup, celle qui semblait autrefois mal maîtriser ses dossiers et ne faire que de la figuration devant les caméras s’est révélée un caractère fort. Sans doute est-ce cette image qu’elle voulait montrer d’elle, prenant le risque d’aller trop loin et de perdre la sympathie que certains lui accordaient en tant que femme.

Bon, sur le fond, Sarkozy a été fidèle à lui-même. Il nous a ressorti les thèses libérales habituelles : plus de travail, moins d’impôts, davantage d’argent dans votre portefeuille et donc relance économique et finalement diminution du chômage. Sa théorie sur les heures supplémentaires profitera d’abord au patronat puisqu’elle évitera de devoir engager de nouveaux collaborateurs. De plus il n’y aura pas de cotisations sociales et à la limite c’est l’Etat qui prendra en charge le surcoût de ces heures supplémentaires. Oui, mais on se demande bien avec quel argent l’Etat va pouvoir payer puisque le petit Nicolas nous promet aussi moins d’impôts (et pas d’impôts du tout pour les sociétés s’il y a moyen). Donc, venir dire qu’il est plus pragmatique que sa rivale ne tient pas la route. Il est vrai qu’il a promis de réduire les effectifs de la fonction publique d’un tiers, ce qui fera des économies (je suppose qu’il pensait d’abord aux inspecteurs des impôts chargés du contrôle des sociétés). Non, décidément on ne peut cautionner un tel projet de société. C’est démanteler toute l’infrastructure en place pour le profit de quelques-uns. C’est le principe du laisser-faire quand il s’agit de s’enrichir, mais c’est la politique du bâton quand il faut que le peuple rentre dans le rang.

Elle, la belle, de son côté, est restée dans le vague. Pas de chiffres précis mais des intentions claires. Sur le fond, on se trouve d’accord avec elle, dommage que l’on sait déjà qu’elle ne tiendra pas ses promesses.

Enfin, de deux menteurs, lequel choisir ? Celui au moins qui dit ce que vous pensez, pour ne pas que l’autre fasse plus de dégâts encore qu’il ne l’a annoncé.

27/04/2007

Le candidat des pauvres

Il n’est pas facile d’être candidat, c’est un fait. Cela demande beaucoup de savoir-faire. Or, Monsieur Sarkozy (vous aurez remarqué que je ne dis plus le petit Nicolas car il sera bientôt à la tête de l’Etat, ce qui tout de même n’est pas rien), Monsieur Sarkozy donc, qui fut un mauvais ministre et qui sera demain un plus mauvais président encore, se trouve être un excellent candidat.

Comment, en effet peut-on défendre le patronat et réclamer des baisses d’impôts pour les sociétés et en même temps se faire le porte-parole du peuple contre les élites (condition nécessaire à toute élection si on veut avoir des voix) ? C’est là un tour de force qui requiert une certaine intelligence, il faut l’avouer.

D’un côté, il peut prononcer dans un discours à Toulouse le 12 avril dernier : « Si je suis élu président, tout ce que la droite républicaine n’osait plus faire parce qu’elle avait honte d’être la droite, je le ferai », ce qui, on en conviendra, rassurera les investisseurs qui ne savent que faire de leur argent. On n’avait jamais vu quelqu’un de droite avouer jusqu’à quel point il était à droite.

De l’autre il pourra dire : "Je veux parler d’une(…) souffrance, bien réelle, qui ne doit pas être sous-estimée :celle de la France qui n’est pas dans la précarité, qui se lève tôt, qui travaille dur, qui se donne du mal pour nourrir sa famille et élever ses enfants, qui elle aussi je l’affirme est à la peine, et qui entend qu’on le sache et qu’on réponde enfin à son appel. » Là, il s’adresse aux Français ordinaires, autrement dit à la majorité de la population(et donc à sa réserve d’électeurs).
Comment ceux-ci ne vont-ils pas lui reprocher de soutenir le patronat ? Tout simplement en déviant leur regard vers les autres, vers ceux qui ne font rien, autrement dit les chômeurs et les abonnés au RMI. Vous, Français qui travaillez, leur dit-il, vous êtes honorables précisément parce que vous travaillez et même souvent durement, je le sais. Et il ajoute aussitôt, perfide :

« Je n’accepte pas qu’il y ait des gens qui soient au RMI et qui, à la fin du mois, aient autant que des gens comme vous qui se lèvent tôt le matin. »

Bien joué. Les citoyens ne pensent plus aux fortunes colossales que le candidat Sarkozy va aider encore à accroître, ils regardent en dessous d’eux (ce qui fait toujours plaisir de savoir qu’il y a encore plus bas que vous).Et là ils voient des gens qui ont à peu près les mêmes revenus que les leurs en ne faisant rien. Les rentiers, ce sont ceux-là, finalement, pas les patrons, qui après tout travaillent.

Et l’ami Sarko continue à enfoncer le clou : « L’assistanat généralisé est une capitulation morale. L’assistance est une atteinte à la dignité de la personne. Elle l’enferme dans une situation de dépendance. Elle ne donne pas assez pour une existence heureuse et trop pour inciter à l’effort. » Manière habille de suggérer que l’Etat peut réduire ses dépenses et même qu’il le doit. Car aider de telles personnes, ce n’est pas leur rendre service, c’est même pour ainsi dire immoral. Fini donc l’Etat providence (ce qui permettra au passage de réduire les impôts des sociétés). Votez pour moi et tout ira mieux.

Bien sûr il y a les fils de riches, qui eux aussi ne font rien et qui vivent de l’argent que papa a amassé en spoliant les autres. Mais à la limite, c’est moins grave car c’est de l’argent privé, ce n’est pas la collectivité qui paie. Argument imparable.

Et est-ce que le capital, plutôt que d'amonceler des euros dans des grands coffres, ne pourrait pas plutôt venir en aide à tous ces nouveaux pauvres ? C’est là une solution qu’il faut écarter d’emblée et le futur calife a trouvé la phrase qu’il fallait : : « Ils disent : faisons payer le capital ! Mais si le capital paye trop, il s’en ira ».

Ah, il n’y a pas à dire, il est peut-être petit, mais il es t très fort, l’ami Nicolas. En tout cas il a réponse à tout. Pour un peu on voterait pour lui !

26/04/2007

Stratégie de communication

A partir du moment où le temps est désormais compté, les deux candidats qui restent en lice vont essayer de convaincre par tous les moyens. Or il se fait qu’ils ne tiennent pas des discours fondamentalement différents. Pour les départager, c’est plus leur personnalité, la manière dont elle sera perçue par les électeurs, qui sera déterminante.

Sarkozy semble sûr de lui. Il donne l’impression de savoir de quoi il parle et il a une opinion très tranchée sur tous les problèmes qu’on lui soumet. Inconsciemment, cela rassure. Evidemment, il dérape parfois puisqu’il en arrive à dire une chose et son contraire avec un aplomb identique. Pour beaucoup, cette assurance agace dans la mesure où elle laisse transparaître un caractère intransigeant, qui n’accepte pas la critique.

Ségolène, elle, paraît mal à l’aise à la tribune. Ce n’est pas une oratrice et on dirait qu’elle répète un texte pour une pièce de théâtre plutôt que d’exprimer ce qu’elle pense réellement. Il lui arrive d’ailleurs de dire qu’elle s’en remettra à l’opinion des Français, attitude très démocratique, on en conviendra, mais qui donne aussi l’impression qu’elle n’a pas d’opinion et encore moins de solution. Elle tente de dépasser cette fadeur en affichant sa féminité de manière discrète, mais réelle (habillement, sourire, oreille tendue). On conviendra qu’elle est plus séduisante que l’Allemande Angela Merkel, mais ce qui semble être un atout pourrait aussi lui coûter la victoire car les Français ne veulent pas d’une simple potiche à la tête de l’Etat.

Ce qui est sûr, c’est que dans les coulisses, les spécialistes en communication doivent être en ébullition et donner de nombreux conseils (le doigt tendu de Sarkozy peut ressembler à un salut hitlérien, il faut donc l’éviter. Le manque de crédibilité de Ségolène doit être compensé par un air solennel, comme si elle était déjà présidente). Beau symbole de notre époque où l’être a fait place au paraître.

Ce n’est d’ailleurs plus un homme ou une femme que les Français vont élire, mais une image. Gare aux lendemains pluvieux, quand le masque sera tombé et les lampions éteints.

24/04/2007

Politique et patrie.

Si quelque chose a changé, finalement, en politique, c’est le rapport à l’identité nationale. Quand j’étais enfant, j’entendais des gens autour de moi refuser de voter à gauche car cela revenait, selon eux, à voter pour Moscou. C’était aller un peu vite en besogne, car le PS n’était pas le PC, tout de même, mais bon. Quand quelqu’un voulait apporter quelques nuances, on lui répondait invariablement qu’il existait une internationale socialiste et que les décisions de politique générale seraient prises en dehors de la France, dans l’intérêt d’un parti et non dans l’intérêt de cette même France. Seul quelqu’un comme de Gaulle incarnait parait-il la patrie et les décisions qu’il prenait ou avait prises l’avaient été pour la grandeur du pays (si pas pour le bien des citoyens). 

Aujourd’hui, on a presque la tendance inverse. La gauche voudrait le bien des citoyens tandis que la droite est prête à vendre père et mère au capitalisme international. Le commerce est mondial, les rapports économiques aussi. Liquidez l’Etat et son pouvoir de contrôle, vendez son patrimoine, débarrassez-vous de son immobilisme et surtout laissez faire ceux qui s’y connaissent en économie. Voilà, en gros, le discours qu'ils nous tiennent. 

Et nous, là-dedans, on devient quoi ? Le contrat social, tel que Rousseau l’avait défini, ne suppose-t-il pas tout de même que tout un chacun doit y trouver son avantage ?

Des deux France.

La France coupée en deux ? Pas vraiment, en fait, dans la mesure où les socialistes genre Ségolène ne sont socialistes que par le nom et par la bonne conscience. Il est plus facile, évidemment, de se dire de gauche que d’avouer qu’on veut exploiter le bon peuple.

Ceci étant dit, on est toujours à la gauche de quelqu’un. Mettez Le Pen au pouvoir et Sarkozy prétendra mener une opposition de gauche.

Pour le reste, il ne faut pas se faire d’illusions. C’est chou vert et vert chou. Disons simplement que l’un est un peu plus vert et l’autre un peu plus chou. L’un privatise en douceur, l’autre le fait à toute vapeur. L’un veut faire perdurer quelque temps encore un système social au bord de la faillite, l’autre veut le supprimer tout de go. L’un se contentera d’une présence militaire française en Afghanistan, tandis que l’autre irait bien soutenir l’oncle Bush jusqu’en Irak ou en Iran s’il le fallait.

A ce propos, connaissez-vous la French American Foundation ? Cette association, fondée avec l’accord de Giscard d’Estaing du temps de sa présidence, a un siège a Paris et un autre à New York. Son but était de renforcer les amitiés transatlantiques. Cela pouvait se comprendre du temps de la guerre froide, mais aujourd’hui ? En attendant, depuis trente ans cette fondation tente de recruter de jeunes leaders dont on peut supposer qu’ils occuperont des postes importants (elle agit un peu comme l’Opus dei, finalement, ou la Franc-maçonnerie). On retrouve parmi ces leaders (excusez ce terme franco-anglais, mais il est de mise ici) des membres de l’UMP, bien sûr, mais aussi du PS.

Sarkozy avait fait un discours à New York devant la fondation le 12 septembre 2006. On peut imaginer à quel point Bush a dû être ravi et comment il a dû mettre en lui tous ses espoirs. Ceci dit, s’il n’avait pas été élu (certes, il ne l’est pas encore, me direz-vous, mais il a déjà une main sur le dossier du trône), il n’y aurait pas eu de problème, puisque parmi les autres membres on retrouve François Hollande.

C’est qu’il n’y a que du beau monde, dans ce milieu. Citons en vrac Nicolas Dupont-Aignan (UMP), Alain Juppé (UMP), Jacques Toubon (UMP), Alain Richard (PS), Arnaud Montebourg (PS), Jérôme Clément (Arte), JM Colombani (Le Monde), Annick Cojean (Le Monde), Sylvie Kaufmann (Le Monde), François Léotard, Alain Minc, Christine Ockrent et, puisque nous sommes sur un blogue prétendument littéraire, Olivier Nora (Grasset) et Denis Olivennes (Fnac). Je passe sous silence, pour ne pas être lassant, différents journalistes de France-Inter, du Nouvel Observateur, des Echos et de Libération.
La Fondation organise de temps en temps des colloques, histoire de permettre à ses membres de se rencontrer et de décider entre eux des politiques qu’il serait bon de mener. Les thèmes choisis concernent par exemple la défense, le journalisme, l’éducation ou encore la santé. Parmi les orateurs, on retrouvera des noms comme François Bayrou (tiens tiens), Bernard Kouchner (toujours très utile puisqu’il défend la thèse de l’intervention militaire pour des raisons humanitaires) Jean-François Copé (porte-parole du gouvernement Chirac) Michel Barnier (conseiller politique de sarkozy)

Sarkozy en son royaume de France.

La victoire de Sarkozy ne devrait pas nous surprendre puisqu’elle était annoncée de longue date. Pourtant, dans un pays où insensiblement la fossé se creuse entre quelques privilégiés qui disposent de revenus importants et la masse de la population qui, elle, voit son pouvoir d’achat chuter inexorablement, on pourrait se demander pourquoi les électeurs désirent tant mettre le petit Nicolas sur le trône. Sans doute faut-il voir là une preuve supplémentaire du caractère moutonnier des foules, lesquelles ne font qu’aller là où on leur dit d’aller. Car enfin le sieur Sarkozy a pourtant clairement annoncé la couleur et on ne pourra pas lui reprocher de ne pas avoir prévenu. Il est à droite, mais plutôt à droite de la droite. Ce qu’il vient défendre, ce n’est pas la France ni ses citoyens, mais la possibilité pour ceux qui le veulent de s’enrichir. Les courageux qui se lèvent tôt et qui n’ont pas peur de travailler seront récompensés, dit-il en substance. Il devrait plutôt dire : les plus malins, ceux qui sauront jouer habilement avec la législation en vigueur, paieront moins d’impôts et s’enrichiront sur le dos des autres. Car pour ce qui est de se lever tôt, quoi qu’il en dise, c’est là une activité qui concerne tout de même une bonne partie des Français et on n’en voit pas beaucoup qui possèdent trois maisons de campagne avec piscine. De plus, ces Français qui se lèvent tôt, travaillent aussi que je sache, depuis le facteur des postes, le boulanger, le conducteur de trains jusqu’à l’enseignant, le petit commerçant et l’employé du secteur public. Pourtant ils ne sont pas ce que l’on peut appeler riches. C’est donc que le travail ne suffit pas.

En réalité le petit Nicolas a joué sur les mots. Chaque citoyen a cru qu’il parlait pour lui alors qu’il n’en était rien. Nul ne verra jamais la récompense de son labeur car ce n’est pas aux gens ordinaires que le futur président s’adressait (à eux il ne s’adresse que pour leur demander leurs voix). Dans une société mondialisée, il veut jouer à fond la carte du libéralisme. Son discours est le suivant : laisser les firmes s’enrichir au maximum, vous en obtiendrez toujours bien quelques miettes. Donc, dans cette optique, l’Etat doit être le plus faible possible. Seuls le marché et la libre concurrence doivent jouer. Supprimons d’ailleurs une partie des impôts (pour ces sociétés d’abord) elles ne s’en porteront que mieux. Evidemment les caisses de l’Etat vont se vider, mais peu importe. Il suffit de réduire les dépenses et d’arrêter par exemple de nourrir un tas de fainéants (il oublie qu’il n’y a plus de travail pour tout le monde et que le chômage est devenu la conséquence de la compétitivité à outrance), de privatiser la sécurité sociale (quelle idée d’ailleurs de tomber malade), de réduire l’aide à la recherche et à l’enseignement et de supprimer un tiers des fonctionnaires (des gens ne servent à rien, surtout les contrôleurs chargés des impôts des sociétés).

Bon, mais au-delà de ces considérations, essayons de voir tout de même ce qui a pu influencer le vote.

1) manifestement, le discours sécuritaire, repris à l’extrème-droite, a permis de venir voler quelques électeurs à Le Pen. D’ailleurs celui-ci n’avait pas voulu faire une campagne agressive, afin de se donner une certaine respectabilité. Mal lui en pris. Entre son discours et celui de Sarkozy, il n’y avait plus de grande différence. Alors venir parler de victoire de la démocratie, c’est oublier que les idées de Le Pen sont maintenant intégrées dans un parti dit démocratique.

2) La crise des banlieues et l’insécurité générale ont dû jouer. Les gens veulent être protégés.

3) A gauche, il n’y avait qu’une candidate fantoche, d’ailleurs fort peu socialiste (Ségolène est tout de même issue de la bourgeoisie). Depuis que le PS fait une politique de droite modérée, c’est-à-dire depuis pas mal d’années maintenant, les différences entre la droite et la gauche se sont estompées.

4) Curieusement, l’extrême-gauche n’a pas fait le plein de voix. Il faut dire que les candidats sont tous partis en ordre dispersés, ce qui les rendait peu crédibles. Il aurait fallu une candidature unique émanant d’une forte personnalité.

5) Reste le cas Bayrou. Modéré, centriste, il a tout de même récolté 18% des voix. Mais en voulant jouer sur le bon sens paysan et l’homme tranquille, il n’a pas su rassembler les Français qui préfèrent la personnalité marquée de Sarkozy. Ses électeurs de droite voteront pour ce dernier tandis que ceux de gauche s’abstiendront (sinon ils auraient déjà voté pour Ségolène).

Notons encore que le clivage Nord-Sud (langue d’oïl, langue d’oc) a été remplacé par un clivage Ouest-Est. Toute la vallée du Rhône et la Provence, ainsi que le versant Est du Massif central ont voté pour Sarkozy (enfin, plus exactement, Sarkozy est en tête des votes dans ces régions, ce qui n’est pas encore tout à fait le même chose).

Ségolène n’a aucune chance au vu du report des voix. De plus, dans son discours qui a suivi le résultat du premier tour (discours terne et soporifique), elle a été jusqu’à supprimer les insignes du PS sur son pupitre. En voulant ratisser large et en se voulant la candidate des tous les Français, elle néglige d’affirmer sa spécificité da gauche. Seuls les endoctrinés du parti vont la suivre, pas les idéalistes qui veulent un changement.

A ce propos, notons encore que les deux candidats parlent de changement, sans qu’on sache bien ce que recouvre ces mots creux.

20/04/2007

Élections

Dimanche, je serai élu...

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18/04/2007

Un président de droit divin?

Le journal Le Monde nous apprend qu’après « avoir cité le pape Jean Paul II lors d'un passage télévisé lundi, Nicolas Sarkozy est resté dans la même thématique, mardi 17 avril, estimant, dans deux interviews, que la part du christianisme dans l'identité nationale est "déterminante" et que les "racines chrétiennes" de l'Europe sont incontestables ».

Sans doute. Beaucoup, pourtant, s’étaient émus à l’idée de voir les références chrétiennes clairement inscrites dans la Constitution européenne.  Balayant ce courant de pensée d’un revers de main, Monsieur de Sarkozy, futur grand Vizir et actuellement candidat à la présidence de la République, prend nettement position.  Il ajoute que  "Derrière la morale laïque et républicaine française, il y a deux mille ans de chrétienté". C’est vrai, bien entendu. Et comme lui nous aimons visiter les cathédrales gothiques ou les églises romanes. Mais voudrait-il, par hasard, suggérer que l’époque républicaine est terminée et qu’il serait temps de revenir à l’ancien régime de droit divin ? Veut-il nous faire comprendre que dans cette élection Dieu est de son côté et que c’est oint du Saint Chrême qu’il va franchir les portes de l’Elysée ? On pourrait au moins se poser la question, puisqu’il dit par ailleurs admirer Jean-Paul II,  "l'homme qui par la force de ses convictions a fait tomber le mur de Berlin, (...) l'homme qui a dit qu'il ne fallait pas avoir peur, (...) l'homme qui a su incarner l'ouverture et la fermeté".

 Certes l’ancien pape est en voie de canonisation et on peut comprendre qu’en tant que candidat Sarkozy cherche tous les appuis possibles, y compris sur les marches du paradis, mais enfin cette référence à un homme qui a ancré l’église dans le passé en s’appuyant sur la tradition et en refusant qu’elle évolue avec son temps a de quoi inquiéter. Sarkozy va-t-il nous proposer une France moyenâgeuse ? Va-t-il, comme un autre candidat, nous ressortir Jeanne d’Arc ? Ou au contraire, va-t-il, comme Bush, lancer une croisade chrétienne contre les pays musulmans ? En se référant sans cesse au thème religieux  il espère manifestement se rallier un certain nombre d’électeurs. Que ceux-ci prennent garde cependant à ce que tout cela ne débouche pas sur une nouvelle Saint Barthélemy dont la France laïque et républicaine ferait les frais (et les immigrés non chrétiens également, par la force des choses).

 

16/04/2007

Le vocabulaire d'Internet

L’expression associée à Internet, celle que l’on peut lire sur toutes les publicités (on se demande d’ailleurs en quoi Internet a encore besoin de publicité) et qui est désormais consacrée, relève du sport aquatique. Je veux parler du verbe surfer. On surfe, parait-il, sur Internet, ce qui tendrait à prouver que je ne maîtrise pas cet instrument. En effet, il n’y a rien que je déteste plus que cette activité de surface, liée à la vitesse et qui oblige celui qui la pratique à glisser à la surface des choses sans vraiment les approfondir. Certes, comme tout un chacun, quand je consulte un article, celui-ci m’entraîne souvent vers un autre, tout aussi intéressant et ce dernier vers un troisième et ainsi de suite. Mais surfer suppose une vitesse et une rapidité qui ne me conviennent pas. Si j’entre dans un sujet, j’aime tourner autour à mon aise, l’approfondir, le faire mien. En décortiquer la substantifique moelle, comme disait un de nos grands écrivains. A quoi bon survoler des sujets en n’en comprenant que l’aspect extérieur ? A quoi bon toujours courir sans rien pénétrer vraiment ? C’est un peu comme si vous vous contentiez de regarder le visage des femmes que vous croisez dans la rue, sans désirer en connaître une plus intimement. L’essentiel n’est-il pas pourtant derrière ses yeux à demi-fermés ?

12/04/2007

Les livres et l'élection présidentielle

Difficile de ne pas parler de l’élection présidentielle. Mais si tous les candidats ont beaucoup d’idées sur l’emploi, la sécurité et le devenir de la France (ils ont même des solutions, ce qui est encore mieux), qu’ont-ils dit dans le domaine qui nous intéresse, à savoir le monde de la culture et des livres ? Pas grand chose, à mon avis. En attendant, voici la lettre que les professionnels du secteur ont adressée aux candidats.

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