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24/04/2007

Politique et patrie.

Si quelque chose a changé, finalement, en politique, c’est le rapport à l’identité nationale. Quand j’étais enfant, j’entendais des gens autour de moi refuser de voter à gauche car cela revenait, selon eux, à voter pour Moscou. C’était aller un peu vite en besogne, car le PS n’était pas le PC, tout de même, mais bon. Quand quelqu’un voulait apporter quelques nuances, on lui répondait invariablement qu’il existait une internationale socialiste et que les décisions de politique générale seraient prises en dehors de la France, dans l’intérêt d’un parti et non dans l’intérêt de cette même France. Seul quelqu’un comme de Gaulle incarnait parait-il la patrie et les décisions qu’il prenait ou avait prises l’avaient été pour la grandeur du pays (si pas pour le bien des citoyens). 

Aujourd’hui, on a presque la tendance inverse. La gauche voudrait le bien des citoyens tandis que la droite est prête à vendre père et mère au capitalisme international. Le commerce est mondial, les rapports économiques aussi. Liquidez l’Etat et son pouvoir de contrôle, vendez son patrimoine, débarrassez-vous de son immobilisme et surtout laissez faire ceux qui s’y connaissent en économie. Voilà, en gros, le discours qu'ils nous tiennent. 

Et nous, là-dedans, on devient quoi ? Le contrat social, tel que Rousseau l’avait défini, ne suppose-t-il pas tout de même que tout un chacun doit y trouver son avantage ?

Des deux France.

La France coupée en deux ? Pas vraiment, en fait, dans la mesure où les socialistes genre Ségolène ne sont socialistes que par le nom et par la bonne conscience. Il est plus facile, évidemment, de se dire de gauche que d’avouer qu’on veut exploiter le bon peuple.

Ceci étant dit, on est toujours à la gauche de quelqu’un. Mettez Le Pen au pouvoir et Sarkozy prétendra mener une opposition de gauche.

Pour le reste, il ne faut pas se faire d’illusions. C’est chou vert et vert chou. Disons simplement que l’un est un peu plus vert et l’autre un peu plus chou. L’un privatise en douceur, l’autre le fait à toute vapeur. L’un veut faire perdurer quelque temps encore un système social au bord de la faillite, l’autre veut le supprimer tout de go. L’un se contentera d’une présence militaire française en Afghanistan, tandis que l’autre irait bien soutenir l’oncle Bush jusqu’en Irak ou en Iran s’il le fallait.

A ce propos, connaissez-vous la French American Foundation ? Cette association, fondée avec l’accord de Giscard d’Estaing du temps de sa présidence, a un siège a Paris et un autre à New York. Son but était de renforcer les amitiés transatlantiques. Cela pouvait se comprendre du temps de la guerre froide, mais aujourd’hui ? En attendant, depuis trente ans cette fondation tente de recruter de jeunes leaders dont on peut supposer qu’ils occuperont des postes importants (elle agit un peu comme l’Opus dei, finalement, ou la Franc-maçonnerie). On retrouve parmi ces leaders (excusez ce terme franco-anglais, mais il est de mise ici) des membres de l’UMP, bien sûr, mais aussi du PS.

Sarkozy avait fait un discours à New York devant la fondation le 12 septembre 2006. On peut imaginer à quel point Bush a dû être ravi et comment il a dû mettre en lui tous ses espoirs. Ceci dit, s’il n’avait pas été élu (certes, il ne l’est pas encore, me direz-vous, mais il a déjà une main sur le dossier du trône), il n’y aurait pas eu de problème, puisque parmi les autres membres on retrouve François Hollande.

C’est qu’il n’y a que du beau monde, dans ce milieu. Citons en vrac Nicolas Dupont-Aignan (UMP), Alain Juppé (UMP), Jacques Toubon (UMP), Alain Richard (PS), Arnaud Montebourg (PS), Jérôme Clément (Arte), JM Colombani (Le Monde), Annick Cojean (Le Monde), Sylvie Kaufmann (Le Monde), François Léotard, Alain Minc, Christine Ockrent et, puisque nous sommes sur un blogue prétendument littéraire, Olivier Nora (Grasset) et Denis Olivennes (Fnac). Je passe sous silence, pour ne pas être lassant, différents journalistes de France-Inter, du Nouvel Observateur, des Echos et de Libération.
La Fondation organise de temps en temps des colloques, histoire de permettre à ses membres de se rencontrer et de décider entre eux des politiques qu’il serait bon de mener. Les thèmes choisis concernent par exemple la défense, le journalisme, l’éducation ou encore la santé. Parmi les orateurs, on retrouvera des noms comme François Bayrou (tiens tiens), Bernard Kouchner (toujours très utile puisqu’il défend la thèse de l’intervention militaire pour des raisons humanitaires) Jean-François Copé (porte-parole du gouvernement Chirac) Michel Barnier (conseiller politique de sarkozy)