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07/05/2007

La France du changement

Tout va enfin changer a promis le candidat Sarkozy. Il était temps et c'est pour cela que plus de la moitié de la population a voté pour lui. Voici donc ce qui pourrait bien se passer demain. L'édification d'une société digne du Meilleur des mondes de Huxley ou du 1984 d'Orwell. Politique fiction? Pas si sûr.

- Baisse des impôts pour les riches et pour les entreprises, creusant encore plus le déficit public et l'endettement de la France, une mesure purement idéologique et totalement irresponsable.

- Démantèlement du droit du travail, CPE pour tout le monde, précarité généralisée, avec un licenciement possible pendant 2 ans, sans justificatif ni recours.

- Retraite à 70 ans, et encouragement des retraites privées (fond de pension) pour ceux qui souhaitent partir plus tôt à la retraite et dans de meilleures conditions

- Semaine de 48 heures (alignement sur la norme européenne), et autorisation des heures supplémentaires jusqu'à 70 heures par semaine (opt-out, comme en Angleterre)

- Suppression des charges sociales sur les heures supplémentaires, ce qui encouragera les entreprises à recourir aux heures supplémentaires plutôt qu'embaucher

- Obligation d'effectuer un "travail d'utilité collective" (des travaux forcés payés moins que le SMIC) pour les bénéficiaires de minima sociaux

- Restauration du service national obligatoire pour les jeunes

- Adoption de la constitution européenne par le parlement, sans consulter les Français par référendum

- Privatisation d'EDF, de la SNCF, de la Poste. ANPE remplacée par des agences privées pour le placement des chômeurs.

- Autorisation des OGM. (Nicolas Sarkozy est le seul candidat à la présidentielle à ne pas s'être engagé à un moratoire sur les cutures d'OGM).

Immigration choisie, c'est à dire appel à l'immigration quand le rapport entre l'offre et la demande sur le marché du travail est défavorable aux entreprises, risquant ainsi de les obliger à augmenter les salaires

- Suppression de la séparation des églises et de l'état, pour permettre aux lieux de culte d'être financées par l'argent du contribuable

- Réduction du nombre d'enseignants, réduction du budget de l'éducation nationale, l'argent restant devant être partagé avec les écoles privées (suppression de la loi Falloux)

- Augmentation du budget militaire pour renforcer les capacités de la France à participer aux guerres des Etats-Unis, au grand bénéfice des multinationales de l'armement, notamment Dassault (dont le PGD Serge Dassault est député UMP et sarkozyste convaincu), et Lagardère (dont le PDG Arnaud Lagardère est le parrain d'un fils de Sarkozy).

- Extension des pouvoirs présidentiels, au détriment du premier ministre et du parlement

- Généralisation des machines à voter, afin de pouvoir truquer les futures élections

- Modification probable du jeu électoral en autorisant à nouveau les entreprises à financer les partis politiques, et en légalisant les publicités politiques à la télévision (comme aux USA), afin de donner l'avantage au parti le plus riche, c'est à dire le plus favorable aux intérêts des multinationales afin de bénéficier de leur "générosité"

- Généralisation de la vidéosurveillance "intelligente", avec détection automatique des comportements
interdits ou jugés suspects y compris pour les infractions anodines, comme allumer une cigarette dans un lieu public. La vidéosurveillance "intelligente" aura pour effet de multiplier les bavures policières (comme l'assassinat d'un jeune brésilien par la police à Londres après les attentats)

- Fichage des enfants dès la maternelle, pour repérer les "futurs délinquants".
(En tant que ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy avait prévu de faire adopter cette mesure début 2007, mais il l'a finalement retirée à cause de la polémique qu'elle pouvait susciter avant l'élection présidentielle)

- Création de prisons privées, comme dans le film "Fortress". Aux Etats-Unis, un tiers des prisons sont déjà privées, et l'un des buts de la répression est désormais de gonfler les profits des sociétés qui gèrent ces prisons et qui sont rémunérées en fonction du nombre de prisonniers.

Et à plus long-terme:

- Arrestations préventives, comme dans "Minority Report", avec emprisonnement des personnes en raison des crimes qu'elles "pourraient commettre" en fonction de probabilités établies par la police grâce au recoupement des fichiers informatiques publics et privés. Ces fichiers enregistrent de multiples données qui permettent de presque tout savoir sur chaque individu (consommation, déplacements, fréquentations, situation professionelle, financière, familiale, santé, horaires et habitudes de vie, lectures et sites internet consultés, caméras de surveillance, etc)

- Utilisation du terrorisme comme prétexte pour rendre obligatoire le marquage de chaque citoyen avec une puce électronique insérée sous la peau et lisible par un scanner ou par satellite. (voir l'article sur les implants)

Avec Nicolas Sarkozy, vivre en France deviendra un cauchemar digne des visions les plus sombres de la science-fiction, comme "1984" de George Orwell ou "un bonheur insoutenable" d'Ira Levin. Une minorité de privilégiés vivront dans l'opulence et à l'abri de la répression, tandis que le reste de la population vivra dans la misère et dans la peur (peur de la répression, peur des délinquants, peur des attentats, peur de perdre son misérable emploi ou son logement


- http://www.syti.net/SarkozyDanger

04/05/2007

Un président royal

Rappelons, au cas où nous l’aurions oublié, que sous la V° République, le Président :
1. choisit le chef du gouvernement (le Premier ministre)
2. commande les armées (et donc décide de la guerre nucléaire)
3. dirige la politique étrangère
4. possède le droit de dissoudre l'assemblée législative
5. jouit du droit de grâce
6. dispose du droit de désigner les hauts fonctionnaires (qui deviennent un peu ses vassaux)
7. l'article 16 de la Constitution de la Ve République permet au président de s'emparer des pleins pouvoirs «lorsque les institutions de la République, l'indépendance de la Nation, l'intégrité de son territoire ou l'exécution de ses engagements internationaux sont menacées d'une manière grave et immédiate et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics constitutionnels est interrompu».

Ce n’est tout de même pas rien. Il y a donc intérêt à bien réfléchir avant d’aller voter.

Ma France, où es-tu?

(…)
Cet air de liberté au-delà des frontières
Aux peuples étrangers qui donnaient le vertige
Et dont vous usurpez aujourd'hui le prestige
Elle répond toujours du nom de Robespierre
Ma France

Celle du vieil Hugo tonnant de son exil
Des enfants de cinq ans travaillant dans les mines
Celle qui construisit de ses mains vos usines
Celle dont monsieur Thiers a dit qu'on la fusille
Ma France

Picasso tient le monde au bout de sa palette
Des lèvres d'Éluard s'envolent des colombes
Ils n'en finissent pas tes artistes prophètes
De dire qu'il est temps que le malheur succombe
Ma France
(…)
Qu'elle monte des mines descende des collines
Celle qui chante en moi la belle la rebelle
Elle tient l'avenir, serré dans ses mains fines
Celle de trente-six à soixante-huit chandelles
Ma France

Jean Ferrat, Ma France

Débat électoral

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Que retenir du débat de mercredi entre les deux candidats ?

Rien, si ce n‘est que Sarkozy ne l’a pas dominé, comme je m’y attendais. Ségolène, sans doute pour cacher son manque d’assurance devant les micros, avait choisi de jouer le registre de l’agressivité. Derrière un visage impénétrable à la Mitterrand, elle a souvent répondu vertement à son adversaire, lequel, parfois désorienté, semblait perdre du terrain. Il est vrai que devant une femme il ne pouvait pas jouer le même jeu, politesse et courtoisie obligent. Du coup, celle qui semblait autrefois mal maîtriser ses dossiers et ne faire que de la figuration devant les caméras s’est révélée un caractère fort. Sans doute est-ce cette image qu’elle voulait montrer d’elle, prenant le risque d’aller trop loin et de perdre la sympathie que certains lui accordaient en tant que femme.

Bon, sur le fond, Sarkozy a été fidèle à lui-même. Il nous a ressorti les thèses libérales habituelles : plus de travail, moins d’impôts, davantage d’argent dans votre portefeuille et donc relance économique et finalement diminution du chômage. Sa théorie sur les heures supplémentaires profitera d’abord au patronat puisqu’elle évitera de devoir engager de nouveaux collaborateurs. De plus il n’y aura pas de cotisations sociales et à la limite c’est l’Etat qui prendra en charge le surcoût de ces heures supplémentaires. Oui, mais on se demande bien avec quel argent l’Etat va pouvoir payer puisque le petit Nicolas nous promet aussi moins d’impôts (et pas d’impôts du tout pour les sociétés s’il y a moyen). Donc, venir dire qu’il est plus pragmatique que sa rivale ne tient pas la route. Il est vrai qu’il a promis de réduire les effectifs de la fonction publique d’un tiers, ce qui fera des économies (je suppose qu’il pensait d’abord aux inspecteurs des impôts chargés du contrôle des sociétés). Non, décidément on ne peut cautionner un tel projet de société. C’est démanteler toute l’infrastructure en place pour le profit de quelques-uns. C’est le principe du laisser-faire quand il s’agit de s’enrichir, mais c’est la politique du bâton quand il faut que le peuple rentre dans le rang.

Elle, la belle, de son côté, est restée dans le vague. Pas de chiffres précis mais des intentions claires. Sur le fond, on se trouve d’accord avec elle, dommage que l’on sait déjà qu’elle ne tiendra pas ses promesses.

Enfin, de deux menteurs, lequel choisir ? Celui au moins qui dit ce que vous pensez, pour ne pas que l’autre fasse plus de dégâts encore qu’il ne l’a annoncé.

26/04/2007

Stratégie de communication

A partir du moment où le temps est désormais compté, les deux candidats qui restent en lice vont essayer de convaincre par tous les moyens. Or il se fait qu’ils ne tiennent pas des discours fondamentalement différents. Pour les départager, c’est plus leur personnalité, la manière dont elle sera perçue par les électeurs, qui sera déterminante.

Sarkozy semble sûr de lui. Il donne l’impression de savoir de quoi il parle et il a une opinion très tranchée sur tous les problèmes qu’on lui soumet. Inconsciemment, cela rassure. Evidemment, il dérape parfois puisqu’il en arrive à dire une chose et son contraire avec un aplomb identique. Pour beaucoup, cette assurance agace dans la mesure où elle laisse transparaître un caractère intransigeant, qui n’accepte pas la critique.

Ségolène, elle, paraît mal à l’aise à la tribune. Ce n’est pas une oratrice et on dirait qu’elle répète un texte pour une pièce de théâtre plutôt que d’exprimer ce qu’elle pense réellement. Il lui arrive d’ailleurs de dire qu’elle s’en remettra à l’opinion des Français, attitude très démocratique, on en conviendra, mais qui donne aussi l’impression qu’elle n’a pas d’opinion et encore moins de solution. Elle tente de dépasser cette fadeur en affichant sa féminité de manière discrète, mais réelle (habillement, sourire, oreille tendue). On conviendra qu’elle est plus séduisante que l’Allemande Angela Merkel, mais ce qui semble être un atout pourrait aussi lui coûter la victoire car les Français ne veulent pas d’une simple potiche à la tête de l’Etat.

Ce qui est sûr, c’est que dans les coulisses, les spécialistes en communication doivent être en ébullition et donner de nombreux conseils (le doigt tendu de Sarkozy peut ressembler à un salut hitlérien, il faut donc l’éviter. Le manque de crédibilité de Ségolène doit être compensé par un air solennel, comme si elle était déjà présidente). Beau symbole de notre époque où l’être a fait place au paraître.

Ce n’est d’ailleurs plus un homme ou une femme que les Français vont élire, mais une image. Gare aux lendemains pluvieux, quand le masque sera tombé et les lampions éteints.

24/04/2007

Politique et patrie.

Si quelque chose a changé, finalement, en politique, c’est le rapport à l’identité nationale. Quand j’étais enfant, j’entendais des gens autour de moi refuser de voter à gauche car cela revenait, selon eux, à voter pour Moscou. C’était aller un peu vite en besogne, car le PS n’était pas le PC, tout de même, mais bon. Quand quelqu’un voulait apporter quelques nuances, on lui répondait invariablement qu’il existait une internationale socialiste et que les décisions de politique générale seraient prises en dehors de la France, dans l’intérêt d’un parti et non dans l’intérêt de cette même France. Seul quelqu’un comme de Gaulle incarnait parait-il la patrie et les décisions qu’il prenait ou avait prises l’avaient été pour la grandeur du pays (si pas pour le bien des citoyens). 

Aujourd’hui, on a presque la tendance inverse. La gauche voudrait le bien des citoyens tandis que la droite est prête à vendre père et mère au capitalisme international. Le commerce est mondial, les rapports économiques aussi. Liquidez l’Etat et son pouvoir de contrôle, vendez son patrimoine, débarrassez-vous de son immobilisme et surtout laissez faire ceux qui s’y connaissent en économie. Voilà, en gros, le discours qu'ils nous tiennent. 

Et nous, là-dedans, on devient quoi ? Le contrat social, tel que Rousseau l’avait défini, ne suppose-t-il pas tout de même que tout un chacun doit y trouver son avantage ?

Des deux France.

La France coupée en deux ? Pas vraiment, en fait, dans la mesure où les socialistes genre Ségolène ne sont socialistes que par le nom et par la bonne conscience. Il est plus facile, évidemment, de se dire de gauche que d’avouer qu’on veut exploiter le bon peuple.

Ceci étant dit, on est toujours à la gauche de quelqu’un. Mettez Le Pen au pouvoir et Sarkozy prétendra mener une opposition de gauche.

Pour le reste, il ne faut pas se faire d’illusions. C’est chou vert et vert chou. Disons simplement que l’un est un peu plus vert et l’autre un peu plus chou. L’un privatise en douceur, l’autre le fait à toute vapeur. L’un veut faire perdurer quelque temps encore un système social au bord de la faillite, l’autre veut le supprimer tout de go. L’un se contentera d’une présence militaire française en Afghanistan, tandis que l’autre irait bien soutenir l’oncle Bush jusqu’en Irak ou en Iran s’il le fallait.

A ce propos, connaissez-vous la French American Foundation ? Cette association, fondée avec l’accord de Giscard d’Estaing du temps de sa présidence, a un siège a Paris et un autre à New York. Son but était de renforcer les amitiés transatlantiques. Cela pouvait se comprendre du temps de la guerre froide, mais aujourd’hui ? En attendant, depuis trente ans cette fondation tente de recruter de jeunes leaders dont on peut supposer qu’ils occuperont des postes importants (elle agit un peu comme l’Opus dei, finalement, ou la Franc-maçonnerie). On retrouve parmi ces leaders (excusez ce terme franco-anglais, mais il est de mise ici) des membres de l’UMP, bien sûr, mais aussi du PS.

Sarkozy avait fait un discours à New York devant la fondation le 12 septembre 2006. On peut imaginer à quel point Bush a dû être ravi et comment il a dû mettre en lui tous ses espoirs. Ceci dit, s’il n’avait pas été élu (certes, il ne l’est pas encore, me direz-vous, mais il a déjà une main sur le dossier du trône), il n’y aurait pas eu de problème, puisque parmi les autres membres on retrouve François Hollande.

C’est qu’il n’y a que du beau monde, dans ce milieu. Citons en vrac Nicolas Dupont-Aignan (UMP), Alain Juppé (UMP), Jacques Toubon (UMP), Alain Richard (PS), Arnaud Montebourg (PS), Jérôme Clément (Arte), JM Colombani (Le Monde), Annick Cojean (Le Monde), Sylvie Kaufmann (Le Monde), François Léotard, Alain Minc, Christine Ockrent et, puisque nous sommes sur un blogue prétendument littéraire, Olivier Nora (Grasset) et Denis Olivennes (Fnac). Je passe sous silence, pour ne pas être lassant, différents journalistes de France-Inter, du Nouvel Observateur, des Echos et de Libération.
La Fondation organise de temps en temps des colloques, histoire de permettre à ses membres de se rencontrer et de décider entre eux des politiques qu’il serait bon de mener. Les thèmes choisis concernent par exemple la défense, le journalisme, l’éducation ou encore la santé. Parmi les orateurs, on retrouvera des noms comme François Bayrou (tiens tiens), Bernard Kouchner (toujours très utile puisqu’il défend la thèse de l’intervention militaire pour des raisons humanitaires) Jean-François Copé (porte-parole du gouvernement Chirac) Michel Barnier (conseiller politique de sarkozy)