27/04/2007
Le candidat des pauvres
Il n’est pas facile d’être candidat, c’est un fait. Cela demande beaucoup de savoir-faire. Or, Monsieur Sarkozy (vous aurez remarqué que je ne dis plus le petit Nicolas car il sera bientôt à la tête de l’Etat, ce qui tout de même n’est pas rien), Monsieur Sarkozy donc, qui fut un mauvais ministre et qui sera demain un plus mauvais président encore, se trouve être un excellent candidat.
Comment, en effet peut-on défendre le patronat et réclamer des baisses d’impôts pour les sociétés et en même temps se faire le porte-parole du peuple contre les élites (condition nécessaire à toute élection si on veut avoir des voix) ? C’est là un tour de force qui requiert une certaine intelligence, il faut l’avouer.
D’un côté, il peut prononcer dans un discours à Toulouse le 12 avril dernier : « Si je suis élu président, tout ce que la droite républicaine n’osait plus faire parce qu’elle avait honte d’être la droite, je le ferai », ce qui, on en conviendra, rassurera les investisseurs qui ne savent que faire de leur argent. On n’avait jamais vu quelqu’un de droite avouer jusqu’à quel point il était à droite.
De l’autre il pourra dire : "Je veux parler d’une(…) souffrance, bien réelle, qui ne doit pas être sous-estimée :celle de la France qui n’est pas dans la précarité, qui se lève tôt, qui travaille dur, qui se donne du mal pour nourrir sa famille et élever ses enfants, qui elle aussi je l’affirme est à la peine, et qui entend qu’on le sache et qu’on réponde enfin à son appel. » Là, il s’adresse aux Français ordinaires, autrement dit à la majorité de la population(et donc à sa réserve d’électeurs).
Comment ceux-ci ne vont-ils pas lui reprocher de soutenir le patronat ? Tout simplement en déviant leur regard vers les autres, vers ceux qui ne font rien, autrement dit les chômeurs et les abonnés au RMI. Vous, Français qui travaillez, leur dit-il, vous êtes honorables précisément parce que vous travaillez et même souvent durement, je le sais. Et il ajoute aussitôt, perfide :
« Je n’accepte pas qu’il y ait des gens qui soient au RMI et qui, à la fin du mois, aient autant que des gens comme vous qui se lèvent tôt le matin. »
Bien joué. Les citoyens ne pensent plus aux fortunes colossales que le candidat Sarkozy va aider encore à accroître, ils regardent en dessous d’eux (ce qui fait toujours plaisir de savoir qu’il y a encore plus bas que vous).Et là ils voient des gens qui ont à peu près les mêmes revenus que les leurs en ne faisant rien. Les rentiers, ce sont ceux-là, finalement, pas les patrons, qui après tout travaillent.
Et l’ami Sarko continue à enfoncer le clou : « L’assistanat généralisé est une capitulation morale. L’assistance est une atteinte à la dignité de la personne. Elle l’enferme dans une situation de dépendance. Elle ne donne pas assez pour une existence heureuse et trop pour inciter à l’effort. » Manière habille de suggérer que l’Etat peut réduire ses dépenses et même qu’il le doit. Car aider de telles personnes, ce n’est pas leur rendre service, c’est même pour ainsi dire immoral. Fini donc l’Etat providence (ce qui permettra au passage de réduire les impôts des sociétés). Votez pour moi et tout ira mieux.
Bien sûr il y a les fils de riches, qui eux aussi ne font rien et qui vivent de l’argent que papa a amassé en spoliant les autres. Mais à la limite, c’est moins grave car c’est de l’argent privé, ce n’est pas la collectivité qui paie. Argument imparable.
Et est-ce que le capital, plutôt que d'amonceler des euros dans des grands coffres, ne pourrait pas plutôt venir en aide à tous ces nouveaux pauvres ? C’est là une solution qu’il faut écarter d’emblée et le futur calife a trouvé la phrase qu’il fallait : : « Ils disent : faisons payer le capital ! Mais si le capital paye trop, il s’en ira ».
Ah, il n’y a pas à dire, il est peut-être petit, mais il es t très fort, l’ami Nicolas. En tout cas il a réponse à tout. Pour un peu on voterait pour lui !
12:30 Publié dans Actualité et société | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Politique, Sarkozy
Commentaires
Oui, pour un peu on voterait pour lui ! N'était-ce pas clairvoyance de votre part ? Et depuis. AH, depuis ... ! J'aurais dû vous lire plus tôt.
Écrit par : Gicerilla | 27/06/2009
Il faut savoir choisir ses lectures... Il ne vous reste plus qu'à pleurer maintenant!
Écrit par : Feuilly | 27/06/2009
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