Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

14/03/2008

Des anciens ministres

Les hommes qui nous gouvernent ont souvent des politiques étonnantes, qui nous irritent. Mais bon, ils ont été élus démocratiquement, il n’y a rien à dire. En attendant, ils tiennent le haut du pavé et nous assènent leur vérité avec autant d’aplomb que de mauvaise foi. On a beau être contre leurs principes, rien n’y fait. Ils dirigent et nous n’avons qu’à nous plier à leurs idées, présentées comme les seules valables. Souvent, le public suit béatement, ce qui fait qu’on se retrouve bien seul à prêcher dans le désert.

Puis les années passent et la roue tourne. Parfois, ces hommes politiques se font rattraper par leur passé et ils se retrouvent devant un tribunal. Ainsi en va-t-il aujourd’hui de l'ancien ministre de l'intérieur, Charles Pasqua, qui a été condamné, mercredi 12 mars, à dix-huit mois d'emprisonnement avec sursis par le tribunal correctionnel de Paris, dans l'affaire du financement illégal de sa campagne des élections européennes de 1999. Il a été reconnu coupable de faux, financement illégal de campagne électorale et abus de confiance, rien moins que cela. Il aurait bénéficié, pour sa campagne, de l’équivalent d’un million d’euros issus de la vente du casino d'Annemasse (Haute-Savoie) dont il avait autorisé, en tant que ministre, l'exploitation en 1994.

Un malheur n’arrivant jamais seul, Monsieur Pasqua, a fait l'objet dans le même dossier d'une procédure pour corruption passive.

On se souviendra par ailleurs que son fils, Pierre Pasqua, avait été condamné en décembre 2007 à 18 mois de prison ferme dans le cadre de l’affaire Falcone/Sofremi. Cette société, mi-privée mi publique aurait vendu illégalement des armes à l’Angola et les bénéfices se seraient retrouvés quelque part chez les Pasqua. L’argent aurait été blanchi via des sociétés écrans. Pierre Pasqua aurait ainsi reçu 1,5 millions d’euros. Il avait d’ailleurs déjà été condamné le 8 novembre (le fils donc) à deux ans d'emprisonnement, dont 1 an ferme, et 300.000 euros d'amende dans une affaire de pots-de-vin (société Alstom).

Son avocat, Edgard Vincensini avait alors annoncé qu’il ferait appel. Pas de chance pour ce brillant juriste. Il vient lui-même d’être condamné à une peine de six mois avec sursis pour "faux".

Quant au père Pasqua, il n’en a pas encore fini. En septembre 2008,il comparaîtra pour "recel d'abus de biens sociaux et trafic d'influence" aux côtés de l'ancien préfet Jean-Charles Marchiani, de l'homme d'affaires Pierre Falcone et du fils de l'ancien président de la République Jean-Christophe Mitterrand, dans l'affaire des ventes d'armes à l'Angola. D’après « Le Monde » il est aussi poursuivi « pour trafic d'influence et corruption" dans le dossier "Pétrole contre nourriture", pour "recel d'abus de biens sociaux" à propos de largesses que lui aurait consenties l'homme d'affaires libanais Iskandar Safa, et il a été mis en examen en qualité d'ancien président du conseil général des Hauts-de-Seine dans l'affaire de détournements de fonds publics reprochés au maire d'Issy-les-Moulineaux, André Santini, à propos de la fondation d'art contemporain Jean Hamon. »

On croit rêver. Bref, ce ne sont que magouilles, pots de vin et pratiques illégales. On se souvient pourtant de l’arrogance de Pasqua lorsqu’il était ministre et de ses propos qui frôlaient à chaque fois le racisme le plus primaire.

Quelle morale retenir de cette histoire ? Aucune, évidemment. Certes, ces hommes qui semblaient détenir la vérité à un certain moment sont maintenant justement punis, mais le public les a oubliés et c’est dans l’indifférence générale que les condamnations tombent aujourd’hui. Il en ira sans doute de même demain quand le nom de Chirac ressortira.

En attendant, derrière les actions entreprises par ces personnages se cachent souvent des drames. Ainsi en va-t-il de l’Irak. Bush reconnaît maintenant à demi-mots qu’il n’y avait aucun lien entre Sadam Hussein et Al Quaïda. En Angleterre, on commence à pointer du doigt les programmes de l’enseignement qui ont présenté la guerre en Irak comme une nécessité.

La roue tourne, je le disais au début de cet article, mais en attendant les conséquences sont là. L’Irak est un pays exsangue, déchiré et en pleine guerre civile. Que penser de tous ces dirigeants qui ont menti et qui se sont enrichis ? Certes, certains sont condamnés, mais d’autres les ont remplacés, qui ne sont ni meilleurs ni pires. Encore que…. On peut supposer que Sarkozy n’aurait pas hésité un instant à nous entraîner dans une guerre irakienne s’il avait été aux commandes à ce moment-là.

Alors ? On parle souvent de devoir de mémoire à propos de certains événements du passé et on fait bien. Mais le bon peuple ne pourrait-il pas se souvenir de tout ceci également avant de mettre quelqu’un au pouvoir ? Pourquoi tout doit-il être un éternel recommencement ?

Tiens, au fait, n’y a-t-il pas des élections dimanche en France ?

Les commentaires sont fermés.