13/05/2016
Manque de temps
J'ai peu de temps, ces jours-ci et je suis occupé de tous côtés : le boulot, le potager et des salons du livre.
Lors de ces derniers, on croise peu le public mais on fait des rencontres étonnantes avec d'autres auteurs. J'ai donc lu leurs livres et en ai fait un petit commentaire sur ma page Facebook. Ben oui, je n'aime pas Facebook, qui contient tout et n'importe quoi (et où il y a rarement de grands articles de fond comme on en trouve sur les blogs) mais je m'y suis mis pour être visible comme auteur débutant car il paraît que c'est là que tout se passe. Bon, ne soyons pas naïfs non plus et comme disait je ne sais plus qui, "Avoir beaucoup d'amis sur Facebook, c'est un peu comme être riche au Monopoly".
Bref, tout ça pour dire que je me suis amusé ces derniers jours à rédiger quelques critiques de livres, ceux des auteurs rencontrés ou ceux qui sont édités comme moi chez Chloé des Lys (articles publiés dans ce cas sur le blog de l'éditeur). A chaque fois, je dois dire que j'ai été agréablement surpris par la qualité des recueils. Comme quoi, on peut découvrir quelques perles chez les petits éditeurs et il n'est pas mauvais de sortir des sentiers battus.
Bref, ayant peu de temps à consacrer à Marche romane, je vais publier ici dans les jours qui viennent les quelques critiques dont je viens de parler.
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21/07/2014
In memoriam
Me voilà de retour, mais ce premier billet sera bien triste puisqu’il vise à rendre hommage à Joseph Orban (voir lien ci-contre), dont j’ai appris le décès durant mes vacances, par un SMS sur mon téléphone portable. Que dire devant cette fatalité qu’est la mort ? Rien. Toujours, c’est la même incompréhension : ce qui a été n’est plus. Tous ces jours de joie, de souffrance, d’expérience, de révolte, de lectures, de pensées, d’écriture, tout cela disparaît en une seconde. Pourquoi ? Je n’en sais strictement rien, sauf que cette fin inéluctable donne a posteriori un sens tout relatif à notre existence. Pourquoi avoir rêvé et lutté pour en arriver là ? Pourquoi avoir vécu ? Pour rien, visiblement. Non seulement personne n’est parvenu à changer le monde où il vivait, mais notre propre existence, quelle que soit la manière dont nous la gérons, n’est finalement qu’un éclair qui disparaît bien vite dans la nuit des temps.
Reste en nous le souvenir de ceux qui ont vécu et dont les mots nous ont parfois touchés. Ce sera pour moi le cas de Joseph Orban, que j’avais croisé dans ma jeunesse sans oser l’aborder (car malgré son jeune âge, il était déjà revêtu du prestige de l’écrivain) mais que j’ai retrouvé des années plus tard, par hasard, sur Internet. Je me souviendrai longtemps de ses billets amers, volontiers provocateurs, où il dénonçait toutes les injustices du monde. Derrière des mots parfois durs, il cachait une sensibilité à fleur de peau, celle du poète qui n’est pas fait pour vivre sur terre. Comme l’albatros de Baudelaire, il s’est envolé vers d’autres cieux.
20:17 Publié dans Blogue, Errance, Littérature | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : littérature
03/07/2014
Fermeture estivale.
La grotte est fermée. L'hermite est en vacances, pour une période malheureusement trop courte. A bientôt donc.
01:14 Publié dans Blogue | Lien permanent | Commentaires (5)
12/12/2013
Réflexion
Je me rends compte que les textes se font de plus en rares sur ce site. Par respect pour ceux qui viennent perdre leur temps tous les jours afin de vérifier s’il n’y a rien de nouveau, je me demande si je ne ferais pas mieux de le fermer. Il me semble que tout a été dit, déjà. Quant à ce qui n’a pas encore été exprimé, est-ce bien la peine de le dire ? Les textes politiques sur la situation du monde pourraient être multipliés à l’infini, ils ne changeront rien à l’ordre des choses et je ne fais finalement que convaincre des convaincus. Pour ce qui est des textes dits littéraires, ma foi je prends toujours plaisir à en écrire quand l’envie m’en prend, mais est-ce bien utile ? On en trouve évidemment de bien meilleurs ailleurs et surtout dans les livres (attention, je n’ai pas dit que tous les livres édités étaient bons). Ne vaut-il pas mieux se taire, observer, et prendre conscience qu’entre soi et le monde le fossé restera décidément infranchissable ?
Bon, quelques lecteurs apeurés viendront s’insurger et essayer de me convaincre de continuer. Mais honnêtement, dans les milliers et les milliers de sites qui existent, ils n’auraient aucune peine à trouver d’autres textes à se mettre sous la dent. Certains sont peut-être moins bons, mais d’autres sont certainement meilleurs. Alors ?
Alors je ne sais pas. J’ai toujours eu un énorme plaisir à écrire ici, mais là, il me semble que l’inspiration est à sec, comme si quelque chose s’était cassé. Sans doute cela n’a-t-il rien à voir avec la tenue du site elle-même mais est-ce un problème entre moi et moi-même. Il faut peut-être attendre. Laissons passer un peu de temps et on verra bien.
21:26 Publié dans Blogue, Errance | Lien permanent | Commentaires (18)
22/04/2013
Anniversaire
En avril, Marche romane fête ses six ans d’existence, ce qui mérite bien quelques jours de pause. Il me semble d’ailleurs avoir tout dit et je risque finalement de me répéter. Quant au sens de tout ceci, il n'y en a pas, probablement.
Pas de panique. Il y a surtout que l'hiver fut long, très long et qu'en ces premiers beaux jours on préfère jardiner à l'extérieur plutôt que de rester penché sur son clavier. Quand la pluie reviendra, je reviendrai aussi, sans doute.
22:17 Publié dans Blogue | Lien permanent | Commentaires (6)
13/07/2012
Pause estivale
00:22 Publié dans Blogue | Lien permanent | Commentaires (2)
24/10/2011
Marche romane
Juste un petit mot pour signaler que Marche romane vient de franchir sa 600° note. Ce n’est pas un exploit en soi, certains atteignant un tel chiffre en quelques mois, mais bon… Ce qui est peut-être plus remarquable, par contre, c’est que ce blogue a maintenant quatre ans et demi. Cela n’a l’air de rien, mais quatre ans, cela fait déjà beaucoup de mois et encore plus de semaines. Tout ce temps à s’amuser à écrire de petits billets, sans trop savoir pourquoi, finalement… Le plaisir d’écrire, certainement ; le besoin de se plonger dans des sujets intellectuels, par réaction avec une vie professionnelle forcément répétitive, sans doute ; l’envie d’échanger des idées avec des personnes ayant quelque envergure, évidemment. C’est la magie d’Internet : les distances sont abolies et on rencontre des gens qu’on n’aurait jamais rencontrés, des gens qui, s’ils viennent vous lire, ont forcément quelque chose en commun avec vous.
C’est curieux, mais de tous les sujets qui sont abordés ici (textes poétiques ou en prose, étymologie, littérature, etc.) j’ai rarement l’occasion de m’entretenir dans ma vie quotidienne, que ce soit en famille, dans le voisinage ou avec des collègues. Peut-être que la situation ne s’y prête pas. Vous vous voyez parler de François Villon avec votre banquier ou avec votre boulanger ? Peut-être aussi que ces personnes ne s’intéressent pas à ces sujets. C’est même fort probable. Et puis le contexte ne s’y prête pas. Tandis qu’ici, les lecteurs viennent quand ils ont le temps et quand ils sont disponibles. Et s’ils reviennent, c’est que les idées émises les intéressent, comme m’intéressent les idées des sites que je vais lire.
Et puis il n’y a pas que les idées. On vient aussi pour le ton, pour la petite musique intérieure qui fait que chacun de nous est différent et jette sur le monde un éclairage particulier. C’est peut-être cela, finalement, que l’on recherche : un regard original ou du moins authentique, sincère. Cela doit changer de tous les mensonges qu’on nous sert dans la presse. Les blogueurs sont tous dans une démarche d’écriture et cette démarche doit amener à une certaine sincérité, je crois. On n’écrit pas pour se vendre mais pour dire qui on est, au plus profond, et les sujets abordés ne sont finalement que des prétextes.
Cela signifie aussi qu’un site sans lecteurs n’a aucun sens et donc que ces lecteurs font partie intégrante du phénomène « blogue ». Ils sont tout aussi importants que l’auteur. Il y a ceux que l’on voit dans les commentaires et puis ceux qu’on ne voit jamais, qui se tiennent dans l’ombre, mais dont on devine la présence en consultant de temps à autre ses statistiques. Il y a ceux qui venaient et qui ne viennent plus et puis aussi ceux qui viendront un jour. Tout cela finit quand même par faire du monde. Qui sont-ils tous ces inconnus ? On ne le saura sans doute jamais, mais si on continue d’écrire, c’est d’abord pour soi, bien entendu, mais c’est aussi pour eux, parce que quelque part des fils se tissent, invisibles mais pourtant bien réels.
07:00 Publié dans Blogue | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : blogue, lecteurs, internet
14/07/2011
Pause estivale
Partir sur les chemins...
00:05 Publié dans Blogue | Lien permanent | Commentaires (1)
11/05/2011
Attention, piratage de la messagerie
Mon adresse de messagerie (marcheromane@gmail.com) a été piratée.
Une partie de mes messages a été effacée (et j’ai effacé le reste). Pas trop grave.
Tous mes contacts ont disparu (plus embêtant)
Ensuite, ce « pirate » a envoyé un message, sous ma signature (mon prénom), à toutes les personnes qui figuraient dans mes contacts.
Je le sais car ce message, je l’ai reçu dans ma boîte professionnelle (qui était un des cinquante contacts).
Ce message, le voici :
Comment vas tu ? Où es tu actuellement ? Aurais tu du temps à consacrer à une situation particulière me concernant discrètement et par mail ?
Je suis dans des difficultés telles que je ne saurai que faire sans ton soutien et apport.
Je reste dans l'attente urgente de te lire.
Je sais que certains ont répondu. Or moi, dans ma messagerie, je n’ai reçu aucune réponse. Preuve que c’est le « pirate » qui reçoit tout.
Bref, je supprime l’adresse marcheromane@gmail.com. Elle n’existe plus.
22:50 Publié dans Blogue | Lien permanent | Commentaires (20)
13/04/2011
Anniversaire
Juste un mot pour signaler que ce blogue a maintenant quatre ans. C’est en effet le 04.04.07 qu’est parue la première note. Que dire ? Rien de spécial, si ce n’est que le temps continue à avancer et à grignoter tout ce qui l’entoure. Quatre ans, ce n’est rien et en même temps c’est beaucoup. Si on regarde derrière soi, on se dit quand même qu’on n’a pas fait grand chose durant cette période. Rien de fondamental, je veux dire. On n’a pas changé le monde. On a râlé un peu ici et là sur tout ce qui n’allait pas dans cette société dans laquelle nous vivons. Il y avait d’ailleurs beaucoup à dire. Et puis quoi ? Cela a fait du bien de râler, de voir qu’on n’était pas le seul à penser de la sorte. Mais après ? Alors on s’est tourné vers les livres et la littérature. On a un peu écrit. Quelques poèmes et puis «Obscurité», qui fut une belle expérience. Et puis après ? Après rien. Je n’ai pas remplacé Sarkozy à l’Elysée pour pouvoir peser sur le cours des choses et je n’ai pas écrit une œuvre fondamentale qui justifierait un prix Nobel de littérature. Je ne suis même pas publié. Alors ?
Le monde va toujours aussi mal et même cette belle promesse de la révolution des peuples arabes me semble se transformer petit à petit en simple révolte. Ou en tout cas on fera tout pour en limiter la portée. Le pouvoir fera quelques concessions, apportera quelques arrangements à la Constitution, remplacera deux ou trois hommes (un dictateur pas un président, un président par un dictateur, un corrompu par un autre corrompu) et puis voilà. La vie reprendra son cours et on oubliera les centaines de morts, qui seront donc morts pour rien.
En Europe, nous ne voyons même pas le moindre souffle de changement. Tout le monde reste amorphe et accepte sans broncher la prise de pouvoir du capitalisme économique. Chacun se replie sur soi et tente de conserver son petit confort. Tant qu’on a encore de quoi se nourrir et se loger, c’est déjà bien. Et puis de quoi acheter tous ces gadgets inutiles dont la publicité nous vante les mérites, c’est ce qui compte. Alors les privatisations systématiques, le démantèlement du pouvoir étatique, la remise en question du système de sécurité sociale, la précarisation de l’emploi, l’augmentation de l’âge de la retraite, la pauvreté galopante, la crise économique qui touche tout le monde sauf le grand capital (qui ne s’est jamais aussi bien porté), qu’est-ce qu’on s’en moque, n’est-ce pas ? Pour se rassurer, on se dit qu’il y a toujours plus mal loti que soi.
Que faudrait-il faire ? Comment agir pour arrêter cette machine infernale, cette société de l’argent et de la technique, qui nous écrase chaque jour un peu plus ? L’accident nucléaire au Japon est pourtant un signe d’avertissement… Il semble impossible, en fait, que des individus isolés puissent agir sur le cours des choses. Alors chacun se résigne.
C’est sans doute cela, un blogue. Pouvoir dire ce que l’on pense et donner à voir à d’autres la manière dont on perçoit les choses. Cela permet au moins de montrer qu’on n’est pas dupe et qu’il y a au fond de nous une toute petite étincelle (qui est certainement notre personnalité, ce que nous avons de spécifique et d’unique) qui brille et qui ose s’affirmer. C’est déjà beaucoup. Cela fait du bien. Cela donne l’impression d’exister. Mais cela ne sert encore à rien.
Le problème, en fait, c’est la dichotomie qui existe entre l’individu, ce qu’il est vraiment, et le monde dans lequel il doit vivre et auquel il lui faut bien s’accommoder.
En attendant le temps passe, comme je le disais plus haut, les années défilent et on se dit qu’on n’a qu’une vie et qu’il devient urgent d’en faire quelque chose. Et comme modifier la marche du monde semble une illusion, une perte d’énergie vouée à l’échec (mais peut-on se résigner et accepter ? Non, ce serait une fuite), on se replie un peu sur soi-même, sur ses lectures, ses petits poèmes, ses courtes nouvelles. Et on les publie ici, en se disant que certains passeront et comprendront ce qu’on a voulu dire. On aura ainsi un public, des lecteurs, lesquels, très souvent, tiennent eux-mêmes un site où ils écrivent pour les mêmes raisons : tenter d’exprimer ce qu’ils sont, qui ils sont. Tout cela ressemble un peu à un cri de désespoir dans le grand silence qui nous entoure. Le vide abyssal de Pascal n’est pas loin. Car finalement, qu’est-ce qu’un être humain ? « Un néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant, un milieu entre rien et tout. »
12:10 Publié dans Blogue, Errance | Lien permanent | Commentaires (4)
11/03/2011
Une affaire de plagiat ?
Mauvaise surprise l’autre jour. En ouvrant ma page d’accueil Hautetfort, je trouve le message suivant :
Votre blog a fait l'objet d'une plainte de l'AFP concernant des articles que vous avez publiés sans en avoir l'autorisation et listés ci-dessous. Ces articles ont été retirés de la publication et sont à présent en mode brouillon. Vous ne devez pas remettre en ligne ces contenus faute de quoi nous serons amenés à fermer l'accès à votre blog, conformément aux CGU. Articles retirés : http://feuilly.hautetfort.com/archive/2008/07/05/des-langues-regionales.html
Et effectivement, l’article a été retiré du site et se retrouve dans les brouillons. Fort étonné, je le relis plusieurs fois et ne trouve décidément rien qui viendrait justifier ces avertissements peu amènes (fermer l’accès au site, quand même !). En gros, j’avais parlé des langues régionales, que j’aime beaucoup par ailleurs, mais je mettais en garde contre la politique actuelle de l’Union européenne, qui, en valorisant les régions et leurs langues, risquait de contribuer un jour à l’éclatement des grands états nationaux. Ce sont là des idées strictement personnelles, qu’on peut approuver ou désapprouver, certes, mais qui en tout cas ne devaient rien à un quelconque article de l’AFP. Je m’étonne donc toujours de cette censure à retardement (un article de 2008 !).
Peut-être est-ce la carte illustrative, qui présentait les différents patois de France et dont je n’avais pas cité la source (en 2008 j’étais encore un peu novice ou un peu inconscient) qui serait la cause de toute cette affaire. Je l’ignore. Dans ce cas, ne suffisait-il pas de demander à ce que cette source soit citée ou bien, à la imite, à ce que la carte soit retirée ?
Le plus curieux c’est que d’autres sites ont connu la même mésaventure et eux aussi pour des articles publiés en 2008. Un comité de censure s’est-il donc mis en place ? Sont-ce là les premières manifestations de la loi Hadopi ? Sarkozy craint-il de perdre son pouvoir via une révolution organisée sur Internet, comme ce fut un peu le cas en Tunisie ? L’Union européenne a-t-elle des espions qui surveillent ceux qui osent la critiquer ? Ce serait me faire beaucoup d’honneur…
Si l’incident reste isolé, ce n’est pas trop grave, mais si un comité de « sages » commence à éplucher tout ce qui se dit sur Internet, cela va être dur d’émettre la moindre idée, car on retrouvera toujours bien un article de presse quelque part qui développe le même thème.
Quant à Hautetfort, je leur ai demandé de m’expliquer de quoi il s’agissait exactement, mais je n’ai pas reçu de réponse.
07:00 Publié dans Blogue | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : blogues, internet, censure
02/02/2011
Réveil
Pour le lent réveil de Marche romane, une petite touche d’humour. Je ne parle jamais ici des statistiques du blogue, cependant quelque chose m’a interpellé dans les chiffres de janvier. Alors que le site était à l’arrêt complet et qu’il n’y avait rien à lire, il n’y a jamais eu autant de visiteurs, ce qui est un comble. On peut interpréter la situation de deux manières. Soit certains attendaient la reprise avec impatience et venaient régulièrement voir s’il y avait du nouveau, soit au contraire mon silence était plus apprécié que mes écrits, ce qui laisse tout de même rêveur…
Pour le reste, l’hiver est toujours là (moins sept degrés hier matin et verglas généralisé le soir) mais la planète se réchauffe, dit-on. En tout cas cela chauffe beaucoup en Tunisie et en Egypte où les peuples se soulèvent. On ne comprend d’ailleurs pas pourquoi ils ne se sont pas soulevés plus tôt, écrasés qu’ils étaient par des dirigeants plus soucieux de plaire à l’Occident que de s’occuper du bien-être de la population. Reste à savoir à qui ces révolutions vont profiter. Il ne faudrait pas que la chute de ces régimes forts ouvre la voie à un libéralisme économique aveugle qui plongerait pas mal de personnes dans une misère noire tandis que quelques-uns tireraient avantageusement leur épingle du jeu.
En attenant cela fera réfléchir les dirigeants du monde entiers, qui se rendront compte que leur pouvoir peut être précaire et que la base qu’ils méprisaient allégrement peut se révolter. Certes la situation est meilleure chez nous ou en tout cas moins explosive (car les caisses de chômage, de maladie-invalidité et les retraites permettent de ne pas mourir de faim), mais l’écart se creuse tout de même tous les jours entre une bourgeoisie d’argent qui tire les ficelles et le reste de la population qui s’appauvrit de manière irréversible. Entre une droite sarkozienne autoritaire et fière d’elle-même et une opposition de gauche bientôt représentée par le financier du FMI, DSK, l’avenir me paraît assez sombre.
Quand l’élastique sera trop tendu, il se pourrait bien que peuples d’Occident descendent eux aussi dans la rue. Malheureusement, faire tomber un dirigeant ou un gouvernement ne sert plus à grand chose puisque l’économie restera mondiale et qu’il faudra bien se plier au dictat de la haute finance et des spéculateurs. A moins que la révolte ne se transforme en révolution et qu’elle devienne mondiale elle aussi … Mais ce n’est pas demain la veille.
09:58 Publié dans Actualité et société, Blogue | Lien permanent | Commentaires (7)
18/12/2010
Pause
Après une année de bons et loyaux services, Marche romane prend ses quartiers d’hiver, ce qui signifie que ce site entre en hibernation pour quelque temps. J’ai envie de me plonger tout entier dans le silence des livres. Mon texte « Obscurité » a été écrit pour ainsi dire en direct et sous le regard de tous, aussi ai-je besoin maintenant d’un peu de recul. Internet est un outil fantastique, pour autant qu’on vienne y exprimer ce qui émane du plus profond de soi, sinon on risque de tomber dans un inutile bavardage, ce que je ne voudrais pas. Il est donc nécessaire de se ressourcer de temps à autre et telle est bien mon intention. Lorsque dehors tombe la neige, on n’a point trop envie de parcourir les routes, fussent-elles virtuelles, mais plutôt de rester bien au chaud et d’ouvrir un livre. Il suffit alors de tourner les pages pour retrouver aussitôt un autre voyage, celui où nous emmènent les écrivains. Rêver et plonger dans l’imaginaire peut être vu comme une philosophie de vie, une manière comme une autre d’échapper à ce monde agressif dans lequel il nous fait pourtant bien vivre.
A bientôt donc. Dans une autre année, probablement.
07:00 Publié dans Blogue | Lien permanent | Commentaires (5)
06/12/2010
Vases communicants, bilan.
Le principe des échanges, tels que je l’ai pratiqué vendredi dernier, semble prendre de l’ampleur. Je ne sais si c’est un bien ou un mal, car si chacun bouge d’une case et va écrire chez son voisin, les lecteurs vont finir par s’y perdre. Mais quelque part, cela me semble renouveler le processus de création et tous ces textes qui s’échangent sans qu’on sache trop finalement qui les a écrits, me fait penser à la littérature orale primitive, celle des aèdes grecs ou celles de nos chansons de gestes moyenâgeuses. Internet devient dès lors un immense réservoir de paroles.
Le problème sera de discerner là-dedans les textes forts. Certains diront que tout le monde peut désormais écrire et y aller de son petit texte et donc que le tri que faisaient les éditeurs ne se fait plus. D’autres diront au contraire que beaucoup de ces fameux éditeurs ont failli à leur tâche en publiant tout et n’importe quoi et donc que les textes de qualité qu’ils ont écartés peuvent s’exprimer ici.
Au-delà de cette polémique, je dirai surtout que derrière tout cela il y a le plaisir d’écrire et que cette écriture qu’on croyait morte et qu’on nous annonçait comme telle (civilisation de l’image, de la télévision et du téléphone, primauté de l’oral sur l’écrit, etc.) renait à une vitesse incroyable. Écrire et être lu, que demander de plus, finalement. ?.
En attendant, on en parle des échanges de vendredi ici : http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2366
Et encore là : http://brigetoun.blogspot.com/2010/12/comme-presque-nombreux-etaient-les.html
Barrage de Serre-Ponçon, sur la Durance
15:46 Publié dans Blogue | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature
14/07/2010
Pause
Nos trois amis viennent de quitter La Courtine et les revoilà sur la route. Je ne sais absolument pas où ils vont se diriger, alors, si vous le voulez bien, je vais aller repérer les lieux avant eux...
Le blogue est fermé jusqu'au mois d'août pour cause de vacances.
A mon retour, je veillerai à terminer cette histoire qui nous retient depuis quelque temps déjà.
A bientôt.
01:43 Publié dans Blogue | Lien permanent | Commentaires (7)
01/01/2010
Nouvelle année
Pour la nouvelle année, afin de vous présenter mes bons voeux, voici quelques citations de circonstance :
"Il faut laisser le passé à l'oubli et l'avenir à la providence."
Bossuet
"Nous entrons dans l'avenir à reculons."
Paul Valéry
"L'avenir est ce qu'il y a de pire dans le présent."
Gustave Flaubert
"L'idée de l'avenir est plus féconde que l'avenir lui-même."
Bergson (Henri)
"La vraie générosité envers l'avenir consiste à tout donner au présent."
Camus (Albert)
"Tout le malheur des hommes vient de l'espérance."
Albert Camus.
"On jouit moins de ce qu'on obtient que de ce qu'on espère."
Jean-Jacques Rousseau.
Il ne faut avoir aucun regret pour le passé, aucun remords pour le présent, et une confiance inébranlable pour l'avenir."
Jean Jaurès
"Il y a en chacun de nous des calculs que nous nommons espérances."
Platon
"Il ne faut pas lier un navire à une seule ancre, ni une vie à un seul espoir."
Épicète
"L'espérance a fui comme un songe,
Et mon amour seul m'est resté!"
Gérard de Nerval
N'attends pas que les événements arrivent comme tu le souhaites. Décide de vouloir ce qui arrive... et tu seras heureux. [Epictète]
Feuilly
14:51 Publié dans Blogue | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : littérature, citations
10/12/2009
Pause d'automne
Pause d'automne, autrement dit pré-hivernale. Le temps me manque pour écrire ici sereinement.
Feuilly
08:02 Publié dans Blogue | Lien permanent | Commentaires (3)
13/07/2009
Absence
Le stylo est soigneusement refermé afin que l'encre ne sèche point.
Dans le tiroir du bureau, je l'ai bien rangé, entre un crayon taillé avec soin et une gomme désuète.
Ensuite, j'ai fermé tous les programmes de l'ordinateur, un à un, puis j'ai tout éteint. J'ai même débranché la prise, car les orages de juillet peuvent être terribles, parfois, quand les vents venus de grand Sud viennent affronter ceux du Nord. Mille zébrures meurtrières raient alors la nuit noire, éclairant un instant nos songes et semblant nous montrer le sens caché des choses.
J'ai regardé les livres, soigneusement rangés sur leurs rayonnages, les poètes avec les poètes, les romanciers avec les romanciers. Puis la couverture jaune de Rimbaud, dans son édition des Classiques Garnier, qui tranche sur tous les autres. Je n'ai point besoin de me lever et de le prendre pour savoir que les pages en sont usées d'avoir si souvent été lues et que la reliure en est un peu fatiguée, d'avoir si souvent été ouverte. Ensuite il y a ceux qui n'arrêtent pas de nous habiter depuis qu'on les a lus, les Malcolm Lowry, les Dostoïevski, les Styron, les Garcia Marquez. Et puis Montaigne, bien sûr et Baudelaire et tous les autres. Ils sont tous là, bien présents au cœur de la nuit. Je souris en les regardant, car leur présence est rassurante. Lentement, je me lève et m'achemine vers la porte, puis j'actionne l'interrupteur. La grande nuit reprend aussitôt ses droits. Pourtant, en me retournant, il me semble encore sentir la présence des livres, comme s'ils avaient une âme qui eût flotté dans la pièce. Il suffirait d'allumer de nouveau la lampe pour qu'ils réapparaissent. Mais non. Il est tard, il faut partir. Je referme la porte sans faire de bruit et m'éloigne à pas feutrés.
A l'adresse de mon site, j'ai laissé un message pour les lecteurs et les lectrices qui viendraient flâner par ici. Ils et elles le découvriront demain :
« Blogue en pause estivale ».
Alors eux aussi s'en iront, n'ayant plus à revenir en ce lieu maintenant désert. Mais on ne peut pas toujours écrire. Il faut vivre aussi, s'imprégner de nouvelles impressions, les intégrer, les faire siennes. Plus tard, alors, on pourra écrire sur ce que l'on a vécu, le transformer, le modifier, l'amplifier, lui donner un sens. Plus tard.
Mais si toi, lectrice, tu ne pars pas ou si toi lecteur, tu restes dans tes foyers, cela n'empêche pas le voyage intérieur. Recherche ta vérité au plus profond de toi-même et tu n'auras pas perdu ton temps.
Photo personnelle
01:11 Publié dans Blogue | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : blogue
21/06/2009
Le blogue : une logorrhée verbale ?
Pour ceux que cela intéresse, Marche romane vient de franchir le cap de son quatre centième article. Ce n’est pas rien, évidemment. Ce n’est pas rien mais cela nous amène, une fois de plus, à nous poser des questions sur la pertinence de tout cela. Qu’est-ce finalement qu’un blogue ? Que cherche-t-on en écrivant ici et que conviendrait-il d’y écrire ? Au-delà de la réflexion sur le phénomène blogue en lui-même, il importerait aussi de réfléchir sur le rapport entre l’écriture et le blogue. En d’autres termes, le fait d’avoir des lecteurs, de les sentir présents, conditionne-t-il le contenu et la manière d’écrire ?
Ce qui est amusant, c’est qu’alors que je me faisais ces réflexions et que j’en discutais même en privé, via la messagerie, avec une connaissance, voilà que Bertrand Redonnet, de son côté, nous propose justement sur son site un billet qui traite de ce thème. Je vous invite à le lire car il reprend exactement, en les développant subtilement, les réflexions que j’étais en train de me faire.
L’avantage, en tenant un blogue, c’est qu’on s’oblige à écrire car on sent inconsciemment que si on ne l’alimente pas régulièrement, il sera bientôt déserté par le public habituel, qui trouvera ailleurs une nourriture plus abondante. Et écrirais-je aussi ponctuellement si je n’avais pas l’opportunité de le faire ici ? Probablement pas, les occupations et les soucis de la vie quotidienne étant souvent un frein au travail d’écriture, lequel demande disponibilité et sérénité. Mais d’un autre côté, il ne faudrait pas que le public devienne un tyran qui conditionnerait mon acte d’écriture, soit en m’imposant indirectement un rythme à tenir, soit même en influençant la nature des billets présentés. J’ai su, il me semble, me préserver jusqu’à présent de ce travers.
Maintenant, le fait de pouvoir être lu est assurément un avantage dont on finirait par oublier qu’il constitue un privilège. Pour autant qu’on ne laisse pas au public le choix des thèmes traités mais qu’on continue à écouter sa petite musique intérieure, tout est parfait.
Le problème, c’est plutôt le temps. Or le temps, quand on est dans la vie active, est le bien le plus rare et le plus précieux. Et il n’y a pas que les articles à rédiger et les commentaires à surveiller, il y a aussi tous les autres sites à aller lire. Ce serait un peu égoïste de se réjouir de la présence des lecteurs et de ne pas leur rendre leur politesse en allant lire leur propre site s’ils en ont un. Des liens se créent souvent ainsi, par affinité et c’est très intéressant.
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C’est intéressant sauf que quelquefois on a un peu l’impression d’être sur la place publique. On écrit à la craie sur un trottoir devant les badauds médusés, au milieu d’un brouhaha indescriptible, celui de la foule et de ses bavardages. Alors il y a inévitablement des jours où on se retrouve fatigué de tout ce vacarme, ce qui fait qu’on aspire à un peu de silence. Ces jours-là, la petite voix intérieure ne parvient plus à trouver son chemin dans la cacophonie générale. L’intelligence ne commande-t-elle pas une position de retrait qui n’est pas seulement protectrice mais aussi désir de se retrouver avec soi-même dans le silence ?
Quel est l’intérêt, finalement, d’écrire par exemple sur les livres qu’on a lus ? N’est-ce pas aussi participer au grand bavardage ambiant ? Certes, cela oblige à un esprit de synthèse et même, en écrivant ainsi un article, on approfondit le sujet traité et on découvre soi-même des choses qu’on n’avait pas vues, mais bon, au-delà de cela, quel avantage y trouve-t-on vraiment ? Est-ce un vain étalage de culture, un désir de partager ses connaissances ou une tentative de communiquer avec autrui ? Un peu des trois sans doute, mais n’est-ce pas là une démarche vaine ? N’est-ce pas contribuer à son tour au grand bavardage ambiant que je dénonçais plus haut ?
Ne ferait-on pas mieux, plutôt que de s’égarer dans cette voie, de se concentrer sur sa propre écriture, la vraie ? Car dans ces quatre cents articles, combien de textes littéraires, en fait ? Bien peu, vraiment bien peu. Déjà j’avais renoncé par le passé à toute une série d’articles disons d’actualité et je m’étais alors concentré sur des sujets plus littéraires. Mais parler de la littérature, ce n’est pas encore écrire (encore faudrait-il qu’on en soit capable, mais cela c’est une autre question dont nous ne débattrons pas ici).
Bien entendu, pour celui qui écrit et qui est publié (ce qu’on appelle donc classiquement un écrivain), le blogue devient une vitrine. Pour peu qu’il ne lui consacre pas trop de temps, c’est pour lui un moyen habile de faire connaître sa production et même, pourquoi pas, de lever pour le public un coin du voile sur l’art de la création, en proposant de temps à autre un extrait en cours de rédaction.
Vu l’évolution des techniques, il est clair qu’un homme de lettre se doit, de nos jours, de tenir un site ou un blogue, simplement pour favoriser sa visibilité dans cette jungle commerciale qu’est devenu le monde de l’édition.
Mais nous, hommes ordinaires qui n’avons rien écrit, pourquoi perdre notre temps à nous donner l’illusion d’avoir un public avant même que d’avoir écrit quoi que ce soit ? C’est un peu mettre la charrue avant les bœufs, non ? Ecrire suppose le recueillement et la solitude. On n’écrit pas dans l’immédiateté. Je ne pense pas, en disant cela, à l’inévitable travail de correction qui chez moi est souvent fort limité (preuve qu’il y a des choses à améliorer dans mon travail d’écriture lui-même) mais plutôt au recul nécessaire à toute activité de création. Avant de prendre la plume, il faut cerner son sujet, l’apprivoiser, ce qui peut demander quelques jours. Puis il faut laisser faire l’imagination, qui va, dans votre tête, échafauder un semblant d’histoire. Ce n’est qu’alors qu’on prend sa plume ou qu’on s’installe devant son ordinateur. Les mots alors viennent en principe relativement aisément, mais c’est parce qu’ils sont le fruit de tout ce qui précède.
Or, cette démarche qui prend du temps, ne trouve pas dans le blogue le terrain qui lui convient. Ici, tout doit aller vite et on finirait par préférer de simples billets sur des sujets divers, relativement faciles à rédiger, plutôt que de se pencher sur un réel travail de création.
En conclusion, j’ai bien peur que je n’aie fait que contribuer à amplifier la rumeur ambiante d’Internet par mes différentes notes. J’aspire à un peu de silence, de discrétion, de recueillement. Je reviens donc à l’idée que j’ai déjà exprimée autrefois ( à savoir laisser de côté tous les thèmes d’actualité et se concentrer exclusivement sur les sujets littéraires) mais pour la radicaliser. Autrement dit, ne plus déposer ici que des textes personnels, soit de fiction, soit de poésie, soit encore des considérations personnelles ou philosophiques, voire des souvenirs ou des rêveries, un peu comme on le ferait dans un journal intime (se posera alors le problème du rapport entre la sphère privée et la sphère publique, mais s’il s’agit de textes littéraires, ce qui est trop personnel sera de toute façon transformé par le processus de création et sera donc devenu complètement méconnaissable. En plus personne ne connaît ma vie, donc personne ne parviendra à distinguer ce qui est réel et ce qui est inventé)
Cela n’empêche pas de traiter de sujets existentiels ou même de réfléchir sur des phénomènes de société, mais plutôt que de le faire de manière disons intellectuelle, en développant point par point un raisonnement, on pourrait imaginer que cette réflexion s’inscrive dans un texte de fiction ou prenne la forme d’un journal personnel, ce qui, dans les deux cas, supposerait une approche plus littéraire.
Pour me résumer et exprimer tout cela plus simplement, je dirai que la tenue de ce blogue m’a apporté beaucoup, mais qu’il me semble maintenant que cela constitue une entrave à la rédaction de textes plus littéraires, que je n’ai que trop négligés (essentiellement par manque de temps).
L’avenir nous dira si je parviens à me tenir à ces nouvelles règles.
23:06 Publié dans Blogue | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : blogue, internet
07/04/2009
Correspondance troublante
Suite au poème « Comparaison » (axé sur la répétition à l’infini des « comme si »), qui avait fait l’objet de la note précédente, je vous invite à aller lire un texte similaire proposé par Bertrand Redonnet sur son site l’Exil des mots.
Ce qui est fascinant, c’est que je ne connaissais absolument pas sa « Ballade pour un pendu » et que pourtant on retrouve des ressemblances avec mon texte, non seulement dans la forme (la répétition des « comme si »), mais aussi dans les thèmes traités, preuve que le « souffle poétique » est universel et l’esprit humain constant dans ses démarches. C’est ce que disait déjà Lévi-Strauss pour expliquer les similitudes entre tous les mythes des peuples primitifs, alors qu’aucune rencontre géographique n’avait pu avoir lieu. Il semble qu’il en aille de même dans la création littéraire, les sujets traités n’étant finalement pas infinis. Il est certain, en effet, que nous parlons tous de la même chose depuis que l’humanité existe (amour, mort, sens de la vie, souffrance, solitude, etc.) et que pour exprimer cette pensée nous avons recourt à une série d’images, de métaphores, qui elles aussi semblent constantes.
Ainsi, dans les deux poèmes évoqués ici, on commence par le thème de l’oiseau : Comme l’oiseau qui prend son envol / Comme ce passereau minuscule soudain surgi des nues. La différence, c’est que le mien est majestueux et part à la conquête du ciel, tandis que le sien est minuscule et vient du ciel se réfugier sur un toit (image inversée, donc).
Bertrand parle d’équinoxe et moi de solstice (même fascination pour les moments charnières des saisons)
Il évoque les « vagues toutes blanches, qui viennent et qui reviennent sur le sable des plages et qui grondent » et moi je parle de la marée qui détruit les châteaux de sable de l’enfant. Enfant que l’on retrouve dans son poème en train de jeter des pierres dans une rivière, cette fois.
La « brume lascive des frais matins de mars » devient chez moi « la rosée dans l’herbe fraîche du matin ».
On retrouve le thème du « cœur qui s'égare sur une erreur sublime » dans « cette jeune fille aimée autrefois et qui a disparu dans les tourments de la vie. »
Notons que des deux côtés on a le thème
- de la neige abondante qui vient tout recouvrir
- de la fuite du temps (ténèbres promises / notre vie s’écoule)
- de la guerre (comme ces soldats tombés, pitoyables, dans les flaques toutes rouges / comme ces guerres qui par le monde massacrent de parfaits innocents)
- de la souffrance animale (l'animal blessé dans une cour obscure et qui pleure et gémit / la biche atteinte par une balle)
- des saisons (l'automne invitant le poète à écrire / l’été dans les collines andalouses)
- des étoiles (cette voie lactée sur ma tête allumée / un poème écrit sous la voûte étoilée de nos rêves)
Que conclure de tout cela ? Qu’il nous faut rester très modestes, car finalement nous n’inventons absolument rien et nous ne faisons que répéter sempiternellement les mêmes thèmes et cela depuis des générations. La seule variable, dans ce phénomène, c’est la « griffe » personnelle de chacun, la manière de dire et d’écrire, en un mot le style, lequel reflète le caractère et les préoccupations intimes de celui qui tient la plume. En dehors de cela, nous sommes tous hommes (et femmes) et donc hanté(e)s par une même réalité. A la limite et même si cela ne saute pas aux yeux, c’est le même discours que l’humanité véhicule depuis l’âge préhistorique et les dessins rupestres des grottes de Lascaux ne sont pas aussi éloignés qu’on ne pourrait le croire des poèmes de Rimbaud. Déjà à cette époque il s’agissait de créer un monde imaginaire (voir la dimension des animaux, qui varie selon la conception qu’on en a et non selon leur taille réelle), calqué sur la réalité et dans lequel l’artiste exprimait toute son admiration ou toute sa peur. Un monde parallèle en quelque sorte, fait de dessins sur un rocher, pour dire qu’on est homme et qu’on se demande bien ce que l’on fait sur cette terre. Rimbaud affirma-t-il autre chose quand il s’écria : « Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir » ?
13:46 Publié dans Blogue | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature, correspondance entre poèmes
04/04/2009
Anniversaire
Tiens, le quatre avril. Cela fait deux ans que ce blogue est ouvert. On dit souvent que tout s’arrête après un an, donc c’est déjà bien, non ? Il est vrai qu’on a changé un peu d’orientation en cours de route, délaissant la critique sarkozienne, amusante mais finalement stérile, pour des réflexions plus littéraires et même quelques petits textes personnels de temps à autre. Je crois que c’est dans cette direction que cela va continuer. Le site devient alors un moyen de toucher un public, une sorte d’auto-édition électronique en quelque sorte. Le revers de la médaille, c’est qu’on finit par n’écrire que pour le blogue et donc qu’on s’oriente vers des textes très courts ou des poèmes. Tout cela se fait au détriment d’une écriture plus vaste, plus ambitieuse. Mais quand on s’adonne à celle-là, tout reste dans les tiroirs et donc cela ne sert à rien.
Maintenant, un texte comme « La cabane dans les bois » qui a bien été écrit pour ce site (il ne devait faire qu’une page au départ mais le thème du voyage et une histoire d’amour sont venus s’ajouter par la suite) est la preuve qu’on peut écrire des textes plus longs et les faire lire ici.
Je remarque que généralement les articles sur la langue française suscitent beaucoup d’intérêt. Je ne parle pas du nombre de commentaires, mais des réactions que j’en ai par ailleurs.
Je constate aussi que le nombre de visiteurs a toujours été en progression depuis le début. Je me moque des statistiques (clin d’œil à ceux et celles avec qui j’en ai parlé) mais j’avoue que si le nombre diminuait chaque jour, cela serait sans doute le signe que quelque chose ne fonctionne pas bien. Autant écrire pour soi dans un cahier alors.
Car un site permet aussi des rencontres, virtuelles certes, mais souvent intéressantes et certaines même très fortes. C’est aussi très important. On trouve des affinités avec certaines personnes et il se crée des amitiés et ma foi cela vaut bien les relations qu’on a dans sa vie habituelle. La différence, c’est d’une part qu’on rencontre ici des personnes ayant les mêmes centres d’intérêt (essayer de parler de Nietzsche avec votre voisin ou de Rimbaud avec votre banquier, pour ceux qui en ont un) et d’autre part qu’on se livre plus, les uns et les autres. Par livrer, je ne parle ni de la vie quotidienne ou familiale (sur laquelle je suis toujours resté très discret) ni des données d’état civil (âge, profession, etc.), qui n’apprennent finalement pas grand chose sur quelqu’un, mais du fait de livrer le fond de sa pensée, d’exprimer ses convictions, ses doutes, ses errements, sa philosophie de vie, etc. Bref, on va à l’essentiel, alors que dans la vie dite réelle (mais ce site aussi fait partie de ma vie réelle, il me semble) tout reste souvent au stade des convenances sociales. A l’artificialité, on tente de substituer une certaine vérité. Tout est relatif, évidemment et on pourrait dire exactement le contraire et que tout ceci n’est qu’un jeu de rôle dans lequel chacun essaie de briller et donc qu’on reste très loin aussi de la vérité. Je ne sais pas, il faut voir. Il me semble que je suis sincère dans ce que je dis. En tout cas c’est ce que je voudrais, sinon à quoi bon ?
10:23 Publié dans Blogue | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : blogue
06/02/2009
Blogues: de la longueur des notes.
Quand on rédige une note pour un blogue, il vaut mieux que celle-ci ne soit pas trop longue, afin de ne pas décourager les lecteurs potentiels, lesquels n’ont que leur écran pour en prendre connaissance. Donc, si les blogues offrent une belle opportunité pour tout un chacun de pouvoir s’exprimer, ils ne permettent toutefois pas des développements trop longs.
Il en va de même quand on propose un texte littéraire. Pour les poèmes ou les textes poétiques en prose, il n’y a pas de problème, ceux-ci n’étant jamais très longs, mais pour des récits proprement dits, cela devient plus compliqué. Jusqu’ici, j’étais parvenu à faire bref, mais il arrive qu’on se laisse emporter par la logique de son propre récit (au point qu’on se demande parfois si l’auteur maîtrise vraiment ce qu’il écrit et si ce ne sont pas les personnages eux-mêmes qui imposent le déroulement de leur histoire) et qu’on se retrouve avec un texte de plusieurs pages alors qu’initialement celui-ci avait été écrit pour le blogue.
Une solution consiste à faire comme avec tous les autres écrits, à savoir ranger ce nouveau texte dans un tiroir et ne plus l’en ressortir. Une autre solution, c’est tout simplement de le proposer ici par épisodes séparés. C’est ce que je me propose de faire à partir d’aujourd’hui. Bon, que les lecteurs qui n’aiment pas cette formule veuillent bien m’excuser. Ils ne sont d’ailleurs pas obligés de lire et ils peuvent en profiter pour aller butiner ailleurs pendant quelques jours et découvrir d’autres sites. J’ai bien conscience que cette formule du découpage n’est pas ce qu’il y a de mieux, mais après tout le XIX° siècle s’était bien singularisé par ses romans feuilletons et la littérature s’était adaptée à ces nouvelles contraintes éditoriales. Comme Internet est un outil neuf, il est normal que nous en soyons encore à chercher les formules les plus pertinentes.
15:30 Publié dans Blogue | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : blogue
10/12/2008
Recherche dans Marche romane
Je signale aux lecteurs qui n’auraient pas de blogue personnel chez Hautetfort (ou qui n’auraient pas de blogue du tout) qu’une fonction «recherche » est maintenant accessible en bas de la colonne de gauche. C’est bien pratique pour retrouver un thème qui aurait été traité dans le passé et cela devrait permettre de faire revivre un peu les anciens articles. On n’arrête pas le progrès.
21:59 Publié dans Blogue | Lien permanent | Commentaires (2)
05/09/2008
Mise au point
J’ai donc bien réfléchi et même longuement.
Ce blogue, qui m’a apporté beaucoup, ne me satisfait plus en l’état où il se trouve. Il y a à cela plusieurs raisons.
- Tout d’abord, il me semble avoir fait le tour des sujets que je voulais aborder. Bien entendu, je pourrais, pendant des années, continuer à parler de l’actualité ou du monde de l’édition, mais en fait je ne ferais plus que me répéter. Les malheurs de l’univers sont éternels et je n’en finirai plus de regretter l’absence d’un état palestinien ou de pourfendre le néolibéralisme mondial qui vise à nous asservir aux lois du marché. De toute façon cela ne servira à rien, puisque rien ne changera. Quat aux lecteurs qui viennent ici, s’ils viennent, c’est qu’ils sont plus ou moins d’accord avec mon point de vue (ou alors ils ne viennent plus) et donc je ne leur apprends rien ni ne leur apporte rien.
- A côté de cela, ce blogue est un peu victime de son succès (succès tout relatif comparé à d’autres). Récemment, le nombre de commentaires a singulièrement grimpé et de manière exponentielle. C’est très agréable de vous lire tous, mais tout cela appelle des réponses (sinon il n’y a pas de dialogue, or c’est un peu la raison même des blogues, non ?). Il se fait que je n’ai matériellement pas le temps de gérer ces commentaires, travaillant à temps plein. Tant qu’il n’y en avait que deux ou trois, cela allait, mais maintenant la longueur des commentaires et leurs réponses dépasse celle de mes notes. Or mon but était d’écrire et non de parler. Non que ces débats ne soient pas intéressants, bien au contraire, mais j’ai peur de me retrouver enfermé dans un système où, pour une note de trois lignes on va commencer à discutailler pendant trois jours. Je le répète, c’est intéressant en soi, mais personnellement je n’ai pas le temps pour gérer cela. De plus, ce qui me plaisait ici, c’était d’écrire (et écrire oblige à réfléchir et à structurer ses idées, donc cela permet de les rendre plus claires à commencer pour celui qui écrit). Etant solitaire par nature, je n’ai pas la passion des débats. Il se trouve que le temps consacré aux débats, s’il vous oblige aussi à réfléchir et à frotter votre pensée à celle des autres, est aussi du temps perdu pour votre prochaine note. Pour le dire encore autrement, je préfère méditer dans le silence et proposer de temps à autre la synthèse de mes réflexions plutôt que de me transformer en animateur sur une place publique. Tout ceci n’est évidemment pas un reproche aux différents intervenants (encore qu’il s’est trouvé ces derniers temps une certaine commentatrice particulièrement prolixe, suivez mon regard…) et ce que nous avons partagé était intéressant, mais je souhaiterais me recentrer davantage, ce qui nous amène au point suivant.
- En fait, je souhaiterais me concentrer sur les aspects strictement littéraires. En effet, je me rends compte que depuis que je tiens ce blogue je n’écris absolument plus rien pour moi. J’entends par-là des réflexions personnelles ou des textes de fiction. Mon point de vue est sans doute égoïste, mais comme disait l’autre, c’est le mien. Vous me direz que cela ne sert à rien d’écrire si on n’est pas publié et c’est vrai. Mais je répondrai d’une part que cela me fait plaisir ( ce qui est déjà un motif suffisant en soi) et d’autre part que venir m’énerver ici sur la situation internationale ou les pitreries de Sarkozy n’apporte rien à personne non plus.
-Internet est une activité essentiellement « chronophage ». Car il n’y a pas que son propre blogue à tenir, il y a aussi tous les sites amis que l’on va visiter. Certes, c’est intéressant, mais une nouvelle fois c’est au détriment d’autres activités, ne serait-ce que la lecture, car en effet là aussi on se met à écrire des commentaires puis des commentaires sur les commentaires. Bref, la journée et la soirée sont passées quand on a à peu près fini et il ne reste plus beaucoup de temps si on veut se pencher sur Sophocle ou sur Hubert Haddad. Donc, là aussi je vais essayer de réduire mes activités, non pas que je ne vous lirai plus, mais je vais essayer de limiter mes commentaires (cela va être dur tout de même).
-Ce blogue « Marche romane » ne fermera pas et restera sous sa forme actuelle (avec ses archives toujours consultables). Je continuerai à venir déposer des textes de temps à autre, mais cela sera plus rare, au gré de mon humeur et certainement pas une fois pas jour. Je m’efforcerai de ne parler que de littérature (ce qui exclut déjà tous les ressentiments à l’égard du monde de l’édition ou les réflexions sur les romans commerciaux de la rentrée). Quand je dis littérature, ce pourrait être l’approche d’un écrivain ou le commentaire d’un de ses textes, voire quelques textes de mon cru, pourquoi pas. Je voudrais trouver dans tout ceci une sorte d’apaisement. Ce site devrait être un lieu de calme où on vient se promener une fois de temps en temps, un peu comme on fait une promenade en forêt ou quand on visite une vieille église romane. Or, je pressens que cela n’aurait plus été possible à court terme si j’avais laissé les choses aller plus avant. Cela allait déraper et ce blogue n’aurait plus vraiment été le mien.
- Voilà. Forcément le nombre de lecteurs va diminuer en flèche, mais je ne suis pas un fanatique des statistiques. Vient qui veut. Tout cela n’est pas lié à vous, chers lecteurs, mais à ma nature personnelle, plutôt ombrageuse et solitaire. On ne se refait pas.
10:53 Publié dans Blogue | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : blogue
03/09/2008
Que doit-on dire ou ne pas dire dans un blogue?
Quel est le sens de tout ce que l’on dit sur nos blogues ? Nous parlons, nous nous exprimons, (cela fait du bien, il n’y a pas à dire), parfois nous râlons (cela fait encore plus de bien,) nous avons des lecteurs (et même de plus en plus), nous pouvons d’ailleurs échanger des idées avec eux (ce qu’un écrivain n’a pas toujours l’occasion de faire, finalement). Et puis après ? Tout cela forme une masse de mots importante, qui vogue au gré d’Internet et dont on suit mal les aboutissements.
Qu’écrit-on sur ces blogues ? Certains y parlent de leur vie privée ou de leurs soucis (ils courent vite le risque d’être lynchés par quelques âmes malveillantes), d’autres, comme moi, y parlent plus de sujets qui leur tiennent à cœur (en quoi ils se dévoilent à peu près autant puisqu’en disant ce qu’ils aiment, ils disent ce qu’ils sont et donc qui ils sont). Cependant, l’absence de référence à leur vie quotidienne, voire à leur état civil, peut entraîner à son tour des confusions car chaque lecteur voit ce qu’il a envie de voir dans ce qu’il lit. Ecrire participe donc à notre insu à un brouillage de pistes qu’on n’avait pas voulu. Ecrire serait donc mentir ? Ecrire dans la discrétion serait finalement mentir par omission ?
Et puis écrire sur des sujets extérieurs à notre personne, c’est bien (l’édition, l’actualité, les livres lus, etc.) mais n’est-ce pas là, finalement, une activité qui relève du bavardage ? Une sorte de café du commerce un peu plus relevé parce que les thèmes choisis sont réputés culturels ? Et si on parle de soi, de ses doutes existentiels, qui pourra comprendre ? Chacun a sa propre expérience et le dialogue qui s’instaurera alors pourra bien ressembler à un dialogue de sourds. Pourquoi dès lors en parler ? N’y a-t-il pas là quelque chose d’incommunicable, un je ne sais quoi d’inaccessible qui fera que nous resterons tous des étrangers les uns pour les autres ? Ne vaudrait-il pas mieux se taire, replonger dans ses livres et y chercher des réponses à nos questionnements ? Tenter un dialogue entre un auteur inconnu (peut-être même décédé il y a des siècles) et nos propres positions ? Continuer seul notre cheminement en sachant que de toute façon notre solitude est la seule certitude que nous ayons, que cette solitude nous accompagnera notre vie durant et qu’à l’ultime moment elle manifestera toute sa puissance ?
Pourquoi parler (je n’ai pas dit pourquoi écrire, car on peut écrire pour soi, de manière cathartique), pourquoi vouloir échanger si tout est incommunicable ? Pour échanger vraiment, il faudrait exposer son être profond. Ne le faire qu’à moitié a-t-il un sens ? Non. Le faire entièrement non plus (pourquoi se livrer ainsi à la curiosité du public ?). Ne pas le faire, c’est se replier sur soi. Alors ? Que peut-on dire dans un blogue ? Ou est la limite entre le public et le privé ? Pourquoi voulait-on être lu ? Pour exister, manifestement. Mais existe-t-on plus si on est lu ? Sans doute. Disons qu’on a alors fait porter une partie du fardeau sur les autres. On a l’impression d’être compris, on se sent moins seul pendant un instant. Et après ?
Finalement, on en dit toujours trop ou jamais assez. Pourquoi demeurer dans cet entre-deux ? N’est-ce point là un signe de médiocrité ? Pourquoi s’exprimer, alors, si on ne parvient pas à aller jusqu’au bout ? Il aurait fallu dire plus que de vagues impressions, lesquelles ne servent qu’à dessiner les contours de notre pensée, à appâter le public, sans jamais donner de solution. La solution, ce serait de pouvoir dire qui on est (sur un plan existentiel, j’entends), mais il semble bien que cela soit impossible, nous ne pouvons pas aller aussi loin (soit par pudeur, soit parce que les mots nous manquent, soit parce qu’on ne sait pas toujours qui vient lire et qu’on n’a pas envie de se dévoiler devant des inconnus). Alors pourquoi écrire sur un blogue ? Le silence ne serait-il pas préférable ? Plus digne, en quelque sorte…
01:11 Publié dans Blogue | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : blogue
25/08/2008
Détail pratique
Depuis plusieurs jours, les commentaires comportant une adresse de site ne « passaient » pas chez Hautetfort. Aujourd’hui, tout s’est débloqué, tant mieux. Le problème, c’est que les messages viennent d’être renvoyés une deuxième fois (avec les adresses des sites jointes) à la date du 25.08.08. Sur un même sujet, on se retrouve donc avec deux fois le même commentaire mais à des dates différentes.
Afin de faciliter la lecture de ceux qui prendraient la lecture de ce blogue en cours de route, j’ai supprimé les commentaires redondants du 25.08 et j’ai replacé les adresses des sites auxquels ils renvoyaient dans le commentaire initial (22 ou 23 août).
10:28 Publié dans Blogue | Lien permanent | Commentaires (9)
24/04/2008
Le blogue : du privé au public.
Il y a tout de même un paradoxe fondamental dans le phénomène des blogues. En effet, qu’on le veuille ou non, ouvrir un blogue revient à parler de soi. Certains en font un véritable journal intime (l’écran a juste remplacé le bon vieux cahier dans lequel ils racontaient leurs impressions), d’autres, plus réservés quant à leur vie privée ou leurs états d’âme, de dévoilent cependant aussi puisqu’ils abordent des sujets qui leur tiennent à cœur. C’est finalement mon cas ici. Je ne parle pas de moi directement, mais à travers mes prises de position ou mes choix de lecture, les lecteurs arrivent, par recoupements, à se faire une idée générale assez exacte de mes opinions (peut-être mieux, d’ailleurs que les personnes qui m’entourent, qui elles ne me découvrent que par mes actes et non par l’exposé de ce que je pense).
Donc, que le blogue soit tout à fait intime ou qu’il le soit un peu moins, c’est tout de même une part de soi que l’on vient ainsi livrer en pâture au public. On pourrait donc se demander ce qui est à la base dune telle démarche. En effet, ce qui est intime ne doit-il pas justement le rester? Rappelez-vous votre adolescence : pour rien au monde vous n’auriez apprécié que quelqu’un s’empare à votre insu de votre journal personnel et le lise. Pourtant, ici, c’est volontairement qu’on s’expose devant le public, curieux, non ? De plus, ce public est tout à fait inconnu (du moins au départ, car les mois passant on finit par deviner un peu ses correspondants). On pourrait encore imaginer que l’on se confie à des personnes bien connues, mais non, ici, c’est au premier venu qu’on se livre en toute confiance. Etrange.
L’engouement que le phénomène des blogues connaît prouve assurément que ce type de démarche répond à un besoin. Il est vrai qu’autrefois, dans les petits villages de campagne, tout le monde se connaissait et qu’il était peut-être plus facile de se confier à un voisin ou à une voisine que dans nos cités tentaculaires et anonymes. J’avance cette hypothèse, mais je n’y crois pas trop moi-même, sachant aussi combien la province peut être mesquine et cancanière, ce qui fait que beaucoup doivent hésiter avant de se dévoiler devant leur entourage.
Le blogue remplacerait-il le psychologue que nous n’allons jamais consulter ? C’est peut-être vrai pour ceux qui parlent de leurs problèmes intimes, mais les autres, ceux qui se contentent d’aborder leurs passions (lecture, photographie, musique ou que sais-je) ?
Il semblerait bien, en fait, que le vrai but soit de pouvoir s’exprimer soi-même. Dans une société impersonnelle qui nous demande surtout d’être rentables, chacun éprouve manifestement le besoin de dire qui il est et ce qui lui tient à cœur. Un blogue, c’est une tribune. A partir du moment où je vis en décalage avec la version officielle donnée par la société, il me faut réagir et clamer haut et fort (c’est le cas de le dire) mes opinions. Ainsi si je n’apprécie pas que la littérature soit en train de se transformer en une vaste opération commerciale et si je n’ai pas forcément envie de lire les ouvrages que la publicité veut m’imposer, au moins, si je possède un blogue, je peux montrer ma désapprobation. Comme d’autres personnes pensent la même chose que moi, nous voilà déjà plusieurs à dialoguer et à nous remonter le moral les uns les autres. C’est une lapalissade, mais il est clair qu’on se sent moins seul quand on est plusieurs. Dite comme cela, la phrase est ridicule, mais si on y regarde d’un peu plus près, on s’apercevra qu’elle ne l’est pas. Le fait de ne plus se sentir seul de son opinion console, réconforte et aide à survivre.
Vous me direz que les personnes qui viennent laisser des commentaires ne sont pas toujours d’accord avec l’auteur du blogue. C’est exact, mais cela a peu d’importance car dans ce cas le blogue se transforme en ring ou en tatami sur lequel on vient défendre ses opinions contre l’adversaire. Ce qui compte, c’est qu’on le fasse devant un public attentif qui compte les coups et qui à l’occasion donne son avis. Ici aussi, donc, il s’agit de dire qui on est, ce que l’on pense, et finalement d’oser affirmer ses opinons les plus intimes. Le blogue a donc une vertu cathartique et l’on pourrait presque dire qu’il s’apparente à la vieille maïeutique socratique puisque par le truchement de l’écriture il nous oblige à aller dans nos derniers retranchements pour mettre clairement à l’écran (j’allais dire sur le papier) des pensées qui souvent restaient confuses pour nous-mêmes parce qu’elles étaient enfouies au plus profond de notre être.
Tenir un blogue, c’est donc écrire. Ecrire, c’est penser et ici, c’est penser devant un public.
Donc, maintenant que nous avons compris comment on est passé de l’analyse de l’intime au besoin d’un public (la sphère privée se dévoilant volontairement à l’extérieur), il reste encore un autre paradoxe à analyser.
Quand le succès d’un blogue devient trop grand, celui qui en est l’auteur se retrouve parfois coincé entre son être intime et son personnage. Certes il parle toujours de lui ou de ses passions, mais il se rend compte que son public se fait une certaine image de lui et insensiblement il aura tendance à vouloir correspondre à cette image fabriquée, ne serait-ce que pour ne pas perdre ses précieux lecteurs. Doit-il rester lui-même ou doit-il jouer un rôle ? Personnellement la réponse me semble claire. La société nous fait déjà jouer tellement de rôles que si c’est pour venir en jouer un de plus sur un blogue qui se voulait au départ recherche d’authenticité, cela n’a pas de sens.
Mais on le voit rien n’est simple. Quand la sphère intime devient publique, elle court le risque de ne plus être que publique.
Que les dieux de l’informatique nous préservent d’une telle dérive !
14:42 Publié dans Blogue | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : blogues, prive-public
08/04/2008
Des blogues et des blogueurs(euses)
Ce que j’aime bien avec les blogues, c’est aller butiner à gauche et à droite sur des sites intéressants, en apprécier le contenu, en sentir l’esprit, et revenir chargé de toutes ces impressions, qui vous accompagnent finalement la journée et vous font réfléchir sur les sujets les plus variés.
Voici quelque temps, cependant, que je me rends compte que les auteurs des sites que je visite habituellement semblent se poser beaucoup de questions quant à la pertinence de leur expérience de blogueur, allant même jusqu’à remettre en question leur présence sur le Net.
A chaque fois ces personnes déplorent le fait suivant : venir exposer devant tout le monde les sujets qui leur tiennent à cœur ne débouche finalement sur rien. C’est vrai, évidemment. En fait, le problème tient au fait qu’il y a une inadéquation entre le désir initial de s’exprimer et les conséquences, qui elles sont nulles. D’un côté il y a ce que l’on a à dire et qui pour la personne est fondamental et de l’autre il y a le côté futile du blogue, qui finalement semble avoir bien peu d’impact si on le compare à la presse écrite par exemple.
Pourtant, l’écriture blogueste (c’est comme cela qu’on dit ?) permet d’aborder des thèmes qu’on n’aurait peut-être pas abordés dans la vie quotidienne ordinaire mais qui sont fondamentaux pour l’individu. On ne se voit pas parler d’intertextualité avec un inconnu dans le métro ni réfléchir sur ce qu’est la maturité dans une file d’attente à la Poste. Ce n’est généralement pas avec vos collègues que vous abordez les livres que vous avez lus et c’est rarement avec votre voisin que vous essayez de réfléchir à l’adéquation possible entre votre vie intérieure et votre « être au monde ». Je ne me vois pas, tout en tondant ma pelouse, poser des questions par-dessus la haie audit voisin sur la manière de traduire par des mots un malaise intérieur ni dialoguer sur la beauté des chants d’Hildegarde von Bingen dans la file d’un grand magasin. Or tout cela, Internet vous le permet. Je veux dire par-là qu’ils nous arrivent tous d’aborder dans nos blogues respectifs des sujets délicats ou pointus qu’on n’aurait pas eu l’occasion d’aborder dans notre vie quotidienne. Ou alors nous aurions développé intérieurement ces sujets, sans qu’aucun dialogue ne soit possible. Par certains côtés, donc, le blogue permet, comme toute démarche d’écriture, de réfléchir sur des sujets qui sont pour nous importants et qui correspondent à ce que nous sommes vraiment (par opposition à toutes les fonctions sociales et professionnelles que nous occupons par ailleurs, fonctions que nous assumons du mieux que nous pouvons mais qui sont avant tout des rôles). Donc, les blogues ouvrent sur nous-même une petite fenêtre qui permet aux autres de venir voir comment nous fonctionnons vraiment. Il y a là une sorte de confidence étrange puisqu’elle est publique. Certains en disent trop sur eux –mêmes et ils le regrettent, d’autres trouvent au contraire qu’ils ne parviennent pas à concilier leur être social avec leur être comme blogueur. Dans tous les cas, cependant, il est clair que chacun livre une part intime de lui-même (soit en parlant de soi, de ses problèmes, soit en parlant de sa manière d’être et de sa façon d’envisager l’existence, soit encore en parlant de ses centres d’intérêts : la lecture, la nature, etc.).
Le problème commence quand le blogueur constate qu’il est peu lu ou pis qu’il est moins lu qu’avant. Il pressent alors un désintérêt du public pour ce qu’il a à dire et il le vit donc comme une condamnation de son être intime. Il se demande alors s’il fait bien de continuer cette expérience qui manifestement ne débouche sur rien puisqu’elle semble soulever une indifférence générale.
Le blogueur, cependant, ne devrait pas se jeter la pierre (je suis sans intérêt) ou la jeter aux autres (personne ne comprend la gravité des faits que je dénonce). Sa déception est bien compréhensible, mais à mon avis elle provient de la nature même du blogue. D’un côté on y dévoile des choses fort personnelles (et par personnelles je veux dire essentielles, pas forcément de nature privée) et de l’autre on se retrouve dans un espace public qui ne débouche sur rien. En effet à part l’estime et la reconnaissance de mes lecteurs (mais cela peut aussi être l’inverse) ce que j’ai voulu faire passer comme message n’aura aucune conséquence concrète. Le monde continuera à tourner de travers, les riches continueront à exploiter les pauvres gens, la misère (matérielle ou existentielle) continuera à se répandre. Au-delà de la satisfaction d’avoir pu dire ce que je pensais (ce qui est déjà beaucoup, avouez-le) et au-delà du contentement d’avoir été lu (ce qui n’est pas mal non plus puisqu’il apparente ma modeste démarche à celle d’un véritable écrivain), aucune mesure ne sera prise pour concrétiser ce que j’ai dit. Quand un président de parti, un haut magistrat, un philosophe de renom prend sa plume et écrit un article dans le Monde, cela a tout de même un impact sur le cours des événements. Certes tout n’est pas modifié tout coup de crayon, mais le fait qu’ils aient marqué leur désapprobation sur un sujet précis va tout de même freiner le parti adverse, qui réfléchira à deux fois avant de poursuivre dans la même voie. Sur mon blogue, par contre, je peux certes dire tout ce que je veux (sur ma personne et mes centres d’intérêt mais aussi sur la marche du monde) mais cela n’a aucun impact, au mieux puis-je espérer que cela aura éveillé une petite lueur dans le fort intérieur de quelques lecteurs, mais encore n’est-ce pas sûr.
D’où le découragement de beaucoup, qui se demandent s’ils doivent continuer à poursuivre cette expérience étrange, qui leur laisse un goût amer. Cela me fait penser que le mien a juste un an (le quatre avril 2007, pour être précis). Il faudrait aussi que je me mette à réfléchir sur la pertinence de poursuivre l’expérience, qui me semble cependant intéressante...
11:57 Publié dans Blogue | Lien permanent | Commentaires (13)
16/07/2007
Fermeture annuelle
FERME pour cause de vacances.
20:46 Publié dans Blogue | Lien permanent | Commentaires (0)
04/04/2007
Je blogue, tu blogues, il blogue...
Pourquoi commencer un blogue ? C’est la question que des millions et des millions d’Internautes n’ont pas manqué de se poser avant moi. Pour avoir parcouru la Toile depuis quelques années déjà, je ne suis pas sans connaître les risques qui guettent les profanes désireux de s’exprimer publiquement. Habituellement, après une période d’euphorie où le néophyte s’adonne aux joies de pouvoir partager ses idées, celui-ci doit faire face à des critiques de plus en plus acerbes de la part de personnes bien intentionnées ou non. Fatigué par cette lutte sans répit qui consiste à vouloir imposer malgré tout ses idées, ayant reçu pas mal de coups, le blogueur espace alors ses contributions, qui de journalières deviennent hebdomadaires puis finalement mensuelles. C’est à ce moment, habituellement, qu’il se rend compte que son inspiration s’est tarie et que finalement il n’a plus rien de fondamental à communiquer, si ce n’est en prenant le risque de se répéter. Que le blogue ferme ou continue à vivre d’une vie improbable, cela revient au même : son auteur, conscient de ses limites, bouleversé par l’agressivité qu’il a parfois dû essuyer, quitte la Toile et se replonge dans ses lectures. S’il est tenace ou si le désir de communiquer malgré tout est le plus fort, il ouvre un nouveau site, quelque peu différent, et recommence l’expérience.
Afin d’éviter autant que faire se peut tous ces écueils, il est clair qu’il n’entre pas dans mes intentions d’alimenter quotidiennement ce blogue. Cela se fera selon mes humeurs et selon ma disponibilité. Bien sûr un tel site n’attirera pas les foules, car le côté aléatoire des publications en découragera plus d’un. Tant pis. Si quelques visiteurs entrouvrent de temps à autre la porte, c’est déjà très bien. Le principal est qu’ils se sentent bien en ce lieu où, loin de la foule, on voudrait s’adonner aux joies de l’écriture et de la réflexion.
13:30 Publié dans Blogue | Lien permanent | Commentaires (4)