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05/09/2008

Mise au point

J’ai donc bien réfléchi et même longuement.

Ce blogue, qui m’a apporté beaucoup, ne me satisfait plus en l’état où il se trouve. Il y a à cela plusieurs raisons.

- Tout d’abord, il me semble avoir fait le tour des sujets que je voulais aborder. Bien entendu, je pourrais, pendant des années, continuer à parler de l’actualité ou du monde de l’édition, mais en fait je ne ferais plus que me répéter. Les malheurs de l’univers sont éternels et je n’en finirai plus de regretter l’absence d’un état palestinien ou de pourfendre le néolibéralisme mondial qui vise à nous asservir aux lois du marché. De toute façon cela ne servira à rien, puisque rien ne changera. Quat aux lecteurs qui viennent ici, s’ils viennent, c’est qu’ils sont plus ou moins d’accord avec mon point de vue (ou alors ils ne viennent plus) et donc je ne leur apprends rien ni ne leur apporte rien.

- A côté de cela, ce blogue est un peu victime de son succès (succès tout relatif comparé à d’autres). Récemment, le nombre de commentaires a singulièrement grimpé et de manière exponentielle. C’est très agréable de vous lire tous, mais tout cela appelle des réponses (sinon il n’y a pas de dialogue, or c’est un peu la raison même des blogues, non ?). Il se fait que je n’ai matériellement pas le temps de gérer ces commentaires, travaillant à temps plein. Tant qu’il n’y en avait que deux ou trois, cela allait, mais maintenant la longueur des commentaires et leurs réponses dépasse celle de mes notes. Or mon but était d’écrire et non de parler. Non que ces débats ne soient pas intéressants, bien au contraire, mais j’ai peur de me retrouver enfermé dans un système où, pour une note de trois lignes on va commencer à discutailler pendant trois jours. Je le répète, c’est intéressant en soi, mais personnellement je n’ai pas le temps pour gérer cela. De plus, ce qui me plaisait ici, c’était d’écrire (et écrire oblige à réfléchir et à structurer ses idées, donc cela permet de les rendre plus claires à commencer pour celui qui écrit). Etant solitaire par nature, je n’ai pas la passion des débats. Il se trouve que le temps consacré aux débats, s’il vous oblige aussi à réfléchir et à frotter votre pensée à celle des autres, est aussi du temps perdu pour votre prochaine note. Pour le dire encore autrement, je préfère méditer dans le silence et proposer de temps à autre la synthèse de mes réflexions plutôt que de me transformer en animateur sur une place publique. Tout ceci n’est évidemment pas un reproche aux différents intervenants (encore qu’il s’est trouvé ces derniers temps une certaine commentatrice particulièrement prolixe, suivez mon regard…) et ce que nous avons partagé était intéressant, mais je souhaiterais me recentrer davantage, ce qui nous amène au point suivant.
- En fait, je souhaiterais me concentrer sur les aspects strictement littéraires. En effet, je me rends compte que depuis que je tiens ce blogue je n’écris absolument plus rien pour moi. J’entends par-là des réflexions personnelles ou des textes de fiction. Mon point de vue est sans doute égoïste, mais comme disait l’autre, c’est le mien. Vous me direz que cela ne sert à rien d’écrire si on n’est pas publié et c’est vrai. Mais je répondrai d’une part que cela me fait plaisir ( ce qui est déjà un motif suffisant en soi) et d’autre part que venir m’énerver ici sur la situation internationale ou les pitreries de Sarkozy n’apporte rien à personne non plus.

-Internet est une activité essentiellement « chronophage ». Car il n’y a pas que son propre blogue à tenir, il y a aussi tous les sites amis que l’on va visiter. Certes, c’est intéressant, mais une nouvelle fois c’est au détriment d’autres activités, ne serait-ce que la lecture, car en effet là aussi on se met à écrire des commentaires puis des commentaires sur les commentaires. Bref, la journée et la soirée sont passées quand on a à peu près fini et il ne reste plus beaucoup de temps si on veut se pencher sur Sophocle ou sur Hubert Haddad. Donc, là aussi je vais essayer de réduire mes activités, non pas que je ne vous lirai plus, mais je vais essayer de limiter mes commentaires (cela va être dur tout de même).

-Ce blogue « Marche romane » ne fermera pas et restera sous sa forme actuelle (avec ses archives toujours consultables). Je continuerai à venir déposer des textes de temps à autre, mais cela sera plus rare, au gré de mon humeur et certainement pas une fois pas jour. Je m’efforcerai de ne parler que de littérature (ce qui exclut déjà tous les ressentiments à l’égard du monde de l’édition ou les réflexions sur les romans commerciaux de la rentrée). Quand je dis littérature, ce pourrait être l’approche d’un écrivain ou le commentaire d’un de ses textes, voire quelques textes de mon cru, pourquoi pas. Je voudrais trouver dans tout ceci une sorte d’apaisement. Ce site devrait être un lieu de calme où on vient se promener une fois de temps en temps, un peu comme on fait une promenade en forêt ou quand on visite une vieille église romane. Or, je pressens que cela n’aurait plus été possible à court terme si j’avais laissé les choses aller plus avant. Cela allait déraper et ce blogue n’aurait plus vraiment été le mien.

- Voilà. Forcément le nombre de lecteurs va diminuer en flèche, mais je ne suis pas un fanatique des statistiques. Vient qui veut. Tout cela n’est pas lié à vous, chers lecteurs, mais à ma nature personnelle, plutôt ombrageuse et solitaire. On ne se refait pas.



10:53 Publié dans Blogue | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : blogue

Commentaires

Partante pour "les promenades en forêt" et des commentaires... lilliputiens, cher Feuilly. Bravo pour cette analyse lucide et votre agreste solitude.

Écrit par : Christiane | 05/09/2008

Eh bien voilà qui fait rudement écho à ce que je pense depuis quelques semaines déjà, et que je pourrais signer au mot et à la virgule près...
Oui, en effet, il s'agit bien d'écrire, non de parler. Le blog, nonobstant ses charmes, ses attraits, son "interactivité", nous détourne et nous distrait. Pour un résultat sans doute agréable, voire gratifiant par moments, mais que restera-t-il de tout cela, de tous ces échanges ? Rien, ou si peu. Et pendant ce temps, le temps nous fuit.

Écrit par : MV | 05/09/2008

Exactement. Pourtant votre site est intéressant, il n'y a pas à dire et j'allais souvent m'y promener. Mais le temps passe et nous avec lui.

Écrit par : Feuilly | 05/09/2008

Votre décision m’attriste, car j’ai pris l’habitude de vous lire quotidiennement avec le grand plaisir. Votre blog m’apporte beaucoup, il m’informe de façon agréable et clairvoyante et je n’ai pas constaté de répétition dans vos analyses. J’aime votre ton et vos rêves d’homme libre. Un autre homme libre a crié, au plus fort de la guerre contre l’horreur raciale, « I have a dream », et ce cri résonne encore dans les consciences. Alors il n'y a pas de fatalité...
On ne peut que respecter votre liberté et la décision qui en découle. Je souhaite simplement que vous continuerez à nourrir régulièrement notre intelligence (au sens large du terme) et nous aider ainsi à supporter notre environnement. C’est un vœu égoïste.
Amicalement.

Écrit par : H.Khaznagi | 05/09/2008

Il n'y a pas de fatalité, heureusement.
Disons que l'époque que nous vivons ne me plait pas trop et je me sens de plus en plus "coincé" dans un environnement économique contraignant et qui ne profite guère à la population, c'est le moins que l'on puisse dire.
En parler permettait en effet de survivre, en créant des amitiés entre personnes pensant la même chose. Mais en parler, n’est-ce pas aussi se donner l’illusion de la liberté ? N’est-ce pas la soupape de sécurité que les gouvernements nous octroient, en se disant que tant que nous palabrons nous ne sommes pas bien dangereux ?

Ceci dit, merci pour votre lecture attentive.

Écrit par : Feuilly | 05/09/2008

Palabrer, certes, ne suffit pas.
Mais palabrer peut fédérer les idées et rendre l'action collective possible.
Rien n'est inutile, même si, bien souvent, nous sommes sujets au syndrôme de Don Quichotte.
Et nous sommes tous, à un moment donné, confrontés à ce questionnement que vous exposez aujourd'hui.
Pour ma part, je restreins beaucoup le temps consacré à mon blog au profit de l'action concrète.
Et j'écris toujours pour moi, de la fiction, de la SF même aussi, sur un cahier d'écolier.
Ceci dit, j'ai déjà sabordé trois blogs devenus chronophages...pour le recommencer ailleurs !
Faites comme vous le sentez, bien sûr, mais vous verrez, vous reviendrez un jour où l'autre.

Écrit par : Aédia | 05/09/2008

Mais je suis encore un peu là. Le problème, en fait c'est le temps. Et puis une certaine manière d'aborder l'écriture.

Écrit par : Feuilly | 05/09/2008

"...une certaine manière d'aborder l'écriture". Quelle clairvoyance !!! Faites-vous "rare", "creusez vos sujets" et condensez, et je sens que je viendrai plus souvent vous lire.

Bonne route è amicizia,

Angèle

Écrit par : Angèle Paoli | 06/09/2008

Pas trop rare, quand même !

Écrit par : Christiane | 06/09/2008

Mais Christiane, le rare c'est aussi l'"exceptionnel" et le "peu commun"...

Écrit par : Angèle | 06/09/2008

Oui, cela lui va bien...

Écrit par : Christiane | 06/09/2008

"Songeons, disait Rabelais, à librement vivre". Dès lors que, comme vous le suggérez, ce blog devenait une sorte de charge, vous prenez la bonne décision en souhaitant lui consacrer moins de temps. Je serai néanmoins ravi de continuer à vous lire plus rarement, certes, mais au gré de votre sentiment.
Bien à vous

Écrit par : solko | 07/09/2008

Une charge, ce serait exagéré de dire cela. Mais c'est une activité qui demande du temps, or j'en ai peu. C'était donc au détriment du reste.
De plus, je sentais que cela allait déraper. Le nombre de lecteurs augmentant sans cesse, j'allais à mon insu finir par écrire pour eux (en pensant aux sujets qui les intéresseraient) et non écrire ce qu’il me semblait important d’écrire. A partir du moment où les commentaires dépassent le texte initial en importance, ce n’est plus mon blogue, je deviens un étranger chez moi. Cela ne serait pas encore bien grave si ce n’était que ce blogue se tenait au détriment de toute autre forme d’écriture, disons, plus personnelle.

Écrit par : Feuilly | 07/09/2008

Il y a là, en effet, un équilibre à trouver pour "maîtriser" la chose, "l'écriture bloguesque". C'est aussi beaucoup une question d'instant, de saison. Mais la question qui vous préoccupe a déjà été posée par d'autres blogueurs, et je crois qu'on ne peut y apporter de réponses qu'au cas par cas, de façon individuelle. Tenez, au moment même où vous songez à réduire votre activité, Vaste Blogue, fermé depuis mars, rouvre ses sportes...

Écrit par : solko | 07/09/2008

Il y a une solution Feuilly, c'est de fermer les commentaires...

Écrit par : Aédia | 08/09/2008

Vous posez le fond du problème : être prisonnier de ses lecteurs et écrire pour eux...
Une autre solution : ouvrir un autre blogue, plus confidentiel...

Écrit par : Rosa | 08/09/2008

C'est ce que l'on m' a déjà suggéré. Mais je crois que c'est ce que celui-ci va devenir à court terme par la force des choses.

Écrit par : Feuilly | 08/09/2008

J'aime assez bien l'idée d'une redirection littéraire. C'est ce que j'ai particulièrement apprécié, dès le début. Mais je ne suis pas sûre qu'il faille abandonner la parole même si on a l'impression qu'on nous la tend. Je reviens avec le principe de la petite pierre à l'édifice.

Après tout, les "cahiers de doléance" ont précédé de peu la révolution française...

(ps. Tu as de la chance d'avoir des admiratrices qui se répandent en compliments pertinents ... J'aurais bien aimé que ça m'arrive o;;;;))))

Écrit par : Pivoine | 09/09/2008

Oui, mais je ne m'en vais pas moins.

Écrit par : Feuilly | 09/09/2008

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