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24/10/2011

Marche romane

Juste un petit mot pour signaler que Marche romane vient de franchir sa 600° note. Ce n’est pas un exploit en soi, certains atteignant un tel chiffre en quelques mois, mais bon… Ce qui est peut-être plus remarquable, par contre, c’est que ce blogue a maintenant quatre ans et demi. Cela n’a l’air de rien, mais quatre ans, cela fait déjà beaucoup de mois et encore plus de semaines. Tout ce temps à s’amuser à écrire de petits billets, sans trop savoir pourquoi, finalement… Le plaisir d’écrire, certainement ; le besoin de se plonger dans des sujets intellectuels, par réaction avec une vie professionnelle forcément répétitive, sans doute ; l’envie d’échanger des idées avec des personnes ayant quelque envergure, évidemment. C’est la magie d’Internet : les distances sont abolies et on rencontre des gens qu’on n’aurait jamais rencontrés, des gens qui, s’ils viennent vous lire, ont forcément quelque chose en commun avec vous.

C’est curieux, mais de tous les sujets qui sont abordés ici (textes poétiques ou en prose, étymologie, littérature, etc.) j’ai rarement l’occasion de m’entretenir dans ma vie quotidienne, que ce soit en famille, dans le voisinage ou avec des collègues. Peut-être que la situation ne s’y prête pas. Vous vous voyez parler de François Villon avec votre banquier ou avec votre boulanger ? Peut-être aussi que ces personnes ne s’intéressent pas à ces sujets. C’est même fort probable. Et puis le contexte ne s’y prête pas. Tandis qu’ici, les lecteurs viennent quand ils ont le temps et quand ils sont disponibles. Et s’ils reviennent, c’est que les idées émises les intéressent, comme m’intéressent les idées des sites que je vais lire.

Et puis il n’y a pas que les idées. On vient aussi pour le ton, pour la petite musique intérieure qui fait que chacun de nous est différent et jette sur le monde un éclairage particulier. C’est peut-être cela, finalement, que l’on recherche : un regard original ou du moins authentique, sincère. Cela doit changer de tous les mensonges qu’on nous sert dans la presse. Les blogueurs sont tous dans une démarche d’écriture et cette démarche doit amener à une certaine sincérité, je crois. On n’écrit pas pour se vendre mais pour dire qui on est, au plus profond, et les sujets abordés ne sont finalement que des prétextes.

Cela signifie aussi qu’un site sans lecteurs n’a aucun sens et donc que ces lecteurs font partie intégrante du phénomène « blogue ». Ils sont tout aussi importants que l’auteur. Il y a ceux que l’on voit dans les commentaires et puis ceux qu’on ne voit jamais, qui se tiennent dans l’ombre, mais dont on devine la présence en consultant de temps à autre ses statistiques. Il y a ceux qui venaient et qui ne viennent plus et puis aussi ceux qui viendront un jour. Tout cela finit quand même par faire du monde. Qui sont-ils tous ces inconnus ? On ne le saura sans doute jamais, mais si on continue d’écrire, c’est d’abord pour soi, bien entendu, mais c’est aussi pour eux, parce que quelque part des fils se tissent, invisibles mais pourtant bien réels. 

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07:00 Publié dans Blogue | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : blogue, lecteurs, internet

11/03/2011

Une affaire de plagiat ?

Mauvaise surprise l’autre jour. En ouvrant ma page d’accueil Hautetfort, je trouve le message suivant :

Votre blog a fait l'objet d'une plainte de l'AFP concernant des articles que vous avez publiés sans en avoir l'autorisation et listés ci-dessous. Ces articles ont été retirés de la publication et sont à présent en mode brouillon. Vous ne devez pas remettre en ligne ces contenus faute de quoi nous serons amenés à fermer l'accès à votre blog, conformément aux CGU. Articles retirés : http://feuilly.hautetfort.com/archive/2008/07/05/des-langues-regionales.html

Et effectivement, l’article a été retiré du site et se retrouve dans les brouillons. Fort étonné, je le relis plusieurs fois et ne trouve décidément rien qui viendrait justifier ces avertissements peu amènes (fermer l’accès au site, quand même !). En gros, j’avais parlé des langues régionales, que j’aime beaucoup par ailleurs, mais je mettais en garde contre la politique actuelle de l’Union européenne, qui, en valorisant les régions et leurs langues, risquait de contribuer un jour à l’éclatement des grands états nationaux. Ce sont là des idées strictement personnelles, qu’on peut approuver ou désapprouver, certes, mais qui en tout cas ne devaient rien à un quelconque article de l’AFP. Je m’étonne donc toujours de cette censure à retardement (un article de 2008 !).

Peut-être est-ce la carte illustrative, qui présentait les différents patois de France et dont je n’avais pas cité la source (en 2008 j’étais encore un peu novice ou un peu inconscient) qui serait la cause de toute cette affaire. Je l’ignore. Dans ce cas, ne suffisait-il pas de demander à ce que cette source soit citée ou bien, à la imite, à ce que la carte soit retirée ?

Le plus curieux c’est que d’autres sites ont connu la même mésaventure et eux aussi pour des articles publiés en 2008. Un comité de censure s’est-il donc mis en place ? Sont-ce là les premières manifestations de la loi Hadopi ? Sarkozy craint-il de perdre son pouvoir via une révolution organisée sur Internet, comme ce fut un peu le cas en Tunisie ? L’Union européenne a-t-elle des espions qui surveillent ceux qui osent la critiquer ? Ce serait me faire beaucoup d’honneur…

Si l’incident reste isolé, ce n’est pas trop grave, mais si un comité de « sages » commence à éplucher tout ce qui se dit sur Internet, cela va être dur d’émettre la moindre idée, car on retrouvera toujours bien un article de presse quelque part qui développe le même thème.

Quant à Hautetfort, je leur ai demandé de m’expliquer de quoi il s’agissait exactement, mais je n’ai pas reçu de réponse.

 

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07:00 Publié dans Blogue | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : blogues, internet, censure

21/06/2009

Le blogue : une logorrhée verbale ?

 

Pour ceux que cela intéresse, Marche romane vient de franchir le cap de son quatre centième article. Ce n’est pas rien, évidemment. Ce n’est pas rien mais cela nous amène, une fois de plus, à nous poser des questions sur la pertinence de tout cela. Qu’est-ce finalement qu’un blogue ? Que cherche-t-on en écrivant ici et que conviendrait-il d’y écrire ? Au-delà de la réflexion sur le phénomène blogue en lui-même, il importerait aussi de réfléchir sur le rapport entre l’écriture et le blogue. En d’autres termes, le fait d’avoir des lecteurs, de les sentir présents, conditionne-t-il le contenu et la manière d’écrire ?

 

Ce qui est amusant, c’est qu’alors que je me faisais ces réflexions et que j’en discutais même en privé, via la messagerie, avec une connaissance, voilà que Bertrand Redonnet, de son côté, nous propose justement sur son site un billet qui traite de ce thème. Je vous invite à le lire car il reprend exactement, en les développant subtilement, les réflexions que j’étais en train de me faire.

 

L’avantage, en tenant un blogue, c’est qu’on s’oblige à écrire car on sent inconsciemment que si on ne l’alimente pas régulièrement, il sera bientôt déserté par le public habituel, qui trouvera ailleurs une nourriture plus abondante. Et écrirais-je aussi ponctuellement si je n’avais pas l’opportunité de le faire ici ? Probablement pas, les occupations et les soucis de la vie quotidienne étant souvent un frein au travail d’écriture, lequel demande disponibilité et sérénité. Mais d’un autre côté, il ne faudrait pas que le public devienne un tyran qui conditionnerait mon acte d’écriture, soit en m’imposant indirectement un rythme à tenir, soit même en influençant la nature des billets présentés. J’ai su, il me semble, me préserver jusqu’à présent de ce travers.

 

Maintenant, le fait de pouvoir être lu est assurément un avantage dont on finirait par oublier qu’il constitue un privilège. Pour autant qu’on ne laisse pas au public le choix des thèmes traités mais qu’on continue à écouter sa petite musique intérieure, tout est parfait.

 

Le problème, c’est plutôt le temps.  Or le temps, quand on est dans la vie active, est le bien le plus rare et le plus précieux. Et il n’y a pas que les articles à rédiger et les commentaires à surveiller, il y a aussi tous les autres sites à aller lire. Ce serait un peu égoïste de se réjouir de la présence des lecteurs et de ne pas leur rendre leur politesse en allant lire leur propre site s’ils en ont un. Des liens se créent souvent ainsi, par affinité et c’est très intéressant.

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C’est intéressant sauf que quelquefois on a un peu l’impression d’être sur la place publique. On écrit à la craie sur un trottoir devant les badauds médusés, au milieu d’un brouhaha indescriptible, celui de la foule et de ses bavardages. Alors il y a inévitablement des jours où on se retrouve fatigué de tout ce vacarme, ce qui fait qu’on aspire à un peu de silence. Ces jours-là, la petite voix intérieure ne parvient plus à trouver son chemin dans la cacophonie générale. L’intelligence ne commande-t-elle pas une position de retrait qui n’est pas seulement protectrice mais aussi désir de se retrouver avec soi-même dans le silence ?

 

Quel est l’intérêt, finalement, d’écrire par exemple sur les livres qu’on a lus ? N’est-ce pas aussi participer au grand bavardage ambiant ? Certes, cela oblige à un esprit de synthèse et même, en écrivant ainsi un article, on approfondit le sujet  traité et on découvre soi-même des choses qu’on n’avait pas vues, mais bon, au-delà de cela, quel avantage y trouve-t-on vraiment ? Est-ce un vain étalage de culture, un désir de partager ses connaissances ou une tentative de communiquer avec autrui ? Un peu des trois sans doute, mais n’est-ce pas là une démarche vaine ? N’est-ce pas contribuer à son tour au grand bavardage ambiant que je dénonçais plus haut ?

 

 Ne ferait-on pas mieux, plutôt que de s’égarer dans cette voie, de se concentrer sur sa propre écriture, la vraie ? Car dans ces quatre cents articles, combien de textes littéraires, en fait ? Bien peu, vraiment bien peu. Déjà j’avais renoncé par le passé à toute une série d’articles disons d’actualité et je m’étais alors concentré sur des sujets plus littéraires. Mais parler de la littérature, ce n’est pas encore écrire (encore faudrait-il qu’on en soit capable, mais cela c’est une autre question dont nous ne débattrons pas ici).

 

Bien entendu, pour celui qui écrit et qui est publié (ce qu’on appelle donc classiquement un écrivain), le blogue devient une vitrine. Pour peu qu’il ne lui consacre pas trop de temps, c’est pour lui un moyen habile de faire connaître sa production et même, pourquoi pas, de lever pour le public un coin du voile sur l’art de la création, en proposant de temps à autre un extrait en cours de rédaction.

 

Vu l’évolution des techniques, il est clair qu’un homme de lettre se doit, de nos jours, de tenir un  site ou un blogue, simplement pour favoriser sa visibilité dans cette jungle commerciale qu’est devenu le monde de l’édition.

 

Mais nous, hommes ordinaires qui n’avons rien écrit, pourquoi perdre notre temps à nous donner l’illusion d’avoir un public avant même que d’avoir écrit quoi que ce soit ? C’est un peu mettre la charrue avant les bœufs, non ? Ecrire suppose le recueillement et la solitude. On n’écrit pas dans l’immédiateté. Je ne pense pas, en disant cela, à l’inévitable travail de correction qui chez moi est souvent fort limité (preuve qu’il y a des choses à améliorer dans mon travail d’écriture lui-même)  mais plutôt au recul nécessaire à toute activité de création. Avant de prendre la plume, il faut cerner son sujet, l’apprivoiser, ce qui peut demander quelques jours. Puis il faut laisser faire l’imagination, qui va, dans votre tête,  échafauder un semblant d’histoire. Ce n’est qu’alors qu’on prend sa plume ou qu’on s’installe devant son ordinateur. Les mots alors viennent en principe relativement aisément, mais c’est parce qu’ils sont le fruit de tout ce qui précède.

 

Or, cette démarche qui prend du temps, ne trouve pas dans le blogue le terrain qui lui convient. Ici, tout doit aller vite et on finirait par préférer de simples billets sur des sujets divers, relativement faciles à rédiger, plutôt que de se pencher sur un réel travail de création.

 

En conclusion, j’ai bien peur que je n’aie fait que contribuer à amplifier la rumeur ambiante d’Internet par mes différentes notes. J’aspire à un peu de silence, de discrétion, de recueillement. Je reviens donc à l’idée que j’ai déjà exprimée autrefois ( à savoir laisser de côté tous les thèmes d’actualité et se concentrer exclusivement sur les sujets littéraires) mais pour la radicaliser. Autrement dit, ne plus déposer ici que des textes personnels, soit de fiction, soit de poésie, soit encore des considérations personnelles ou philosophiques, voire des souvenirs ou des rêveries, un peu comme on le ferait dans un journal intime (se posera alors le problème du rapport entre la sphère privée et la sphère publique, mais s’il s’agit de textes littéraires, ce qui est trop personnel sera de toute façon transformé par le processus de création et sera donc devenu complètement  méconnaissable. En plus personne ne connaît ma vie, donc personne ne parviendra à distinguer ce qui est réel et ce qui est inventé)

 

Cela n’empêche pas de traiter de sujets existentiels ou même de réfléchir sur des phénomènes de société, mais plutôt que de le faire de manière disons intellectuelle, en développant point par point un raisonnement, on pourrait imaginer que cette réflexion s’inscrive dans un texte de fiction ou prenne la forme d’un journal personnel, ce qui, dans les deux cas, supposerait une approche plus littéraire.

 

Pour me résumer et exprimer tout cela plus simplement,  je dirai que la tenue de ce blogue m’a apporté beaucoup, mais qu’il me semble maintenant que cela constitue une entrave à la rédaction de textes plus littéraires, que je n’ai que trop négligés (essentiellement par manque de temps).

 

L’avenir nous dira si je parviens à me tenir à ces nouvelles règles.

 

23:06 Publié dans Blogue | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : blogue, internet

20/06/2007

De l'usage d'Internet.

On connaît la difficulté qu’il y a à lire des textes longs à l’écran. Pourtant, certains journaux sont parfois écrits en petits caractères et les textes qu’ils nous proposent défilent souvent en longues colonnes parallèles. On conviendra que ce n’est pas très reposant pour le regard et pourtant nous lisons tous ces articles. Le confort de l’œil ne serait donc pas seul en cause dans notre refus de rester de longues minutes devant notre écran. La souris qui est à notre disposition en permanence pourrait bien être la responsable. Elle est en effet un incitateur à aller cliquer sur tous les liens qui se trouvent généralement à gauche et à droite de toute page Internet qui se respecte. Distraits dans notre lecture (ce que nous ne sommes pas quand nous lisons un journal puisque nous le tenons en main), nous ne résisterions pas à l’envie de saisir la souris, dans une sorte de geste mécanique machinal. Ensuite, l’esprit, qui est avide de découverte, nous pousserait inconsciemment à aller cliquer sur tous les liens mis à notre disposition, abrégeant du coup la lecture commencée. Celle-ci nous apparaît subitement rébarbative et nous passons à autre chose.
Il faut d’ailleurs souligner le danger qu’il y a à « surfer » ainsi, faisant défiler les écrans les uns après les autres sans rien approfondir, dans une recherche aussi vaine que désespérée. Outre le fait que dans une telle démarche nous n’avons généralement rien retenu des articles entrevus, quand nous quittons notre ordinateur c’est souvent un sentiment d’impuissance qui s’est emparé de nous. Impuissance devant l’impossibilité qu’il y a à lire le contenu des dizaines de sites entrevus. Il est loin le temps de la Renaissance où l’homme s’imaginait encore pouvoir acquérir tous les savoirs. Relégués dans une branche, notre spécialité se réduit habituellement à presque rien. Et pourtant, ce presque rien est encore de trop pour nous puisque nous n’arrivons même pas à prendre connaissance de la millième partie.
D’un autre côté, pour nous rassurer et ne pas finir sur une note trop pessimiste, il faut se dire qu’on trouve de tout sur Internet, le meilleur et le pire. Notre incapacité physique à tout ingurgiter est sans doute un bienfait de la nature, qui nous évite ainsi de nous abrutir sur des sites remplis d’erreurs ou peu dignes d’intérêts.

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