30/01/2010
Obscurité (3)
A la fin sa propre mère se décidait à intervenir et il se retrouvait enfermé dans sa chambre sans dîner et puni jusqu'au lendemain. Ainsi il aurait le temps de réfléchir, lui lançait-on à travers la porte. Mais lui, la seule chose qui le tracassait, c’était de savoir pourquoi sa mère avait finalement demandé à son compagnon de se calmer.
La suite est à lire dans le livre paru aux éditions Chloé des Lys
11:55 Publié dans Prose | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : littérature
25/01/2010
Obscurité (suite)
Terrorisé, l’enfant ferme les yeux. En une seconde, il revoit tout ce qui s’est déjà passé autrefois, tout ce qui se passe, depuis toujours : les coups de ceinture, les coups de poings, les coups de pieds. La douleur dans le ventre, quand la bottine ferrée arrive dans le creux de l’estomac, la douleur dans le dos, quand on le frappe avec un cintre et qu’il entend celui-ci voler en éclats. mposé une attitude de mépris, une manière de dire « Cogne toujours, tu ne m’atteindras pas ».
La suite est à lire dans le livre paru aux éditions Chloé des Lys sous le titre Obscurité.
12:15 Publié dans Prose | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : littérature, enfant, écurie
19/01/2010
Obscurité
Dans l’écurie, l’enfant attend. Il attend, roulé en boule dans un coin, le regard hébété, mais l’oreille attentive cependant. C’est qu’il est important de ne pas être découvert et le moindre bruit annonçant des pas qui s’approcheraient le ferait se recroqueviller encore plus, si c’était possible. Il est assis là, dans ce coin obscur, à même le sol de terre battue. Il sent le froid le gagner petit à petit et pourtant il ne bouge pas. Au contraire, il reste là, immobile, comme prostré dans sa douleur.
Il faut attendre, attendre que cela se passe. Cela se passe toujours, il suffit d’avoir de la patience, c’est son expérience qui le lui dit. Cette fois-ci, pourtant, ce n’est pas comme d’habitude, c’est beaucoup plus grave et il le sait. C’est d’ailleurs pour cela qu’il s’est réfugié ici, dans la vielle écurie désaffectée. Comme il n’a rien à faire, il regarde autour de lui, dans la pénombre. C’est une manière comme une autre de tromper son angoisse, d’oublier. Les mangeoires taillées dans la pierre brute sont toujours là, ainsi que les râteliers. Fixés au mur par des crochets gigantesques, couverts de rouille, ils laissent pendre des chaînes qui semblent sorties d’une salle de torture du Moyen-Age. Plus loin, à même le sol, s’entassent des outils étranges. Une herse, des râteaux, un fléau, quelques faux. Il regarde toutes ces tiges métalliques qui dépassent, ces barres de fer pointues, ces lames qui furent acérées un jour mais qui doivent encore couper suffisamment si jamais on venait s’empaler dessus… Son instinct de survie lui fait tendre l’oreille… Non, personne ne vient. Ouf ! C’est qu’une fuite dans la pénombre pourrait très mal se terminer avec tous ces outils qui traînent… Heureusement qu’il a barricadé la porte comme il a pu avec de vieux cageots !
A droite de cette porte se trouve une espèce de meurtrière, bien trop petite pour qu’une personne puisse y passer. Seule une lumière tamisée s’infiltre comme elle peut par l’ouverture étroite, après avoir traversé le vieux mur de schiste d’un mètre d’épaisseur. C’est le seul éclairage de l’écurie, autant donc dire qu’on ne voit quasi-rien à l’intérieur. C’est une chance aussi : quiconque entrerait ici venant de l’extérieur ne distinguerait absolument rien dans un premier temps. L’enfant calcule le nombre de secondes dont il disposerait alors pour se terrer encore plus, disparaître dans le sol, se volatiliser, devenir poussière. Puis il se dit que ses calculs sont faux, car une fois la porte grande ouverte il est évident que la lumière entrerait à flots. Le tout est de savoir si elle arriverait jusqu’à sa cachette, dans ce coin reculé… Bien malin qui pourrait le dire. La vie est ainsi faite, remplie d’incertitudes.
Au-dessus de lui, il reste du foin qui pend entre les poutres du grenier. C’est que la maison est construite à flanc de colline, directement sur le rocher. Alors autrefois (et il s’est quand même trouvé quelqu’un pour le lui expliquer un jour), les chariots s’arrêtaient du côté de la route, à ras du toit et de plain-pied avec le grenier. C’était facile pour décharger et ensuite le foin tombait tout seul en contrebas, dans l’écurie. Il suffisait de le tirer à soi avec une fourche. L’enfant regarde cette herbe sèche qui n’en finit plus de s’échapper entre les planches disjointes depuis une bonne soixantaine d’années. Il se dit que son père, quand il avait son âge, a dû voir les mêmes choses que lui. Reste à savoir s’il venait aussi se réfugier dans la pénombre de l’écurie, ça c’est un mystère qu’il ne pourra jamais percer. Il regarde donc le foin bien sec et il se dit qu’il suffirait d’une petite allumette pour que tout soit fini : l’obscurité, la peur, les coups et même la vie. Ce serait si simple : rien qu’une petite allumette…
Mais ses poches sont vides et de toute façon ce n’est pas trop dans son tempérament de se révolter ainsi. Lui, il a plutôt appris à biaiser, à se sauver, à esquiver. Alors il est là, dans le noir, au fond de cette écurie désaffectée. Du sol humide s’échappe une odeur pénétrante qu’il identifie mal, mais qui doit provenir de toutes les bêtes qui ont vécu là, pendant un siècle ou deux. Les deux chevaux de labour à l’entrée, avec leur croupe et leurs pattes énormes, puis quelques vaches maigres, une chèvre aussi, sans doute et dans le coin là-bas, un cochon qu’on essaie d’engraisser avec le peu de nourriture qui sort de la cuisine. Car on a toujours été pauvre dans la famille, l’enfant le sait, comme il sait qu’il ne pourra jamais en être autrement. Pour passer le temps, il essaie de se mettre à la place du bétail qui a occupé ce lieu autrefois. Ca pense à quoi, une vache, quand ce n’est pas dans une prairie et que cela doit rester là, tout un hiver, attachée et immobile, à regarder un mur passé à la chaux ? C’est difficile à imaginer et d’ailleurs est-ce que cela pense, seulement, une vache ? L’enfant se dit qu’il aurait mieux valu que cela ne pensât point (enfin, il le dit dans son langage à lui, sans employer le subjonctif imparfait qu’on ne lui a pas appris à l’école), c’est toujours moins pénible quand on ne se rend compte de rien. Lui, par contre, ses méninges fonctionnent bien et cela cogite ferme dans sa petite tête. De tout ce qu’il a vu, de tout ce qu’il a entendu et surtout de tout ce qu’il a déjà enduré, il a retenu qu’il vaut mieux se terrer ici et attendre. En espérant cependant qu’on ne le découvre pas trop tôt, car alors ce serait pis encore. De la vie, il a retenu deux choses essentielles : la première, c’est qu’il vaut mieux disparaître quand les adultes sont énervés, la deuxième, c’est qu’il ne faut surtout pas se faire prendre quand on essaie de se cacher.
Il regarde autour de lui et s’aperçoit que les vieux murs sont recouverts de toiles d’araignées. Les pierres de schiste ont été assemblées avec de l’argile car on ne connaissait pas le mortier autrefois. Avec les années, les joints creux se sont vidés petit à petit et, dans toutes ces anfractuosités, des générations entières d’araignées ont tissé leur toile. Cela fait comme de grandes draperies poussiéreuses qui pendent le long des parois. L’enfant a même l’impression que tout cela ne constitue qu’une énorme toile, tissée par une araignée monstrueuse. Craintif, il regarde aussitôt dans le coin derrière lui. On ne sait jamais… Ouf, il n’y a rien. Mais il conserve tout de même l’impression d’être lui-même englué dans une toile immense, gigantesque. Pourra-t-il jamais s’en dépêtrer ?
C’est à ce moment qu’il entend un bruit de pas et que la porte s’ouvre brutalement, dans un grand fracas de cageots brisés. Ebloui par la lumière, il ne voit rien, mais il sait que c’est fini, qu’il n’y a plus rien à espérer. Sa dernière heure est venue.
00:33 Publié dans Prose | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : littérature, enfant, écurie
15/01/2010
Marcel Thiry
Suite à ma petite note intitulée « Dans les matins d’hiver », Pivoine, dans son commentaire, a fait allusion à un poème de Marcel Thiry intitulé « Les wagons de troisième classe ». Voici ce poème, qui mérite assurément le détour. C’est avec plaisir que je suis allé chercher, sur les rayons de ma bibliothèque, le volume de Thiry intitulé « Toi qui pâlis au nom de Vancouver » (publié chez Seghers en 1975) et que je n’avais plus ouvert depuis longtemps, je l’avoue.
En réalité, ce gros volume de 500 pages comprend
« Toi qui pâlis au nom de Vancouver », autrement dit les poèmes de 1924 :
Toi qui pâlis au nom de Vancouver
Tu n’as pourtant fait qu’un banal voyage,
Tu n’as pas vu la croix du Sud, le vert
Des perroquets ni le soleil sauvage
…
« Plongeantes proues », poèmes de 1925
« L’enfant prodigue », poèmes de 1927
« Statue de la fatigue », 1934
« La mer de la Tranquillité », 1938, dont est tiré notre poème et bien d’autres recueils encore dont le dernier est daté de 1974
Marcel Thiry est né à Charleroi, en Belgique, en 1897 et il est mort près de Liège en 1977. Ecrivain d’expression française donc, il fut aussi un militant wallon, ce qui signifie qu’il revendiqua à la fois la spécificité de la Wallonie (par rapport à un état belge hybride et fabriqué de toute pièce) et qu’il défendit la langue et la culture françaises dans cette Belgique qui, de plus en plus, était en train de passer sous la coupe de l’autorité flamande. Tout cela a débouché sur la régionalisation d’une série de compétences, ce qui a permis à ce pays, semble-t-il, de survivre encore un peu. On sait que depuis il est devenu quasiment ingouvernable, mais c’est un autre problème.
Outre le recueil de poésie dont nous parlons ici, Marcel Thiry a aussi écrit des nouvelles, notamment les « Nouvelles du grand Possible ». Notons encore qu'il fut membre de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique (ARLLFB) et qu'il en fut même le secrétaire perpétuel de 1960 à 1972.
x x x x x x
Les wagons de troisième étaient pleins de poètes
De tabacs matinaux, de distances défaites,
Et sinuant parmi les paliers des fumées
D’un parfum d’orange angélique et miséreux.
Il en est qui mettaient leur manteau sur leurs yeux
Pour mieux poursuivre, au lent toxique des fumées,
Leur nuit, comme un jardin perdu, dans l’encoignure.
De leurs genoux glissait le journal défloré ;
Au dehors, sur l’ennui d’un pays ignoré
De lourdeur laboureuse et d’âpre agriculture,
La vitesse roulait son long mur de fumée.
Les poètes savaient l’échelle des salaires,
La date du loyer, les tarifs, les horaires,
Ils savaient qu’au zénith calme de l’infortune
La Mer de la Tranquillité est dans la lune,
Que Tirlemont passait dans le mur de fumée,
Que nous tournons en roue avec la voie Lactée,
Que l’univers s’espace en mitraille éclatée ;
Et leur siècle, leurs dols, leurs trafics, leurs brevets,
Leur nuit lointaine au flanc des tiédeurs fabuleuses
Et Tirlemont dans la fumée, ils les savaient
S’ouvrir dans l’éventail sans fin des nébuleuses.
(…)
La Mer de la Tranquillité est dans la lune,
Très haut, sur le jardins d'Europe et le décor
De festin lent peuplant les terrasses nocturnes
Où, devant les vins d'ombre et les danseuses nues,
Nous sommes gais parmi le silence des morts.
Les jardins sont d'ifs noirs et de pelouses bleues
Où la lune allongée étend ses calmes fleuves;
On voit de la terrasse, au-delà des parterres,
Des daims légers paissant les rivages lunaires.
La dame en robe ouverte un peu bas sur les seins
Est gaie et lève le calice où nos desseins
A tous ont été déliés par sortilège;
Mais, à travers les fleurs qui s'aiment dans les urnes,
Nos yeux mal enchantés reconnaissent encore,
Debout, sa face haut levée au ciel nocturne,
Apposant sa main d'os au dossier de son siège,
Son fils mort qui la veille en casque, et qu'elle ignore.
C'est l'hôtesse d'oubli, la douceur ancienne,
La dame en fleur parmi les fleurs d'ingratitude;
On dit qu'elle s'appelle Europe ou Madeleine
Ou Marie -et son fils qui veille, quelquefois
On essaye, au tremblement des cierges, de voir
Sa face haut levée au ciel et sa blessure;
Mais les cierges tremblants sont gênés par la lune
Et les regards repris par des esclaves nues.
Et l'on entend vers le fond pensif des jardins
Des retentissements qui font bondir les daims
En arches vives sur les fleuves de la lune,
Des clameurs d'ombre, de souterraines huées
Comme si de grands pans du monde s'écroulaient,
Ou, pendant que la lune argente les nuées,
Comme si, salué de sourds canons coupables,
Un parâtre adultère et royal de Hamlet
Avait vidé son noir hanap à notre table...
La dame appuie avec tendresse entre ses seins
Le frais museau vorace et charmant de sa biche,
Le monde croule à pans de Genève et d'Autriche,
Le héros mort détourne à jamais des jardins
D'Europe son visage où vieillit la blessure,
La Mer de la Tranquillité est dans la lune.
Les phares des autos au loin sur les collines,
Les soirs d'hiver, dans l'au-delà noir des vallées,
Naissent comme des comètes, et puis déclinent
Et s'éteignent quand va virer leur destinée.
Ce sont les moments d'autres âmes inconnues,
Les passages d'existences à notre large,
Quelque signal d'humains univers qui émergent
A notre ciel, et puis qui rentrent dans l'obscur.
Ce sont des vies, qu'on ne saura jamais, d'étoiles,
Courts embrasements, suivis d'agonies, solaires.
Les phares prennent leur long-cours comme des voiles
Et se fondent en vous, grandes années-lumière.
00:33 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : littérature, marcel thiry
12/01/2010
Il pleut
Il pleut.
Pas beaucoup, mais il pleut.
Petit à petit tout s’humidifie
et une odeur de terre mouillée,
âcre et envoûtante, épicée même,
emplit l’atmosphère.
Le promeneur s’arrête,
attentif à ce presque rien qui l’enivre.
La vie est faite de bonheurs simples, parfois,
qu’il ne faut pas négliger.
Sur la feuille d’un noisetier, roule une goutte,
lentement d’abord, puis plus vite.
Quand elle parvient aux bords dentelés,
on croit qu’elle va tomber,
emportée par sa vitesse.
Mais non, elle reste là, hésitante,
suspendue au bord du gouffre,
dans un instant d’éternité.
La moindre brise la ferait choir,
mais l’air est immobile,
déjà il ne pleut plus.
Alors elle demeure là,
incertaine, accrochée aux cannelures
vert tendre de la jeune feuille.
Quand revient le soleil,
elle brille sous ses rayons,
miroir féerique qui réfléchit le monde.
Le flâneur solitaire se penche
et observe, intrigué, la goutte passagère.
Microcosme magique, perle de l’univers
elle est tout à la fois rouge, verte et jaune,
et conserve comme le souvenir d’un reflet
qui ressemble au bleu des songes.
Impudique, elle laisse voir par transparence
la pureté de son être.
Là sont rassemblés toute l’énigme du monde,
les rêves évanouis et les espoirs déçus.
Dans cette goutte qui hésite à tomber
se trouve la réponse à tout questionnement.
Ephémère et belle, elle continue à vivre,
miroir de toutes ces contrées
où défilent les nuages.
En son centre, au cœur de l’onde pure
tu découvriras le joyau de toute chose
y compris ce secret jamais dévoilé
que seul connurent les dieux.
Sphère parfaite,
elle tourne sur elle-même, une dernière fois,
avant que de chuter irrémédiablement
Et de s’écraser sur le sol boueux
où elle disparaît à jamais.
A-t-elle vraiment existé ?
On pourrait en douter.
D’ailleurs qui se souviendra d’elle
si ce n’est ce promeneur solitaire,
qui s’en va d’un pas lent
vers sa propre destinée…
09:10 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : littérature, poésie, pluie
09/01/2010
Dans les matins d'hiver...
Feuilly
Moins dix degrés quand je quitte la maison ce matin. Le sol est glissant avec cette neige des derniers jours qui s’est tassée sous les pieds des passants. J’arrive comme je peux à la gare et j’attends un train qui tarde à venir (locomotive en panne, aiguillages gelés ?). Sur le quai tout blanc le vent souffle. Il fait froid, vraiment froid. Il fait noir aussi, à cette heure. Rien de plus normal, on est en hiver, il n’y a rien à redire à cela. Je regarde les autres voyageurs. Emmitouflés dans leurs vêtements, ils se replient sur eux-mêmes sous l’effet des bourrasques et s’isolent. Personne ne parle et tout le monde attend dans l’obscurité ce train qui ne veut pas arriver.
Je me dis qu’on passe finalement sa vie à attendre quelque chose et que ce quelque chose arrive rarement. Bien sûr il faut forcer le destin, bien sûr. Il n’empêche que le train n’arrive pas. Et s’il arrivait enfin, où m’emporterait-il ? La vie en fait ressemble à ce matin d’hiver. On reste là, à côtoyer des inconnus, qui ne vous regardent pas et qu’à vrai dire on ne regarde pas non plus. Chacun attend pour lui son propre train qui le conduira à l’autre bout de la vie. Et après ? Que restera-t-il après ce beau ou ce moins beau voyage ? Il restera un quai désert, où soufflera le vent pour l’éternité et où la neige, malgré les moins dix degrés, ne crissera plus sous les pieds d’aucun passant. Il restera un quai où plus jamais ne passera le moindre train.
Ne serait-ce pas là la grande leçon de l’hiver ? Nous obliger à rentrer en nous-mêmes et nous faire réfléchir à ce que nous sommes inexorablement en train de devenir ?
01:52 Publié dans Errance | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : littérature
07/01/2010
AL –NABIGHA-AL-DHOUBYANI
De ses longs cheveux se voilant…
Le voile a glissé sans qu’elle voulût
Le voir tomber.
D’une main le saisit et de l’autre
Nous fit signe
D’avoir à craindre Dieu, en réprimant
Notre curiosité avide.
Une main aux doigts teints,
Souple, aux extrémités déliées
Comme fruits de l’anam
Qui semblent ne pouvoir
se nouer, tant est grande
leur délicatesse.
Puis, de ses longs cheveux noirs
à demi bouclés se couvrant,
elle se ploya comme la vigne s’appuie
sur l’étançon qui la soutient.
Enfin elle te regarda comme
Pour te rappeler que, malgré sa prière,
Tu aurais pu obtenir
Ce que tu n’as pas essayé de prendre…
Lourd regard d’attente qu’un malade
Adresse à ceux qui le visitent.
AL –NABIGHA-AL-DHOUBYANI (vers 604 de l'ère chrétienne)
Ce poète fréquenta tour à tour les rois arabes qui gardaient les frontières de l’Empire perse ou byzantin et fut très renommé de son vivant. Texte trouvé dans "La poésie arabe", anthologie traduite et présentée par René Khawam, Phébus, Libretto, pages 61 et 62.
Image Internet
09:00 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : littérature, al –nabigha-al-dhoubyani, poésie arabe
04/01/2010
La neige
Dans la neige infiniment blanche,
je suis des traces.
Ce sont les traces de tes pas.
Enfin c’est ce que je crois,
mais comment en être certain
dans ce paysage où il n’y a rien,
rien que la neige et le silence,
un silence si grand
qu’on a du mal à imaginer qu’il puisse exister.
Voilà longtemps que je te cherche
et maintenant il neige et il fait froid.
J’avais espéré, en voyant tes empreintes,
te retrouver enfin.
Mais voilà que les flocons, uns à uns,
sont de nouveau en train de tout recouvrir.
Le chemin lui-même a disparu
et je marche maintenant au hasard,
ne sachant pas si je te retrouverai un jour.
Je ne sais même pas où je vais
et peut-être suis-je moi-même perdu.
Il neige et dans cette grande solitude
on ne distingue plus aucune trace,
rien que tout ce blanc qui a recouvert le monde
comme un linceul d’éternité.
Feuilly
09:16 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature, la neige
01/01/2010
Nouvelle année
Pour la nouvelle année, afin de vous présenter mes bons voeux, voici quelques citations de circonstance :
"Il faut laisser le passé à l'oubli et l'avenir à la providence."
Bossuet
"Nous entrons dans l'avenir à reculons."
Paul Valéry
"L'avenir est ce qu'il y a de pire dans le présent."
Gustave Flaubert
"L'idée de l'avenir est plus féconde que l'avenir lui-même."
Bergson (Henri)
"La vraie générosité envers l'avenir consiste à tout donner au présent."
Camus (Albert)
"Tout le malheur des hommes vient de l'espérance."
Albert Camus.
"On jouit moins de ce qu'on obtient que de ce qu'on espère."
Jean-Jacques Rousseau.
Il ne faut avoir aucun regret pour le passé, aucun remords pour le présent, et une confiance inébranlable pour l'avenir."
Jean Jaurès
"Il y a en chacun de nous des calculs que nous nommons espérances."
Platon
"Il ne faut pas lier un navire à une seule ancre, ni une vie à un seul espoir."
Épicète
"L'espérance a fui comme un songe,
Et mon amour seul m'est resté!"
Gérard de Nerval
N'attends pas que les événements arrivent comme tu le souhaites. Décide de vouloir ce qui arrive... et tu seras heureux. [Epictète]
Feuilly
14:51 Publié dans Blogue | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : littérature, citations