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31/08/2011

Aphorismes (4)

Si Dieu existait, nous n’en serions pas là.

La religion dit que tout s’arrangera après la mort. Il suffit donc d’attendre. La révolution, elle, veut que tout s’arrange tout de suite, même s’il faut en mourir.

Je plains les hommes des cavernes, qui n’avaient pas de livres. Que pouvaient-ils bien faire, les soirs d’hiver, à part dessiner sur les murs ?

« L’enfant est un pervers polymorphe » disait Freud.  Il est donc supérieur à l’adulte, qui, lui, s’est généralement spécialisé dans un seul domaine.

«Je suis l’Empire à la fin de la décadence », disait Verlaine dans « Jadis et Naguère ». Quand je regarde autour de moi, j’en arrive presque à me croire son contemporain..

Nous conservons la nostalgie de l’enfance car elle contenait tous les rêves que nous n’avons jamais pu réaliser.

Je voudrais un monde à ma mesure, où je me sente bien. Malheureusement, il y a quasi sept milliards d’individus qui n’ont pas la même conception que moi.

C’est en regardant la taille d’un arbre qu’on a planté qu’on se rend compte que le temps a passé.

La vie était devant moi. Et puis un beau jour elle s’est retrouvée derrière.

29/08/2011

La Libye (encore et toujours)

Alger devra "répondre de (son) attitude vis-à-vis des révolutionnaires libyens", a ainsi affirmé le colonel Bani. Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a revendiqué dimanche une double attaque suicide ayant fait 18 morts et 26 blessés vendredi en Algérie, reprochant notamment à Alger son "soutien au régime de (Mouammar) Kadhafi". (AFP)

L’Algérie, qui a une longue frontière commune avec la Libye, se méfie à juste titre des éléments islamistes qui sont présents parmi les rebelles. Elle se montre donc très prudente et ne se presse pas pour reconnaître le mouvement des insurgés, qui par ailleurs sont soutenus depuis le début par la France de Sarkozy. Cette présence de l’armée française dans un pays voisin n’est sans doute pas sans rappeler de douloureux souvenirs au peuple algérien.

Bref, un premier attentat a déjà eu lieu sur le sol Algérien, revendiqué par les Islamistes intégristes. C’est donc toute l’Afrique du Nord qui risque maintenant d’être déstabilisée et pour longtemps. En s’appuyant sur n’importe qui pour renverser Kadhafi, on a ouvert la boîte de Pandore.

Par ailleurs, certaines sources nous disent que l’Otan aurait bombardé Syrte sans grand discernement et qu’il y aurait plus de 300 morts (invérifiable dans les médias officiels, qui parlent simplement d’une avancée des rebelles vers Syrte).

Les mêmes sources affirment que des hommes ayant appartenu aux escadrons de la mort colombiens auraient été recrutés pour « nettoyer le terrain » des Pro-Kadhafi. Ces commandos avaient été financés autrefois par les USA et le gouvernement colombien pour lutter contre les guérillas et faire fuir les habitants des régions possédant des richesses naturelles importantes. Leur tactique reposait sur les massacres, la torture et les persécutions.

 

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Il est certain qu’on les a retrouvés en Afghanistan et en Irak. On nous dit ici qu’ils auraient été recrutés par la compagnie américaine Epi Security & Investigation.  Le récent ministre de  l’information du CNT aurait admis leur présence sur le sol libyen.

Difficile de vérifier tout cela. Mais si c’était vrai ?

Si  c’était vrai, cela voudrait dire que les « rebelles » et leur alliés de l’Otan ne valent pas beaucoup mieux que monsieur Kadhafi.   

 

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Photo Reuters

28/08/2011

La Libye est aussi un pays africain

"En tant qu’Africains, nous avons besoin de faire notre introspection et de nous dire ce que nous devons faire pour défendre nos intérêts. La question que nous devons nous poser est : pourquoi sommes-nous si silencieux ? Ce qui est arrivé en Libye peut très bien être un signe précurseur de ce qui peut arriver dans un autre pays. Je pense que nous devons tous examiner ce problème, parce que c’est un grand désastre. Nous ne pouvons pas dire que nous sommes incapables d’empêcher ces pouvoirs occidentaux d’agir comme ils agissent parce qu’ils agiront de cette manière demain. Je pense que nous pouvons, pourvu que nous agissions et qu’ils voient que s’ils continuent ce type d’actions, ils rencontreront la résistance de tout le continent africain. Mais malheureusement, notre voix est trop faible et nous devons faire quelque chose pour la rendre plus forte et pour revendiquer clairement le droit des Africains de décider de leur propre avenir.»

Thabo Mbeki, ancien chef de l'Etat Sud-Africain (1999-2008) et figure emblématique de l'ANC, dans une interview au Sunday Times. 

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27/08/2011

Le Certificat

Y a eu d’abord la dictée, ensuite des problèmes. C’était pas très difficile, je me souviens, y avait qu’à copier. On faisait, nous, partie des refusés de l’automne, de la session précédente. Pour presque tous c’était tragique… Qui voulaient devenir apprentis… A l’oral je suis tombé très bien, sur un bonhomme très corpulent (…). Il m’a posé deux questions à propos des plantes… Ca, je ne savais pas du tout… Il s’est répondu à lui-même. J’étais bien confus. Alors il m’a demandé la distance entre le Soleil et la Lune et puis la terre et l’autre côté… Je n’osais pas trop m’avancer. Il a fallu qu’il me repêche. Sur la question des saisons je savais un petit peu mieux. J’ai marmonné des choses vagues… Vrai, il était pas exigeant… Il finissait tout à ma place.

Alors il m’a posé la question sur ce que j’allais faire dans l’avenir si j’avais un Certificat ? 

- Je vais entrer, que j’ai dit lâchement, dans le commerce.

- C’est dur, le commerce, mon petit ! … qu’il ma répondu… Vous pourriez peut-être encore attendre ? … Peut-être encore une autre année ?

Il devait pas me trouver costaud… Du coup j’ai cru que j’étais collé… Je pensais au retour à la maison, au drame que j’allais déclencher… Je sentais monter un vertige… Je croyais que j’allais défaillir… tellement que je me sentais battre… Je me suis raccroché… Le vieux il m’a vu pâlir…

-Mais non mon petit ! qu’il me fait, rassurez-vous donc ! Tout ça n’a pas d’importance !  Moi je vais vous recevoir ! Vous y entrerez dans la vie ! Puisque vous y tenez tant que ça !

 

Céline, Mort à crédit

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26/08/2011

Une guerre médiatique

Qui croire ?

La version officielle:

http://www.lepoint.fr/monde/libye-les-pro-kadhafi-ont-tue...

 

Ou la version moins officielle:

 

http://www.michelcollon.info/Massacre-de-Noirs-par-les-re...

 

Ou peut-être les deux. 

25/08/2011

De la Libye (suite de l'article précédent)

Qu’on me comprenne bien. Certains, en lisant le texte qui précède, vont dire que je suis partial et que je prends ouvertement parti pour le clan de Kadhafi. Il n’en est rien. On sait par ailleurs qui est Kadhafi et quand Sarkozy l’a accueilli à bras ouverts en 2007, j’ai été suffisamment clair en disant que ce n’était pas là une démarche qui honorait l’Elysée.

http://feuilly.hautetfort.com/archive/2011/04/04/petit-re...

 

Mais qu’on arrête de nous mentir et qu’on dise clairement qu’on envoie notre armée en Libye pour renverser un régime que nous n’aimons pas beaucoup. Qu’on dise aussi qu’on redoutait une vraie révolution dans ce pays, sur le modèle tunisien ou égyptien. Car alors c’est le peuple qui aurait été au pouvoir sur la quasi-totalité de la côte nord de l’Afrique. Impensable ! Déjà que les ennuis commencent entre la nouvelle Egypte et Israël ! Alors il valait mieux prendre les devants, se servir auprès de l’opinion  de cette idée de révolution populaire, renverser Kadhafi,  et mettre au pouvoir un gouvernement fantoche qui nous obéira au doigt et à l’œil et qui nous permettra de piller les richesses du pays.

Quant à ceux qui douteraient de ce que je dis sur le comportement de l’Otan, qu’ils regardent ceci. Le son est mauvais et c’est assez long, mais cela vaut la peine.

http://www.youtube.com/watch?v=GGOkf8qJuVo

http://www.youtube.com/watch?v=5JcNPIW3Fu8

 

 

 

De la Libye

Et maintenant ? Maintenant que Kadhafi est tombé (enfin presque), que fait-on de la Libye ? Ben, on instaure la démocratie, tiens, c’est bien pour cela que nous sommes allés là-bas non ? Pour libérer le peuple d’un tyran.

Pas si sûr.

Nous avons d’un côté un Nicolas Sarkozy affaibli, qui chute dans les sondages à moins d’un an des présidentielles. Un Nicolas qui a tellement été pris de court par les révoltes arabes qu’il en était encore à proposer l’aide de sa police pour aider Ben Ali en Tunisie alors que ce dernier  avait déjà quasiment quitté le pays. Rien de tel qu’une bonne guerre pour redorer son blason. Surtout s’il s’agit d’aller défendre la démocratie et les intérêts du peuple. Les Français fondent quand ils entendent cela. Voilà donc celui qui voulait nettoyer au Karcher les banlieues remplies d’immigrés louches qui prend subitement la défense des peuples arabes. Dont acte.

Ce n’est pas tout. Nous avons aussi une Amérique et une Europe qui stagnent économiquement et qui sont endettées jusqu’au cou. Cela commence à se savoir. Dans un tel contexte, il faut assurer la relance en allant de l’avant. C’est le vieux principe des guerres coloniales : aller puiser dans le portefeuille du voisin et lui voler toutes ses richesses naturelles.

Et puis, tant qu’à faire de voir tomber les vieux amis comme Ben Ali et Moubarak, autant profiter du vent de révolte qui secoue les pays arabes pour se débarrasser d’ennemis séculaires, qui vous défient depuis quarante ans. Or Kadhafi est dangereux. Que ce soit un dictateur et un mégalomane, nul le conteste. Mais ce n’est pas cela le problème. On a sympathisé avec tellement de tyrans qu’on n’y regarde plus de si près, surtout quand ils servent vos intérêts. Mais voilà. Kadhafi, ce grand égoïste, garde pour lui et pour son peuple tout l’argent provenant des richesses de son pays. Ainsi n’octroie-t-il qu’un bénéfice de dix pour cent aux compagnies pétrolières occidentales et empoche-t-il les quatre-vingt-dix autres. Quel scandale ! A-t-on jamais vu cela ? En plus il se présente comme l’unique survivant du panarabisme de Nasser, ce qui peut toujours être dangereux, surtout pour notre allié israélien. Et ce n’est pas tout. Ce tyran authentique, qui s’enrichit personnellement, a le culot et l’intelligence de redistribuer une partie de l’argent qu’il récolte. Son régime comporte un volet social. On distribue des aides, on offre des logements gratuits, bref, on fait de l’état, qui est riche, un état social, protectionniste et presque paternaliste. Voilà qui est à contre-courant des principes libéraux de l’OMC.

Et comme si cela ne suffisait pas, voilà Kadhafi qui aggrave son cas en aidant l’Afrique. L’Afrique, vous vous rendez compte ? Ce continent sous-développé qui n’est jamais arrivé à rien malgré un bon siècle de colonialisme ! Un continent qui ferait bien de souscrire un emprunt auprès du FMI s’il voulait s’en sortir (il parviendra toujours  bien à rembourser les intérêts puisque son sous-sol regorge de richesses). Mais voilà que le pays le plus riche de ce continent, la Libye, se propose de financer de nombreux projets et de relever l’Afrique (mise en orbite de satellites, etc.). Impardonnable. Bientôt on n’aura plus besoin de nous et tous les anciens peuples colonisés auront les moyens d’exploiter eux-mêmes les richesses de leur sol. Mieux vaut donc prendre les devants et se débarrasser de Kadhafi.

Comment ?

On l’a vu. En légitimant une guerre coloniale sous le couvert d’une intervention humanitaire ponctuelle et limitée, d’ailleurs avalisée par l’ONU. Une fois le mandat en main, on l’interprète comme on veut.

Bien sûr, il faut un peu endormir l’opinion, qui n’accepterait pas que l’argent de ses impôts serve à spolier un peuple de ses richesses. Alors on parle de défense de la démocratie. On prend prétexte du soulèvement de la Cyrénaïque (spontané ?) pour parler d’un soulèvement populaire alors qu’on assiste en fait à la sécession d’une province. Rien de comparable donc à la situation tunisienne ou égyptienne où 95% de la population se soulevait contre le pouvoir. Ici, c’est autre chose, mais on feint de l’ignorer et on brouille les cartes.

On défend donc la démocratie, c’est-à-dire les rebelles, un ramassis hétéroclite d’anciens royalistes pro-occidentaux et de religieux extrémistes proches d’Al-Quaïda. Ceux-là même contre lesquels on est allé faire la guerre en Afghanistan. Mais peu importe si en Asie on se bat contre eux, ici on leur offre des armes. Il n’est pas question d’engager nos soldats sur le terrain, alors ces Libyens rebelles peuvent se montrer fort utiles pour servir nos intérêts. On va donc les aider de toutes les manières (argent, armes, reconnaissance diplomatique). On va même chercher d’anciens ministres corrompus de Kadhafi, qui ont retourné leur veste à temps, pour diriger le mouvement. Après tout ils ont l’habitude de diriger.

Et la guerre commence. Elle devait durer quelques jours. Puis quelques semaines. Elle durera plusieurs mois. Plusieurs mois durant lesquels on se servira des médias pour nous désinformer au maximum. On parlera de la lente mais inexorable avancée des rebelles. Jamais des frappes de l’Otan. Forcément ! Comment expliquer qu’on tue des gens pour leur bien, pour les défendre contre un tyran et leur imposer notre conception de la liberté ? Par contre on va utiliser le vieux stratagème du mensonge, celui qui a déjà bien fonctionné avec l’Afghanistan (un repaire de terroristes) et l’Irak (la possession d’armes de destruction massive). Alors on rapporte des atrocités soi-disant commises par les troupes régulières de Kadhafi : bombardements de civils (où sont les preuves ?), viols (aucune preuve) etc. On se garde bien de dire par contre que là où les rebelles ont progressé, ils ne se sont pas privés pour se venger d’une population qui finalement restait fidèle au régime en place. Il y a eu des massacres gratuits, des viols, des familles emmurées chez elles. On n’en a pas parlé. Des journalistes indépendants ont essayé de s’exprimer pourtant. Ils n’ont trouvé aucun échos. Il a fallu attendre la prise de Tripoli pour qu’un chef rebelle écœuré parle de démissionner. Il est prudent et ne veut pas qu’on le rende un jour responsable des exactions barbares commises par ses troupes à l’encontre de civils terrorisés.

Pendant ce temps, l’Otan continue ses bombardements, détruisant des objectifs militaires, mais aussi civils. Cela permettra de reconstruire après la guerre et puis en attendant cela porte un coup au moral de la population. Sans eau, sans électricité, sans hôpitaux, elle ne souhaitera plus qu’une chose : que Kadhafi s’en aille et que tout soit enfin fini.

Mais le régime résiste. On s’enlise. On accroît l’aide aux rebelles : on parachute des milliers d’armes, on offre des véhicules, de l’argent. Nos conseillers militaires sont sur place pour former tous ces apprentis soldats et surtout pour coordonner leur action. On finit par investir Tripoli par la mer, pour frapper le régime en plein cœur. Quelques centaines de personnes bien entraînées et de fausses informations (la capture des fils de Kadhafi par exemple) suffisent pour tout faire vaciller. Les communications entre les états-majors de Kadhafi sont probablement coupées (on a suffisamment bombardé» au cours des derniers mois) et le régime s’effondre lentement. La Russie, la Chine, l’Egypte en prennent acte. Pourtant le lendemain la situation reste confuse. Le fils de Kadhafi, qu’on disait captif, se promène dans la rue, libre et le Kadhafi lui-même reste introuvable. Le régime tient donc encore ? Peu importe. La communauté internationale a reconnu sa défaite.

De quoi demain sera-t-il fait ?

Il n’y aura plus d’Etat-providence en Libye, mais plutôt des privatisations. Certes, on se sera débarrassé d’un dictateur, mais l’argent du pétrole ne sera plus  redistribué. Il ira enfin, comme c’est justice, remplir les coffres de quelques multinationales. Les ressources naturelles du pays serviront à rembourser la guerre. C’est là la moindre chose que peuvent faire les Libyens pour récompenser les troupes occidentales qui leur ont ouvert les portes du monde (capitaliste). Quant à L’Afrique, elle pourra dire adieu à son idée d’une banque centrale et d’une monnaie unique africaine. Elle ira s’endetter auprès du FMI et de son nouveau patron (ou patronne). Il y a donc fort à parier que le taux d’immigration vers l’Europe augmentera en proportion de celui de la pauvreté. Cela nous fera de la main d’œuvre pas cher et pas mal d’étrangers en plus dans nos banlieues, lesquelles s’agiteront chaque jour davantage. Pas grave. Il y aura bien un nouveau Sarkozy pour proposer de nettoyer tout cela au Karcher. Les gens voteront pour lui et une fois au pouvoir il ira faire une autre guerre ailleurs. Pourquoi pas en Syrie tiens ?

 

 

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24/08/2011

Aphorismes (3)

C’est seulement quand la rose est fanée qu’on s’aperçoit qu’elle avait des épines.

La nature est menteuse, car elle nous fait croire qu’après chaque hiver revient le printemps. Pourtant, dans la vie, il n’en va pas de même.

Il est des fleuves si larges qu’on n’oserait les traverser à la nage.

L’enfance est un pays de rêves dont on ne sort jamais tout à fait.

Internet a fait du monde un village. Je ne suis pas certain que la pensée universelle y ait beaucoup gagné.

Je ne comprends pas comment un pour cent de la population parvient à imposer sa loi aux quatre-vingt-dix-neuf autres sans que ceux-ci ne réagissent.

Lire, c’est ouvrir ses fenêtres sur le monde.

Le meilleur moyen pour un état d’éliminer ses dettes est de ne pas les rembourser.

La vue d’un arbre m’a parfois apporté plus de bonheur que toutes les peintures enfermées dans les musées. Quant au bruissement des feuilles, il vaut toute la musique du monde.

« On ne prête qu’aux riches » dit le proverbe. Il faut donc en déduire que les états européens sont fort riches.  


18/08/2011

De la route que l'on suit.

Nous nous sommes penchés, l’autre jour, sur l’étymologie des mots « chemins » et « marche ». Voyons maintenant quelle est l’origine du terme « route ».

La route (XVI° s.) ou « rote » (XII° s.) vient du latin populaire « rupta », substantif issu du participe passé de rumpere (briser, ouvrir) que l’on retrouvait dans l’expression « via rupta »  autrement dit la voie ouverte. L’idée initiale était donc d’ouvrir un passage (à travers une forêt par exemple, ou une montagne). Par la suite, le mot a désigné une voie de communication de première importance (ce qui exclut les voies urbaines ou rues, qui elles sont locales). De là dérivent des expressions comme « barrer la route », « feuille de route » ou encore « faire de la route ».

Employé par métaphore pour désigner la voie que l’on suit, le mot « route » a pris le sens de moyen utilisé pour parvenir à son but : « la route du succès », « être sur la route de quelqu’un », « être sur la bonne route », etc.  Notez que « faire fausse route » s’appliquait initialement au domaine maritime, mais dans son sens abstrait il est envisagé aujourd’hui dans un contexte purement terrestre.

Le mot route a fini par désigner les communications et les échanges entre certains points du globe : la route de la soie, la route du rhum.

Notons qu’il existait un verbe « router » (XIV° s.), qui était intransitif et qui voulait tout simplement dire « marcher ». On le retrouve toujours dans des dialectes comme le wallon. Dans l’Ouest, on retrouve aussi le dérivé « routin », pour désigner un petit chemin.

Notre mot « routine », vient bien évidemment de « route » (au sens figuré de moyen, ligne de conduite). Il a d’abord évoqué un savoir-faire acquis par une pratique prolongée mais il a fini par prendre le sens d’action accomplie par habitude. D’où le sens péjoratif contemporain : habitude d’agir, de penser toujours de la même manière.

Et les « routiers », me direz-vous ? Le terme est ancien et n’a pas toujours désigné les conducteurs de camions, ceux-là qui nous effraient sur les autoroutes avec leurs mastodontes. Non, ce mot, on le rencontre déjà au XII° s. avec le  sens de « valet d’armée ». Un peu plus tard, on le retrouve (mais au pluriel cette fois) pour désigner des soldats irréguliers organisés en bandes qui pillaient les provinces. Le sens était donc plus ou moins celui de « voleur de grand chemin ». C’est de ce sens que viendrait l’expression « un vieux routier » (homme habile, expérimenté, qui a beaucoup voyagé). 

Vous me suivez toujours ?

  

route,étymologieRome, Via Appia

 

 

13/08/2011

Aphorismes (2)

 

Liberté, égalité, fraternité…  Bon, l’égalité n’a jamais existé, on le sait bien, il suffit de regarder  deux enfants à la naissance…  Quant à la fraternité, c’est souvent un vain mot. Il restait la liberté.  Oui, c’est tout ce qu’il restait… 

Les bourses s’effondrent, le nombre des chômeurs augmente. Le principal est de trouver un équilibre, non ? 

Quand on est déçu par le monde, on se tourne vers la littérature. Grave erreur, car elle nous rend encore plus lucide ! 

Je me suis toujours demandé ce que l’Ecclésiaste  faisait au milieu de la Bible. Un texte qui dit que la mort et l’oubli sont au bout du chemin et que le mieux que nous ayons à faire est de jouir de la vie détonne au milieu des autres textes mystiques et eschatologiques. Ce doit être une erreur  de l’éditeur. 

« L’amour, c’est l’infini mis à la portée des caniches », disait Céline. Brave Céline, il ne nous laissera aucune illusion. 

Quand je suis dans un train, je lis. Parfois le livre parle d’un voyageur qui prend le train. Il me semble alors qu’un gouffre s’ouvre sous mes pieds. 

Quand j’ai levé les yeux de mon livre, j’ai vu que la voyageuse assise en face de moi m’observait. Intimidée, elle a aussitôt détourné son regard. Moi, j’ai replongé plus vite encore dans mon livre. Il serait temps que je relise Céline.  

 


09/08/2011

Sur les chemins...de la langue

« Partir sur les chemins »  disais-je l’autre jour….

Ce qui nous renvoie à la première activité de l’homme. Dès la préhistoire, l’homme se déplaçait et marchait. Nos ancêtres étaient d’ailleurs des chasseurs-cueilleurs non sédentarisés et la marche était l’essence-même de leur vie. Ils devaient se déplacer pour survivre et tenter de trouver en d’autres endroits les aliments nécessaires à leur organisme.

Le chemin est aussi vieux que la marche et donc aussi vieux que l’homme.

Ce qu’on sait moins, c’est que le mot « chemin » est lui-même très ancien. Il provient du latin populaire « camminus », lequel trouve son origine dans un mot celtique qui a laissé des traces dans les langues romanes.  (italien cammino, espagnol camino, portugais caminho).  On peut supposer que le gaulois a survécu plus longtemps dans les  campagnes, celles-ci étant habituellement moins ouvertes aux influences extérieures, par leur isolement-même. Il ne faut pas perdre de vue non plus  le bon sens des gens qui y habitent, généralement peu enclins à suivre les modes nouvelles et préférant répéter inlassablement des gestes anciens qui ont fait leurs preuves. On peut donc imaginer que les citadins parlaient déjà le latin tandis que dans les campagnes le celtique était encore bien vivace (un peu comme les patois d’oc ou d’oïl, qui survivent toujours aujourd’hui  dans les régions rurales).

Rien d’étonnant non plus à ce que ce soit le langage des paysans qui nous ait donné le mot « chemin », car si la ville est un lieu clos et exigu où on demeure immobile, en dehors des murs qui la circonscrivent, dans les terres sauvages et infinies qui la bordent, on se déplace et on marche.

On opposera donc le « chemin » (voie tracée dans la campagne) à la « rue », propre à la ville. Si cette dernière est bordée de maisons, le chemin au contraire n’est qu’un simple passage dans l’immensité de la nature. Le monde citadin est celui de la culture, tandis que le chemin appartient encore à la nature. C’est  à peine s’il renvoie discrètement à une activité humaine. En terre, bordé de végétation, parfois difficilement praticable, il suggère simplement la présence des hommes qui sont passés là avant nous. Des hommes dont nous ne savons rien, que nous n’avons jamais rencontrés et que nous ne rencontrerons peut-être jamais. En ville, dans une rue, je suis avec les hommes. Sur un chemin, je suis seul dans la nature, mettant simplement mes pieds là où un de mes semblables, un jour, a déposé les siens.

Le mot chemin a donné différentes expressions : chemin de ronde, voleur de grand chemin, se mettre en chemin, à mi-chemin, chemin faisant, le chemin de la vie, faire son chemin, le droit chemin, etc. Personnellement, celle que je préfère, c’est « chemin de traverse », car là il s’agit de sortir des sentiers battus pour suivre une voie anormale, insolite, parallèle ou non à la voie principale.

Du chemin, passons à la marche. Le terme « marche » provient du francique « markhon » (marquer, limiter, mettre une marque, une borne). La « marche », c’est donc d’abord une frontière, une limite, comme dans l’intitulé de ce site « Marche romane » (une région de frontières, quelque part aux limites de la Romania). Quant à « marcher », lui, son sens premier en ancien français est celui de « fouler aux pieds », de « mettre le pied sur » Par exemple, dans l’expression « marcher sur les pas de ». De là, on passe à l’idée de se mouvoir, de se déplacer. Ensuite, au XVII° siècle, on appliquera ce verbe au fonctionnement d’un mécanisme (cette montre marche bien) ou d’une affaire (ses affaires marchent bien).

Le déverbal « marche » (d’un escalier) renvoie au sens premier puisque c’est la partie de l’escalier sur laquelle on pose le pied (le vieux mot « degré » s’en est du coup trouvé supplanté). Le sens actif (action de se déplacer) n’est attesté qu’à partir de 1508, nous dit le Robert historique (qui vaut décidemment tous les romans). Il s’applique d’abord aux déplacements des troupes (d’où l’expression « en ordre de marche » ou encore le terme « marche militaire » qui désigne un morceau de musique qui incite à la  marche). Il faudra attendre  le XVII° siècle pour que notre mot « marche » désigne le déplacement d’un groupe de personnes.

 

 

Eté 2011, photo personnelle  

étymologie,marche,chemin

 

 

 

06/08/2011

Aphorismes ...

<!     On lit dans la presse qu’il y a de plus en plus de millionnaires. On ne comprend pas pourquoi on nous présente cela comme une bonne nouvelle.  Jusqu’au moment où on se souvient que cette presse appartient précisément à l’un ou l’autre de ces millionnaires.

<!      L’union européenne déclare  sans rire qu’elle ne peut plus aider les pauvres car cela serait contre les principes de l’OMC. Et c’est vrai que selon les règles du libre-échange, aucun état ne peut fausser les lois du marché en subsidiant des firmes en difficulté.  Voilà donc les pauvres  bien mal embarqués. Demain ils seront déclarés en faillite ! J’en viens à regretter le paternalisme des maîtres de forges du XIX° ou même la charité des sœurs de l’Enfant-Jésus. Quelle époque !

<!    Je ne comprends pas pourquoi certains qui ne travaillent pas doivent toucher des allocations de chômage en ne faisant rien alors que d’autres s’en passent très bien. Il est vrai que ces derniers sont nés millionnaires.

<!    La dictature consiste à prendre le pouvoir de force et à travailler contre nous, tandis que la démocratie consiste à mettre au pouvoir, avec notre accord, des gens qui travaillent quand même contre nous.  

<!     Le capitalisme consiste à concentrer la richesse dans les mains de quelques-uns. Sauf en période de crise, où on demande à l’ensemble des citoyens de se serrer la ceinture pour sauver le système. C’est ce qu’on appelle de la démocratie participative. De quoi se plaint-on ?

<!    Une guerre coloniale consiste à tuer des gens pour s’emparer de leurs richesses. Une guerre humanitaire aussi.