28/08/2011
La Libye est aussi un pays africain
"En tant qu’Africains, nous avons besoin de faire notre introspection et de nous dire ce que nous devons faire pour défendre nos intérêts. La question que nous devons nous poser est : pourquoi sommes-nous si silencieux ? Ce qui est arrivé en Libye peut très bien être un signe précurseur de ce qui peut arriver dans un autre pays. Je pense que nous devons tous examiner ce problème, parce que c’est un grand désastre. Nous ne pouvons pas dire que nous sommes incapables d’empêcher ces pouvoirs occidentaux d’agir comme ils agissent parce qu’ils agiront de cette manière demain. Je pense que nous pouvons, pourvu que nous agissions et qu’ils voient que s’ils continuent ce type d’actions, ils rencontreront la résistance de tout le continent africain. Mais malheureusement, notre voix est trop faible et nous devons faire quelque chose pour la rendre plus forte et pour revendiquer clairement le droit des Africains de décider de leur propre avenir.»
Thabo Mbeki, ancien chef de l'Etat Sud-Africain (1999-2008) et figure emblématique de l'ANC, dans une interview au Sunday Times.
07:02 Publié dans Actualité et société | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : libye
Commentaires
Les chefs d’Etats arabes sont machiavéliques. Ils ont tout fait pour empêcher ou saboter les programmes et les étapes qui conduisent à une transition démocratique sans drame. Le résultat de cette volonté perverse se traduit par les difficultés à instaurer la démocratie et par les troubles qui vont se prolonger pendant des années après le départ des dictateurs. Ceci est valable pour tous les dictateurs africains, asiatiques et sud-américains.
Je me pose aussi la question de savoir comment mettre fin à une dictature quand il y a face à face le dictateur armé jusqu’aux dents d’un côté et une population désarmée qui se soulève de l’autre? La Syrie est l’exemple type de cette dramatique situation. Toute intervention étrangère sera, de toute manière, entachée de doutes et de méfiance. Alors que faire?
Thabo Mbeki, fait un constat amer et élude la réponse qui consiste à exhorter les chefs d’état africains à agir en amont en mettant en route progressivement les programmes et les étapes conduisant à la démocratie. Ils ont encore le temps de le faire, il faut la volonté de le réaliser. C’est, à mon avis, la voie de la sagesse qui permet d’écarter tout danger d’intervention des pays occidentaux contre un chef d’Etat.
Écrit par : Halagu | 28/08/2011
@ Halagu :
Personnellement je n’ai jamais compris la position pro-occidentale de tous ces dictateurs arabes (Kadhafi et Assad sont des exceptions). Sans doute ont-ils compris qu’ils devaient jouer ce jeu-là s’ils voulaient qu’on les laisse en paix.
Et il est certain qu’il est toujours difficile de passer d’une dictature à un régime démocratique.
Grave question que celle de la Syrie. Mais nos dirigeants semblent plus fort préoccupés de ce qui se passe là-bas que de la situation en Arabie ou à Barhein, par exemple, où la répression fut également violente. Une nouvelle fois, les dictatures ne nous dérangent pas tant que cela quand elles servent nos intérêts. N’oublions pas que les USA ont mis Pinochet au pouvoir et que de notre côté l’Europe a fabriqué Mobutu, lequel nous a fidèlement servi pendant quarante ans et a bien exploité son peuple. Quant à Sadam ou Ben Ali, nos dirigeants les trouvaient très bien jusqu’au moment où le vent de l’histoire a tourné.
« agir en amont en mettant en route progressivement les programmes et les étapes conduisant à la démocratie » dites-vous. Si ces dirigeants étaient sages, c’est ce qu’ils feraient sans doute, mais il faut croire qu’une autre mentalité politique règne dans ces pays. Maintenant, aller imposer notre conception de la démocratie par les armes me semble tout de même contestable. Quelle démocratie, d'ailleurs? Celle du pouvoir des banques?
Et puis, vous savez bien que les raisons profondes sont toujours économiques. Si Chirac n’a pas voulu envahir l’Irak, c’est parce que la France était déjà bien présente dans ce pays, elle ne pouvait donc rien y gagner. Par contre si elle se retrouve en Libye, c’est parce qu’elle y était quasi absente. Les Russes et les Chinois, par contre, vont y perdre beaucoup. Malheureusement, derrière tout cela, il y a des hommes et des femmes qui souffrent et qui meurent (quel que soit leur camp, d’ailleurs).
Écrit par : Feuilly | 28/08/2011
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