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28/09/2012

De la récupération du "Printemps arabe" (3)

Pourquoi donc favoriser l’arrivée des intégristes religieux au pouvoir ?

Plaçons-nous tout d’abord du point de vue musulman.  Pour faire simple, nous dirons qu’il y a deux grands groupes, dans ce monde musulman, les Chiites et les Sunnites. Les Chiites sont majoritaires en Iran (90-95 %), en Azerbaïdjan (75 %) en Irak (65-70 %) et à Bahrein (65-75 %). Ils représentent aussi 45 à 55% de la population libanaise, laquelle comprend 60% de musulmans.  Dans tous les autres pays, les Chiites sont minoritaires et ils représentent environ 15% de la population (Turquie, Syrie, Arabie, etc. )

Dans le contexte actuel, l’Iran est diabolisé par Israël car ce pays serait sur le point de se doter de l’arme nucléaire. Israël redoute aussi la Syrie, qui possède une armée importante et soutient le Hezbollah libanais. Dès lors, comme d’habitude, ce qui s’est dit à Jérusalem a trouvé un écho favorable à Washington et indirectement en Europe. Voyant les puissances occidentales s’en prendre à l’Iran, pays majoritairement chiite, ou à la Syrie (certes majoritairement sunnite, mais où dominent en fait politiquement les Alaouites) les pays de religion sunnite se frottent les mains. D’autant plus que le plus puissant d’entre eux, l’Arabie saoudite, est un allié privilégie de l’Amérique. En faisant condamner la Syrie par la Ligue arabe et en soutenant massivement l’opposition syrienne (comprenez : en armant des djihadistes venant de divers pays musulmans pour abattre le régime d’Assad), l’Arabie fait donc à la fois  plaisir à son allié américain et elle  affirme encore un peu plus son rôle personnel dans la région.

Il faut savoir aussi que si l’Arabie est sunnite, elle est surtout wahhabite. Qu’est-ce donc que le wahhabisme me direz-vous ? C’est un mouvement politico-religieux propre à l’Arabie et qui voudrait ramener l’islam à sa forme originelle. On pourrait donc dire que c’est une secte à l’intérieur du monde sunnite, une secte d’un rigorisme radical, ultra-orthodoxe et extrémiste. Cette doctrine a été instaurée par Mohammed ben Abdelwahhab (1703 – 1792) Cet érudit et prédicateur avait conclu une alliance avec le prince Mohammed Ibn Saoud, alliance par laquelle ils se promettaient une aide mutuelle. En d’autres termes, le politique et le religieux se venaient en aide mutuellement pour s’implanter en Arabie. Chacun y trouvait son compte puisque l’un pouvait ainsi répandre sa doctrine tandis que l’autre étendait son territoire. C’est donc l’'idéologie de ben Abdelwahhab qui a permis la domination des Al Saoud sur les autres tribus d’Arabie car le fait de s’appuyer sur la religion donne toujours une sorte de légitimité au pouvoir politique. En d’autres termes, l’Arabie d’aujourd’hui n’existerait pas sans cette alliance étroite entre le religieux et le politique.

Les princes qui dirigent aujourd’hui l’Arabie doivent se dire que ce qui a fait ses preuves au XVIII° siècle doit toujours bien fonctionner aujourd’hui. S’ils veulent étendre leur domination politique sur tout le Moyen Orient, ils doivent s’appuyer sur le wahhabisme, comme leurs ancêtres l’avaient fait pour s’imposer en Arabie. Quant aux religieux de tendance wahhabite, étant intransigeants par nature, ils n’hésitent pas à prêcher la violence s’il s’agit d’imposer leur doctrine rigoriste aux autres musulmans.

Rien d’étonnant, donc, à ce que l’Arabie (et le petit Qatar qui a les moyens de jouer dans la cour des grands) finance et arme les « rebelles » syriens. Il s’agit de faire tomber un régime laïc dont la population majoritairement sunnite est dominée par les Alaouites. Tous les moyens sont donc bons, y compris le recours à des mercenaires étrangers (non syriens donc). Or ceux-ci ne manquent pas. Voilà des années qu’on se bat en Afghanistan ou en Irak et les combattants sont légion. Formés militairement à repousser l’envahisseur américain, ces djihadistes fous de Dieu vont se trouver sans emploi suite au départ programmé des troupes occidentales. Autant les employer pour asseoir l’autorité desAl Saoud (et accessoirement pour tenter d’imposer le wahhabisme). Tout cela avec la bénédiction de Washington, que rêver de mieux ? Ce n’est donc pas seulement comme valet de l’Occident que l’Arabie se déclare contre le régime syrien, mais aussi pour asseoir ses propres intérêts (politiques et religieux).

A côté de l’Arabie, il y a un deuxième grand pays qui veut jouer un rôle dans la région, c’est la Turquie. Etat autrefois réputé laïc, la Turquie d’Erdogan ne cache pas qu’elle est musulmane. Ayant une frontière commune avec la Syrie, elle déteste ce voisin puissant qui lui fait de l’ombre (et qui n’hésite pas à soutenir les partisans kurdes pour l’affaiblir). Il n’y a donc aucune raison pour qu’elle n’apporte pas son aide au renversement du régime d’El Assad (et elle s’y active bien). D’autant plus que ruiner la Syrie, c’est déjà affaiblir l’autre grand rival, l’Iran chiite. Quant à la Syrie, on sait qu’El Assad est issu de la communauté alaouite, sur laquelle il s’appuie, au détriment des sunnites syriens. Ces Alaouites sont plutôt des Chiites (Coran, Ramadan, Aid al-saghîr, etc.) mais ils croient à la métempsycose et n’ont pas de mosquées. Certains Imams sunnites doutent même que les Alaouites soient vraiment des musulmans, mais c’est un autre débat.

Avant d’en terminer avec le point de vue musulman sur la crise syrienne, il nous faut encore dire un mot du Salafisme. Ce mouvement rigoriste se confond souvent avec le Wahhabisme, dont il est proche.  A la différence de ce dernier, qui se limite souvent à la prédication, le Salafisme prône le djihad comme moyen légitime pour chasser les occupants occidentaux, colonisateurs et non  musulmans. Ils ont commencé à combattre les Russes lorsque ceux-ci ont envahi l’Afghanistan et n’ont pas chômé depuis. Fondamentalistes intégristes, ils se verraient bien dans la foulée renverser certains régimes des pays musulmans qu'ils trouvent trop éloignés de l’enseignement du Coran. A la place, ils veulent mettre sur pied des États  islamiques purs et durs.

Nous essaierons de comprendre la prochaine fois le point de vue occidental et ce qui amène cet Occident à mettre au pouvoir ou à laisser accéder au pouvoir des partis politiques religieux qu’ils ont toujours combattus.

Panarabisme (d'après Wikipedia)

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26/09/2012

De la récupération du "Printemps arabe" (2)

Reprenons nos réflexions sur le printemps arabe. Il ne peut s’agir que de réflexions, car en réalité nous n’avons aucune information fiable et tout ce qui est dit ici est de l’ordre de l’hypothèse. Cependant, mieux vaut essayer de réfléchir par soi-même que d’accepter tout ce qu’on nous dit dans la presse. Résumons-nous : soit le printemps arabe est un mouvement spontané, soit il ne l’est pas (quelle lapalissade !). Il pourrait en effet se ranger du côté de ces révolutions « colorées » comme la révolution orange d’Ukraine par exemple, qui avait bien pour but d’amputer l’URSS d’une de ses anciennes provinces. Ainsi, la rapidité avec laquelle les manifestants, tant à Tunis qu’à Benghazi, ont brandi des drapeaux royalistes laisse rêveur, surtout quand on sait que les anciens rois déchus avaient été les valets de l’Occident colonisateur.

 Mais spontané ou pas, ce printemps  a vite été récupéré par certains pour déstabiliser, au nom de la démocratie et des droits de l’homme, des pays qui n’avaient pour nous que bien peu de sympathie, en l’occurrence la Libye et la Syrie. Dans ces deux cas de figure, il est clair que l’ingérence étrangère est totale. Quelques opposants locaux sèment le trouble, puis sont vite rejoints par des centaines puis des milliers de combattants armés  jusqu’aux dents (voir tous ces « pick-up » armés de batteries anti-aériennes qu’on retrouve un peu partout). Dans un premier temps notre presse nous a fait croire qu’il ne s’agissait que d’opposants autochtones qui manifestaient les mains nues. Très vite, cependant, ces « opposants » ont commis des attentats ou se sont mis à tirer  à l’arme lourde (cherchant une réaction de la part des autorités). Il y a eu des victimes, qu’on a attribuées au régime qu’on voulait abattre. Quand il est devenu clair que ces opposants étaient tout sauf des anges et qu’ils commettaient pas mal d’exactions, notre bonne presse a trouvé la parade en disant que le conflit s’était militarisé suite à la répression sanglante. On admet donc que les deux camps sont armés, mais les opposants gardent le beau rôle puisqu’ils ne feraient que se défendre.

Personne par contre ne s’est demandé d’où pouvaient provenir ces armes détenues par les « insurgés ». Ce n’est pas en Syrie qu’ils ont pu se les procurer. Il faut donc bien admettre qu’elles viennent de l’étranger. Comme la France et les EU jurent qu’ils n’en fournissent pas, il faut chercher ailleurs et ce n’est pas bien difficile de trouver la vérité. Les armes viennent des pays arabes du golfe (Arabie et Qatar), transitent par la Turquie, et sont acheminées clandestinement en Syrie.

Imaginons la même situation en France. Prenez par exemple quelqu’un comme Mohammed Merah. Pour faire simple, acceptons pour une fois la version officielle (en réalité je ne suis sûr de rien en ce qui concerne ce Merah, qui avait eu des contacts avec les services secrets français et qui avait transité par Israël avant de commettre ses forfaits, pour autant que ce soit bien lui qui les ait bien commis car les témoignages divergent. Ces tueries en pleine campagne électorale devraient être examinées froidement, sans se laisser emporter par un sentiment d’horreur bien compréhensible par ailleurs).

Donc, supposons que Merah soit ce qu’on nous a dit qu’il était : un musulman fanatique prêt à tout pour faire gagner sa cause. Il y en a. Il y en a même beaucoup. Vous en prenez vingt (sur 66 millions de Français, cela ne doit pas être dur à trouver) et vous les amenez à Paris. Une puissance étrangère (l’Angleterre, par exemple) achemine discrètement des armes, via Le Havre ou Calais. Vous excitez d’abord les jeunes des banlieues, qui brûlent quelques voitures et agressent la police. La situation dégénère. Il y a un mort, sans qu’on sache bien qui a tiré. La presse internationale s’empare de l’affaire et crie au scandale : la police française a assassiné un jeune désarmé. Sur place, le ton monte. Toutes les banlieues sont en agitation. C’est le moment que choisissent nos vingt fanatiques pour faire exploser trois commissariats et le ministère des Affaires étrangères, ou celui qui s’occupe des question d’immigration. L’heure est grave. L’armée patrouille les rues. Des soldats sont abattus froidement par derrière. Le ministre de l’Intérieur sent qu’il doit rétablir l’ordre au plus vite (la population gronde contre l’insécurité grandissante) et il donne  l’ordre à l’armée de tirer en cas de nécessité. C’est bientôt fait et il y a des morts dans les deux camps. De new York à Moscou, en passant par Londres, la presse tire à boulets rouges sur le gouvernement français, qui cherche à réprimer dans le sang une opposition légitime (n’oublions pas que ces musulmans qui sont dans les rues ont vingt ans et qu’ils sont tous Français nés en France). Ensuite, des éléments étrangers, bien armés et bien entraînés, entrent clandestinement par Marseille ou Toulon. Ils viennent de Libye, du Koweït ou d’Irak, ont tous suivi une formation paramilitaire en Afghanistan ou en Somalie et sont financés par les Emirats du Golfe, qui ont de l’argent à revendre (puisque c’est le nôtre que nous leur avons cédé pour avoir du pétrole). Bref, la France entière s’embrase et on compte les morts par milliers, les djihadistes investissant des quartiers populaires que l’armée finit par bombarder.

Voilà exactement ce qui se passe en Syrie.

Ceci étant dit, nous n’avons toujours pas répondu à notre question initiale, à savoir : pourquoi l’Occident appuie-t-il ces mouvements extrémistes et pourquoi des musulmans en arrivent-ils à se massacrer entre eux (alors que de  leur point de vue ils feraient mieux de s’unir pour s’opposer à la politique colonialiste de cet Occident).

Bachar El-Assad accueille Erdogan à Damas le 17 Janvier 2011

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24/09/2012

Promenade en forêt

Je marchais.

Je marchais dans le bois et je regardais la ramure des arbres. Elle était d’un vert foncé qui annonçait la fin de l’été. Curieusement, quand le vent se levait, des dizaines de feuilles jaunes tombaient par terre, sans qu’on sût d’où elles venaient car les arbres restaient bien verts. La nature, prévenante, annonçait imperceptiblement l’arrivée de l’automne.

J’ai regardé longuement la forêt. Il n’y avait plus qu’à attendre. Attendre qu’elle devînt jaune et que toutes les feuilles se missent à tomber. Après ce serait l’hiver, avec son givre sur les branches nues, ses tempêtes de neige ou son gel permanent, qui ferait craquer le sol sous les pas. Plus tard, beaucoup plus tard, viendrait le printemps. Tout renaîtrait et tout recommencerait.

Je me suis demandé si ce printemps serait aussi notre printemps. Notre amour pourrait-il enfin s’épanouir à ce moment-là, suivant le rythme de la nature ? Suffirait-il d’attendre, de laisser les choses s’écrouler d’elles-mêmes, de traverser une longue période de latence avant de renaître comme le Phénix ? Seras-tu au rendez-vous, mon amour, quand reviendra l’équinoxe de mars ? Seras-tu là, à m’attendre sur le petit parking à l’entrée de la forêt, ou bien m’auras-tu oublié ?

Je me suis dit qu’il fallait faire confiance à la nature et qu’il fallait te faire confiance.

Alors j’ai poursuivi ma promenade. Après avoir marché longtemps dans la forêt profonde, je suis arrivé dans une ancienne sablière. De tous côtés, j’étais entouré par des falaises de vingt mètres de haut et on voyait le sable jaune qui brillait au soleil. La mer s’était avancée jusqu’ici autrefois, il y avait des millions d’années. Je marchais au fond de l’océan. Alors, je me suis souvenu que tu adorais la mer et subitement, tu t’es retrouvée à mes côtés. Sans rien dire, J’ai pris ta main et on a continué la promenade à deux. Tu ne m’as plus quitté. Je marchais et sans rien dire, je regardais ton visage à la dérobée. Il était doux comme dans mon souvenir. Parfois je disais quelques mots et tu semblais m’écouter avec attention ou bien je te souriais et tu me rendais mon sourire.

On a continué, main dans la main. Parfois, je te montrais les falaises jaunes ou bien l’empreinte de nos pas dans le sable. Même si j’étais seul, il y avait quatre empreintes, je serais prêt à le jurer. Cette promenade au fond de la mer était un peu fantastique, alors je ne savais plus très bien où j’en étais. Il me semblait même entendre le cri des mouettes et des oiseaux de mer, mais je savais bien que ce n’était que dans mon rêve, comme ta présence à toi, d’ailleurs, car c’est mon seul désir qui souvent te fait apparaître.

Soudain, le chemin s’est mis à monter et on a quitté la sablière pour se retrouver dans la grande forêt. Les arbres étaient immenses et touchaient les cieux. Ils devaient être d’un autre âge. On a continué à marcher jusqu’au sommet du bois, là où une borne en fer marque l’emplacement d’une ancienne station géodésique. Puis j’ai voulu prendre un sentier inconnu, pour rester seul avec toi et je me suis perdu. A un moment donné, je me suis arrêté et tu as posé ta tête contre mon épaule. On était bien comme cela. On était vraiment bien. Mais le soir tombait et il fallait y aller. On m’attendait ailleurs, là où tu ne serais pas.

J’ai accéléré le pas et je sentais que je devais te tirer un peu car tu commençais à te fatiguer. Ou peut-être voulais-tu prolonger ce moment merveilleux où nous étions ensemble. Mon pauvre amour… J’aurais voulu rester encore avec toi, mais déjà j’arrivais près du petit parking qui est à l’entrée du bois. Il était désert et il n’y avait plus que ma voiture garée dans un coin. Quand j’ai démarré, j’ai regardé vers la forêt, mais il n’y avait personne. Alors j’ai roulé en direction de la ville, seul, désespérément seul.


Sablière

litterature

00:12 Publié dans Prose | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : litterature

22/09/2012

De la récupération du "Printemps arabe"

Poursuivons donc nos réflexions.

On a vu comment l’Occident (comprenez l’Amérique et ses valets inféodés que sont les différents pays d’Europe) était parvenu à retourner le printemps arabe à son avantage, en exploitant les révolutions populaires qui l’avaient pourtant, dans un premier temps, privé de ses alliés Moubarak et ben Ali. Une fois le vieil ennemi Kadhafi purement et simplement éliminé, c’est le dirigeant syrien qu’on s’est mis en tête d’abattre le plus vite possible (afin d’isoler l’Iran).

Il faut avouer que sur un plan stratégique, c’est assez bien joué. Sauf que, comme on l’a dit, les révoltes libyenne et syrienne n’ont rien à voir avec un soulèvement populaire spontané puisqu’il s’agit essentiellement d’éléments étrangers bien armées qui s’infiltrent dans  ces pays pour inciter le gouvernement légal à réagir (ce qui justifie finalement une intervention occidentale au nom de la défense des droits de l’homme).

Pour que cela fonctionne, il faut évidemment que l’opinion mondiale soit persuadée qu’on assiste à une vraie révolution. La presse (même de gauche) appartenant aux puissants de ce monde, ce n’est pas difficile de donner la version que l’on veut. Tous les journaux recopient les dépêches de l’AFP et celle-ci  va prendre ses sources auprès de la soi-disant opposition syrienne basée à Londres, laquelle nous abreuve de chiffres et de faits assez invérifiables (mais dont de prime abord il faut mettre en doute l’impartialité puisque cette opposition serait la grande gagnante si le régime d’Assad venait à tomber). Les médias disant tous la même chose, le bon peuple d’Occident ne pense même pas à mettre en doute ce qu’on lui raconte.

Je disais donc que ces soi-disant révolutions syrienne et libyenne ne sont crédibles, pour l’opinion, que dans le contexte du printemps arabe. J’en viens donc à me demander si ce printemps lui-même n’a pas été orchestré de toute pièce. Je ne veux pas dire par là que les gens qui ont manifesté à Tunis ou au Caire n’étaient pas sincères (ils l’étaient assurément puisque certains sont allés jusqu’à perdre la vie pour défendre leurs idées), je dis que peut-être toute cette agitation aurait pu être commanditée de l’extérieur. Après tout, Ben Ali et Moubarak avaient fait leur temps et si ce n’étaient pas des dictateurs au sens strict (comme Pinochet par exemple), leur régime corrompu commençait à susciter une véritable opposition. Plutôt que de les maintenir de force, ce qui aurait entaché l’image de l’Amérique, défenderesse de la liberté, il valait mieux prendre les devants, pousser les gens dans la rue et leur faire croire qu’ils prenaient eux-mêmes le pouvoir.  Dans les faits on savait qu’en Tunisie les musulmans conservateurs gagneraient les élections (ce qui, pour le commerce, est toujours mieux que  la gauche radicale) et qu’en Egypte l’armée allait assurer la transition (armée dont les cadres sont pour la plupart formés aux Etats-Unis).

Il restait à savoir si on avait le droit de laisser tomber ces amis de longue date qu’étaient Ben Ali et Moubarak et qui avaient assurément rendu d’infinis services à l’Occident. En fait la question ne s’est même pas posée. Les intérêts politiques et économiques de l’Empire ne s’embarrassent pas de sentiments. Ces dirigeants fidèles avaient fait leur temps, qu’ils quittent vite la scène de l’Histoire…

Oui mais, allez-vous me dire, n’est-il pas dangereux de laisser des musulmans relativement intégristes prendre le pouvoir ? On a maintenant un parti religieux élu démocratiquement  à la tête de la Tunisie (déjà dépassé sur sa droite par les salafistes),  on a les Frères musulmans en Egypte, on a un gouvernement hétéroclite en Libye, mais qui a déjà imposé la Charia comme base du droit. On aura vraisemblablement la même chose en Syrie d’ici peu. N’aurait-il pas été moins dangereux pour l’Empire US de maintenir de force les anciens dictateurs ? Pourtant, si on peut faire semblant de croire que la révolution a été spontanée en Tunisie et en Egypte, il est clair qu’en Syrie et en Libye c’est l’Occident lui-même qui manœuvre pour mettre ces régimes religieux conservateurs au pouvoir. C’est d’autant moins logique que dans le cas de ces deux derniers pays on n’a pas hésité à se servir des milices d’Al Quaïda pour appuyer les belligérants. Etrange paradoxe puisqu’on combat Al Quaïda partout, qu’on lui impute la destruction des tours de New-York, que pas mal de soldats occidentaux se sont fait tuer dans cette lutte, et que maintenant on utilise cette même organisation criminelle pour renverser les régimes qui ne nous plaisent pas.

La situation en est presque comique. Ainsi l’actuel gouverneur militaire de Tripoli est un ancien combattant d’Afghanistan, qui a été torturé en Libye par les services secrets anglais (avec l’accord de Kadhafi, soucieux de sortir de son isolement diplomatique et désireux de se rapprocher de l’Occident, en quoi il a eu tort, comme la suite des événements l’a montré), qui s’est retrouvé mêlé à la révolution libyenne (à Benghazi, il en a profité pour éliminer un ancien général de Kadhafi qui avait été retourné et qui était sûrement celui qui l’avait livré aux Anglais), qui occupe aujourd’hui un poste important dans le nouveau régime, mais qui travaille surtout en Syrie pour y préparer l’avènement d’un pouvoir islamique pur et dur.

Bref, qu’est-ce que l’Occident peut raisonnablement attendre d’hommes de cet acabit une fois qu’ils auront en main les rênes d’un pays ? Pourquoi préférer aux régimes laïcs (Syrie et Libye) des régimes religieux qui, dans leur logique, ont mille raisons de nous détester, comme colonisateurs et exploiteurs d’abord et comme infidèles ensuite. 

Les récents événements contre les ambassades américaines prouvent d’ailleurs que ces gens ne nous portent pas dans leur cœur. C’est donc sans doute une erreur de les aider à prendre le pouvoir.

Ceci dit, il faut être plus nuancé car ce ne sont pas les djihadistes que l’on  a mis au pouvoir, mais des partis religieux (Frères musulmans en Egypte,Ennahda en Tunisie, etc.). Là où les révolutions furent spontanées, le peuple qui s’était soulevé contre ses anciens maîtres a voté pour des partis religieux (ce qui était prévisible et sans doute attendu, car les mouvements de gauche n’avaient pas le même rapport de proximité avec la population). Là où l’Occident a aidé ou aide encore à renverser les régimes, on a plutôt l’impression qu’on se sert de ces djihadistes comme de combattants utiles, étant entendu qu’une fois la situation redevenue calme, ce sont les Frères musulmans qui occuperont la scène politique.

D’un autre côté, on voit en Tunisie que le parti religieux au pouvoir est confronté aux salafistes, beaucoup plus radicaux que lui et revendiquant un islam plus dur et plus intransigeant.  Ces derniers veulent donc  montrer qu’ils existent et tentent d’imposer leur interprétation du Coran. On aurait donc une lutte pour le pouvoir entre des partis religieux déjà assez conservateurs et des extrémistes djihadistes intransigeants.

Tout cela est décidément bien complexe. Pour essayer d’y voir clair, il faut comprendre qui a intérêt à voir des partis religieux au pouvoir. Il nous faudra donc envisager le point de vue arabe et le point de vue occidental.

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15/09/2012

Du colonialisme moderne.

Je ne parlerai pas ici de la Syrie. Je ne ferais que répéter ce que j’ai dit autrefois  de la  Libye.  Il s’agit d’une agression occidentale contre des pays souverains qui ont la mauvaise idée de ne pas partager nos valeurs démocratiques (comprenez : qui refusent la libéralisation de l’économie et les lois du marché mondial). Il faut donc les abattre, en se servant des émeutes provoquées par ce soi-disant printemps arabe, dont il n’est pas impossible que les instigateurs se trouvent aux USA. Mais qu’elle soit spontanée ou dirigée dès le départ de l’extérieur, il est certain que la vague de contestation a rapidement été récupérée par l’Occident.

Soit le mouvement de colère populaire est spontané en Tunisie et en Egypte et a abouti rapidement à la chute de nos alliés Ben Ali et Moubarak (ils étaient si bien nos alliés que Sarkozy avait même voulu envoyer les policiers français rétablir l’ordre pour aider Ben Alli à se maintenir), surprenant le monde entier.

Soit ce mouvement est préparé de toute pièce aux Etats-Unis, qui sentaient que l’ère des vieux dictateurs était finie.

Peu importe où est la vérité, ce qui est sûr c’est que ces mêmes Etats-Unis se sont vite emparés de ce mouvement pour déstabiliser leurs vieux ennemis, la Libye et la Syrie. Car là, on ne peut pas dire que les soulèvements aient été populaires comme en Egypte ou en Tunisie. Non, en Libye on a juste eu une province qui a fait sécession, ce qui a amené le pouvoir à réagir. On a exagéré dans la presse l’ampleur de la répression, on a armé les rebelles, on a fait appel à Al Quaïda pour les aider, on leur a donné toutes les informations stratégiques dont nous disposions grâce à nos satellites et on a envoyé sur place des formateurs militaires pour coordonner leur action. Puis on a manipulé l’ONU (il n’y a que les opposants, aujourd’hui au pouvoir, qui ont parlé des 6.000 victimes civiles de Kadhafi) pour avoir un mandat. Ensuite, on a été bien au-delà de ce mandat (qui consistait à assurer des zones d’exclusion aérienne) pour renverser le régime et tuer Kadhafi. Je n’appelle pas cela une révolution populaire mais une invasion de type colonialiste.

 

En Syrie, c’est exactement la même chose qui se passe. Des groupes armés étrangers (musulmans intégristes, combattants d’Al Quaïda, etc.) s’infiltrent dans le pays et commettent des exactions. Le régime est d’abord prudent et ne riposte pas trop (le sang de Kadhafi n’a pas encore séché). Alors les opposants vont plus loin et s’emparent de quartiers entiers.  Ils terrorisent la population qui fuit comme elle peut  (on dira dans la presse occidentale qu’elle fuit le régime) et finissent par tuer parfois à l’arme blanche les familles de militaires. On filme les victimes et on dit qu’elles ont été tuées par des tirs à l’arme lourde de l’armée. Celle-ci ne sait comment réagir. C’est alors que la Russie intervient. Comprenant que la boulimie de conquête occidentale ne s’arrêtera pas et comprenant qu’elle a elle-même été bernée lors de l’épisode libyen, la Russie montre les dents, d’autant plus qu’elle voudrait retrouver le rôle de grande puissance qu’elle a un peu perdu. Alors elle dit « niet » devant l’assemblée de l’ONU, elle envoie un missile intercontinental non armé qui explose près des frontières d’Israël  et elle aide massivement le régime d’Assad.  Se sentant soutenue, l’armée syrienne passe alors à l’offensive et écrase les rebelles dans un des quartiers qu’ils occupaient (à Homs). Il y a beaucoup de victimes et la presse occidentale parle évidement d’innocents tués alors qu’il s’agit essentiellement, à ce stade, de combattants intégristes. C’est lors de cette opération que l’armée arrête des officiers français et anglais dont la présence en ce lieu peut difficilement s’expliquer par une simple curiosité touristique.

La situation semble s’enliser pour l’Occident. Alors on envoie un avion turc tester les capacités de défense syriennes. On les voit aussitôt : l’avion est immédiatement abattu (preuve que les radars fournis par les Russes sont drôlement efficaces). Evidemment, dans la presse, on parlera de scandale, d’appareil abattu dans les eaux internationales, etc. Mais les spécialistes savent que ce n’est pas un missile qui a été tiré de loin et que l’avion a été touché par des tirs de défense anti-aérienne. Il était donc bien en territoire syrien.

Alors, comme il n’y a vraiment pas moyen de renverser Assad, on passe à la vitesse supérieure. Les rebelles sont maintenant équipés d’armes lourdes et ils tirent au mortier  n’importe où. Cela fait beaucoup de dégâts qu’on peut filmer et attribuer à l’armée (de toute façon le centre névralgique de l’opposition est à Londres et il ne fait que répercuter ce qu’on lui a soi-disant raconté. Il peut aussi tout inventer, y compris le nombre de victimes ;  personne ne va vérifier, l’ONU elle-même y ayant renoncé). Alors les forces armées passent à leur tour à la vitesse supérieure et elles bombardent  aveuglément les quartiers investis, faisant forcément pas mal de victimes innocentes. Les survivants supplient les rebelles de se replier, car ils n’ont pas envie de périr sous les bombes de  leur propre armée (ni d’ailleurs sous celles des opposants). La presse occidentale n’en fait aucun écho, de même qu’elle ne parle pas de victimes collatérales au conflit (selon l’expression dont raffolait l’Otan lors de la guerre d’Irak) et préfère employer le mot de massacre. Mais pourquoi alors ne pas parler des dégâts causés par les tirs des opposants ?

La situation est devenue chaotique, ce qui permet de dire que le pouvoir n’a plus le contrôle de la situation ( ce qui est en partie vrai), qu’on est en pleine guerre civile (ce qui est faux) et que si Assad aime son peuple, le meilleur service qu’il puisse lui rendre est de démissionner. Pour cela, on continue d’armer les « opposants » (qu’on ferait mieux d’appeler « envahisseurs ») afin de provoquer  sciemment des milliers de morts car plus il y aura de victimes et plus le régime d’Assad paraîtra criminel.      

La nouvelle et dernière  idée est de créer des zones neutres, des zones d’exclusion où l’armée syrienne n’aurait pas accès et où les réfugiés pourraient enfin souffler et se faire soigner. L’idée est généreuse (les notions humanitaires emportent souvent l’adhésion de tous) mais cela revient dans les faits à grignoter de petits morceaux du territoire syrien avant de s’imposer partout.

On en est là. On en est là et moi j’avais dit que je ne parlerais pas de la Syrie et donc je n’en parlerai pas (sourire). Ce que je voulais dire en fait, c’est ceci : pourquoi parle-t-on de massacre quand l’armée syrienne tente de déloger de son territoire des gens étrangers et armés qui commettent des attentats et pourquoi ferme-t-on les yeux sur le comportement de l’armée turque qui elle tire ouvertement sur les opposants kurdes ? Pourtant, les Kurdes sont des Turcs. On a donc une armée qui massacre une partie de sa propre population, laquelle demande légitimement une certaine autonomie et s’oppose en effet au régime (comme les habitants de Benghazi, en Libye, qui rejetaient l’autorité de Tripoli, finalement). Sur le plan du droit, la situation semble donc plus grave qu’en Syrie car ici on a une vraie opposition interne qu’on fait taire par les armes. Pourquoi appeler « terroristes » les gens du PKK (alors que les Kurdes ont une langue et une culture propres et qu’à ce titre ils pourraient revendiquer de former un état à part entière. D’ailleurs les Américains avaient bien soutenu ces désirs d’autonomie chez les Kurdes d’Irak quand il s’agissait de diviser ce pays après la chute de Saddam Hussein), pourquoi donc, disais-je, appeler « terroristes » les Kurdes du PKK tandis qu’on désigne par le nom « d’opposants » les éléments étrangers  qui envahissent la Syrie ?

http://www.20minutes.fr/ledirect/1003802/armee-turque-tue...

Pourquoi la situation des droits de l’homme n’est-elle jamais soulevée quand on parle de l’Arabie, du Maroc ou du Qatar ? Ces pays seraient-ils donc des exemples de démocratie ? Pourquoi est-ce toujours chez nos ennemis qu’on voit des défauts et jamais chez nos amis ? Pourquoi Sarkozy avait-il dit au Patriarche maronite de Syrie que les Chrétiens n’avaient plus leur place au Moyen-Orient, lui qui au début de son septennat mettait devant le pape le rôle éducatif du prêtre avant celui de l’instituteur ?

 http://www.silviacattori.net/article2394.html

http://www.laicite-republique.org/sarkozy-au-latran-20-de...

Et pourquoi est-ce que je me pose toujours trop de questions ?

La prochaine fois, nous essaierons de comprendre pourquoi l’Occident se bat pour mettre au pouvoir des musulmans fanatiques (lesquels, assurément, ne représentent  pas la majorité des musulmans et dont la doctrine stricte et rigide s’éloigne finalement beaucoup des véritables préceptes du Coran). 


Char syrien détruit par des "opposants" (d'après "Le Point")

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12/09/2012

Ironie de l'histoire

11 septembre 2012 à Washington.

Le président Obama a déclaré que les Etats-Unis étaient "plus forts" et "plus en sécurité". Il a ajouté que son pays avait "infligé un coup dévastateur" à Al-Qaïda et que « Oussama ben Laden ne nous menacera plus jamais. Notre pays est plus en sécurité, et nos concitoyens reprennent le dessus (…)  Aucun acte de terrorisme ne peut changer ce en quoi nous croyons (...) Quand les livres d'histoire seront écrits, ce qui restera du 11-Septembre ne sera ni la haine ni les divisions, mais un monde plus sûr, un pays plus fort, et des gens plus unis qu'auparavant".

 11 septembre 2012 à Benghazi.

http://www.lemonde.fr/libye/article/2012/09/12/un-americain-tue-dans-l-attaque-du-consulat-de-benghazi_1758819_1496980.html

Benghazi, là où les USA ont demandé à Al Quaïda d’aider les opposants à renverser Kadhafi. Ils leur ont fourni des armes et ont manipulé l’ONU (il n’existait et n’existe toujours aucune preuve sur les 6.000 civils tués par l’aviation du Colonel) pour permettre à l’Otan d’intervenir. Ensuite ils ont outrepassé ce mandat de l’ONU (au départ une simple protection aérienne) pour renverser un régime qui vivait en autarcie et refusait les lois du marché mondial. Après s’être emparés (avec leur allié Sarkozy) des puits de pétrole, Ils ont placé à la tête du pays des musulmans intégristes qui se sont empressés de rétablir la charia (tant pis pour les femmes, qui en seront les premières victimes).

Souvenons-nous qu’ils ont envahi l’Afghanistan soi-disant pour lutter contre le terrorisme, puis qu’ils ont fait de même avec l’Irak (les fameuses armes de destruction massives jamais trouvées, sauf les armes chimiques qu’ils avaient eux-mêmes fournies quand leur allié Saddam Hussein faisait la guerre contre leurs ennemis jurés, les Ayatollahs iraniens). Aujourd’hui, alors que de nombreux soldats de l’Otan sont morts dans ces pays (y compris pas mal de Français) ils soutiennent ces mêmes troupes d’Al Quaïda. Il faut dire qu’elles sont devenues fort utiles pour renverser certains régimes  comme ce fut le cas hier en Libye et comme c’est le cas aujourd’hui en Syrie.

Mais jouer un double jeu finit toujours par se retourner contre vous.

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Guerre de l'Otan en Libye

 

09/09/2012

Galop fantastique

Quel était ce galop entendu dans la nuit ?

Quelles bêtes étranges, quelles créatures bizarres

sont passées près de nous, au milieu de nos songes ?

Le sol en tremblait, martelé par des millions de sabots,

Et la vieille maison en fut tout ébranlée.

 

Quel était ce galop, entendu dans la nuit ?

Quels êtres sauvages, farouches et indomptés

passèrent sur le chemin, près de la vieille demeure ?

Ils étaient des millions à marteler le sol,

Beuglant à l’unisson, comme les bêtes de nos songes.

 

Quel était ce galop entendu dans la nuit ?

Quelles créatures fantastiques, quels  troupeaux diaboliques

martelèrent le chemin, près de notre vieille maison ?

 Des heures durant, nous en tremblâmes dans nos rêves,

et en fûmes ébranlés au plus profond de notre être.

 

Quel était donc ce galop, entendu dans la nuit ?  

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22:47 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

07/09/2012

Pensée

« Celui qui ne se sent pas offensé par l'offense faite à d'autres hommes, celui qui ne ressent pas sur sa joue la brûlure du soufflet appliqué sur une autre joue, quelle qu'en soit la couleur, n'est pas digne du nom d'homme. »

Jose Marti, poète et révolutionnaire cubain, mort à 42 ans lors de la guerre d’indépendance contre les Espagnols.


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23:21 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (2)

05/09/2012

Bleu marine

Toi qui dors nue au milieu de tes rêves,

Toi qui lis toute la nuit sous la lune bleue

Et qui entends la mer battre les falaises du monde,

A quoi songes-tu quand la marée monte

Et que le désir te submerge dans l’ombre,

Tandis que les vagues, dans les lointains,

Se retournent avec fracas sur les rochers noirs ?

 

Toi qui dors nue au milieu de nulle part,

Toi qui rêves de la lune et de tous les départs,

Et qui entends battre ton cœur chaque fois que la marée monte

A qui songes-tu dans ton grand lit sombre,

A quel marin parti vers de vagues lointains,

Tandis que la lumière d’un grand phare

Eclaire subitement tes beaux cheveux noirs ?

 

Toi qui rêves nue au milieu de la nuit,

Toi qui écoutes la mer au pied des falaises bleues

Et qui dors dans un lit balloté par les vagues,

Pourquoi songes-tu à tous ces marins, à tous ces départs,

A tous ces navires perdus et sans phare,

Tandis que la marée monte le long des rochers noirs ?

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00:55 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature