Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

28/10/2012

Cimetière

Je suis revenu.

Je suis revenu au village après toutes ces années d’absence. Vingt ans au moins,  si pas plus.

J’ai ouvert la petite grille du cimetière, qui a grincé comme autrefois. Rien ne semblait avoir changé.

Les tombes, avec leurs croix de pierre, étaient blotties contre le mur de la vieille église et les arbres  penchaient toujours vers elles leur feuillage abondant.

Je me suis avancé dans l’allée de gravier, le cœur battant. Le silence était impressionnant. Les oiseaux, en ce début d’automne, étaient partis et j’étais vraiment seul.  

 Alors, tout en marchant, j’ai regardé autour de moi.

 Ils étaient tous là. Tous ceux que j’avais connus et tous ceux dont le nom m’était familier. Il n’en manquait pas un. Ils avaient été les compagnons d’école de mes parents.  Parfois, je les avais rencontrés, revenant des  champs, et tenant par la bride leurs chevaux de labour.  Ils s’arrêtaient un instant et roulaient une cigarette en évoquant le bon vieux temps.

Et aujourd’hui ils étaient là. Leurs noms s’alignaient les uns après les autres sur les pierres des tombes. Ils étaient de nouveau réunis, comme autrefois autour du « Maître d’école», quand ils étaient enfants. Mais ils étaient sages comme ils ne l’avaient jamais été, et immobiles à jamais.

Il n’en manquait pas un. Ils étaient tous là.

J’ai refermé la petite grille derrière moi et je suis parti, méditant sur les années qui avaient passé. Un coup de vent fit voler quelques feuilles jaunes. L’automne, déjà, était là, annonçant un hiver qui approchait à grands pas. 

Photo personnelle octobre 2012

littérature

00:14 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : littérature

19/10/2012

Sur la route...

Sur la route, il n’y avait rien.

Rien que l’asphalte mouillé où mes pas résonnaient.

Dans les fossés, la pluie récente avait laissé d’étranges flaques.

Des flaques où se réfléchissaient tous les nuages du ciel.

De chaque côté du chemin, les grands arbres ployaient sous le vent.

Un fort vent d’automne, qui soufflait en rafale.

Des gouttes, parfois, tombaient des branches aux feuilles jaunissantes.

Elles tombaient dans les fossés, au milieu des nuages.

Point d’animaux, dans la grande forêt.

Nulle course effrénée, nul chant nostalgique.

Rien que le silence.

Les oiseaux s’étaient enfuis vers un Sud improbable et le grand cerf était mort.

Mort d’une balle assassine, dans la saison des amours.

Moi, je marchais au hasard, sans but, ne sachant où aller.

Je tentais d’oublier un chagrin, que je cachais avec peine.

Je marchais, et mes pas résonnaient sur l’asphalte mouillé.

Sur la route, il n’y avait rien.

 Littérature

 

00:05 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature

15/10/2012

Le banc

Ce soir-là, il avait franchi les grilles du petit parc pour la première fois. Il n’y était jamais entré auparavant, sans qu’il sût trop pourquoi, d’ailleurs ; pourtant, cela faisait bien un an qu’il habitait dans le quartier.  Il faut dire que ce lundi-là, il faisait si bon quand il a quitté le bureau, qu’il n’avait pas pu résister à l’envie d’aller flâner sous les grands arbres. Depuis une semaine il apercevait les branches déjà jaunes qui se balançaient au-dessus du trottoir. L’automne était au rendez-vous, il fallait en profiter.

Dès qu’il eut franchi la grille, il avait tout de suite été frappé par l’alignement rectiligne des plantations. C’était un jardin à la française, digne imitation de celui de Versailles, mais en plus petit évidemment. Les arbres occupaient toute la périphérie, tandis que le centre était composé de pelouses et de massifs de fleurs, lesquels formaient  un motif géométrique au départ d’un petit étang.

Sans savoir pourquoi, alors qu’il venait pour admirer les arbres et leur feuillage aux couleurs chatoyantes, il se dirigea vers cet étang, sans doute à cause du grand jet d’eau dont le murmure lui parvenait malgré la distance. Il faut dire que tous les sentiers menaient à ce jet d’eau et qu’on le voulût ou non, on était obligé de se retrouver devant lui à un moment ou à un autre.

Il resta là longtemps, à admirer les grosses carpes qui nageaient près du bord, happant au passage l’un ou l’autre morceau de pain détrempé. La hauteur du jet d’eau l’impressionna vraiment car elle devait bien atteindre dix mètres, peut-être même quinze. Du côté opposé au vent, un fin brouillard venait vous surprendre et le gravier, à cet endroit-là, était tout humide. Il fit trois fois le tour du bassin, et trois fois il reçut ces espèces d’embruns sur le visage. Cela l’amusait, le détendait, lui faisait oublier tous les soucis de la journée, les collègues bruyants, le chef hystérique, le retard dans les dossiers, etc. S’il avait encore été enfant, il serait resté là, pour recevoir sur lui ce brouillard bienfaisant, mais bon, il n’était plus un enfant… Qu’est-ce que les autres promeneurs auraient pensé de lui, en le voyant dans cette position ?

Il en était là de ses réflexions quand il aperçut à l’autre extrémité de la pelouse, sur une  hauteur, un petit banc qui se trouvait à la limite des arbres. Dès qu’il le vit, il fut pris du besoin irrépressible d’aller s’asseoir là-bas, dans la partie la plus élevée du parc, afin de dominer l’ensemble du paysage. Et puis ce banc avait il ne savait quoi de touchant qui l’attirait et il se mit donc en route. Malheureusement, cela lui prit un certain temps car les sentiers s’alignaient selon un motif géométrique et ils n’avaient pas été tracés dans un but fonctionnel. Il se retrouva donc plusieurs fois sur des chemins circulaires, qui le ramenaient à son point de départ ou bien dans des culs de sac qui l’obligeaient à revenir sur ses pas.

Bref, quand enfin il arriva près du petit banc, il s’aperçut que celui-ci était maintenant occupé par une jeune femme. Cela le contraria car il avait envie de solitude. Il n’osa pas, pourtant, retourner d’où il venait, ce qui aurait pu être interprété comme un signe de timidité de sa part. Il continua donc d’avancer et une fois qu’il fut à la hauteur de la jeune personne, il la salua et lui demanda s’il pouvait s’asseoir un instant pour avoir une vue d’ensemble du parc. Elle lui sourit, déposa le livre qu’elle était en train de lire, et l’invita à prendre place.

D’abord il ne dit rien et regarda le paysage. D’ici, l’agencement des pelouses et des plantations était tout simplement magnifique. Quant à la ligne d’arbres qui entourait le parc, l’isolant complètement du monde, elle accentuait encore la beauté de l’ensemble. En effet, les feuilles, qui commençaient à jaunir, offraient un contraste étonnant avec le vert des pelouses, et la verticalité des arbres ainsi que leur ampleur impressionnante rompaient la monotonie. Après une bonne minute, il se dit qu’il devrait quand même bien échanger quelques mots avec sa voisine, sinon la situation allait devenir gênante. Elle n’avait pas repris son livre et regardait, elle aussi, le même paysage que lui. Peut-être attendait-elle qu’il engageât la conversation ? Ou bien tout simplement avait-elle peur que le fait de recommencer à lire fût interprété comme un manque de politesse ? Allez savoir.

C‘est très beau ce parc, je n’y étais jamais venu.

Ah non ? Moi j’y viens souvent, surtout pour lire. C’est très calme, on ne voit jamais personne.

Ah bon, il n’y a jamais personne qui vient ?

Non, ou alors c’est très rare. On aperçoit parfois un vieux jardinier qui ratisse les allées ou qui taille les rosiers, mais c’est tout.

C’est curieux quand même, un  parc comme celui-ci, en pleine ville, cela devrait attirer du monde…

C’est le parc d’un ancien château. C’est pour cela qu’il y a des grilles tout autour. C’était privé depuis plus de cent ans et l’entrée était donc interdite. Quand on a ouvert au public, il y a une dizaine d’années, personne n’est venu. Les gens n’avaient pas l’habitude sans doute.

Et pourquoi est-ce devenu public, si c’était privé ?

Ça, c’est une longue histoire.

La jeune femme se tut et regarda longuement devant elle.

Le dernier propriétaire était un vieux monsieur qui vivait là avec sa fille. Il avait plus de soixante-quinze ans et sa fille peut-être vingt-cinq. Il s’était marié assez tard et avait eu cet enfant avec une femme beaucoup plus jeune que lui, une Italienne. Quelques années après l’accouchement, elle est partie comme cela, sans rien dire. On ne l’a jamais revue. Il faut croire qu’elle s’ennuyait et que la vie de château n’était pas pour elle. Son mari en fut inconsolable et il reporta toute son affection sur sa fille. Quand celle-ci fut grande, elle tomba amoureuse, ce sont des choses qui arrivent.

En disant cela, elle regarda son interlocuteur en coin avec un petit sourire qui le troubla.

Et que se passa-t-il ensuite ?

Il se passa que le jeune homme dont elle s’était éprise n’était pas aussi libre que ce qu’il lui   avait dit. En réalité il était déjà marié et possédait un château je ne sais plus où.

Et alors ?

Alors une tristesse immense s’empara d’elle. Pendant des mois elle dépérit, plongeant chaque jour davantage dans une espèce de dépression. Son vieux père se faisait bien du souci, mais il avait beau faire venir tous les médecins de la région et même de grands spécialistes, cela ne changeait rien.

Oui, les peines d’amour, ce n’est pas facile à guérir.

Elles ne se guérissent pas. Un matin, alors que tout le monde dormait encore, la jeune fille sortit et se jeta dans l’étang que vous voyez là-bas et s’y noya. Son père ne la découvrit que des heures plus tard. Il ramena son corps dans le château, s’y enferma et, de désespoir, il y mit le feu. Tout a brûlé, il ne resta rien de cette magnifique bâtisse, qui se situait dans le coin latéral, là-bas. On n‘a jamais retrouvé leurs corps.

Quelle triste histoire ! C’est terrible. Et le château ?

Il a été démoli. La commune a acheté les terrains et on a ouvert le parc au public. Mais comme je l’ai dit, les gens ne sont pas venus.

Ils avaient peut-être peur, à cause de ce suicide…

Ou à cause de l’amour. On ne sait pas quand ça vous prend et on ne sait jamais comment cela se termine.

Oui, c’est vrai aussi.

Là-dessus leurs regards se croisèrent quelques instants. C’était à la fois délicieux et inquiétant. Un courant passait, c’était certain, mais tous deux sentaient comme un danger potentiel, sans qu’ils sussent d’ailleurs bien déterminer lequel. Pour sortir du labyrinthe des sentiments dans lequel il se sentait embourbé (labyrinthe qui n’était pas sans rappeler les allées géométriques inextricables du    parc) l’homme changea de sujet :

Quel livre étiez-vous en train de lire, avant que je ne vous interrompe ?

Un livre de Cioran.

Oh, j’adore Cioran, lequel ?

 -"De l’inconvénient d’être né »

Tout un programme, en effet.

Vous ne croyez pas si bien dire.

Pourquoi ?

Oh, rien, comme cela. Regardez cet étang, là-bas, avec le jet d’eau, il est joli, n’est-ce pas ?

Oui, très joli.

Mais il est également très profond.

Assez profond pour qu’une jeune fille puisse s’y noyer…

Voilà. La vie est souvent comme cela. On croit que tout est beau et puis dès qu’on creuse un petit peu, on s’aperçoit qu’il y a des gouffres sous nos pieds.

Même dans les histoires d’amour ?

Surtout dans les histoires d’amour…

Un nouveau silence s’installa entre eux. Il regarda sa voisine à la dérobée. Elle contemplait fixement le grand jet d’eau et semblait être fascinée par lui.

- Regardez ce brouillard… Parfois, dans l’existence, vous pouvez connaître un amour magnifique. Mais quand brusquement tout s’arrête, vous vous retrouvez dans le même brouillard que celui-là. Vous êtes perdue, vous ne savez plus ce que vous faites. Vous marchez au hasard, aveuglée par toutes ces gouttelettes. Et finalement vous tombez dans l’étang et tout est fini.

Elle soupira, puis soudain se leva.

Désolée, il faut que j’y aille. On m’attend ailleurs, quelque part, dans un autre monde.

Et disant cela, elle lui tendit la main. Il la prit et la serra, passablement ému, tout en plongeant son regard dans le sien. Elle lui sourit d’une manière charmante, puis s’éloigna. Il la regarda longtemps, petite silhouette qui s’approchait du jet d’eau… Puis, à cause du soir qui tombait, elle disparut de sa vue. Il se leva à son tour et s’achemina vers la sortie, essayant d’emprunter les mêmes sentiers que ceux qu’elle venait de prendre, sans trop savoir pourquoi il s’amusait à ce jeu ridicule et enfantin.

Le lendemain, il y avait des nuages et beaucoup de vent. Les arbres qui longeaient le trottoir agitaient leurs branches dans tous les sens : l’automne, le vrai,  était là, et bien là cette fois. Il pensa que ce n’était pas le temps idéal pour lire sur un banc, fût-ce du Cioran et cela le contraria fortement. Cela ne l’empêcha pas, cependant, de pénétrer dans le parc comme la veille. En l’absence de soleil, celui-ci lui parut moins beau, moins lumineux. En fait, on ne voyait que le jet d’eau, dont l’eau, projetée par le vent qui soufflait en tempête, retombait avec un bruit de cascades sur les graviers, à une bonne vingtaine de mètres du bassin.

Il dut faire un détour pour échapper aux embruns qui envahissaient le centre du parc et il s’achemina vers l’endroit où il s’était assis hier. A cause des rafales de vent, il courbait la tête et comme des branches jonchaient les allées, il avait tendance à regarder à ses pieds. Il n’était donc plus qu’à une centaine de mètres de l’endroit qu’il voulait atteindre quand il releva enfin la tête. Hélas, la lectrice n’était pas là ! Il fallait s’en douter, avec ce temps de chien ! Soudain, il s’arrêta, complètement médusé : non seulement la lectrice n’était pas là, mais le banc non plus ! Il avait disparu ! Il se mit donc à courir pour en avoir le cœur net au plus vite. Quand il se retrouva au même endroit que la veille, il inspecta le sol méticuleusement. Rien, il n’y avait rien. Pas le moindre trou qui aurait marqué l’emplacement de ce fameux banc, ni dans l’herbe, ni dans l’allée de gravier. C’était tout simplement incompréhensible.

D’où il était, il aperçut un vieux jardinier qui, à l’autre extrémité du parc, ratissait une pelouse pour en enlever les feuilles mortes, activité tout à fait inutile et même saugrenue avec ce vent qui soufflait en rafales. Il se dirigea donc vers lui, tout en ayant bien soin d’éviter le jet d’eau, qui semblait encore plus déchaîné que tout à l’heure. Quand il fut à hauteur du jardinier, il fut frappé par son âge. Qu’est-ce qu’il était vieux ! Ce devait être un des anciens domestiques du château, ce n’était pas possible autrement ! Il lui demanda d’abord s’il n’avait pas vu une jeune femme avec un livre, mais le vieux n’avait rien vu. Il lui demanda si par hasard il avait remarqué sa présence les autres jours. Mais non, les autres jours il n’avait rien vu non plus. Et le banc ? Le fameux banc ? Qu’était-il advenu de lui ? « Le banc ? Quel banc ? » demanda le jardinier, l’ai étonné. Alors le visiteur lui indiqua la direction : «Là-bas sur les hauteurs, à la lisière des arbres… »  « Non, répondit le vieil homme, il y a bien longtemps qu’il n’y a plus de banc dans ce parc ! Ils étaient abimés et on les a tous enlevés quand le château a été rasé. »         

littérature

00:05 Publié dans Prose | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : littérature

08/10/2012

Le loup et le chaperon

Je remets ici en ligne, pour ceux qui ne l'auraient pas lu, un texte qui avait été publié autrefois sur un autre site :

  http://tempetedansunencrier.hautetfort.com/archive/2009/0...

                                 

      x                  x                         x                           x

Il était une fois un pauvre loup qui était pourchassé par des chasseurs. Voilà trois jours qu’il fuyait comme il pouvait, à travers prés, à travers bois, s’écorchant aux ronces, tombant dans les fossés, pataugeant dans les marécages et se noyant presque à chaque fois qu’il traversait une rivière. Il était fourbu, épuisé, affamé. Son pelage était couvert de feuilles, d’épines, de bouts de branches et il n’avait vraiment pas fière allure. Pendant trois jours il n’avait fait que courir mais les chasseurs, sur leurs chevaux, ne l’avaient pas lâché et c’est vraiment grâce au hasard que ceux-ci avaient finalement perdu sa trace et qu’il avait pu enfin leur échapper.

Le voilà donc tout penaud, tout fourbu, claudiquant comme il peut sur un petit sentier et tentant de reprendre haleine. Soudain, en sens inverse, il voit une très jeune fille s’avancer, toute de rouge vêtue. Elle doit avoir douze ans, peut-être treize et il ne sait pas trop bien si c’est encore une enfant ou si c’est déjà une femme. « Bonjour », lui dit-elle en souriant quand elle arrive à sa hauteur. « Tu es un loup ? » « Oui, répond celui-ci, je suis un loup gris, mais franchement, pour le moment, je ne suis plus que l’ombre de moi-même» et il raconte son aventure à la petite qui l’écoute attentivement.

« Tu n’es pas blessé ? », lui demande-t-elle.  « Alors c’est le principal, non ? Par contre tu as sans doute faim. J’apportais des gaufres à ma mère-grand qui est un peu souffrante. Si tu veux, je t’en donne la moitié. Tu sais, après tout, à son âge, elle ne mange plus grand chose, la mémé, alors une gaufre de plus ou une gaufre de moins, elle n’y verra que du feu. » «Ca, c’est vraiment gentil » dit le loup, « et c’est vrai que j’ai fort faim, mais que va dire ta mère, si elle apprend que tu as partagé les gaufres avec un loup ? Après tout, c’est pour ta mère-grand qu’elle les avait faites, non ? » « Oh, tu sais, ma mère, elle n’a qu’à aller les apporter elle-même, si ça ne lui plaît pas ! Déjà qu’elle n’arrête pas de m’envoyer porter mille choses ! Une fois c’est du potage, une autre fois un beau rôti bien cuit ou bien une tarte ou encore des biscuits qu’elle a préparés elle-même. Je ne fais que des allées et venues ! Et c’est qu’il y a loin entre nos deux maisons et puis c’est lourd, toutes ces victuailles, tu n’imagines pas ! Tiens, sers-toi, cela te fera du bien et pour moi ce sera plus léger. » Et disant cela, elle ouvre son panier et tend au loup une belle gaufre bien dorée, cuite juste à point. Celui-ci, affamé comme il est, ne se le fait pas dire deux fois et le voilà qui se met à manger de bon appétit, tandis que la jeune fille, attendrie, le regarde en souriant.

«Tiens », lui dit-elle quand il a fini, « en voici encore une autre.»  Et d’autorité elle donne une deuxième gaufre au loup, puis elle s’assoit dans l’herbe, au bord du chemin et se met à en manger une aussi. « Après tout », dit-elle « la mère-grand ne manque de rien et puis ce n’est quand même pas une pâtisserie qui va la guérir, bien au contraire. Son problème, c’est qu’elle est trop vieille, c’est sa seule maladie, en fait. Nous, par contre, on est jeunes, hein ? On est plein de vie et on a l’avenir devant nous. Alors autant que les gaufres soient dans notre estomac plutôt que dans celui d’une quasi-mourante, tu ne crois pas ? » Le loup, qui était tout de même un peu gêné en entendant ces propos et qui se sentait surtout coupable de manger le dessert de la mère-grand, ne savait que dire, mais la fille à côté de lui était si jolie, elle le regardait avec des yeux si bienveillants, qu’il lui donna raison. Et puis c’était bien la première fois qu’un humain se montrait gentil avec lui, alors il n’allait pas  créer des difficultés pour le principe. Tant pis pour la mémé. Alors il puisa dans le tas de gaufres et mangea tout ce qui restait.

« Tu me sembles être un beau loup », fit remarquer la jeune fille quand il eut tout avalé. « Evidemment, aujourd’hui, après ta mésaventure, tu ne te montres pas sous ton plus beau jour. Assieds-toi, je vais arranger cela. » Et tout en le regardant en coin, elle détacha le peigne qui tenait ses cheveux, qui tombèrent aussitôt en jolies cascades le long de son beau visage. Le loup la contempla, impressionné par autant de grâce et de beauté. « Allez, viens », lui dit-elle « et laisse-toi faire. » Alors elle se mit à le peigner soigneusement, tout en enlevant de son pelage tous les débris végétaux qui y étaient  restés accrochés. A la fin, elle prit son bonnet rouge et s’en servit comme d’un chiffon pour lustrer le pelage de l’animal avec application. Quand elle eut fini, elle se recula et contempla son travail avec satisfaction. Le loup était méconnaissable et il avait maintenant fière allure.

« Tu es vraiment beau », murmura la petite. « Merci », dit le loup, tout content qu’on s’intéressât ainsi à lui et en même temps un peu troublé par ce qui se passait. « Bon, ben, il faudrait bien que j’y aille », suggéra-t-il un peu à contrecœur. « Un loup en compagnie d’une jeune fille, cela ne se fait pas trop. Il vaudrait mieux que je regagne ma forêt profonde. » « Comment, cela ! Tu t’en vas déjà ? » dit la petite, un sanglot dans la voix. « Tu me laisses toute seule sur ce chemin alors que moi je me suis montrée bien gentille avec toi ? » Le pauvre loup ne savait plus quelle contenance prendre, tant il était mal à l’aise. « Bien sûr, que je voudrais rester encore un peu avec toi, mais enfin, si on nous voit ensemble, cela va faire jaser et puis je risque de prendre un coup de fusil. » « Mais non, je t’assure que non. Je te défendrai, tu penses bien. Allez, tiens-moi compagnie jusqu’à la maison de mère-grand. D’accord ? Tu verras, on ne rencontrera  personne. »

Et les voilà donc partis, devisant de choses et d’autres, comme les meilleurs amis du monde. Arrivés devant la maison de l’aïeule, le loup voulut de nouveau prendre congé, mais la jeune fille avait une petite idée derrière la tête, aussi insista-t-elle pour qu’il vienne prendre un bol de cacao. Et aussitôt, la voilà qui frappe à la porte. «C’est toi ? » demande la vieille dame, d’une voix tremblotante. « Oui, c’est moi », répond le Chaperon rouge. « Je suis couchée, entre. Tire la chevillette et la bobinette cherra. »

« Attends un petit peu ici », dit la jeune fille au loup, il faut que je lui annonce ta visite. » Là-dessus, elle tire sur la chevillette et en effet la bobinette choit. Mais une fois à l’intérieur, elle se met à crier : « Mère-grand, mère-grand, je suis poursuivie par un affreux loup gris affamé. Il va venir jusqu’ici et nous manger toutes les deux ! Fuyons pendant qu’il en est encore temps et allons nous réfugier dans la cabane du jardin ! C’est la seule solution… » Affolée, prise de panique, l’ancêtre sort de son lit comme elle peut, en chemise de nuit. Aussitôt, le Chaperon la pousse vers la porte de derrière, la tire à travers tout le potager, presque en courant, puis la précipite littéralement dans le cabanon et l’enferme à l’intérieur. « Reste là », lui crie-t-elle, « je vais chercher les chasseurs. » Mais au lieu des chasseurs, c’est le loup qu’elle va chercher et qu’elle fait entrer dans la maison de sa mère-grand.

« Je suis désolée, ma gand-mère a visiblement dû s’absenter car elle n’est pas là», dit-elle avec aplomb. « Tu sais, la mémé a encore bon pied bon œil et n’est pas si malade que cela. Elle va souvent dans la forêt ramasser des brindilles pour allumer son feu. Si tu veux, en l’attendant, nous allons goûter à ce gigot d’agneau qui mijote au coin du feu. Tu as encore bien une petite faim, non ? » En sentant la bonne odeur qui s’échappait de la casserole, le loup ne put qu’acquiescer. Les voilà donc installés à table tous les deux, avec un succulent repas dans leurs assiettes. La jeune fille a bien fait les choses. Elle a même allumé une petite bougie et débouché une bouteille de vin. Après quelques verres, les langues se délient, comme il est de coutume. Le loup raconte ses grandes courses dans la forêt ou encore la manière dont il s’y prend pour égorger les bœufs ou les moutons. La jeune fille, elle, expose ses désarrois d’adolescente. Elle parle de ses querelles avec sa mère, de sa solitude, de ces éternelles allées et venues qu’elle doit faire chez la grand-mère. Le loup l’écoute et compatit à son sort. La petite en est touchée et lui sourit. Alors il explique que dans le fond il est un animal tendre et que c’est à tort que les hommes le craignent. Certes, il lui arrive de tuer des animaux, mais c’est toujours pour manger, pas par méchanceté. En outre, il suffit de regarder le gigot de mouton qui est dans l’assiette pour se rendre compte que les hommes n’agissent pas autrement. Le Chaperon l’écoute attentivement, son verre à la main, l’esprit un peu troublé par l’alcool. Elle regarde ce loup et se dit que c’est vraiment un bel animal. Quelle prestance que la sienne ! Il y a de la noblesse dans la manière dont il se tient. Et comme il parle bien ! Son regard s’attarde sur le large poitrail poilu et elle se dit qu’elle a envie de le caresser, puis de se blottir tout contre lui, bien au chaud et de ne plus penser à rien.

« Je suis un peu fatiguée, je vais m’étendre quelques instants sur le lit » dit-elle subitement. Et la voilà qui enlève sa cape écarlate, puis sa robe rouge et finalement ses sous-vêtements bordeaux. Elle a un petit sourire en coin et son regard croise un instant celui du loup, qui reste complètement abasourdi devant autant d’audace et de candeur. Mais déjà elle s’est glissée dans les couvertures en pouffant de rire et la belle peau blanche et jeune, appétissante à souhait, n’est déjà plus qu’un souvenir, mais un souvenir qui restera gravé à jamais dans la mémoire du loup.

« Tu as de grands yeux » lui dit-il, alors qu’elle le regarde, songeuse. « C’est pour bien te voir », répond-elle. « Mais tu as aussi de grandes oreilles », lui lance-t-il par blague. « C’est pour bien écouter tes histoires », murmure-t-elle tendrement. « Comme tu as de belles dents blanches ! » fait-il remarquer. « C’est pour mieux te charmer par mon sourire » susurre-t-elle. Alors, ils restent là à se regarder, pendant un instant d’éternité, sans rien dire.

On ne saura jamais ce qui se serait passé ensuite, car à ce moment précis un chasseur fit irruption dans la maison. Il avait ouvert la porte d’un coup de pied et se tenait là debout, son fusil à la main, tempêtant contre ce satané loup qu’il n’était pas parvenu à tuer. Mais quand il voit que ce n’est pas la grand-mère, qu’il connaît bien, qui est dans le lit, mais une enfant ou plutôt une jeune fille, en fait presque une femme, il se tait et pose son fusil. Il avance vers le lit sans avoir vu le loup, qui se tient dans l’ombre derrière lui. La petite, terrorisée, pousse un cri perçant. Alors l’homme lui plaque une main sur la bouche et sort son couteau de chasse. « Tais-toi », hurle-t-il, « si tu cries encore, c’en est fini de toi. Et si plus tard tu parles, je ne donne pas cher de ta peau… » Là-dessus il tend la main pour arracher les couvertures mais il n’a même pas le temps de finir son geste que déjà le loup est sur lui et l’instant d’après il gît sur le plancher, dans une mare de sang, mort.

Voilà nos deux protagonistes dans une bien mauvaise posture, avec ce cadavre entre eux deux au milieu de la pièce. D’un côté, il est vrai que le méchant, dans cette histoire, a été puni, ce qui fait que la morale est sauve, comme dans tous les contes, mais que dirait la mère–grand si elle entrait  à ce moment précis ? Tout ce qu’elle verrait c’est d’abord un loup assassin, sa victime encore chaude à ses pieds et ensuite elle constaterait que sa petite-fille est couchée dans son propre lit, aussi nue qu’Eve pouvait l’être au paradis, ce qui laisse supposer que quelqu’un pensait atteindre le septième ciel et l’a pour cela obligée à se déshabiller. Bref, il n’y aurait pour elle qu’un seul coupable, messire le loup, l’ennemi héréditaire, la bête immonde, celle qui hante nos cauchemars depuis la nuit des temps. Tout cela, le Chaperon et le pauvre loup s’en rendent parfaitement compte. Ils connaissent leurs classiques, tous les deux et ils savent que dans le conte initial, c’est le Chaperon rouge qui s’est montré bien naïf en faisant confiance au loup sanguinaire et lubrique et donc qu’il lui appartiendra, à l’avenir, de se montrer plus prudent avec les inconnus. Ici, par contre, le gros naïf, c’est le loup, évidemment, qui se retrouve maintenant dans une situation inextricable. Il ne lui reste plus qu’à partir et à disparaître et c’est ce qu’il fait, non sans s’être auparavant perdu dans le regard de la jeune fille.

Il était une fois un pauvre loup qui était pourchassé par des chasseurs…

 Littérature

   

00:05 Publié dans Prose | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : littérature

04/10/2012

De la récupération du "Printemps arabe" (fin)

Venons-en maintenant au point-de-vue occidental. Quel pourrait-être le but poursuivi en plaçant au pouvoir des régimes religieux ? A quoi ont bien pu penser les dirigeants de Washington et leurs valets de la vieille Europe ?

  • Eh bien d’abord ils ont pensé à abattre les régimes qui ne nous sont pas favorables comme la Syrie et la Libye. Mieux vaut des islamistes en place que ces chefs d’Etat tout puissants qui travaillent contre nous. Non pas qu’on ne soutienne à l’occasion des régimes dictatoriaux (on a même été jusqu’à les favoriser, comme le 11 septembre 1973 au Chili – un autre 11 septembre dont on ne parle jamais), mais il faut alors qu’ils soient en notre faveur. Dans le cas contraire, nous nous souvenons que la démocratie doit primer partout.
  • Une fois ces régimes ennemis neutralisés, l’Iran sera isolé.
  • Supposons que le printemps arabe soit spontané. Il est difficile de résister à la fureur populaire quand celle-ci se déchaîne. Or les EU devaient être au courant, via leurs ambassades, que le feu couvait. Comme ils devaient savoir que le sentiment antiaméricain  prenait de plus en plus d’importance. Dans un tel contexte, il aurait été suicidaire de vouloir maintenir les anciens alliés qu’étaient Ben Ali ou Moubarak. Mieux valait saluer la victoire de la démocratie, se faire bien voir des peuples en colère, et tenter d’orienter leurs décisions dans l’ombre pour qu’elles ne soient pas trop désavantageuses pour l’Occident. 
  • Si le printemps arabe a été pensé à Washington avant même de se concrétiser, le raisonnement est le même : faire éclater soi-même un mouvement qui allait de toute façon jaillir un jour ou l’autre et ce afin de mieux l’orienter.
  • La guerre contre le terrorisme en Afghanistan a été un échec en plus d’avoir été une boucherie (et je ne parle ici que de nos troupes). Le résultat politique et militaire est nul. Il y aura toujours autant de terroristes de par le monde tant que la même politique expansionniste et impérialiste sera à l’œuvre dans le chef de l’Occident. Il faut apprendre à dialoguer avec les peuples d’égal à égal plutôt que de vouloir les asservir. Ce qui était une évidence pour les personnes de bon sens il y a dix ans commence peut-être à être compris par les dirigeants de Washington.
  • Dès lors, puisque les Arabes veulent être musulmans (et être musulmans cela veut dire aussi être antioccidental, autrement dit se raccrocher à la culture ancestrale de son pays et ne pas accepter cette marchandisation libérale de l’existence qui ne tient pas compte de la dignité humaine), puisque les Arabes veulent être musulmans, dis-je, eh bien qu’ils le soient. Comme cela ils ne nous reprocheront plus d’imposer notre culture. Le principal, après tout, c’est de faire du commerce avec eux et de les spolier de leur matière première.
  • Mais tant qu’à faire d’être musulmans, qu’ils le soient jusqu’au bout. Autant avoir à la tête de ces états de partis religieux purs et durs. Loin de faire progresser ces pays vers un futur économiquement et techniquement prospère, ils vont au contraire les plonger dans un Moyen-âge religieux et obscurantiste, appliquant un code civil directement inspiré d’une lecture littérale du Coran.
  • Avec un peu de chance, les partis religieux plus modérés vont s’opposer à cette politique des extrémistes. Les partis laïcs aussi. Cela fera donc des dissensions au sein de ces pays, marquées probablement par des attentats et de la violence. C’est ce qu’on appelle « diviser pour mieux régner ». Pendant que les Arabes se battront entre eux, s’affaiblissant économiquement chaque jour davantage, ils ne penseront pas à nous nuire.
  • La situation que l’on connaît dans l’Irak « libéré » (où il ne se passe pas un jour sans qu’un attentat ne fasse dix tués), se généralisera partout. Chaque attaque contre un groupe adverse entraînant automatiquement une réplique, cela nous promet de beaux combats en perspective. Pendant ce temps, l’Occident ne sera pas menacé. Il veillera simplement à fournir les armes ou mieux, il les vendra.
  • Ces guerres internes vont finalement ressembler à des guerres civiles. On commence à voir ce que cela donne en Libye, où les nouveaux dirigeants ne sont d’accord entre eux que sur un point : faire la chasse aux anciens fidèles de Kadhafi. Il faut par ailleurs entendre le terme «  fidèles » au sens large. Un contrôleur des Contributions ou un ingénieur des Ponts et Chaussées, en tant que fonctionnaires qui étaient payés par l’ancien régime, risquent fort de perdre la vie dans l’indifférence générale, les médias occidentaux se gardant bien de rendre compte de cette « chasse aux sorcières ».Mais en-dehors de cette épuration, les nouveaux maîtres des lieux ne sont d’accord sur rien et les tensions qui règnent entre eux vont finir par se manifester de façon plus violente.
  • Le but ultime est donc bien de transformer des Etats forts, à la structure politique et militaire efficace, et d’en faire des Etats affaiblis, sans envergure internationale aucune (voir l’Irak actuel). L’avantage, c’est que cela ne coûte presque rien. Les deux guerres d’Irak et la présence de nos soldats sur le terrain pendant près de dix ans se chiffrent en milliards de dollars, sans parler des pertes humaines, toujours mal acceptées par la population au  moment des élections (combien de militaires ont été tués en tout ?). Ici, on utilise des combattants arabes formés par les Arabes eux-mêmes, pour renverser d’autres Arabes.
  • Evidemment, cette politique ne s’applique pas avec les pays amis, comme ceux du Golfe. Pour comprendre, il suffit de voir avec quelle violence le soulèvement populaire à Bahreïn (pourtant issu en droite ligne du printemps arabe) a été réprimé par l’armée saoudienne. Notre presse en a peu parlé d’ailleurs, juste quelques mots au moment du grand prix de Formules Un, car c’est de l’argent occidental qui était menacé. La même presse n’a pas parlé non plus des soulèvements qui ont bel et bien eu lieu en Arabie proprement dite. Remarquons aussi la différence : Les Chiites de Bahreïn n’ont pas le droit de se soulever, tandis que les Sunnites de Syrie semblent avoir ce droit
  • Notons au passage un fait paradoxal. Les intégristes s’en prennent dans certains pays à des mausolées (en gros et pour faire simple, il s’agit des tombeaux d’anciens prophètes, vénérés par certains musulmans), dans la même logique que les Iconoclastes chez nous brisaient les statues des saints. Devant ces destructions l’Occident ne réagit pas. Les croyants qui priaient devant ces mausolées ne sont-ils pas des hommes comme les autres et ne peuvent-ils revendiquer certains droits, à commencer par le libre choix de leur culte ? Il faut croire que non, puisqu’on laisse les intégristes saccager tout. L’avantage c’est qu’on ruine ainsi une culture millénaire et qu’on éradique de vieilles traditions. Sans le savoir, les Salafistes préparent le terrain pour l’introduction d’une nouvelle culture, celle du libre-échange des marchandises (bientôt on pourra vendre des bouteilles de Coca Cola à toute cette population)

Voilà, à mon avis, les différentes raisons qui poussent l’Occident à favoriser la venue au pouvoir d’un islam radical. Est-ce une politique raisonnable ? Elle me paraît dangereuse pour plusieurs raisons :

  • Comment neutraliser les djihadistes une fois les combats terminés ?
  • Comment s’assurer que ces gens nous seront reconnaissants de les avoir mis au pouvoir ou du moins d’avoir favorisé fortement leur victoire ? Qui dit que demain ils ne vont pas se retourner contre nous ? Voir par exemple les attaques contre les ambassades américaines (attaques peut-être encouragées par Israël pour que l’Amérique se sente menacée et réagisse militairement)
  • Comment accepter que les minorités musulmanes (les Alaouites en Syrie par exemple) ou chrétiennes risquent de subir de sérieuses représailles ? En Syrie, les Kurdes redoutent l’entrée des troupes turques, les Arméniens aussi (qui se souviennent du génocide du début du XX° siècle). Les Alaouites et les Chrétiens ont peur. Qu’en est-il de la notion des droits de l’homme pour ces minorités ? Ne convient-il pas de protéger ces populations comme le régime actuel le faisait ? En d’autres termes, ne risque-t-on pas, en renversant des régimes forts et laïcs au nom de la démocratie, de contribuer à un massacre généralisé ?
  • Qui dit que ces populations musulmanes, excitées par des Imams intégristes, ne vont pas se retourner un jour contre Israël ? Or Israël a tous les droits, on le sait, et surtout celui de se défendre. En fait il a même le droit d’attaquer et d’aller bombarder l’Iran par exemple. L’Occident essaie pourtant de le calmer en prenant des mesures contre le pays des Ayatollahs, car il sait que si Israël attaque, l’Iran ripostera. Alors on sera parti pour une troisième guerre mondiale !

Bref, les cartes sont en train de se distribuer autrement et le monde que l’on a connu risque d’être fort différent demain.    

84e9fbe0300668dbe6f777ed34446cfb_L.jpgManifestation salafiste en Tunisie