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28/10/2012

Cimetière

Je suis revenu.

Je suis revenu au village après toutes ces années d’absence. Vingt ans au moins,  si pas plus.

J’ai ouvert la petite grille du cimetière, qui a grincé comme autrefois. Rien ne semblait avoir changé.

Les tombes, avec leurs croix de pierre, étaient blotties contre le mur de la vieille église et les arbres  penchaient toujours vers elles leur feuillage abondant.

Je me suis avancé dans l’allée de gravier, le cœur battant. Le silence était impressionnant. Les oiseaux, en ce début d’automne, étaient partis et j’étais vraiment seul.  

 Alors, tout en marchant, j’ai regardé autour de moi.

 Ils étaient tous là. Tous ceux que j’avais connus et tous ceux dont le nom m’était familier. Il n’en manquait pas un. Ils avaient été les compagnons d’école de mes parents.  Parfois, je les avais rencontrés, revenant des  champs, et tenant par la bride leurs chevaux de labour.  Ils s’arrêtaient un instant et roulaient une cigarette en évoquant le bon vieux temps.

Et aujourd’hui ils étaient là. Leurs noms s’alignaient les uns après les autres sur les pierres des tombes. Ils étaient de nouveau réunis, comme autrefois autour du « Maître d’école», quand ils étaient enfants. Mais ils étaient sages comme ils ne l’avaient jamais été, et immobiles à jamais.

Il n’en manquait pas un. Ils étaient tous là.

J’ai refermé la petite grille derrière moi et je suis parti, méditant sur les années qui avaient passé. Un coup de vent fit voler quelques feuilles jaunes. L’automne, déjà, était là, annonçant un hiver qui approchait à grands pas. 

Photo personnelle octobre 2012

littérature

00:14 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : littérature

Commentaires

Le cimetière, lieu où l'on se souvient des morts.

Dans nos sociétés modernes où les rentes foncières sont élevées, il en est pour se demander à quoi bon un espace peu fréquenté, réservé uniquement aux morts.
Avec les pratiques d'incinération de plus en plus répandues le recueil des cendres ne nécessite plus ni tombeau, ni caveau.

Nos proches disparus sont dans nos cœurs et nos mémoires, mais pour les siècles des siècles où seront les places et traces des morts ?

Écrit par : Michèle | 28/10/2012

J' aime bien ces petits cimetières de campagne et la façon dont vous en parlez..
Quand je vais en vacances quelque part, je n' en rate aucun. J' aime leur silence.
La mort y est légère. Presque rassurante..

Écrit par : agnès | 28/10/2012

@ Michèle : oui, il semblerait que pour la première fois les incinérations aient dépassé le nombre d'enterrements. Cela pourrait sembler curieux dans une société individualiste. A moins qu'on ne considère que l'individu ne pouvant plus consommer, il n'a plus qu'à disparaître définitivement.

@ Agnès : oui, ces vieux cimetières ont un charme certain (du moins pour ceux qui les visitent, mais on voudrait croire que ceux qui l'occupent en permanence ont la même impression). Celui dont j'ai mis la photo n'est plus en "activité". Un nouveau cimetière a été ouvert à la sortie du village à la fin des années 50. Ma grand-mère n'est donc pas enterrée à côté de mon grand-père.

Écrit par : Feuilly | 28/10/2012

La sagesse de la vieillesse s'accompagne toujours d'une immense tristesse.
Dans les pays où je m'arrête, je ne manque jamais ces endroits lourds de vie passée, l'un des plus caractéristiques était un cimetière en Norvège, dans un sous-bois en pente, des stèles en pierre se mêlaient à l'humus.
J'ai écrit aussi sur les cimetières, dans un autre style :
http://saravati.skynetblogs.be/archive/2008/07/13/promenade-sans-but.html

Écrit par : saravati | 05/11/2012

@ Saravati : merci pour ce texte. Et vous avez raison, il y a dans ces vieux cimetières de village un charme certain et une tristesse empreinte de nostalgie devant le temps qui s'écpule.

Écrit par : Feuilly | 05/11/2012

@ Saravati : Sara, je me retrouve entièrement dans ce que dit votre poème.

Écrit par : Michèle | 06/11/2012

@ Michèle
Merci, vous êtes toujours la bienvenue chez moi quelle que soit la saison :-)

Écrit par : saravati | 06/11/2012

Exactement le même vécu... Et j'ajoute "ils sont tous là" mais dans les rues je ne connais plus personne... Cette année j'ai pris conscience que mes enfants n'auront sans doute pas d'endroit où retrouver les adultes qui ont entouré leur enfance... Trop de dispersion.

Écrit par : Rosa | 10/11/2012

@ Rosa : effectivement. Je n'ai pas développé cet aspect, mais"l'âme" du village a changé. C'était un village agricole, avec des paysans durs à la tâche. Aujourd'hui, la moitié des habitations sont devenues des résidences secondaires. Il reste quelques vieux, qui attendent leur fin.

Écrit par : Feuilly | 12/11/2012

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