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14/07/2008

Pause estivale

Fermeture provisoire.

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01:48 Publié dans Errance | Lien permanent | Commentaires (2)

10/07/2008

Numérisation des livres

On apprend que la ville de Lyon serait sur le point de choisir Google pour numériser les 500 000 livres anciens de sa bibliothèque municipale.
Google s’occupe déjà de la numérisation de l'université d'Oxford.

D’un côté, il faut se réjouir de cette numérisation, qui, d’une part, offre une solution au fait que les livres se dégradent et qui, d’autre part, les rend accessibles à tous. D’un coup de souris, il vous est alors possible de consulter des ouvrages situés à l’autre bout du monde, des ouvrages dont nous n’aurions même jamais soupçonné l’existence autrefois.

Il avait été question également de numériser la Bibliothèque nationale de France (BNF), mais certains avaient fait remarquer, à juste titre, que le choix des livres ne devait pas être fait par Google lui-même, qui travaillait dans un esprit trop « américain ». C’est vrai que nous sommes là devant un dilemme. Soit laisser nos livres prendre la poussière et rester inconnus (or à l’ère du numérique, il faut se montrer et être visible), soit en sortir un certain nombre de l’oubli, mais savoir que d’autres seront sacrifiés. Le problème est donc celui du choix. Quel critère retenir et qui va décider de ce critère ?

Mine de rien, c’est un débat idéologique qui s’engage ici. Prenons la période de la fin de l’Ancien Régime. Vais-je privilégier les livres conservateurs ou au contraires ceux qui annoncent la Révolution ? On le voit, selon le choix que j’aurai fait, j’orienterai la perception que l’on aura de cette époque. Voire même j’orienterai nos conceptions actuelles. Imaginons que les créationnistes détiennent majoritairement les actions de Google, il y a fort à parier qu’ils ne vont pas numériser les œuvres de Darwin ou en tout cas qu’ils censureront les passages les plus compromettants pour leur théorie. On pourrait d’ailleurs imaginer qu’on ne numérise qu’une partie d’un ouvrage, faussant ainsi la diffusion de certaines idées. Bon, je vais peut-être trop loin dans mon raisonnement, mais on n’est jamais assez prudent quand il s’agit de la diffusion du savoir.

De toute façon, les carottes sont déjà cuites, si je puis m’exprimer ainsi. Il est clair que les oeuvres américaines et finalement européennes vont se retrouver sur la Toile. Mais qu’en est-il des autres cultures ? Verra-t-on les contes africains (qui appartiennent encore souvent à la littérature orale) faire partie des pages consultables ? Non bien sûr. Et s’il existe en Amérique latine des bibliothèques qui possèdent des livres rares (sur la découverte du Nouveau Monde, par exemple), les pays qui les possèdent auront-ils les moyens de faire numériser leurs archives ? Probablement pas. Du coup, n’étant pas présents sur Internet, ces livres resteront dans l’ombre, ce qui permettra à une seule culture (occidentale, mais surtout américaine) de s’imposer dans le monde.



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09/07/2008

Alina Reyes dans La Presse littéraire

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Dans la note intitulée « De la fonction poétique », les commentaires vont bon train au sujet du site d’Alina Reyes. C’est l’occasion de citer mon article « Alina Reyes, de l’érotisme à l’esprit » paru dans la presse littéraire n° 15 (juin/juillet/août 2008), consacré essentiellement à son livre « Forêt profonde ».

Quelques explications s’imposent.

Alina Reyes (de son vrai nom Aline Chardonne) est née « quelque part aux confins du Médoc, entre l’Océan et l’estuaire de la Gironde, à « la Fin des Terres » (tout un programme). Elle y grandit en petite sauvageonne, en relation étroite avec la nature et jette déjà sur le monde un regard lucide, tandis que très tôt se manifeste l’éveil sexuel, qui ouvre d’autres portes. »

Ses parents sont communistes et très jeune, alors qu’elle termine ses études de lettres, elle publie « Le Boucher », un roman érotique qui lui ouvre les portes de la littérature mais qui l’enferme aussi dans un genre auquel elle ne veut pas se limiter.

Personnellement, je l’ai découverte voici deux ou trois ans via son blogue et j’ai été tout de suite sensible à ce qu’elle dit de la nature. Elle possède une petite grange restaurée dans les Hautes Pyrénées, où elle se retire de temps à autre, complètement coupée du monde (surtout en hiver) et où elle partage son temps entre les promenades en forêt et l’écriture.

J’ai lu son livre « Moha m’aime », qui s’inspire d’un séjour qu’elle fit au Maroc. Ce roman est plein de sensibilité et traite essentiellement des rapports humains et cela avec beaucoup de pudeur. Elle a publié toute une série d’autres ouvrages qui eurent un succès certain et qui furent traduits en de nombreuses langues.

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Puis, en août 2007, vint « Forêt profonde » qui eut peu d’écho auprès de la critique, laquelle préféra privilégier le livre de Yannick Haenel « Cercle ». Mais voilà qu’Alina découvre dans ce roman de Haenel les thèmes fondamentaux de son propre livre. Il semblerait donc que l’éditeur (dont nous tairons charitablement le nom), qui avait eu le manuscrit d’Alina en main, l’eût confié à Haenel qui s’en serait inspiré. Je mets tout au conditionnel, car cette affaire est actuellement devant les tribunaux et la Justice tranchera.

Il m’avait donc semblé opportun de faire sortir «Forêt profonde » de l’ombre en en parlant un peu dans un article selon mes modestes moyens.
C’est un livre que j’ai aimé, qui parle de la vie, de la mémoire et de la nature. C’est aussi un livre qui se veut cathartique pour celle qui l’a écrit (laquelle se remet d’une déception amoureuse). Dans de nombreuses pages, on côtoie la beauté sauvage et celle-ci touche souvent au sacré.

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Entre le moment où l’article a été écrit et celui où il a été publié, il s’est passé quelques mois, durant lesquels dame Alina, toujours très prolixe, en a profité pour écrire d’autres livres.

Il y a « La dameuse », qui raconte l’histoire d’un viol (lequel renvoie manifestement au viol symbolique qu’elle a subi avec cette affaire de plagiat). Je n’ai pas encore lu ce livre, mais je le lirai.

Il y a aussi « La jeune fille et la Vierge » sur les apparitions de Lourdes et là, j’avoue que je suis plus. Autant j’apprécie l’analyse du sacré (car la poésie touche au sacré et à l’indicible), autant les références soudaines à un catholicisme pur et dur me dérangent. Elles me dérangent et m’étonnent également car je lisais aussi parfois des articles d’Alina sur le site Bellaciao qui est très clairement laïque et orienté à gauche (ce qui me convenait assez bien). D’où mon étonnement en découvrant le délire mystique dans lequel elle a maintenant plongé. A la limite, moi qui adore les chants grégoriens (ou même en vieux romain) et qui me délecte de Palestrina ou d’Hildegarde Von Bingen, je peux comprendre que le sentiment d’appartenir à la grande nature (et d’être un microcosme dans un microcosme) peut soulager de toutes les angoisses car alors vous n’êtes plus vraiment seul, mais vous devenez un élément du vaste univers, autrement dit vous avez votre place dans le monde.

J’avais cru, tout d’abord, qu’Alina, si proche de la nature sauvage, avait poussé un peu plus loin son expérience et avait atteint une spiritualité qui, ma foi, pour autant qu’elle exalte son monde intérieur, ne pouvait que lui permettre de trouver un équilibre. Malheureusement, il ne s’agit pas de cela et c’est bien des références au catholicisme pur et dur qu’elle nous donne sur son blogue. Moi qui suis athée pour ainsi dire par essence (ma lucidité et mon pessimisme s’accordent mal avec la foi et la croyance en un monde meilleur, dans lequel nous irions folâtrer après notre mort), c’est trop pour moi. Alina, qui est manifestement en pleine crise de je ne sais pas quoi, est en train de se faire récupérer par les mouvements conservateurs. Dommage et je ne reconnais plus vraiment celle qu’on avait baptisée « « la baronne rouge » lors d’un passage chez Pivot.