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28/09/2013

Du mensonge d'Etat

Le 02 septembre dernier, la France a « déclassifié » un document secret défense afin de prouver la culpabilité du régime de Bachar el Assad dans l’attaque chimique qui a occasionné de nombreuses victimes dans la banlieue de Damas à la fin du mois d’août. Cette démarche visait à obtenir l’approbation des députés en vue d’une frappe militaire française contre le régime syrien.

On sait que le renversement d’Assad tient particulièrement à cœur au Président de la République puisque ce dernier en faisait déjà son cheval de bataille lors de sa campagne électorale.  Un tel acharnement déclaré doit nous rendre prudents sur toutes les preuves qui seront avancées quant au côté malfaisant du régime syrien. On a connu la France moins prompte à condamner les dictatures de Franco, de Pinochet et de bien d’autres. Les disparus chiliens, torturés et exécutés n’ont jamais beaucoup ému le gouvernement français. Les Argentins ou les Nicaraguayens assassinés non plus.

Donc, de prime abord, cette volonté déclarée de renverser Assad me semble louche car je ne vois pas en quoi la Syrie menace l’Etat français. Par contre je vois très bien en quoi il dérange Israël.

Vous me direz que le régime d’Assad n’est pas un exemple de démocratie (ce que j’admets volontiers)  et que la générosité du président le pousse naturellement à défendre les droits de l’homme. Certes, je ne peux que me réjouir d’un tel sens altruiste, mais pourquoi alors le sieur Hollande ne s’insurge-t-il pas contre la condition de la femme en Arabie ou au Qatar et même contre la manière dont ces pays conçoivent les droits de l’homme ? Pourquoi la répression de la révolution au Bahreïn ne le préoccupe-t-elle guère ? Pourquoi la situation préoccupante des Palestiniens de la bande de Gaza ne l’émeut-elle pas davantage ? Mystère.

Donc, l’acharnement avoué qu’il manifeste contre le régime syrien doit pour le moins poser question.

Mais revenons-en au document déclassifié qui a été présenté aux députés afin d’obtenir leur approbation pour une intervention armée.  Que contient exactement ce document, supposé prouver la culpabilité d’Assad ? Eh bien il faut avouer qu’il ne contenait strictement aucune preuve concrète. En gros, on s’appuie sur le fait qu’on a affaire à des armes chimiques pour dire que seule l’armée syrienne aurait eu la capacité d’en employer. Que l’armée ait cette capacité, personne n’en doute (mais pourquoi par ailleurs aurait-elle employé de telles armes alors qu’elle remportait enfin le succès sur le terrain ?). Par contre, quand je vois les vidéos que les rebelles eux-mêmes postent sur Youtube et où on les voit munis d’artillerie lourde, je me dis qu’ils auraient été très capables d’envoyer un obus contenant du gaz chimique.

Pourtant, pour le document déclassifié, seule l’armée aurait eu la capacité technique voulue. C’est sur cette « preuve » fragile que les députés devaient décider d’envoyer l’armée française bombarder la Syrie en représailles (tuant par ailleurs d’autres innocents).

 Cependant, quand on y réfléchit bien, seuls les rebelles avaient intérêt à utiliser les armes chimiques et à faire croire que le gouvernement syrien était à la base de cette attaque. L’aviation américaine serait alors intervenue en leur faveur au moment précis où ils commençaient à essuyer des défaites sur le terrain.

Le document présenté aux députés se gardait bien de dire que cette « opposition » syrienne était surtout constituée d’éléments étrangers non syriens, par ailleurs épaulés, entraînés et armés par l’Occident. Sans compter qu’il n’était pas difficile d’entraîner ces « troupes » à la manipulation des armes chimiques (armes qu’elles possédaient puisque c’est bien pour cela que l’Onu était venue enquêter sur le terrain suite aux déclarations de Carla del Ponte elle-même).

Si le Parlement britannique n’avait pas désavoué Cameron et si la Russie n’avait pas proposé aux USA un moyen de sortir de la crise, l’armée française serait en guerre en ce moment et elle soutiendrait en fait sans le savoir les djihadistes qui sont plus que probablement les responsables de l’attaque chimique.

On peut donc supposer que le fameux document présenté aux Parlementaires était un faux destiné à obtenir leur adhésion à l’invasion de la Syrie. Qu’on se souvienne avec quel aplomb  Colin Powell avait brandi une fiole de « poison » devant l’assemblée de l’ONU pour obtenir le droit de destituer Sadam Hussein. Maintenant on sait que toutes ces soi-disant preuves étaient fausses (au point qu’on peut se demander si Colin Powell lui-même n’a pas été manipulé et qu’il aurait donc menti de bonne foi).

 

Mais si ce document est un faux, est-ce la DGSE qui a  essayé d’obtenir l’adhésion des Parlementaires ou bien s’est-on servi de son nom pour apporter des « preuves» aux députés ? Mystère.

Syrie

23/09/2013

Étymologie (suite et fin)

Avaler : on oublie parfois que ce terme est lié à « aval » et indiquait à l’origine l’action de descendre ou de faire descendre. Ensuite, par restriction sémantique, il a désigné le fait de faire descendre un aliment par le gosier.

Merci. Du latin « mercedem » (salaire, récompense), il a pour sens premier « grâce, pitié, miséricorde ». Il a aussi le sens de « cadeau, faveur » avant d’exprimer la gratitude pour une faveur accordée. Depuis le XVI° siècle, le substantif féminin signifie « grâce », le masculin exprime le remerciement et la politesse.

Franc. Le mot a d’abord une valeur ethnique (le peuple franc) avant de désigner au VI° siècle un homme libre puis un noble par naissance. A ce caractère social s’ajoute une connotation morale : le noble ne peut être que bon, généreux et affable.  A partir du XVII° siècle, franc désigne surtout la sincérité et la droiture. Il garde cependant son ancien sens dans des expressions comme «avoir les coudées franches », « franc-tireur » ou « coup-franc ».

Beau, du latin « bellus » qualifie la perfection physique ou  morale. Il peut aussi traduire l’affection ou le respect quand il est en apostrophe. Cette dernière signification est à l’origine des termes de parenté indirecte (« beau-frère », « belle-mère »).

 

Port (porz en ancien français) vient du latin « portus » et désigne un défilé dans les montagnes (où il est concurrencé par « col ») Il peut aussi désigner un abri pour recevoir les navires. Dans le premier sens , on retrouve le mot « passeport » et des toponymes (comme St Jean Pied de Port, dans les Pyrénées-Atlantiques, au pied du col (ou port) de Roncevaux, célèbre par la chanson de Roland).


St Jean Pied de Port 

Etymologie

17/09/2013

Etymologie

Je voudrais revenir, encore une fois, sur le Charroi de Nîmes, ou plus exactement sur les notes de Claude Lachet, le professeur de Lyon III qui a traduit le texte. On trouve dans ces notes de nombreuses remarques étymologiques et certaines ont attiré mon attention.

Ainsi en va-t-il du mot « Bachelier ». Dans les chansons de geste, ce terme désigne toujours une personne jeune, quelle que soit sa condition sociale. On peut donc traduire ce terme par « adolescent ». Souvent, le mot est accompagné par un adjectif qui souligne les qualités propres à la jeunesse (audace, enthousiasme, générosité). A partir du XIV° siècle, « bachelier » désigne le premier grade universitaire.

« Payer en monnaie de singe ». Le pont reliant l’île de la Cité à la rive gauche de la Seine s’appelait le « Petit Pont » et c’était le plus ancien pont de Paris. Construit en pierre en 1185, il a souvent été détruit par les crues du fleuve (ou même par les incendies qui embrasaient les maisons de bois dont il était bordé). Pour le traverser, il fallait payer. Seuls les jongleurs étaient dispensés du péage. Pour prouver leur état de jongleurs, ils faisaient exécuter des tours à leur singe, d’où l’expression « payer en monnaie de singe ».

« Oïr » : du latin « audire », le verbe oïr est le terme usuel au Moyen-Age pour désigner le fait de percevoir des sons. Les formes trop brèves de ce verbe et les homophonies gênantes avec celles du verbe avoir ont entraîné son abandon au profit du verbe « entendre ». Comme chacun sait, oïr a survécu à l’impératif (« oyez », formule qu’employaient les hérauts), dans l’expression « par ouï-dire » et dans l’adjectif « inouï ».

« Repaire ». Ce terme provient indirectement du mot latin « patria », ce qui ne saute pas aux yeux. En effet, à côté de « patria » existait le verbe « repatriare » ( rentrer dans sa patrie, rentrer chez soi), lequel avait donné repairier en ancien français, avec le sens premier de revenir dans un endroit familier. Ensuite, par extension, il a signifié demeurer, séjourner. Du coup, le déverbal « repaire »  a pris le sens de ‘retour », « endroit où l’on séjourne », mais aussi de « gîte des animaux sauvages ». A partir du XVII°, on distingue « repaire » (lieu de refuge pour les animaux ou les individus dangereux)  et « repère » (retour à un point déterminé, la marque servant à retrouver un emplacement). Notons pour ce dernier  terme un rapprochement inconscient avec le latin « reperire » (retrouver).

 

« Femme ». Le terme latin « uxor » (femme mariée) avait donné en ancien français « oissour », bientôt remplacé par « moillier » (du latin « mulier » lequel désignait d’abord et plus généralement toute personne de sexe féminin), toujours avec le même sens. Le même étymon a bien entendu donné « mujer » en espagnol. C’est au XV° siècle que « moillier » disparaît à son tour au profit de « femme ». Ce mot est en fait un participe présent passif qui signifiait « qui est sucée, qui allaite » et s’appliquait dans un premier temps exclusivement aux animaux femelles. On rapprochera le terme du verbe « fellare », sucer, lequel a donné « fellation » en français. Comme quoi l’étymologie réserve bien des surprises…

15/09/2013

De la Syrie (3)

La Syrie va donc remettre ses stocks d’armes chimiques à la communauté internationale pour qu’ils soient détruits. Fort bien.

Sauf que ce n’est pas l’armée syrienne qui a utilisé ces armes récemment à Damas.

Ce qui veut dire que d’autres (en l’occurrence les rebelles) ont toujours des armes chimiques (on a d’ailleurs trouvé dans des tunnels différentes substances toxiques provenant d’Europe ou des pays du golfe), qu’ils se sont vantés sur des vidéos qu’ils les utiliseraient et qu’ils les ont d’ailleurs déjà utilisées dans les combats récents (voir les déclarations de Carla del Ponte).

Rien n’est donc résolu sur le fond et demain d’autres enfants pourraient très bien mourir après avoir été gazés, surtout s’ils sont kurdes, chrétiens, chiites ou alaouites. Mais il semblerait que pour Washington, seul le gaz détenu par Bachar el Assad soit dangereux. C’est en tout cas ce que pense son allié israélien, qui a finalement moins peur d’Assad que des rebelles. En effet, si ceux-ci finissent par remporter la victoire, ils auront accès aux stocks de l’armée syrienne et rien ne dit qu’ils ne vont pas les utiliser contre Israël.

Donc, ce coup monté pour lequel on n’a pas hésité à massacrer des enfants, permettait à la fois d’affaiblir Assad en bombardant la Syrie et de protéger Israël en allant détruire les fameux stocks d’armes chimiques.

Mais la Russie, qui est décidemment très forte ces derniers temps, et qui veut faire comprendre aux USA qu’ils ne sont plus seuls à diriger le monde, est parvenue à éviter ces frappes américaines en proposant la destruction des stocks syriens (qu’Assad n’utilisait quand même pas pour le moment).

 Comme les Occidentaux  (sauf Hollande, qui avait fait de la chute de Bachar el Assad une priorité de sa campagne électorale, en bon valet d’Israël qu’il est) étaient réticents à intervenir et qu’Obama lui-même semblait un peu hésitant (mais la pression de différents lobbies -à vous de deviner lesquels- l’avaient quand même poussé à vouloir frapper militairement la Syrie), tout le monde s’est emparé de la proposition russe avec soulagement.

Evidemment, ceux qui voulaient la guerre (les pro-israéliens Kerry, Hollande et Fabius) ont tout de suite compris l’opportunité qui s’offrait à eux : ils ont dit en substance : d’accord, on n’intervient pas cette fois-ci et on détruit les armes chimiques, mais au moindre dérapage, on ira bombarder la Syrie en représailles. Assad, à qui on a déjà imputé un massacre qu’il n’a pas commis, a tout de suite compris le piège : une fois ses armes chimiques détruites, les djihadistes gazeront quelques centaines de personnes supplémentaires et on le rendra, lui, une nouvelle fois responsable de ce carnage, ce qui justifiera l’entrée en guerre de l’Occident. Le problème, c’est justement qu’il n’aura plus ses armes chimiques pour se défendre (car s’il avait clairement dit qu’il ne les utiliserait pas contre son peuple, il ne s’était pas caché non qu’en cas d’attaque étrangère contre la Syrie, il y aurait recours).

Donc, si on peut se féliciter que l’attaque contre la Syrie a été ajournée, je me montre quand même un peu pessimiste. Les USA n’avaient pas attaqué l’Irak d’emblée. Ils avaient d’abord affaibli ce pays par une première guerre du golfe, puis par un blocus économique et militaire, et enfin en bombardant régulièrement des zones sensibles pendant plus de 10 ans (tuant au passage des civils, femmes et  enfants compris, en très grand nombre, et faisant certainement plus de victimes qu’Assad n’est supposé en avoir fait à Damas). Ce n’est qu’une fois l’armée irakienne affaiblie qu’ils l’ont affrontée directement. Il en a  été de même avec la Libye, Kadhafi ayant renoncé à un certain moment à se doter de  l’arme atomique contre la promesse américaine de ne pas l’envahir. On a vu ce que ces promesses valaient.

Donc, pour revenir à la Syrie, je suis certes content que ce pays ne soit pas bombardé pour une faute que son gouvernement n’a pas commise (car on sait ce que valent les frappes soi-disant chirurgicales), mais je reste pessimiste pour l’avenir. En effet, ces armes chimiques constituaient quand même une belle dissuasion contre toute attaque terrestre d’une armée étrangère.

En attendant Israël doit rire, puisqu’il voit son vieil ennemi s’affaiblir (n’oublions pas que les missiles atomiques israéliens sont pointés sur la Syrie depuis des années et qu’ils vont le rester). En plus, les stocks d’armes chimiques ne risqueront plus de tomber dans les mains des rebelles, qui auraient pu en faire un mauvais usage. Car une arme chimique n’est mauvaise que lorsqu’elle se retourne contre vous et jamais quand elle tue un ennemi. C’est d’ailleurs pour cela qu’Israël dispose lui aussi d’importants stocks d’armes chimiques. Ce ne sont ni les USA ni les Russes qui le lui reprocheront, car ces deux pays, bien qu’ils aient signé la fameuse convention de 1993, se sont bien gardés de détruire l’entièreté de leurs stocks. On ne sait jamais…

Bon, tout cela c’est très bien, allez-vous me dire, mais votre raisonnement depuis le début repose sur un postulat, celui selon lequel Assad serait  innocent et n’aurait pas commis les crimes qu’on lui impute dans la banlieue de Damas. En effet. Mais si on peut douter de la pertinence de mon raisonnement, moi qui ne suis qu’un petit blogueur anonyme, il est d’autres personnes plus illustres qui disent la même chose et c’est avec une certaine satisfaction que j’ai retrouvé certains de mes arguments chez des militaires de haut grade :

 http://www.voltairenet.org/article180213.html

Enfin, pour terminer, moi qui ai assez souvent fustigé la presse pour ses mensonges délibérés dans l’analyse de la crise syrienne, je voudrais ici rendre hommage à un journaliste courageux de La Voix du Nord, qui ose apostropher son rédacteur en chef de manière assez directe tellement il est écœuré par le discours de ce dernier :

http://www.comite-valmy.org/spip.php?article3896

    

Syrie

 

 

 

13/09/2013

De la Syrie (2)

Que les « preuves » qui accusent le président Assad ou son armée d’avoir utilisé des armes chimiques soient fausses, cela ne fait aucun doute.  En effet, comme l’avait reconnu autrefois le chef du renseignement britannique au sujet de la guerre d’Irak :  « Les renseignements et les preuves sont  arrangés en fonction de la politique ».

Donc, la question qu’on peut légitimement se demander, c’est si Obama reçoit les véritables informations ou si au contraire ses services secrets lui mentent en partie. Car on pourrait très bien imaginer qu’un lobby industriel ait influencé ou corrompu des membres des services secrets afin que ceux-ci falsifient certains rapports, ce qui amènerait le président américain à prendre les décisions qu’ils ont envie qu’il prenne.

Or, les gens qui ont intérêt à voir les Etats-Unis s’engager dans ce conflit sont nombreux.

Tout d’abord, il y a tous les marchands d’armes, qui gagnent leur vie grâce aux guerres.

Ensuite, il y a tous les entrepreneurs  qui pourront aller reconstruire un pays en ruine.

Ne parlons même pas des compagnies pétrolières, qui pourraient mettre la main sur les réserves de gaz syriennes ou même construire un oléoduc qui traverserait ce pays, ce qui éviterait aux bateaux provenant d’Arabie ou d’Irak de devoir emprunter le golfe persique, le mer rouge et le canal de Suez, régions dangereuses s’il en est, surtout ces derniers temps, avec l’instabilité politique qui règne dans la région. 

Il y a enfin et surtout  Israël, qui a toujours souhaité voir le régime d’Assad tomber, d’autant plus que ce régime soutient le Hezbollah.

Que s’est –il vraiment passé dans la banlieue de Damas ? Honnêtement, je n’en sais rien.

Les Américains disent que la responsabilité en revient à Assad ou à son armée. Ils disent avoir « suffisamment » de preuves, mais ils ne les montrent pas.

Assad dit que ce n’est pas lui.

Les Russes disent avoir la preuve (elle a été montrée à l’ONU) que les rebelles ont tiré des missiles juste à l’endroit où a eu lieu le massacre. Rien ne dit cependant que ces missiles contenaient des agents chimiques, mais c’est troublant.

Certains opposants ont critiqué l’Arabie, qui leur aurait envoyé des armes chimiques sans les prévenir et sans leur expliquer comment il fallait s’en servir.  Les morts dans leur camp serait donc dû à un accident de manipulation.

D’autres opposants disent que des groupes radicaux parmi eux auraient provoqué l’incident pour obliger les Etats-Unis à intervenir. Ainsi, ils affirment avoir vu des récipients contenant des produits chimiques qui ont ensuite été ouverts dans la banlieue de Damas.

Dans le même ordre d’idée, on pourrait imaginer que l’Arabie, le Qatar et la Turquie, voyant les Etats-Unis un peu réticents à intervenir,  aient agi dans le même sens.

Il en va de même d’Israël, dont il n’est plus à démontrer que les services secrets sont passés maîtres dans des actions en pays étrangers.

Bref,  on voit que les explications sont multiples et qu’il n’est pas évident du tout qu’Assad soit le responsable de ce massacre, puisqu’il est le seul perdant de cette situation (avec les victimes innocentes, évidemment). 

Bref, la situation est si complexe qu’on ne s’y retrouve plus. On sait aussi que l’Etat israélien, qui n’aime certes pas le gouvernement de Bachar el Assad, n’aime pas d’avantage les djihadistes enragés qui pourraient le remplacer. En d’autres termes, le statu quo actuel, où les deux parties s’affrontent en s’épuisant mutuellement, arrangerait bien Jérusalem. Donc, quand Assad prend le dessus, comme c’est le cas actuellement, il faudrait s’arranger d’une manière ou d’une autre pour que les USA viennent tempérer son ardeur.  L’attaque chimique pourrait donc bien être un coup des services secrets israéliens pour obliger son allié à intervenir. Mais si on commence comme cela, cela n’aura plus de fin. Pourquoi, quand les missiles US s’abattront sur Damas ne pas couler un destroyer américain et accuser l’Iran ? Ce serait une belle manière de se débarrasser de ce voisin gênant.

 

Bon, je fais un peu ici de la politique fiction mais parfois la vérité dépasse la fiction. 

Syrie

08/09/2013

De la Syrie.

Il n’est plus possible de se taire sur ce qui se passe en Syrie. Je veux dire, vous l’aurez compris, sur les mensonges dont le Capital se sert tous les jours pour justifier une intervention armée dont vous, citoyens désargentés, allez payer les frais.

On nous avait dit que le méchant Saddam Hussein  avait des armes de destruction massive. Personne ne les a jamais trouvées, même pas le général  qui avait brandi une fiole de poison devant les députés de l’ONU. Et qu’est devenu l’Irak, depuis que l’Occident l’a libéré d’un tyran et lui a apporté la démocratie ? Je vous laisse le soin de compter le nombre des victimes des attentats quotidiens…

On nous avait dit que Kadhafi avait bombardé sa population qui réclamait un peu de liberté. Un médecin  libyen, exilé à Genève, était monté à la tribune de l’ONU et avait parlé de 6.000 morts. On connaît la suite. L’Otan a bombardé et détruit ce pays, rasant des villes et faisant plus de 70.000 morts. On sait aujourd’hui que ce médecin n’avait d’autres preuves que les dires invérifiables de ses amis restés en Libye, lesquels, depuis, sont devenus ministres dans le nouveau régime qu’ils ont contribué à mettre sur pied par leurs mensonges. Et qu’est devenue la Libye aujourd’hui, ce pays le plus riche d’Afrique qui vivait de son pétrole ? C’est devenu un pays arriéré où des factions diverses se massacrent entre elles, tandis que le groupe Total exploite à son profit les puits de pétrole.

Et maintenant, que nous dit-on à propos de la Syrie ? Toujours la même chose, à savoir qu’un affreux dictateur est entrain de massacrer ses opposants. Ce dictateur serait tellement mauvais qu’il aurait sciemment gazé sa propre population, n’épargnant même pas les enfants. L’Occident généreux, une nouvelle fois, se propose d’aller rétablir la démocratie dans cette région du monde.

Les exemples précédents de l’Irak exsangue et de la Libye anéantie nous demandent pourtant de garder la tête froide et de réfléchir avant de donner notre assentiment à une  intervention armée qui risquerait bien de dégénérer en conflit généralisé (car la Syrie n’est pas seule, elle, étant secondée par l’Iran et la Russie). 

On nous dit que la Syrie possède des armes chimiques. C’est vraisemblable, toutes les armées en ont. Bachar el Assad, cependant, avait dit qu’il ne les utiliserait jamais contre son peuple (ce qui veut dire aussi qu’il pourrait les utiliser contre une agression étrangère si celle-ci devait avoir lieu, car il n’a jamais signé aucune convention de non-utilisation pas plus qu’Israël d’ailleurs). Aurait-il menti ? Rien n’est impossible. Pourtant, quel intérêt aurait-il eu d’utiliser de telles armes chimiques alors que d’une part son armée était en train de remporter la victoire (chaque jour des zones occupées par les soi-disant rebelles – en réalité un ramassis d’intégristes étrangers armés et payés par l’Occident- étaient reconquises) et que d’autre part des enquêteurs de l’ONU étaient justement présents à Damas. Je veux bien admettre qu’Assad soit un dictateur, mais il n’est pas fou et il a prouvé par le passé qu’il savait se montrer très prudent. Quel intérêt aurait-il eu d’utiliser des armes chimiques à dix kilomètres des enquêteurs internationaux ? Surtout que ces derniers venaient suite aux déclarations de Carla del Ponte elle-même, qui avait assuré que c’étaient les rebelles qui s’étaient rendus responsables, précédemment, de tels actes.  L’armée régulière avait en effet découvert des armes chimiques bien dissimulées dans des tunnels qui étaient sous contrôle des djihadistes, armes chimiques qui comme par hasard provenaient d’Arabie, de Turquie et d’Europe.

Bref, les inspecteurs de l’ONU étaient à Damas pour enquêter sur les décès suspects qui avaient déjà eu lieu précédemment. Ils étaient donc à deux doigts de révéler au monde entier que l’Occident avait fourni des armes chimiques à des intégristes enragés et que ceux –ci n’avaient pas hésité à s’en servir. Et voilà que fort à propos survient une nouvelle attaque chimique, immédiatement imputée au régime, celle-là. On parle de 300 morts, de 1.300, de 1.600, les chiffres varient, ce qui prouve bien que rien n’est vraiment sûr ni vérifié. Bref, le monde entier s’alarme (ou plus exactement la presse occidentale, qui appartient aux industriels et aux vendeurs de canons, ne l’oublions pas, alarme le monde entier). L’ordre est donc donné aux inspecteurs de l’ONU de délaisser l’enquête en court et de se rendre sur les lieux du nouveau massacre, survenu comme par hasard au meilleur moment.

Qu’Assad en soit le commanditaire me semble fort improbable car il avait tout à perdre en agissant de la sorte. Par contre, pour ce qui est du camp adverse…

Qu’il y ait eu des morts et même beaucoup, cela ne fait aucun doute. Qu’on ait utilisé des armes chimiques, cela semble évident. Que le gaz ait été du sarin (bien connu de tous à cause de son utilisation lors de la guerre de 14-18), comme on tente de le faire croire pour émouvoir l’opinion, parait au contraire fort peu probable. En effet,  les symptômes dont souffrent  les victimes ne correspondent pas aux symptômes occasionnés par le sarin.

A ce propos, je tiens à signaler l’incohérence des articles publiés lors des premières attaques chimiques (celles que l’on a déjà tenté d’attribuer au régime d’Assad, mais qui selon Carla del Ponte provenaient bien du camp des « rebelles »). J’ai lu que les médecins avaient administré jusqu’à quinze doses d’atropine pour maintenir les victimes en vie. Or, tout citoyen ordinaire qui comme moi a effectué autrefois son service militaire sait qu’au-delà de deux doses, l’atropine est mortelle. C’est pour cela qu’on nous recommandait bien, si on devait jamais administrer une dose à un soldat blessé, de laisser l’ampoule vide bien en vue sur son uniforme, afin qu’une fois celui-ci transporté à l’hôpital, un médecin n’aille pas lui en administrer deux doses supplémentaires, ce qui l’aurait tué immanquablement. Tout cela pour dire que ces articles qui sont supposés recueillir les propos des médecins qui soignent les rebelles ne sont qu’un tissu de mensonges.

Mais revenons à ce qui nous occupe, à savoir la dernière attaque chimique qui a eu lieu, celle pour laquelle Obama et Hollande veulent punir Assad au nom de la morale. On remarquera qu’on nous a surtout montré des enfants. Aucun adulte n’aurait donc été touché ? Où étaient les parents de ces enfants quand les gaz les ont frappés ? Ce sont des questions que je me suis posées mais auxquelles je n’avais pas de réponse. La réponse, horrible, on la trouve peut-être ici :

 http://www.voltairenet.org/article180127.html

http://www.comite-valmy.org/spip.php?article3874

Qu’ajouter après cela ? Ces articles sont-ils mensongers ? C’est possible, mais jusqu’à preuve du contraire je les tiens pour plus véridiques que ceux que l’on trouve dans notre presse. En effet, comme je l’ai déjà dit, Assad n’aurait eu aucun intérêt à utiliser des armes chimiques alors que son armée était tout doucement en train de gagner la guerre. Par contre l’opposition avait tout intérêt à arrêter l’avancée de cette armée en obligeant la communauté internationale à intervenir. Or on sentait Obama assez hésitant sur ce sujet. Malheureusement, il avait prononcé il y a un an une phrase qui se retourne maintenant contre lui. Il avait dit que l’usage d’armes chimiques constituerait une  ligne rouge à ne pas franchir. Il suffisait donc de fabriquer des preuves, d’utiliser des enfants pour cela afin d’émouvoir la planète entière et d’imputer le crime au régime syrien.

Hollande et Cameron, sans même attendre les résultats de l’enquête de l’ONU, décident de partir en guerre. Cameron, cependant, est désavoué par son parlement. Du coup, Obama, qui hésite mais qui n’a pas le choix (car le lobby des armes et le lobby israélien le poussent à passer à l’action), se résigne à intervenir, mais il renvoie la responsabilité de l’attaque à son propre parlement. Hollande se retrouve donc seul, mais fidèle à ses convictions puisqu’il avait déjà annoncé lors de sa campagne électorale qu’il ferait de la chute de Bachar el Assad une priorité de son quinquennat. On ne parlait pourtant pas encore à l’époque d’armes chimiques. En quoi la politique d’Assad menaçait-elle la France ? Je ne dis pas que son régime soit le meilleur qui soit, mais au moins permettait-il aux pratiquants de nombreuses religions différentes de cohabiter en harmonie. Au lieu de cela l’Occident a attisé la haine entre sunnites et chiites, il a armé et entraîné des enragés de Dieu venus des quatre coins de la planète et il leur a demandé de mener cette guerre à sa place. Ceux-ci n’y parvenant finalement pas, il faudra bien intervenir directement. Et pour cela, il faut bien manipuler l’opinion.

 

Mais on pourrait légitimement se demander en quoi l’utilisation  de gaz est plus horrible que l’agent orange répandu au Vietnam  par les Américains ou que les bombes à uranium appauvri utilisées en Irak et en Libye, lesquelles ont contaminé nos propres soldats et qui continuent à contaminer la population de ces pays (voir le nombre effroyable d’enfants qui naissent handicapés). Est-il plus grave de mourir à cause du gaz que de sauter sur une des mines qu’Israël a généreusement laissées derrière lui au Liban ? Tout cela est fort relatif. D’autant que les Américains eux-mêmes avaient fourni à Saddam Hussein tout le gaz qu’il voulait quand il s’agissait de le déverser sur l’Iran (le plus grand crime de ces ennemis des USA étant d’avoir destitué le Shah et d’avoir repris possession de leurs puits de pétrole). Bref, tout cela est fort relatif et on voit que lorsqu’on veut substituer la morale au droit (en attaquant sans accord de l’ONU sous un prétexte humanitaire) il s’agit toujours de la morale du plus fort. 

Syrie

06/09/2013

Qu'est-ce qu'un livre ?


-Est-ce vrai que tu n’as lu aucun de ces livres ?

- Les livres sont assommants.

- Les livres sont des miroirs, et l’on n’y voit que ce que l’on porte en soi-même…

 

 

Carlos Ruiz Zafon, « L’ombre du vent », Grasset, 2004, page 231.

 

Littérature

 

22:55 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

02/09/2013

Le Charroi de Nîmes

On se rend quand même compte, en abordant  une œuvre ancienne comme « Le Charroi de Nîmes », qu’il est parfois difficile d’en saisir le sens exact. Ainsi, dans le cas présent, j’en suis à me demander si cette chanson de geste, comme toutes les autres de la même veine,  vise à glorifier un héros ou si au contraire elle doit être lue au second degré, remettant justement en cause, par l’ironie, les chansons de geste classiques.

Je m’explique.

L’histoire raconte que Guillaume, à qui le roi de France devait tout, est le seul vassal à n’avoir reçu aucun fief en récompense de ses exploits. Furieux, il va s’expliquer avec le roi. Ce dernier tergiverse, puis lui propose de reprendre un fief dont le tenancier est mort. Guillaume refuse pour ne pas déshériter le fils (encore enfant) du chevalier décédé. Alors le roi lui propose d’épouser une veuve qui se trouve à la tête d’un fief. Guillaume refuse pour la même raison (ne pas léser l’enfant issu du premier lit). Finalement, Guillaume se montrant de plus en plus pressant et le roi ne sachant plus que faire, il lui propose un quart de son royaume. Le noble Guillaume refuse de nouveau, tout en rappelant que si Louis est roi, c’est grâce à lui (autrefois, il l’avait fait couronner de force et avait occis les nobles qui s’opposaient à ce couronnement). A la fin, Guillaume trouve lui-même une solution. Puisqu’il n’y a plus de fiefs à distribuer, il ira en conquérir un au détriment des Sarrasins (augmentant du même coup le territoire du roi et celui de la Chrétienté).

Guillaume peut donc être vu comme le vassal idéal. Noble et généreux, il lutte sans arrêt pour son roi et quand ce dernier ne se montre pas à la hauteur de son rôle, loin de le destituer, il s’arrange encore pour accroître son territoire. La chanson de geste pourrait donc être vue comme une apologie de la noblesse, qui doit se montrer respectueuse de l’institution féodale en dépit des faiblesses du suzerain (le roi). En outre, Guillaume n’est pas seulement fort et courageux, il est aussi intelligent puisque c’est par une ruse qu’il parvient à prendre la ville de Nîmes (en appliquant la technique du cheval de Troie)

Mais on pourrait comprendre cette œuvre tout autrement. En effet, elle est pleine d’ironie et doit faire rire les spectateurs qui en écoutent le récit. Ainsi on voit Guillaume entrer dans une colère noire quand il apprend qu’il est le seul à n’avoir reçu aucun fief. Il monte en courant les escaliers du palais et apostrophe le roi qui, à sa vue, se lève (en quoi il sort de son rôle de suzerain, ce qui doit provoquer le rire). A chaque proposition du roi, Guillaume refuse et quitte le palais. Mais à chaque fois il revient et la même scène se reproduit (le roi se lève à son arrivée). Les termes employés sont d’ailleurs identiques :

Voit le li rois, encontre s’est levez,

Puis li a dit : « Guillelmes, quar seez.

-Non ferai, sire dit  Guillelmes le ber,

Mes un petit vorrai a vos parler. »

Dist Looÿs : « Si com vos commandez.

Mien escient, bien serez escoutez

 

Traduction :

L’apercevant, le roi s’est levé à sa rencontre,

puis lui a dit : « Guillaume, asseyez-vous donc.

Non, sire, répond Guillaume le vaillant,

je veux seulement vous dire quelques mots.

A vos ordres, déclare Louis,

à mon avis, vous serez bien écouté.

 

On remarque donc le ridicule de la situation (le roi se lève et obéit aux injonctions de Guillaume). Comme la scène se répète plusieurs fois, elle est franchement comique.  Le roi de France est un personnage ridicule et c’est encore Guillaume qui trouve la solution finale (prendre une nouvelle terre aux sarrasins).

Ce comique de situation, nous le retrouvons plus loin dans le récit. Par exemple, les chevaliers rencontrent un paysan qui revient de Nîmes et ils lui demandent si la cité est bien tenue. Ils veulent savoir si beaucoup de soldats sarrasins en assurent la défense, mais le paysan comprend le terme « tenue » à sa façon et il répond qu’il y a plein de marchandises bon marché à acheter.

Une fois que les chevaliers se sont cachés dans des tonneaux, un des leurs, déguisé en paysan, veut faire avancer les bœufs qui tirent le charriot, mais il n’y arrive pas. Quand enfin ceux-ci se décident à bouger, il les conduit maladroitement dans le fossé.

Enfin, quand les chevaliers français se sont introduits dans la ville de Nîmes, Guillaume, déguisé en marchand, a une conversation des plus comique avec le roi sarrasin, celui-ci faisant allusion à sa propre personne sans savoir qui il a devant lui.

 

Bref, on le voit, le « Charroi de Nîmes » est une œuvre amusante, qui rompt un peu avec le style grandiloquent auquel nous ont habitués des chansons de geste comme la Chanson de Roland. Faut-il donc comprendre qu’elle a été écrite dans le but de se moquer des œuvres antérieures ? Voilà en fait une question à laquelle il est difficile de répondre avec certitude.   

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