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08/03/2011

Forêt

Ce n’étaient que feuilles, branches et futaies,

Troncs lisses, nuages et pluie.

Ce n’étaient que forêts, toujours, et horizons bleus,

Bêtes dissimulées,

Sangliers farouches, cerfs aux aguets, brames et amour.

Ce n’étaient que bruissements et rumeurs

Regards et fuites.

Ce n’était que lune, la nuit, en la clairière offerte

Ce n’était que bleu, partout, au profond du silence.

Puis mort jaune et or, automne, en novembre de brume.

Et encore flocons, quand tombe l’hiver, empreinte du loup,

Tache de sang.

C’était renard au printemps, amour et rage.

C’était bave sur la pierre, dans le village, en plein midi.

Et enfant mort, mordu, perdu,

Enfant d’ici, de la forêt, dedans sa tombe.

Tombe la pluie, sur la lune bleue, en son printemps.

Et les flocons, dedans l’hiver, sur le loup gris.

Regard perdu, mort à l’affut, sang répandu.

Oiseau de nuit, oiseau tout noir, dans la forêt.

Cri éperdu, peur du midi, enfant perdu.

Village de pierres, forêt des morts, cimetière tout gris.

Horizons bleus, sangliers noirs, hordes de nuages.

Ce n’étaient que forêts, toujours, branches et futaies

Ce n’étaient que regards, village perdu, renard d’ici

 

Puis l’enfant mort, dans la pluie bleue, sous sa pierre grise.

Puis l’enfant mort, forêt profonde, oiseau de nuit.

 

Littérature

00:01 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : littérature

Commentaires

J'aime le Kindertotenlied "sauce Feuilly".
Bien amicalement,
P.

Écrit par : Le Photon | 08/03/2011

Merci, mais je serais bien en peine de le transcrire en musique comme Mahler...

Écrit par : Feuilly | 08/03/2011

Ah! encore le loup, cet animal exerce sur vous une fascination incompressible. Je suis sûr que vous avez vu et apprécié le film de Kevin Costner "danse avec les loups". Quelle est la raison de cette fascination?

Écrit par : Halagu | 09/03/2011

Le film de Kevin Costner "danse avec les loups" ? Oui, j’ai aimé. Mais la raison…
Sans doute ceci :

Au pays de mon père on voit des bois sans nombre.
Là des loups font parfois luire leurs yeux dans l’ombre
Eta myrtille est noire au pied du chêne vert.
Noire de profondeur, sur l’étang découvert,
Sous la bise soufflant balsamiquement dure
L’eau saute à petits flots, minéralement pure.
Les villages de pierre ardoisière aux toits bleus
Ont leur pacage et leur labourage autour d’eux.

Paul Verlaine

Il n’y avait plus de loups, dans la grande forêt où je suis né, mais leur souvenir n’était pas effacé ; Ils renvoyaient à des temps plus anciens, pas si éloignés que cela, où la nature avait conservé son aspect sauvage. Cette région forestière est devenue mythique dans mon imaginaire. Le loup en incarne peut-être l’essence, le mystère.

J’ai parlé du loup ici :

http://feuilly.hautetfort.com/archive/2009/02/06/la-cabane-dans-les-bois-1.html

http://feuilly.hautetfort.com/archive/2007/09/07/voyage-au-pays-de-l-enfance.html

http://feuilly.hautetfort.com/archive/2009/10/03/le-conte-du-chaperon-rouge-encore.html

http://feuilly.hautetfort.com/archive/2009/04/27/la-louve.html

Et puis quand la louve se fait femme :

http://feuilly.hautetfort.com/archive/2009/05/04/la-femme-et-la-louve.html

Écrit par : Feuilly | 09/03/2011

Feuillages
Lourds de fatigues engourdies.
Longue
Poursuite d’eau.
Des sèves mortelles rampent
Sous les racines qui
S’allongent
Jusqu’à l’amertume.
Dans la terre devenue
Mère
Les draps recouvrent
Où les mots n’ont plus
Phrases.

Écrit par : Michèle | 09/03/2011

Nice composition!
I like this poem, It Is very well constructed.

Écrit par : Drama Essay | 01/08/2011

Les commentaires sont fermés.