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06/04/2009

Comparaison

Comme l’oiseau qui prend son envol et qui plane tout la-haut dans son éternité,

Comme les bateaux qui quittent le port et prennent le large pour des voyages dont ils ne reviendront pas,

Comme la fontaine qui n’en finit pas de chanter par les beaux jours d’été et dont le murmure se termine en sanglots une fois la nuit venue,

Comme les oliviers qui chuchotent dans les collines andalouses quand le solstice est au rendez-vous,

Comme le duvet de pêche de ta joue quand je la caresse d’un doigt tremblant,

Comme la rosée dans l’herbe fraîche du matin avant qu’elle ne s’évanouisse dans la chaleur du jour,

Comme cette jeune fille aimée autrefois et qui a disparu dans les tourments de la vie,

Comme la neige qui se met à recouvrir la campagne, lentement, lentement, mais aussi sûrement, très sûrement,

Comme la marée qui vient détruire encore une fois le château de sable construit patiemment par l’enfant,

Comme le soleil qui disparaît à l’horizon et qui entraîne le monde entier dans sa mort,

Comme ce chant d’opéra écouté en plein milieu de la nuit alors que la lune s’avance dans sa plénitude,

Comme ces chevaux qui galopent dans la plaine et qui sont encore un peu sauvages,

Comme l’oiseau qui chante au matin, étonné d’être toujours parmi les vivants

Comme la biche atteinte par une balle et qui sait qu’elle va mourir dans un instant,

Comme ces guerres qui par le monde massacrent de parfaits innocents,

Comme tout cela, notre vie s’écoule, heure après heure et nous n’en conservons qu’un poème écrit sous la voûte étoilée de nos rêves. Ce ne sont que quelques vers à lire debout devant le grand espace vide de la nuit.

09:49 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : littérature, poésie

Commentaires

Nous ne faisons pas que remplir l'espace vide de la nuit en lui lisant le poème qu'on écrit à son écoute. Egalement, nous lui donnons sens. C'est d'autant plus essentiel que ce sens-là, les hommes des villes ont tendance encore et toujours à l'égarer.

Écrit par : solko | 06/04/2009

Il faut avoir connu la nuit profonde de la campagne, sans aucun éclairage public, pour savoir ce qu'est vraiment la nuit, plus noire que noire.
Il n'y a que là que la voûte étoilée semble exister, par contraste.

Donner un sens au vide pascalien, oui, je suis d'accord. C'est peut-être pour cela que les dieux nous ont crées (voir par ailleurs le débat sur la religion chez B. Redonnet), pour que nous donnions un sens, par notre regard, sur le monde qu'il ont créé et qui, s'il n'est pas contemplé par quelqu'un, n'offre aucun intérêt.

Écrit par : Feuilly | 06/04/2009

Je ne sais pas toujours apprécier ce que vous décrive qui est de l'ordre de l'infini, grand ou petit. Cependant j'admire ces vers à lire debout...

Écrit par : Myel | 06/04/2009

" Il faut avoir connu la nuit profonde de la campagne, sans aucun éclairage public, pour savoir ce qu'est vraiment la nuit, plus noire que noire"

C'est exactement ça. Dans mon village polonais, je guette souvent l'extinction de cet éclairage. C'est très tôt encore. Le noir est complet et il n'y a de silence que ce qu'on imagine...Puis les yeux s'habituent, juste un peu, juste ce qu'il faut, à l'obscurité. Sans la transpercer. Sans la défroisser. Le monde devient évanescence.
Il y a alors quelque chose qui s'engouffre dans l'âme. Ou plutôt ce qui y occulté dans l'espace diurne qui resurgit. Souvenirs, nostalgies, parfois regrets, espérances, comme si les feux allumés là haut nourissaient quelque chose de notre intimité. De notre non-dit.
Ce sont des moments de solitude sublime.

Écrit par : Bertrand Redonnet | 07/04/2009

Comme le vieux devin aveugle, chez les tragiques grecs, qui de sa nuit éternelle parvenait à prédire l'avenir...
On est forcément seul avec soi-même, dans l'obscurité, alors tout revient à la surface.

On comprend aussi la peur des gens du Moyen-Age avec les bruits de la forêt primitive qui ne pouvaient provenir que de monstres malfaisants.

Écrit par : Feuilly | 07/04/2009

Quand le mistral a balayé le ciel de Camargue, les étoiles semblent accrochées sur un noir profond teinté de bleu indigo au dessus des étangs ... C'est si beau, si grandiose .... J'ai chaque fois à ces moments là l'impression d'être éternelle ....

Écrit par : Débla | 07/04/2009

Mais hélas, même les étoiles ne sont pas éternelles...


http://feuilly.hautetfort.com/archive/2008/02/07/de-la-mort-des-etoiles.html#more

Ce qui n'empêche pas d'en rechercher une. Il arrive même qu'on la trouve, parfois.

http://feuilly.hautetfort.com/archive/2008/10/15/le-chercheur-d-etoiles.html

Écrit par : Feuilly | 07/04/2009

J'avais lu cher Feuilly, j'ai même laissé un petit commentaire sur : chercheur d 'étoile...

Écrit par : Débla | 07/04/2009

Oui, je faisais "remonter" ces textes, histoire de les sortir de leur oubli et de les faire découvrir aux nouveaux venus (ou des les rappeler à ceux et celles qui les ont déjà lus).

Ceci dit, je ne vois point de commentaire signé sous ton nom, Débla.

Écrit par : Feuilly | 07/04/2009

Si si j'y tiens, copié, collé :
La poussière des siècles emportée par le vent dans la chaleur du midi ......C'est une belle image .....
Votre chercheur d'étoile m'émeut beaucoup , en quelques mots trés simples vous me faites toucher l'univers .... Le ciel, la terre , l'eau et la quête de toute une vie .....
C'est trés beau feuilly.....

Ecrit par : Débla | 17.10.2008

Écrit par : Débla | 07/04/2009

Ah oui, je me souviens... Et cela se trouve dans les commentaires, en effet. C'est que je suis parfois distrait...

Écrit par : Feuilly | 07/04/2009

Tout entier à ton étoile mon cher...

Écrit par : michèle pambrun | 07/04/2009

Les commentaires sont fermés.