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07/02/2008

De la mort des étoiles

Certaines étoiles sont si éloignées, nous dit-on, que leur lumière nous parvient seulement aujourd’hui alors qu’elles ont disparu depuis une éternité déjà. Ce phénomène (au sens de phainomai, « apparaître ) fait dire à certains que l’homme est sans doute immortel. Semblable à l’étoile morte, son aura (son âme si on préfère), continuerait d’exister malgré la disparition du corps.
C’est une belle image, mais aussi un beau sophisme, car l’étoile dont je vois la lumière est irrémédiablement morte, disparue à jamais. Certes, elle conserve une certaine existence symbolique puisqu’elle continue de m’éclairer, mais cette illusion n’est que provisoire. Bientôt cette lumière elle-même s’évanouira à son tour et il ne restera que le néant et le vide de l’espace.
Ainsi en va-t-il de l’homme. Certains, parmi les plus chanceux, parviendront pendant un certain temps à maintenir vivace leur souvenir auprès des générations suivantes, puis, petit à petit et inexorablement, cette lumière s’effacera à son tour.

Si on pousse la logique jusqu’au bout, on pourrait même imaginer que l’ensemble des étoiles dont nous voyons les lumières sont déjà mortes. Le ciel nocturne serait alors une illusion absolue, le mirage d’une réalité à jamais révolue. C’est quand on réfléchit de la sorte qu’on se rend compte que le vide pascalien prend tout son sens.


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12:25 Publié dans Errance | Lien permanent | Commentaires (30) | Tags : mort des étoiles

Commentaires

Serions-nous donc des morts vivants ? ;-)

Écrit par : Cigale | 07/02/2008

La vie est un songe (la vida es sueno), disait Calderon de la Barca.

Ceci dit, quand on rélféchit bien:

- nous passons déjà le tiers de notre temps à dormir
- une bonne partie du reste à accomplir des tâches finalement alimentaires (travail, cuisine, repas, courses, travaux, etc.)
- seules quelques heures retent libres, heures que malheureusement beaucoup consacrent à regarder TF1, qui leur offre un miroir d'eux-mêmes.

Donc, si on fait le compte, il reste peu de temps pour réfléchir à notre destinée et accomplir quelque chose qui vaille vraiment la peine.

Écrit par : Feuilly | 08/02/2008

Il est vrai que ce monde n'est qu'une vaste illusion. Malheureusement les illusionnistes sont une poignée face à la masse des gens qui, eux, ne peuvent être que spectateurs.

Mais l'illusion a toujours une fin en soi.

Écrit par : Mathieu Dufain | 08/02/2008

Hou la la Feuilly ne nous feriez-vous pas une petite déprime ces temps-ci ?
Allez, la vie est belle même si elle est courte aux vues de l'univers !
Il fait beau sur la Provence, les oiseaux gazouillent et annoncent un printemps précoce, l'air doux invite aux promenades solitaires et contemplatrices au plus chaud de la journée, les enfants sortent de l'école en piaillant comme des moineaux, les bourgeons des arbres gonflent au soleil, le canal derrière chez moi coule inlassablement depuis plusieurs siècles...

Le Crabe m'a appris une chose : profiter de la vie et de l'instant présent.

Le reste n'est que poussière et vanité...

Écrit par : Cigale | 08/02/2008

Le crabe? Qu'est-ce qu'il vient faire là-dedans?

Écrit par : Feuilly | 08/02/2008

Le crabe ou cancer si vous préférez, donne un autre regard sur la vie car il met en relation directe avec la mort dont vous sentez le doigt glacé.
Il fait prendre conscience de la temporalité des choses et vous pousse à l'essentiel : profiter de la vie présente et des (petits) bonheurs qu'elle apporte.
C'est ce que j'essaie de faire -sans pouvoir y parvenir comme je le souhaiterais - depuis cette rencontre macabre.

Écrit par : Cigale | 08/02/2008

Ah, je comprends mieux. Et je crois que vous avez raison. Mais rassurez-vous, je ne déprime pas. Disons qu'une certaine lucidité naturelle me pousse depuis toujours à ce genre de réflexions, ce qui ne veut pas dire que je ne me sens pas bien.

Écrit par : Feuilly | 08/02/2008

Voilà, juste ce qui me fallait, un lieu de nulle part, un lieu de "rien", de vide absolu, généreux en lumière et en nuit, un lieu de silence, un lieu sans mots, sans nous, un lieu qui palpite dans la solitude de l'espace. J'aime ce lieu au soir de ce jour trop plein de mots, de réflexions. Je mets ici, les voiles basses et je m'allonge sur le pont du na-vie-re face au ciel étoilé, ce cimetière d'étoiles mortes, et je rêve de cette vie qui s'effacera, de cette éternité où nous allons nous dissoudre et cela me repose de toute vanité. Ce texte, cette méditation, je ne les trouve pas tristes mais d'un beau calme de mer étale, d'un temps presque suspendu où nous sommes encore vivants et où nous avons choisi nos compagnons de route que ce soit dans la vie concrète ou virtuelle. Nous avons choisi autour de qui graviteront nos pensées. Cela fait une vraie étoile dans l'immensité de la nuit, capable de mettre au monde d'autres étoiles car s'il y a mort des étoiles, il y a naissance d'étoiles et d'où viennent-elles celles-ci, si ce n'est du chant nuptial de celles qui vont mourir après s'être reconnues et aimées, un instant d'éternité ?

Écrit par : Christiane | 23/08/2008

C'est bien joli tout cela.

Écrit par : Feuilly | 23/08/2008

Je n'ai fait que regarder où j'étais tombée. J'aime bien m'enfoncer dans cette forêt de mots. J'en trouve toujours de la couleur de mes pensées.

Écrit par : Christiane | 23/08/2008

Vous savez, juste avant de revenir à l'écran, il s'est passé quelque chose d'étrange, en rapport avec ces mots. Je m'étais endormie et une image m'a réveillée. Il y avait un livre dont les pages tournaient très vite comme feuilletées par un vent fou. Et quand les pages étaient immobiles, je pouvais lire, tantôt : the end of death, et tantôt : the death of end. C'était étrange car je lis rien en anglais, c'est même une langue que j'ai oubliée et là cette question asymétrique que j'interrogeais quand votre message a clignoté sur l'écran.
"La fin de la mort", ce n'est pas du tout pareil que "la mort de la fin". C'est même l'inverse alors que ce sont les mêmes mots. Dans un cas c'est votre ciel, et dans l'autre le mien...
La fin de la mort ça ne peut être qu'une apparition de la vie... C'est cela que ce rêve me disait en anglais car les mots y étaient plus propices à s'affronter. Quel drôle de rêve... Vous voyez bien que vos mots étaient en suspens, qu'ils m'attiraient justement alors que frémit, partout, la mort de ce poète qui avait disparu, enroulé dans ses mots...

Écrit par : Christiane | 24/08/2008

Etrange.

Mais le fin de la mort, c'est l'éternité tandis que la mort de la fin signifierait qu'il n'y a plus de fin, autrement dit que tout continuerait. C'est la même chose, non?

Votre phrase "chant nuptial de celles qui vont mourir après s'être reconnues et aimées, un instant d'éternité" était très belle. J'aime bien cette idée d'une éternité ephémère, qui est éternelle par l'intensité de la rencontre, par son importance, mais qui est éphémère parce qu'elle ne peut pas durer. Mais elle a existé et rien ne pourra plus jamais faire qu'elle n'a pas existé.

Écrit par : Feuilly | 24/08/2008

J'étais sur votre autre page, découvrant ces très beaux poèmes de Jaccottet. Ils vont bien avec nos étoiles...
Je n'avais pas pensé que la "mort de la fin" puisse ouvrir à l'éternité... je sentais plutôt un effacement, cet autre visage de la mort, ce rien, ce vide, cette dissolution de ces trois lettres, ultimes empreintes du geste qui clôt.
Je crois que vous ne connaissez pas tout de l'éphémère. Bien sûr qu'il dure ! C'est comme être sous le globe du ciel, vertige...
Saint Augustin, sur le balcon à Ostie à vécu cela qu'il appela extase, idem pour Proust avec ce passé rappelé sur une voix aimée, qui vient fragmenter le présent imaginaire...Ou Duras écrivant "tu me tues, tu me fais du bien".
Tout est dans la coïncidence qui fait s'ébouler le temps, exploser la durée. Ainsi en est-il du chant d'hyménée des étoiles que vous avez aimé.
"L'amour est plus fort que la mort" dit le cantique.
C'est aussi la légende d'Orphée...
Je crois que vous êtes trop raisonnable ! Regardez, "l'homme qui marche" de Rodin, ce léger déséquilibre qui le met dans le mouvement de la marche. J'ai envie de vous soulever le pied comme cela , très légèrement. Vous allez avoir peur de tomber alors que vous devancerez, juste ce qu'il faut, le temps, pour être en avance sur son écoulement. Si le temps ne vous rattrape pas, alors vous entrez dans l'éternité tout en étant dans l'éphémère. Ce n'est pas difficile, il faut désapprendre et rêver. Et nous avons tout le temps de rêver, n'est-ce pas ? La mort n'est qu'un faux-pas, il faut "lui faire gravir le ciel"...et le ciel est en nous...
Ah, Feuilly, comme j'aime bavarder avec vous ! Vous êtes juste assez fou et assez sage pour que mes mots puissent survivre un instant. Un instant... ne jamais demander plus... et puis soulever légèrement le pied !

Écrit par : Christiane | 24/08/2008

Je relis tout cela. Pourquoi ces mots venus troubler le silence des étoiles. Ce que je préfère, c'est quand tout était intact. Le premier texte et votre question. Après, il y a eu ce rêve étrange et cette alternance de deux mots: "mort" et "fin". Et tout ce questionnement sur l'éphémère. Je crois que c'est à cause de la mort. Votre question sur l'éternité, au lieu de m'éloigner de cette peur, m'y a chevillée. L'éternité ? Si on ne l'apprivoise pas par quelque facétie, vous glace le sang.
L'éternité c'est une condamnation immobile, sans début et sans fin, un oubli des dieux, un trou dans le temps. Je ne l'aime pas, je préfère l'éphémère, plus rassurant, avec sa naissance de chrysalide et sa mort de papillon. C'est pour cela que j'ai inventé une éternité qui serait juste un petit peu plus que l'éphémère. C'est aussi à cause du crabe de cigale. Je n'ai pas pu ne pas lire et cela m'a rendu triste. Je me demande où elle en est de ce combat...
Tous ces mots sont nés de vos étoiles mortes, épinglées là-haut comme "la chute d'étoiles " d'Anselm Kiefer. Lui, c'est un travail de deuil qu'il fait en labourant ces immenses champs des camps de la mort...où d'autres étoiles numérotées roulaient leurs cendres comme dans une poésie de Celan.
Fils de fer barbelés, roses séchées, numéros tatoués... l'éternité berce ces morts-là parce qu'ils n'ont pas eu de sépulture...constellations mélancoliques...mémoires...infini cosmique...
La Mélancolie de Dûrer veille, sombre et obstinée, au seuil de l'oubli... On ne peut pas oublier...et vous aviez écrit cela là-haut...
Alors j'ai écrit, à mon tour, tous ces mots, un peu absurdes, pour qu'il se passe quelque chose dans votre ciel insondable, comme un enfant qui ne veut pas s'abandonner au sommeil et qui murmure : - raconte encore...
" La tombe creusée dans le ciel, les étoiles qui tressaillent...Il va faire noir..." écrit Celan.
Et puis il y a eu la mort de Tony Duvert et toutes ces morts évoquées dans les commentaires du jour, chez Pierre.
"La paille ne brillait plus entre les pierres" comme dans le poème de Jaccottet, elle flambait, ombres noires brûlées, mémoire de la violence destructrice de la mort...
Avec vos mots et vos questions vous m'avez aidée à franchir cet interdit. Les suaires des poètes sont faits de leurs mots devenus muets. Seule l'intrépidité du regard d'enfance peut ensemencer ce travail de mémoire de quelque chose de neuf, peut rompre le silence et cette hostilité des étoiles mortes. Dédale, Thésée et le Minotaure, réunis... L'espérance déliera l'exil et l'échec, dans votre coeur de poète, si le présent rejoint le passé. l'Histoire pourra reprendre à nouveau et l'éternité se fracasser avec ses anges mélancoliques.
Il faut associer librement les mots comme on le fait quand le sommeil rend tout absurde et brise les lois du temps. J'avais besoin de remettre une lumière vivante dans chacune de vos étoiles mortes et pour cela, il fallait remonter le temps...sauver l'Histoire.
Margaret, exilée à New-York, écrivait à son frère Ludwig (Wittgenstein) ces mots, dans une tentative désespérée d'arrêter la marche du temps. Je vous les adresse en ce matin tout neuf :
"Sommes-nous vraiment en désaccord sur les principes ? Je ne le crois pas. Il y a un profond désaccord entre nous mais aussi un accord profond. Je le sens mais je ne suis pas assez intelligente pour faire plus que le sentir..." Gretl - 12 mai 1945
Voilà, les étoiles pâlissent, le jour se lève et je sens que nos étoiles sont accordées. Nous allons faire des mathématiques pour nous consoler. Bonne journée.

Écrit par : Christiane | 24/08/2008

" Si le temps ne vous rattrape pas, alors vous entrez dans l'éternité tout en étant dans l'éphémère." Oui, cela fonctionne assez bien jusqu'au jour où le temps nous rattrape tout de même.

Pour Cigale et son combat, je crois que cela va. Elle parle parfois de son expérience sur son site.

"toutes ces morts évoquées dans les commentaires du jour, chez Pierre." Heu... vous parlez de qui?

Écrit par : Feuilly | 24/08/2008

Pierre ?..Vous devez connaître... Assouline (blog Le Monde)... Il vous ressemble, un peu...même beaucoup...
La mort de Tony Duvert était évoquée dans son billet, hier, et cela a déchaîné beaucoup de passions, comme vous pouvez l'imaginer. J'ai trouvé que Pierre (Assouline) avait eu du cran. Pas facile d'évoquer l'oeuvre (pour moi non lue) de cet homme...
J'aimerais bien découvrir le site de Cigale. Est-il quelque part indiqué, chez vous ? Il semble, à vous lire, qu'elle soit en train de gagner cette bataille et ça c'est une belle victoire.
Oui, le temps finit par nous rattraper... c'est pour cela qu'il faut faire route avec lui ! J'habite depuis si longtemps l'idée de la mort qu'elle ne m'étonne plus mais je redoute le moment où il faudra la vivre, comme chacun , je suppose... Après, je n'imagine rien, je n'attends rien, trop occupée à explorer et partager l'ici-bas...
Pourquoi n'y a-t-il pas une plage de réflexion mathématique dans votre index ?

Écrit par : Christiane | 24/08/2008

Diable, je voulais vous répondre en donnant l'adresse de Cigale et tout s'est effacé. Il n'y a plus moyen, dans les commentaires, d'envoyer des adresses mail ou des adresses de messageries.

Sinon, je en vpis pas trop le rapport entre Assouline et moi. Je le connais surtout comme le biographe de Simenon. Pour le reste, ses positions sur son blogue me faisaient un peu penser à BHL.

Les mathématiques? J'ingoraos que vous eussiez cette passion (c'est beau quand même l'emploi du subjonctif. Hélas, cela devient pomppeux ou ironique quand on l'emploie).

Écrit par : Feuilly | 24/08/2008

Bon, laissons de côté le rapport entre Assouline et vous, il me concerne plus que vous puisque vous êtes les deux blogs qui me sont devenus quotidiens.
Parlons des mathématiques (vos subjonctifs c'est délirant !).
Je détestais les maths quand j'étais élève, j'ai donc essayé de passionner mes petits élèves à tout ce qui s'y rapporterait et ce faisant, je me suis passionnée tardivement pour ce domaine qui rassemble. J'ai aimé voir comment le nombre, la quantité, l'arithmétique se mettaient en place dans l'univers des enfants. Ce sont les premières règles qui structurent leur intelligence. Ce sont celles de la bonne entente, les premiers jeux qui les passionnent, la régularité qui vient ordonner le chaos de leurs pensées, l'approche du rythme, de la musique, l'approche sans risque du vrai et du faux, l'approche de l'erreur, des régularités auxquelles ils sont sensibles. C'est aussi la découverte des règles qui structurent...
Si nous avions eu 6 doigts à chaque main, ou 4 , tout aurait été différent...
Et vous qui parliez d'éternité, que ressentez-vous dans cette petite salle ronde du Palais de la Découverte où se déroule le développement du rapport 3'14...qui ne sera jamais terminé...
Comme vous êtes curieux de tout je n'aurais pas été étonnée de trouver une de vos réflexions sur ce grand domaine de jouissance intellectuelle...
Dommage pour le blog de Cigale, je crois que j'aurais aimé...

Écrit par : Christiane | 25/08/2008

Vous n'avez jamais rêvé au nombre d'or ? Je pense que l'harmonie de ce monde est mathématique parce qu'elle est reposante comme un tissage, une tapisserie, qui patiemment croise ses fils sur un rythme binaire ou sur un algorythme.
Souvenez-vous, votre joie d'enfant quand vous avez pu dérouler la suite des nombres, reprenant votre souffle aux paliers des dizaines et votre étonnement devant ces grands nombres illisibles , irraisonnables, avec leur suite de zéros précédés du chiffre "un" qui les faisaient écraser un passé immédiat de "9" devenus valets des centaines, des mille, des milliers et plus tard, les nombres négatifs ! C'est quelque chose, ça, les nombres négatifs ! Puis les sortilèges de la géométrie, la jouissance des angles droits,aigus, ouverts, les cercles gracieux du compas traçant les roues des trains comme les rosaces... et enfin, la géométrie dans l'espace, permettant de creuser les apparences trompeuses du monde sans profondeur d'une feuille de papier ! Bond assuré vers les peintres cubistes...
Mathématiques encore, les rimes, les vers à pieds avec ou sans alcool (tout dépend d'Apollinaire), les strophes, les acrostiches...
Les parallèles, les rails du train, les piliers des églises, les rides du visage, les pattes des animaux par 2, 4, 8 , mille pour celui de Desnos, la valse à mille temps de Brel, celui à deux temps de notre coeur, la symétrie et l'asymétrie, l'équilibre d'une composition... une portée, la musique...les symphonies, les concertos, les quintet..., les fugues (même celle de Rimbaud),
le rythme de la marche, le trot puis le galop d'un cheval : mathématique encore.
Un jeu de quilles, une bille qui roule, un tricot (une maille à l'endroit , une autre à l'envers), une corde à sauter qui frappe régulièrement le sol, les comptines des enfants et leurs mains qui claquent accompagnant le rythme, les jeux qui commencent par 1,2,3...incantation gémelle de "Il était une fois...", les jeux de cartes, les devinettes (mon premier...), et Dieu en trois personnes et les Maçons et leur triangle , compas et règles... et l'amour qui rayonne à 2, explose à 3 , meurt à 1...
Mathématiques ? Vous avez dit mathématiques ? Comme c'est bizarre !!!

Écrit par : Christiane | 25/08/2008

Levi-Strauss, dans "La pensée sauvage" montrait bien comment toute notre pensée s'articulait sur une logique binaire (gauche/droite, le jour/la nuit, la vie/la mort, l'homme/la femme, etc.)
A la limite, même nos croyances reposaient sur ce principe simple, sans doute parce que notre intelligence ne pouvait pas aller au-delà.

Écrit par : Feuilly | 25/08/2008

Assouline et moi? Bof, je ne vois pas trop le rapport.

Le blogue de Cigale (qui a oublié de laisser son adresse):
http://babillagesprofonds.hautetfort.com/


La réflexion mathématique? Cela vous passionne vraiment? Je l'ignorais.

Écrit par : Feuilly | 25/08/2008

Bon, me re-voilà après une escapade audonienne , vraie fête de l'amitié ! de 3 nous nous sommes retrouvés 6 et que de souvenirs échangés sur la mémoire locale : passionnant !
Donc P.Assouline et vous ? Voilà que vous revenez à la charge ! Quelques mots pour éclaircir, juste en surface... Vous tenez un blog tous les deux, dont la pensée centrale est aimantée par la littérature, vous vous ouvrez, sans langue de bois, aux problèmes qui vous préoccupent (actualité) et veillez à ce que chacun puisse s'exprimer librement. Vous avez la plume facile, êtes capables d'émotion, d'humour, de colère. Vous êtes des hommes de culture vaste et fine (compliment partagé et donc -joker-). J'aime bien vous lire et écrire chez vous. Ici c'est plus calme , on n'y essuie pas d'ironie malveillante ou d'agressivité (de blogueurs mécontents) : c'est donc très reposant. Autre différence : moins d'intervenants donc plus d'intimité, plus de possibilité de dialoguer et d'aller au fond des choses. De plus, Pierre A, intervient peu dans son blog, ici vous êtes vraiment présent et c'est très agréable. Bon, voilà... On passe à autre chose ?

J'aime beaucoup ce que vous m'apprenez de la pensée de Lévi-Strauss, j'ignorais, c'est intéressant.
Si j'aime les mathématiques ? Je ne sais pas... Pas pour en faire (car là, c'est la, c'est la Berezina !) mais pour trouver ses traces dans le monde et la concevoir comme un langage apaisant. Je crois que je dois beaucoup de cette passion tardive à la lecture de Wittgenstein. Mais ma réflexion est très modeste et vole au ras des pâquerettes, comme vous avez pu en juger ! Mais quelque chose se cache là que je commence tout juste (4 ou 5 ans) à explorer. Mon petit-fils est passionné par les maths. Il compte très vite, a le sens de stratégies que je n'avais certes pas à son âge. J'aime être attentif au cheminement de sa pensée. A 10 ans (et demie !!!) ,il m'apprend beaucoup de choses et moi je l'entraîne sur des pistes où les maths sont espiègles ! A vrai dire, c'est cela qui m'intéresse : les failles de ces lois rituelles. Et puis L.W a écrit quelque chose qui entre juste dans mes pensées et qui m'éblouit... et j'aurais aimé en parler avec vous.
"Pourrait-il exister une arithmétique sans unanimité sur ceux qui comptent ? Un homme seul pourrait-il compter ? Un homme seul pourrait-il suivre une règle " (349 - Remarques sur les fondements des mathématiques 6 ouvrage complexes que je parcours sur les plates-bandes n'ayant aucun talent pour rester dans la voie du milieu !)
Si cela vous dit, qu'en pensez-vous ?

Écrit par : Christiane | 25/08/2008

"Donc P.Assouline et vous ? Voilà que vous revenez à la charge "
Non, c'est Hautetfort qui envoie un message déjà envoyé, mais avec l'adresse d'un site en annexe. Voir sujet du jour: "détail pratique".

Les mathématiques? Dites toujours, on verra bien.

Écrit par : Feuilly | 25/08/2008

Désolée pour la première question, ce n'était pas évident !!! J'ai reçu moi-même des suivis des coms, plusieurs heures après leur émission sur votre blog, je n'y comprenais plus rien.
La question qui me préoccupe est dans la naissance de ces conventions qui ont présidé aux premières lois mathématiques, certainement pour le troc, l'échange puis le commerce... Les humains avaient 10 doigts d'où je suppose le système des dizaines, le rapport au corps. Un homme seul aurait-il besoin de compter ? oui, si sa solitude succède à cet apprentissage, non, je crois dans le cas inverse. Donc, ce système va envahir le lien social puis les arts (architecture) puis la langue... Est-il infaillible ? les lois sociales sont-elles construites sur le même fonctionnement (assurance qu'il n'y a qu'une seule solution et qu'elle est irréfutable, prouvable) justement non, à cause du langage qui lui est source d'erreur, de quiproquos, mais aussi parce que les lois sociales sont faites pour un groupe, par ce groupe et qu'elles peuvent être mal ajustées à un autre groupe social, voire à l'individu isolé ou marginal.
Oh, tout cela me fatigue soudain. J'aurais envie d'être ailleurs, un lieu sans écran comme ce matin avec mes amis, mais avec vous, Cigale, Bertrand, et quelques autre amis de votre blog et laisser ce qui nous entoure et ce que nous sommes faire qu'il y ait des mots ou du silence.
C'est tellement surprenant que vous soyez tellement attentif à ce que nous écrivons, les uns et les autres, et que vous vous impliquiez ainsi dans les réponses. Mais comme c'est difficile d'approfondir une parole destinée à un tiers sans suivre sur son visage et dans son regard comment ces paroles cheminent en lui. Ce matin, par exemple quand nous parlions, c'était facile. Ici, on se trouve enfermé dans notre pensée , on en fait un bloc compact qu'on soumet à l'autre. J'aime d'ailleurs quand vous nous renvoyez les paroles fragmentées avec vos impressions intercalées, c'est plus clair, plus facile à suivre mais là on ne peut pas (en période de questionnement) sinon, il faudrait des centaines de post et autant d'attente pour des centaines de réponses... Ah, Feuilly, plus on "descend" plus on échappe à une pensée suivant le cheminement de l'autre , plus on s'enferme sur sa propre pensée.; J'aimerais vraiment rester dans l'échange alors je vais attendre votre pensée sur tout cela, avant d'aller plus loin...
Un souci soudain comme un pincement au coeur : est-ce que je n'écris pas trop et trop longuement sur ce blog qui est le vôtre ? Dites cela aussi...

Écrit par : Christiane | 25/08/2008

Voilà, j'ai trouvé? page 266 à 269 - chapitre XX - Les Confessions - Saint Augustin- Alors ça c'est un délice !
"... Si le futur et le passé existent, je veux savoir où ils sont...Ce mystérieux pressentiment de l'avenir, on ne peut voir que ce qui est. Or ce qui est déjà n'est pas futur mais présent. Lorsqu'on déclare voir l'avenir, ce que l'on voit, ce ne sont pas les évènements eux-mêmes, qui ne sont pas encore, autrement dit qui sont futurs, ce sont leurs causes ou peut-être les signes qui les annoncent et qui les uns et les autres existent déjà...L'avenir n'est donc pas encore ; s'il n'est pas encore, il n'est pas et s'il n'est pas il ne peut absolument pas se voir...
Ce qui m'apparaît maintenant avec la clarté de l'évidence, c'est que ni l'avenir, ni le passé n'existent. ...
Il y a trois temps, le passé, le présent et l'avenir ... Peut-être dira-t-on plus justement : Il y a trois temps : le présent du passé, le présent du présent, le présent du futur....
Le présent du passé, c'est la mémoire ; le présent du présent, c'est l'intuition directe ; le présent de l'avenir, c'est l'attente...."
C'est bien, hein !

Et pour vous faire sourire ! (Du même)
"Que faisait Dieu avant de créer le ciel et la terre ?...Je ne veux pas répondre ce que répondit plaisamment quelqu'un pour éluder la difficulté du problème : "Il préparait des supplices à ceux qui qui scrutent ces profonds mystères."... Plus me plaît de dire : "je ne sais pas...il ne faisait rien."
Comment des siècles innombrables auraient-ils pu passer, puisque vous l'auteur et le créateur vous ne les aviez pas encore faits ? Y aurait-il eu une durée, si vous ne l'aviez pas créée ? Et comment se serait-elle déroulée, si elle n'avait jamais existé ?..."(page 263)

Et voilà , j'ai trouvé pourquoi le ciel est vide. En admettant que Dieu existait, il accueillit Saint-Augustin, en grandes pompes au Paradis. Et là, devant ce genre de questions, il a pris sa valise et a décampé avec une migraine pas possible ! En plus, il ne savait pas répondre !!!!

Écrit par : Christiane | 25/08/2008

Visiblement, dans les mathématiques, c’est la notion d’équilibre qui vous fascine. Il est vrai que le plaisir que l’on ressent en écoutant de la musique vient précisément de cet équilibre et je veux bien admettre qu’il est mathématique. Personnellement, j’étais plutôt fasciné par ces nombres qui s’en allaient à l’infini (compter de plus en plus vite jusqu’à atteindre des chiffres qu’on ne pourra même plus nommer), comme les droites qui partaient pour ne plus jamais revenir ( venant d’un lieu inconnu à gauche et s’éloignant vers la droite pour toujours) et puis ce point d’intersection, moment privilégié et ô combien improbable.

Un homme seul comptera-t-il ? Pourquoi pas ? Il comptera au moins jusque deux : le jour, le nuit ; un homme, un animal ; un homme, une femme (qu’il imaginera).

Le problème des mathématiques, c’est qu’elles e donnent pour exactes, or rien ne me semble immuable quand il s’agit des hommes. Du coup, elles forment une science en dehors de l’humanité, qui vit pour elle-même et qui à ce titre m’inquiète un peu. A la limite, je voudrais pouvoir prouver certains jours que 2 et 2 peuvent faire 5 dans certaines circonstances.

Il y a quelque chose de glacial dans les maths, quelque chose qui tient du vide sidéral et de la non-vie. Je suis moi dans l’éphémère et le changement ou plus exactement dans la subjectivité. Regardez notre débat sur le Dalaï-Lama. Chacun a son point de vue. Je pense évidemment que j’ai raison mais le point de vue de Cigale peut être vrai pour elle. Elle n’envisageait pas l’aspect politique mais simplement le bien-être que lui avait procuré cette philosophie orientale (descente au plus profond de soi, équilibre justement). Donc, il y a deux vérités, la mienne et la sienne et c’est très bien ainsi. En mathématiques, non, il n’y en a qu’une et cela me dérange un peu.

Maintenant il est certain que la société repose sur cet équilibre des nombres, à commencer par la politique (gauche-droite, mais que de nuances intermédiaires, en fait).

Vous me demandez si vous êtes trop longue ? Je répondrai simplement que je n’aurai pas toujours le temps de répondre aussi longuement.

Sur St Augustin et son futur qui n’existe pas : c’est troublant en effet. On peut imaginer le futur en fonction des événements que l’on voit aujourd’hui (on extrapole par une relation de cause à effet). Pourtant, ce futur est parfois différent. Pourquoi ? Qu’est-ce qui a fait dévier le cours logique et prévisible des événements ? La vie nous échappe donc et nous sommes le jouet des dieux. C’est ce que disaient les Grecs, non ?

Dieu qui crée la durée… Et que se passera-t-il quand tous les soleils se seront éteints, quand toutes les étoiles seront mortes ? Cela pourrait bien arriver un jour. Si la matière disparaît, le temps continuera-t-il à exister ?

Écrit par : Feuilly | 26/08/2008

Comme vous êtes paisible quand vous écrivez. Vous avez réfléchi longtemps et puis les mots s'ordonnent sans hâte. Je ressens comme familière vos deux explorations. Ce que j'aime dans les mathématiques c'est le monde où elles ne font pas, c'est l'anti loi-mathématique, l'exception, ce qui est indocile, non maîtrisable, c'est la vie foisonnant là où on ne l'attendait pas, ce que vous venez exactement d'écrire ici. J'aurais été tellement déçue que vous préfériez les jardins à la française et la symétrie. Parfois j'approche une vérité par son contraire pour être certaine d'être incertaine, pour ne garder que la perle rare... Comprenne qui pourra, c'est mon mentir-vrai, mon ultime défense, la couleur du caméléon, le double que l'on s'invente comme un rempart quand on a peur, le jumeau qui nous a manqué toute la vie. Et vous vous passez et comme Jeanne d'Arc vous allez vers votre vrai interlocuteur et laisser le faire-semblant... Pourtant il n'y avait là aucune duperie seulement deux chemins dont un seul menait à la maison...
"Alors, les épines ça ne sert à rien ?"

Écrit par : Christiane | 26/08/2008

Les jardins à la française sont trop beaux. Leur symétrie exemplaire empêche de les aimer. Ils ne sont qu'un faire-valoir pour mettre le château qu'ils entourent en évidence, autrement dit pour mettre le prestige d'une classe sociale en avant.

Je suis pour les paysages sauvages et les forêts profondes. Je peux alors fouler un sol où nul chemin n'est tracé. C'est ma liberté à moi.

Les mathématiques, au contraire, m'obligent à prendre le chemin tracé par d'autres et suivi par tous. Il n'y a qu'un chemin.

Alors et le temps, vous n'avez pas répondu. Existait-il avant le "big-bang"? Existera-t-il après, lorsque tout se sera évanoui?

Écrit par : Feuilly | 26/08/2008

Oui et non. Oui, parce que je ne sais pas quoi mettre à sa place... Non, parce que j'aime l'idée qu'il puisse n'y avoir rien à sa place. J'aime l'idée du rien, c'est un pur vertige, une immensité informe et vide, mais un vide sans enveloppe, un effacement complet de tout repère...quelque chose d'immobile, sans début et sans fin, quelque chose qui meurt dans un désir d'être et c'est le big-bang.
Et cette mort, ce désir d'être, c'est le premier tressaillement de l'amour. Au début, il y a l'amour qui n'a pas encore d'objet, une grande force aveugle qui tâtonne dans le vide et qui va rendre le début de tout possible. Et quand cela explose pour "être" enfin, cela fait des milliers de fragments qui se plantent en toutes choses et les aimantent...
J'aime quand vous me parlez, cela m'endort, j'accepte d'avoir confiance...
" Un rond de danse et de douceur
auréole du temps berceau nocturne et sûr..."

Écrit par : Christiane | 26/08/2008

J'aime les dernières phrases de votre texte, là-haut et la photo... mais il fallait tout ce ...temps...Toute cette liberté...tout ce doute...pour que je me rapproche...

Écrit par : Christiane | 26/08/2008

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