Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/11/2013

Brouillard

Ce matin, le brouillard était là, un brouillard épais, qui avait grignoté le paysage. Les lointains avaient disparu et avec eux la belle forêt de hêtres qui barrait l’horizon.  La ferme au bout du petit chemin n’était plus là non plus, pas plus que les pâtures où rêvaient les chevaux.  Des haies qui clôturent mon jardin, on ne devinait que quelques feuilles, encore fallait-il écarquiller longtemps les yeux et avoir beaucoup d’imagination. Aucun bruit, aucun chant d’oiseau, rien. Tout était mort.

Quand j’ai ouvert la porte de la maison, il m’a semblé être devant un mur. On ne distinguait aucun objet à plus de trois mètres. Je me suis avancé lentement dans cette brume étrange, me demandant si je n’étais pas le dernier habitant encore en vie dans le village. Même les chats n’étaient plus là, eux qui d’habitude accouraient quand je mettais le nez dehors.  J’ai foulé l’herbe humide de la pelouse et me suis dirigé à tâtons vers la barrière. En me retournant, j’ai vu que la maison, elle aussi, avait disparu. Il me fallut garder mon calme pour continuer malgré tout. Enfin, après avoir hésité un peu, je suis arrivé près de la boîte aux lettres. Comme d’habitude, elle était vide, désespérément vide. Aucune lettre, aucune carte, rien.

Alors j’ai rebroussé chemin comme j’ai pu. En hésitant,  j’ai retrouvé la maison et son seuil. J’ai refermé la porte derrière moi et me suis assis près du feu. Les flammes brillaient dans l’âtre, comme si toute la vie du dehors s’était réfugiée là, comme s’il ne restait plus au monde que ces trois bûches incandescentes qui bientôt seraient réduites en cendres.

J’ai pris un livre que je n’ai pas ouvert et j’ai écouté le silence. Le grand silence des jours de brouillard, où même les facteurs ne trouvent plus leur chemin.

Littérature

00:25 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : littérature

18/11/2013

Il y avait...

Il y avait la forêt, la grande forêt profonde.

Il y avait des champs et des prairies, dans la chaleur de l’été.

Il y avait des fermes, rien que des fermes, qui avaient fini par former un village.

Il y avait une rivière, qui sautait sur les cailloux.

Il y avait un pont avec deux  arches, d’où je regardais passer l’eau.

Il y avait le long de la berge, des arbres centenaires qui avaient toujours été là.

Il y avait le vent dans leurs branches et ce chant que je n’ai jamais oublié.

Il y avait l’église et son vieux cimetière, au centre de tout.

Il y avait un jardin devant l’épicerie, avec des centaines de papillons volant de fleur en fleur.

Il y avait une fille de mon âge dont le corsage entrouvert m’intriguait beaucoup.

Il y avait un vieux cheval qui s’en allait débarder aux bois.

Il y avait des nuits noires avec des milliers d’étoiles.

Il y avait la lune, parfois, qui faisait luire les toits d’ardoise.

Il y avait dans la forêt des sentiers mystérieux qui menaient vers l’inconnu.

Il y avait des bêtes furtives, qu’on entendait parfois.

Il y avait toujours dans la boue la trace de leurs pas.

Il y avait en automne, le brame des cerfs qui résonnait dans les lointains. 

Il y avait la forêt, la grande forêt profonde.


Images Internet

LittératureLittérature

00:05 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : littérature

08/11/2013

La mer

Il aimait la mer comme d’autres aimaient les femmes et trouvait dans les immensités océanes ce que d’autres cherchaient dans des yeux bleus ou verts.

La grande plaine liquide, ses vagues ondulantes, ses senteurs troublantes, tout le fascinait, jusqu’aux tempêtes rageuses qui parfois venaient se fracasser contre les rochers, les enlaçant dans des remous redoutables.

Le va et vient des marées, surtout, l’intriguait et il cherchait à comprendre quel plaisir la nature trouvait à ce jeu sans cesse recommencé.  La mer avançait, conquérante et lascive, pour toujours revenir en arrière, avant de repartir à l’assaut de ces rivages inaccessibles qu’elle semblait vouloir posséder sans y arriver jamais.

Souvent, il s’asseyait sur le sable et regardait dans le ciel pur le vol des cormorans, dont les cris pleins de désespoir convenaient bien à son âme sombre et ombrageuse.  

Ou bien il parcourait la plage infinie, rêvant à changer de vie, et ses pieds, sur le sable humide, laissaient des traces qui s’effaçaient  aussitôt.  

A l’horizon, dans des lointains improbables, passait parfois un bateau, seule présence humaine dans cette immensité. Alors il songeait à des voyages lointains, se demandant soudain si la mer, sous d’autres cieux, avait la même couleur, cette couleur verte ou bleue que d’autres trouvaient dans les yeux des femmes.   

 

littérature

10:00 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : littérature