18/11/2013
Il y avait...
Il y avait la forêt, la grande forêt profonde.
Il y avait des champs et des prairies, dans la chaleur de l’été.
Il y avait des fermes, rien que des fermes, qui avaient fini par former un village.
Il y avait une rivière, qui sautait sur les cailloux.
Il y avait un pont avec deux arches, d’où je regardais passer l’eau.
Il y avait le long de la berge, des arbres centenaires qui avaient toujours été là.
Il y avait le vent dans leurs branches et ce chant que je n’ai jamais oublié.
Il y avait l’église et son vieux cimetière, au centre de tout.
Il y avait un jardin devant l’épicerie, avec des centaines de papillons volant de fleur en fleur.
Il y avait une fille de mon âge dont le corsage entrouvert m’intriguait beaucoup.
Il y avait un vieux cheval qui s’en allait débarder aux bois.
Il y avait des nuits noires avec des milliers d’étoiles.
Il y avait la lune, parfois, qui faisait luire les toits d’ardoise.
Il y avait dans la forêt des sentiers mystérieux qui menaient vers l’inconnu.
Il y avait des bêtes furtives, qu’on entendait parfois.
Il y avait toujours dans la boue la trace de leurs pas.
Il y avait en automne, le brame des cerfs qui résonnait dans les lointains.
Il y avait la forêt, la grande forêt profonde.
Images Internet
00:05 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : littérature
Commentaires
Voilà une veine d'écriture qui secoue les tripes : parce qu'on a qu'un seul pays, celui de son enfance.
C'est en trempant sa plume dans cet encrier que l'on a laissé derrière soi, que sortent les mots justes, les mots de l'archéologie personnelle. En tout cas, c'est avec cette encre que je me délecte le plus
Très beau. J'aime beaucoup.
Écrit par : Bertrand | 18/11/2013
Merci, merci :))
Écrit par : Feuilly | 18/11/2013
C'est beau, c'est plein d'humanité, c'est plein d'intimité, c'est très visuel et cela touche la mémoire , là où elle est vulnérable. Tout cet univers autour d'une forêt comme centre de création !
Écrit par : saravati | 18/11/2013
@ saravati : visuel, oui, c'est ce que je recherchais avec cette énumération de "il y avait". Faire voir ce que j'avais autrefois ressenti et qui est resté en moi.
Écrit par : Feuilly | 18/11/2013
Et ça continue, les petits poèmes en prose. Super-visuel, oui ! Un tableau d'intense déjà vu, mais c'est en vain que j'ai cherché dans ma mémoire septuagénaire et sur Internet une illustration aussi riche, complète et poétique d'un ressenti. Supériorité de l'écrit sur la photo ou la peinture. On croirait y être né, y a avoir grandi et y vivre encore, même quand d'un vieux citadin sédentaire, c'est l'esprit qui extrapole, l'imagination qui voyage et le coeur qui ressent. Bravo !
Écrit par : giulio | 20/11/2013
@ Giulio : supériorité de l'écrit, assurément, qui peut décrire et détailler à son aise, même si ici c'est très visuel, en effet.
"On croirait y ête né" ? C'est peut-être le cas, du moins en rêve :))
Écrit par : Feuilly | 21/11/2013
Salut,
Je passe par ici vite fait depuis la page de Bertrand.
Ces pages m'ont l'air pleines de promesses... Je fais un petit tour.
A bientôt! ;-)
Écrit par : Lesly | 23/11/2013
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