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30/03/2010

obscurité (16)

 

 

Rue_du_Consulat_Limoges.jpg

Limoges

07:45 Publié dans Prose | Lien permanent | Commentaires (29) | Tags : littérature

Commentaires

Ils ont la serrure et le vieux monsieur a la clef...
La vie, un perpétuel apprentissage.

Écrit par : Michèle | 30/03/2010

Symbolique de la clef et de la serrure, en effet.
La clef qui ouvre les portes de la connaissance de la vie? Mais en se promenant avec une serrure pour vouloir la changer, on pourrait dire que c'est tricher alors? Que c'est détourner la difficulté... C'est un peu ce qu'il font, en vivant une vie parallèle rien qu'à eux et en investissant la maison des autres.

Écrit par : Feuilly | 30/03/2010

Ils font ce qu'ils peuvent et c'est déjà pas mal. J'y reviendrai.

Écrit par : Michèle | 30/03/2010

Combien de temps va pouvoir durer la solution d'habiter cette maison ?

Écrit par : ellesuralune | 30/03/2010

Il fut un temps où ma maison restait ouverte de nuits, comme de jours.
Je n'ai jamais les clé(d'ailleurs je les perd régulièrement), les portes fermées à double tour,sauf, et c'est un paradoxe, quand je vivais en caravane...
Je suis comme tous tes lecteurs cette intrusion dans la maison, poussée par l'urgence de la situation..... En attendant la suite que j'imagine et qui ne sera pas la tienne... Ce qui rend l'attente fébrile !

Écrit par : Débla | 30/03/2010

Je voulais dire, je n'ai jamais aimé les clés......

Écrit par : Débla | 30/03/2010

C'est rigolo, je n'imagine aucune suite. Il y a assez à penser sur le texte offert à notre lecture. La suite, c'est le boulot de l'auteur, quand même ! (sourire)

Écrit par : Michèle | 30/03/2010

Bravo Feuilly; c'est incroyablement vivant. Après la maison non hantée (mais qui sait?), le lac aux fantômes (seulement imaginés?), l'injuste réaction de la mère à bout de nerfs (quel petit garçon affublé d'une petite soeur n'a pas vécu ça!?), c'est du désordre et de la frénésie de la grande ville que surgit le vieux maître d'étape à sa façon un peu magicien, qui impose un répit à la fuite en avant désordonnée et frénétique de la petite famille. Durée de la pause??? D'accord avec Michèle. Je ne veux plus imaginer aucune suite. c'est si beau de se laisser surprendre!

Écrit par : giulio | 30/03/2010

@ tous : « La suite, c'est le boulot de l'auteur, quand même ! » dit Michèle. Voilà qui est bien dit, je trouve et j’approuve (sourire). Il est certain que le séjour dans la maison ne pourra pas être éternel, la vraisemblance même du récit l’impose. En attendant, cela permet de faire une pause dans leur errance géographique. Mais pas dans leur errance existentielle ou événementielle, puisqu’il leur arrive plein d’aventures (le souterrain, les portes récalcitrantes, l’absence d’électricité, la chute dans le lac). Ceci dit, je réalise à l’instant qu’ils sont de nouveau sur la route, malgré l’existence de la maison. Sont-ils condamnés à une errance perpétuelle ? je le crains. Bon, quand j’aurai bien soufflé moi-même, quand j’aurai dit tout ce que j’aurai envie de dire, ils quitteront en effet la maison ou il se passera quelque chose qui régularisera leur situation. Cela, nous le verrons bien quand nous y serons. La suite, il faut que cela corresponde à l‘image inconsciente que je me fais de leur aventure. D’une manière structurelle, en quelque sorte. Je donne un exemple. Dans la maison, ils ont trouvé de l’eau et un lit, mais pas d’électricité. C’est un détail qui s’est imposé à moi de lui-même. Je « sentais » qu’il ne pouvait pas y avoir d’électricité, mais je ne savais pas pourquoi. Après, c’est devenu évident à mes propres yeux. Le thème du récit est l’obscurité, ils devaient donc continuer à se battre contre cela. Car l’obscurité, c’est aussi le destin, le non-sens de la vie (pourquoi le beau-père était-il agressif, par exemple ? C’est incompréhensible, pour l’enfant). Le récit se veut un peu un parcours initiatique, une recherche de la lumière.

Quant au vieux monsieur de ce chapitre, en effet, il impose une sorte de calme, un autre rythme, une autre époque.

Écrit par : Feuilly | 30/03/2010

Plus le texte avance, et plus je me sens traversée par ce qui couve derrière l'histoire qui nous est racontée. Tout se passe comme si l'auteur voulait déchiffrer, découvrir avec nous ce qu'il y a de mystérieux dans les choses, dans la vie, dans les actions humaines ; comme si l'imagination postulait des mondes possibles et impossibles afin de révéler de l'inconnu.
Je serais presque tentée de parler à propos de ce long texte qui en est à son seizième épisode, de "réalisme magique". Car si l'on regarde bien, on ne sait pas d'où ces trois-là sont partis. Jamais nommé le lieu que l'on fuit. Et la modification de l'ordre établi, ce trio qui prend son destin en mains, c'est presque le hasard ; un sursaut de révolte qu'on aurait pu avoir bien avant.
Lorsqu'on fait la liste des éléments prégnants de ce récit, on a la chouette, la forêt, la nuit, le lac et les villages engloutis, les fantômes.
Les petits, l'enfant et Pauline, manquent tomber dans l'eau dangereuse de ce que l'on pourrait voir comme un fleuve d'eau morte, précédant le royaume des morts, au lieu de quoi ils en sortent pleins de vie, comme jadis Achille, trempé dans l'eau invigorante de la Styx, était devenu invulnérable.
Et l'entrée de la maison, cette maison, presqu'une grotte, qu'ils investissent, leur est longtemps dissimulée comme une vulve dans son fourré.
Dans "La nuit sexuelle" (cette nuit éminemment sensorielle, d'où nous venons tous et où nous n'étions pas), Quignard écrit ceci :
Le dieu Achéron coucha avec la nymphe qui s'appelait Obscure - Orphnè - dont il eut la Chouette. La Chouette est la Voyeuse. Sur la peinture qu'il a intitulée "L'Enfer" Bosch écrit "Cave Deus Videt". Aie peur Dieu voit. Chez les anciens Grecs la chouette est représentée comme un homme qui épie. Chez les anciens chinois la chouette est la fille mauvaise. Dès que les ailes lui ont poussé elle cherche à crever les yeux de sa mère pour échapper à sa surveillance.

Dans ce récit "Obscurité", il s'agit de VOIR. Voir le second niveau de mystère en chacun.
"Voir comme on dénude l'autre. Voir comme quand on désobscure ce qui est recelé. Voir comme quand on exhume l'altérité sexuelle." (Les fantômes n'ont pas de sexe).
Voir, un peu comme on regarde par le trou de la serrure.

Écrit par : Michèle | 30/03/2010

Et bien, Michèle, quelle analyse ! J’approuve entièrement ton point de vue…

Oui, quelque part l’imagination permet de révéler des mondes impossibles ou d’inventer d’autres mondes, qui seraient simplement possibles. C’est d’ailleurs pour cela qu’on écrit, non ? Pour dire dans quel monde on aurait voulu vivre, pour dire son monde intérieur, lequel, dans un monde idéal, aurait pu mieux s’exprimer.

Le point de départ reste secret en effet. C’est celui de mon origine à moi. Une part d’ombre que je ne révèle pas. Et cela veut dire aussi le lieu d’où l’on vient, d’où chacun de nous vient. Celui des origines (existentielles ? Sexuelles ?)

Comme éléments prégnants, nous avons en effet la chouette (qui voit dans la nuit et dont le cri renvoie à un désespoir existentiel), la forêt (belle mais inquiétante par son obscurité), les villages engloutis, qui renvoient, comme la maison, à l’Histoire (celle des villageois privés de mémoire puisqu’on a anéanti leurs demeures autrefois. Thème qu’on opposera à la maison, qui elle se souvient de tout : guerres de religions, Révolution, guerre de 14-18) L’Histoire dit ce qui a été et qui n’est plus (thème de la mort donc et en même temps du sens que la vie devrait avoir. Mais elle n’en a pas, puisque tous ces gens qui ont vécu sont tous morts. Ils ne vivent plus que dans notre mémoire et par ce qu’ils ont fait de nous).

Le lac est en effet une eau morte (barrage et non lac naturel, barrage qui a impliqué la mort de huit villages). D’ailleurs Pauline a failli s‘y noyer. Ce n’est pas un hasard si elle parle de fantômes qui vivraient sous l’eau, à la recherche de leur vraie maison engloutie. Toujours ce thème de la maison, donc maison qu’on quitte, maison qu’on recherche désespérément et dans laquelle on finit par s’introduire de force.

Les enfants sortent en effet régénérés de l’eau. Plus loin on retrouve le thème du bateau (la Peugeot au milieu des collines qui est vue comme une caravelle au milieu des vagues, avec ses voiles)

La maison comme matrice primitive ? Le souterrain serait alors une métaphore du sexe de la femme ? Souterrain bien gardé, dans lequel on ne pénètre qu’en en forçant l’entrée. Pourquoi pas ? Cela justifierait alors la scène érotique du bain, qui en serait comme l’accomplissement.

La chouette antique que tu cites, Michèle, qui vient crever les yeux de sa mère (mythe inversé d’Œdipe, qui lui couche avec sa mère mais se crève les yeux par après) me fait penser à l’expression espagnole « Cria cuervos » (Cría cuervos y verás cómo te sacan los ojos » qui signifie « Nourris/Elève des corbeaux et tu verras comment ils t'arracheront les yeux ».) Carlos Saura avait d’ailleurs tiré un film magnifique de ce dicton. Un film centré sur les malheurs de l’enfance
(http://fr.wikipedia.org/wiki/Cr%C3%ADa_cuervos)
http://www.youtube.com/watch?v=25ckdkg1xCw

Oui, il s’agit bien dans ce récit de voir par-delà les apparences, voir et comprendre le passé, dépasser ce présent incompréhensible et atteindre un futur (rêvé ?) où chacun pourrait vivre selon ce que recèle son être intérieur.

Écrit par : Feuilly | 31/03/2010

Quelle coïncidence! Voyez la dernière date de cette invitation que je viens de recevoir:

Rétrospective Carlos Saura

Cinémathèque de la Ville de Luxembourg

« Le cinéma de Carlos Saura apparut d'abord comme un défi à la censure franquiste. Comment l'auteur de Cría cuervos parvint-il à tourner tous ses films en Espagne depuis 1959 ? Il n'a jamais tenté d'exprimer directement ce qu'il avait à dire. Évitant les raccourcis trompeurs, il a pris le chemin des écoliers, qui est la voie royale de l'art. Il est le cinéaste du détour, de la parabole.

L'Espagne a changé. Il continue. Ce qu'on pouvait prendre pour une tactique était bel et bien sa démarche, sa loi intérieure. S'il nous parle de l'histoire, c'est à travers son histoire. Il rentre en lui-même. Pour dire l'Espagne d'hier et d'aujourd'hui, il explore un paysage mental : ses souvenirs (La Cousine Angélique), ses rêves (Cría cuervos, Elisa vida mía), ses cauchemars (Le Jardin des délices, Les Yeux bandés). Il sait rester seul pour atteindre chacun de nous au plus intime de lui-même. Étranger aux modes et aux écoles, il creuse son sillon, imperturbable. Il n'a pas fini de dérouter ceux qui croient savoir. C'est un explorateur.

Le cinéma de Saura découvre que toute expression est torture, face à face avec l'angoisse de la naissance et de la mort. Le travail du comédien et du metteur en scène (dans Les Yeux bandés) rencontre la torture, parce que toute parole vraie, toute image sincère, toute création exigent de nous la traversée douloureuse d'un désert, l'effroi de l'agonie et l'éblouissement qui sidère. » (Jean Collet, Encyclopaedia Universalis)

PROGRAMME :

Le 01/04 (20.30h) et le 22/04 (18.30h) – La Chasse – « La Caza » - Avec : Alfredo Mayo, Ismael Merlo, José Maria Prada

Le 06/04 (20.30h) et le 15/04 (18.30h) – Peppermint frappé - Avec : Geraldine Chaplin, José Luis Lopez Vazquez, Alfredo Mayo

Le 08/04 (18.30h) et le 13/04 (20.30h) – Le Jardin des délices – « El Jardín de las delicias » - Avec : José Luis Lopez Vasquez, Luchi Soto, Geraldine Chaplin

Le 12/04 (18.30h) et le 27/04 (20.30h) – La cousine Angélique – « La prima Angélica » - Avec : José Luis Lopez Vasquez, Lina Canalejas, Fernando Delgado

Le 20/04 (20.30h) et le 29/04 (18.30h) – Cría Cuervos - Avec : Geraldine Chaplin, Ana Torent, Conchita Pérez



Círculo Cultural Español Antonio Machado asbl
Boîte postale 3068
L-1030 Luxembourg
machado@netcourrier.com
http://www.circulo-machado.lu

Écrit par : giulio | 31/03/2010

Réalisme magique. J'aime ce mot de Michèle. N'est-ce pas ainsi que nous conduisons nos vies?
Je n'aime pas les décorticages de textes, ni de l'auteur, ni de ses lecteurs: ça casse!
J'attends les prochaines pages. C'est une expérience fabuleuse de suivre ainsi ce qui n'est pas encore.
Dans cette magie, il y a des trucs très concrets que j'adore, comme chercher un serrurier en fin d'après-midi à Limoges!

Écrit par : Natacha | 01/04/2010

Entièrement d'accord avec vous Natacha sur le bonheur à lire ces trucs très concrets comme chercher un serrurier en fin d'après-midi à Limoges. C'est même là qu'on entend l'écrivain.
Je ne sais si j'ai à me sentir concernée quand vous parlez de décorticage de texte, peu importe, mais si c'est le cas vous m'en voyez désolée d'autant que ce n'est pas un décorticage, j'en serais bien incapable. Feuilly se moque de moi en parlant d'analyse ! Je peux juste dire que cette chouette m'intéresse beaucoup et le texte est si présent qu'aucune élucubration de quelque sorte dans les commentaires ne peut, pour moi, le casser.
Quant au réalisme magique, comme vous le savez, le mot n'est pas de moi, il y a même longtemps qu'on en qualifie certaines écritures et certaine sud-américaine en premier.
Je souscris à cette phrase très juste que vous avez : "C'est une expérience fabuleuse de suivre ainsi ce qui n'est pas encore".

Écrit par : Michèle | 01/04/2010

"Le réel est aussi magique que le magique est réel."
(Ernst Jünger, "Feuilles et Pierres"). Je suis agréablement surpris de voir le thème du réalisme magique ressurgir ici.

Écrit par : Le Photon | 02/04/2010

@ Natacha : vous n’aimez pas les décorticages de textes ? Cela peut se comprendre, l’essentiel est le texte, pas son analyse. Il n’empêche que parfois cela permet d’éclairer des thèmes ou de comprendre la symbolique d’une image. Il faut voir ces analyses non comme une manière de détruire le texte initial, mais comme un moyen de suggérer d’autres pistes de lectures.
Ce qui est extraordinaire ici, c’est qu’on est devant un texte non encore achevé, en cours d’élaboration, mais qui est donné en direct aux lecteurs. Cela veut dire que l’on travaille sans filet, sans possibilité de revenir en arrière, de corriger des détails, etc. C’est une expérience originale pour moi aussi. Je veux dire que suis confronté aux réactions des lecteurs, qui auraient tendance à inventer le suite de l‘histoire à ma place (ce qui est compréhensible mais pas légitime). Tout en les écoutant, il me faut donc parvenir à faire abstraction de leurs remarques pour continuer ma route dans la logique que je me suis tracée (même si je ne sais pas encore moi-même où je veux aller ni où je vais aller). C’est petit à petit que la lame de fond, qui sous-tend l’ensemble, se dégage. Donc, si des lecteurs/trices viennent par ailleurs donner un éclairage sur certaines images (la chouette, etc.) ou tentent de voir le dessous des cartes, cela me fait percevoir aussi des choses que je n’avais pas forcément vues ou en tout cas que je ne faisais que pressentir. Autrement dit, cela me fait voir ce texte comme s’il n’était pas de moi. D’où ma réaction de commencer à le commenter aussi. Cela peut paraître étrange (tous les auteurs font cela, en fait, mais quand le texte est terminé, plutôt. Ainsi, interrogés par un journaliste, ils expliqueront ce qu’ils ont voulu dire, quels sont les thèmes sous-jacents, etc.) mais cela me permet en fait de mieux m’approprier mon texte, de mieux voir ce qui s’en dégage et donc de mieux continuer.
Donc, plutôt que de critiquer cette analyse, il faut la voir comme faisant partie intégrante du processus de création. Un peu comme si j’exprimais tout haut des réflexions que j’aurais pu dire tout bas, certes, mais qui me sont venues suite aux remarques des lecteurs/trices. Je veux dire que cela m’aide beaucoup plus que des réflexions sur la non-pertinence d’un passage (celui du bain avec les bougies, par exemple) qui, elles, me déstabilisent quand même un instant. En plus ce « décorticage », comme vous dites, se veut positif puisqu’il donne une lecture encore plus riche du texte (je ne peux qu’y souscrire car c’est moins réducteur que de classer une fois pour toutes ce texte dans la catégorie des livres pour enfants)
Quant à l’histoire du serrurier de Limoges, heureux qu’elle vous plaise. Pourtant, on pourrait dire là aussi qu’on s’éloigne de l’histoire de l’enfant au sens strict (tout comme pour le bain de la mère) puisqu’on fait même intervenir des personnages extérieurs au trio. Et pour terminer je ferai remarquer malicieusement et pour vous provoquer un peu que certains verraient bien une connotation sexuelle dans le thème de cette serrure qui cherche sa clef… Mais bon, le décorticage de texte, on sait ce que c’est, n’est-ce pas ?

Écrit par : Feuilly | 02/04/2010

@ Michèle et au Photon : je me demande si on peut vraiment parler ici de réalisme magique, au sens où on emploie ce terme pour qualifier l’œuvre de Garcia Marquez, par exemple. Ainsi, chez lui (dans « Cent ans de solitude ») on retrouve des bateaux suspendus dans les arbres. Cela semble extraordinaire, mais en fait il y a une explication matérielle plausible (les ouragans tropicaux et les inondations catastrophiques). Ce qui semblait surnaturel dans un premier temps ne l’est pas vraiment, mais le romancier joue évidemment sur cet aspect hoirs du commun pour sonne rune autre dimension à son texte. Ici, on serait plutôt dans l’étrange, non ? Le souterrain, la chouette, etc.

Écrit par : Feuilly | 02/04/2010

Je me suis longuement attaché à la lecture des commentaires, je l’avoue, bien loin de ton texte initial.
Ce qui est dommage, c'est vrai.
A propos de ces commentaires, tu dis :
« Tout en les écoutant, il me faut donc parvenir à faire abstraction de leurs remarques pour continuer ma route dans la logique que je me suis tracée (même si je ne sais pas encore moi-même où je veux aller ni où je vais aller).
Plus loin, je lis :
« ....cela me permet en fait de mieux m’approprier mon texte, de mieux voir ce qui s’en dégage et donc de mieux continuer.
Donc, plutôt que de critiquer cette analyse, il faut la voir comme faisant partie intégrante du processus de création. »
Bien d’accord pour le processus de création, et tu y associes le lecteur, donc.
Avis diamétralement opposé au premier.

Quelqu’un a donc le droit de dire que le décorticage du texte l’ennuie.
Moi, il m’ennuie aussi. Beaucoup.
Parce que l’écriture, dans ce qu’elle a encore de sincère a aussi sa logique autonome, qui échappe même à l’auteur parfois et il y a autant de lectures, ou presque, que de lecteurs.
Sans quoi, la littérature serait d’une affligeante pauvreté.

Je lis aussi que la contestation de la scène du bain t’a déstabilisé ..Mais alors, est-ce que tu fais un tri et n’entend parmi tes commentateurs que ce que tu veux entendre ? Je te le demande sans mauvaise intention , mais c’est ce qui ressort de tes commentaires.
Et quand je lis Michèle : « et le texte est si présent qu'aucune élucubration de quelque sorte dans les commentaires ne peut, pour moi, le casser", je suis perplexe.
On aime un texte ou on ne l’aime pas…On le dit ou on ne le dit pas…L'important est de le lire. Mais, de toutes façons, c’est en toute liberté et il ne s’agit pas de le casser ou de vouloir détériorer la lecture de l’autre.

Ma vision à moi, la voilà : ce texte proposé à l’édition dans l’état où il est ne sera jamais accepté et cela m’étonnerait que tes lecteurs et lectrices qui sont de grands lecteurs et de grandes lectrices ne le sachent pas.
C’est un texte intéressant mais qui va te demander plein, plein de travail de précision, d’écriture, d’épuration…etc…
Et comme je tiens à ton écriture, comme je me suis moi-même trop souvent ramassé la gueule en écoutant des avis amicaux qui n’étaient pas les avis des éditeurs, je te le dis, au risque d’être mal vu, mais qu’importe, si c’est en échange de voir un jour ton texte paraître.
En toute amitié.

Écrit par : Bertrand | 02/04/2010

@ Bertrand

Je pense que notre hôte sait parfaitement qu'avant de proposer un texte à la publication, il lui faut travailler et retravailler le texte qu'il proposera.
Il dit qu'il ne peut pas revenir en arrière dans ce qu'il propose ici, où il va au bout de l'écriture en direct. Ce que peu de monde réussit par ailleurs.
Je trouve admirable qu'un texte s'écrive ainsi à vue et il ne s'agit que de cela ici.

Écrit par : Michèle | 02/04/2010

Parce que les centaines et les centaines d'autres blogs, ne sont pas de l'écriture en direct, même quand ils ne construisent pas d'histoire linéaire ?
Crois-tu que lorsqu'on met en texte en ligne et, le relisant quelque temps après, on n'est pas tenté d'y apporter des corrections ?
L'écriture sur blog ou site est en direct, ici comme partout ailleurs.
Je ne vois pas très bien le propos.
Parce que, sans doute, il était tout autre.
Ou alors je ne sais pas lire.
Point final.

Écrit par : Bertrand | 02/04/2010

Dire ce qui est admirable ici n'est pas dire que ce n'est pas admirable sur d'autres blogues.
Nous sommes partout sur quelque chose de complètement nouveau, et quelqu'un a dit ici un jour, Le Photon je crois, qu'un texte n'était jamais fini.
Certains écrivains ne relisent pas leur livre une fois qu'il est publié. Ils en écrivent un autre.
Tout cela pour dire qu'on enfonce des portes ouvertes et je vais retrouver un de tes commentaires sur MR où tu dis le contraire de ce que tu développes ici. Nous en sommes tous là, nos contradictions sont notre moteur.
Et c'est un point final pour moi aussi, après que j'aurai mis (plus tard, pas le temps là) un lien vers ton commentaire dont je parle.

Écrit par : Michèle | 02/04/2010

@ Bertrand
Réponse courte, sinon on n’en sortira plus. Je ne me contredis pas. Dire qu’un chapitre est en porte-à-faux par rapport à l’ensemble, cela m’interpelle forcément. Dire qu’on voit tel symbole dans la chouette, si cela correspond justement à ce que je voyais aussi, cela me rassure. Voilà en un mot. Pour le reste, bien sûr que Natacha a le droit de s’exprimer. Mais je voulais juste lui faire remarquer que le commentaire de Michèle ne « cassait » certainement pas plus le texte que son commentaire à elle l’autre jour. Je dis cela sans soutenir l’une plus que l’autre dans ce débat, car mon rôle n’est évidemment pas de dresser les lecteurs les uns contre les autres, mais plutôt de veiller à ce que le débat reste serein et surtout constructif.

En gros tu me dis de ne pas écouter le chant irrésistible des sirènes et que je dois prendre conscience qu’un tel texte est impubliable en l’état où il se trouve. Dont acte. Mais on écrit ici en direct et dans l’urgence, ce qui n’est jamais bon. Il est clair que l’ensemble devrait être retravaillé. On est bien d’accord là-dessus. Quant à savoir si je pourrais l’améliorer au point qu’il méritât une publication, je n’en sais strictement rien.

Le débat est clos. Continuons à écrire et à lire.

Écrit par : Feuilly | 02/04/2010

Le débat est clos, je respecte votre volonté. Me laisserez-vous néanmoins ajouter ce que j'ai lu hier, sous la plume de Luc Olivier d'Algange :
"Un vrai poème ne communique rien (ni "idée", ni "sentiments", ni "états d'âmes"), il montre, comme une pierre brisée, ouverte, montre sa nuit, ses filons d'or, ses cristaux imprévisibles, sa vérité intime exhaussée à la clarté transfigurante du regard. Non lu, le poème reste dans sa nuit. Mais il ne suffit point de le déchiffrer, d'y quêter un sens, pour que sa profondeur s'irise ; il y faut encore l'éclairement du regard, une confiance, une attente. Toute grande oeuvre poétique est fondatrice d'un sens - mais cela veut dire aussi qu'elle ne se contente pas de redistribuer ses significations. Celui qui chercherait à retrouver en elle un sens déjà appris n'y trouverait qu'une déroute décevante. Or, c'est là la magie fondatrice de la poésie, la turbulence du chaos [...]"

Écrit par : Le Photon | 02/04/2010

la turbulence du chaos : voilà en effet ce qui nous enchante. Et c'est bien pour cela que les analyses (même universitaires) des textes, si elles éclairent peut-être certains aspects, sont par ailleurs réductrices puisqu'elles se limitent à un sens, celui qu'elles ont choisi de donner. L'oeuvre écrite se trouve en fait au croisement de toutes les lectures antérieures de l'auteur (intertextualité) et de toutes les interprétations des lecteurs.

Écrit par : Feuilly | 02/04/2010

Je n’ai pas pris comme habitude de lire tous les commentaires ni ici ni l@ d’ailleurs, car pour être tout à fait sincère je m’en fiche un peu…Sauf aujourd’hui, bien entendu ! Je suis attachée à cette histoire, je me surprends à guetter la suite jour après jour. Si cette histoire devenait livre, je prendrais tout , mangerais tous les mots, sans laisser une miette.
Cela ferait de moi soi-disant une « petite « lectrice ? Mais c’est quoi une « petite » lectrice ? Dois je le prendre mal ? Non en fait, je m’en fiche, j’aime lire les nouvelles de Feuilly, c’est tout.
Si je pouvais décrire ce blog par un seul mot je choisirais le contraire du mot « ennui » !
J'aime lire "obscurité " pas besoin d'argumenter pendant 3 heures, voilà voilà . pfffff

Écrit par : ellesurlalune et de quoi je me mêle mais qu'on la fasse taire la fille de 175cm de haut | 02/04/2010

Bravo à la fille de 175 cm de haut. Voilà qui est parlé et en plus avec le lien ! (sourire)

Écrit par : Michèle | 02/04/2010

@ Photon : un bon texte est polysémique. L’analyser, c’est privilégier un des sens, une des pistes. C’est horriblement réducteur. Est-ce pour cela qu’il ne faut pas le faire ? Non, je crois qu’il faut le faire, mais savoir que le texte est bien au-delà, qu’il possède mille autres « sens ». Mais si mille critiques donnaient tour à tour ces mille sens, la somme de leurs différentes analyses ne seraient pas encore le texte lui-même, car justement elles ne seraient que l’adition de mile sens, alors que le texte littéraire initial rayonne lui de mille feux dans sa beauté esthétique. Il est un joyau, comme vous le disiez. Ne pas analyser, c’est risquer de prendre le joyau pour une vulgaire pierre. Le faire, c’est risquer d’oublier la beauté et l’éclat du joyau. Il faut donc le faire et s’empresser d’oublier. Beau paradoxe, non ?

@ellesurlalune : je ne peux que vous remercier pour ce soutien fort enthousiaste. Cela veut dire qu’un texte impubliable peut quand même plaire. Je sais que Bertrand me dit justement de ne pas m’arrêter à ces louanges et de travailler (en quoi il a raison), mais il n’empêche que le fait de voir que son texte suscite de l’intérêt encourage l’auteur, surtout quand celui-ci est toujours en train d’en écrire la suite. Ce n’est pas une preuve de la perfection de son texte, mais le signe que celui-ci est quand même sur la bonne voie. Si le nombre de lecteurs était tombé en chute libre, là il y aurait lieu de s’inquiéter. C’est loin d’être le cas. Et comme tout auteur doute, à un moment ou à un autre, de la pertinence de ce qu’il écrit, un petit encouragement, même s’il est en partie immérité, peut avoir des effets bénéfiques à long terme, car dans ce domaine comme dans d’autres, l’assurance en soi est primordiale. Ne tirez donc pas sur le pianiste et écoutez ce qu’il joue pour vous. Et tant pis s’il fait quelques fautes d’accord. Merci encore à vous, ellesurlalune.

Écrit par : Feuilly | 05/04/2010

Tu te demandes si l'on peut vraiment parler de "réalisme magique" avec OBSCURITÉ, comme on en a parlé à partir des années 70 dans l'Amérique latine, avec "Cent ans de solitude" de GGM.
Nous ne sommes certes pas, avec ton texte, dans ce qu'on peut observer aujourd'hui dans la littérature antillaise avec Gisèle Pineau ou Raphaël Confiant (Eau de café, 1991) ; ou, chez les "écrivains métropolitains", comme Sylvie Germain (Le Livre des Nuits, 1985).
Mais ce qui me fait parler de réalisme magique, c'est la façon dont ton texte organise la rencontre de l'imaginaire et du réel, de la mémoire littéraire et de la mémoire historique (et la suite de ton texte le confirme, jusques et y compris dans des particularismes de langue) ; la façon magistrale d'entrelacer du présent et du passé, du vécu et du souvenir.
Et si l'on n'a pas (comme dans le RM) l'abandon de la linéarité narrative, la polyphonie des voix, l'emportement du texte ( il y a quand même cette formidable scène onirique avec la mère), l'on a des images très fortes comme cette maison du passé, toujours là, figure centrale du récit.
Cette maison épurée de tout ce qui n'est pas essentiel au sens des choses.

Écrit par : Michèle | 11/04/2010

"cette maison du passé, toujours là, figure centrale du récit."

Oui, l'errance participe d'une sorte d'initiation, mais elle tourne autour de cette maison, par laquelle ils tentent de reconstruire un nouveau foyer.

Écrit par : Feuilly | 12/04/2010

Les commentaires sont fermés.