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07/04/2015

Midi

Le chemin conduit au village, où je pénètre enfin après deux heures de marche. J’ai laissé la voiture de l’autre côté du grand bois, pour arriver discrètement. Il est midi et il fait chaud. Sur la place de l’église, il n’y a personne. Tout est désert. Je remonte la rue principale où les rares magasins sont fermés. On est dimanche. En passant devant les maisons, j’entends le cliquetis des couverts et de vagues conversations. Dans une cour de ferme, un chien aboie, mais personne ne sort pour voir ce qu’il se passe. Je continue à marcher et j’oblique à gauche, par la petite ruelle qui descend vers le cimetière. Elle est bordée de murs très chauds, qui ont emmagasiné toute la chaleur du soleil. Il fait bon. Quelque part, un oiseau pépie et par-dessus le mur des branches de noisetiers se balancent doucement au vent. Le lieu est charmant, vraiment. 

Arrivé devant la petite grille de fer, j’hésite un instant, puis je pose ma main tremblante sur la poignée. Elle est chaude, elle aussi, presque accueillante. Je parcours les allées et m’arrête là où il n’y a pas encore de tombe, rien qu’un amas de terre, sans un nom, sans une croix. L’enterrement était vendredi et la décence et les conventions m’ont empêché de venir.  Je sais que tu es là et que je ne te reverrai jamais plus. Seul mon amour reste vivant.

 

 

Littérature

00:05 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : littérature

Commentaires

Tout est désert. La solitude est à son paroxysme. Puis, une présence et ce cri chaleureux: '' Je sais que tu es là...''

Mes pensées se concentrent sur vous si fortement
Qu'en ce monde, hormis vous, je ne vois que des morts.
Shakespeare

En tant que lecteur (paresseux peut-être?), j'aime l’excès de précision qui m'évite de m'éparpiller. C'est une plus-value.

Écrit par : Halagu | 08/04/2015

@ Halagu : "hormis vous, je ne vois que des morts", sauf qu'ici, évidemment, c'est la femme aimée qui est morte. La solitude est donc bien à son paroxysme.

Écrit par : Feuilly | 08/04/2015

Se promener comme un spectateur de sa propre vie, enregistrer les détails, l'ambiance, l'environnement, capter la chaleur. Et puis cette chute où le narrateur n'est plus que douleur.
C'est très prégnant.

Écrit par : saravati | 08/04/2015

@ Saravati : la seule chose qui est constante du début à la fin, c'est la solitude du personnage.

Écrit par : Feuilly | 09/04/2015

Pétri de solitude et d'une infinie pitié pour celle qui n'est plus...

Écrit par : Michèle | 10/04/2015

@ Michèle : absolument, ce n'est pas sur lui que le protagoniste se désole.

Écrit par : Feuilly | 10/04/2015

Ces lieux sont un mystère ou le calme règne....

Écrit par : george | 11/04/2015

@ George : le calme du village préfigure celui du cimetière.

Écrit par : Feuilly | 14/04/2015

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