26/07/2014
Eté
En été, le temps est nu.
Sur le sable de la plage où jouent les enfants,
Les heures avancent inexorablement.
Marée après marée, le grand cadran solaire
Indique la fin des vacances, la fin de l’enfance, la fin de tout espoir.
A l’intérieur des terres, coulent des fleuves larges et majestueux.
Je regarde l’eau qui passe et qui jamais ne repassera.
Le fleuve est éternel, mais son eau est éphémère,
Moins que moi, pourtant, qui la contemple en rêvant.
A l’horizon, les montagnes dressent leur barrière
De schiste, de grès ou de calcaire.
Nées autrefois des premiers cataclysmes,
Elles marquent la fin de notre monde.
Derrière, on dit qu’il y a d’autres fleuves et d’autres plages,
Mais nous ne les connaîtrons jamais
Car nous serons morts avant de les atteindre.
La Meuse dans les Ardennes
00:24 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : littérature
Commentaires
En été, le temps est nu.
Je n'ai jamais lu des mots aussi terribles et aussi justes.
Merci pour ce vers. Merci.
Écrit par : Michèle | 27/07/2014
@ Michèle : la formule m'est venue comme cela : la plage, les enfants à moitié nus sur la plage, le temps qui passe, puis cette idée du temps lui-même qui est nu, ramené à ce qu'il a d'inéluctable. Les heures tournent et nous les voyons tourner.
Écrit par : Feuilly | 27/07/2014
Je trouve aussi, ce vers est bien réussi je trouve "en été, le temps est nu"...
Écrit par : cleanthe | 27/07/2014
Les cataclysmes d'aujourd'hui s'en prennent aux coeurs...
Le temps "nu" pourra-t-il un jour s'habiller d'humanité ?
Écrit par : saravati | 30/07/2014
@ Saravati : parlez-vous de l'actualité bien sombre de ces derniers jours ou des amours qui finissent mal (auquel cas vous espéreriez un temps "nu" pour ceux qui s'aiment vraiment) ?
Écrit par : Feuilly | 30/07/2014
L'amour, voilà le mot lâché, mais pas
plus qu'au sujet de la pomme, Newton
moins encore que Montaigne n'a tranché
sur le fond la forme et la couleur, s'il
existe seulement comme un trésor
sémantique dispersé dans le champ
du poème, ou comme un bouton de rose
au matin qui s'étonne, ou la machine
cardiaque soudain qui s'emballe et
se met à battre comme le tambour
GUY GOFFETTE - CROQUER LA POMME (extrait), Fantaisie en vers boiteux
Écrit par : Michèle | 01/08/2014
J'ai toujours aimé Guy Goffette...
Écrit par : Feuilly | 01/08/2014
Je suis en train de lire "Géronimo a mal au dos" (folio, 6,20 €, 180 p.). Une merveille (euphémisme). Je me rappelle qu'Agnès avait cité "Presqu'elles" à Jean.
Quand je vois tout ce que j'ai à lire "dumêmoteur", je me dis que j'ai de la chance :)
Écrit par : Michèle | 12/08/2014
@ Michèle : voilà, le problème, c'est quand on a tout lu d'un auteur. Mais cela n'arrive heureusement jamais.
Écrit par : Feuilly | 12/08/2014
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