08/12/2010
Le vent de l'Histoire
Le monde est à genoux
Terrassé par le vent de l’Histoire.
Dans les livres des Dieux,
Un poème s’est écrit
Avec des lettres de feu.
Quelque part tombe la foudre
Et dans les jardins d’Orient
Une jeune fille rédige des lettres d’amour.
Plus loin, le long des fleuves,
Courent des enfants nus,
Tandis que sur les plages de l’océan
Quelqu’un a tracé ton nom sur le sable infini.
Regarde les nuages dans le ciel,
Cet alphabet mystérieux…
On dirait un rêve qui se dessine
Puis qui se transforme en un tableau changeant
Jusqu’à figurer la carte de mondes inconnus.
Dans le lointain, les forêts du Sud n’en finissent plus de brûler
Et un épais nuage de fumée occulte tous les soleils.
Maintenant c’est la nuit
La nuit profonde des origines
Et le souvenir revient de guerriers incroyables
Qui pillaient les villages et emportaient nos femmes.
Plus loin encore, sur les plages de l’océan,
Des vagues s’inversent et s’échouent
Dans le bruit des tempêtes et du vent,
Gerbes d’écume qui gémissent en glissant,
Grondement rocailleux des rochers déchirés.
Ici finit l’Histoire, ses batailles et ses défaites
Ici finit le monde, dans l’éternité d’outre-mer.
07:00 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : littérature
Commentaires
Il n’y a ni haine ni cris, ni fureur, il y a simplement un regard attentif qui balaye les alentours jusqu’à l’horizon pour établir l’anamnèse d’un monde « terrassé par le vent de l’histoire ». Il y a surtout une voix humaine implacable qui nous entraine avec douceur et on se laisse embarquer pour assister au spectacle du monde qui se disloque. La fin de l’histoire arrive dans un bruit qui monte crescendo et s’éteint brusquement avec la fin du monde. Tout est fichu ? Peut-être pas ! Ce monde va-t-il renaitre de ses cendres ? L’éternité d’outre-mer est- elle une promesse sensuelle sans lendemain ou un merveilleux réel qu’il faut guetter?
Écrit par : Halagu | 09/12/2010
Belle lecture. C’est en effet à peu près tout ce que je voulais dire, mais je ne suis pas certain d’être parvenu à exprimer tout cela dans le poème. Il faut donc lire un peu entre les lignes et dépasser le texte. Pour le dire autrement, le travail du lecteur est pour le moins aussi important que celui de l’écrivain.
Écrit par : Feuilly | 10/12/2010
Bien dit, Feuilly. N'est poète que celui pour qui le lecteur est poète.
Écrit par : giulio | 10/12/2010
"Que le lecteur soit indispensable parce que c'est lui qui clôt le poème, le "révèle" selon la bonne métaphore photographique de Reverdy, n'implique pas la nécessité du nombre de lecteurs. C'est une toute autre question, bien plus d'ordre économique que poétique."
Antoine Emaz (Cambouis, éditions DéplacementSeuil)
Écrit par : Michèle | 11/12/2010
Je me suis longtemps demandé pourquoi la poésie m'était moins perméable que tout autre texte, même poétique.
De fait un poème ne s'adresse pas au lecteur, il demande au lecteur de s'adresser à lui, de l'interroger, de réagir face à la page.
Écrit par : Michèle | 11/12/2010
Et une autre histoire débute de l'autre coté de l'Océan
Écrit par : ellesurlalune | 13/12/2010
@ Giulio : tout texte est écrit pour soi d’abord, puis offert aux lecteurs, qui alors le font vivre.
@ Michèle : la poésie est forcément plus hermétique puisque l’auteur ne se contente pas de raconter une histoire mais va chercher au plus profond de lui.
@ ellesurlalune : oui, il y a en effet une lueur d’espoir « de l'autre coté de l'Océan ». Le tout est de parvenir jusque là. En rêve ?
Écrit par : Feuilly | 13/12/2010
Très poétique sauf que la fin est dérangeante.
Partir pour mieux revenir.
Joyeuse fêtes Feuilly
Écrit par : voyageuse | 24/12/2010
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