27/02/2010
Obscurité (9)
Et puis, au-delà de tout ce capharnaüm, il n’y avait plus rien, c’était le vide absolu. La pièce, sur une longueur de vingt mètres environ, offrait la simple nudité de son roc, comme si l’homme, avec son amas de détritus, n’avait osé pénétrer plus avant sous la terre. Ici, le monde minéral régnait en maître et on devinait aussitôt la présence de la montagne au-dessus de soi, avec les millions de tonnes de sa masse granitique.
01:46 Publié dans Prose | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature
Commentaires
Millevaches, mille aquas, une myriade de sources...
Le lieu humide dans les profondeurs de la terre, la roche imperméable qui ruisselle, le poids de la colline annihilé par les arcs en plein cintre des niches à fromages, c'est toute la profondeur des âges, des grands cataclysmes des temps géologiques, qui remonte à notre conscience, pauvres voyageurs à la saison éphémère !
Une belle réussite que cette échappée dans le Piémont limousin...
Écrit par : Michèle | 27/02/2010
Et toujours, dans mon esprit ce thème de l'obscurité, qui était le titre du premier billet. Obscurité qui est parfois et paradoxalement rassurante (elle est la complice de l'enfant dans l'écurie), qui est souvent inquiétante (la nuit avec le cri des chouettes) et qui, d'une manière générale renvoie à quelque chose de plus général, de plus universel. C'est la nuit primitive, sans éclairage urbain, du plateau de Millevaches (une nuit d'avant l'Histoire) ou, comme ici, l'obscurité au fond de la cave, laquelle est plus une grotte qu'une cave finalement. Et derrière se dessine la lutte de l’homme pour s’imposer dans ce néant (l’enfant qui se dépêche pour enlever les planches de la porte et pour trouver un refuge alors que le soir est en train de tomber ou bien Pauline qui va chercher cette dérisoire torche électrique pour tenter de percer les mystères du centre de la terre).
Mais l’homme ne maîtrisera pas vraiment cette obscurité. Les vestiges de l’activité de la ferme sont entassés à l’entrée seulement de la cave, pas au fond. Pourtant ce même homme a su quand même parfois apprivoiser cette obscurité inquiétante, comme ici avec le fromage qui mûrit tranquillement dans le noir. Derrière cette activité finalement pastorale, se dessine tout un pan de l’Histoire des hommes. Des peintures de Lascaux à cette cave, c’est toute l’activité humaine qui est suggérée. Activité aujourd’hui abandonnée pour un futur inconnu. Nous sommes passés à autre chose. Mais quoi ?
La quête de ces enfants perdus, qui fuient la violence (le beau-père) c’est un peu aussi la quête de l’homme en général et de chacun de nous en particulier (que faire de sa vie pour s’imposer dans ce néant qui nous entoure, dans cette obscurité quasi sidérale ?)
Écrit par : Feuilly | 27/02/2010
Super, Feuilly et bonne continuation!
Écrit par : giulio | 27/02/2010
Toute bien de cette lecture, je reste sans mot. Quand j'ai vu: «Cette ancienne écurie...», j'ai sursauté de contentement: une boucle!
Mais ne la bouclez pas trop vite...
Merci!
Écrit par : Natacha | 27/02/2010
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