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30/11/2009

Réflexions posthumes

Certes, il était mort, mais qu’est-ce que cela changeait, finalement ? Il retrouvait ici les mêmes injustices que celles contre lesquelles il avait lutté toute sa vie et la seule différence,  en fait, c’est qu’il n’y avait plus aucun espoir de changement. En ce lieu, la corruption et le passe-droit étaient institutionnalisés pour l’éternité. Comment conserver le moral dans de pareilles conditions ?

 

Il repensait à toutes ces belles pages de la bible qu’on lui faisait lire quand il était enfant et qui revenaient toutes à dire que les premiers seraient les derniers et inversement. Une belle foutaise, oui ! Il suffisait de les voir arriver, les nouveaux trépassés… Un peu perdus le premier jour, comme tout le monde, certes, et pas trop à l’aise dans leur nouvel habit. Mais après une semaine les jeux étaient faits. Ceux qui avaient laissé des richesses sur terre les faisaient valoir pour obtenir de menus avantages tandis que les autres, les roublards, les sophistes, les arrivistes, se débrouillaient déjà pour être les premiers dans les files d’attente. Après un mois, on les retrouvait tous à des postes enviables. Les uns étaient devenus de grands chefs, autrement dit de parfaits petits tyrans, d’autres jouissaient en toute impunité des biens immobiliers que le Très-Haut leur avait confiés, d’autres encore étaient devenus célèbres d’une manière ou d’une autre et les foules, toujours aussi stupides, leur portaient une admiration sans borne.

 

Les politiciens continuaient à faire de la politique, ce qui revenait à gérer bien peu les affaires publiques et à parler beaucoup pour se faire remarquer, tandis que les écrivains les plus en vue s’étaient tous transformés en historiographes officiels. Leur rôle consistait à transcrire sur l’ordinateur central tous les faits et gestes de ce petit monde, ce qui devait être un peu fastidieux, il faut bien le reconnaître, mais la récompense était sans commune mesure avec le peu d’efforts qu’ils avaient dû fournir. Lors des dîners officiels, ils se retrouvaient assis à la droite de Dieu, ce qui déjà n’était pas rien, mais en plus ils continuaient à gérer leurs affaires terrestres. Leurs livres continuaient à se vendre dans les grandes surfaces de France et de Navarre, leur rapportant de substantiels bénéfices et ils s’arrangeaient bien pour faire éditer leurs œuvres posthumes, histoire d’entretenir dans la mémoire des hommes le souvenir qu’on avait d’eux.

 

Respectés de tous, au ciel comme sur la terre, ils passaient leur temps à se quereller entre eux, imaginant, pour se départager, des prix littéraires aussi futiles que prestigieux. Le jeu consistait à composer des jurys sur mesure et à acheter les électeurs, ce qui est particulièrement facile quand on a de l’argent et qu’on se sait soutenu par le pouvoir en place. Evidemment, il y avait toujours un zozo ou l’autre pour croire que ces prix étaient honnêtes et qu’ils récompensaient le talent. On voyait donc des écrivains dits de seconde zone passer des nuits entières dans le froid de leur mansarde à essayer de composer des poèmes épiques. Ils alignaient ainsi dix mille vers octosyllabiques assonancés dans lesquels ils dépeignaient les souffrances qu’ils avaient endurées durant leur vie terrestre. D’autres, aussi fous qu’eux, parlaient du pays de leur enfance, là-bas, au bord de l’océan ou bien ils décrivaient dans des nouvelles sublimes leur apprentissage de la vie le long d’une Dordogne de rêves. Evidemment, aucun de ceux-là ne remportait le prix et ce dernier était décerné, comme il se doit, à celui qui en avait été l’instigateur, le mécène et le grand argentier. 

 

Bref, ce fameux paradis dont on avait tant parlé était franchement décevant car il ne faisait que fixer pour l’éternité tous les travers contre lesquels le héros de cette histoire s’était battu de son vivant. En réalité, il avait eu beau s’insurger contre l’injustice, il n’avait pas obtenu beaucoup de succès. Pour être franc, il n’en avait même obtenu aucun, de succès. Et puis dans le fond il ne s’était pas vraiment battu non plus. Disons plutôt qu’il avait beaucoup réfléchi, beaucoup écrit, qu’il s’était emporté souvent contre l’iniquité ambiante, qu’il avait souffert de l’état déplorable du monde, mais finalement tout cela n’avait servi strictement à rien. Ce même monde avait continué à tourner et à être dirigé par quelques cyniques sans foi ni loi. Certes, il ne s’était jamais fait aucune illusion sur la situation et s’était plutôt réfugié dans une sorte d’espoir, attendant un changement futur, toujours possible. Et voilà que non seulement il était mort sans qu’aucun de ses rêves ne se fût réalisé, mais en plus il devait bien constater maintenant que tout cela avait été vain. Pourquoi avait-il vécu en fait ? Pour rien, strictement pour rien. Il avait cru pouvoir modifier la société, mais c’était impossible et c’était la petite lumière qui brillait en lui qui était finalement incongrue. Dans la dichotomie qui séparait sa vision personnelle des choses du monde ambiant, force était de reconnaître maintenant que c’est lui qui avait eu tort puisque même Dieu en son paradis donnait raison à ses ennemis.

 

Le plus dur, en fait, ce n’était ni cette déception, ni la conscience d’avoir eu tort, mais l’impossibilité où il se retrouvait de conserver le moindre rêve. Tant qu’il avait été sur terre, en effet, il avait pu croire en un ailleurs, mais il devait bien reconnaître maintenant que cet ailleurs était le fruit de son imagination. Le monde idéal auquel il aspirait dans son cœur, ce monde où la beauté et l’amour auraient été présents, n’existait tout simplement pas. Il avait bâti sa vie sur une illusion et l’attitude de Dieu, maintenant qu’il le voyait bien à l’œuvre, était là pour lui rappeler jusqu’à quel point il s’était fourvoyé.

 

Comment vivre sans rêves ? C’était la question qu’il se posait désormais et pour un peu, devenu mélancolique, il aurait voulu trouver refuge dans le suicide. Mais comment se suicider quand on est déjà mort ? C’était impossible ! Et comment être pour l’éternité un fantôme sans espoir ? C’était tout aussi impossible. C’est alors qu’il comprit ce qu’était l’enfer et comme ce terme n’était pas un vain mot. L’enfer, c’était l’absence de rêve et la soumission aux lois iniques des autres. L’enfer, c’était comprendre que la petite flamme qui l’habitait n’avait pas de raison d’être et qu’il devrait ressasser cette idée jusqu’à la fin des temps. Alors il sut qu’il était vraiment mort.

 

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00:30 Publié dans Prose | Lien permanent | Commentaires (30) | Tags : littérature

Commentaires

Le héros de cet histoire ? Ce texte n'est qu'un extrait ? Vous nous mettez l'eau à la bouche.
L'idée est en tout cas romanesque malgré son côté "philosophique". Et que font les primeurs et les déménageurs qui arrivent au paradis ? Sont-ils encore à transporter des meubles sur le dos ou à se geler derrière de précaires établis pour alpaguer le chaland, un peu comme ces pauvres écrivains de seconde zone ? Y-a-il des éditeurs au paradis ? Et dites moi, depuis le temps que ça me turlupine, il y a de grands chênes, n'est-ce pas ?

Écrit par : solko | 30/11/2009

Non, non, Solko, ce n’est pas un extrait d’un texte plus ample. Disons qu’à un certain moment j’ai été obligé de faire référence au « il » du début et donc de parler du héros de « cette histoire-ci ». Je ne pouvais quand même pas parler à la première personne, mes lecteurs se seraient demandé avec inquiétude quel geste fatal je venais subitement d’accomplir (ou bien si comme Dante je revenais des Enfers…)

Quant aux déménageurs, il semblerait qu’ils continuent à déménager pour un salaire de famine. C’est très libéral là-haut et la concurrence fait des ravages comme partout. D’ailleurs seuls quelques-uns, les meilleurs, se retrouvent à la droite de Dieu (après avoir évincé leurs concurrents, bien entendu).

Tiens, je ne connaissais pas votre verbe « alpaguer », que je ne trouve d’ailleurs ni dans mon Petit Robert ni dans mon grand Larousse de la langue française, mais qu’on trouve sans problème sur Internet. J’ai dû manquer un épisode de l’évolution syntaxique.

Quant aux chênes, bien sûr qu’il y en a au paradis, Brassens l’avait déjà dit. Et des chiens et des chats aussi, ainsi que toutes sortes d’animaux, n’en déplaise aux exégèses de la bible.

Écrit par : Feuilly | 01/12/2009

Et il y a aussi des hêtres qui se tiennent droits, comme des entailles dans l'horizon. On a beau les alpaguer :-) ils restent concentrés sur leur invisible coeur d'arbre...

Écrit par : Michèle | 01/12/2009

J'avais lu hier mais je ne voulais pas ouvrir le bal....
Et je vois que ton paradis a ceci de commun avec l'enfer qu'il est pavé de bonnes intentions...

Écrit par : Bertrand | 01/12/2009

Et oui. Et il y a même un zozo qui espère obtenir un prix littéraire alors que tout est truqué...

Écrit par : Feuilly | 01/12/2009

Je n'ai jamais dit ça, ami Feuilly...

Écrit par : Bertrand | 01/12/2009

Non, toi tu ne l'as pas dit, mais moi je le dis.

Écrit par : Feuilly | 01/12/2009

Tu n'es pas le premier, l'ami, à avoir affronté la mort de son vivant, à s'y transposer tout entier et y rédiger quelques mémoires d'outre-tombe. Mais ni moi, ni tous ceux dont je sais qu'ils tentèrent le coup, n'écrivîmes de tel constat ou projection de continuité. Et si tout était à refaire!? C'est pire que de la métempsychose. Ce ne serait plus la peine de crever saperlotte! Alors, Paradis pour allégorie, je préfère celle des pisse-en-lits que l'on bouffe par la racine, le néant pour seul compagnon.

Écrit par : giulio | 01/12/2009

P..... c beau, Giulio, ce que vous avez écrit. Je préfère aussi le néant et ne sache pas qu'il s'agisse de continuer les rigolades d'icelui.

Écrit par : Michèle | 01/12/2009

Mais vous savez tous que je ne crois pas en ce paradis, ni celui promis par la bible ni celui que j'ai décrit ci-dessus. A tout prendre, c'est vrai qu'il vaut encore mieux le néant (même si je ne suis pas trop d'accord avec celui-là non plus).

Écrit par : Feuilly | 01/12/2009

Il suffit de se laisser aller, se balader, rêver en connivence et c'est déjà le Paradis... hi hi.

Écrit par : Michèle | 02/12/2009

Faut que je mette mon grain de sel, là, parce que y'a des choses qui ne collent vraiment pas là-dedans...
Chère Michèle, d'abord, si c'était aussi simple que ça, ça se saurait, me semble t-il...A moins que nous ne soyons tous des idiots, encore plus idiots que ce que nous pensions être...
Et....Chers Feuilly et Guilo, il y a danger de raccourci fulgurant à opposer paradis et néant...
Bon, d'accord, le paradis n'existe pas....Passons sur cette épineuse image d'Epinal. Et le néant alors ?
Si vous admettez l'existence d'un néant, c'est déjà le nier fortement en tant que néant. Le néant, par définition, par quintessence, n'existe pas...
Faites donc comme moi, si je peux me permettre cet orgueilleux mais néanmoins amical conseil : admettez que vous n'en savez foutre rien et que toute discussion sur le sujet relève de la tenue de propos byzantins.
La seule chose dont je suis sûr, c'est que s'interroger sur la notion d'éternité, ça n'est nullement admettre l'idée de dieu. Bien au contraire. Les religions n'ont fait que s'engouffrer dans cette interrogation métaphysico-poétique des hommes pour établir leurs répugnants fonds de commerce.
Et quand bien même admettrais-je l'idée d'un dieu - ce qui n'est pas le cas- que je serais encore persuadé qu'aucune religion* au monde, et surtout pas la catholique, n'est digne de parler en son nom.
Le néant n'existe que par élimination. Le problème est de mettre un nom sous le vide ainsi créé.
Pas facile, les gars....

* Les religions sont des assemblées de malfaisants.

Écrit par : Bertrand | 02/12/2009

Voilà qui a l'air vachement philo, cher Feuilly! Lorsque pour tous ceux qui ont subi une ou plusieurs anesthésies (j'en revendique une bonne vingtaine), imaginer la mort est simple: 1. On est sur le billard - 2. Il n'y a plus rien - 3. on est dans un lit. Eh bien, il n'y a plus de phase 3. Le rien reste rien et pour "on" plus rien n'existe, nada, nuts, nichts, niente, negens... Ite, vita fuit! requiescam(s, t, mus) in pacem.

La religion? C'est au mieux ce Karl Marx en disait (consolation, drogue - trompeuse, mais consolation tout de même - des affligés et, moins gentiment, Nasir Khusraw, trad. par Annemarie Schimmel (Make a shield from wisdom) : "If the shari'a is for all these people a heavy burden it is right, for donkeys carry burdens, and they are donkeys (...) they are much worse than any donkey !”

Écrit par : giulio | 02/12/2009

@ Bertrand:
"Si vous admettez l'existence d'un néant, c'est déjà le nier fortement en tant que néant. Le néant, par définition, par quintessence, n'existe pas..."

Heu, oui, bien sûr, mais ton argumentation est un peu celle d'un sophiste, là. Le néant, c'est le vide, l'absence. Lui donner un nom, c'est déjà lui donner vie dis-tu. Oui, c'est dire que ce rien existe et donc qu'il n'existe rien. Ce n'est pas bâtir une philosophie sur une notion de "néant" qui représenterait déjà quelque chose parce que je l'ai nommé et que je l'ai défini comme concept.

Or toi tu nous dis: si je parle du néant j'en fais déjà autre chose que du vide. Mais comment veux-tu qu'on réfléchisse dessus alors?

@Giulio: exact. En cas d'opération ou de maladie grave, on sombre dans l'inconscient et donc dans le néant. On ne se rend plus compte de rien et on n'en est plus à philosopher.

Écrit par : Feuilly | 02/12/2009

Non ,vous ne parlez de néant, vous en faites une condition environnementale (si j'ose) de la mort...C'est quand même plus qu'un concept, ça...Où vois-tu sophisme là-dedans ?
Et est-ce qu'un concept est dénué, totalement, de l' intelligence qui nomme et ne sert-il qu'à éluder les questions qui nous emmerdent ?
" en cas d'opération ou de maladie grave, on sombre dans l'inconscient et donc dans le néant."
Là, c'est rigolo...Je sombre dans le néant tous les soirs et j'en ressors tous les matins, gai comme un pinson en rut...
Le néant c'est du sommeil...Tu vois, c'est loin d'être un concept ça...T'imagines les gens le soir au fond des grands draps blancs : Bon concept, chérie....Bon concept, mon chéri..
Hiiiiiiii....

Écrit par : Bertrand | 02/12/2009

@Betrand: le sommeil n'a rien du néant. C'est une vie parallèle, en grande partie passive, parfois désagréable (vilains rêves), parfois plaisante (beaux rêves). Quand je dis rien, nada etc., je compare la mort à l'anesthésie, parce que là c'est vraiment l'absence totale de toute conscience de soi et de tout. Difficile à comprendre si tu ne l'as pas vécu. Le rien y est tellement rien, que lorsque tu te reveilles tu as l'impression d'être "parti moins d'une fraction de seconde". Donc, si je ne me reveille pas, c'est pour moi (en théorie, car il n'y a plus de moi), comme si je n'avais jamais existé et que rien n'avait jamais existé ni existera jamais.

Écrit par : giulio | 02/12/2009

Oui, le sommeil est peuplé de rêves et il est une "autre "vie.

Maintenant, on moment où l'on s'endort, on sombre effectivement vers l'inconnu et la non conscience (et je n'ai même pas la conscience de ce moment au moment où je sombre dans cette inconscience).

Mais enfin c'est cette discussion qui est byzantine, Bertrand, et pas mes propos antérieurs. Tu comprends quand même ce que l'on veut dire. On retire le paradis et tout le discours religieux sur la vie après la mort et tu vient t'insurger contre le néant qu'on met à la place.

Disons les choses autrement, si tu préfères. parlons d'absence de vie, de disparition du "moi".

Cela me fait penser à une autre nouvelle écrite il y a bien dix ans et qui relatait la vie larvaire après la mort. Je le mettrais bien ici, tiens.

Écrit par : Feuilly | 02/12/2009

ça "Byzantise" dur, oui, t'as raison....Mais ton "insurges" est bien trop fort. Je ne m'insurge nullement....Est-ce s'insurger que de vouloir faire dire au mot autre chose que les signifiés définitivement admis ?
Et la poésie, est-ce autre chose que de voyager autrement sur les mots, par-delà signifiant/signifié du dictionnaire ?
Est-ce "byzantiser" que de dire autre chose que "c'est bien' ou " c'est pas bien"...Sans doute alors...

Giulo, je suis bien d'accord avec vos impressions de l'anesthésie. J'ai vécu deux fois l'expérience pour des opérations assez bénignes, dont une volontaire, que si je la mettais noir sur blanc....Bref...
Cette impression effectivement de n'avoir été absent qu'une seconde. Une voix qui vous descend au bloc opératoire et hop, réveil dans son lit en pensant :merde, ils ne m'ont pas opéré !
Mais ça n'est pas du néant...Un néant pendant lequel on vous "trifouille" le corps, avec les pulsations du cœur, les poumons qui respirent, les cellules qui continuent leur vie etc.... ?
C'est un état chimique où la conscience physique n'a pas accès. Mais le cerveau doit continuer son activité, sans l'inscrire dans la zone mémoire...
J'ai eu un ami, un véritable ami qui s'est barré un jour dans des zones inaccessibles du présent. D'extérieur, il vivait normalement mais incapable d'assumer les contraintes du quotidien parce que sa mémoire (morte et vive) refusait de fonctionner. Il n'était pas là. Il était incapable d'inscrire quoi que ce soit de son présent ou de son passé.
Vivait-il dans le néant ?
En tout cas, il y est parti dans ce néant qui ne dit pas son nom à force de le dire.

Écrit par : Bertrand | 03/12/2009

C'est vrai que nous existons par notre mémoire. Quand celle-ci disparaît, qui sommmes-nous encore? D'où l'horreur de toutes ces maladies qui anéantissent les souvenirs...

Cela revient aussi à dire que nous ne serions (au sens de "être" tel que les philosophes l'entendent) que par la conscience que nous conservons de nos actes passés.

Je suis parce que j'ai été. Curieuse définition de"l'étant" et pourtant...

Écrit par : Feuilly | 03/12/2009

Je pense ça...être, c'est se souvenir, même de l'immédiat
Pour l'ami dont je parlais, il n'existait plus, il était néantisé, parce qu'il n'avait aps accès "aux fich=hiers" de son disque dur.
Exemples vécus :
1) - Tu peux me passer le fromage dans le frigo, s'il te plait ?
- oui, bien sûr.
C'est tout. Le temps de dire "oui, bien sûr", il ne se souvenait plus de ma demande. Enregistrement : un centième de seconde.

2) Nous dînons chez moi. Il a l'air content et mange bien. A la fin du repas, sitôt la dernière bouchée du dessert grignotée :
- Tu m'invites pas à manger ?
Même le corps n'avait plus la mémoire, condition première de l'existence

Écrit par : Bertrand | 03/12/2009

@ Giulio
C'est exactement ça :
1. On est sur le billard
2. Il n'y a plus rien
3. On est dans un lit
Avec la mort il n'y a pas de phase 3, il n'y a rien.
Et rien, c'est rien.

Écrit par : Michèle | 03/12/2009

C'est d'une évidence à vous couper le souffle !
C'est ce que j'aime dans le matérialisme : tout a une réponse.

Écrit par : Bertrand | 04/12/2009

Est-ce à dire que tu conserves l'espoir de continuer à écrire après ton décès? Ne sachant rien, tu préfères d'abstenir d'apporter une réponse et tu laisses la porte ouverte à tous les possibles?

Écrit par : Feuilly | 04/12/2009

@ Feuilly, tu te paies la tête de qui?

Écrit par : giulio | 04/12/2009

Je m'adressais à Bertrand...

Écrit par : Feuilly | 04/12/2009

La philosophie contemple (le) problème mais n’y apporte aucune solution raisonnée. (William James dans son "Introduction à la philosophie")

Écrit par : giulio | 04/12/2009

@ Bertrand
Je ne disais pas autre chose que ceci : je "connais" l'expérience dont parle Giulio, et je ne vois pas d'autre mot que ce "rien" pour la caractériser.
Quant au sommeil et aux rêves, les "troublés de l'éveil", qui ne ressentent presque aucun besoin de dormir, doivent se demander ce que c'est.

"Le sommeil est une récompense pour les uns, un supplice pour les autres". Lautréamont

Écrit par : Michèle | 04/12/2009

Ce qu'il y a de plus intéressant dans le sommeil, c'est le rêve.

Écrit par : Feuilly | 04/12/2009

Outch ! C'est bien sérieux tout ça !

Bon, s'il y a des chats au paradis, alors je veux bien y aller ! (j'accepte aussi quelques chiens, ne soyons pas raciste...) :-))

Écrit par : Cigale | 06/12/2009

Je découvre un peu tardivement...
Un peu décevant.
Je ne fais que dire ceci : Les matérialistes brut de pommes me font autant vomir que Les déistes, que les idéalistes, que les religieux etc..Ils ont la même dictature de la pensée. Des rails.
C'est tout.
je reprendrai simplement le mot de Michon :
"Je suis athée non convaincu"
Et basta !

Écrit par : Bertrand | 09/12/2009

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