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19/04/2009

L'antivoyage

Les gares, ces lieux où l’on n’existe pas
au milieu d’une foule qui ne fait que passer.
Endroits de transit pour des départs vers d’autres possibles.
Rêves de voyages, retours désespérés.
Dans la salle d’attente, mes pas se sont perdus.
Je regarde ces rails qui ne mèneront nulle part.
Je suis un voyageur en attente, qui sait qu’aucun train ne passera plus.

Déambulent des gens en ce lieu qui semble à peine exister.
Impossibilité d’une rencontre dans cette foule en transit.
Dans mon désespoir, je rêve encore de voyages
et passe devant un train en attente sans pourtant monter dedans.

Je suis en partance vers d’autres possibles
et voyage en rêve sur des rails d’éternités.
Tout cela ne mène nulle part
et je perds mon temps à attendre une voyageuse qui ne viendra plus.

Dans la gare, la foule n’existe pas
et moi, je ne fais que passer,
voyageur éphémère
qui n’a nulle part où aller.



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01:44 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : littérature, poésie

Commentaires

Beaucoup de sentiments se réveillent en moi à cette lecture ....
Le départ, un soir de printemps gare de Lyon, un espoir qui a fuit .....

Écrit par : Débla | 19/04/2009

Bonsoir Feuilly ,
Tu es en partance vers d'autres possibles où ne mènent pas ces rails que tu regardes .Oui la gare c'est l'impermanence des choses : c'est la foule , le mouvement , les arrivées , les départs . Et là tu n'es pas dans ton élément car tu veux à raison des rails d'éternité .

Pour fuir l'éphémère et atteindre l'éternité il faut voyager à la VERTICALE : les voyages terrestres à l'horizontale sont éphémères .
Amitiés . Rita

Écrit par : RitaPitton | 19/04/2009

Des rails d'éternité... Oui, c'est exactement cela et c'est ce que la gare, en effet, ne peut pas m'offrir. Pas de voyages horizontaux, donc, mais un voyage vertical, je suis d'accord.

Il se pourrait bien, cependant, à lire votre site, que nous ne tombions pas d'accord sur la définition de cette "verticalité".
Personnellement, j'entends par là la poésie, l'amour, une dimension " autre", le rêve, l'intuition, la sensibilité, mais absolument pas une démarche religieuse.

Écrit par : Feuilly | 20/04/2009

Pour rester dans la métaphore géométrique, je dirais qu’il existe, outre le voyage horizontal et vertical, le voyage hélicoïdal qui s’éloigne des loisirs de masse et des cortèges avec un guide en tête. C’est le voyage entre deux parallèles (se sont probablement les rails qui ne mènent nulle part), un va-et-vient entre le visible et l’indiscernable, entre le rêve et le réel. Ce voyage a l’avantage de rapprocher des royaumes parallèles mais voisins et, incite à l'introspection. Entre ces deux rails on est tantôt sédentaire, tantôt en déplacement, mais on dépose toujours sa valise emplie de rêves dans un pays situé n’importe où, loin des chants des sirènes, loin de la violence de l’incarcération dans une vie éternelle. La vie bonne est ici et maintenant, sans hallucinogènes qui créent, certes, une mydriase, mais rendent la vision floue et déforment les lignes. Au-delà, c’est l’absence, c’est le silence du néant.
En tout cas votre texte est très beau, il oscille entre le dépit et le rêve mais reste dans la meilleure des postures. Je le classerais, si vous voulez bien, parmi les textes surréalistes.

Écrit par : Halagu | 20/04/2009

Ce sont les sensations qui viennent à vous, et vous traversent.

Écrit par : ellisa | 20/04/2009

Hé oui, Ellisa, les sensations sont plus fortes que nous, elles viennent et s'imposent d'elles-mêmes, nous entraînant dans leur tourbillon. D'où cette ambivalence, relevée par Halagu entre le rêve et le dépit, entre ce à quoi on aspire et ce qui nous est donné en réalité...

Écrit par : Feuilly | 20/04/2009

Quand je vous voi, ou quand je pense en vous,
Je ne sçai quoi dans le coeur me fretille,
Qui me pointelle, & tout d'un coup me pille
L'esprit emblé d'un ravissement dous.
Je tremble tout de nerfs & de genous :
Comme la cire au feu je me distile,
Sous mes souspirs : & ma force inutile
Me laisse froid, sans haleine & sans pous.
Je semble au mort, qu'on devale en la fosse,
Ou à celui qui d'une fievre grosse
Perd le cerveau, dont les esprits mués
Révent cela, qui plus leur est contraire,
Ainsi, mourant, je ne sçauroi tant faire,
Que je ne pense en vous, qui me tués.

Pierre de Ronsard LES AMOURS

Écrit par : michèle pambrun | 20/04/2009

Bon ça rigole pas trop ici ce soir !
Moi je retiens ce que dit Halagu :
La vie bonne est ici et maintenant
et votre texte est très beau.

Alors se tenir face au jardin
et regarder bouger le lilas.
C'est bien non ?

Et puis un jour mettre le lilas en mots.

Écrit par : michèle pambrun | 20/04/2009

Ce que j'aime dans votre poème, c'est aussi le hors-champ.

Écrit par : Mélody | 20/04/2009

Merci Michèle, pour ce beau texte de Ronsard.

Mais... si on y trouve bien cette préoccupation du poète envers une femme aimée, un peu inaccessible, j' y vois surtout de la souffrance plutôt que du dépit. Me trompé-je?

Écrit par : Feuilly | 20/04/2009

@Mélody: Le hors-champ? Vous voudriez expliquer?

Écrit par : Feuilly | 20/04/2009

Oui chez Ronsard c'est de la souffrance.
De ton texte je retiens (encore une fois) ce que dit Halagu :
Il oscille entre le dépit et le rêve mais reste dans la meilleure des postures.

Écrit par : michèle pambrun | 20/04/2009

C'était un peu idiot comme remarque. Car forcément le poème va chercher loin (sinon ce n'est pas un poème) et il fait résonner en nous notre propre hors-champ. La zone dangereuse, si vous préférez. Et le hors-champ que me dit ce poème-là, le risque pris, me parle particulièrement. Vous n'êtes pas plus avancé, hein ? Je ne le suis guère moi-même.

Écrit par : Mélody | 21/04/2009

Le risque pris?

Écrit par : Feuilly | 21/04/2009

Oui il y a toujours "une part imprononçable" de nous-même. C'est là que l'écriture poétique va chercher. Comme elle ne rend guère l'énigme plus lisible, elle y revient. Et puis encore. C'est ce que j'appelle le risque.
Je n'éprouve jamais de douceur à lire un poème. Il touche de la turbulence, toujours.

Écrit par : Mélody | 21/04/2009

Très beau, très vrai, ce que vient de dire Mélody.
" Il touche de la turbulence, toujours."

Vraiment, je suis époustouflé. Car c'est là et sans doute là seulement toute la raison d'être, tout le pourquoi de la poésie : toucher de la turbulence...

Écrit par : Bertrand | 21/04/2009

Très juste. Comme le fait que la poésie revient toujours sur cette énigme qu'elle ne parvient pas à rendre vraiment lisible. Elle y revient et tente de mille manières de dire l'indicible.

Écrit par : Feuilly | 21/04/2009

Très beau texte, j'aime beaucoup...

Écrit par : Cigale | 25/04/2009

Merci Cigale.

Écrit par : Feuilly | 26/04/2009

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