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25/02/2009

Une vie

Toi qui es assise au bord du monde
et qui regardes la mer
a quoi penses-tu quand descend le soir
et que la marée monte?

Rêves-tu du temps infini de l’enfance
quand il te semblait voir dans l’onde du fleuve
des châteaux merveilleux
aux reflets troubles et bleus ?

Revois-tu la jeune fille que tu fus
et qui s’en allait par les chemins,
cueillant des fleurs étranges
qui ressemblaient un peu à l’amour ?

Penses-tu à l’amante des mille nuits
qui se donnait au roi
en son palais d’outre-mer ?

Es-tu, pour un instant, la mère jeune et belle
qui offrait à l’enfant nouveau né
la couronne de son sein ?

Toi qui es assise au bord du monde
et qui regardes la mer
a quoi penses-tu quand la nuit est venue
et que la marée a fini de monter ?

Es-tu de nouveau la jeune adulte
qui s’en va sur des chemins solitaires
chercher d’autres châteaux
dans une Espagne de rêve ?

Ressembles-tu à celle qui cueillit enfin une fleur
au bord du fleuve
en souvenir de son enfance
et de ce que peut-être elle fut ?

Ou bien, lassée de tout,
as-tu été séduite par l’onde merveilleuse
au reflet trouble
où disparaissent tous les châteaux ?

Que cherches-tu encore et toujours
dans la nuit noire, devant la mer
quand la marée déjà
n’en finit plus de descendre
et que tu restes là, au bord du monde ?

Oui, que cherches-tu, belle étrangère ?



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01:00 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : littérature, poésie

Commentaires

" et que la marée a fini de monter ? "
Pas très beau, ce vers, je trouve...

" Et que la marée haute investit tout l'estran " que je mettrais, moué...
Cordialement

Écrit par : B.redonnet | 25/02/2009

Oui, cela ne me plaisait pas trop non plus...
On aurait pu parler de la mer pour un instant enfin étale.

Écrit par : Feuilly | 25/02/2009

C'est ce que je voulais te proposer en premier lieu, la mer étale, mais il y a "mer" juste en dessus...
D'un autre côté, "estran" sonne un peu "scientifique" dans un poème, non ?
Quand je vois (voyais) l'océan à marée haute, je pensais toujours à un monstre, un géant, qui serait venu s'échouer et qui reprendrait sa respiration, des forces, pour repartir bientôt au large.
J'aime parler de la mer, finalement. Longtemps que je ne l'ai pas vue, "la plaine liquide..."

Écrit par : B.redonnet | 25/02/2009

J'aurais du mettre "et que la marée ne monte plus", c'eût été plus élégant, déjà.

Oui, dans ton pays intérieur de l'Europe intérieure, il n'y a pas beaucoup de mers... Alors que la France en possède trois, la Manche, la Méditerranée et puis le grand océan.

Patience...

Écrit par : Feuilly | 25/02/2009

Et la mer du Nord ? Qu'en fais-tu de la mer du Nord ?
Ici, à 600 Km quand même, il y a la Baltique...Mais si tu y regardes de près, la Baltique correspond, en fait, au niveau du Danemark avec la mer du Nord.

" Et que somnole la marée haute ..." voilà ce que je dirais, moué...

Écrit par : B.redonnet | 25/02/2009

somnole la marée haute ... Oui, c'est vrai que cela indiquerait bien que la mer ne monte plus et qu'elle reste là, un instant immobile.

Au début je croyais simplement répéter les trois vers du début, puis l'idée est venue de marquer la progression (comme la vie de cette femme, enfance, adolescence, âge adulte, maternité, divorce et donc solitude, nouveau départ, etc.)
Le problème, c'est qu'une fois que l'on touche à ce qui est venu spontanément, tout se complique.

Écrit par : Feuilly | 25/02/2009

Je suis née au bord de la mer ... A combien de voyages ai-je rêvé?!!! depuis la plage ...Dépasser la ligne d'hozizon ...Aller à la découverte d'autres pays....
Plus tard devant l'océan, combien de fois me suis-je demandé où s'en allait la mer le temps des marées?.... Je l'aurais bien suivie pour en savoir plus ....

Écrit par : Débla | 25/02/2009

Question épineuse en effet...

Mais c'est vrai que la mer incite à la rêverie, que celle-ci soit intérieure (introspection) ou tournée vers l'extérieur (les rêves de voyages, la quête d'un ailleurs) ou encore de nature philosophique ou existentielle (devant la force destructrice des grandes maréées par exemple: quel est le sens de ce combat, à quoi renvoie-t-il chez nous?)

Elle fait partie de nos souvenirs (vacances de l'enfance) et contient l'immensité (la plage à marée basse, l'horizon au raz des flots) ou encore symbolise la perrmanence (elle est toujours là, fidèle au rendez-vous) et la ténacité (sans arrêt, elle recommence à avancer lors de la marée haute).
Elle symbolise la nature non domestiquée, pleine d'odeurs étranges qui font chavirer l'âme.

Écrit par : Feuilly | 25/02/2009

Je fusse née au bord de l'Océan (il était et est toujours à 1h30 de là où je vis), me serais-je posée les mêmes questions que toi, Débla ? Aurais-je eu envie moi aussi de le suivre ?

De ce débat qu'ont nos deux amis ici, je me dis ceci : quand un blogueur rend public un texte qu'il a écrit, soit ce texte est là pour être amendé et l'auteur le dit ; soit c'est "son" texte et alors, comme le dit Antoine Emaz dans CAMBOUIS (Seuil, février 2009, collection Déplacements) :
"(...) Face à une critique, toujours écouter attentivement, et vérifier, non si elle est juste ou fausse, mais si tu tiens ou non à ce poème. "

Écrit par : michèle pambrun | 25/02/2009

Et j'ajouterai que le débat en question (qui m'a donné envie de citer Emaz) est amical, constructif et sympathique en diable.
Et que toujours on se pose cette question : ça me regarde ou pas ? mais oui, ce qui est écrit me regarde comme je le regarde. :-)

Écrit par : michèle pambrun | 25/02/2009

C'est vrai que si on commence à modifier chaque fois qu'un lecteur fait une remarque, on finira par avoir un autre texte, qui ne sera plus celui de l'auteur iniital. Mais ici, objectivement, ce vers n'était pas bon, je l'avais remarqué moi-même. Il est donc logique d'avoir une remarque à son sujet. Tant que c'est fait dans un esprit constructif (ce qui était le cas), pas de problème.

Écrit par : Feuilly | 25/02/2009

Il y a une question essentielle, fondamentale, dans ce "débat" à laquelle, sans doute, ne fait nullement référence Emaz (je n'ai pas lu) : c'est l'amitié.
Texte amendé ou pas si quelqu'un dont je n'ai que faire écrit un vers bancal, c'est son problème, pas le mien. Si en revanche ce vers bancal émane de la plume d'un ami, d'un qui a mon estime et que je lis avec plaisir, alors si je ne lui signale pas quand ma langue, mon esprit, ma fluidité de lecture a eu un problème sur ce vers, je suis un menteur et un abominable faux-cul.
Il n'y a plus d'amitié mais de la courtoisie de bon aloi, de l'urbanité de salon.
Bon, c'est public, c'est ça peut-être...Alors je rends public aussi ceci : Dans la correction des épreuves de mon livre, quand j'ai un doute sur une règle grammaticale ardue, je m'adresse à Feuilly qui me donne aussitôt tous les détails.
C'est ça, se connaître et être d'amitié sur le net.
La rhubarbe et le séné, laissons cela aux courtisans des palais virtuels
Voilà.

Écrit par : B.redonnet | 26/02/2009

Voilà qui est bien dit.

Écrit par : Feuilly | 26/02/2009

Bonjour Feuiily
Ce texte m'a complètement emporté...
comme une vague,une âme en suspension ,
plongé dans une tendre quiétude de l'enfance,
les moments évanéssants comme l'arome doux d'un parfum au goût salé ,
l'air de la mer...et leur mouette en envole constant..les ibys rouges perçant l'aurore en toute beauté & grace...
(j'y ais vécu aussi mon ado à kourou) ....
In suspension as well for the present day
when you are yourself a parfum that inspire a tender human being....kis Isa really really touching ...thanks

Écrit par : IsaBersée | 01/03/2009

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