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03/02/2009

Camus dans le Magazine des livres

Mon article «Camus ou l’ambiguïté d’une révolte» qui était paru autrefois dans la Presse littéraire est republié dans le dernier numéro du Magazine des livres. Il s’agissait de savoir si Camus n’était pas malgré lui le fruit du colonialisme. Certes il défend les Algériens contre les exactions commises par les Français, mais malgré ce discours très humain il ne remet jamais en question le fait que l’Algérie soit française et il n’envisage même pas son indépendance.
On a l’impression que pour lui il suffirait de prendre quelques mesures de surface (un peu de respect envers les Algériens) pour que l’ère coloniale puisse être justifiable.


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Commentaires

Sans doute Camus nous rappelle-t-il qu'il y avait en Algérie beaucoup de "petits français" qui n'avaient rien à voir avec les exactions commises par d'autres. Beaucoup vivaient en harmonie avec les Algériens malgré la colonisation.
Peut-être aussi aurait-il pu se mettre en place une autre manière de sortir de la colonisation et que Camus, comme tant d'autres, aimait passionnément ce pays, le sien, qu'il n'aurait jamais voulu quitter.

Écrit par : Rosa | 04/02/2009

Oui, tout est complexe et il est certain que c’était son pays. Il suffit de voir la manière dont il en parlait pour comprendre :

« Au printemps, Tipasa est habitée par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et l'odeur des absinthes, la mer cuirassée d'argent, le ciel bleu écru, les ruines couvertes de fleurs et la lumière à gros bouillon dans les amas de pierres »

(…)

Que d'heures passées à écraser les absinthes, à caresser les ruines, à tenter d'accorder ma respiration aux soupirs tumultueux du monde ! Enfoncé parmi les odeurs sauvages et les concerts d'insectes somnolents, j'ouvre les yeux et mon cœur à la grandeur insoutenable de ce ciel gorgé de chaleur. Ce n'est pas si facile de devenir ce qu'on est, de retrouver sa mesure profonde.

(…)

Des millions d'yeux, je le savais, ont contemplé ce paysage et, pour moi, il était comme le premier sourire du ciel. Il me mettait hors de moi au sens profond du terme. Il m'assurait que sans mon amour et ce beau cri de pierre, tout était inutile. Le monde est beau, et hors de lui, point de salut. La grande vérité que patiemment il m'enseignait, c'est que l'esprit n'est rien, ni le cœur même.

(…)

A Tipasa, je vois équivaut à je crois, et je ne m'obstine pas à nier ce que ma main peut toucher et mes lèvres caresser

Noces à Tipasa

Notons que Camus, par son milieu social, avait eu un mode de vie plus proche de celui des Algériens que de celui des riches colons. Mais il n’envisage jamais l’indépendance. Pour lui l’Algérie est légitimement française à cause du siècle d’occupation qui a imposé la culture occidentale.

Écrit par : Feuilly | 04/02/2009

"Les arts, les littératures, les musiques et les chants fraternisent par des voies d'imaginaires qui ne connaissent plus rien aux seules géographies nationales ou aux langues orgueilleuses dans leur à-part. Dans la mondialité (qui est là tout autant que nous avons à la fonder), nous n'appartenons pas en exclusivité à des "patries", à des "nations", et pas du tout à des "territoires", mais désormais à des "lieux", des intempéries linguistiques, (...), des terres natales que nous aurons décidées, des langues que nous aurons désirées, ces géographies tissées de manières et de visions que nous aurons forgées. Ces lieux (...) entrent en relation avec tous les lieux du monde."

"Quand les murs tombent"
Edouard Glissant et Patrick Chamoiseau
Editions Galaade, Institut du Tout-Monde

Écrit par : michèle pambrun | 04/02/2009

La notion de patrie semble en effet dépassée et seule la terre natale ou bien le pays que l'on s'est choisi a encore de l'importance. Mais Chamoiseau parle lui de "terres natales que nous aurons décidées", ce qui me laisse quand même perplexe.

Écrit par : Feuilly | 04/02/2009

Car, en fait, de lieu, il n'y en a qu'un, c'est celui de l'enfance, l'enfance en soi, l'enfance est ce lieu, et non pas les quelques kilomètres carrés où il y a plus ou moins longtemps elle affecta de se passer,
(...)

Régional et Drôle
Jean Rouaud - éditions joca seria 2001

Et l'on sait pourtant ce que notre connaissance de la Loire-Inférieure doit aux livres de Jean Rouaud et on n'oublie pas son magnifique "Cadou Loire Intérieure".

Écrit par : michèle pambrun | 05/02/2009

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