Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

06/01/2009

Religion et société (2)

Le conflit actuel en Palestine n’est pas à l’origine un conflit religieux, mais plutôt les suites d’une fin d’époque coloniale particulièrement mal gérée.

Avant 1917, la Palestine faisait partie de l’Empire ottoman. Au moment où les Anglais s’en emparent, ils promettent, par la déclaration de Balfour, de favoriser la création d’un foyer national pour le peuple juif. Pourquoi cette attitude ? Probablement parce que le gouvernement britannique avait besoin de l’aide des banques (anglaises et américaines), lesquelles étaient aux mains des Juifs. De plus, en faisant cette promesse, on obtenait la faveur des Juifs américains, lesquels firent aussitôt pression pour que les Etats-Unis rentrent en guerre. Rien n’est simple, comme on le voit.

Le problème, c’est que les Anglais avaient fait une autre promesse aux Arabes, à savoir la création d’un grand royaume arabe incluant la Palestine. Dès 1917, donc, ceux-ci se retrouvèrent lésés et frustrés.

Bref, c’est l’époque coloniale et les Anglais occupent la Palestine, laquelle était donc bien habitée par des Arabes et des Juifs. Mais comme on commence à favoriser l’immigration des Juifs en Palestine, le nombre de ceux-ci augmente. La société des Nations avait d’ailleurs donné un mandat au Royaume-Uni qui lui demandait de

« placer le pays dans des conditions politiques, administratives et économiques qui permettront l'établissement d'un foyer national juif et le développement d'institutions d'auto-gouvernement».

Il faut aussi

«faciliter l'immigration juive et encourager l'installation compacte des Juifs sur les terres ».

La conséquence de tout ceci, c’est que la population juive augmente sans cesse (elle est d’ailleurs passée de 83 000 habitants en 1918 à 650 000 en 1948). Les Arabes commencent à se révolter et pour ne pas avoir de problèmes, les Anglais, dès 1939, réduisent l’immigration juive et promettent l’indépendance aux Arabes dans un proche avenir. Du coup, l’empire britannique rentre en confit ouvert avec les sionistes qui n’hésitent pas à faire des attentats (voir le rôle de l’Irgoun de Menahem Begin, alors activiste terroriste avant de devenir plus tard Premier ministre d’Israël). De guerre lasse, les Anglais remettent leur mandat aux Nations Unies, lesquelles décident assez logiquement de créer un état arabe et un état juif. Les Anglais quittent définitivement la Palestine en 1948, non sans avoir de nouveau tout fait pour favoriser l’apparition d’un état juif. Dès qu’ils sont partis, les sionistes ont assez de force pour vider la région de la population palestinienne. Il y a 800.000 exilés. C’est l’époque durant laquelle on a rasé le village du poète Mahmoud Darwich, ne laissant que le cimetière dans lequel il n’a pas pu être enterré lorsqu’il est décédé l’année dernière). C’est l’époque aussi de la destruction du village de Deir Yassin: les 254 habitants de ce village (hommes, femmes, enfants, vieillards) furent massacrés par les troupes de "L’Irgoun" de Menahem Beghin.
La suite, on la connaît. Les Anglais sont à peine partis que la guerre avec les pays arabes commence aussitôt.

Peut-on donc dire que la religion est à la base de ce conflit ? Quelque part non, on vient de voir que la situation était particulièrement complexe. Pourtant, si les Juifs veulent s’établir en Palestine (et non en Argentine ou encore en Russie où avait existé autrefois un petit royaume juif), c’est bien pour des motifs religieux, celui de la Terre promise.

De tout ceci, on retiendra :

- que si on n’avait pas pratiqué une immigration massive de 1917 à 1948, la Palestine serait arabe aujourd’hui. Mais peut-être que les Juifs n’auraient toujours pas d’état. La réalité, c’est que les Palestiniens, eux, n’en ont pas.

- Que s’il n’y avait pas eu ce substrat religieux et le sentiment chez les Juifs que cette terre leur appartient de droit par volonté divine, on n’en serait peut-être pas là.

Dans la correspondance qu’il entretient avec JL Kuffer, l’écrivain Pascal Janovjak mettait en doute l’importance du phénomène religieux dans ce conflit. Il n’a pas tort, donc. Pourtant, il faut avouer que même s’il n’y a que 15% des Juifs qui sont profondément religieux, l’ensemble de cette communauté continue de se baser sur la Bible pour dire que cette terre lui appartient.

Voici d’ailleurs quelques citations éclairantes :


- «Le Seigneur conclut une Alliance avec Abraham en ces termes: C’est à ta descendance que je donne ce pays, du fleuve d’Egypte au grand fleuve, le fleuve Euphrate.» Genèse (XV, 18-21)

- "Si l’on possède la Bible, si on. se considère comme le peuple de la Bible, on devrait posséder également les terres bibliques, celles des Juges et des Patriarches, de Jérusalem, d’Hébron, de Jéricho, et d’autres lieux encore." Moshé Dayan."

- «Il n’y a pas de peuple palestinien... Ce n’est pas comme Si nous étions venus les mettre à la porte et leur prendre leur pays. Ils n’existent pas.» Madame Golda Meir. Déclaration au Sunday Times, 15 juin 1969

- «Eretz Israël sera rendue au peuple d’Israël. Tout entière et pour toujours.» Menaheni Beghin

Le paradoxe, c’est donc le fait que les partis religieux soient si importants dans la politique israélienne alors qu’une bonne partie de la population n’a qu’une foi très modérée ou même pas de foi du tout. La raison en est qu’inconsciemment cette population accepte la thèse religieuse de la Terre promise. Sans cela, comment pourrait-on justifier ce que l’on voit aujourd’hui ?

Ces bombardements n’ont pas pour seul objectif d’affaiblir le Hamas, il s’agit aussi de terroriser la population civile dans l’espoir qu’elle se décidera enfin un jour à quitter définitivement la Palestine. Sinon, pourquoi viserait-on des mosquées, des écoles, des centrales électriques ? C’est la même logique depuis le premier jour : chasser les Arabes de la Terre promise. Pour cela tous les moyens sont bons. C’est Dieu qui l’a voulu, semble-t-il.


palestine-map1.jpg

Commentaires

Je souscris à cette analyse qui me semble juste (dans tous les sens du mot)

Écrit par : Gharbi | 06/01/2009

"Nous ne venons pas en Palestine, nous y revenons."

" Nous demandons la possibilité de nous installer en Palestine et, quand nous serons la majorité, nous en réclamerons le gouvernement ».

Déclarations d'Haim Weizmann (Juif né en Biélorussie, de nationalité anglaise, partisan et activiste du Sionisme politique) en 1918, faites lors de sa première visite en Palestine en tant que parlementaire britannique et principal collaborateur de Lord Balfour comme rédacteur de la Déclaration Balfour. Il sera le premier président du nouvel état juif en 1948.

Ainsi l'Etat qui va naître serait en réalité un Etat qui renaît.

On assiste alors à la naissance de ce jeu qui va s'avérer redoutable, le jeu d'une fiction historique :
Les juifs ne disposent certes pas d'un Etat, mais ils en avaient un, deux millénaires plus tôt. Ils ne font alors aujourd'hui que tenter de le restaurer, de retrouver un droit légitime sur une terre, perdu il y a 2000 ans.

La nation palestinienne, le peuple palestinien n'existent pas. Le peuple juif, lui existe et il est confronté sur sa terre historique "à des communautés non-juives" comme le stipule la Déclaration Balfour".

Ce déni d'existence passera, et passe encore, d'autant plus facilement que les opinions occidentales (marquée profondément par le colonialisme triomphant) admettent d'emblée que, ne disposant pas d' un Etat-nation, ces gens de la Terre sainte ne constituent qu'un ensemble de communautés, une "mosaïque" de religions.

Car en Palestine à cette époque les Palestiniens sont formés de communautés musulmanes, juives et chrétiennes. Les palestiniens juifs sont une minorité du peuple palestinien. Par le miracle de la Déclaration Balfour, tout d'un coup, il n'y a plus de Palestiniens juifs et c'est comme s'ils n'avaient jamais existé.

Tout se joue désormais entre le peuple juif qui revient et deux autres communautés qui attendent de partir pour céder la place, leur place. L'histoire contemporaine de la Palestine se réduira alors, sous des formes diverses, à une répétition permanente d'un terrible énoncé: les Palestiniens sont en instance permanente d'absence annoncée.

Pour les sionistes, les fondateurs de l'état d'Israël, la Palestine est en réalité un territoire vide, c'est de fait un désert. Les "Arabes" qui s'y trouvent n'ont pas d'ancrage ou de liens réels avec les lieux et la réinstallation des juifs en Palestine est donc parfaitement morale. Elle répond à l'injustice séculaire qui frappe les juifs où qu'ils se trouvent sur terre et elle ne cause de fait aucun préjudice à quiconque.

Le sionisme serait un peuple sans terre qui revient à une terre sans peuple. Mais en palestine, tout les juifs, de Herzl (fondateur du sionisme) au dernier immigrant juif, savait, voyait de ses yeux que, pleine de son peuple, la Palestine était tout sauf vide et qu'elle se battait avec acharnement : grèves, manifestations, presse nationale militante, partis et organisations patriotiques résistantes, maquis en armes dès la déclaration Balfour.

Mais alors pourquoi ce mot d'ordre de "la terre sans peuple" ? De la pure propagande ? Pourquoi ce slogan repris par tous, clamé longtemps encore après la naissance de l'état juif ?

Le terme "vide" n'était en réalité pas utilisé dans l'acceptation que l'on pense. "Vide" signifiait ici non pas "inhabité", mais vide de propriétaire légal, d'ayants droits légitimes. En clair les Palestiniens qui étaient là n'avaient aucun droit d'y être.

Ainsi absorbée, la présence légitime palestinienne se transformait en une squatérrisation d'une terre promise à un autre peuple qui, revenu, reprenait possession de son bien.

Il est vrai - la conviction est forte dans les esprits - que ce droit de propriété millénaire émanait d'un "agent immobilier divin", le Tout-Puissant. Mais cela n'empêchera jamais les israéliens de jouer de ce droit comme un droit de propriété fort "séculier".

Alors les Palestiniens, comme tous les "indigènes" n'ont pas compté, ne comptent pas, ne pèsent pas lourd face à l'idéologie coloniale généralisée, doublée dans le cas d'espèce d'une promesse divine : Cette terre est élue pour un seul peuple.

Cher Feuilly , merci de soulever des questions essentielles. J'espère ne pas trop squatter vos commentaires. Mais ces jours j'ai de la peine à me retenir. Signé un vieux de la vieille (cela fait 40 ans) de la Cause palestinienne. Philip.

Écrit par : Philip Seelen | 06/01/2009

Non, non, Philippe, continuez seulement, vos remarques sont pertinentes et prolongent mon propos. Victimes de la colonisation (ottomane puis anglaise), les Palestiniens n'avaient aucune force politique pour s'imposer en 1948. Les Juifs non plus, mais ils avaient l'argent et des conseillers bien placés auprès des grandes puissances. Cela n'a pas changé.

Disons que si au moins on avait créé deux états en 1948, avec une frontière surveillée par une force internationale, on n'en serait pas là.
Au contraire, on a laissé faire et la partie palestinienne est grignotée chaque jour par de nouvelles colonies.

Les Juifs considèrent souvent que la vraie patrie des Palestiniens, c'est la Jordanie. Mais dans la Bible, c'est les deux rives du Jourdain, que Dieu, qui n'était pas avare en ce temps-là, a promises à Israël. Cela n'aura donc jamais de fin.

Ce qu'on peut regretter, c'est qu'aucue puissance arabe n'ait été capable d'imposer la création de cet état palestinien.

Écrit par : Feuilly | 06/01/2009

La question de 1948 et la question du partage de la Palestine comme occasion manquée...

Je pense qu'il faut rappeler que la situation de 1947-1948, année cruciale, est l'aboutissement d'une histoire commencée à la fin du 19ème siècle. La guerre de 48, prévisible et annoncée, demeure indissociable de la Résolution du partage de la Palestine votée en novembre 47 par l'assemblée générale de l'ONU. C'est cette date qui symbolise le déclenchement quelques semaines plus tard des grandes opérations de ce que l'on peut appeler la Première Guerre de Palestine.

L'enquête de terrain de l'ONU, les manoeuvres sordides de l'Administration état-unienne lors des débats, les achats des voix des petits pays opposés à la résolution, mais débiteurs de ces mêmes Etats-unis, la coïncidence extraordinaire des intérêts russes et états-uniens (les russes pensant récupérer un état socialiste avec israël !!!), les très profondes divisions des états arabes entre eux, tout a été dit sur cette triste page de l'histoire internationale de la décolonisation.

Ce qui paraît plus intéressant à soulever ici, c'est le refus palestinien d'avoir un Etat et de laisser vivre un Etat juif voisin, refus qui aurait été la base du malheur de la Palestine et la preuve irréfutable de l'irrédentisme et de l'aveuglement politiques des Palestiniens. Les Palestiniens qui se présentaient comme les victimes auraient été, seuls, responsables de leur malheur.

Les Palestiniens se sont-ils opposés au partage ? - La réponse est oui ! Ben Gourion pour les sionistes l'a-t'-il au contraire accepté ? - La réponse est oui ! Les violences ont-elles éclaté dès l'annonce de la résolution ?
- La réponse est encore oui.

Mais la vérité est ailleurs. Les Palestiniens ont rejeté en assemblée générale pendant les délibérations le principe du partage. Mais ils ont accompagné ce rejet d'une offre, littéralement révolutionnaire si l'on se replace dans le contexte de l'époque :
- Arrêt de l'immigration juive.
- Proclamation d'un Etat indépendant au sein duquel TOUS LES CITOYENS, ARABES ET JUIFS, alors présents en Palestine, jouiraient d'une même citoyenneté.

Cette proposition palestinienne, attesté tant par les archives de l'ONU que par les documents filmés des débats a tout naturellement "disparu" des récits.

Un compromis était possible, autre que le partage. Mais les sionistes s'y opposèrent très fermement. Toute la différence entre les parties en présence en 48 est là : les Palestiniens sont engagés dans la conservation et la sauvegarde de leur terre qui leur appartient. Les sionistes sont dans la conquête de la terre d'autrui dont tout morceau est bon à prendre.

Dès lors, le refus du partage s'apparente au réflexe spontané de la "mère véritable de l'enfant" et se retrouve, par une terrible ironie de l'histoire, ressemblant comme deux gouttes d'eau à l'épisode biblique du jugement de Salomon.

L'allégorie biblique est bien entendu un hymne à la vie - mieux vaut perdre un être cher vivant que de le garder mort -, mais cette allégorie recoupe le sentiment général des palestiniens en 1947: Partager le pays, c'est le condamner à disparaître.

C'est en 1947 aussi que le dossier Palestine est à la demande de la Grande-Bretagne, transmis alors à la responsabilité de l'ONU, garante désormais des accords passés. Le désistement de la puissance britannique est le signal que celle-ci a été délogée par celle montante des Etats-Unis. La suite des événements le montrera bien. L'ONU ne sera que la scène sur laquelle se jouera une pièce, écrite et interprétée par la Maison Blanche et son Administration.

En 1948, un pays a disparu, corps et biens de la carte et des dictionnaires. La Palestine est décrétée n'avoir jamais existé et son peuple de un million quatre cent mille âmes se retrouve éclaté entre les camps des exils arabes, la Cisjordanie et la bande de Gaza passées sous contrôle transjordanien et égyptien et Israël.

Israël voit le jour en 1948 dans un consensus planétaire pour que justice soit rendue aux victimes de l'hitlérisme. Un petit pays, la Palestine doit payer pour l'Europe, payer par la perte de son nom, payer pour des crimes inqualifiables commis par d'autres (européens) sous d'autres cieux (en Europe).

Pour le peuple Palestinien, l'histoire de la fin du siècle et celle que nous vivons se confondront avec son combat acharné contre ce déni du nom, ce négationnisme à l'échelle de la planète, pour que leur terre réémerge de la noyade forcée et que son nom revienne de l'absence imposée.

En tant que fils de l'Europe je suis depuis 45 ans à ses côtés pour le meilleur et pour le pire.

Mes respects. Philip

Écrit par : Philip Seelen | 06/01/2009

Voilà qui est bien intéressant, en effet.

Il faut dire aussi que les nouveaux arrivants juifs avaient de l'argent et achetaient les terres aux anciens seigneurs arabes (qui ne vivaient pas sur place). Les victimes, ce furent quand même les paysans qui vivaient eux sur ces terres qu'ils durent quitter.

Notons encore que les Nations Unies avaient nommé un médiateur, le Comte Folke Bernadotte, lequel, dans un premier rapport disait que "Ce serait offenser les principes élémentaires que d’empêcher ces innocentes victimes du conflit de retourner à leur foyer."
Le 17 septembre 1948 le Comte Bernadotte et son assistant français, le Colonel Serot, étaient assassinés par les sionistes.

Sionistes qui disaient, comme Ben Gourion" Il ne s’agit pas de maintenir le statu-quo. Nous avons à créer un État dynamique, orienté vers l’expansion."

Écrit par : Feuilly | 06/01/2009

Ce que je retiens au premier chef, du récit de Philip, c'est que la proposition faite en 1948 par les Palestiniens, d'un arrêt de l'immigration juive et de la proclamation d'un Etat indépendant, au sein duquel tous les citoyens, arabes et juifs alors présents en Palestine jouiraient d'une même citoyenneté, A DISPARU DES RECITS.
Comme a disparu des récits le fait qu'un pays, la Palestine, a été rayé de la carte et des dictionnaires, a perdu son nom.

Les deux barres bleues qui "bordent" l'étoile de David sur le drapeau d'Israël disent clairement le sionisme par nature expansionniste qui reprend à la lettre la promesse de Yahvé "Je te donnerai la terre comprise entre le grand fleuve (le Nil) et l'Euphrate".

Pourquoi devrait-on accepter sans mot dire la poursuite d'une politique inspirée par une idéologie à la fois nationaliste, ethnique et secrètement religieuse, que partout ailleurs on condamne et combat au nom de la démocratie et de la liberté des peuples et des individus ?
Ni judéophobie, ni islamophilie : souci de justice et de vérité.

Écrit par : michèle pambrun | 07/01/2009

Le problème c'est que la popualtion israélienne modérée est victime des tirs de roquettes, a peur et fait comme chez nous: elle recherche un régime fort qui va la protéger (cf les voix pour Le Penn liées aux exactions des immigrés et Sarkozy avec son nettoyage au Kärcher dans les banlieues). Une fois en place, le gouvernement fait ce qu'il veut. Malheureusement je ne sais pas quelle est exactement la position de la gauche israélienne. J'ai bien peur qu'elle ne soit ele aussi sioniste.

Le drame dans tout cela, c'est que l'opinion mondiale va se retourner contre eux. Ils détiennent les armes et l'argent et les gens n'aiment pas trop cela. Donc, alors que personne n'en voulait aux Juifs en tant que Juifs, on va voir se développer un nouveau racisme dont ils vont eux-mêmes être les premières victimes. Alors ce sera l'escalade.

Ou alors il y aura des attentats en Europe de la part de musulmans extrémistes et l'opinion, changeante, oubliera son soutien aux Palestiniens pour se retourenr contre le monde arabe. Si cela se trouve, certains veilleront à ce que ces groupes extrémistes ne manquent pas d'armes.

Écrit par : Feuilly | 07/01/2009

Mais le principal obstacle à tout règlement du conflit en dernier ressort, ce n'est pas Israël, ce n'est pas la droite ultra-nationaliste des partis religieux, c'est Washington, c'est l'alliance européenne qui a son siège à Bruxelles. A chaque fois qu'il faut sanctionner Israël pour ses exactions et prendre des mesures internationales de rétorsion contre l'Etat sioniste, à chaque fois, ils exercent leur droit de veto au Conseil de sécurité ou s'abstiennent au vote en assemblée générale.

Israël peut-il conduire un processus de paix? Les 7 ans qu'on duré les accords d'Oslo ont montré que tous les sujets pouvaient être abordés par les négociateurs des deux parties, et que des solutions pragmatiques et étalées dans le temps, respectant la lente évolution des esprits des deux camps pouvaient être mises en pratique.

Bien sûr la réalisation de ces accords a finalement totalement échoué. Un des facteur essentiel en a été la peur profonde de la société israélienne d'imposer à son opinion publique des mesures essentielles à la reconnaissance de la légitimité des Palestinien dans leur revendication d'un Etat qui leur soient propre.

Au cours des négociations les colonies n'ont jamais autant prospéré, ce que les Israéliens cédaient sur le papiers, ils le reprenaient sur le terrain et accusaient les palestiniens qui résistaient aux nouvelles implantations de menacer la sécurité et l'existence même d'Israël.

Ainsi pour les partisans d'Israël toute critique, toute opposition aux actes d'Israël découlent du désir d'annihiler Israël.

Il n'y a donc aucune place pour une négociation avec les palestiniens. On répète sans cesse et même ces jours qu'Israël a peur pour son existence. Mais c'est sur sa naissance qu'Israël a peur de revenir, sur son passé. "Comment notre Etat est-il né ?" est la question que les israéliens ne veulent pas se poser.

Un Etat qui est convaincu qu'il est et représente un Bien absolu a les plus grandes peines du monde à admettre, à reconnaître aussi qu'il est né d'un crime commis à l'égard du peuple palestinien.

Pourra-t-on un jour échapper à ces catégories d'absolu qui empoisonnent tous les énoncés du conflit? Pourra-t-on un jour dissocier les deux questions, celle du malheur des juifs et celle du malheur des palestiniens, pour pouvoir les résoudre non point ensemble mais tous les deux?

Pourra-t'-on un jour dégager les deux récits, les mettre en vis à vis, sans pour autant inféoder l'un à l'autre et fonder ainsi un véritable sentiment de compréhension réciproque ? Pourra-t-on un jour dire que le divorce originel entre les deux peuples en 48 ne peut-être ni changé en amnésie, ni nié simplement, et que c'est là la seule condition pour édifier une réconciliation future ?

Comment fonder la paix des coeurs, si l'on veut sortir du tunnel et cesser les aller et retour entre accalmies et guerres et ceci à chaque fois en plus pire en coût de vies humaines ? Sinon on va continuer de bains de sang, en bains de sang comme en ces sinistres jours que nous sommes en train de vivre.

Écrit par : Philip Seelen | 07/01/2009

Bien vu.

Écrit par : Feuilly | 07/01/2009

Donnons du silence aux armes de ces événements...

Écrit par : unevilleunpoeme | 07/01/2009

Il m'est difficile de considérer qu'Israël est né d'un "crime" commis à l'égard des Palestiniens. Peut-être parce que l'existence d'Israël m'a toujours parue légitime. Naturelle, aussi évidente que l'existence de la France et d'autres pays.

Toutefois, depuis que je m'y intéresse de plus près, je ne peux m'empêcher de penser que l'ONU - enfin - que la création de l'Etat d'israël (si elle était un extrême bonheur pour les Juifs et les sionistes) se faisait dans des conditions historiques encore empreintes de colonialisme.

Après tout, la décolonisation commence plutôt en 60.

Pour beaucoup de juifs non religieux, vivant en Europe et dans le reste du monde, Israël représente moins une terre à la symbolique religieuse, qu'une sécurité au cas où. Tous ont en mémoire la Shoah et les pogroms.

Quant à dire immigration juive massive... Ffff ! Et Exodus? Je ne prends que cet exemple-là.

Ceci dit, j'ai lu les trois derniers articles et tous leurs commentaires.

Je ne sais pas. Je suis ébranlée. Comme tout le monde, je voudrais la paix et je la crois impossible étant donné la politique des deux peuples.

Mais justement, la croire impossible n'est pas une solution.

Écrit par : Pivoine | 07/01/2009

Mais bien sûr Pivoine qu'ils ont droit à un état. Mais qu'ils prennent celui qu'on leur a donné en 48. A la longue et de guerre lasse les Palestiniens auraient accepté leur présence surtout si en contrepartie on leut avait donné à eux aussi un état.
Ils savent qu'ils doivent surtout compter sur leurs propres forces s'ils veulent survivre. Donc qu'ils se protègent, c'est encore normal. Mais ici, ce n'est plus de cela qu'il s'agit. C'est nier l'adversaire, le mépriser, le coincer dans un coin, le priver de tout et puis le bombarder en semant la terreur.
Je n'ai pas dit que j'approuvais le Hamas, qui n'est qu'une force nationaliste genre extrême-droite avec un fanatisme religieux pas possible. Mais si ce sgens trouvent des recrues, si les gens se tournent vers eux, c'est par désespoir.

En plus Israël représente l'Occident, notre mode de vie, etc. C'est donc vécu comme une sorte de néo-colonialisme en effet.

Écrit par : Feuilly | 07/01/2009

Merci pour cet article et les précédents. Pour revenir au présent et répondre à votre hypothèse,
"La raison en est qu’inconsciemment cette population accepte la thèse religieuse de la Terre promise. Sans cela, comment pourrait-on justifier ce que l’on voit aujourd’hui ?"

Si vraiment la religion avait un tel poids, conscient ou non, je pense que Sharon n'aurait pas quitté Gaza (rien ne l'obligeait à le faire, sinon l'idée d'un contrôle plus efficace des frontières, et la possibilité désormais de les clore complètement).

Pour ce que j'ai pu en voir, la gauche israélienne n'est pas favorable aux colonies et à l'expansion territoriale. Reste qu'elle est touchée, comme la majorité des israéliens, par l'obsession sécuritaire (qu'on peut expliquer historiquement, et qui est maintenue extrêmement vive par l'éducation). Touchée au point de fermer les yeux. Pour beaucoup, l'Occupation en Cisjordanie constitue une sécurité supplémentaire - si elle cessait, l'Ennemi serait à nos portes...

Le danger est que ce désir de sécurité absolue ne connaît pas de limite, ni géographique, ni morale, et le nombre de morts ne l'arrête pas (encore). Peut-on être assez sûr d'être en sécurité ?

Vous avez compris cher Feuilly, que je ne nie aucunement la complexité du problème, le poids de la religion et de l'Histoire. Simplement, au présent, c'est ce que je ressens, et ce que je retire de mes conversations avec les Israéliens que j'ai rencontrés.

(A ce propos, nous avons passé le réveillon avec une jeune israélienne qui n'a cessé de nous parler de roquettes, alors même que nous évitions soigneusement de causer politique (difficile de parler de Gaza une flûte à la main). Et elle, tout au long de la soirée, roquettes, roquettes. Nous lui avons souhaité une bonne année quand même.)

Écrit par : Pascal | 08/01/2009

Merci pour ce témoignage, Pascal.

Vous ne pensez pas que quelque part les Juifs finissent parr voir des dangers quand il n'y en a pas ? Evidemment, maintenant il y en a et du temps de l'Allemagne nazie, il y en avait aussi et pas un peu.

Je veux dire par que j'ai déjà rencontré des Juifs qui me disaient ne pas se sentir en sécurité ici en Europe et qu'ils préféraient partir en Israël. Or moi, ici, je ne ressens aucune animosité à l'encontre des Juifs de la part de la population (mais à l'encontre du gouvernement israélien, oui bien entendu), par contre j'en ressens beaucoup de la part de cette même population à l'encontre des immigrés maghrébins. Donc, pour quelques tombes profanées (acte scandaleux, on est d'accord: on ne touche pas aux morts, même ceux des autres) ce monsieur avec qui je parlais avait l'impression que les chambres à gaz allaient recommencer. Or, si une animosité se crée à leur encontre, ce sera précisément suite aux bombardements du type de ceux auxquels nous assistons. De plus, on a vu aussi des tombes musulmanes profanées. Il y a des idiots partout.

Selon le Monde diplomatique (mais qui croire?), cette affaire de tombe serait exploitée par le Mossad pour inciter les Juifs européens à retourner en Israël (et compenser ainsi la natalité galopante du monde arabe).

Mais vous êtes sur place et percevez fatalement un tas de choses qui nous échappent, nous qui ne voyons que par les yeux des médias. Votre témoignage est donc des plus importants.

Écrit par : Feuilly | 08/01/2009

Absolument d'accord : la peur est "héritée", instrumentalisée, provoquée parfois, et l'on pourrait aisément parler aujourd'hui d'une paranoïa israélienne, souvent partagée par les juifs hors d'Israël.
Reste que même dans le cas de la paranoïa clinique, si le danger est illusoire, la peur est réelle...
J'insiste sur ces notions de sécurité et de peur, parce qu'il est urgent de comprendre leur portée dans la permanence du conflit et l'échec des négociations. Elles sont au coeur du problème parce qu'elles hantent les seules personnes qui ont réellement le pouvoir d'y mettre un terme, à savoir les électeurs israéliens.
Bien à vous,
Pascal

Écrit par : Pascal | 11/01/2009

Les commentaires sont fermés.