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04/01/2009

Religion et société

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Quelle est encore l’influence de la religion sur la pensée et le comportement des hommes ? Telle est la question qu’on est en droit de se poser en ce début du XXI° siècle, alors qu’en Europe les églises se vident de leurs fidèles. La difficulté que rencontre l’Eglise pour recruter de jeunes prêtres, les critiques qui s’élèvent à l’encontre de certains discours du pape (sur l’avortement, la contraception, l’homosexualité, etc.) ou tout simplement l’indifférence générale de la population sur les questions religieuses prouvent à suffisance que la foi ne fait plus recette. Certes, l’enseignement libre confessionnel connaît un grand succès, mais on sait que les parents qui choisissent ce type d’établissement justifient leur position par la qualité de l’enseignement qui selon eux y serait dispensé et ils évoquent rarement des motifs religieux. D’ailleurs il suffit d’interroger un peu son entourage pour entendre chaque fois la même réponse : « Oui, je crois en Dieu, mais je ne suis pas pratiquant. » Cela montre bien que s’il demeure un substrat confessionnel dans les mentalités, celui-ci n’est plus très vivace. On peut regretter au passage que tous ces gens n’aient pas pris la peine de réfléchir sérieusement à leur position sur le sujet. Quelque part, je préférerais quelqu’un qui me dise « je crois ou j’essaie de croire pour telle ou telle raison » ou au contraire « non, je suis devenu athée » que ce simple constat ambigu où l’on croit sans croire vraiment et qui manifeste une sorte de laisser-aller que l’on ne peut que déplorer sur un plan intellectuel.

Enfin, peu importe, ce qui est sûr, c’est que la majorité de nos concitoyens croient vaguement en l’existence d’un Dieu (sinon comment expliquer l’existence de l’univers) mais restent très méfiants sur les discours et les pratiques religieuses, qui leur semblent à mille lieues de leurs préoccupations quotidiennes. A la limite on veut bien se marier à l’Eglise (pour ceux qui se marient encore) et assister à la communion d’un neveu (tradition familiale) mais pour le reste, non, on vit dans un monde laïc. L’Etat et le pouvoir, d’ailleurs, s’inscrivent bien dans cette conception laïque, aussi a-t-on été un peu étonné d’entendre Giscard d’Estaing réclamer un ancrage chrétien à sa constitution européenne (laquelle, rappelons-le, concerne surtout la liberté du commerce) et Sarkozy affirmer la primauté du discours du prêtre sur celui de l’instituteur.

Pourtant, quant on connaît les thèses sur le choc des civilisations (Samuel P. Huntington), l’état d’esprit de l’administration Bush ou encore l’actuel conflit à Gaza, on est en droit de se demander si la religion n’est pas encore un moteur de l’action des hommes. Le monde arabe semble d’ailleurs trouver dans le fait religieux une sorte d’unité et une manière de s’opposer (pacifiquement ou non) à la domination de l’Occident.

J’aurais tendance à donner une réponse de Normand et à dire que les religions ne sont pas le phénomène essentiel permettant de comprendre les conflits dans le monde, mais qu’elles contribuent cependant à les attiser.

Ainsi, je ne vois pas bien en quoi l’Occident se penserait comme chrétien. La politique qu’il mène est celle qu’il a toujours menée, depuis le colonialisme et l’expansionnisme géographique jusqu’à son désir récent de soumettre la planète entière à son esprit mercantile pour autant, bien entendu, que ce commerce se fasse à son profit.

Donc, la théorie du choc des civilisations semble particulièrement contestable, surtout si on veut définir les grands blocs de civilisations par leur seule religion. On ne voit d’ailleurs pas comment on ferait entrer l’ancienne guerre froide (USA/URSS) dans un tel schéma, la Russie communiste ne se définissant certainement pas par rapport à la religion orthodoxe. De plus, les besoins des hommes étant partout les mêmes (se nourrir, se vêtir, se reproduire, vivre en paix), on ne voit pas non plus pourquoi un Européen devrait d’office entrer en conflit avec un Arabe, un Indou ou un Chinois sous prétexte qu’il aurait une religion différente. En fait, les différences alimentaires, vestimentaires ou culturelles sont pour le moins aussi importantes que la religion pour différencier les peuples. Mais ces différences ne sont pas non plus des obstacles insurmontables qui nous empêcheraient de bien nous entendre avec les autres. On peut parfois se sentir plus proche d’un étranger (qui aurait lu les mêmes livres que nous et qui aurait une vision humaniste fort proche de la nôtre) que de son voisin de palier. Et le fait que cet étranger ne prie pas le même dieu ou ne mange pas les mêmes aliments que moi ne change pas grand chose. Donc cette théorie du choc des civilisations en rapport à la religion ne sert qu’à justifier la politique des marchands d’armes, lesquels essaient de dresser tout le monde contre tout le monde afin de faire du profit (voir les mensonges déjà oubliés sur les armes de destruction massive en Irak).

Quand éclate un conflit, la religion semble donc être un prétexte qui masque les vrais motifs. La guerre en Irak n’est pas une guerre contre l’islam (même si officiellement elle s’est donnée comme but d’éradiquer le terrorisme islamique), c’est une mainmise pure et simple sur les puits de pétrole et un renforcement de la présence militaire US dans un endroit stratégique de la planète. La guerre en Afghanistan relève de la même logique.

Maintenant, qu’en est-il de l’actuel conflit à Gaza ? Peut-on dire que la religion en est absente ?

(à suivre)


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Commentaires

De la complexité du sujet...

C’était le samedi 3 septembre 2005. Taybeh, un village chrétien de Cisjordanie, était mis à sac par ses voisins musulmans de Deir Jarir. Quatorze maisons étaient incendiées et soixante-dix habitants jetés à la rue. Une descente destinée à laver l’honneur de Deir Jarir sali par la liaison extra-conjuguale qu’entretenait l’une de ses habitantes avec un père de famille chrétien de Taybeh. Apprenant la «faute» de leur sœur, Hiyam, enceinte de six mois, ses deux frères s’étaient empressés de l’empoisonner. La hâte de la famille à organiser un enterrement avait éveillé les soupçons de la police qui avait procédé à une autopsie du corps et à un interrogatoire de ses proches, conduisant in fine à la révélation publique de la liaison.

Dans les jours suivants l’expédition punitive, le défilé des dignitaires religieux et des consuls occidentaux appelés à la rescousse par Taybeh donnait une résonance internationale à ce drame. Les images des murs noirs de suie du bourg de 1 500 habitants, qui est la dernière localité exclusivement chrétienne de Palestine, étaient aussitôt publiées par la presse étrangère. Avec une question lancinante: S’agissait-il d’un «pogrom anti-chrétien» comme l’affirmait une partie des journaux israéliens ou d’un règlement de compte familial comme il en existe souvent en Palestine du fait du poids persistant des traditions et de l’absence d’état de droit ?

Spontanément, les responsables locaux et les dirigeants de l’Autorité palestinienne se sont évertués à dissiper tout soupçon de contentieux religieux. L’unité du peuple est une rengaine obligée dans les territoires occupés. Pour être solidaires face à l’armée israélienne, les Palestiniens doivent l’être aussi dans leur quotidien, quel que soit le nom du Dieu qu’ils prient. Tant le maire de Taybeh, Daoud Khouri, que son curé, Raed Abusahlia, ont donc répété aux journalistes que l’émeute est née d’une banale affaire d’honneur et que seul le hasard lui a donné une coloration religieuse. «Dans la plupart des histoires de ce genre, on résout facilement le conflit en obligeant l’homme à épouser sa maîtresse, dit Daoud Khouri. Dans notre cas, parce que les deux amants étaient de religion différente, cette solution n’était pas envisageable».



Une trêve bancale

La thèse de la vengeance tribale est d’autant plus crédible que quelques semaines plus tôt, dans le village de Rammoun, distant d’une poignée de kilomètres de Taybeh, le meurtre d’un habitant par un autre avait été vengé par la destruction, là aussi, d’une dizaine de maisons de sa famille. «Les Israéliens ne se sont intéressés qu’à l’histoire de Taybeh qu’ils ont monté en épingle, mais celle de Rammoun montre que de telles violences surviennent également entre musulmans», argumente Abou Firas, le gouverneur de Ramallah.

C’est lui, à la tête d’une centaine de soldats, qui a ramené le calme entre les deux villages. Arrivés samedi soir, trois heures après le début des violences parce que leur déploiement sur place nécessitait l’accord de l’armée israélienne (situé en zone B, selon le découpage d’Oslo, le village est placé sous le contrôle sécuritaire israélien), les troupes palestiniennes ont réussi à sauver des flammes une station d’essence ainsi que la fameuse brasserie qui produit la Taybeh, la seule bière palestinienne. Le lendemain, Abou Firas s’est rendu avec une délégation de notables négocier une trêve («hudna») auprès des villageois de Deir Jarir.

De ces palabres est sorti un accord pour le moins bancal, au terme duquel les gens de Taybeh renoncent à toute poursuite contre leurs agresseurs et à toute demande de compensation. En échange de cela, leur sécurité est garantie, à l’exception de celle de Mehdi Khouri, le mari adultère qui, pour sa protection, est maintenu en prison. Dans six mois, une cérémonie de réconciliation («sulha») aura lieu pour clore définitivement l’affaire. «C’est un procédé normal dans les villages, dit Akram el Ghattib, le procureur général de Ramallah. La loi des familles reste très puissante. Dans le cas de Rammun, les incendiaires n’avaient été poursuivis non plus».

La vérité par le test ADN

Cette victoire de la tradition n’apaise pourtant pas les esprits à Taybeh. Pas plus que la décision du Parlement palestinien de financer la reconstruction des maisons brûlées. La plupart des habitants sont convaincus, comme l’affirme Mehdi, que l’enfant n’était pas de lui, mais d’un habitant de Deir Jarir qui entretenait lui aussi une liaison avec Hiyam. Un test ADN a été mené sur les deniers du maire, Daoud Khouri, mais le ministère de la Justice qui dispose du résultat depuis un mois, rechigne pour l’instant à le dévoiler.

«Nous avons besoin de savoir la vérité, dit Daoud Khouri. Si Mehdi n’est pas le père, la hudna n’a plus de sens et alors nous exigerons des excuses officielles de Deir Jarir. Je comprends que l’Autorité s’inquiète de l’ordre public. J’espère juste que ce souci ne conduira pas à une discrimination religieuse de fait». Dans l’épicerie de Nassim, au centre de Taybeh, les clients s’expriment avec moins de précautions. «Si le test accusait Mehdi, le ministère l’aurait dit tout de suite, dit Mazen, dont la maison a été détruite. Abou Firas ne veut pas de problèmes. C’est pour cela qu’il tait la vérité». «En reconstruisant les maisons, l’Autorité espère nous amadouer et enterrer le problème du test», ajoute Ihab.

C’est Nassim qui dit finalement tout haut ce que tout le monde pense tout bas : «La famille de Hiyam compte une trentaine de membres mais ceux qui ont incendié les maisons étaient plus de quatre cents. Pourquoi ? Parce que c’est un problème de religions. On ne peut pas parler fort car on craint que ce soit pire la prochaine fois. Mais dans notre cœur, nous savons ce qui s’est réellement passé». Mazen approuve : «A Taybeh, la totalité de la terre appartient aux chrétiens. Nous refusons de vendre aux musulmans pour préserver notre culture. L’Autorité palestinienne s’en plaint régulièrement. C’est pour se venger de nous qu’elle nous a imposé cette hudna injuste».

Rancœurs, préjugés, jalousies : au-delà de sa dimension tribale, l’émeute de Taybeh s’est nourrie aussi de cet antagonisme sourd qui lézarde la façade d’unité entre chrétiens et musulmans de Palestine. Un malaise que l’Eglise latine commence doucement à reconnaître après des années de déni. «Cette affaire aura eu le mérite de montrer que les relations entre chrétiens et musulmans sont très fragiles, dit le Père Raed qui fut secrétaire du Patriarche Mgr Sabbah. Deir Jarir est à cinquante mètres de Taybeh et pourtant l’ignorance mutuelle est énorme. Nous ne vivons pas ensemble mais côte à côte. Je ne dis pas que les chrétiens sont une minorité persécutée et perdante. Nous sommes des Arabes palestiniens, présents en terre sainte depuis 2000 ans. Nous apportons un parfum particulier à cette terre. Mais il y a des problèmes. Il ne faut pas le cacher».

Écrit par : Philip Seelen | 05/01/2009

Terrible témoignage. Et ce mariage impossible parce que les deux amants étaient de religion différente fait peur. C'est Roméo et Juliette dans sa version religieuse. Et l'amour dans tout cela?

De plus on est ici entre Arabes palestiniens (tous en prise avec Israël). Pénible...

Écrit par : Feuilly | 05/01/2009

Trop vaste sujet qu'on ne peut, effectivement, qu'effleurer ou, comme le fait Philip, illustrer d'un témoignage poignant.
A vrai dire, j'ai envie d'être lapidaire : Si dieu existait, il n'y aurait pas de religions.
De ça, je suis convaincu.
Et une boutade aussi sur l'hypocrisie nonchalante de ces Français qui communient, baptisent, se marient et ne croient pas en dieu ou alors qui croient en dieu mais ne pratiquent pas...En dépit de mon athéisme congénital et réfléchi, je préfère quelqu'un qui me dise, oui, je vais à l'église et je crois en dieu. Avec celui-là, on peut causer longtemps.
Avec les premiers nommés, on ne peut que tourner le dos. Avec mépris. Ils sont intellectuellement lâches.

Écrit par : B.redonnet | 05/01/2009

Bonjour Feuilly… Je n’ai jamais rencontré de ma vie un véritable croyant… je veux dire quelqu’un qui a vraiment la foi… qui a donc poussé les questions jusqu’à leur dernier retranchement… qui vit donc conformément avec ce que croire implique… qui a donc lu et médité tous les textes sacrés… et pas seulement ceux de sa confession… car avant de dire je suis Juif… je suis Chrétien… Je suis Musulman… il faudrait savoir déjà pourquoi l’un plus que l’autre… donc connaitre l’un et l’autre…
Bref j’ai rencontré des personnes qui croient souvent parce qu’elles sont nées dans une famille de même confession… ou dans une aire géographique de telle confession… leur foi n’est donc qu’un héritage culturel… comme on adopte la plupart du temps les idées politiques de sa famille… mais je n’ai jamais rencontré un seul Pascal… un seul Dostoïevski… un seul Bernanos… etc., y compris même chez les « professionnel » de la religion…
J'ajoute également que j'ai d’ailleurs très peu rencontré de véritable athée… à voir par exemple le nombre d'athées déclarés qui pensent quand même qu'il y a quelque chose après la mort...
La vérité c'est que la majorité des personnes... par commodité... par facilité... peut-être tout simplement par paresse... se coule dans un moule qui leur sied bien… comme un vêtement à notre goût… et on trouvera toujours quelques puissants pour masquer de vils actions (par exemple l’appât du gain) sous des idéologies que très peu comprenne vraiment de tout façon… (A voir d’ailleurs ce qu’on fait dire au socialisme… au communisme… à l’anarchisme etc.) Je finis sciemment par ce dernier rapport au poste de B. Redonnet que je profite par saluer…

Écrit par : Andrea Maldeste | 05/01/2009

C'est exact ce que vous dites. Si les gens sont croyants ou non, c'est souvent par tradition familiale. J'ai connu des athées qui "mangeaient du curé" sans avoir jamais ouvert un livre sacré et qui agissaient ainsi parce que leurs parents l'avaient fait avant eux. Ils ne se montraient pas très malins en oeuvrant de la sorte, pas plus que les croyants qui prient par habitude, en croyant qu'ils croient.

Écrit par : Feuilly | 05/01/2009

L'athée est celui qui ne remet pas à une puissance surnaturelle l'explication des phénomènes du monde et le sens de ses actions.

L'athée c'est Don Juan, celui de Molière, qui "croit que 2 et 2 font 4", celui de Mozart qui fait entendre trois fois ce "non !" retentissant par où il affirme scandaleusement son identité d'homme.

Pour l'athée, il n'y a rien en dehors du monde et c'est ce qui rend celui-ci inépuisable, non comme un mystère dont un autre aurait la clef mais comme le champ (chant) infini de ma liberté.

Je ne parle pas de l'athée par ignorance, par médiocrité ou par indifférence.
Je parle de l'athée par résolution, méthodique et gai.

Écrit par : michèle pambrun | 05/01/2009

Eh bien moi, j'ai connu par le passé un jeune homme - fils de pasteur, ceci expliquant peut-être cela - croyant et passionné de théologie.

A 20 ans il connaissait en plus de sa religion, le catholicisme, l'islamisme, s'intéressait de près au soufisme, encore plus à l'hindouisme et bouddhisme tantrique (tibétain), au taoïsme... Il ne cessait de lire et de rencontrer ces communautés pour savoir quelle religion lui conviendrait le mieux.

Son père aurait pu faire pression sur lui pour qu'il reste protestant, mais non, c'était des gens intelligents et fins (je n'ai rien contre les protestants !)

Après son bac C (mention TB) alors qu'il était reçu dans une grande école préparatoire, il refusa cette voie et partit en pèlerinage à St Jacques de Compostelle (à partir du Puy). Ensuite il alla plusieurs mois dans une communauté dans le Sud de la France (communauté de l'Arche).

Puis petit à petit le temps a séparé nos routes pour les faire disparaître complètement l'une de l'autre.

Mais je suis à peu près certaine qu'il aura fini par faire son choix et trouver sa voie.

C'était un vrai croyant.

Écrit par : Cigale | 05/01/2009

Un athée, Andréa et Feuilly, ne bouffe pas du curé sans conscience. Un athée, souvent, a pris conscience combien sa tête était bouffée par les curés.
Un Européen, athée, Andréa, allez, tiens, encore plus sympa, un Européen athée et anar est pétri de morale judéo-chrétienne dans toutes les fibres de sa constitution, parce que, en Europe, il n'y a pas d'autre culture que la judéo chrétienne pour apprendre à naître, à sourire, à marcher, à aimer, à reconnaître la bonté de la méchanceté.
L'athée anar le sait. Il vit avec. Mais il ne porte pas ça comme un drapeau, il porte ça comme ses cheveux et son nez et sa bouche. Congénitalement. Il vit par delà, il aime par delà, mais sa culture congénitale s'impose à sa pensée, à sa raison d'homme sous aliénation comme d'autres sous perfusion.
Bref, un athée, Andréa, puisque tu n'en as jamais rencontré, c'est quelqu'un qui souffre terriblement de la potion magique dans laquelle on l'a trempé.
Et il est seul. Il n'est pas seul comme un romantique de l'Ecole romantique. Il est seul face au néant et à lui-même, qu'il confond parfois.
Seul face à l'absurdité de l'éphémère.
Il ne le dit pas souvent. Il n'a pas besoin de le dire. Ceux qui sont destinés à devenir ses amis n'ont pas besoin qu'il le dise pour savoir.
Salut

Écrit par : B.redonnet | 06/01/2009

Je suis ci...je suis ça...les comme ci... sont comme ça... et les comme ça... sont comme ci...je n'ai jamais rencontré de ci...je n'ai jamais vu de vrais ça...et moi ?

Je le déplore. Je n'ai ni foi, ni n'ai eu de révélation. Je ne suis donc pas croyant. Mon instruction a été une instruction chrétienne protestante classique. Je connais des parties de la bible, de l'ancien ou du nouveau testament. Je connais pas si mal nos traditions chrétiennes. J'ai cependant refusé de confirmer et je n'ai pas terminé mon catéchisme. Mon père et ma mère étaient agnostiques. Mon père d'éducation protestante, ma mère d'éducation catholique. Mon père a toujours marqué un suprême désintérêt anarchisant pour le religieux, ma mère a toujours été une sublime agnostique reconnaissant l'existence d'un mystère mais préférant au théisme un amour pour les enfants, les pierres, le vent, la mémoire et tous les éléments naturels, de poussière je retournerai poussière, c'est bien un peu elle cette formule.

J'ai fréquenté des prêtres, j'ai eu des et j'ai des amis prêtres, je ne suis pas bouffe-curé, je préfère le poulet rôti. Je me suis toujours méfié des anathèmes des croyants comme ceux des athées. Je tiens à distance les institutions religieuses et anti-religieuses, j'aime à conscidérer la question de la foi, des croyances religieuses comme une question privée, relevant de la liberté de chaque individu. J'adore tous les débats philosophique sur le religieux, je ne suis pas un rénégat du judéo-christianisme mais je ne me sens aucunement obligé par cette seule filiation.

Je suis athée au sens où je ne crois pas qu'il y ait un mystère insondable de la vie, de la mort, et de l'univers qui nous entoure. Je ne crois donc pas qu'il faille une réponse théiste pour expliquer un grand mystère dont il n'y aurait pas d'autre explication qu'une force divine, surnaturelle, vision ou pensée supérieure ordonnatrice d'un tout.

Disciple attardé de Galilée je suis passionné par les découvertes de l'astronomie et par l'exploration humaine de l'espace et du cosmos. Je suis passionné par les découvertes de la science prénatale, de la physique, de la chimie contemporaine et de la neurologie qui ont mis à jour certains arcanes du fonctionnement de nos corps, de nos cellules, de nos cerveaux et de nos synapses.

Je regarde avec effarement l'échec, la débâcle des régimes sociaux-politiques qui ont prôné et fait de l'athéisme une religion d'état. Je vois d'un bon oeil la séparation de l'église et de l'état et crains par dessus tout le retour du dogmatisme religieux et de la police des pensées.

L'ambition de rendre compte de l'ensemble des objets connus et inconnus définit pour moi à la fois la démesure et la spécificité de toute activité philosophique et scientifique nécessaire à la nourriture de mon esprit. Et s'il faut être matérialiste ou insensé, je choisis le matérialisme.

Ceci dit je suis aussi passionné par les débats sur le transfert du sacré dans la marchandise, son commerce, sa promotion et sa consommation. J'aime bien profaner le sacré de la marchandise et du culte de la consommation qui l'entoure...c'est mon côté iconoclaste.

Je reconnais en l'homme un être essentiellement psychologique et non logique, la logique étant une science qui s'apprend et s'exerce spécifiquement.

J'ai pas envie de la mort, que j'espère encore la plus éloignée de moi, même si la tentation du suicide a soufflé sur mon visage. J'ai assisté ma mère jusqu'à son dernier souffle de connaissance, je l'ai bercée, lavée et caressée avant ce départ si définitif.

Je pourrais encore et encore prolonger de mille arguments ce petit texte sur mon athéisme...mais je m'arrête ici pour l'instant. Le réel de la cuisine pour quatre se rappelle à moi.

Amicalement au lecteur éventuel. Philip

Écrit par : Philip Seelen | 06/01/2009

Mais nous lisons, Philip, nous lisons. Nous vous lisons même.

Personnellement, comme je l'ai déjà dit, j'ai baigné dans le catholicisme dans mon enfance avant de le rejeter par réflexion. Je n'arrivais pas à croire non seulement à cet anthropomorphisme dont on a revêtu le sacré (la Trinité, les Saints, la Vierge, etc.) mais surtout à l'optimisme béat qui me semble caractériser la religion (la résurrection, la vie éternelle). Athée, je me retrouve seul avec moi-même et avec le néant et cela me convient mieux (même si cela suppose un certain désespoir : la conscience de l'éphémère comme dit Bertrand), que de remettre mon existence entre les mains d'une sorte de père protecteur et rassurant qui serait Dieu.
Ceci dit sans aucun mépris pour ceux qui croient. J’espère seulement pour eux qu’ils savent ce qu’ils font et qu’ils ont mûrement réfléchi à la question.

Écrit par : Feuilly | 06/01/2009

Ceux qui croient croient croire...
Je n'en ai vu aucun ne pas s'effrayer aux portes du grand sommeil....
Philip, on est pas des renégats anti judéo-chrétiens. Ce serait être militant de sa propre condition, comme des poissons qui se mettraient à détester l'eau.... Moi, je ne sais pas si les poissons aiment l'eau : ce que je sais, c'est qu'ils vivent dedans. Point.
Je le répète, toutes les cultures indo-européeens sont judéo-chrétiennes...
Ce que vous dites par ailleurs et comme toujours est d'une grande humanité . Merci.

Écrit par : B.redonnet | 08/01/2009

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